« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Elle savait bien, la brune, que réfléchir était la meilleure chose du monde. Son cerveau ne manquait pas de faire, toujours, des calculs et des raisonnements logiques que… elle était bien la seule à comprendre, accepter et appliquer. Pour ce qui était de réfléchir à réparer un crime, en revanche… c’était bien la première fois que Raven se poserait la question. Pour Honey, elle ferait cet effort intellectuel, puisqu’elle voyait bien que la blonde aimait l’entendre dire qu’elle le ferait. Le corbeau n’était pas toujours un oiseau de parole, mais pour le coup, il essaierait. Ce qui ne voulait pas dire qu’elle rendrait l’ordinateur. Surtout maintenant qu’il était plein des photos que Raven avait prises un peu… à l’arrache. La prochaine étape serait, sûrement, de se procurer un téléphone pour pouvoir se démerder un peu mieux avec ses photos. Sauf qu’il faudrait, alors, lui apprendre à les mettre sur l’ordinateur et Raven n’avait pas hâte de faire cet effort mental.
La question de l’audition des humains, en revanche, obligea la taxidermiste à hausser un sourcil, sans faire de commentaire. Ils avaient trop tendance à ne rien entendre et ne rien comprendre, de son avis à elle, mais elle devait bien avouer que Honey sortait du lot dans bien des catégories. Ça ne l’étonnerait pas de comprendre que la blonde avait, aussi, une audition parfaite, pour un humain. Ce qui lui allait parfaitement, puisque ça lui évitait la peine de répéter une chose qu’elle ne répéterait jamais de sa vie. Raven avait déjà eu beaucoup de mal à le comprendre, encore plus à le dire pour la première fois tout haut, alors elle n’irait pas plus loin. Elle préférait tout nier en bloc et jurer, sur la vie de son chat, qu’elle n’avait absolument pas dit ça. C’était mieux ainsi, pour elle, son ego et sa réputation.
Du bien ? Raven ne savait pas si ça lui avait fait du bien. Elle se sentait… étrange. À la merci d’un secret balancé entre elles. Comme si elle offrait, soudain, un moyen de pression à exercer sur elle. Mais au fond, elle sentait que Honey n’avait pas tort. Quelque chose se décoinçait lentement, comme si la brune pouvait, enfin, se dire qu’elle n’était plus tout à fait seule, qu’elle pouvait s’appuyer un peu sur Honey, dans sa vie de merde. Qu’elle pourrait peut-être l’empêcher de faire une grosse connerie. Sauf que Raven n’était pas encore prête à lui confier sa dernière lubie : partir loin, reprendre sa forme animale à jamais et… sûrement crever dans un coin, parce qu’il s’ennuyait à mourir. Les expressions étaient toujours très littérales avec l’oiseau noir.
Étonnamment, Raven pouvait comprendre que Honey puisse, de temps en temps, être occupée. Son propre métier, à elle, la forçait parfois à envoyer balader les rares âmes qui venaient la faire chier quand il ne fallait pas. Concentrée sur des coutures, elle ne pouvait pas prendre le temps de discuter avec un pigeon, même seulement le temps de lui dire d’aller gazouiller dans un autre pré. Elle n’aimait pas bien que le monde ne soit pas à sa disposition, mais la brune comprenait, doucement, à son rythme, ce que l’on pouvait faire pour un ami et ce que ça voulait dire, en vérité, d’avoir un ami. Le seul ami que l’oiseau avait eu, il ne l’avait jamais quitté que pour se déclarer une guerre sans merci qui avait traversé les âges et les vies.
Parler compliment était une meilleure chose, ou presque. Raven aimait recevoir des compliments, mais en donnait rarement en retour. Dire à Honey qu’elle était stimulante, au fond, était un compliment plus important qu’elle ne pourrait le croire. Raven avait un grave souci d’ennui profond qui le touchait depuis sa toute première vie. La stimulation le gardait en vie. Sans quelque chose ou quelqu’un pour bouleverser son quotidien, le corbeau aurait, depuis longtemps et à plusieurs reprises, bouffé les vers directement dans leur habitat naturel (variante ornithologique de « bouffer les pissenlits par les racines »).
