« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Je ne sortais pas beaucoup depuis la fin de la malédiction. Pour une simple et bonne raison, c'est que Beo, l'esprit des loups, est un amateur de chair fraiche. Aussi tous les soirs, des envies multiples m'assaillent tant et si bien qu'il est plus sûr que je reste chez moi afin de déguster mon stock de viande en paix. Avec le temps, j'ai appris que Beo n'est pas un mauvais bougre. Il était même plutôt charmant, étant donné que je suis devenue sa seule chance de survivre dans ce monde hostile. On apprend à s'y faire à cette vie de transformation où je ne suis pas maître de mes mouvements pendant une partie de la nuit. Ainsi, je n'avais point prévu de sortir de mon train de vie quotidien. Jusqu'à ce qu'un client dépose par erreur une carte de visite. Celle d'une certaine Deborah Gust. Coach de vie. J'ai alors manifesté un certain intérêt, en me disant qu'il n'y avait rien à perdre à la contacter. Il s'agissait ici d'une simple curiosité.
Aussi lui ai-je donné rendez-vous au parc dans un endroit calme afin d'éviter les regards. J'avais choisis de porter une tenue légère et élégante après avoir tenté de retirer l'odeur de viande. Si j'aimais cette odeur, je savais que ma mère ne la supportait pas dans mon monde natal. Elle insistait toujours pour que je sois élégante en toutes circonstances. Je savais qu'elle le voulait afin de me rendre plus attirante pour certains prétendants, mais j'aimais me sentir belle malgré mon caractère solitaire.
Ponctuelle, je me suis rendue trente minutes en avance sur le lieu du rendez-vous. La tête droite, je ressentais une torture d'être obligée de me découvrir aux autres, à l'air libre. Et les remarques de Beo sur les personnes qui passaient sous mes yeux n'arrangeaient pas la situation. Il avait faim.
"Oh, tu vois cette femme à droite ? Je crois qu'elle était un chien dans son monde. Je ne vais pas la manger du coup."
"Tu ne mangeras personne Beo."
"Arrête avec ce nom. C'est l'esprit des loups, point."
L'attente devenait très longue avec la voix de Beo qui me houspillait.
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Deborah Gust
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Manifestement ma carte de visite faisait le tour de la ville ce qui, en plus de mon ancien poste au sein de l'équipe de la mairie et de la réputation que je me forge assurément à chaque nouvelle rencontre, j'étais ce qu'on pourrait appeler une célébrité locale. Ce qui ne m'étonne pas tellement, en fin de compte. Une femme comme moi ne peut pas passer inaperçu, c'est simplement impossible, d'autant que mon image fait partie de mon travail. Je ne pourrais décemment pas espérer inspirer les gens à devenir la meilleure version d'eux-mêmes si je n'étais pas déjà bien supérieure à quantité de personnes. En fait, je ne suis pas trop étonnée que les gens se refilent mon adresse. A la longue certains doivent prendre conscience de leur médiocrité ce qui leur permet de voir celle des gens qui les entourent et d'essayer de les aiguiller vers un meilleur chemin - qui passait inévitablement par moi. Bref, pour toutes ces raisons, je n'avais pas été particulièrement surprise d'être contactée par une certaine Antoinette Bisclaveret, même si je n'avais jamais entendu parler d'elle, tout comme je n'avais pas été étonnée d'apprendre qu'elle voulait me rencontrer. En fait, c'est souvent dans ce but qu'on sonne à ma porte (parfois littéralement) ou qu'on m'appelle pour prendre rendez-vous (ce que je préfère : se pointer chez quelqu'un, quand on a pas au préalable été invité, c'est quand même particulièrement impoli), ce qu'elle avait fait. Moi, évidemment, en professionnelle consciencieuse que je suis, je m'étais empressée de me renseigner un minimum sur la demoiselle. Car avec un nom et un prénom, mis à part vous dire qu'elle était d'origine française et probablement de la haute société à l'origine (on s'appelle rarement Antoinette quand on est née à St Denis), je n'allais pas aller loin. Me renseigner sur Antoinette ne fut pas bien difficile car elle tenait un commerce en ville. La boucherie, plus précisément. Je n'y mettais jamais les pieds, craignant d'avoir à observer une carcasse à la découpe et préférais y envoyer Colère (Peur et Tristesse étant bien trop concernés par les mauvais traitements infligés aux animaux, y compris ceux qui sont moches, pour oser y mettre les pieds) qui n'avait pas su me dire grand-chose sur la bouchère, si ce n'était qu'elle n'était pas laide (contrairement au nom de son métier) et qu'elle avait l'air asocial (ce qui est souvent le cas des personnes qui me contactent). C'est donc avec toutes ces informations (peu nombreuses, je sais) que je pris la direction du parc dans lequel elle m'avait donné rendez-vous, trouvant l'endroit calme qu'elle avait choisi avec facilité (car tout me réussit, comme chacun sait). J'arrivais