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 Dans l'oeil de l'orage (Erwin & Alexis)

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

| Avatar : Rufus Sewell

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

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| Cadavres : 1320



Dans l'oeil de l'orage (Erwin & Alexis)  - Page 2 _



________________________________________ 2021-09-12, 23:08 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




« Des nuages de l'Erreur s'amoncellera plus tard l'orage de la passion. »



Dans l’Absolu, ils ne firent qu’un.
Puis tout s’était tu soudainement en lui et il avait rouvert les yeux, expirant ses derniers soupirs lourds, se dissociant d’elle doucement. Il reprenait sa hauteur, sa vanité rassasiée, ayant expulsé chaque satisfaction, chaque victoire jusqu’à l’étourdissement. Il passa une main tranquille sur son propre visage, réordonnant sa chevelure trempée, tandis qu’elle entreprenait de couper l’eau. Le vide de l’épuisement était un moment particulier que beaucoup n’appréciaient pas. Lui au contraire, adorait voir l’effet de l’après.. Il avait pris un instant supplémentaire pour inspirer, calmant les dernières tensions éparses dans son organisme puis lui offrit un sourire orgueilleux tandis qu’elle s’approchait pour se blottir contre lui. Il l’avait laisser y déposer sa tête, satisfait d’y trouver ravissement, épuisement et tourni. Il n’en doutait pas mais cela demeurait pleinement appréciable… Après un instant où elle été restée blottie contre son superbe corps, sa tête s’était relevée et ils avaient échangé un baiser doux, presque tendre, qui ancrait l’instant passé et l’instant présent.

Je t’aime, mon roi.

Dire qu’il n’avait pas gloussé de contentement aurait été mensonge. Bien évidement qu’il l’avait fait. Y avait-il meilleure conclusion à tout ce qui venait de se produire ? Aucune. Sinon son incroyable destinée où elle aurait sa place. L’accepter dans son titre devait être difficile pour une femme de ce monde.. Mais Alexis n’était pas non plus n’importe qui, elle se trouvait sur la tangente en tant que fille de l’ancien Président des Etats-Unis et de l’Ancienne Maire de Storybrooke, les deux possédaient des visions de la démocratie pour le moins contestable et elle avait beau souffrir de l’abandon primaire de ses parents biologiques, elle connaissait néanmoins leurs préceptes. Storybrooke en revanche lui donnait une vision pour le moins désordonnée de la royauté avec l’intégralité de ces bécasses chantantes et sans cervelle, quelque chose de bien trop éloigné de sa personnalité rationnelle et intelligente pour attirer de l’envie à ses yeux. Le petit voyage dans le Futur potentiel n’avait pu que la plonger dans la perplexité évidement, mais elle avait goûté à cette vie, à ces fastes, à lui. Leur rencontre évidement n’avait pu que mettre à mal toute sa vision éronnée de la monarchie. Il incarnait la Couronne. Son charme, sa séduction, son intelligence et sa Beauté. Si le Pouvoir était Homme, c’était Lui.
Elle admettait enfin cette vérité, les épreuves précédentes lui ayant ouverts les yeux sur l’étendue de sa force, lui faisant penser à une phrase d’un livre de son épouse qu’il avait feuilletait avec dédain, pour passer le temps. «  Quand je lève les yeux vers vous on dirait que le monde tremble. » C’était indéniablement ce qu’elle ressentait, évidement.
Il lui caressa le bas du visage de son pouce, avant de soupirer avec douceur :

« Je sais, mon doux petit lys. Et de ma royauté, tu arboreras les couleurs. Ne crains pas le Futur, j’y serais. »

Ils avaient dîner dans le lit aménagé dans la nouvelle propriété de la libraire. Certaines pièces commençaient à prendre forme mais d’autres avaient vite revêtu son âme. C’était la demeure qui lui convenait le mieux oui. Quelque chose d’assez élégant pour la femme qu’elle était au fond d’elle, quelque chose de moins prestigieux qui rappelait cette sorte de modestie qui chevillait son corps. Ce n’était pas le genre d’un homme comme lui qui préférait le luxe et l’ostentatoire, le déluge d’or, ce qui brillait, mais il s’y sentait bien. C’était déjà mieux que l’horrible studio qui lui servait d’hébergement auparavant et vu la grandeur de la maison, il pouvait parfaitement ne pas tomber nez-à-nez en permanence avec l’insupportable et ventripotent petit animal domestique cornu qui suivait Alexis comme une ombre grossie. Elle filait souvent néanmoins en sa présence ou reniflait de ses naseaux comme prête à l’assaut… Il avait déjà perdu un splendide pantalon dans l’expérience..et se remémorait avec une hauteur offusquée leur première rencontre. Maudit animal… Au moins un jour parviendrait-il à trouver le chemin de son immortalité.. Oui, voilà qui serait plaisant.
Il mangea quasiment en silence dans le lit, tout juste vêtu de ses bagues et d’une serviette blanche, laissant sa tête reposer contre celle de sa maîtresse. Il devinait ses pensées voguer, son esprit s’apaiser et son corps s’alourdir. Les siennes devaient être proches tout en étant ailleurs, elles partaient, lointaines dans des visions de chaos radieux sous sa gloire…
La fatigue se faisait néanmoins sentir, faisant papillonner ses yeux dorés, sous la fatigue physique et psychologique qu’il avait du vivre. Il se laissa tomber délicatement sous les draps, sentant l’agréable moelleux du matelas apaiser son corps rompu, le tirant lentement vers le sommeil.

