« Vous n’aviez cas demander à votre médecin. Je suis Pharmacienne, pas Docteur. »

Le jeune homme que j’avais en face de moi me regarda d’un air surpris. Il était malade, et son médecin lui avait prescrit des anti-douleurs. Seulement, il me demanda si c’était compatible avec ses tendances diabétiques. Non seulement j’en savais absolument rien, mais en plus, j’en avais rien à faire. Il prit ses médicaments, et partit sans un aurevoire. Bien évidemment, je roulais des yeux et je soupirai, me tournant vers Diaval qui était mon préparateur en pharmacie. 

« Les gens croient vraiment qu’on doit absolument les conseiller. Ils sont bien… Bébé. »

Diaval qui me craignait encore se contenta simplement de hocher la tête et de ranger une boîte de médicament. Sans rien dire, je retirais ma blouse. Vêtue d’une élégante veste en cuire, de boites assortis et d’un jean simple, je me dirigeais vers le froid extérieur.

« Je vais en pause. Tâche de pas faire de stupidité comme à ton habitude. »

Sortant de a boutique, qui sentait les herbes en tout genre, je fis une grimace. L’odeur de la vile, extérieure ne me plaisait absolument. Réajustant mon bonnet, j’avançais tranquillement parmi les gens de la ville. Je m’étais bien habitué à cet endroit et au final, je m’y plaisais beaucoup. J’avais eu une nouvelle chance, pour une nouvelle vie. Et ça me faisait du mal d’avouer que c’était grâce à Regina. D’ailleurs… En parlant du loup, j’allais rentrer dans un Coffee pour prendre un baggel, quand à l’entrée je l’a vis s’arrêter juste devant moi.
Nous avions partager beaucoup de chose. D’abord, nous nous connaissions dans le monde des contes et nos relations n’étaient pas vraiment bonnes, puis ici. Nous avions eu une liaison assez courte et elle n’avait pas marché. Je ne préférais pas spécialement plus les hommes ou les femmes… Mais en l’occurrence ça avait été court mais… Passionnel. Un matin, j’étais parti, et je n’étais jamais revenu. Pour la simple et bonne raison que je ne voyais pas d’avenir dans cette relation, et que je n’avais pas à justifier mes actes.

« Tiens. Je vois que la clientèle de cet établissement est… des plus frivoles. »

Je lui adressais un sourire carnassier, mais je détournais le regard. Je n’étais pas tellement en position de force. Après tout c’était moi qui avait mis fin à notre relation. Avait-elle quelqu’un ? Si quelqu’un avait bien droit au bonheur, c’était elle. Mais je m’étais toujours gardée de lui annoncer de vive voix. Croisant les bras, je restais à l’extérieur.

« Ecoute. J’essaie de changer. Ce qui s’est passé entre nous. C’était bien, mais c’était avant, ma partie sombre. Ma psy m’a conseillé de m’excuser pour commencer à tous ceux pour qui j’avais fait du tort. J’ai essayé de t’appeler mais... »

Voilà que je devenais timide. Les joues un peu rosées, je regardais ailleurs. J’avais quand même toujours mon regard froid et pénétrant, mais je n’osais pas croiser le siens.

« J’ai jamais eu le courage. »

Je fis une pause. Après tout, j’avais du mal à me remettre de mes émotions. C’était trop passionnelle. Et de toute manière, elle avait toujours méritée mieux.

« J’espère que tout va pour toi. Je t’offre à déjeuner. On m’a dit aussi qu’il fallait que je commence à me racheter, si je voulais me sentir bien. Qui donne des conseils aussi merdiques ? »

C’était complètement ironique. J’essayais de combler le vide et le froid qui venait de s’installer entre nous. J’aurai du amener une potion de chaleur. J’étais gelé, et ça n’avait absolument rien à voir avec le temps qu’il faisait, mais plus en raison de la personne qui était en face de moi.