» Ooooh, alors tu ne fais pas partie de ceux qui ont très envie de le lui faire regretter ? ricana Raven, sans cacher une aversion certaine pour la sorcière. Faire… l’autruche…
Une expression qui poussa Raven dans une réflexion intense. Elle n’était pas certaine de bien comprendre l’image, elle. Les autruches attaquaient en groupe, c’était peut-être ça, le problème ? Et elles attendaient de se sentir menacer, plutôt que de prendre des initiatives. En plus, ces grosses dindes ne savent pas voler ! Un oiseau qui ne sait pas voler ! Quelle honte pour les volatiles. Une sous-espèce ratée, à n’en pas douter, que Raven aurait très envie d’exterminer. Si la flemme n’était pas sa plus grande amie dans la vie et si elle n’avait pas, franchement, mieux à faire de toute façon. D’ailleurs, elle avait empaillé une autruche, une fois, et la tête de l’animal lui avait donné de grosses envies de meurtre. Tout le monde ne pouvait pas être aussi beau que le corbeau, c’était sûr et certain.
» Ce n’est pas une question, ça, répondit Raven, avec un revers demain comme pour envoyer balader se demande.
Pourtant, la brune prit le temps de soupeser ses mots et d’essayer d’identifier ce qu’elle lui demandait, exactement. Raven n’avait pas l’habitude de s’étendre sur sa vie et elle n’était pas certaine de ce qu’elle devait raconter à Honey. Les questions, au moins, avaient le mérite d’identifier clairement le sujet demandé.
» Je suis le corbeau.
Bien, premier point passé avec succès. L’évidence balancée entre elles, mais que Raven se devait de rappeler. Parce que ça faisait toujours plaisir à son ego surdimensionné.
» Je suis mariée à un chat, ajouta-t-elle, en levant sa main baguée.
Elle ne savait pas elle-même pourquoi il lui semblait naturel de donner cette information en deuxième, comme une chose qui la définissait. La dernière chose, au fond, qui la définissait encore comme une humaine puisqu’elle n’était plus, ni mère, ni grand-mère. Enfin… même son mari ne voulait plus d’elle, alors il ne lui restait que son métier.
» Je suis taxidermiste, comme tu as pu voir les photos. La meilleure, sans le moindre doute. J’aime bien, ça, la taxidermie.
C’était peut-être bien la première fois qu’elle le disait à haute voix, mais c’était vrai. Raven n’avait pas besoin d’essayer d’autre métier pour savoir qu’elle n’aurait pas tenu 1 mois à faire telle ou telle chose. Là, elle pouvait passer un temps fou sur un seul trophée que ça ne la dérangeait pas. Ce qui la dérangeait, c’était qu’on la dérange. Logique imparable.
» J’ai été effacée de la mémoire de tous ceux qui me connaissaient par le même abruti qui m’a donné cette bauge, rien que ça. Je suis… sujet à la colère, disons. Alors tu imagines bien que je suis allée voler ailleurs, depuis. En vérité, je ne suis revenue dans le coin que l’année dernière, alors je n’ai pas beaucoup de « connaissances ».
Que faisait-elle quand elle ne venait pas voir Honey ? Elle se laissait embarquer dans des quêtes absolument idiotes par Kot, elle emmerdait tout ce qui passait sous son nez, elle grignotait autant de petits gâteaux que de petits animaux, et elle titillait l’illégalité à longueur de journée. Des choses qu’elle ne pouvait pas vraiment dire à Honey.
» Je me bats contre… toujours le même, c’est dingue, ça. Sinon… pas grand-chose. Je me promène, comme disent les humains. (Elle haussa les épaules.) J’ai répondu à tout ? C’était… stimulant ?