L’Aurore pointa le bout de son nez sur son corps alangui, le tirant de son profond sommeil. Il se leva, laissant Alexis dans son sommeil, comme il le faisait parfois au creux de la nuit, pour regagner son domicile. Mais il ne partit pas, suivant la promesse qu’il avait fait à la jeune femme, préférant revêtir le peignoir qu’il laissa toujours dans sa demeure, s’admirer dans le grand miroir. Evidemment, il était merveilleux et la nuit n’avait en rien ravi sa foudroyante beauté… Après de longues minutes consacrées au seul gavage de sa prétention, il se dirigea vers la salle de bain, consultant d’un geste vif les messages qui constellaient son téléphone. Georgia lui avait répondu, après qu’après sa frasque intime il lui avait indiqué qu’ayant été pris par la pluie, il préférait demeurer au domicile de Midas. Elle lui souhaitait une bonne nuit, lui faisait par de son impatience de le revoir et lui demandait de s’assurer de si la toiture de son associé ne risquait rien, ayant entendu à la radio que certaines tuiles étaient tombées dans le voisinage. Quel désespérant ennui. Il lui souhaita un merveilleux matin, lui indiqua qu’il passerait à l’étude mais qu’il lui taaaardait de déjeuner en sa compagnie, ricanant à sa mauvaise foi. Le reste des nouvelles parlait du vol considérable d’oeuvres d’art qui avait secoué le musée la nuit durant. Un sourire malfaisant dansa sur son visage et il se prépara avec joie, tout chantonnant de sa conquête…
Lorsqu’il sortit de la salle de bain, il glissa sur le lit pour honorer le reste de sa promesse, passant un bras le long du corps exténué de la jeune femme. On disait que la grossesse faisait des merveilles, quelle sottise ! S’il écartait la merveilleuse luxure à laquelle ils s’étaient adonné avec une telle ivresse la veille, faisant presque disparaître l’état de la jeune femme, le reste du temps comme cela pouvait se révéler embarrassante. Et pourtant elle ne regrettait rien, n’en déplaise à l’état de fatigue que cette Erreur creusait sur les joues de sa mère.. Un mystère vraiment… La conversation de la veille, les enjeux, atténués de son sentiment de victoire revenait le hanter. Ainsi, elle était belle et bien effrayée par l’étonnante « famille » qu’elle voulait voir dans leur assemblement.. Une famille. Preminger n’était pas familier du terme, en réalité. Il savait ce que cela signifiait d’en avoir mais avait tellement perdu la valeur des choses en poursuivant son unique satisfaction que la notion lui paraissait désincarnée. Inutile, comme tant d'autres choses, pour lui. Une famille… Pourquoi donc en rêvait-elle tant ? Cela était nécessairement lié au manque affectif qu’elle avait traversé enfant. Un désaveu du père et un abandon maternel ne pouvait que laisser une trace considérable dans un coeur sensible comme était celui, rougeoyant d’Alexis. Les carcans imposaient la norme d’une famille parfaite et remplie d’amour… Elle n’avait pu que perdre pied le jour où son monde s’était ainsi effondré.. Plus que de rejeter le système, plus que d’interroger la valeur de ceux qui l’avaient déniée, elle avait préférée se remettre en cause, se juger indigne.. C’était une erreur. C’étaient eux qui étaient indignes d’elle et non l’inverse. L’Avenir lui avait donné raison. Mais elle peinait à le comprendre, à le voir et ainsi cherchait désespérément à reformer une bulle autour d’elle… C’était désolant mais parfait à la fois. Evidemment sa présence à ses côtés était le parfait contrepoids à ses négatives perceptions d’elle-même. Il était Roi, il était Magnifique, il possédait tout.. Et pourtant, n’était-il pas là ?
Son index était venu ôter une mèche de ses cheveux bruns que la nuit avait séchée en boucles éparses, alors qu’il murmurait 

« Mon petit trésor caché…ceux qui n’ont pas vu ta valeur s’en mordront les doigts.»

Cela lui suffisait amplement d’être le seul à en connaître la valeur. OH, bien évidement, il se doutait bien que certaines sommités qui gravitaient autour de la jeune femme n’avaient pu que s’en apercevoir. Mais pourtant, ils l’avaient laissée seule, avec ce trou béant d’insécurité dans la poitrine, sans chercher à l’en combler. Peut-être parce qu’ils ne l’avaient qu’à peine perçu, elle était assez douée pour s’effacer au bénéfice des autres, masquer ses insécurités rejoignait la même pratique. Tout de même, c’était une erreur, aussi terrible que celle qu’avait commise Hera en l’incitant sans le vouloir à jouer avec elle.
A présent, leur relation avait pris un tournant qu’il n’avait pas réellement anticipé. Mais qui demeurait néanmoins une plaisante surprise ! Il n’avait pas envisagé Alexis Child comme une alliée. Tout au plus comme une sorte de disciple, au moins un pur et simple instrument mais une alliée de cette envergure, comme le Monde en faisait peu, c’était une découverte. Encore une occasion de son congratuler quant à son instinct…
La nuance tenait non pas à son pouvoir, dont il avait vu à l’instant l’utilité, mais à sa personne. Elle n’était pas un objet que l’on utilisait puis cassait à l’envie, quand bien même il aurait pu le faire, elle était une femme, une personne qui lui tardait de convertir à sa cause. Réellement.
Elle bougea un peu, papillonnant des yeux pour le dévisager. Quel délice c’était que d’avoir pour première vision, pour premier accueil son superbe visage ! Y avait-il plus paradisiaque vision ? Alors qu’elle clignait des yeux ébauchant un sourire, il l’avait embrassé délicatement, la tirant de sa léthargie pour lui en offrir une autre. Plus délicate… Puis lui sourit lorsque leurs lèvres se dessoudèrent, doucement :

« Tu as bien dormi ? Je t’avoue que ces draps sont extrêmement confortables… Bien mieux que les anciens... » il avait pris un instant pour s’y étirer dramatiquement presque tenté de s’y laisser couler lentement, non pour piquer un somme mais flâner en sa compagnie collant tête sur sa chevelure bouclée.

L’orage avait lavé chaque dose de parfum qui figurait sur leurs peaux dans une trombe décapante, mais les draps se trouvaient maculés d’une odeur de savon, bien plus fade que sa propre odeur, mais il la retrouvait un peu au creux de ses draps, comme une marque légère et pourtant elle faisait toute la différence… Elle hantait ses lieux, presque imperceptible à ceux qui la connaissait, mais caractéristique. Elle se mêlait un peu au jus dont s’aspergeait la jeune femme et qu’il appréciait réellement. Ses cheveux humides avaient pris cette saveur un peu inédite qui bien que ne valant bien évidement SON parfum lui plut.

« Tout va bien ? » interrogea-t-il après avoir laissé écouler un instant de pur tendresse, osant coûler un léger regard vers l’endroit où se situait le haut de son ventre.