à l'heure précisée dans l'invitation et trouvait Antoinette déjà là. Un bon point pour elle, songeai-je en m'approchant tout en détaillant sa tenue. C'était à la fois élégant et léger, idéal non seulement pour la saison mais aussi pour le lieu de notre rencontre. Un deuxième point pour elle, songeai-je, presque certaine qu'elle n'allait pas faire appel à moi pour apprendre à s'habiller puisqu'elle avait l'air de savoir le faire. De la part d'une bouchère, c'était pas rien. Les images d'Epinal font rarement de ce corps de métier des gravures de mode. C'était probablement parce qu'elle était un peu coincée (sa posture le laissait présager) et effectivement très seule (parce qu'incapable de nouer des relations ? à cause d'un terrible secret comme on n'en découvre qu'à Storybrooke ? à cause d'une pilosité trop importante ? la suite le dirait). Quelle chance avait-elle de s'offrir mes services. D'un pas assuré j'avançai jusqu'à Antoinette pour me planter face à elle et annoncer, menton relevé et d'un ton théâtral : - Vous avez demandé Deborah Gust, eh bien la voilà. A la question "comment je vous ai reconnue alors que je ne vous ai jamais vue avant" la réponse "parce que je vous ai Googlée", poursuivis-je avant de m'installer à côté d'elle. Avant de commencer je préfère être très honnête avec vous : quel que soit la raison de votre appel à l'aide, je ne garantis pas que ma méthode vous fera plaisir. J'ai pour habitude de pousser les gens dans leurs retranchements. Y a que comme ça qu'on devient la meilleure version de soi-même, assurai-je. Mais si vous avez trop peur que la vérité vous blesse ou que vous êtes trop fragile pour ça on peut s'arrêter ici et ça sera même gratuit. Si vous avez un peu de courage pour vous affronter vous même en plus d'affronter la vie alors je suis là pour la durée qui s'avérera nécessaire. Bien, maintenant que tout est dit, si vous êtes toujours intéressée, ça va être à vous de m'expliquer pourquoi vous faites appel à moi. Sans mentir, précisai-je en lui glissant un regard suspicieux. Si vous ne jouez pas franc jeu ça ne marchera pas. Mais rassurez-vous, je connais le secret professionnel. A part pour éventuellement vous faire chanter plus tard, je n'utiliserais pas ce que vous me révélerez de votre petite vie, assurai-je en lui souriant de toutes mes dents. C'est une blague, naturellement, ajoutai-je d'un ton plus neutre. Le chantage, je veux dire. Elle n'avait pas l'air aussi pince sans rire que moi, ce qui m'avait conduite à expliciter les choses, juste au cas où. Même si elle avait l'air inoffensive, je préférais ne pas me mettre une potentielle nouvelle cliente à dos. On sait jamais, à Storybrooke. Elle pourrait très bien être une sorcière aussi puissante que Regina et j'ai pas très, très envie de finir maudite pendant 28 ans comme cette pauvre Mary-Margaret Blanchard.
Antoinette Bisclaveret
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| Conte : La Bête du Gévaudan | Dans le monde des contes, je suis : : La Bête
Béo fit une remarque assez sévère envers Deborah, mais heureusement, cette dernière était incapable de l'entendre. Impassible, je l'écoutais même si sa présence soudaine à mes côtés me rendait mal à l'aise. Ainsi, elle expliquait sa méthode, ainsi que le fait qu'elle ne puisse pas plaire à tout le monde. Soit, chacun possède une personnalité différente. Toutefois, une certaine fierté (ou pragmatisme) m'indiquait que je ne voulais pas en rester là sans avoir essayé. Après tout, ceci faisait des années que je n'étais point sortie, excepté pour des courses. Peut-être était-ce là un signe pour me dire de tenter le diable.
Je l'observait. Sa tenue impeccable ainsi que son charisme naturel m'incitait à penser qu'elle aurait pu être une leader efficace, voire une reine. En soit, elle me faisait penser à ma mère, sans les défauts qui ont fait d'elle mon ennemie. Je réfléchissais poliment à une réponse claire et précise sur le pourquoi de ma demande.
"Je suis une ancienne femme bourgeoise, dans une vision "romancée" de la Bretagne française. Depuis toute petite, je souffre de la présence d'un esprit lupin suite aux erreurs de ma mère. Celle-ci a abattu l'arbre de l'esprit des loups qui s'est permis de se réfugier en moi."
Ainsi ai-je commencé mon récit, en précisant à madame Gust que c'est la première fois que je sortais pour une raison toute autre qu'un prétexte alimentaire.
"Ma mère pensait bien faire en me mariant, mais ma malédiction a repoussé chaque prétendant, tant et si bien que je me suis enfuie dans la région du Gévaudan. Je ne vais point vous faire une démonstration, car ceci nécessite que j'ôte mes vêtements."
J'étais restée froide et impassible en énonçant ces faits. Ma timidité repris toutefois le dessus tant et si bien que je ne fit aucune conclusion à mon récit. Cette simple discussion m'épuisait mentalement, mais je ne pensais pas en dire autant.