Honey Lemon
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- Eh bien, non je n'ai rien à lui faire regretter, en fait, poursuivit Honey en haussant les épaules. De façon générale, je ne trouve pas le concept de vengeance très productif, de toute façon. Ce qui est fait est fait, quoi que nous fassions, ça ne l'effacera pas. Pour Honey c'était aussi simple que ça, si bien qu'elle ne comprenait vraiment pas pourquoi certains s'acharnaient encore contre "la méchante reine". Comme toutes ces personnes qui avaient subi les conséquences de son sortilège, la jolie blonde non plus n'avait pas été épargnée par la vie. Par les coups bas, les coups durs, les trahisons et, de façon générale, les moments difficiles et douloureux. Mais qu'il s'agisse de la fin de son histoire avec Tadashi, de la perte de Jim Gordon ou de la transformation brutale de son monde de naissance qui avait subi des épreuves qu'aucune Terre, sans doute, n'avait connu, Honey n'avait jamais, à aucun moment, envisager de se venger. Lorsqu'elle avait endossé son costume de Chimiste au sein des Big Hero 6 puis de la Magic League, ce n'était jamais parce qu'elle était animée par la vengeance mais bien par une envie de justice, de rendre le monde meilleur. Ou d'essayer, en tout cas. Raven, de son côté, essayait très clairement de comprendre le sens de l'expression "faire l'autruche", qui signifiait simplement se voiler la face. Honey aurait pu lui fournir toute une explication sur cette image, ponctuée de commentaires sur la vie des autruches, ce qui aurait donné à cette conversation des allures de documentaire animalier de la chaîne découverte, mais elle n'en fit rien. La scientifique avait l'impression qu'avec Raven, si elle ne posait pas explicitement la question, il valait mieux supposer qu'elle avait compris. La femme oiseau avait, c'était un fait, un égo particulièrement présent qui n'admettait sans doute pas qu'on pointe du doigt ses limites. De toute façon, si elle posait la question, maintenant ou plus tard (quand elle supposerait, à tort, que Honey avait oublié qu'elle avait employé cette expression en sa présence), son amie lui donnerait tous les détails qu'elle voudrait. Et bien plus encore, malheureusement pour elle. C'est d'ailleurs ce même égo qui conduisit la femme corbeau a commencé sa réponse en déclarant ce que Honey savait déjà très bien, à savoir qu'elle était le corbeau. Sous-entendu le seul, l'unique. La scientifique n'allait certainement pas la détromper à ce propos : à ses yeux, elle était effectivement la seule femme ancien oiseau de sa connaissance capable de le redevenir. - Oh c'est... surprenant ! s'écria Honey, déstabilisée, en apprenant qu'un oiseau aussi fier de sa condition volatile (voire volage) était marié à un félin, animal réputé pour chasser les oiseaux. Mais vraiment très cool, ajouta précipitamment la jeune femme pour que sa surprise ne soit pas interpréter autrement. Je savais pas du tout mais je trouve ça très chouette d'avoir un compagnon dans sa vie, assura la chimiste avec un grand sourire. Cela étant dit, ça pouvait être tout aussi chouette d'être célibataire. Honey, par exemple, ne se plaignait pas de cette condition. Elle avait une famille et des amis très proches d'elle, un travail, des passes-temps et de nombreuses idées pour s'occuper l'esprit. Elle n'était pas de ceux qui croient que les personnes en couple sont forcément plus heureuses que les personnes seules. De nombreux faits divers, en fin de compte, démontraient que ce n'était pas toujours le cas. Mais à moins que Raven lui fasse comprendre que son mariage ne la rendait pas heureuse, Honey n'allait certainement pas supposer le contraire. Surtout pas après qu'elle ait mentionné cette donnée juste après son rôle de corbeau, comme s'il s'agissait de la deuxième chose la plus important de sa vie. On ne parlait pas aussi tôt de son compagnon si on le méprisait, pas vrai ? La taxidermie n'arriva qu'après et, effectivement, Honey avait vu quelques photos en "réparant" l'ordinateur de Raven qui, en fait, ne lui appartenait pas. - Eh bien je ne suis clairement pas experte en taxidermie mais pour ce que j'en ai vu ton travail a l'air de qualité. Je suis sûre que c'est un domaine très technique qui donne de TAS de compétences. Sans doute beaucoup de précision et énormément de patience, en fait, mais ça ne m'étonne pas que tu sois dotée de ces qualités. Tu as l'air capable de t'investir énormément quand tu es passionnée et il y a une citation connue qui dit que si on trouve un travail qui nous plait