« J’espère que tu manges moins qu’avant. Je surveille encore ta ligne. Je ne voudrais pas que la Méchante Reine devienne la Grosse, Méchante Reine. »

Mettant ma main sur le visage, je fis un rire moqueur et un peu cassant. Que voulez vous, certaines choses ne changeront jamais.

Je croisais les bras, visiblement contrariée. Non seulement elle avait connaissance que je voyais une psy, mais en plus elle voyait de qui il s’agissait. Avec un léger soupire, je détournais tout de suite le regard. C’était ça, où je lui lançais une remarque cinglante au visage.

« Je vois qu’elle a connaissance du secret professionnel. Mais c’est bien, tu dois être au courant que tu m’as faites tellement souffrir, je suis obligée de voir quelqu’un... »

Je soupirai, dans un air faussement triste. Oui, je jouais la comédie. Non seulement je ne voyais pas de psychologue pour cela, et en plus je ne lui avais pas parlé de Regina. J’évitais de traiter des sujets que j’avais volontairement noirci. J’essayais de me racheter une belle image.

« C’est triste non ? »

J’affichais une mine faussement triste. J’avais presque les larmes aux yeux. En fait, j’y avais été par la force et j’étais obligé de faire une thérapie. La belle affaire. Avec un soupire, je désignais un vieux Diner miteux juste à côté de l’endroit où ils vendaient les bagels.

« Ca devrait être à ton niveau ça non ? »

Sans rien dire, et avec ma démarche féline, je me dirigeais vers le Diner. Comme à mon habitude, je rentrai d’un air noble et suffisant, toisant quiconque me regardait trop longtemps dans les yeux. Avec un léger soupire ; je déposais mon sac à main sur une banquette et je fixais Regina.

« Je m’excusai vraiment. J’essaie de changer. Ma thérapeute m’a dit de m’excuser auprès des gens à qui j’avais fait du tord, pour commencer. Même si je trouve ça… Véritablement absurde. »

Roulant des yeux, je commandais un soda ainsi qu’un burger. J’allais pas me laisser abattre. Observant la femme en face de moi, je ne pus m’empêcher de la mater un peu et de lui adresser un léger sourire sous entendu.

« Non pas que ça m’manque… Mais il faut que je construise quelque chose de plus… Sérieux. Et de moins… Flamboyant. Tu deviens quoi ? J’ai appris que tu étais première Adjointe. C’est pas trop frustrant, d’avoir créer cette ville, de l’avoir pilotée en temps que Maire et maintenant de… Simplement être dans l’ombre ? »

Mon soda arriva. Je sirotais ce dernier assez bruyamment en la regardant dans les yeux d’un air assez espiègle. A vrai dire, je le faisais un peu exprès, pour voir si elle avait un peu repris du poil de la bête. Avec lenteur, j’observais l’environnement autour de moi, et je mis mon bras sur la banquette d’un air assez décontracté.

« Tout change. Même les méchantes peuvent devenir des princesses ! Et c’est bien mon objectif. Je suis sûr que je porte mieux la tiare que Miss Narcoleptique. Ou que t’as palote de Mary Magaret. »

Je ricanais. Porter une tiare, c’était la classe. Et, j’étais justement cette classe. Attendant paisiblement mon repas, je jetais un regard tout autour de moi, en quête d’une âme qui pourrait devenir mon âme sœur. Trop maigre, trop belle, trop beau, trop musclé… L’avantage d’être à voile et à vapeur, c’est qu’il y en avait pour tous les goûts.

« Et comment vont les enfants ? Tu t’es remusclée le périnée non ? »

Là, je ricanais ouvertement. C’était de la provoque. Il fallait que je me calme sinon elle allait me sauter à la gorge. Je ne voulais pas d’enfants. C’était trop… Pénible. Et ça me déformerait mon corps sublime c’était certains. Le serveur, plutôt beau gosse, déposa mon burger.