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Deborah Gust
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| Conte : Inside Out | Dans le monde des contes, je suis : : Disgust
Je voyais vraiment pas en quoi quelqu'un, même un créateur de monde des contes, aurait pu vouloir "romancer" la Bretagne française. Parce qu'il y a rien à romancer de sympa, là-bas. OK, y a les galettes, les crêpes et le cidre. Mais est-ce suffisant pour mériter d'être romancer ? Je ne pense pas. Y a surtout la pluie, l'air marin et l'été jamais vraiment chaud. Sans parler des immondes chapeaux traditionnels qui doivent avoir un nom mais j'ai pas fait l'effort de le retenir. Néanmoins, j'opinai. C'était pas tous les jours quelqu'un livrait autant de choses sur le monde et sur qui il était (malédiction incluse, parce que je pense qu'avoir un esprit lupin dans la peau à cause des erreurs de sa mère c'est précisément la définition d'une malédiction) d'où il venait en si peu de phrases. Elle m'évitait de creuser pendant des heures et c'était tout à son honneur. Le temps c'est de l'argent mais pour moi c'est de l'or. Bon, OK, je captais pas tout, par exemple, je captais en quoi c'était logique de se faire maudire pour avoir couper un arbre - l'esprit aurait pu en trouver un autre, je sais que la déforestation c'est un vrai problème mais, quand même, des arbres, y en a encore tout plein si on ouvre les yeux. Enfin bref, c'est sans doute breton, faut probablement pas chercher plus loin. - Oh tu sais, je serais pas dérangée si tu te déshabillais. Enfin, tu serais arrêtée pour exhibitionnisme parce qu'on est au parc mais, moi, à titre personnel, tant que t'es bien foutue là en dessous, je m'en accommode, déclarai-je d'un ton nonchalant en comprenant que l'esprit lupin qui vivait en elle pouvait la transformer. En tout cas, j'applaudis ta franchise, tu me fais gagner un temps précieux même si à moins d'être un militant Greenpeace je vois pas qui peut trouver ton monde sensé, ajoutai-je en allusion à cet esprit qui tenait vraiment beaucoup à son arbre. Puis je l'observai plus attentivement. Si j'appréciais sa concision, on ne pouvait pas dire qu'Antoinette était la reine des conclusions avec ouverture ni des plans triparties comme les académies scolaires les aiment. Non pas que ce soit si dérangeant que ça. Je sais que tout le monde ne peut pas être aussi bon orateur que moi mais je savais aussi reconnaitre un indice quand j'en voyais un. Et Antoinette ne s'était pas seulement tu gauchement au lieu de conclure proprement son histoire. Elle s'était presque arrêtée à bout de souffle en ayant parlé à tout casser quatre minutes. Ca, c'était pas habituel. - C'est l'esprit lupin qui te fatigue, le monde extérieur, le fait de parler, ta propre vie ou autre chose ? demandai-je sans détour. Parce que t'as un peu l'air au bout de ta vie, quand même. De la part d'un corps habité par un esprit humain, je suis un peu étonnée mais j'imagine que c'est plus compliqué que ce qu'il n'y paraît. Si t'es pas trop fatiguée, j'ai des TAS de questions pour toi, repris-je avec énergie. La première, parce que c'est assez frappant, comment on passe de "bourgeoise" à "bouchère" ? L'amour de la viande crue ? Maman qui te coupe les vivres sous la malédiction ? Le sort noir qui vous prive de votre fortune ? J'espère que ta boutique paye bien parce que je fais pas la charité moi, ni celle de Greenpeace ni celle de personne, la prévins-je. Bien, quand tu auras répondu à ça j'aimerais aussi savoir si je vais devoir passer en monde psychanalyste pour analyser ta relation avec ta mère - que j'imagine pas forcément ouf, sauf si tu pardonnes vite les gens qui te maudissent - ou si ça n'a rien à voir avec la raison de ton contact. Et ensuite tu me diras s'il y a un moyen connu de briser ta malédiction, si c'est ce qu'on est censé cherché ensemble ou si on doit juste régler ton asociabilité que j'imagine liée à ton esprit lupin. Je te demande pas si t'es carnivore du coup, j'pense que j'ai la réponse, souris-je, amusée. Je marquai alors une pause pour l'observer encore une fois très attentivement. Finalement j'ajoutai : - Tu peux y aller en plusieurs fois si besoin et éventuellement, comme tu as coopéré en me disant tout de suite la vérité telle qu'elle est, je consens à répéter mes questions s'il le faut. Je ne le précisai pas mais c'était, de ma part, une sacrée fleur. J'osais espérer qu'elle était suffisamment intelligente pour s'en apercevoir.