Il s’y hasardait sans dégoût sachant les couvertures ôter de sa vue la cachette rebondie choisie par l’Erreur… L’Erreur… « Il s’appelera Isaac ». Non pas que l’état de l’enfant soit une vraie source d’inquiétude mais il devait admettre qu’il s’inquiétait de l’effet qu’avaient pu causer sur elle et sa situation de femme enceinte l’enchevêtrement d’émotions en série qui étaient survenues hier. Doucement, il proposa :

«  Veux-tu prendre ton déjeuner en bas ou préfères-tu ici ?  Je t’ai attendue pour cela, mais l’endroit m’indiffère… C’est comme tu préfères »

En cela il ne mentait pas pour feindre une mielleuse considération, le lieu l’indifférait réellement. S’il raffolait des petits-déjeuners au lit, cela valait surtout dans l’hypothèse d’une situation de langueur matinale et non une fois la toilette faite. Maintenant qu’il était on ne pouvait plus frais et dispos, si l’on occultait le fait qu’il n’avait pu se vaporiser de parfum faute d’avoir embarqué son extrait jusqu’à la maison d’Alexis, ce qui lui faisait penser qu’il conviendrait d’en disposer un échantillon ici, il se sentait paaarfaitement à son aise. Ce qui semblait être le cas de la jeune femme. La tête encore sur son épaule, les yeux engourdis par le sommeil et les larmes versées de la veille, elle paraissait au moins reposée au mieux apaisée. Si elle n’explosait pas en un enthousiasme débordant, elle était là, savourant le moment et cela suffisait. Il appréciait ces instants de silence après une nuit ou une journée mouvementée, où le corps s’apaisait dans la tendresse. Bien évidement, Preminger n’était pas un sentimental, mais il ne pouvait nier priser ces instants de tranquillité où pourtant leurs âmes communiaient, leurs têtes posées l’une contre l’autre, leurs pensées dérivantes. Ils ne pensaient pas nécessairement l’un à l’autre, mais ils restaient conscients de la présence de l’autre, comme une caresse enveloppante et douce. En paix.
Aujourd'hui, il lui revenait la tâche de rompre ce silence.. Il ne pouvait autrement. Les non-dits, les effrois passés flottaient encore. Il l’avait laissée dire hier, laissant sa coquille craqueler sous le poids de ses angoisses, de ses inquiétudes, n’intervenant pas, écoutant seulement, la tenant enlacée. Son esprit avait tout abreuvé en revanche, ses angoisses propres vis-à-vis de l’Erreur, sa peur lancinante concernant son influence ; aujourd'hui lui observait le Monde sous un œil nouveau. L’oeil d’un monarque. Il promenait sur le monde ses pupilles ambitieuses se sachant puis puissant que jusqu'alors. Hier, il avait gagné Alexis. Différemment que ce qu’il avait pu imaginer mais d’une ampleur plus considérable que le gain d’un « bête » pouvoir. Il avait gagné une amante, une compagne.

« N’aie jamais honte de trembler. N’aie jamais honte de douter. Il est normal que tu doutes, Alexis… Du présent, de l’Avenir, de ton rapport avec les autres, des liens entre autrui. Le doute est un signe d’intelligence… Tu ne pourras pas tout contrôler. Tu ne pourras pas assurer seule le bonheur d’autrui. Mais tu peux te focaliser sur l’impact que toi tu peux créer. Ta propre puissance, c’est ce que tu crées. Je ne fais pas référence à ton pouvoir… La puissance n’est pas physique, elle est psychologique. Elle est dans le sens que nous voulons bien lui donner. Ton vrai pouvoir se trouve ici. » il avait pointé son coeur, y déposant son index délicatement « Tu aimes, pleinement. Tu me l’as encore confirmé hier. Tu l’as confirmé de toutes les façons possibles. L’Amour est ta force… L’Amour est ton guide…»

C’était une vérité, sa réalité à elle. Elle aimait de cet amour, cette passion qu’elle éprouvait pour les autres qui lui était totalement étrangère. Il n’aurait pas risqué un sacrifice pour autrui qui lui aurait porté préjudice, elle plongeait tête baissée pour protéger ceux qu’elle aimait. En cela, ils étaient radicalement différemment. Mais il suffisait qu’elle l’aima, de toute sa force, de toute son âme pour que leurs différences se refondent. Ainsi parlant, il avait laissé ses doigts glisser dans sa chevelure, y formant une boucle le long de son doigt :

« Tu dois apprendre à t’aimer. Et à prendre ce que l’on t’offre sans craindre qu’on ne te l’ôte. Crois-moi… Lorsque quelque chose est à ta portée, il faut admettre être légitime à la saisir. »

Il le faisait, lui. Mais lui s’aimait. C’était la différence. Il connaissait sa valeur, il connaissait ses principes. Il se connaissait aussi. Il avait appris le fond de son âme et s’en était délecté. Elle, elle devait cesser de se débattre avec sa tempête, s’observer et s’accepter enfin.

«  Sois rassurée, je ne te laisserai pas te débattre seule. Tu n’auras pas à le faire. Cette époque est révolue. Tu n’es pas seule, Alexis. Je suis et serais à tes côtés. Et.. lui aussi sera là. Je ne compte pas évincer cet enfant de nos vies… Je t’aiderai. Et ce sera nous trois du même côté.  Contre ce qu’il faudra.» il le proféra les yeux fixés sur la porte voguant au-delà du visible jusqu’à la chambre de l’Erreur.

Il revoyait la pièce, ce qui serait son lieu. Il ne le craignait pas, il ne le craignait plus, il ne le laisserait jamais porter la moindre main sur sa Couronne. Le Futur il l’avait vu, cet enfant fragile craintif qu’il avait construit. Elle s’effrayait de cette attitude sûrement, mais que savait-elle réellement des choses qui avaient édifiés ce Futur. Moins qu’une semaine. Lui-même aussi en connaissait peu. Ce n’était qu’une voie potentielle, une voie qu’ils semblaient suivre… Il en savait plus qu’elle néanmoins, elle qui s’imaginait servile, faible soumise. Sûrement craignait-elle l’asservissement, une sorte de chaperet cruel dont elle jouerait le jeu par docilité. Mais c’était mal le connaître. Et c’était mal se connaître. C’était mal le connaître pour croire qu’il se contenterait et se satisferait d’une favorite docile et craintive. Il le savait d’instinct, sachant sa Vérité : il n’aurait pu admettre deux fois une paternité si la femme n’en valait pas l’enjeu. Il avait tourné des semaines durant la justification de cette folie, pour mieux y être confronté et ne pouvoir baisser les yeux devant l’évidence. Elle avait mérité cette place. Il l’avait admis parce qu’il l’estimait. Et son estime pour elle n’avait jamais baissé le long de ces années durant, elle avait crût (croit). S’était amplifiée. La manipulation ne pouvait avoir une place unique dans cette relation, non. Même déjà, il ne lui accordait qu’une place fugace, dans le seul but de l’attirer dans son propre dessein. Il n’était pas question de manipulation, il était question de conversion, d’objectifs communs. Si elle perdait cette estime, si elle perdait ce qui constituait son être pour ne devenir qu’une poupée vide manipulée entièrement, elle en redevenait commune. Alors, elle n’aurait eu sa place à la Cour dans cette position si privilégiée et connue de tous. Elle n’était pas un simple ornement qui se paradait à son bras pour rappeler à tous à quel point il se riait de tous, de la Reine, de la bien-pensance, à quel point il était « au dessus de cela ». Il y avait de cela, évidement. Mais ce n’était pas la raison principale. Il l’avait choisie parce qu’elle en était digne et le serait encore des années durant.
Elle se connaissait mal, se déniait, se sous-estimait. Elle ne voyait pas sa valeur. Elle ne s’était pas vue, des années plus tard oeuvré avec lui, par volonté pure pour sa victoire. Mais peut-être l’Hier ouvrait la porte du Demain. Et la fin de sa phrase flottait encore dans son esprit. « je te promets que je ferai en sorte qu’il soit aussi de ton côté. »
Elle lui avait fait une promesse solennelle hier, en l’échange de son aide. Un engagement considérable de se tenir à ses côtés. Sans en comprendre les conséquences. Elle avait promis qu’il ne porterait pas atteinte à son pouvoir. Qu’ils seraient en front pour lui. Oh, Preminger n’avait en soi besoin de personne, lui criait son égo, puisqu’il était déjà Maître de TOUT.. Mais un soutien supplémentaire ne se refusait jamais. Celui-ci, il le voulait…