« Merci merci ! »

Il s’en alla, me regardant bizarrement. J’observais Gina d’un air convaincu.

« Il vaut mieux dire deux fois merci que pas du tout. »

« Amie avec Blanche-Neige ? »

Je déposais mon burger et j’éclatais de rire. Un rire sincère et complètement stupide. Mais je gardais quand même une certaine grâce et une certaine élégance, en prenant mon soda lentement et en la regardant droit dans les yeux. J’émis encore un petit ricanement alors que les autres clients me regardaient d’un air pleins de reproches.

« T’es sérieuse ? Je ne te crois pas du tout. J’ai jamais entendu quelque chose d’aussi débile... »

On ne pouvait pas être ami avec ses némésis. Ce n’était pas possible. Ma psy m’en avait parlé, m’avait demandé de faire des efforts. Mais il y avait un cap entre faire des efforts et devenir ami. Je n’y croyais pas le moins du monde.

« Ah ! C’est tant mieux pour les enfants. Un jour, il faudra que je songe à en avoir moi aussi. »

Mais ça déformait les corps et c’était un peu pénible. Songeuse, je regardais mon burger pour y croquer dedans. Sans en mettre une miette à côté, je le reposais délicatement et je m’essuyais les mains. Dans un soupire profond, je l’observais un peu longuement. Déglutissant avec difficulté, je dus boire une bonne gorgée pour me calmer.

« Et ne me fait pas croire que tu arrives à contrôler Hadès. Il est incontrôlable, et on le sait tous. »

J’émis un léger ricanement. J’aimais bien, la voir essayer de me faire croire qu’elle gérait la situation. Alors que je savais pertinemment que ce n’était absolument pas le cas. Continuant de manger, j’alternais les regards entre Gina et mon burger, réfléchissant à quels seraient mes prochains propos. J’avais envie au fond de moi qu’il soit blessant et cassant. Mais j’avais promis, à moi même, de changer. Et si on n’était pas en mesure de tenir des promesses faites à soit même, on était pas en mesure de les faire à qui que ce soit.

« Tu devrais arrêter cette liaison amicale avec Blanche Neige. Elle va retomber dans ses travers, et repenser qu’à elle. Tu t’y épuises, sincèrement. Essaie de construire des relations nouvelles ! C’est super bon pour la santé mentale ! »

Voilà que c’était moi qui lui donnait des conseils maintenant. Terminant mon burger, toujours sans me salir, je mangeais désormais les frites tout en la regardant d’un air à la fois pensif et distrait.

« T’as des nouvelles de Robin ? Il s’est encore fait la malle à ce que j’ai compris ? Il vient, tu replonges, il repart. Il revient. Tu replonges à nouveau… Tu veux les coordonnées de ma psy ? Je pense que t’en aurais peut être besoin... »

Je la regardais avec un air faussement inquiet. Finalement, j’étais revenu dans mes vieux travers. A savoir emmerder le monde, et surtout Regina. Je soupirai, me massant l’arrête de mon nez fin et élégant.

« Je devrais pas être aussi méchante. J’ai changé tu sais. »

Le serveur arriva. Me regardant avec un air enjoué, il était prêt à prendre les desserts. Quand il arriva mon ton se fit froid, cassant et autoritaire.

« Vous appelez ça saignant ? Vous m’avez servi une semelle. Vous avez de la chance que je ne vous change pas en crapaud jusqu’à ce qu’une âme charitable vienne vous rendre votre apparence disgracieuse. Je veux un moelleux au chocolat. Et quand je dis moelleux, cette fois-ci, c’est moelleux. »

Le serveur s’en alla. Je lui mis une petite tape sur les fesses et il en fut tout perturber. Avec un soupire, je roulais des yeux devant le regard un peu accusateur de Gina.

« Quoi encore ? Qu’est ce que j’ai fait de mal ? T’aimes les steack à point toi ? »