Antoinette Bisclaveret
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| Conte : La Bête du Gévaudan | Dans le monde des contes, je suis : : La Bête
Malgré ma fatigue, je parvenais à retenir peu ou prou ses questions, et je préparais une réponse construite mentalement. Béo semblait fort agacé par Mlle Gust, mais je songeais au fait qu'elle ne devait pas être un animal, et donc à son goût. Je me rendais compte que cette femme faisait preuve d'une certaine patience envers moi, ce qui n'était point pour me déplaire. Reprenant mon souffle, je pris le temps de penser à des réponses courtes et efficaces afin d'éviter toute fatigue inutile.
"Ceci fait longtemps que je n'ai pas été habituée aux mondanités habituelles aux gens. J'imagine que ceci explique ma fatigue."
Ceci était la seule vérité me concernant. Malgré mon contact régulier avec des clients, ces derniers se moquaient bien de mon verbe. Ce qu'ils souhaitaient était tout simplement mes compétences en tant que bouchère. Rien d'autres. Ce fil de pensées me permit d'enchainer directement sur sa deuxième question.
"Mes dernières années de vie avant la Malédiction se passaient dans des champs à guetter les moutons. Quant à mon métier... Il est bien pratique pour nourrir l'esprit en moi vous ne trouvez pas ?"
J'avais développé un côté froid avec Béo. Non pas que ceci me gênait, il fallait au moins ça pour supporter une mère quelque peu irresponsable. Ce qui me dérangeait en revanche était le léger plaisir que je prenais parfois à découper voire déchiqueter la viande. J'étais bel et bien consciente quand Béo prenait le contrôle. Je fis une pause afin d'éviter de me fatiguer, tout en évitant le regard de Mlle Gust. Je ne suis pas encore prête à regarder des personnes droit dans les yeux.
La raison de mon contact ? La curiosité principalement, même si je me disais qu'une telle raison ne pourrait la convaincre. Je savais toutefois que je tenais pas spécialement à me débarasser de Béo. J'étais assez attachée à lui et je souhaitais qu'il puisse vivre en liberté. Je regrettais souvent que la malédiction ne nous aient pas séparé en deux personnes distinctes.
"Je ne souhaites pas forcément me débarrasser de Béo ou me réconcilier avec ma mère. Je souhaites... avoir des relations avec des gens. Amitié, romance, peu importe tant que je peux socialiser."
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Deborah Gust
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"Ceci fait longtemps" n'était pas une formulation que j'entendais tous les deux matins et elle eut le don de me faire arquer un sourcil. Mais Antoinette demeurait compréhensible malgré tout, ce qui était le principal. En fin de compte, la fatigue avait du bon puisqu'elle lui évitait de brasser de l'air comme tellement de gens ont la mauvaise habitude de faire. Elle, bien sûr, qui admettait - certes dans d'autres termes - rarement voir du monde, n'avait pas vraiment de raison de se mettre subitement à parler pour rien dire. Sauf à parler aux murs pour ne rien leur dire mais je suis presque persuadée (ou alors j'essaye de me convaincre que c'est le cas) que personne n'est assez stupide pour le faire. Même si à Storybrooke il ne faut jurer de rien. Jamais. Sous aucun prétexte. Le fait était également que j'imaginais mal Antoinette, en dépit de son prénom assez bourgeois pour ne pas dire aristo, faire partie de la haute société, avoir son manoir dans le quartier nord (comme moi, par exemple) et enchainer les mondanités tous les deux soirs de sorte à être lassée de la vie et de ses sempiternelles rencontres. Parce que ça peut arriver mais, de toute évidence, ça arrive à d'autres personnes qu'elle. Et puis, même si une boucherie est sans aucun doute un commerce rentable, qui aurait l'idée d'inclure une bouchère dans l'élite de la ville ? Et puis quoi encore ? Elle dépeçait quand même des carcasses d'animaux, ça n'a rien de glamour, peu importe la tenue qu'on porte ou le prénom que nos parents nous ont choisi à la naissance. Non, les gens venaient simplement la voir pour qu'elle découpe le travers de porc ou l'onglet de bœuf qu'ils avaient envie de mangé, échangeaient quelques banalités plates à mourir histoire d'avoir bonne conscience en étant poli et le tour était joué. C'était à peine, en fin de compte, si on pouvait parler d'interactions sociales. J'écoutais attentivement le récit, toujours concis, des dernières années d'Antoinette dans le monde des contes et opinai, appréciant la logique de la transition depuis la bête qui guette dans les pâturages jusqu'à la bouchère qui découpe l'animal dans une chambre froide. - Comme quoi, dans son immense bêtise, Regina Mills t'a donné un métier qui a du sens, résumai-je, jamais la dernière pour casser du sucre dans le dos de la méchante reine. J'imaginais sans peine (malheureusement pour moi) Antoinette se repaitre de morceaux entiers de carcasse, seule, bien à l'abri dans