on ne travaillera jamais. Parce qu'on vivra de sa passion et qu'on aura pas l'impression de trimer, développa Honey dans une petite digression. Enfin, en tout cas, si j'ai besoin d'une experte, je sais vers qui je me tournerais, affirma la chimiste avec un clin d'œil complice. Mais comme elle ne pouvait pas prédire l'avenir, la jolie blonde ne pouvait pas non plus affirmer que le besoin n'existerait jamais. Or, s'il devait un jour advenir, elle aurait tout intérêt à le faire satisfaire par une amie, c'était, une fois encore, une question de pure logique. Mais la satisfaction de ce raisonnement sensé que l'esprit de Honey venait de mener fit bientôt place à une mine presque décomposée. Effacée de la mémoire de toutes ses connaissances ? C'était tellement triste ! Pourquoi ? Comment ? Les questions fusaient dans l'esprit de Honey en même temps que la compassion inondait son cœur. Raven n'avait que vaguement répondu à la question "par qui" et la scientifique hésitait à lui demander davantage de précisions. C'était sans doute un souvenir traumatisant ou, du moins, douloureux, que Raven n'avait probablement pas envie d'évoquer dans tous ses détails. C'était, sans doute aussi, déjà une très belle preuve de confiance de sa part que d'en avoir fait mention à Honey. - Je suis vraiment désolée d'apprendre ce qui t'est arrivée, commenta sobrement la chimiste. C'est sans doute pas étonnant que tu sois sujette à la colère. Ce genre de situation doit susciter beaucoup de colère, même chez les plus pacifistes. Mais tu sais, y a des façons très efficaces d'extérioriser son trop plein de colère. La boxe, par exemple. En salle, sur un punching ball ou avec un partenaire qui sait boxer aussi, précisa la jolie blonde, au cas où, pour ne pas avoir d'ennuis plus tard si d'aventure Raven distribuait des uppercuts dans la rue. Mais bon, je ne t'apprends sans doute rien, j'suis sûre que tu as déjà trouvé tes trucs pour extérioriser. Quant à te faire des amis, je suis sûre que ça arrivera ! l'encouragea Honey. Regarde nous deux, par exemple. On ne vient pas du même milieu et pourtant on s'entend bien. Y a tellement de gens différents dans cette ville que ça me parait impossible que tu ne te trouves pas d'autres amis. La jeune femme n'avait pas fait de statistiques sur le type de personnes qui vivaient à Storybrooke mais ses rencontres parlaient d'elles-mêmes. Des tortues ninja. Des gardiens de l'enfance. Des sorcières. Des dieux. D'anciens animaux. De la délicieuse Amelia à la flamboyante Deborah en passant par la girouette Hermès ou la sérieuse Diane, les personnalités des connaissances de Honey allaient de pair avec les origines si diverses de tout le monde en ville. Forcément il y avait d'autres personnes faites pour s'entendre avec Raven. Statistiquement il était impossible d'aboutir à une autre conclusion. - Oui, tu as répondu à tout et c'était très stimulant ! J'ai appris plein de choses, tellement que je pourrais te poser des TAS de questions, affirma Honey. Mais, tu sais, je suis très curieuse, reprit-elle avec une moue contrite. Une fois que je suis lancée des fois j'ai du mal à m'arrêter, surtout si je peux apprendre plein de choses que je ne savais pas. Et, de ce que j'en connais déjà, il y a manifestement des TONNES de choses fa-sci-nantes que tu pourrais encore me dire sur toi. Est-ce que ce serait déplacé si je te demandais de me parler un peu plus du chat que tu as mentionné et que cette histoire de mémoire effacée ? Ou c'est trop sensible et tu préfères pas ? tenta la jeune femme en pesant chacun de ses mots. Surtout ne te sens pas obligée, la dernière chose que je voudrais c'est te mettre dans l'embarras.
Le concept de vengeance ne plaisait pas à la blonde et ce simple fait les mettait, irrémédiablement, aux opposés de la même balance. Raven n’était que haine pure et vengeance. Son existence avait été façonnée autour de ces concepts. D’un certain désespoir qui la poussait, parfois, à des idées pour le moins suicidaires, aussi, mais elle ne l’avouerait jamais. La haine et le besoin de se venger, en revanche, il ne fallait pas être idiot pour comprendre qu’ils rythmaient sa vie. Tout le monde connaissait l’histoire du corbeau humilié par le renard, mais qui savait ce qu’il avait subi, ensuite ? Qui comprenait que Raven aurait pu crever s’il ne s’était pas laissé envahir par la rage et l’envie d’écraser le monde comme le monde l’avait écrasé ? Raven n’avait survécu que grâce à ces mauvais sentiments qui, désormais, prenaient toute la place, au fond de son cœur.
