Here we go again...

La salle d'attente. Une éternelle attente pour une conversation programmée et orientée d'une personne qu'on ne connait pas mais qui, distraite par une liasse de billets, souhaite curieusement en apprendre sur nous. Elle vous dit qui vous êtes, ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas. Elle vous dit ce que vous faites de bien, quels sont vos problèmes et comment les résoudre. Et quand elle ne trouve pas de solutions, elle vous dit que c'est à vous de faire un travail sur vous-mêmes car elle ne peut pas le faire à votre place. 

Here we go again...

Alastor s'était déjà rendu voir une psychologue lorsqu'il était petit. Une jeune femme, fière de ses frais diplômes, pleine de bonne volonté, de principes et de valeurs avait accueilli le jeune garçon alors qu'il n'avait que 8 ans mais qu'on discernait déjà chez lui des comportements déplacés. Pauvre enfant qui n'arrivait pas à s'intégrer et que ses parents ne savaient gérer. Pauvre psychologue qui n'avait pas su faire le tiers de son boulot en le remettant sur le droit chemin. Finalement, c'était lui qui l'en écartait. Quel danger que ce garçon aux yeux ronds simplement intrigué du monde qu'il l'entourait.

Nous ne sommes, cependant, plus à ce temps-là. Joe avait déjà pu mourir une fois, acquérir une seconde identité avant de ressusciter à Storybrooke pour se forger sa propre expérience de la vie. Ses problèmes, il les résolvait seul et tout s'enchaînait très bien, dans un cas général. Il n'était jamais retourné voir un psychologue depuis son enfance, alors quelle surprise de le trouver assis dans un cabinet, reposant sur le fond la bordure d'un canapé, les jambes croisées alors qu'il observait calmement la jeune femme récupérer le liquide de son café en plein vol. Alastor sourit. 

"Un café pour moi aussi, cela m'ira très bien, et je me permets de refuser le cookie. J'évite le sucre ~ Ironisa-t-il pour lui-même, se revoyant déjà dévorer des gâteaux pour chien et des morceaux de sucre par le passé. D'une grand inspiration alors, il se redressa, courba son dos en arrière en y plaçant ses deux mains puis avança vers la jeune fille d'un menton légèrement penché sur le côté. Ishanee Lackshmi Vimaan, je présume ? Il dressa une main tendue face à elle. Alastor Joe Reedio. Vous avez du temps devant vous ? J'ai pris rendez-vous mais je n'ai pas précisé combien d'heures cela allait-il durer. Se questionna-t-il pour lui-même en jetant un œil à sa montre. C'est votre réputation qui a mené mes pas jusqu'à vous, sans vouloir vous mettre une pression quelconque sur vos frêles épaules !" 

Il la scrutait - non pas de haut en bas pour discerner ses courbes ou juger son style vestimentaire élégant et féminin, mais il la jaugeait du regard, cherchant au profondeur de ses iris noirs ce qu'il pouvait bien en ressortir. Un fléau de douceur, peut-être ? 

"Ma chère... Se surprit-il d'un sourire. Vous semblez plus délicate qu'une fleur de pissenlit face au vent d'ouest d'un début d'automne. Autrement dit... Il s'esclaffa vivement d'un grand rire. Pourquoi être devenue psychologue ?! J'ai bien plus à en apprendre sur vous que vous sur moi !" 

Le ton ayant été donné, ils pouvaient passer à la séance ! Alastor reprit sa place près du bureau et attendait, deux mains sages posées sur le rebord du mobilier, qu'on lui donne ses premières questions. Il n'agissait qu'à la mémoire de ses souvenirs d'enfance : les dessins, les petits jeux, les tests, les longues discussions naïves...

"Bien, par quoi commençons-nous ? Je vous illustre la représentation de ma famille ou quelque chose comme ça ou bien nous passons directement au moment où on m'annonce que j'ai un problème sous couvert de belles paroles encourageantes, eheh ~ Son coude posé à l'accoudoir, il posa une tête songeuse sur la paume de sa main. J'espère que vos diplômes sont représentatifs de vos compétences. Vous n'êtes pas préparée à m'avoir comme patient..."

Mais nous pouvons rendre l'utile à l'agréable.