la chambre froide de son commerce, dévorant la viande sans prendre la peine de la cuire, "comme au bon vieux temps", d'une certaine façon. Berk. Instinctivement, je pinçai les lèvres puis me forçai (sans que ce soit très difficile) à penser plutôt à Leonardo DiCaprio afin de ne pas garder en tête l'horrible image mentale que les habitudes alimentaires d'Antoinette me donnaient. Elle, de son côté, continuait de fuir mon regard (ce que beaucoup de personnes font, indépendamment de leur degré de sociabilisation ou d'animalité) comme le ferait n'importe quelle personne autiste ou, dans son cas, presque étrangère aux moments de vie en société. Je ne le prenais d'ailleurs pas mal, connaissant très peu de personnes capables de soutenir un regard aussi intensément que moi et connaissant encore moins de personnes capables, de toute façon, de soutenir le mien de façon prolongée. Avec toutes ces nouvelles informations et autant de nouvelles déductions de ma part en ma possession, je ne fus, en fin de compte, pas véritablement surprise d'apprendre qu'Antoinette désirait "avoir des relations avec des gens", ainsi qu'elle le formulait. Clairement, elle en avait bien besoin. De la même façon, je ne m'étonnai pas quand elle annonça ne pas souhaiter se séparer son alter ego lupin. J'imaginais qu'elle s'y étais au mieux habituée, au pire attachée. Je ne pouvais sans doute pas comprendre totalement ce lien qui les unissait mais songeai que Riley l'aurait sans doute pu. Après tout, avant de quitter ce monde, avant qu'elle ne nous donne la possibilité de poursuivre la vie humaine qu'elle n'aurait pas, elle avait pris conscience de notre existence. Nous, les émotions, étions juste mieux que les esprits de loup, mais sur le principe, ce qu'elle avait vécu était sans doute comparable. Malheureusement, personne ne pourrait jamais lui poser la question. Quant à la relation maternelle... de toute façon je n'étais pas psychanalyste et ça m'aurait soulée de m'y attacher. Les relations humaines et comment les réussir, ça, c'était beaucoup plus mon domaine ! - Vous savez ce qu'on dit ? demandai-je, l'air narquois. Que l'Homme est un "animal social". En ce qui vous concerne, je trouve la tournure tout particulièrement bien choisi, ajoutai-je alors que mon sourire s'élargissait. Ca ne me surprend pas que vous vous soyez aperçue que cela vous manquait d'avoir des relations. Mais comme vous partez quand même un peu de loin, je pense qu'on va pas tout de suite s'intéresser à la romance, plutôt juste à la possibilité d'avoir des amis. Je marquai un arrêt, le temps pour ma décision de s'imprégner dans l'esprit d'Antoinette, puis je poursuivis : - C'est quoi pour vous "un ami" ? Est-ce que vous considérez que nous sommes amies ? Est-ce que vous en auriez envie ? Qu'est-ce que vous recherchez chez un ami ? Considérez-vous que vous aviez des amis dans votre vie d'avant ? Et plus général : vous êtes vous déjà posé toutes ces questions ou est-ce que je viens d'ouvrir devant vous un tout nouveau champ des possibles ? ajoutai-je sans chercher à faire de jeu de mots sur la fin de sa vie dans le monde des contes même si la tournure s'y raccrochait bien. Quant à être amie avec Antoinette, de mon point de vue, la question était précoce. Je ne niais pas que cette jeune femme soit intéressante mais je réservais pour le moment encore une partie de mon jugement. Je n'avais donc pas posé la question pour lui révéler une de mes attentions mais plutôt pour essayer de comprendre où Antoinette se situait sur la longue route de la sociabilisation. J'aurais pu commencer par lui demander de me parler de son entourage mais je ne l'avais pas fait, jugeant que ces autres questions amèneraient très certainement le sujet d'une façon ou d'une autre.
Antoinette Bisclaveret
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| Conte : La Bête du Gévaudan | Dans le monde des contes, je suis : : La Bête
J'ai réfléchis longuement aux questions de Mlle Gust. "Qu'est-ce qu'un ami ?" Une question intéressante au demeurant à laquelle je n'avais pas forcément songé. En y réfléchissant, Béo était le seul ami que j'avais, mais peut-on appeler ainsi un esprit forcé d'habiter dans votre corps ? N'importe qui deviendrait "ami" par l'habitude des choses dans une telle situation. Je ne pensais pas qu'une telle réponse conviendrait à Mlle Gust. Alors la réponse devait être toute autre. Je n'avais point envie de vexer Béo toutefois. "Qu'est-ce qu'elle pose encore comme question ? Dis-lui que je suis ton ami Nenette !" Il valait mieux continuer d'être honnête. Après tout, mon ignorance serait comblée un jour ou l'autre. Je résume alors de manière très concise mon point de vue :
"Je ne pense pas que nous soyons amies. Pareillement, être forcé de vivre avec quelqu'un n'en fait pas forcément un ami. Du moins je suppose. Béo et moi, nous nous entendons assez bien pour que je ne souhaite pas son départ."
