De l’eau, du soleil, des éclats de rire et de bonnes températures : la recette idéale pour être heureux. Sauf pour Tim. La mine renfrognée, les joues gonflées pour montrer qu’il boudait, l’écureuil croisait les bras sur le torse et fixait son meilleur ami, son frère, droit dans les yeux. Il voulut lui faire comprendre que non, ça ne l’amusait pas du tout, mais ses protestations ne semblaient même pas toucher le jeune adulte.

Timothy grommela un peu, dans la barbe qu’il n’avait pas, des choses inintelligibles qui n’avaient, de toute façon, rien d’intelligent. Si les deux amis étaient venus sur la plage pour s’amuser – ce qui était un peu paradoxale puisque l’un d’entre eux avait peur de l’eau et l’autre préférait les jeux-vidéos – il fallait constater que ce n’était pas du tout le cas. Plus depuis quelques minutes en tout cas.

L’écureuil ouvrit la bouche pour protester, une nouvelle fois, mais le sourire de Bran retint le moindre mot au fond de sa gorge. Tim aurait aimé pouvoir lui faire plaisir, dire oui-oui et accepter de faire ce que l’autre voulait, mais quelque chose lui disait qu’ils ne devaient pas faire de bêtises s’ils ne voulaient pas se faire disputer. Autant Bran n’en avait sûrement rien à péter, indestructible, autant Timothy, lui, ne pouvait guère se protéger contre la fureur de sa sœur. Évidemment, c’était toujours Tim qui s’en sortait mal, dans leurs histoires.

Soûlé, Moignon regarda l’endroit où ils avaient posé leurs affaires. La falaise s’arrêtait brusquement au-dessus de la mer et les autres promeneurs, posés sur la plage, se trouvaient assez loin pour qu’ils n’entendent que des murmures, plutôt que des éclats de voix. Avec la chance de Timothy, il sentait que tout finirait par déraper et que c’était encore lui qui allait morfler. Pour une fois, ça ne lui plaisait pas.


Fais ce que tu veux, moi, j’me casse !


L’asiatique tourna les talons et remonta le petit sentier, presque invisible dans l’herbe haute, pour rejoindre la civilisation. Il entendit Bran ramasser ses affaires, derrière lui, mais il n’y prêta pas plus d’attention, décidé à bouder. Si, pour cette fois, son ami ne voulait pas comprendre qu’il n’avait pas envie, tant pis pour lui ! Timmy avait décidé d’être égoïste et de n’en faire qu’à sa tête. Ce qui arrivait si peu (ou presque) qu’il se sentit un peu mal à l’aise et décida d’attendre que Bran le rejoigne.

Derrière lui, il y eut un drôle de bruit qui n’avait rien de drôle du tout. Timothy fit volte-face aussi vite que possible. Là où il y aurait dû avoir de l’herbe, de la terre et Bran, il n’y eut plus que… le vide. Un glissement de terrain soudain, sûrement facilité par les dernières pluies, avait entraîné le tout au fond de l’eau. Il n’en fallut pas plus à l’écureuil pour se jeter au bord du vide et essayer de trouver un signe de son frère.

Alors que ses yeux noirs fouillaient les remous de la mer, en contrebas, sans qu’aucune tête châtain ne dépasse de la surface, Timothy se mit à crier son nom, sans relâche. Quand l’air vint à lui manquer, il décida qu’il n’y avait plus qu’une chose à faire : il prit de l’élan et sauta. Ce qui lui était apparu comme une bonne idée se transforma en cauchemar alors qu’il battit des bras et des jambes en comprenant qu’il allait, sans doute, droit à sa mort. Puis l’eau frappa violemment son corps et Tim sombra à son tour.

Il faillit peut-être se noyer, oui. Timothy n’était pas un sportif et les écureuils n’étaient pas connus pour leur nage. Il dut redoubler d’efforts pour remonter à la surface alors que la falaise coulait, sous lui, et essayait de l’entraîner vers le fond. Il eut beau ouvrir les yeux, dans l’eau, ignorant la douleur du sel, il ne trouva aucune trace de Bran et fut bientôt recraché sur la plage.

Timothy rampa sur le sable, haletant, le corps tremblant de peur, de haine et d’envie de plonger à nouveau pour aller le chercher. Il était prêt à tout pour sauver son frère. Il l’avait déjà prouvé et le reprouverait autant de fois qu’il le fallait. Néanmoins, son corps ne répondait plus, pour l’instant, et Tim se laissa tomber sur le sable en essayant, en vain, d’appeler à l’aide les bronzeurs de la plage. Si personne ne l’aidait, il oublierait peut-être ses derniers principes et ferait un meurtre ou un génocide, tant qu'à faire.

BBran n’était pas content. Pas content du tout. Il ne comprenait pas pourquoi son meilleur ami lui prenait la tête. Il avait juste envie de sauter depuis la falaise. BON Oui il ne savait pas nager et il avait peur de l’eau … mais n’empêche, il avait juste eu envie de sauter c’est tout. Pourquoi il lui prenait la tête comme ça. Il était franchement pas drôle ! Il avait regardé son ami partir et soupira. Avant d’aller chercher les affaires. Lui aussi il pouvait bouder. A peine avait il prit les affaires qu’il sentit le sol se dérobé sous lui. Et puis, plus rien.

Sally était en train de barboter tranquillement. Elle faisait tour à tour des châteaux de sable, puis de la nage, puis se sécher, remettait de la crème solaire et on y retourne. Elle avait appris à faire cela pour que son père ne s’en fasse pas pour sa peau. Alors qu’elle allait retourner dans l’eau, elle entendit un bruit sur le côté. Ben était déjà à ses côtés et la poussait de l’eau de la manière dont seul un papa protecteur pouvait faire.

Ben observa une partie du glissement de terrain. De là où il était, il ne pouvait pas voir Bran tomber. Ni le fait que le destin le fasse se coincer pile dans une grotte qui allait se remplir doucement d’eau. Non. Ben ne vit que la fumée et n’entendit que le bruit. Il demanda à sa fille de préparer ses affaires, mais ce n’est pas ce qu’elle fut.

Elle finit par courir par la mer, et se pencha sur un corps qui ramper sur le sol. Elle s’était mis à sa hauteur. Elle le regardait alors que son père était au téléphone pour prévenir du glissement de terrain qui vient d’avoir lieu.