« Moi. Toi et… Isaac, donc.  C’est un réel beau prénom. C’est le prénom qu’il fallait »

Il resta un bref moment silencieux, avant d’ajouter un mot, forçant la jeune femme à lever la tête vers lui, délicatement

«  Ne te méprends pas sur mes mots, il n’y aucune obligation à vivre dans un futur que l’on a vu, trésor. Nous ne le subissons pas. Nous n’avons qu’à le désirer et à oeuvrer pour sa venue ou son évitement, selon nos préceptes, selon nos envies. Je ne crois pas et je ne croirais jamais à une destinée tracée avant même notre venue au Monde, trésor. Je crois aux opportunités. Au champ des possibles. Je sais ce que je désire, je sais ce que je veux. » son regard pourtant fixé sur elle avait flambé, se perdant au-delà de ce que ses prunelles voyaient. Il savait ce qu’il méritait. Il savait ce qu’il voulait. Il savait ce qu’il aurait. Il voulait et aurait la Couronne. Dans ce Futur comme un autre. « Je ne désire pas spécialement CE futur mais je sais ce qui m’est cher dans celui que j’ai vu. ll ne comprenait pas tout ce dont je rêvais, tout ce que je croyais, il possédait aussi des choses auxquelles je ne m’attendais pas, de réelles belles surprises, des choses dedans qui ont dépassées mes espérances. » Il laissa son doigt courir le long du menton de sa maîtresse « Je ne désirais pas ce Futur mais je sais qu’il m’a plu. Il ne se produira peut-être pas… Mais il pourrait advenir. Pas parce qu’il est immuable mais parce qu’il est possible. J’ai toujours su que la plume qui traçait nos existences résidait dans nos mains. Tu veux écrire ton futur et ne jamais le subir ? Tu le peux. Il ne tient qu’à toi d’écrire par tes gestes, tes décisions, ta destinée. Et tu l’écriras, ma tendre, comme il te plait de le faire. Comme j’ai toujours écrit la mienne depuis jadis et comme je continuerai à le faire. Tu me l’as dit ce jour là, trésor… Et celui qui nous concerne, si cela te convient, alors, oui, nous l’écrirons ensemble. « Dans le sein du présent, puisons notre avenir.. »

https://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t80427-how-can-i-refuse-erwi


Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

| Avatar : Kaya Scodelario

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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| Conte : Aucun
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________________________________________ 2021-09-29, 21:47 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Dans l'œil de l'Orage


Je m’étais extirpée du sommeil avec une certaine difficulté, l’esprit brumeux, les membres encore engourdie par mon repos... ou par nos ébats de la veille, je ne parvenais pas à le définir. Mes paupières étaient encore si lourdes que je n’avais pas trouvé la force de les ouvrir tout de suite, sentant le poids qui existait à côté de moi, envahissant, ne permettant pas à mon corps d’être allonger dans un horizontal parfait. Erwin était toujours là. Comme il me l’avait promis et cette pensée me réchauffa instantanément. J’aurai eu envie de glisser ma main sous les draps, jusqu’à son corps, pour le sentir sous mes doigts, lui procurer une caresse matinale et un bonjour doux et léger. Pourtant, tout dans mon corps refusait encore de bougeait, tandis que mes pensées du matin se superposaient dans mon esprit aux images de la veille. Ce moment sous la pluie et notre retour... sous la douche. Nous étions habitués à présents aux excès de l’un et de l’autre dans le domaine amoureux mais jamais encore je n’avais l’impression de m’être autant rompu à la tâche. Pas même la toute première fois qui avait pourtant laissé ses stigmates des jours durant ou la nuit de la conception d’Isaac. Cette nuit, cela avait était d’une puissance inouïe, où la violence s’était mélangée à la passion, pour notre plus grand plaisir à tous les deux. Peut-être mon corps avait-il plus subit par ce que j’avais créé et arrêté avant ? Et parce que j’étais enceinte ? Enceinte. Je réalisais à présent que nous n’avions plus eu ce genre d’ébat depuis un certain temps. Il était pourtant un de ses hommes toujours enclin à la chose et à la chose nouvelle, ce qui avait tout pour me ravir mais cela s’espaçait à mesure que ma grossesse grandissait. C’était forcément lié à la gêne de mon ventre que j’avais pu observer en lui et qui m’avait fait agir différemment hier soir. Peut-être aussi était-ce la raison qui expliquait que tout cela laissait désormais un goût différent et indélébile sur moi... en moi.

Je papillonnais alors des yeux, m’offrant de nouveau à la vie et au jour qui s’était déjà levé, m’offrant à lui, dans la pénombre de la chambre. Je constatais que la porte était ouverte, laissant entrer un halo considérable de lumière qui me permettait de le distinguer précisément. Il était étendu à mes côtés, tout habillé pourtant, déjà coiffé, pas parfumé pourtant. Je me rappelais alors qu’il n’avait rien à lui chez moi et qu’il ne devait pas avoir pris un flacon avec. Chose étrange, venant de lui, je pensais qu’il en avait toujours un avec lui, dans sa serviette de notaire ou que sais-je. La nouvelle n’était pourtant pas décevante, loin des artifices, il était lui, tout simplement, jusqu’au plus petit des détails : son odeur corporelle qui diffusait en moi encore plus de bonheur que ne pouvait le faire son parfum.

