Deborah Gust « Sarcasm: punching people with words. »
| Avatar : Catherine Tate
- Youhou Deborah, regarde ce que je sais faire !
- C'est bon, je démissionne, j'en ai marre des débiles.
| Conte : Inside Out | Dans le monde des contes, je suis : : Disgust
| Cadavres : 4325
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________________________________________ 2021-06-20, 23:21
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| J'avais laissé à Meredith la liberté de filer toutes les métaphores dont elle avait envie et ce même si je n'avais pas particulièrement l'impression que son mari avait une pilosité importante (mais encore je ne l'avais pas forcément connu aussi intimement qu'elle) et que j'aurais choisi une autre image. La forme laissait à désirer mais le fond était là : ils allaient passer un sale quart d'heure et s'en aller, au moins pour la plupart, ad patres plus vite que prévu et ce fait n'allait pas me faire verser de larmes. Tandis que Meredith avait rejoint la maison, les loups et moi nous enfoncions dans les sous bois du domaine. Certains, sans doute galvanisés par tout l'alcool consommé durant la noce, imitaient plus ou moins mal les hurlements du loup, ce qui leur servait à la fois à se mettre dans l'ambiance et dans la peau de leur personnage mais aussi, s'imaginaient ils, à effrayer la jeune mariée. - Vous ne hurler pas, tante Deborah ? demanda l'un d'eux après un moment qui, selon moi, était déjà bien trop long pour une balade en forêt mais je savais devoir faire perdurer encore de nombreuses heures pour que le plan fonctionne. - Oh non, c'est vraiment pas mon style, très cher, susurrai-je avec suffisante. Mais je vous en prie, continuez, faites, faites. Vous annoncez notre présence à l'innocente brebis qui peut anticiper notre approche, cela dit, la nuit est encore très longue. Je me disais juste que le silence était probablement bien plus effrayant que vos hurlements, ajoutai-je, l'air de rien, dans une moue presque désolée d'avoir fait la remarque (alors que désolée je ne l'étais pas). Accessoirement, leurs hurlements idiots commençaient vraiment à me faire tourner chèvre, ce qui, vu la situation, était d'une ironie intenable. "Très cher" pondéra mon commentaire puis décida que j'avais raison, ce dont j'étais moi-même intimement convaincue. Il ne hurlerait plus de la soirée, ce qui me paraissait une excellente décision, au moins pour mes oreilles et pour ma patience. Contre toute attente, la nuit passa rapidement. Alors qu'un nouveau jour allait poindre et que nous avions ratissé la propriété de long en large sans oublier la diagonale, je me parai de toute l'assurance que j'ai en moi (et j'en ai beaucoup) pour déclarer, comme si une illumination venait de me traverser l'esprit : - Mes amis, je pense que la brebis est allée se réfugier dans l'étable. A vrai dire, j'y pense depuis quelques temps déjà, ajoutai-je. Comprenez : je pense qu'elle s'est cachée dans le manoir et que nous écumons le domaine pour des prunes. Littéralement et métaphoriquement puisque j'aperçois un prunier par là-bas, précisai-je en pointant dans une direction. De nombreuses têtes suivirent la direction que mon doigt indiquait. C'était à se demander qui étaient les loups et qui étaient les moutons de Panurge. Et quand tout le monde eut fini d'admirer le prunier, Monsieur reprit la parole, l'air mielleux et satisfait : - Deborah, vous êtes une lumière. Je me félicite de vous avoir dans ma famille. Allons-y. Pour toute réponse je lui accordai un sourire mesquin. Personnellement je me félicitais de le savoir bientôt mort mais je ne pouvais pas le lui dire en ces termes. Notre procession retourna donc au manoir et se dispersa. Du coin de l'œil, je continuais d'observer Monsieur et ne tardai pas à m'apercevoir que lui et Meredith étaient tombés nez à nez. Heureusement pour mon amie, elle avait l'avantage de l'effet de surprise et Monsieur n'eut pas même le temps de dire "ouf" que le couteau de la nanny anglaise lui tranchait la carotide. Si je ne pus m'empêchais de grimacer en voyant le sang gicler sur la robe de Meredith, ma satisfaction, elle, n'était pas entachée. Pour le moment, le plan se déroulait à merveille et, ne nous mentons pas, Monsieur n'allait pas me manquer. Sa mère, évidemment, n'était pas tout à fait de cet avis et son hurlement déchira ce qu'il restait de nuit lorsqu'elle courut s'agenouiller auprès de son cadavre. Les autres loups de la meute qui avaient assisté à la scène ou qui venaient d'accourir suite au grabuge, virent redoubler leur soif de sang et s'engouffrèrent rapidement à la suite de Meredith dans l'immense demeure familiale. Je souris, satisfaite une fois de plus de voir le piège se refermer toujours davantage sur les chasseurs. D'un pas tranquille, prétextant vouloir économiser mes forces pour justifier que je ne courais pas (ce qui n'était pas totalement faux - je détester suer quelle que soit la circonstance), tout en faisant remarquer à qui me poser la question que la maison était certes grande mais pas infinie, je m'introduisis à mon tour dans la demeure. Sauf que, contrairement à tous les autres, je ne chassais pas Meredith. Si la chasse demeura le prétexte idéal pour mon incursion en cuisine, j'en profitais surtout pour récupérer de quoi allumer le braisier que Meredith avait préparé. En effet, un œil avisé pouvait aisément s'apercevoir que de nombreuses surfaces étaient humides comme si on y avait répandu quelque chose. De l'alcool, par exemple. En tout