- Monsieur, monsieur vous allez bien. Je m’appelle Sally, vous voulez que j’appelle les pompiers ? Mon papa il peut vérifier que vous n’êtes pas blesser ?

Sally ignorait qu’une autre personne manquait à l’appel, sinon elle aurait déjà tapoter son père pour qu’il fasse quelque chose. Elle savait qu’en cette période de l’année et avec les bouchons qu’ils ont vu à l’aller, les secours ne seront pas là avant un moment et il devait faire quelque chose !

Qu’avait-il fait ? Sans le moindre doute, tout ceci était de sa faute et la sienne seulement. Timothy aurait dû refuser dès le départ, ne pas se laisser embarquer par Bran, incapable de lui dire non trop longtemps. Il adorait jouer avec son meilleur ami, passer du temps avec lui, même pour ne rien faire. Ce qui était assez étonnant, de sa part, pour être mentionné. Avec son frère à ses côtés, l’écureuil pouvait relever les yeux de ses consoles et juste… buller. Personne n’avait autant de pouvoir sur lui que Bran qui était, tout à la fois, le premier héros de Tim et le pire ennemi. Un drôle de mélange qui, rassurez-vous, n’avait rien de mauvais. Timothy était fier d’être l’ami d’un homme comme lui, mais il ne pouvait juste pas s’empêcher de penser que Bran perdait son temps avec un raté comme Timmy.

Et voilà que le raté avait précipité son ami dans les flots. Allait-il mourir à cause de lui ? Timothy n’arrivait pas à le croire. Il voulait penser que son frère, fort de ses pouvoirs hyper classes, pourrait s’en sortir, trouver un endroit où se poser le temps de reprendre des forces et revenir, ensuite, tourner autour de l’écureuil pour lui demander de repartir à l’aventure. Et il repartirait avec lui, essayant tant bien que mal de sauter dans les traces de son super ami, de suivre une cadence qui allait bien trop vite pour lui.

Et il le ferait le sourire aux lèvres.

Sauf que son frère était tombé et que Timothy ne pouvait rien faire pour aller le chercher. Allongé sur le sable, il tapa du poing et cracha l’eau de mer malencontreusement avalée. Il se sentit impuissant, absolument inutile, plus aucune énergie dans le corps. Que pouvait-il faire ? Tim avait très envie de bondir sur ses pieds et de retourner à la mer. Même s’il ne nageait pas bien, même s’il était fatigué. Pour sauver son frère, l’écureuil avait déjà fait pire. Il n’avait pas peur de risquer sa vie. Peu importait les remontrances, ensuite, tout ce qui comptait était son ami.

Une vois, soudain, s’éleva près de lui. Tim releva la tête et regarda la gamine qui se penchait sur lui. Une nageuse, au vu de son accoutrement, qui avait dû être attirée par le glissement de terrain. À la voir si près du drame, l’asiatique se demanda si elle ne ferait pas mieux de s’éloigner un peu, juste au cas où un pan de la falaise décidait, à nouveau, de se faire la malle. Mais il n’avait pas la force de la repousser et se contenta de tendre la main pour la poser sur son épaule et la regarder droit dans les yeux.

La chaleur, sous ses doigts, lui rappela l’ami qu’il venait de perdre dans les flots, le temps qui filait autour d’eux et l’importance de toutes les secondes qu’il laissait lui échapper. Il ne pouvait pas perdre de temps ici, à se lamenter sur son sort. Peu importait qu’il soit fatigué. Il était, visiblement, le seul à avoir vu son frère tomber, sombrer, disparaître. Il ne pouvait pas attendre les secours, il devait bondir lui-même sur les traces de l’alien !

Pris d’une nouvelle énergie, plein d’adrénaline qui le laisserait presque mort, au moment où il ne la sentirait plus, il réussit à se remettre sur les genoux et s’asseoir devant l’enfant. Que pouvait-elle faire, pour lui ? Absolument rien. Il se sentit aussi inutile qu’elle, comme pris devant son reflet, mais il ne se laissa pas abattre. Tim n’abandonnerait pas, jamais. Peu importait les conséquences. Il n’en avait, franchement, rien à faire.

Je suis pas blessé, on a pas de temps à perdre avec ces conneries ! dit-il, un peu plus fort qu’il ne l’aurait voulu. Appelle les pompiers, mais ils arriveront pas à temps…

Timothy lâcha l’épaule de la pauvre enfant qui n’avait, franchement, rien demandé, mais sur qui retombait toute la frustration de l’être inutile qu’il était. Par un effort qui lui sembla considérable, l’asiatique réussit à se remettre sur pied et constata l’état dans lequel il était : trempé des pieds à la tête. Il n’eut même pas la moindre pensée pour son téléphone, ni pour sa console portable, tous les deux glissés dans les poches de sa veste. À la place, il retira le vêtement, le jeta sur la plage et se défit immédiatement de son t-shirt à l’image d’un super-héros américain, loin, si loin de ce qu’il ne sera jamais. Il passa, ensuite, une main dans ses cheveux noirs et se retourna vers la mer.


Il faut que j’y retourne, souffla-t-il, pour lui-même.


Bloqué devant les remous, il remua ses épaules. Entre ses omoplates, la cicatrice d’un autre temps courait le long de sa colonne, souvenir de la folie qui l’étreignait. Timothy n’avait pas peur de mourir, pas si cette vie servait à sauver quelqu’un qui le méritait autant que Bran. Depuis le retour de son ami dans sa vie, l’écureuil voulait croire qu’il ne lui arriverait plus jamais rien de mal. Apparemment, il s’était trompé.

Dis aux pompiers qu’un homme a disparu dans le glissement de terrain. Caucasien, 1m73, cheveux châtains, une grande gueule impossible à louper. Mais il a peur de l’eau et il est tombé à l’eau, tu comprends ? Précise bien caucasien, juste au cas où.

Timothy se retourna vers la petite brune et lui tapota la tête, gentiment. Évidemment, il ne se comptait pas dans les disparus et il craignait, un peu, de devoir confier Bran aux pompiers, encore traumatisé par la dernière fois que des scientifiques s’étaient penchés sur son cas. Néanmoins, il ne voyait pas, dans l’immédiat, d’autre solution que celle-ci.