Je reprends mon souffle afin d'éviter d'embrouiller mes pensées. Béo me fait savoir à quel point il m'apprécie aussi, non sans laisser échapper quelques insultes envers ma génitrice. Je n'ai pas la même haine que lui envers elle, bien que je puisse imaginer la rage ressentie lorsque l'on voit son chez soi réduit en rondins de bois grossièrement coupés. L'esprit des loups était une légende dans nos contrées, ce qui conforta mon incroyante de mère dans l'idée d'étendre son territoire. Ce fut mon premier contact avec la magie d'ailleurs, étant donné que ma mère et mon défunt père n'avait eu aucun contact avec les druides locaux avant cet incident.
"Béo a été très gentil avec moi depuis mon exil dans la région du Gévaudan. Quand bien même il m'a jeté une malédiction en pénétrant mon corps, j'ai conscience qu'il est seul tout comme moi."
A dire vrai, j'ai toujours été seule. Ma vie a été rythmée par des apprentissages fastidieux des codes de l'aristocratie et de la bien-séance. Ma mère se préoccupait surtout de l'étiquette et du progrès de la région, bien loin des traditions occultes qu'elle jugeait barbares et non convenables.
"Et... Je ne crois pas avoir un seul ami jusqu'à aujourd'hui. Ni même approfondis ces questions.
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Antoinette resta silencieuse un moment certain, ce qui ne me dérangea pas. Contrairement à de nombreuses pipelettes en ville, ça ne me dérange pas quand personne ne parle. Au contraire, c'est dans ces moments que je peux m'entendre penser le mieux. Je suis également d'avis qu'il n'y a pas que quand on gratifie quelqu'un d'un French kiss qu'il faut savoir tourner la langue sept fois dans sa bouche. C'est bien de le faire aussi avant de parler, principalement parce que ça évite de dire des bêtises plus grosses que soi dans la plupart des cas ce qui, de fait, évite d'avoir l'air idiot en société (même si certains ont seulement besoin d'exister pour avoir l'air très con. Que voulez vous, on ne nait heureusement pas tous égaux. Mais pour en revenir à Antoinette, elle finit par me donner une réponse plaisamment sensée. Ca fait du bien, mine de rien, de rencontrer des gens qui connectent leurs neurones pour du vrai. Je souris et abondai dans son sens : - Effectivement, nous ne sommes pas amies. Mais ça ne me dérangerait a priori pas trop si nous finissions par le devenir. T'as du potentiel et t'es pas débile, ça te fait deux très bons points, assurai-je avec mon franc parler légendaire (si, si, il l'est). De la même façon, pour avoir moi aussi été forcée de vivre avec des gens que je n'avais CLAIREMENT pas choisi de côtoyer aussi souvent, je te suis également sur la suite de l'analyse. Toute la suite. ajoutai-je pour qu'elle comprenne que j'avais également vécu le moment où, en fin de compte, je ne souhaitais plus le départ de mes boulets personnels. Très bien, repris-je, satisfaite, après une courte pause. Je te mets 18/20. Les deux points en moins c'est parce que je considère que la seule personne capable d'être parfaite et de mériter la note maximale c'est moi et comme tu n'es pas moi... Je ne pris pas la peine de finir mon raisonnement, supposant qu'Antoinette saurait comprendre toute seule où je voulais en venir. De la même façon, si j'avais rapidement mentionné ma cohabitation avec des personnes (plutôt des concepts, en fait) que je n'avais pas choisies, je n'allais certainement pas m'étendre sur le sujet, lui révéler que je suis Dégoût et qu'en toute logique avant d'être une sublime rouquine (comme elle peut le voir) j'ai habité dans la tête de quelqu'un avec, logiquement, toutes les autres émotions de la palette. Antoinette était certes sur la bonne voie si elle souhaitait réellement me connaitre (chose que tout le monde, si vous voulez mon avis, devrait avoir comme but ultime dans sa vie sociale) mais je n'ai jamais aimé précipiter les choses, particulièrement les grandes révélations. Une nouvelle fois, Antoinette s'était replongée dans le silence et j'attendais la suite en m'écoutant penser. Je supposais que durant la plupart de ces moments de silence, elle échangeait, à l'abri des oreilles indiscrètes (la veinarde !) avec son esprit du loup intérieur et que, de son point de vue, ces instants