Se venger de Regina, pourtant, était de moins en moins au programme. Au fond, Raven s’en fichait, de la sorcière. Ce n’était pas la pire de son histoire. Tout ce qu’elle avait fait, c’était lui voler sa mort et lui offrir, en échange, une histoire des plus idiotes ! La coincer dans un corps humain, aussi, alors que Raven était un oiseau libre, indépendant, qui n’attendait que le silence le plus complet pour reposer en paix. Un silence que, pourtant, Raven fuyait comme la peste en venant, sans cesse, tournoyer autour des humains, leur réclamer de l’attention, les pousser à bout pour qu’ils n’oublient pas de la détester comme il se devait. Pour qu’ils ne l’oublient pas, tout simplement.
Surprenant… Raven n’était pas certaine qu’il s’agissait, là, du mot qu’elle aurait employé pour désigner sa relation avec Kot. Hors-normes était, sans doute, plus approprié. Hors-normes et voué à l’échec. Parce qu’ils étaient contraires dans leur essence-même, dans le sang qui bouillait dans leurs veines chaque fois qu’ils croisaient la route de l’autre. Kot avait voulu tuer Raven, à leur première rencontre, et le corbeau avait supplié, comme un misérable, pour qu’on lui laisse la vie sauve. Quelle relation avaient-ils, exactement ? À partir de quand s’étaient-ils mis à s’apprécier ? À s’aimer ? Raven n’avait pas la réponse à toutes ces questions. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’il était à elle, mais qu’il lui avait fait plus de mal que personne n’en avait jamais fait, dans toutes ses vies. Devait-elle lui pardonner ou se barrer ?
» Quel rapport avec une chouette… ? soupira-t-elle, pour expédier l’information loin, très loin, et qu’elles ne reviennent plus dessus.
Un peu de tristesse passa, sans doute, dans son regard bleuté, dans ce souffle offert pour rejeter ce que, pourtant, Raven avait compris. Elle apprenait, peu à peu, les expressions étranges utilisées par des humains qui ne pouvaient pas s’empêcher de parler d’oiseaux. Elle avait appris, depuis longtemps, qu’une chose chouette était une chose bien, intéressante, joyeuse. Bref, ce que sa relation avec son mari n’était pas et ne serait, peut-être, jamais. Ce qu’elle ne pouvait pas avouer à Honey sans devoir se lancer dans des tonnes d’explications et Raven n’avait, franchement, pas le courage de le faire.
La petite blonde parlait énormément. Un constat qui sauta soudain à la gueule de la taxidermiste, ses yeux bleus fixés dans ceux de son amie. Elle parlait beaucoup et Raven n’arrivait pas à déprécier ce flot de paroles ininterrompu. Au contraire, elle se surprit même à lui trouver une voix tout à son goût, qui donnait envie de tendre l’oreille et d’écouter ce que son chant avait à lui dire. Sûrement des idioties d’humains, mais Raven prit, tout de même, le temps de bien assimiler ses mots, un petit sourire aux lèvres. Pouvait-on parler de passion ? Elle n’en était pas certaine, la brune, mais elle aimait bien le mot et la manière qu’il avait de sortir brusquement pour mieux glisser et laisser traîner quelques notes, dans son sillage. » Précision et patience, oui. Je n’en ai pas pour tout, dans la vie, ne mentons pas, ricana-t-elle, en lissant ses cheveux noirs, sur son épaule. La taxidermie, ça repousse les idiots, aussi. Ce qui est un bonus sur lequel je ne peux définitivement pas cracher. Demande-moi ce que tu veux, Honey, ce sera fait avec patience et précision.