Et tu t’éloignes, surtout, c’est dangereux, ici.


Dangereux, un mot qui passait dans ses lèvres comme un avertissement pour la gamine, mais qui ne le touchait jamais, lui. Un concept flou, imprécis, que sa vie d’avant lui faisait oublier, tout le temps. Surtout quand la vie des autres était en jeu. Car un homme comme lui, à qui ça manquerait ? Il n’était capable de rien d’autre que jouer à des jeux vidéos. Sa survie avait peu de poids, alors que celle de Bran changerait tout. Il avait une famille pour laquelle il devait être là. Alors, Timothy refit face à la mer et commença à entrer dans les flots, déterminé.

DBEN TIM

-Du côté de Bran-

Il était où là ? Le temps de réfléchir et une nouvelle vague le submergea. Il était où ? Dans une putain de grotte ou de cavité au milieu des rochers… et l’eau … l’eau s’engouffrait dans un trou par vague et remplissait le lieu qui était une prison. Bran avait des pouvoirs, super force tout ça. Mais l’eau ? L’eau était une raison de plus pour ne pas bouger, pour arrêter de respirer et juste espérer. Il ne pouvait tout simplement rien faire de plus. Bloquer dans cette cavité se remplissant d’eau, Bran avait l’impression étrange qu’il allait mourir. Alors il se mit à crier.

- TIM ! AIDE MOI !

Il avait beau tendre l’oreille, vouloir écouter en dehors, chercher les appels de son frère qui viendrait le sauver de sa pire phobie …Il n’entendait rien. Il s’agrippait aux parois et essayer de garder le maximum de son corps à l’exétieur de l’eau. Mais l’eau était une traître, et elle continuait de grimper vers lui, à vouloir l’enfermer dans ses griffes sales. Il détestait l’eau. Même une douche ça l’agace. Mais il adorait faire le con. Ce qui voulait dire qu’être prêt à sauter du haut d’une falaise c’était une bonne idée pour lui. Surtout si Tim le repêche. Mais Tim n’était pas là.

- TIM !!!!

-Du coté de Ben-

Il avait appelé les pompiers, mais sans surpris on lui dit que ça prendrait du temps. Fallait être con pour dire à quelqu’un « les secours arrivent mais prenez un café en attendant ». Non mais … Il observait sa fille au loin, en pleine discussion avec un garçon qui semblait en panique totale. Si quelqu’un pouvait le rassurer ce n’était pas lui. Mais il tendit l’oreille pour écouter. Sally essayait de répondre doucement.

- Mon papa le fait déjà pour les pompier.

Ben fit un signe de la main, au cas où le jeune regarderait vers lui. Il voulait aussi montrer qu’il n’était pas seul dans cette galère, mais accompagné par lui. C’était déjà pas mal non ? Être deux dans cette histoire, c’était mieux qu’être seul. Ben pouvait comprendre dans le regard du garçon que quelqu’un de très important avait disparu. Et il savait qu’il serait dans un tel état si quelqu’un qu’il aime disparaitrait ainsi. Quand il se prépara à y aller. Sally attrapa sa main.

- Attends.

Sally retient les informations, mais son père était déjà en train de les rajouter à ce qu’il avait déjà dit. Les pompiers, il pouvait leur faire confiance de temps en temps. Et un glissement de terrain. Peut être que Dinah allait venir pour les aider ? Ben préférait largement devoir supporter l’autorité de Dinah, inexistante avec lui, que celle des autres qui le prenaient de haut. Sally sauta sur son dos quand il se mit dos à lui.

- Attends j’ai dis. C’est dangereux pour toi aussi.

Elle s’agrippait comme elle pouvait alors que son père se déplaça pour aller plus proche d’eux.

- Sally, je te laisse prendre le téléphone et gentilemment demander à ces imbéciles de première de bouger leurs fesses. Toi et moi mon grand ….

Dit il en attrapant Tim pour le ramener sur la terre ferme avec sa fille qui glisse sur son dos pour retomber sur le sol.

- … On va te mettre un combi, pas négociable, celle de Dusty t’ira, et tu vas prendre la planche de surf avec moi. On va aller vérifier les structures de la falaise depuis le coté nord, soit en face. Et tu vas me raconter ce qu’il s’est passé. Je n’ai pas vu ton ami tombé à l’eau, alors il doit être entre la falaise et la mer. Ce qui veut dire qu’on a plus de temps que ce que tu ne le penses, mais moins que pour râler et vouloir faire n’importe quoi, compris ?

S’il ne comprenait pas… Peut être que Ben lui mettrait la tête dans le sable pour l’assommer et trouver son ami sans qu’il se mets en danger. Sur son visage on pouvait lire « à prendre ou à laisser » alors que Sally donnait déjà des informations sur la stabilité de la falaise.

La panique était une chose que Timmy connaissait plus souvent qu’on ne pouvait le croire. Il paniquait comme un adolescent prépubère dès qu’une fille s’approchait trop près, par exemple. Il paniquait à l’instant où sa malchance chronique le forçait à lâcher son téléphone et ses consoles, et qu’il les voyait tomber, tomber, tomber, sans savoir s’il saurait les rattraper à temps. Il paniquait quand il entendait Kaeloo crier, excédée par le comportement de son frère. Il paniquait au milieu d’une foule qui, soudain, pour une raison où une autre, s’entêterait à ne regarder que lui. Il paniquait, aussi, devant une feuille, quand on lui demandait d’écrire quelque chose et qu’il sentait le jugement braqué sur lui, sur son incapacité à écrire correctement.

Il paniquait tout le temps.

Pourtant, cette panique, il sentait qu’elle était différente, tout en restant familière. Il la connaissait sur le bout des doigts pour l’avoir déjà vécue, pour l’avoir étreinte si fort qu’il aurait pu l’étouffer, ou s’étouffer. C’était la panique du frère qui a perdu son frère et qui est prêt à tout pour le retrouver. Une panique qui ne l’aiderait pas à réfléchir, mais qui donnait, à son corps, une force débridée, à son cerveau, un manque effarant d’instinct de survie. Sans aucun doute, Tim allait faire une connerie, une grosse connerie, et il ne regretterait rien. Il pouvait bien crever, tant pis ! Tant qu’il essayait tout son possible pour sauver son ami.