— Tu...

Est déjà réveillé ? C'était ce que je comptais constater, m’effrayant lentement mais pourtant avec brusquerie de ce fait. Comptait-il partir ? Maintenant ? Déjà ? Bien sûr qu’il devait travailler mais je n’avais aucune envie de le voir se soustraire à moi dès à présent. Pourtant, la montée de tension s’était faite rapidement contrôler et ma question était venue mourir sur mes lèves en même temps que les siennes se posaient sur les miennes avec douceur. J’avais alors levé ma main droite pour lui caresser la joue tout en savourant son baiser quand il se retira pour saluer la qualité des draps. Avec un rire franc, je commentais, moqueuse :

— Ouf, si môsieur salue le confort de ces draps, nous sommes sauvés. Nul besoin de revendre la maison !

Je l’avais dévisagé avec un air aussi amusé qu’excédé, lui rappelant avec douceur qu’il n’avait de base aucun droit sur les meubles de ma demeure. Nous ne vivions pas ensemble après tout. Mais je me demandais si cela parvenait jusqu’à son esprit alambiqué. Il avait pris possession des lieux avec une aisance désarmante depuis que j’avais emménagée et il continuait de se comporter comme si elle était sa maison de vacances. Je soupçonnais même qu’il mettait sur le compte de sa remarque concernant mon lit de Noël sur ma raison d’avoir eu envie de déménager. Pourtant, rien de tout cela n’était vrai. J’avais changé les meubles en changeant de vie, acceptant de dépenser un peu plus d’argent dans mon confort pour me sentir prête à accueillir cet être que me laisserait encore moins de répits que son père... du moins, les premières années de sa vie seulement, je l’espérai. Je m’étais un peu redressé, posant ma tête et ma main droite sur son torse, tandis que la sienne venait se reposer sur le haut de mon crâne. Pendant un instant, le silence s’était fait. Je n’avais pas vraiment répondu à sa question car j’en ignorais la réponse moi-même. Est-ce que j’avais “bien” dormi ? J’avais dormi, c’était certain, profondément, associant mon sommeil de plomb bien plus à une véritable léthargie qu’à un endormissement apaisé. Je n’avais pas non plus osé lui retourner la demande, bien que de son côté, toutes les frasques de la veille semblaient s’être effacée. Effacée ou alors s’étaient mués en quelque chose qui me dépassait. Plus que de l’horrifier, ça l’avait galvanisé, à chaque instant, toujours plus, jusqu’à notre apothéose. Même en cet instant, l’un contre l’autre, nos corps débarrassés de toute odeur superficielle, il semblait se pâmer d’une aura nouvelle... différente. Plus puissante.

— Tout va bien ?

J'avais brusquement relevé la tête vers lui, un peu surprise d’entendre le son de sa voix, comme si le fait d’être bercée dans ses bras et emmené par mes pensées m’avait paradoxalement fait oublier qu’il était là. Je voyais que ses yeux ne m’observaient pas, ils pointaient bien plus bras, en direction de la couverture, qui dissimulait mon ventre. Immédiatement, je m’étais légèrement détournée de lui pour avoir une meilleure vision de mon ventre et ma main qui était sur son torse l’avait quittée pour se glisser sous les draps à la recherche de mon arrondi. Je l’avais caressé un instant, réalisant alors que je ne sentais rien. Pas de quoi s’inquiéter pour le moment, il lui arrivait très souvent de s’éveiller lorsque je prenais mon petit déjeuner. Pour le reste, tout semblait bien aller : pas de douleurs, juste encore l’esprit ailleurs.

— Oui... je crois. Je ne le sens pas bouger mais ça doit être normal pour le reste... je ne me sens pas différente d’hier matin...

Façon détourner de lui spécifier que mes excès “oragesques” de la veille ne semblaient pas m’avoir atteint puisque j’étais presque sûre que c’était ce à quoi il faisait allusion. Il était alors passé à un sujet plus léger, celui du petit-déjeuner en me proposant de choisir mon endroit préféré pour le prendre. Je savais qu’il était sincère quant au fait que tout lui allait. Erwin n’était pas du genre à faire passer ses envies et ses besoins après ceux des autres, jamais. Avec personne. Ou du moins pas avec moi. Le reste, je ne pouvais que m’en figurer en le voyant agir avec les autres. C’était comme si l’idée de faire plaisir à quelqu’un lui était inconnue. Non pas qu’il ne me faisait jamais plaisir mais il me faisait toujours plaisir en concordance avec ses propres désirs à lui, si nous partions en week-end par exemple, c’est qu’il en avait envie, il choisissait d’ailleurs le lieu et la date. Si nous faisions du shopping et qu’il lui venait l’idée de m’acheter quelque chose, c’est soit que ce quelque chose lui avait suffisamment plus pour que son esprit vagabonde jusqu’à l’imaginer sur moi, soit parce qu’il estimé qu’il était temps que j’ai de nouvelles choses à mettre pour m’assortir à lui ou satisfaire ses yeux qui se laissaient vite de tout. C’était sans aucun doute une des preuves les plus évidence de son égoïsme surpuissant. Un défaut, à n’en pas douter. Me je m’en fichais, m’en accommodais même. Je n’avais vraiment estimé compter vraiment, pour moi, en tant que tel. Je m’effaçais toujours au plaisir de mes amis, que ce soit quand je leur faisais un cadeau ou quand je vivais quelque chose avec eux, tentant toujours de percer à jour ce qui leur faisait plaisir, ce qui leur ferait découvrir des choses, peu importaient que de mon côté je l’ai déjà fait ou vécu plusieurs fois. Alors le fait que Erwin décide de faire passer ses envies avant les miennes et même lorsqu’il le faisait sous un semblant de fausse générosité, cela m’importait peu. J’avais d’ailleurs voulu opter pour un petit déjeuner au lit, dans les premières secondes de ma réflexion. C’était loin d’être quelque chose que j’affectionnais mais lui en raffolait et si cela pouvait lui faire plaisir après la nuit que nous avions passé, alors cela me faisait plaisir aussi. Mais brusquement, quelque chose était remonté en moi, une chose que j’avais ressenti bien plus tôt, dans la douche, alors que je me rendais compte que mes désirs pouvaient être tout aussi importants que n’importe qui, que j’avais moi aussi le droit à ma voix au chapitre et que, mieux, l’idée de parfois se faire chouchouter avait du bon. Je déciderai donc. Seule. Selon MES envies, même si lui avait déjà donné de son envie dans l’éventail de choix qu’il me laissait mais qu’importait : il m’offrait tout le choix, alors je pouvais choisir sereinement.