Alastor n'avait pas sourcillé à la proposition qui de toute manière, allait se concrétiser dans l'heure à venir. Il aimait en apprendre sur les autres et pour avoir fait psychologue, il espérait qu'Ishanee apprécie tout autant si ce n'est plus. L'être humain n'était-il pas fascinant à découvrir ? Surtout lorsqu'on se focalisait sur les faiblesses, lui qui se sentait démesurément grand en général. Il y avait tant de points intéressants sur lequel se focaliser et le démon en oubliait déjà presque qu'il était le patient de la séance. Lui. Perturbé, perturbant et fier de l'être. Il fallait faire rouler les dés pour tomber sur son chiffre. Se contenter d'un 3 c'était choisir la facilité. Le double était son gros lot ! 

Ishanee, à l'opposé de son interlocuteur, commençait calmement à goûter son café tandis qu'elle proposait un processus de séance. Un schéma. Le démon n'était pas très motivé par l'idée. L'ordre n'amenait à rien de constructif, il suivait un point A à un point B mais on oubliait alors tout ce qui se trouvait autour, patientant calmement que ça soit leur tour... Allait-il faciliter le travail de la psychologue en traitant d'un sujet puis d'un autre ? Non ! Ce n'était pas à lui de faire des efforts, il était justement venu pour ne pas avoir à en faire. Qu'Ishanee trie ses paroles, les boive, en rate, n'en note que le dixième, en réponde à certaines puis saute la première. Alastor saurait à quoi se fier selon la danse que mènerait la professionnelle. Elle n'était pas prête à l'avoir comme patient. 

"The voice inside my head..." Répondit-il d'un sourire qu'il renvoya volontiers. 

D'un silence de quelques secondes où le jeune homme et la jeune femme s'observèrent, il la laissa l'analyser - ou peut-être traduire la phrase si quelques difficultés en la langue. Laisser un temps la conversation planer dans les airs rafraîchissaient les idées d'Alastor et d'Ishanee. Il était important, parfois, de pouvoir se regarder dans les yeux sans rien dire. Et d'un seul coup, de tout comprendre. ENFIN ! Il n'attendait pas non plus autant de sa jeune psychologue.

"Je pars du principe que vous êtes jeune et sans expérience mais ce préjugé n'est en rien fondé. Après tout, nous faisons tous notre âge mais la malédiction et d'autres... Il réfléchit. Aléas de la vie ~ nous vieillissent bien vite. Par exemple, j'ai en vérité 138 ans ! Et vous, ma chère ?" 

Et c'est enfin qu'il attrapait sa tasse du bout des doigts d'un coup d'œil en coin. Une fois redressée vers lui, il retourna son regard sur la jeune fille. Puis but un coup. 

"AH ! S'étonna-t-il d'un pareil sourire. Enfin, du vrai café ! L'instantané me dévorait mon appétit ainsi que mon sens du goût. Je déteste cela. Il leva les yeux au ciel, songeant plus profondément. Ainsi que le thé, les chiens, les anges et Angel Dust - d'après ma page fandom. Ça doit être pour cela qu'il est venu se plaindre d'un manque d'inattention et de respect à son égard. Il a lu l'article et a pensé que c'était vrai ! Deux grands yeux ronds qui vous fixent d'aboiements incessants, ça à de quoi souhaiter lui donner raison, vous ne trouvez pas ? AH ! Attendez, avant qu'il y ait méprise : Angel Dust n'est pas un chien, sinon je l'aurais rangé avec le reste de ce que je n'aime pas. C'est vrai que ma description pouvait laisser à confondre. ENFIIIN, tout ça pour dire que je suis difficile. Mais tout le monde l'est, sinon ce n'est pas drôle. C'est comme ça que s'instaure le climat d'oppression, de désordre et finalement... de chaos ~" 

C'était un flot d'aveux, tous plus inutiles les uns que les autres. Superficiels et vite dits, il n'était en vérité même pas certain que ses colocataires soient au courant de tout tant ça lui passait au-dessus de la tête. Les défauts, c'était comme un plat ou une couleur préférée... Ça variait. Et connaître une personne, ce n'était pas répondre à ces attentes. Tout sourire, Alastor avait reposé sa tasse dans l'assiette. Il dépoussiéra alors son costume une nouvelle fois avec délicatesse et vérifia si ses boutons de manchettes ne s'étaient pas retiré. Vaquant à ses pensées, il reprit avec légèreté : 

"Je vous laisse là d'innombrables pièces de puzzle mais n'attendez pas à ce que je le monte pour vous. Le plus intéressant pour moi est de savoir comment vous me voyez. Comment vous construisez avec ce que je vous laisse. Ishanee. Se posa-t-il enfin, d'une voix plus lente. Vous avez déjà un avis à donner ?"