Derrière lui, la gamine n’était qu’une donnée insignifiante qui, sans aucun doute, ne l’empêcherait à rien. Il allait se jeter à l’eau, coûte que coûte, et il retrouverait la trace de Bran. Même s’il ne pouvait pas le sauver lui-même, si faible, si inutile, il trouverait le moyen d’indiquer aux autres comment l’aider, comment le sortir du mauvais pas dans lequel il s’était jeté. Timothy trouverait un moyen, peu importait le prix à payer. Il avait déjà payé cher, très cher, la dernière fois qu’il avait voulu le sauver. Cette fois, l’écureuil refusait de reculer, d’abandonner, d’échouer.

Il ne s’inquiéta qu’à peine de la main levée de l’homme, à son attention. Peu importait. Si quelqu’un s’occupait d’appeler les pompiers, d’écarter l’enfant du bord de plage, alors il pouvait se concentrer sur la mer, à ses pieds, et sur la meilleure trajectoire pour rejoindre la falaise engloutie. Du moins était-ce ce qu’il croyait alors que, torse-nu, il s’avançait dans les flots, déterminé. Ce qui était sans compter sur la petite Sally, derrière lui, qui bondit, comme un chat, sur le dos offert à sa vue.

Le poids de l’enfant était léger, contre lui, mais Tim ploya le dos plus que nécessaire, victime d’un souvenir qui le fit grimacer. Entre ses omoplates, la douleur se rappela à lui, directement dans l’esprit, puisée d’un souvenir lointain sur lequel il s’arrêtait si peu, traumatisé par l’échec essuyé, l’incapacité de recommencer. Combien de temps était-il resté à l’hôpital, sans se réveiller, assailli par une imagination débordante qui n’avait rien de reposante ?

Laisse-moi ! se défendit-il, incapable, pourtant, de se débarrasser de la gamine, de peur de la blesser. On s’en fiche de moi ! C’est pas le plus important ! Mon frère est coincé, je te dis !

Parce que, tout comme Timothy était l’un des rares à dire « quand » au lieu de « si Lilo se réveille », il était, aussi, persuadé que Bran ne pouvait être que vivant, qu’il n’avait pas sombré dans la mer, qu’il ne s’était pas noyé. Son frère était là, quelque part, et il attendait d’être trouvé. Moignon ne pouvait pas perdre son temps avec une enfant !

L’arrivée de l’homme calma, à peine, la panique de Timmy qui sentit, là, une menace comme il en sentait, chez ses frères et sœur, à l’instant où il s’apprêtait à faire une grosse, grosse connerie. Du genre qui, en cas d’échec, fait beaucoup de dégâts. Comme cette cicatrice que l’asiatique cachait, d’habitude, pour ne pas avoir à se justifier. Un enlèvement d’extraterrestres, qu’il disait. Mais tout le monde savait que ce n’était pas la vérité.

L’enfant glissa de son dos et Tim ploya, à peine, les genoux, pour s’assurer qu’elle retombe comme il faut. Il n’eut pas envie, pour une fois, de rappeler au monde entier à quel point il était grand. Il se contenta de la regarder s’éloigner et de se retourner vers l’homme qui le tirait de la mer. Timmy essaya, à peine, de dégager son bras, persuadé d’aller dans le mauvais sens, qu’il devait, plutôt, courir dans les vagues et chercher, chercher, chercher, sans s’arrêter.

On a pas de temps à perdre ! s’écria-t-il, alors que l’autre lui parlait de combi. Je sais même pas surfer !


Tim aurait bien ajouté qu’il ne savait rien faire du tout, pas même nager, ce qui ressemblait, étrangement, à un chien tombé à l’eau. Un petit chien, genre caniche ridicule, qui se fera engloutir par les premières vagues. Mais il préféra ne rien en dire. Si l’autre le croyait capable de nager correctement et longtemps, il ne l’empêcherait peut-être pas de plonger. Ce qu’il ne savait pas faire non plus, mais l’image était là.

Ah ouais ? Parce qu’on a le temps de discuter, peut-être, s’il s’est coincé quelque part et que ça se remplit d’eau ? Je l’abandonnerai pas ! Jamais ! Je suis prêt à tout pour le récupérer, à tout. Vous comprenez… ?

Mais Timmy perdait, peu à peu, toute sa combativité, alors que la panique le lessivait soudain. Il comprenait qu’il n’arriverait jamais à rien, qu’il échouerait à nouveau et que son frère, fort comme il l’était, finirait par sortir tout seul, comme un grand, un sourire aux lèvres pour dire à tout le monde de ne pas s’inquiéter. Sauf que Tim s’inquiéterait, lui. Tim ferait des cauchemars, lui. Tim serait peut-être même crevé, dans un coin, subissant le plus gros échec de sa vie.

Il avait déjà échoué une fois et il en gardait la trace, entre les omoplates.

La falaise est tombée. Quand je me suis retourné, il n’était plus là non plus. J’ai appelé, il n’a pas répondu, alors j’ai sauté.

Tim haussa les épaules, l’air de dire « je vois pas le problème, ni ce que j’aurais pu faire d’autre ». Puis, ses yeux noirs se plantèrent dans ceux de l’inconnu et lui firent comprendre, d’un regard appuyé qui ne faiblit pas, qu’il recommencerait, à la première occasion, et qu’il souhaitait bon courage au père de Sally pour l’en empêcher.

Sally avait décidé qu’elle empêcherait le garçon de se jeter dans la mer, et elle comptait bien le faire. C’est tout. Elle comprenait le sentiment de panique que ressentait le jeune. Elle avait vécu la même chose alors qu’on lui avait interdit de rentrer dans la maison où sa mère devait se trouver pendant le bombardement. Elle n’a pu venir qu’à la fin, quand elle était déjà morte et que Ben pleurait sur son corps. Ben l’avait adopté. Sally savait que Maru avait aidé, mais c’était Ben qui avait fait tous les papiers… Alors qu’il n’était pas marié à sa mère … mais c’était tout comme. Elle savait donc ressentir le désespoir de ne pas pouvoir aider quelqu’un… mais Sally savait que :

- Ben va t’aider je te le jure.