J’avais pourtant peut-être eu un instant de réflexion trop long puisqu’il avait décidé de reprendre la parole, comme pour briser un silence qui s’était trop installé. Je réagissais sans aucun doute au ralenti de fatigue, alors que lui était si frais et dispo. Je l’observais tandis qu’il ouvrait déjà la bouche. Ses yeux mordorés me sondaient plus qu’à l’ordinaire, son air s’était fait plus fermé aussi, plus sérieux. Je sentais alors que la suite de la conversation se ferait nettement moins légère que ce que nous nous étions dit jusqu’alors, comme s’il avait attendu jusqu’à présent pour enfin s’exprimer sur des non-dits qu’il traînait sans doute depuis la veille. Je n’avais qu’un souvenir flou de ce qui s’était passé entre notre retour et notre douche, comme si mon état de choc m’avait mis dans un état second, en pilote automatique. Je me souvenais pourtant de tout ce que je lui avais dit dans cette chambre, en pleine possession de ma pensée, mais je réalisais qu’à présent qu’il ne m’avait pas répondu, se contentant de me garder entre ses bras, calmement et avec douceur jusqu’à l’apaisement. Il avait patienté, préférant ne me répondre que maintenant, séparer mon apaisement de cette véritable conversation que nous allions avoir.

Il me disait de ne pas avoir honte de mes doutes et de mes peurs, mais je n’avais jamais vraiment eu honte de cela. Personne n’était infaillible, moi y compris et je le savais depuis bien longtemps à présent. Je n’avais jamais cessé de douter, de tout. De moi, des autres et de l’avenir. Il y voyait une forme d’intelligence, j’espérais qu’il avait raison, je n’y voyais qu’un manque de confiance et de sécurité. Je n’avais pourtant pas honte d’être dans ce cas, je le voyais plutôt comme un défaut à corriger. Ce qui m’effrayait réellement en revanche, c’était les conséquences de mes actes quand j’étais dans ce genre de situation. Ce que je désirais pouvoir contrôler... et que je ne pouvais parfois pas gérer. Il avait raison. Je ne pouvais pas tout contrôler et venant de lui qui semblait vouloir pourtant tout régenter dans sa vie et celle des autres, cela sonnait d’autant plus fortement mais aussi étrangement. Le pensait-il vraiment ? Ou était-ce juste une phrase préconçue destinée à m’apaiser alors qu’il n’en pensait pas un mot ? Il en venait à espionner mon passer pour être certains de savoir où il mettait les pieds mais il était vrai aussi qu’il savait ce qu’était le plan B et s’adapter. Il savait donc d’une certaine manière qu’il ne contrôlait pas tout mais qu’il contrôlerait ce qui était à sa portée, sa capacité d’adaptation, c’était l’une de ses forces. La mienne il l’avait apparemment trouvé sur la rondeur de ma poitrine, machinalement et peut-être un peu stupidement, j’avais baissé les yeux pour suivre la trajectoire de son doigt, comprenant pourtant ce qu’il voulait dire. L’Amour. C’était quelque chose qu’Anatole admirait avec un respect profond, presque religieux. Voir un Titan avoir ses propres croyances était étrange, surtout quand elles se mêlaient à celles des humains alors qu’ils étaient d’ores et déjà censé personnifier ces croyances. Le rapport d’Hypérion à l’Amour m’avait toujours fasciné. Il pouvait l’admirer autant que le craindre. Je l’avais par le passé vu si sombre en observant ma profonde amitié avec Elliot, il disait depuis peu qu’elle était un Espoir... l’Espoir de tous. Il avait même senti mon amour pour mon fils avant même que je sache vraiment en prendre conscience et cela l’avait ému aux larmes. Est-ce que j’étais une personne d’amour ? Je pouvais dire que oui, à n’en pas douter. Il avait été ma plus grande force mais aussi ma plus grande faiblesse. L’Amour m’avait toujours guidé... jusqu’à cette ville, jusqu’à cette vie. Il avait bercé mon éveil auprès de Maman... et de mon père aussi, sans doute un peu avant de m’enseigner mes premières épreuves en me guidant vers une vie et une ville qui n’aurait jamais dû être la mienne. J’avais grandi auprès de Regina et Henry, auprès de toute ma nouvelle famille et mes amis avant de découvrir la douleur de la solitude et de la perte au moment du dôme causé par ma propre mère. J’avais retrouvé mon passé auprès d’Eavan et avait appris à grandir de son abandon. J’avais retrouvé la joie et goûté à l’espoir auprès de Jack avant de découvrir la dépression et la douleur de son départ. J’apprenais à devenir femme avec Erwin, mère aussi... qu’apprendrais-je de son départ ? L’Amour était mon guide partout mais à chaque fois qu’il me donnait, il me reprenait si durement...

Comme pour répondre à ce tout silencieux et qui tordait pourtant mon ventre, il m’invitait alors à prendre sans craindre qu’on me reprenne. Mais comment faire cet exercice alors qu’on m’avait toujours tout repris ? Ceux qui ne l’avaient pas encore fait le ferait bientôt... Même Elliot devait me prendre... il me prendrait ma vie, rien de moins. Alors comment ne pas craindre et accepter quand tout semblait se répéter encore et encore à jamais, comme une malédiction que je n’avais pas su briser ? Celle d’Erwin s’était terminée il y avait 8 ans de cela, comme pour toute cette ville, celle d’Elliot avait commencé il y avait 8 ans ne s’arrêterait jamais... qu’en était-il de la mienne ? M’apprendre à m’aimer... C’était sans doute l’épreuve la plus difficile qui me restait à surmonter. Je ne savais pas comment faire car je ne savais pas quantifier le degré d’amour, de haine et d’indifférence que j’avais pour moi-même. C’était comme tenter de s’observer à travers une vitre sans teint : on observait son reflet, persuadé qu’il y avait quelque chose derrière, tapis dans l’ombre, sans pour autant l’imaginer. C’était exactement ce que je ressentais quand je me voyais dans un miroir. Je n’avais aucune véritable émotion sur ce que je voyais. Il pouvait m’arriver de me trouver jolie, parfois, affreuse très souvent, je pouvais en savourer certains moments vécus, Erwin appréciait d’ailleurs nos “moments” reflétés, ce qui m’ancrait aussi différemment. Mais quand il était question de me regarder moi... qu’est-ce que je voyais ? Je ressassais ce que j’entendais de-ci, de-là, ce que mes amis et mes ennemis disaient sur moi, ce que les étrangers pensaient en moi, les différentes facettes que je reflétais au monde sans pour autant en trouver une seule suffisamment convaincante pour me regarder droit dans les yeux, un sourire décidé aux lèvres et me dire “voilà... c’est ce que tu es.” Qui j’étais ? Je n’en avais pas la moindre idée. Comment aimer ce qu’on ne parvenait pas à connaître et à définir ? Pourtant Erwin y parvenait bien lui. Il semblait se connaitre parfaitement et se repaître dans ce que qu’il était que de ce qu’il reflétait. Il n’était pas rare de le voir s’observer à la dérobée ou plus longuement dans le premier miroir à sa portée... Il en avait d’ailleurs un de poche qu’il trimbalait partout. Je n’avais aucune envie de lui ressembler, je trouvais que parfois il s’appréciait à l’excès et je trouvais cela dangereux. Pourtant, je rêvais quand même de pouvoir frôler du bout des doigts cet absolu dans lequel il se trouvait de se connaître si parfaitement.