Elle doutait un peu, Raven, que la blonde soit du genre à afficher un animal mort, chez elle ou dans son laboratoire, mais Honey l’avait surprise plus d’une fois, elle pouvait recommencer à tout moment. Tout comme elle l’étonna, un peu, de ce visage soudain… triste ? qu’elle afficha, à entendre la brune annoncer la sentence qui pesait sur une erreur qu’elle n’avait pas commise. Il fallait vraiment être idiot pour l’effacer de la mémoire de sa famille, sous prétexte qu’ils ne méritaient pas de la connaître ou que savait-elle encore ! Raven ne comprenait rien à cette logique et aurait bien aimé voir le chat, dans la situation inverse.
» La boxe… réfléchit-elle, à voix haute. Je n’y avais pas pensé. Un sport de combat, ça peut être intéressant. Éviter de tout péter dans la boutique, à la prochaine crise.
Ce qu’elle avoua tout haut, sans même s’en rendre compte, ni le regretter, alors que Raven ne parlait jamais, normalement, de ses crises de nerfs, de l’état dans lequel elle laissait sa boutique, dans ces cas-là. Il ne valait mieux pas la croiser, quand elle s’énervait. La brune avait une haine incommensurable qui ne demandait qu’une victime sur laquelle la faire exploser. C’était, sans doute, ce qui la poussait à se perdre en forêt, dans ces cas-là, pour s’en prendre à des bêtes parfois plus grosses qu’elle. Enfin… plus grosses que le corbeau. Rarement plus grosses que l’humaine.
» Tu es ma seule amie. (Elle marqua un instant de silence, perturbée par son propre aveu.) Mais les amis, aussi intéressants soient-ils, ne remplacent pas la famille. Nous, les corbeaux, nous ne vivons que pour la descendance. Que me reste-t-il à faire, maintenant que la mienne est partie voler ailleurs ?
Elle n’avait pas tort, la blonde, mais Raven avait la fâcheuse tendance à énerver tout le monde et ne pas savoir comment faire pour se faire des amis. C’était plus fort qu’elle, elle avait besoin d’être détestée, d’entendre les humains grogner sur son passage. Les amis, comme son abruti de chat, trahissent sans cesse. Les ennemis ne déçoivent jamais. Ils sont toujours là, à la fin du chemin, réunis pour faire la guerre à celle qui les a tant soûlés. C’était, au fond, une attention comme une autre et il était plus facile d’avoir celle-ci que d’obtenir de l’amitié.
L’intérêt de Honey, cette fois, n’était pas franchement de ce genre d’intérêt que la brune aimait avoir sur elle. C’était, peut-être, la réponse à son besoin d’avoir des ennemis : éviter les questions qui la pousseraient à avouer qu’elle était un être méprisable et montrer, à tous, la honte qui lui bouffait le cœur. Elle garda d’abord le silence, Raven, ses doigts caressant le haut de l’ordinateur, avec un picotement familier, à leur pulpe : elle avait très envie de le balancer sur le mur. Juste comme ça, sans préambule, dans un grand cri de rage, pour se débarrasser de ses mauvais sentiments pour un temps.
Elle se contenta d’un gros soupir et d’une main passée dans ses cheveux noirs. Un geste qu’elle faisait rarement, pour ne pas les emmêler. Raven prenait soin de sa belle chevelure sombre.
» Je ne saurais même pas quoi te dire ou par où commencer. (Elle prit quelques secondes de réflexion.) En vrai, les deux affaires sont liées. Ce chat, je l’ai rencontré dans mon monde. Il voulait me tuer, j’ai réussi à marchander ma vie contre… un genre de contrat idiot. Je me suis rabaissé pour vivre, cracha-t-elle, en tiquant. Je l’ai suivi partout comme un chien ! J’ai fait ce qu’il me demandait et cet idiot a jugé bon de m’abandonner, de me laisser seul avec une vieille sorcière à moitié pourrie. Il appelle ça de l’amitié, j’appelle ça du mépris. Moi aussi, je m’ennuyais. Moi aussi, je voulais partir. Mais puisqu’il a fait semblant d’avoir été kidnappé, c’est bien qu’il voulait pas de moi avec lui, non ?