Elle ne voulait pas le lâcher, non et non. Elle prit ensuite la place au téléphone et laissa son père se charger de la tête de pioche. Ben se retourna face aux petits.

- On va prendre le temps. Si tu te noies, ou que tu disparais, la police et les pompiers auront deux personnes à secourir et on perdra du temps pour ton frère alors tu te calmes. Et je te demande pas de surfer mais d’utiliser la plante pour ne pas couler.

Il se baissa et sans demander à Tim son avis mit quelque chose autour de sa cheville. Il prit aussi un sac qu’il ouvra en grand. C’était des petites bouées. Il le prit sur ses épaules, donna son « surf » (le plus léger) à Tim et prit le un peu plus encombrant.

-Je comprends. J’ai un frère aussi, mais je sais que si je meurs en essayant de le sauver, mon frère passerait sa vie à m’en vouloir. Tu veux vraiment que cela soit la chose qui arrive, alors tu me fais confiance et on va le trouver, le sortir de là, et tu pourras lui botter le cul pour la frayeur qu’il t’a faite.

Ben botterait le cul de Maru s’il lui fait ça … et ça même si c’est pas sa faute le glissement de terrain. Ben eu un petit regard compatissant.

- Tu es courageux d’avoir sauté. Nous allons le retrouver, je peux te le promettre. Mais il faut être un tout petit peu mieux organiser viens.

Il se mit à avancer vers la mer et montra les bouées oranges.

- le but est simple, on va envoyer les bouées vers la falaise dans les trous que l’on vois, et si ton ami nous en retournes une nous pourrons savoir où il est. Ainsi quand les pompiers arriveront, ils pourront commencer à chercher directement ok ?

C’était une idée plus organisé que « je nage et me noie pour trouver mon pote ». Il regarda l’enfant un instant et posa la main sur son épaule.

- Tu vas sauver ton frère je n’en doute pas.

Les mots de la petite Sally auraient pu passer sur Timothy comme une brise, sans trop le toucher, même si Tim était tout à fait le genre à frissonner et prendre froid à cause d’une brise. Ça aurait pu, donc, comme ça l’aurait sûrement fait sur n’importe qui d’autre. Après tout, c’était juste une môme. Qu’est-ce qu’elle pouvait comprendre à ce que comptait faire Tim ? Ça faisait presque vingt ans qu’il connaissait son frère et il refusait de le laisser mourir pour prendre le temps de faire connaissance avec son père.

Sauf que les mots de Sally trouvèrent une certaine résonance, en lui, et réussirent, un peu, à le calmer. Il n’était pas le genre à mépriser l’enfant parce qu’elle n’était qu’une enfant et il trouvait, dans son assurance, un peu du courage qui lui faisait défaut. Il avait besoin de son calme pour l’appliquer sur sa panique et éviter d’exploser. Car s’il explosait, les dégâts seraient considérables pour lui, sa famille et son frangin. Il ne doutait pas que le reste du monde n’en aurait rien à péter, mais ses plus proches finiraient par le tuer eux-mêmes, s’il ne crevait pas d’essayer de sauver son frère.

Au final, aussi étonnant que ça pouvait paraître, la gamine avait presque plus d’autorité sur lui que l’adulte. Peut-être parce que Timothy passait sa vie à être comparé à un enfant et que les enfants étaient, justement, les seuls à le voir comme un adulte ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais à l’instant où Sally s’écarta, il lui sembla que le danger s’écartait aussi et qu’il pouvait, à nouveau, faire le fou. Sauter dans la mer et chercher jusqu’à crever.

Ce qui était sans compter sur Ben, qui lui assura qu’ils devaient prendre leur temps. Leur temps. Alors que Bran était coincé dans un coin et que personne ne jurait qu’il n’allait pas finir noyé parce qu’ils avaient pris leur temps ! Toute cette histoire titillait un peu trop les nerfs de l’écureuil qui sentait, soudain, le besoin de mordre quelque chose, de mâcher pour se calmer. Une vieille habitude qui remontait à si loin qu’il ne pouvait plus s’en débarrasser.

Ben eut, au moins, la présence d’esprit de retourner le problème dans l’autre sens, ce qui eut le don de calmer Timothy. Il se figea soudain sur place, comme coulé dans le béton, et battit plusieurs fois des cils, incapable de réagir. Que, quoi, où, qu’est-ce ? Il n’avait jamais pensé à ça dans ce sens-là et la vérité le frappait soudain. Son envie de secourir Bran était, peut-être, ce qui le précipiterait à l’hôpital. Comment était-ce possible ? Et pourtant, Timothy, avec sa malchance légendaire, ne voulut pas tenter le diable. Il savait, au fond, qu’il ne faisait jamais les choses bien et qu’il ne ferait qu’aggraver la situation.


C’est quoi ce truc ?


Timothy remua la cheville pour comprendre ce qu’il venait de lui donner sans s’expliquer. Mais il n’eut pas beaucoup de temps pour réfléchir, alors que Ben mettait une planche dans son champ de vision. Une planche qui ne passa pas loin de lui frapper le front, mais Tim eut, pour une fois, un peu de chance.

Il peut m’en vouloir, je m’en tape ! bougonna-t-il, en attrapant sa planche. Qui va botter le cul de qui ? Même pas vrai, d’abord. Jamais je lui botte les fesses. Je vais le bouder, ouiiii, pour qu’il comprenne bieeeen qu’il m’a grave soûlé, quoi. Pff, lui botter les fesses. En plus, tout le monde sait que c’est moi qui vais me faire botter le cul !

Ce qui était vrai, au final. Timothy ferait sûrement un câlin à son bro, mais il ne lui botterait pas le cul. Tim, en revanche, s’il ne se faisait pas grave défoncer par Kaeloo, il ne comprendrait pas. Ce qui ne lui faisait pas peur. Il aurait sûrement mérité. S’il pouvait sauver son frère, le reste importait peu, voire pas du tout. En revanche, Tim eut un petit bug en entendant Ben lui dire qu’il était courageux. Il était prêt à parier que personne au monde ne dirait qu’il s’agit de courage. D’inconscience, plutôt, non ? Mais bon, il n’allait pas s’en plaindre, lui.