Une jeune femme douce et pure, déterminée à en apprendre plus sur ses clients Storybrookiens, curieuse de la vie et persuadée de pouvoir l'adoucir par une écoute et des paroles. 
Un démon. Pourri jusqu'à la moelle, avide de chaos pour donner un sens à ce qui n'en a pas. Pourquoi fais-tu cela ? L'ennui. La vengeance. L'oubli. Il n'est de son vivant que l'ombre de ce qu'il était lorsque mort. Ça le ronge. 

Et par ces fils qui s'étirent, se coupent et recommencent nait des liens, des nœuds, des intersections. Difficile de savoir si c'était prévu ou non. Alastor ne connaissait pas Ishanee, il ne savait pas plus comment tout cela allait se finir mais il était prêt à prendre le risque - comme d'habitude. Il aimait ne pas savoir. Apprendre. Être surpris. C'était quelque chose de si rare par le passé alors pourquoi ne pas en profiter ? Il souriait de la savoir si... relaxée. Relaxante.

"Et désormais vous semblez plus souple que du liège. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences..." 

Il commençait, doucement, à engager une discussion. Incroyable qu'il n'y ait pas de processus, de début et de fin. Il n'aimait pas ça. Quel était l'intérêt, qu'il y avait-il à découvrir que de passer par A puis B ? Le plus important n'était pas de percer les sentiers, ce qui sort de la route ? Non, il y avait bien plus à apprendre à commencer n'importe où. N'importe quand. Engageant ses goûts puis ses liens pour en venir à l'une de ses raisons d'être, Alastor fonctionnait en roue libre. Il allait être en roue libre rien que pour cette fois, après que son double ridicule aie réussi à faire s'effondrer toute une partie de sa vie ici. La haine grondait encore en lui mais un sourire naïf s'affichait toujours au coin de ses lèvres. 

"Les anges sont trop cadrés et bornés pour que je réussisse à les apprécier. Il n'y a rien à leur envier, vraiment. Pour en avoir côtoyer, vous pouvez me croire sur parole !" 

Il acquiesça mais se fut tout. Inacceptable pour lui que cette espèce puisse prendre place comme sujet principal à son rendez-vous chez le psychologue. Surtout quand on savait que des deux, ce sont les anges qui ont le plus de problèmes avec les démons et non le contraire ! Alastor se fichait royalement de leur sort, il n'allait pas pleurer, complimenter ni même débattre de leur existence. Ce n'était pas pour ça qu'il était là et il savait déjà qu'Ishanee n'apporterait pas beaucoup de réponses de toute manière. 

Angel Dust, l'idée sonnait pareil, mais c'était déjà parler d'un sujet qu'il pouvait un peu plus aborder en public tant que cela ne concernait pas le métier de celui-ci. Angel était tout sauf un ange, il fallait se le dire. Ni un chien, d'ailleurs, et Alastor remercia d'un hochement de tête sa psy de tenir compte de ce détail assez drôle à imaginer. L'araignée avec des oreilles de chien sonnait parfaitement à son attitude, néanmoins, ce n'était pas une pensée qu'il irait rapporter au démon. Il ferait n'importe quoi pour attirer l'attention celui-ci...

"La raison empêche la folie d'être alors que la folie n'empêche rien, puisqu'elle est ouverte. Il sourit. Néanmoins. Je suis certain que la raison à lieu d'être, d'une part et d'autre du cadre." 

Le plus intéressant restait à venir : que pensait Ishanee de son patient, aux premiers abords ? La question pouvait paraître naïve et teintée de curiosité mais elle restait pour lui... Essentiel. Savait-elle seulement comme ses mots, les siens en particulier, pouvait détruire et réparer une vie d'un geste trop ou pas assez... doux ? Agité ? Elle savait peser ses mots mais attention à ceux qu'elle employait. Alastor prenait tout à cœur - à supposer qu'il en ait un. 

Il insista un silence. Absent. Puis arqua ses deux sourcils d'un rire.

"C'est intéressant ! J'espère ne pas donner cette image à tout le monde, on ne me laisserait plus rentrer dans un magasin ! Ironisa-t-il dans de grands gestes. Vous décrivez ici... Quelqu'un. Que j'étais autrefois, c'est vrai. Puis d'une pause, il fixa le bureau et reprit, plus gravement. Comment redevenir ce que nous étions autrefois alors que nous sommes désormais ce que nous n'avons jamais été ?" 

De là, il croisa les jambes à nouveau, posa les mains jointes devant lui, coudes appuyées et menton redressée.