Comme tous les autres, il m’avait de nouveau promis qu’il ne me laisserait pas seul, scellant peut-être malgré lui cette malédiction qui tournait autour de tous ceux qui finissait par m’abandonner. C’était la première fois qu’il le faisait de la sorte, de cette façon solennelle et douce qu’ils avaient tous eux. Il se disait à mes côtés. Avant de promettre qu’Isaac le serait aussi, tous les trois du même côté, contre le reste ou plutôt “contre ce qu’il faudra”. C’était la première fois que je craignais moins l’ampleur de cette promesse sournoise qu’il avait proféré dès le premier soir pourtant bien différemment. “Je ne vous lâcherai pas” … “Rassurez-vous, même si je vous lâche... De vous je ne serai jamais loin”. Ses mots me revenaient en mémoire aussi vivement que s’il venait de les prononcer, sa voix raisonnant dans ma tête comme une menace que je percevais bien plus aujourd’hui, peut-être parce que je la considérais moins d’actualité. Nous en avions vécu des choses, un an d’une relation tumultueuse qui nous avait laissé entrevoir un futur ensemble et créer la vie... mais comment pouvait-il déjà à ce moment précis être si sûr de lui quant au fait qu’il serait là, presque comme un vautour attendant son heure ? Ses mots étaient plus doux mais le souvenir était plus effrayant encore. “Vous ne pourrez, ne pouvez, ne voudrez et le plus important, mon petit trésor, vous ne voulez pas m’échapper”. Lui échapper... pourquoi aurais-je eu l’envie de lui échapper ? Ou même le besoin ? Pourquoi la puissance de ces mots ne me venait que maintenant, percutant encore plus violemment contre la promesse plus délicate et sentimentale qu’il me faisait maintenant. Il n’était plus question de fuir ses bras et d’y être accrochée malgré moi... il était question de rester pour former une famille... et pourtant.... “Tu ne pourras pas, tu ne peux pas, tu ne voudras pas et tu ne peux pas m’échapper… Dis comment refuser.” Il me l’avait dit cette nuit-même, dans le même échauffement de nos sens, après lui avoir prouvé de sa façon bien à lui à quel point il était partout, s’insinuant de toutes les façons jusqu’en moi, au plus profond de mon âme et de mes entrailles. Je n’avais rien répondu. Je n’avais rien dit. Parce que je pouvais toujours refuser. Parce que j’étais trop concentrée sur nos actions et que sa façon de parler m’avait bloqué, bien que j’avais enfui cette phrase en moi, jusqu’à présent. C’était une blague entre nous, une simple running joke et pourtant, il avait toujours eu cette étrange lueur dans les yeux, cette chose qui montrait que cela signifiait sans doute bien plus pour lui. “Suis-je suffisamment en toi, à ton goût, mon trésor ?” “Sais-tu ma… merveilleuse que...tu es à moi ? Tu es à moi, Enora...” J’avais cligné des yeux, secouant légèrement ma tête pour m’ôter de ce souvenir, son ricanement encore présent dans mon esprit, comme un écho malfaisant et effrayant. Tentant de reprendre contenance, j’avais dégluti, m’humidifiant les lèvres. Est-ce qu’il serait le seul à tenir définitivement promesse parce qu’il était le seul qui le désirait d’une façon bien plus malsaine, plantant ses griffes à même ma chair, refusant de lâcher sa prise même s’il perdait de l’altitude jusqu’à s’écraser... sans le voir pourtant ou en prenait jusqu’à brûler, trop près des rayons du soleil. Revenant à moi, l’observant toujours mais de façon nettement plus présente alors, j’avais une nouvelle fois passé ma langue entre mes lèvres pincées, tandis que ma main se levait jusqu’à effleurer ses lèvres, lentement, du bout de mes doigts.

— J’aimerai tellement pouvoir te croire...

Je l'avais murmuré avec une sincérité profonde. Mes doigts continuer à dessiner les contours de cette bouche que j’aimais tant embrasser, qui savait embraser tout mon être les moments venus et je réalisais alors que je ne savais plus pourquoi je prononçais cette phrase. Est-ce que j’aimerai pouvoir croire qu’il m’accompagnerait, qu’il ne me laisserait pas me débattre seule, assurément, plus que jamais, j’avais enfin envie que quelqu’un le fasse réellement sans me laisser, me lâcher en plein vol. J’aimerai tellement croire que je pouvais accepter ce qu’on me donnait sans qu’on me le reprenne. Mais j’aimerai tellement aussi le croire lui, dans son entièreté, qu’il ne m’était pas nocif, que je n’avais aucune raison de parfois me sentir stressée à son contact, effrayée par ses mots et ses regards. Pourtant je réalisais qu’il ne m’avait pas détrompé hier soir. Là où bien nombre de personnes se seraient offusqué de voir leur amante douter au point de s’effrayer de leur compagnon, il s’était contenté de continuer à me soutenir et ce matin-même, il ne revenait pas sur ce point, comme s’il avait glissé sur lui aussi aisément que toute l’eau de pluie que j’avais déversé, comme s’il savait au fond que j’avais raison de l’être. Oui... j’aurai tellement aimé pouvoir le croire.

— Moi. Toi et… Isaac, donc. C’est un réel beau prénom. C’est le prénom qu’il fallait.