n'étaient pas réellement silencieux. Mais du point de vue extérieur non averti, on pouvait peut-être la prendre pour une autiste, une asociale, ou une lunatique. D'une certaine façon, la reprise de parole d'Antoinette sembla confirmer mon hypothèse. - Il parait que la solitude c'est mieux à deux, commentai-je simplement. Il est dans ta tête, plus ou moins littéralement, forcément ça crée un lien spécial. Amical, je suppose. J'pourrais pas trop dire, j'ai jamais vécu cette situation. Il te connait probablement mieux que personne et vice versa. Cela dit, pour ton bien social général, même si vous avez probablement noué une relation super forte, je te conseille quand même de te trouver, en plus, des amis qui ne sont pas dans ton corps en permanence. Ca élargira tes horizons et ça te donnera pas l'impression de finir totalement schizo, ajoutai-je même si, en fait, je n'avais pas suffisamment d'empathie envers autrui pour m'inquiéter de la santé mentale d'une jeune femme à peine rencontrée. C'est pas grave si tu n'as pas approfondi ces questions, faut bien que tu me paies pour quelque chose alors on peut probablement commencer par ça. J'suis pas tellement étonnée que tu me dises ne pas avoir d'autre ami que Béo. Le point positif c'est qu'il n'est jamais trop tard pour s'améliorer. Sauf pour Dyson Walters, lui c'est vraiment un cas désespéré, ne pus-je m'empêcher de nuancer. Tu le connais sans doute pas, ajoutai-je à l'intention d'Antoinette afin qu'elle ne soit pas totalement perdue, alors dis toi que c'est une chance infinie. Elle n'avait sans doute pas conscience d'à quel point elle avait de la chance. Non content d'être trop joyeux et de se mêler de la vie des autres sans y être invité, il fallait en plus qu'il soit moche comme un pou. Vraiment, ce type n'avait rien pour lui, pas même un prénom tendance (franchement, s'appeler comme une marque d'aspirateur c'est forcément le signe que ses parents ne l'aimaient pas). Et pourtant il avait été à la mairie et il avait plein d'amis. Ca, franchement, je comprendrai jamais. - On va essayer de poursuivre avec deux nouvelles questions. Pourquoi les gens voudraient-ils ou pourraient-ils devenir amis avec toi ? Et : qu'est-ce que ça va t'apporter d'avoir des amis ? En partant du principe que tu veuilles en avoir mais a priori si tu fais appel à moi c'est pour avoir une vie sociale et en général ça implique à avoir des amis.
Antoinette Bisclaveret
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| Conte : La Bête du Gévaudan | Dans le monde des contes, je suis : : La Bête
Réfléchir autant est assez épuisant. Car ceci implique de chercher en soi des réponses, et de prendre des risques. Je ne veux point être aussi présomptueuse en me donnant des qualités que je ne possède peut-être pas. Ma mère m'avait surtout apprise à rester discrète, à ne pas causer d'ennuis aux individus de ma classe. Cette mentalité m'affecte encore, malgré ma situation peu enviable. Après tout, qui souhaiterait d'une femme empestant la viande la majeure partie de la journée ?
Je tente toutefois d'éclaircir certaines de mes qualités. Je suis polie. Franche. Honnête. Je connais l'étiquette, même si elle est totalement vaine en ces lieux. Est-ce là toutes mes qualités ? Je suppose... Je n'en sais rien. Un vent frais déplace une de mes mèches de cheveux. Je la remets en place avant de répondre :
"Je suis polie. Je sui franche et honnête, ce que je recherche sans doute les gens en règle générale."
Quant à savoir ce que peuvent m'apporter des amis... Je ne peux me baser que sur Béo. Il a réussi à me faire sortir de certaines impasses, à me donner des conseils pour éviter de faire n'importe quoi. Bien sûr, je ne suis pas sotte. J'ai juste besoin de savoirs afin d'agir au mieux. C'est lui qui m'a conseillée de réserver une pièce avec de la viande pour pouvoir m'isoler sans me faire voir des autres. Mais je suppose qu'un ami ne peut point m'apporter uniquement ça.
"Un ami pourrait m'éviter de faire de graves décisions ? Et peut-être d'autres apports ?
Codage par Libella sur Graphiorum
Deborah Gust
« Sarcasm: punching people with words. »
| Avatar : Catherine Tate
- Youhou Deborah, regarde ce que je sais faire !
- C'est bon, je démissionne, j'en ai marre des débiles.
