J’avais entendu parler d’un club très select à Storybrooke et j’avais bien envie de le rejoindre. Après mon cours de zumba, je me rendis –en jogging- jusqu’à l’adresse indiquée sur les brochures qui vantaient les mérites du club en question. La reine Elsa d’Arendelle se tenait assise dans un fauteuil élégant.

— Salut Elsa. Je me présente : Hope Bowman. Je serais bien intéressée de rejoindre votre Ronde des Princesses. J’ai apporté un CV.

Je n’étais pas idiote, j’avais parfaitement saisi qu’il fallait être de sang royal pour rejoindre le club. Je sortis donc une feuille pliée en deux de mon sac de sport et lui tendis. Sur la feuille figuraient mes coordonnées ainsi que mes précédents emplois :


Je posai les mains à plat sur la table, face à la reine.

— Je pense que je mérite d’entrer dans votre bande. Ca a l’air sympa. On pourra échanger des conseils beauté, coiffure... je peux même vous filer des codes de réducs sur les sites de fringues.

Je haussai les sourcils d’un air aguicheur. Non, je n’essayais pas de la soudoyer. C’est juste que je souhaitais lui montrer que j’étais cool et prête à donner mes combines, à elle et aux autres princesses.

En revanche, j’espérais qu’il ne fallait pas passer un casting de chant, sinon j’allais forcément être recalée. Pour une raison qui m’échappait, la version Pixar de moi-même chantait beaucoup mieux, ce qui pouvait prêter à confusion. Cependant, grâce à mon charisme et mon assurance, j’étais certaine d’entrer dans le club haut-la-main. Je comptais sur mes cheveux flamboyants pour hypnotiser la reine des glaçons.

La reine des glaçons avait passé son bras autour du mien pour m’emmener faire un tour dans la salle. C’était bien un truc d'aristocrate de faire quelques pas dans une pièce sans réel motif. Ça me rappelait les films assommants en robe d’époque où les nanas passent le plus clair de leur temps à aller au bal et marcher dans le parc. Le genre de films devant lequel je m’endors au bout de dix minutes. Effet somnifère garanti !

Cependant, impossible d’avoir un coup de mou quand Elsa d’Arendelle vous tient par le bras. Tout simplement parce qu’elle est froide ! Le seul fait de sentir sa manche au tissu fluide contre ma peau me raidit des pieds à la tête. Une pensée me traversa l’esprit :

Comment François faisait-il pour la rendre chaud bouillante ?

Sans doute que ses capacités de dieu faisaient des miracles. En tous cas, je plaignais le prochain soupirant de la blonde. Elle risquait de le transformer en surgelé ! Mieux valait qu’elle signe une décharge avant de tenter de l’embrasser ou de faire plus. Elle n’avait pas l’air comme ça, mais c’était une sacrée délurée au pieu. François m’avait raconté.

Enfin, elle me lâcha et j’en profitai pour faire quelques étirements avec mon bras. Deux minutes de plus et j’en perdais l’usage !

— Pas de souci, on fera en sorte d’être comme cul et chemise, approuvai-je, désinvolte à sa proposition. Dunbroch et Arendelle, méga proches !

Joignant le geste à la parole, j'unis mes mains devant le visage d'Elsa et effectuai un mouvement d’avant-arrière avec les doigts. Elle allait capter le message. Pendant qu’elle parlait de Hadès, je sortis un chewing-gum à la menthe et entrepris de le mâchouiller, nonchalamment appuyée contre une colonne en marbre.

— Oh, sérieux ? Aloysius Black fait partie de la Ronde des Princesses ?

Je m’esclaffai et manquai d’en avaler mon chewing-gum. C’était plus fort que moi, je venais de l’imaginer vêtu d’une robe à volants et d’un diadème argenté, tout en conservant son expression posée habituelle. A mourir de rire.

— Et il participe aux réunions ? M'enquis-je, avide. Il fait des gâteaux ? Il fabrique des couronnes en papier crépon ?

Si c’était le cas, ça serait très bon pour Instagram et Twitter. Je n’étais pas accro au réseaux sociaux (juste un peu) mais j’imaginais sans peine les statistiques grimper si j’inventais l'hashtag #princessaloysius. Un nouveau monde s’ouvrait à moi. J’allais gagner tellement de followers !

Elsa semblait contrariée par mes questions. Je ne voyais pas pour quelle raison. Cela montrait que je m’intéressais à son club, non ? Plaçant une main sur ma hanche, je me redressai et lançai sur le ton de la confidence :

— On dirait que le psychiatre ne vous laisse pas indifférente...

Ma bouche s’arqua en un sourire grivois. J’avais parfaitement enregistré tous les compliments qu’elle lui avait fait en seulement deux phrases. C’était beaucoup. D’accord, il était son bienfaiteur, mais mon sixième sens d’ex organisatrice de mariage ne me trompait pas : Aloysius avait brisé la glace.

— Racontez-moi tout, l’enjoignis-je d’un ton confiant. Je suis d’excellents conseils en la matière. Et surtout, je suis une tombe : je ne répéterai votre inclination à personne.

Je me remémorai les mots savants enseignés par Maman afin d’amadouer Elsa. Je pensais –sans doute à juste titre- qu'elle serait plus encline à se confier si on lui parlait avec de jolis mots. Afin de parfaire ma proposition, je dégainai mon paquet de chewing-gum.

— Ils sont à la menthe ultra fraîche, précisai-je comme pour la convaincre.