Isaac. C’était le seul dont je ne doutais pas, curieusement. Il ne pouvait pas m’abandonner. C’était plutôt à moi de ne pas le faire. Il était une partie de moi, une partie de nous, un enfant n’abandonnait jamais ses parents dans son cœur, si l’enfant était aimé et élevé correctement. Et je comptais bien faire le maximum pour lui. Bien sûr qu’il lui viendrait un jour l’envie de me quitter, de voler de ses propres ailes, mais je ne voyais pas ça comme un abandon, je voyais ça comme une consécration. Il avait fini par parler du Futur. De celui qu’on avait vu, celui qu’on construisait. Je réalisais alors que, bien que revigoré de ce qu’il avait vu en Décembre, il ne le prenait pas pleinement pour argent comptant. Il l’avait vu comme une opportunité, un autre point de vue de ce qu’il voulait, un point de vue auquel il n’avait jamais pensé et qu’il espérait écrire et réécrire, au fil de ses envies du présent. Il m’invitait à faire de même et c’est ce que je voulais plus que tout. Se m’étais toujours fichu du futur qu’on me réservait jusqu’alors, ne prenant jamais réelle conscience d’Enora, me contentant d’oublier son prénom au plus profond de mon esprit. Alors pourquoi ce Futur me travaillait tant ? Parce que pour une fois, je ne le combattais pas complétement ? Parce que j’en désirais tout de même une partie ? Et j’avais peur que le tout se réalise ? C’était possible. Je me sentais comme Œdipe, cherchant à fuir son destin et marchant pourtant droit vers lui. Et il y avait cet autre Futur, immuable pour celui-ci, contrairement aux dires d’Erwin... Immuable... c’était le mot employé par Hyperion. Et pendant une fraction de seconde, j’avais eu envie. De tout lui dire, tout lui avouer. Mes yeux s’étaient éclairés d’une lueur fugace que je ne pouvais de moi-même observer. Ma bouche s’était légèrement arrondie, entrouverte et brusquement...

“Tu es à moi Enora”.


Sa voix, si claire et puissante dans mon esprit m’avait arraché un violent frisson, me bloquant dans mon élan. Je sentais que le temps passait et que je me devais de lui dire cette vérité... immuable. J’étais destinée à devenir un cavalier, une force de frappe quand n’avait nulle autre son pareil, sur laquelle des dieux s’étaient cassés les dents, les soldats d’un Titan Roi qui avait depuis longtemps dépassé les gens de l’espèce qui l’avaient accueilli en leur sein. On les disait surpuissant, j’avais vu la désolation qu’ils pouvaient causer, la frayeur dans le regard des gardes prêts à mourir sur le champ de bataille en protégeant fièrement la demeure d’Epiméthée... Je savais que mon rôle serait autre, que je ne serai sans doute pas mise autant en puissance que les autres, que je ne perdrai sans doute pas autant de mon humanité. Mais c’était sans doute pire car cette puissance serait tout de même en moi et s’il venait à quelqu’un de mal intentionné de s’en servir malgré moi... Erwin pouvait-il être ce genre de personne ? Un rire lointain au milieu des éclairs me revenait un peu en mémoire mais surtout sa volonté de me voir tout à lui... je n’appartenais pourtant à personne d’autre que moi... Et soudain, c’était la voix d’Anatole qui s’était mêlé à l’exultation d’Erwin. Faire attention à qui je disais ce secret, être certaine d’avoir une parfaite confiance... “J’ai peur de toi, Erwin...”

J’avais alors refermé la bouche, un sourire légèrement forcé pour me donner contenance alors que je déglutissais. Je pris un instant d’inspiration sous son œil observateur avant de lui dire enfin :

— En bas. Je préfère manger en bas, dans la véranda. C’est magnifique quand elle est baignée de lumière.

Je m’étais approchée de lui pour l’embrasser sur la joue, sincèrement, bien que je sentais encore mes pensées tournoyer dans ma tête. C’était de nouvelles peurs, qui s’ajoutaient aux précédentes qu’il avait aussi su calmer. Mais je devais restée maîtresse de mes actes, au moins pour aujourd’hui, pour contrebalancer la veille. Pour moi. Pour Isaac aussi. Il viendrait bien assez tôt ce temps où mes doutes se dessineraient si puissamment qu’il me faudrait trouver des réponses. Pour le moment, je choisissais un jour de répits pour mon cerveau. Profiter de nous, de son engagement aussi, qui ne m’avait pas percuté jusque-là mais qui rejaillissait enfin en moi : peu importait le futur, nous l’écrierions ensemble, à trois. Parce qu’il ne souhaitait pas extraire notre fils de l’équation, il acceptait l’idée qu’il ne serait peut-être pas l’être que nous avions deviné dans le futur pour son fils. Après un instant d’hésitation où je l’avais observé, scrutant ses traits, je m’étais avancée pour déposer un doux baiser sur ses lèvres, puis un second, un peu plus fougueux, remplacé par un rapide baiser qui clôturait le moment.

— C’était le prénom qu’il fallait, parce que nous l’avons choisi à deux, il nous convient à tous les deux. Tu as raison, l’important, c’est que ce que nous voulons écrire, nous l’écrivons à deux...

Et ce qui était déjà écrit... alors peut-être seulement serait-il partagé... le Temps me le dirait. Je lui étais passé au-dessus, prenant sa main au passage pour sortir du lit et l’attirer à ma suite. Nous étions descendus et j’avais commencé à préparer le petit déjeuner, comme je le faisais depuis plusieurs semaines alors, profitant de la vie de mon jardin, me laissant baigner par les premiers rayons du soleil. C’était une journée éclatante qui s’annonçait, l’orage de la veille avait fait fuir tous les nuages. Comme quoi, mon pouvoir avait aussi du bon et une certaine beauté... J’avais pris le temps de tout déposer sur la petite table dans la véranda, imposant à Erwin son aide en lui collant divers objets dans les mains tout en embrassant les traits qui annonçaient les premiers signes de son impatience. Puis nous nous étions posés, pour profiter de ce petit déjeuner et Isaac m’avait donné son coup, comme tous les matins, comme la veille où toute cette histoire avait commencé.

Il y aurait d’autres matins et d’autres combats. D’autres orages dans un ciel sombre et les accalmies de ciel bleu. Il y aurait tout cela, encore et toujours immuablement. Mais tant que nous étions ensemble, j’avais envie de croire en ce matin, que tout restait possible, malgré les peurs et les doutes. Car il y aurait d’autres matins et d’autres combats également entre nous. D’autres orages et d’autres accalmies car après tout, pour voir l’arc-en-ciel, il fallait bien accepter la pluie.

FIN.

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Dans l'oeil de l'orage (Erwin & Alexis)





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