cas, quelque chose d'inflammable. Malheureusement pour la meute, elle était trop occupée à chasser de la jeune mariée pour s"en rendre compte. Une fois mon inspection terminée, je quittai la maison, sans me chercher de prétexte, cette fois. A quoi bon, de toute façon ? Après avoir fouillé le rez-de-chaussée dans les moindres recoins, certains avaient porté le corps sans vie du mari sur un canapé. Une poignée de femmes le veillaient, la mine sombre, tandis que la plupart des hommes avaient investi les étages. Bref, ils étaient, de toute façon, tous trop occupés pour faire attention à moi. Ainsi aucun d'eux ne prêta attention au passe plat dans lequel Meredith s'était caché, ce qui lui permit de me rejoindre en toute sécurité. J'avais même réussi à effrayer la nounou anglaise, idée qui m'arracha un sourire. - Dis au revoir à la maison de ton mari, tu ne vas malheureusement pas en hériter, dis-je, narquoise, à Meredith, en agitant les allumettes que j'avais dérobées. Nous sortîmes ensuite de la demeure et c'est à ce moment que je lui remis l'arme ultime, déclarant : - Je pense que l'honneur te revient. Pour avoir vu la lueur mauvaise qui pouvait éclairer le regard de Meredith, je savais qu'elle n'allait pas se faire prier. Et, effectivement, après que je me sois assurée que les issues soient scellées (ça serait quand même dommage que tout le monde ne profite pas de notre chaleureuse attention), elle embrasa la demeure avec tout ce qui s'y trouvait, les vivants et le morts. D'aucun pourraient dire que nous leur avions offert un bûcher de premier choix. Mais je dois bien avouer que les cris de douleur et de terreur me firent rapidement grincer des dents. Heureusement, Meredith et moi n'eurent pas besoin d'attendre que la maison ne soit plus qu'un tas de cendres (et heureusement parce que vu sa taille ça aurait pu prendre des jours) pour être transportées dans une plaine apaisée et bordée de bois où nous n'étions plus seules. J'en conclus que nous avions réussi et levai le menton. Evidemment que je réussissais toutes les missions qu'on me confiait ! Et manifestement, d'autres duos, parmi lesquels notamment Honey Lemon et un grand brun inconnu au bataille ou Anna d'Arendelle et une autre fille en robe de mariée, avaient réussi la leur également. Et puis aussi mon ami et patron, Gabriel Agreste, dans un look improbable de la Renaissance. Clairement, je n'aurais jamais rêvé de le voir un jour aussi royal. Mais une fois la surprise passée, l'effet était loin d'être atroce. Il n'y a pas tout le monde qui peut assumer ce look. On va pas se mentir. Heureusement, Gabriel n'est pas "tout le monde". m'excusant auprès de Meredith, je m'avançai vers Gabriel pour le saluer à ma façon : - Eh bien dites moi c’est pas tous les jours qu’on vous voit comme ça ! Vous aussi vous avez sauvé une mariée en détresse ? demandai-je aussi nonchalamment que si nous parlions de la météo. L'intéressé écarquilla des yeux. Manifestement il ne s'attendait pas à me voir débarquer mais je pense que nous serons tous d'accord pour dire que personne ne s'attendait à tout ce qu'il a vécu dans cette affaire. - Deborah ? Vous avez aussi été emmenée dans cette histoire... Décidément, commenta t-il manifestement agacé par l'ampleur de cette affaire (tu m'étonnes). C’est exact, même si j’ai eu l’impression de n’être qu’une marionnette que la défunte utilisait pour sa vengeance personnelle. - Voyez le bon côté des choses, au moins vous n'avez pas épousé votre peut-être tueur. Remarquez, moi non plus. C'est mon amie Meredith qui s'est dévouée. Mais je doute qu'elle pleure longtemps son défunt mari, observai-je, faussement songeuse. - Personne ne pleurera une telle mentalité, affirma Gabriel en souriant légèrement. Storybrooke ne changera jamais pour des imprévus comme celui-ci. J'opinai, un peu navrée par ce constat criant de vérité mais également très blasée par tout ceci. - Le tout maintenant c'est de rentrer ! Je pense que ça ne va pas tarder, cela dit, déclarai-je en observant les environs, posant mes yeux sur les duos plus ou moins bien assortis et les robes de mariées plus ou moins saccagées. Au moins Honey Lemon avait eu la décence de ne pas abimer la sienne. Mais c'était peut-être par manque de forces ou à cause de ses convictions un peu naïves. Comme si elle m'avait entendue, de nombreuses mariées, appartenant chacune à des époques différentes allant de la Renaissance à la fin du siècle passé, apparurent, cette fois dans leur version de chair et d'os et bien plus heureuses que jusqu'alors. Celle qui nous avait amenées ici s'avança vers notre troupe et déclara, reconnaissante : - Merci... de nous avoir rendu notre liberté. Nous revivions toute cette nuit encore et encore depuis le nuage de la méchante Reine. Cette nuit-là, notre monde entier a été détruit, comme dévasté... la Famille est morte pendant le Jeu. La malédiction nous a alors transportés ici... A ce mot, elle fit un geste ample de la main avant de poursuivre : - J'ignore où nous sommes... sans doute dans des limbes... ou en enfer peut-être... il m'aura fallu du temps pour vous atteindre. Mais grâce à vous, nous pouvons désormais reposer en paix. - Et nous pouvons enfin retourner à nos vies dans lesquelles personne ne nous chasse pendant toute une nuit, poursuivis-je en opinant vivement. C'est parfait. Meredith, je suggère de ne pas perdre de temps et de filer, indiquai-je en pointant le sentier censé nous ramener à Storybrooke. |
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