À l’instant où il entendit parler des bouées, il se fit la réflexion que orange, c’était quand même la plus belle couleur du monde. Mais ce n’était pas le sujet. Ce qui le perturba fut le plan complètement idiot, pour lui, que l’autre lui présentait comme la meilleure chose au monde. Envoyer des bouées à Bran, jusque là, ça lui plaisait. Attendre que son frère les renvoie, par contre…

Mais c’est complètement débile ! cria-t-il, paniqué. Envoyer une bouée à un noyé et lui demander de la rendre ? Elle est où la logique ? En plus, Bran, il a grave peur de l’eau, ce petit con. Alors j’espère bien qu’il va la garder bien contre lui et jamais la rendre, ouais ! Nan mais n’importe quoi !

Surtout que son plan laissait sous-entendre que Timothy devrait attendre l’arrivée des pompiers pour sauver Bran, une fois que tout le monde saurait où il est… Non. Non, non. Hors de question. À l’instant où Tim saurait où était son frère… Ben aurait tout intérêt à bien le retenir comme il faut, s’il ne veut pas sauver deux débiles dans un glissement de terrain.


Bien sûr qu’on va le sauver, hahaha !


Tim n’en doutait pas. Il doutait plus de ses chances de survie à lui. Celles de Bran étaient à 100 % dans son esprit. Il ferait tout pour qu’elles restent à cent et ne descendent jamais. Une chose qui, soudain, lui fit réaliser qu’il confiait son petit secret à un inconnu et ça… c’était dangereux. La dernière fois, Timothy s’était jeté tout seul dans une galère pas possible et personne n’avait jamais su pourquoi. Peut-être qu’ils l’avaient tous deviné, mais il n’avait rien dit. Plus muet qu’une tombe, haha ! Bon, mauvaise comparaison.

Attends, attends, dit-il, soudain, en empoignant le coude de Ben. On va sauver mon bro, là, il rentre chez lui tout sain et sauf, il bisouille sa sœur et tout va bien. OK. Mais tu dis rien, hein ? Tu dis pas tout ce qui s’est passé là, d’accord ? Même s’il te demande, même s’il insiste, même s’il fait chier le monde, OK ? Faut rien dire du tout, sinon il va graaaave me prendre la tête et j’ai pas envie.

Excuse moisie, oui. Mais Timothy n’arrivait pas à penser à mieux. Il préféra faire comme si c’était bien entendu et s’avança dans la mer. Bon, maintenant, comprendre comment on fait pour monter sur une planche de surf sans tomber… eh merde.

Ben avait compris … presque en tout cas, comment fonctionner Tim… en faite, en face de lui, il avait un Maru qui voulait aider son frère. Ben avait toujours été quelqu’un de calme et de posé. Pour qu’il explose, il fallait bien un bombardement contre un village allié… Mais ce n’était pas le propos. Il essayait de réfléchir à comment calmer Tim pour qu’il ne fasse pas plus de dégât. La dernière solution serait de l’assomer avec la planche de surf … et ensuite de dire à Sally que c’était un accident. Sa fille au loin était toujours au téléphone.

- c'est un leash. Ta cheville est relié à la planche et qui te permettra de ne pas couler toi même. Si tu es désorienté et la tête sous l'eau, alors suis le cordon et il t'emmènera hors de l'eau.

Ben avait répondu stoïquement à la première question sans vraiment vouloir en dire plus. Pour lui c’était logique. De plus, s’il venait à couler, la planche de surf pouvant flotter il aurait plus de facilité à le retrouver et à lui venir en aide. Il écouta Tim parlait de botter des fesses et fit un sourire.

- Tu as une planche de surf, si quiconque essaie de te botter le cul, tu n’auras qu’à l’utiliser pour te protéger les fesses.

Un nouveau large sourire sur le visage, il s’avança vers la mer. Il avait l’apparence de quelqu’un de calme, de droit, de fiable, mais à l’intérieur de sa tête il cherchait les solutions diverses pour aider les pompiers avant leur arrivé …. Et de préférence le mieux possible. Il n’avait pas envie d’avoir le mort d’un enfant sur la conscience… parce que nul doute qu’il l’aurait sur la conscience. Ben sourit.

- ce sont des bouées spéciales. Il ne pourra pas tenir avec longtemps. S’il les renvoie, nous pourrons commencer à lui envoyer des bouées, ou même un treille …

Il réfléchit une minute … un treille …il avait un hélicoptère avec un treille … pourrait il utiliser le treille pour ramener le jeune garçon sur la terre ? Il le pourrait …mais pour ça, il faudrait que les pompiers soient vraiment en retard … il réfléchit un instant alors qu’il se jetait dans l’eau.

- On pourra lui envoyer de quoi rester la tête hors de l’eau, ou même pour rester dans l’eau mais sans avoir à se faire du soucis pour sa respiration, comme un masque.

Il écouta la remarque de son acolyte d’un jour. Ben se mit à faire un petit rire alors que ce n’était clairement pas le moment.

- Moi je sais tenir ma langue. La petite princesse au fond est certainement en train d’expliquer aux pompiers que tu es bien meilleur qu’eux s’ils se bougent pas les fesses. Je ne sais pas pourquoi tu veux cacher à ton frère que tu as été le sauveteur le plus efficace dans cette histoire, mais tu devrais peut être penser à lui dire la vérité avant qu’il ne la découvre autrement.

La vérité était toujours su, surtout quand on essaie de le cache. Il observa le garçon essayer de rester sur la planche. Ben lui montra d’un geste. Il commença à glisser sur l’eau, la planche sur le côté, et se coucha dessus pour ensuite avancer avec ses pieds et mains. Il avança un peu et attendit que le garçon arrive à s’y mettre comme il faut.

- Une fois qu’on sera prés du glissement de terrain, on s’assoit sur la planche et on pourra commencer à observer le glissement pour trouver ton frère, tu es prêt ?

Timothy n’avait pas besoin d’essayer pour savoir que cette histoire de planche de surf allait très mal finir. Il n’était pas doué, lui. Il n’était pas un héros. Il était le petit raté de l’histoire, celui qui était capable de se défoncer la gueule tout seul avec une raquette, un club de golf, une balle, tout ce qu’il tenait dans la main, en vérité. Même ses consoles. Alors, de voir que Ben lui attachait un « leash » autour de la cheville et que ce leash était censé le maintenir accroché à la planche… Tim savait que ça ne pouvait pas être une bonne idée, pas avec quelqu’un comme lui.