"Je vous le demande ~ ! Brûler des maisons ? Déjà tenté. Tuer des gens ? Ça n'amène rien. Manipuler et détruire mentalement, alors ? J'ai un pantin sous mon toit et je peux vous dire qu'une lampe de chevet est plus utile que lui. BIEN ! Alors ? Je suis venu vous voir parce que je ne sais pas où je vais. La plupart des gens désespérés font ça lorsqu'ils n'ont plus de solutions : ils vont chercher de l'aide chez un inconnu payé pour ça. Sauf qu'eux : Ils veulent avancer." 

Sa main soulève la tasse qu'il tourne à petits coups tout en bougeant mélodieusement la tête de droite à gauche.

"Je souhaite reculer."

"AHAH !" S'exclama vivement le garçon.

Il ricana d'un large sourire et d'un mouvement de main balayant la chance qu'elle mentionnait.

"Je ne comprends toujours pas pourquoi les hommes souhaitent voir les anges plus que les démons. Pourquoi le Paradis serait mieux que l'Enfer et le blanc plus pur que le noir. Tout le monde sait que le blanc... ça tâche. Il décala un regard pensif. Et en effet, à les glorifier de la sorte, il est tout à fait normal que naissent en eux une sensation de hiérarchie dont il serait le pic. Pourtant nous restons plus nombreux, ici-bas... Ils nous ont en horreur." Il rit légèrement. 

Les anges prenaient vite la grosse tête et leur auréoles finissaient par ne plus passer. Lorsqu'on savait ce qu'ils faisaient à la purge, les morts qui étaient sur leur dos, on ne pouvait plus vraiment les glorifier. Si le démon pouvait au moins donner son opinion sur la question, alors qu'il en soit ainsi. Les anges ne se dérangeaient pas, eux, pour les rabaisser à coup de critiques. Heureusement que les cornes ne captaient pas la bêtise des cieux. 

Parfois la jeune femme écrivait des notes qu'Alastor fixait un instant, tentant de lire à l'envers, puis dès que le regard de sa psychologue se redressait, il en faisait de même d'un sourire et reprenait le fil de la discussion. Il acquiesçait lorsqu'elle parlait, écoutait attentivement ce qu'elle disait. Ce qui devenait de plus en plus intéressant. 

"Voilà une réflexion intéressante. Respecta-t-il avec satisfaction. Je suppose que ça dépend donc de l'individu en question. Que les Hommes peuvent être passionnants ! N'est-ce pas ? ~ Ça doit être pour cela que vous êtes devenu psychologue..." 

Ishanee se confia sur ce qu'elle était autrefois et à vrai dire, Alastor en fut quelque peu surpris. Les apparences cachaient bien la vérité. Incroyable. Une malédiction ? Non, pas forcément. Même avant d'être démon, Alastor était destiné à la mort, au sang et à la souffrance. Même avant de porter un masque, il se cachait. Tueur en série puis démon. Voilà l'ordre correct. Il fallait toujours se méfier. Quoiqu'il ne se méfierait pas d'un...

"Un avion ? Il rit. Si je m'attendais à cela ! Vous êtes donc et pilote d'avion, et psychologue ? Le rêve d'enfance avec une toute nouvelle ambition ? Puis s'avançant sur sa chaise, il soupira. Je ne parlais pas d'un soi-même physique. Mais psychologique. Mon apparence n'a pas d'importance mais mon mental... Il s'approcha légèrement d'un ton en-dessous. C'est précieux." 

Ce qui l'intéressait était plutôt de ne jamais avoir appris tout ce qu'il avait appris pour ne jamais être devenu tout ce qu'il était devenu désormais. Ne jamais avoir parlé, vu, rencontré des gens qui aujourd'hui... Prenaient trop de places. Il regrettait de ne plus être insensible. 

"J'ai besoin d'oublier. Soupira le garçon, plus sombrement. Il marqua un silence avant de reprendre. Imaginez le pire qui pourrait vous arriver. Là maintenant. Votre vie changerait à jamais, n'est-ce pas ? Vous ne seriez plus aussi joyeuse, plus aussi innocente non plus ! Vous seriez différente. C'est normal. Chaque événement marque notre vie et chaque marque se grave en nous. Combien de personnes viennent vous voir après un épisode de leur vie qu'ils ne savent pas gérer et qu'ils craignent ? Eheh... Ricana-t-il légèrement. J'ai du être complice de pas mal de ces mauvaises passes... Coupable, même. Et désormais. KARMA !" 