| Conte : Inside Out | Dans le monde des contes, je suis : : Disgust
Polie, franche et honnête. Il ne manquait à Antoinette que la robe longue, la capacité de chanter et le prince charmant et on était paré pour la transformer en princesse Disney. Ou en Miss Amérique qui demande la paix dans le monde. Sauf si elle était pourvue de mon sens de l'honnêteté que pas mal de gens confondaient avec de la méchanceté. Mais si on partait de ces qualités-là, Antoinette avait toujours pour se faire des amis étant donné que la plupart des gens recherchent justement ces qualités. - On dirait le tiercé gagnant, commentai-je. Ce sont de bonnes qualités pour réussir à se faire apprécier par les gens. Mais franche et honnête, c'est un peu deux fois la même chose. Cela dit, je te pardonne. J'aime ces qualités. C'était vrai sauf que je les appréciais à ma manière. La franchise ne nécessitait, après tout, pas de prendre des gants et l'honnêteté pouvait être une vérité qui blesse sur la nouvelle coiffure de la voisine ou sur ce qu'on pense réellement d'elle. Je mettais, en tout cas, ces préceptes en application lors de ce rendez-vous avec Antoinette. Elle avait justement signé pour ça, qu'elle en ait conscience ou pas. Et si princesse Antoinette avait réussi à extirper de son cerveau novice des qualités effectivement appréciables par autrui, elle péchait davantage quant à ma deuxième question. Qu'apporte l'amitié ? Oh, bien sûr, loin de moi l'idée d'attendre une dissertation de philosophie en trois parties composées chacune de trois sous parties, avec introduction, conclusion et ouverture pour enrober le tout mais quand même. Elle aurait pu développer un minimum sa pensée. Exemplifier. Ne pas donner l'impression que c'était à moi de faire 80 % du travail (même si, souvent, pour ne pas dire toujours) c'était ce qui se passait dans ma vie tant les gens peuvent être décevants, paresseux ou pas inspirés, voire les trois en même temps pour les cas les plus désespérants. - Oui, y a forcément d'autres apports, repris-je. Ou alors tu as des amis vraiment déprimants et tu devrais en changer fissa, ajoutai-je. Je n'avais pas moi-même énormément d'amis, mais j'en avais davantage qu'Antoinette donc je gagnais, comme toujours. Je tenais à ma popularité, à ma réputation et, pourrait-on dire, à mon aura, mais je savais que l'amitié était une chose aussi rare que précieuse et que ceux qui prétendaient en avoir plein les poches en avaient généralement encore moins qu'ils ne le pensaient. La liste n'avait pas besoin d'être longue du moment qu'elle était réelle et fiable. Sur la mienne, on y trouvait des personnes très différentes ; d'un côté Aster le chocolatier grincheux aussi aimable qu'une porte de prison et Meredith, la soi-disant nounou à peu de choses près parfaite en tous points et, quelque part au milieu Gabriel, Erwin, leur classe et leur richesse de grands de ce monde. Chacun d'eux m'apportait quelque chose de différent qu'il s'agisse d'une fausse rivalité féminine, d'un punching ball incapable de comprendre ses sentiments sur qui essayer mes nouvelles punchlines, d'une personne aussi imbue d'elle que je l'étais de moi dont l'ambition me servirait forcément tôt ou tard ou d'un accès direct dans le monde de la créativité où mes conseils et moi avions notre juste place. Quant à moi, je leur apportai, et c'est une évidence, ma perfection de laquelle s'inspirer. Ainsi que mes conseils et parfois même, contre toute attente, mon oreille attentive qui prouvait qu'effectivement je savais me soucier d'autres personnes que de moi. En fait, je passais ma vie à le faire. C'était mon fond de commerce, ma raison d'être, que je le veuille ou non. Cette réflexion, toutefois, était bien trop intime pour être partagée avec Antoinette qui, bien que prometteuse pour se faire une place dans mon cercle de personnes appréciées, ne pouvait pas encore prétendre à ce titre tant convoité d'amie. - Il ne faut d'ailleurs pas voir l'amitié que sous ce prisme-là, c'était seulement un exercice. En fait, l'amitié, ça s'explique parfois pas. Ce sont des rencontres et des atomes qui s'accrochent les uns aux autres pour créer quelque chose de neuf et d'unique qu'on partage à deux - parfois en gang mais essaye déjà d'avoir un ami, on mettra la barre plus haut après, conseillai-je. Mais, oui, tu as quand même un peu raison. Les amis, les vrais, j'entends, ce sont ceux qui te diront toujours la vérité, surtout quand tu fais une connerie. Ce sont ceux qui essaient de t'en empêcher mais qui ne te diront jamais "je te l'avais dit" si tu fais quand même la connerie qu'ils t'ont dit de ne pas faire. Enfin, en tout cas ils essayeront, personnellement, amis ou pas, j'aime bien juger les gens, admis-je, narquoise. Ce sont ceux qui restent avec toi dans les bons comme dans les mauvais moments. Surtout dans les mauvais. En bref ce sont ceux qui t'aiment pour celle que tu es, pas pour ce que tu as ou ce que tu peux leur apporter de matériel. C'est à eux que tu peux te confier en ayant la certitude que tes secrets ne finiront pas en première page du journal ou sur Facebook. Mais ce sont aussi eux qui te connaissent le mieux, toi et tous les travers que tu n'assumes pas tellement. Ceux auprès de qui tu n'as pas peur de tomber le masque et réciproquement. Ceux qui t'affichent gentiment quand tu fais ou dis une connerie. Qui aime bien châtie bien, tu as déjà entendu cette expression ? demandai-je. En somme, conclus-je peu après, c'est une notion complexe qui ne connait pas une seule et même règle et c'est précisément pour ça qu'en théorie tout le monde y a droit. Mais ça n'arrive pas comme ça en claquant des doigts, la prévins-je en joignant le geste à la parole. Moi je peux seulement t'entrainer à créer les opportunités pour que tu t'en fasses, pour le reste, la balle est dans ton camp. Maintenant, si tu es prête, on devrait mettre tout ça en application, non ? C'était bien beau de parler encore et encore, d'autant que j'adore m'écouter, mais il allait falloir qu'Antoinette me montre ce qu'elle avait dans le ventre pour que je puisse, bien qu'à présent incapable de littéralement me glisser dans la tête des gens, être sa petite voix de la conscience.
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Attention à ne pas être verte de dégoût (ft Deborah)