En moins de secondes qu’il ne faut pour le dire, Timothy avait déjà imaginé au moins dix scénarios différents qui le précipiteraient à sa mort, à cause de cette cordelette à sa cheville. Une pensée qui, bizarrement, lui rappela qu’il était temps de se débarrasser de ses vêtements pour enfiler la combinaison offerte par Ben. Tim ne se fit pas prier : en un temps record, il se débarrassa de son jogging et de ses chaussures, et enfila la combinaison par-dessus son caleçon plein de petits bouclier de Captain America. Il fallait pas abuser, quand même. L’écureuil n’allait pas retirer son sous-vêtement devant tout le monde.

Même sans ses vêtements, en combi, Tim n’était pas certain de ne pas couler à cause de ce leash accroché à sa cheville. Après tout, s’il tombait à l’eau et qu’il était relié à la planche, qui lui jurait que la mer ne le garderait pas bien gentiment coincé et qu’il ne pourrait rien faire pour se détacher ? Suivre le cordon… ça avait l’air si facile pour Ben, mais Timmy était persuadé qu’il n’y arriverait jamais. Une intuition, comme ça, qui lui serrait le ventre et le retenait encore un peu au bord de l’eau.

Ce qui ne le retiendrait pas longtemps sur la plage, en vérité, puisque l’urgence de sauver Bran évinçait les rares frayeurs de l’asiatique. Pour son frère, Timmy était prêt à prendre le risque de tomber à l’eau et se noyer. Tant pis ! Au pire, son corps dériverait jusqu’à la cavité dans laquelle était coincée Bran et tout le monde trouverait où il était, du coup. Comment ça, sa logique n’était pas du tout logique ? Bien sûr que si !

Je tape pas les gens, moi ! se défendit Tim. Et tu connais pas ma sœur, toi. Elle la pète en deux-deux ta planche de merde, ouais. Même Godzilla, elle le défonce quand tu veux.

Le rapport avec Godzilla ? Absolument aucun, mais parler de choses qu’il aimait rassurait un peu Timothy. D’ailleurs, s’imaginer le vieux Gojira, acteur en costume ridicule, essayer de se battre contre sa frangine lui tira un petit sourire. Il ne ferait clairement pas le poids et, au fond, ça le calma. Il se demanda même si la meilleure chose à faire n’était pas d’appeler Kaeloo pour lui venir en aide. Le reste du clan PTM saurait comment aider Bran à sortir de là, il n’en doutait pas.

Sauf qu’ils n’avaient pas le temps pour ça.

Y’a intérêt qu’on lui envoie de vraies bouées, ouais. Je vais pas regarder mon bro se noyer pour nous renvoyer celle-ci et nous dire où trouver son cadavre. C’est mort.

Tim réfléchissait déjà, en vérité, à un moyen tout à lui de sauver son frère : trouver comment remonter le temps et forcer Bran à ne pas proposer cette sortie pourrie en haut de la falaise. Au pire, il l’attacherait ou… il ferait une connerie, tiens. Si Moignon se jetait sur une voiture, en bas de chez Bran, Bran ne pourrait pas lui proposer de venir ici. Logique. Puis l’hôpital ne lui faisait pas peur, de toute façon. Tout le monde le connaissait là-bas. Il y allait si souvent qu’il se demandait, parfois, comment il faisait pour trouver de quoi payer ses soins. Mais il se débrouillait.

Je te dis qu’il a peur de l’eau ! Alors faut trouver un moyen pour qu’il reste en dehors, sinon ça va être horrible ! La peur, c’est irrationnel, il pourrait bien avoir un masque et se persuader qu’il se noie quand même. Une bouée c’est mieux.

Sortir une science qui ne venait pas de lui, mais des documentaires qu’il regardait, parfois, d’un œil à la télé, lui permit de se séparer d’une autre partie de son stress. S’accrocher au réel était, en soi, assez rassurant, pour l’écureuil. Il sentait qu’il pourrait trouver une solution ou appréhender les choses de la bonne façon s’il suivait bêtement ce qu’il avait entendu dire ailleurs. S’appuyer sur les autres et les imiter, ça ne pouvait que sauver la vie de Bran. Alors que n’en faire qu’à sa tête quand on est un raté…

Il le saura pas, répondit-il, en haussant les épaules. Je veux juste pas qu’il le sache, c’est tout. Après, il va me dire que je suis con, que je suis fou, que je devrais plus faire attention parce que je suis qu’un petit humain fragile qui sert à rien. C’est bon, ça va, j’ai pas envie d’entendre ça. Donc faut rien dire du tout, à personne.

Et surtout pas à ma sœur, eut-il envie de rajouter, mais il sentait que, de toute façon, elle devinerait plus ou moins la situation. Si tout se passait bien et que tout le monde rentrait chez lui sain et sauf, Timothy ne voyait pas pourquoi il devrait supporter des engueulades dans tous les sens ! Ça servait à quoi de lui dire « ce qui aurait pu arriver » alors que ce n’était pas arrivé ? Ils savaient tous, au fond, que ça ne l’empêcherait pas de recommencer, de toute façon.

T’as l’air trop fort, toi, alors tu peux pas comprendre. Personne va te faire chier parce que tu es allé sauver mon bro. (Liliann peut-être, mais c’est une autre histoire.) Alors que moi, tu vois, c’est comme si c’était ta petite princesse qui sautait à l’eau pour sauver Bran. Je suis sûr que tu comprends pourquoi faut pas le dire, du coup.

Il était certain, Tim, que Ben ne laisserait pas Sally sauter à l’eau pour sauver qui que ce soit. Et s’il apprenait qu’elle l’avait fait sans qu’il ne soit là, alors il la disputerait, sans aucun doute. Alors que le mal était déjà fait, donc ça ne servait strictement à rien de lui hurler dessus pour lui rappeler qu’il n’est qu’un humain, qu’il est pas doué et qu’il ferait mieux de regarder les grands faire les choses de grands.