Un démon et un avion, qui est le patient ? La réponse parait simple et pourtant, Alastor venait à se la poser d'un sourire non dissimulé - on ne dissimule jamais un sourire. Pourquoi lui était-il à cette place et l'engin de l'autre côté du bureau ? En tant que démon, n'avait-il pas déjà balayé toute la morale, tous les problèmes qui pesaient sur ses épaules ? N'était-il pas libre ? Vision très positive pour un être humain que de penser que les Enfers étaient libérateurs, mais c'est ainsi que le tueur en série avait pu voir sa mort et la place qu'on lui avait attribué. Il n'avait pas regretté... Mais son retour, par contre, est un regret. 

Ishanee, de son nom, ne connaissait pas encore la mort mais il était persuadé que comme tout "sage" de ce monde, lorsqu'elle viendrait à la croiser, elle l'accepterait comme juste. Sauf si c'était lui qui l'a tuait et dans ce cas-là, peut-être, changerait-elle d'avis. Peut-être que comme lui, elle désirerait se venger ? Ne jamais sous-estimer de tels sentiments dévastateurs. La vengeance animait des vies et en détruisaient d'autres. Non pas qu'Alastor soit venu dans l'objectif de détruire quoique ce soit, ou de changer sa psychologue. Il se posait juste la question, en silence, alors qu'ils débattaient d'anges, de Paradis et d'Enfer. La jeune femme restait persuadée qu'elle finirait au pays des avions. Si tel était son souhait. 

Si le démon était ici, c'était pour trouver la solution à son problème... Ne plus être ce qu'il est. Ce n'était pas difficile à comprendre. Pour cela, il fallait oublier ce qui l'avait fait changer. Alastor restait quelque peu sceptique au résultat de cette séance mais à vrai dire, il s'en fichait. Il fallait aussi qu'il passe le temps et quoi de mieux que de faire perdre celui d'une inconnue payée pour ça ? Et après on disait qu'il n'y avait pas de favoritisme dans ce système. 

"Non je rigolais. Il rit, en effet, lorsqu'elle mentionna à nouveau le karma. Non, je ne crois pas en ces choses-là. Sinon, pensez-vous, je serais mort. Encore. Poursuivit-il d'un même rire accentué. Il me faut quelque chose de plus concret - mais pas magique. Vous voulez m'aider, et c'est votre job - donc jusqu'ici rien de nouveau, seulement je ne peux pas me permettre d'échouer à la tâche, vous voyez ? J'ai déjà fait des miennes en pensant que, il joignit les doigts en guillemets - 'cela passerait'. Réplique mensongère visiblement." 

Il n'osait pas aborder le véritable sujet dont il était question même s'il savait que tourner autour du pot ne permettrait pas à sa psychologue de régler le problème. La close de confidentialité obligeait Ishanee à ne pas parler et pour ce qu'il en lisait - ou plutôt pour ce qu'il n'en lisait pas - sur ses notes, elle avait ses propres techniques bien à elle. Mais serait-ce suffisant ? Peut-être fallait-il faire pression, signer un pacte, un contrat qui les lierait par le secret et que si elle venait à briser, ce serait elle qui finirait brisée ? Non. Alastor souhaitait instaurer une relation de confiance et d'amitié et ça ne fonctionnerait pas s'il se comportait comme un potentiel ennemi. Il se devait d'être agréable et ouvert à la discussion. Après tout Ishanee tentait au mieux de construire un puzzle malgré le peu de pièces que son patient lui donnait.

"Mmmmh... Réfléchit-il un instant à ce qu'il pouvait bien partager sans trop en dire. Disons que je souhaite oublier une personne sans avoir à la tuer." 

Cela laissait entendre qu'il ne voulait plus d'elle pour X raisons mais qu'il n'était pas prêt à faire un tel sacrifice pour autant. Il soupira.

"Le problème est que je ne peux pas me permettre de m'éloigner, de la détester, de l'isoler dans un autre monde ou de la changer pour qu'elle ne soit plus ce qu'elle est. En bref, je ne peux pas modifier le problème, je dois donc faire des modifications sur moi-même. Il acquiesça, persuadé que son idée était la bonne. J'ai songé à une modification du comportement mental. Je ne veux pas totalement l'oublier, simplement... Ne plus la voir de la même manière, vous voyez ? Peut-être voyait-elle même trop désormais. Que c'était compliqué d'être succinct. Pareillement. Mais différemment. Tenta-t-il à nouveau, ajoutant cette fois-ci des gestes de main pour paraître plus clair. Il faut simplement qu'il y ait un fossé entre nous et je cherche à savoir avec quoi creuser." Il sourit.