Il avait, en tout cas, d’autres préoccupations pour le moment. Très concentré sur les mouvements de Ben, Tim essaya de faire pareil et de grimper sur sa planche. Il lui fallut s'y reprendre à trois fois, mais il réussit enfin à se plaquer contre et à battre des bras, frénétiquement, pour prendre de la vitesse. Il se contenta d’un hochement de tête vers Ben, pour lui dire qu’il était largement prêt, alors qu’il s’éloignait déjà. Le plus dur serait de réussir à s’asseoir sur la planche, mais ils n’en étaient pas encore là.

Pour l’instant, Tim ne ressemblait pas à grand-chose, à essayer de battre des jambes et des bras pour avancer, mais au moins, il y arrivait. Il avait totalement occulté Ben de son esprit, alors qu’il se sentait, enfin, capable de rejoindre son bro et de le sortir de là. Il ne valait mieux pas le laisser seul trop longtemps (et cette phrase s’adressait autant à l’un qu’à l’autre).



Au moins, on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas faire tout son possible pour retrouver son frère. Tim donnait de sa personne et ignorait royalement la fatigue qui prenait déjà possession de ses membres, ainsi que les halètements inquiétants qui saccadaient sa respiration. Après tout, il n’avait jamais été un sportif, à peine capable de courir dix mètres sans crever. Mais pour Bran, il y arriverait.

Timothy arrêta de pédaler comme un dingue quand il fut assez près du glissement de terrain et comprit, enfin, l’intérêt de la cordelette à sa cheville : sans elle, il aurait plongé directement vers la falaise pour trouver son frère. Attaché, il devait rester docile, bien accroché à sa planche, ses yeux noirs cherchant le moindre signe de l’endroit où pouvait être son frère.

Là, là et là, regarde ! gueula-t-il, en tendant le doigt vers trois endroits. On dirait que l’eau va dedans la falaise ! C’est horrible ! Ça doit se remplir d’eau, on a pas le teeeemps ! Balance tout, vite, vite !

Oui, la panique était revenue et Ben ferait bien de tout lancer avant que ce ne soit Tim qui se jette dans les grottes.

Ben ne connaissait pas le petit et sa … particularité à avoir une malchance du tonnerre de Dieu… aurait il réagit autrement sinon avec lui ? Certainement … il l’aurait peut êtree attaché quelque part pour ne pas qu’il se mets en danger plus que ce qu’il n’avait déjà réussi à le faire …. Ben cependant savait aussi le sentiment qui l’animer et il n’avait pas envie d’être la raison de la souffrance du garçon SI par malheur ils n’arrivaient pas à sauver son ami …. Il sourit doucement pour essayer d’être rassurant dans ce qu’il faisait … il le devait bien pour le jeune en face de lui…

Ben sentait plus que ce qu’il ne comprenait l’appréhension du petit face à ce monde nouveau …. En quelque sorte monde nouveau … C’était plus une façon de faire, une façon de voir. La planche sur lui était comme un bouclier, une arme pour se défendre contre la noyade. Tant qu’on voyait la planche comme notre ennemi et le leash comme une entrave, alors il était sur que les accidents arriveraient …

Il ne préféra pas le dire encore aux petits, attendons un peu plus longtemps qu’il se calme par lui même par les peurs qu’il avait. Il n’était pas le plus doué pour rassurer et il pensait qu’il était assez fort pour le faire par lui même sans avoir besoin de lui.

- Tu as l’air d’avoir une soeur … disons original.

C’était plus pour essayer de détendre l’atmosphère que d’y croire. Il avait vu des gens bien plus fort que Godzilla dans ce monde … et il était prêt à parier que sa soeur n’était pas aussi puissante que cela. Il ne dit juste rien de plus, parce qu’il n’avait pas envie de rentrer dans un débat comme celui ci.

- Il ne va pas mourir. Ton frère ne compte pas mourir, et savoir que tu le cherches ça doit déjà lui donner envie de se battre alors calme toi et on va réussir. Tu vas réussir.

Ben ne doutait pas que leur collaboration était la plus importante dans cette histoire … mais il se doutait aussi que Tim avait besoin d’un gros coup de pied au cul pour qu’il accepte qu’il l’a aidé, qu’il a été là… et comprendre que sans lui déjà, son frère serait juste mort sans que personne ne remarque sa disparition… ou peut être pas tout de suite. Il retiens bien que le jeune recherché avait peur de l’eau, mais ce n’était pas le premier problème à régler.

- Il a peur de l’eau, ok, mais d’abord le retrouver et ensuite on pourra le sauver. On fera un treille pour le ramener. Et tu es fou, tu es son ami, qui ne deviendras pas fou ? Je pense que tu sous estimes ton ami. Penses tu vraiment qu’il pense que tu es qu’un petit humain fragile ?

Ben faisait trop un parallèle avec sa propre amitié …. Mais il ne pouvait que s’imaginer que Maru dise la même chose …. Pense la même chose … et ça le rendrait fou. Maru s’il venait le sauver alors qu’il était blessé, Ben lui dirait qu’il est fou et qu’il est con, mais parce qu’il est faible, mais parce qu’il l’aime. Et au passage la créa utilise l’image de Ben et Maru pour expliquer ce que pense Bran.

- Ma princesse sauverait ton ami, je lui fais confiance bien que je refuse qu’elle se mets en danger, elle le fera par amour si elle peut aider quelqu’un. C’est tout mais on parlera de ça plus tard. Je ne suis pas si fort que ça.

Il pourrait voir sur son torse, plus tard, une vieille cicatrise de son ancien monde, mais il ne pourrait pas voir les autres marques qui étaient dans son coeur, et dans sa tête, et qu’il ne pourrait jamais enlever par manque de force. Il n’avait pas pu essayer de sauver Graham, Nick ou Illyana. Tim essayait, en ça il était bien plus fort que lui, mais lui dire maintenant ne serait pas une bonne idée…

Ben était approché de la falaise qui avait eu le glissement de terrain et sentait dans la peur du garçon un écho bien plus puissant. Il se mit à appeler le garçon lui aussi par le prénom qu’il venait d’entendre. Il prit les bouées et en envoyant certaines dans les crevasses. Il attendait en appelant le jeune, et écoutant si une réponse lui revenait.

HRP - Je te propose qu’on finisse par l’entendre (dans ta réponse ou pas) et je propose ou à un pnj ou à Maru pnjiser qu’il vienne avec une dépanneuse pour faire un treille qu’en penses tu ? (Toujours plus rapide que l’hopital :’) )