Raven n’avait jamais compris cette histoire de kidnapping et n’était pas bien sûr que Honey pourrait mieux le comprendre que lui. L’oiseau noir avait retourné le problème dans tous les sens, essayé de comprendre pourquoi il avait fait ça, pourquoi il n’avait pas, simplement, dit à Raven qu’il voulait partir. Mais le corbeau ne trouvait jamais la réponse. Ça n’avait aucune logique autre qu’un égoïsme aussi grand que l’univers lui-même. Kot ne pensait qu’à lui, point barre. Alors que Raven avait passé sa longue vie à l’attendre comme un débile.
» Regina a osé faire de nous un mari et une femme, ha ! grinça-t-elle, en faisant tourner la bague, autour de son doigt. Croire qu’on se retrouverait dans ces conditions… mais le pire, au fond, c’est pas ça. C’est que les faux souvenirs ont fait de moi une femme morte et cet abruti de chat a décidé qu’il était le seul à avoir le droit de se souvenir de moi. Donc quand je suis revenue, il n’y avait plus personne pour ouvrir les bras à Raven, la mère et la grand-mère ratée. Même le mari s’était barré dans une autre maison, se rouler en boule dans d’autres draps.
Ses dents grincèrent atrocement et une douleur fulgurante remonta jusqu’à son cerveau. Raven eut, soudain, un petit rire nerveux, semblable à ses grincements habituels, mais plus sombre, chargé de mauvais sentiments.
» Oh, Honey, honey, je ne suis pas embarrassée, je suis énervée. J’ai envie de le lui faire regretter, de lui faire comprendre à quel point il m’a méprisée, écrasée. Et en même temps… (J’ai envie de l’aimer, ce qu’elle ne put se résoudre à avouer.) Un peu comme toi qui es mon amie, alors que je méprise l’humanité. Tu vois ?
Ce qui était le maximum qu’elle pouvait faire pour expliquer le problème à Honey. Il ne fallait pas trop lui en demander. Raven avait des restes de fierté, quelque part, même après cette histoire qu’elle n’avait, au fond, sûrement racontée à personne d’un bout à l’autre.
Honey Lemon
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C'était sans doute mieux pour l'éternelle optimiste qu'était Honey qu'elle n'était pas totalement conscience du potentiel vengeur qui habitait son amie la femme corbeau. Elle n'aurait sans doute pas compris pourquoi Raven se laissait consumer par la vengeance et cette incompréhension aurait pu avoir un effet néfaste sur l'amitié aussi particulière qu'improbable qui les liait. C'était plutôt intéressant, en fait, du moins, du point de vue de Honey, de constater à quel point les relations humaines étaient douées pour défier les probabilités et, dans un certain sens, la logique, comme si elles s'étaient dit (ce qui était impossible, les concepts n'ayant pas la faculté de penser) que puisque la physique ne pouvait faire autrement que de suivre ses propres principes et lois, elles, justement, feraient l'inverse à leur niveau. Mais peut-être aussi que les deux femmes devaient le fonctionnement de leur relation au moins aussi "surprenante" que celle que Raven entretenait avec son mari au fait que l'une des deux femmes (Honey, évidemment) était une éternelle optimiste qui s'obstinait à trouver du bon chez chacun, à tendre la main à l'autre et à chercher par tous les moyens à le comprendre, même lorsque ce dernier était très différent d'elle. Ou plutôt : surtout lorsque ce dernier était très différent d'elle. Et quoi de plus différent d'une chimiste acidulée qu'un haineux corbeau dans le corps d'une ténébreuse brune ? Même les physiques de Raven et Honey s'opposaient, comme en écho à leur caractère respectif. Il y avait, toutefois, l'une des deux qui comprenait sans doute mieux le fonctionnement de son improbable copine et c'était Raven. Elle n'avait eu qu'à indiquer qu'elle ne comprenait pas le lien entre les chouettes et sa relation avec son mari pour que Honey saisisse la perche judicieusement tendue et délaisse le sujet premier de leur conversation. - Quand on dit "c'est chouette" ça veut dire que c'est super, ça n'a rien à voir avec l'oiseau, précisa Honey, comme Raven l'avait sans aucun doute prévu, tout en lui adressant un sourire encourageant avant de préciser rapidement : Mais ça ne veut pas dire que les chouettes sont plus super que les corbeaux. En fait ça vient d'un mot en ancien français qui voulait dire "se faire beau", expliqua tout naturellement celle qui était de toute façon bien incapable de résister à une explication lorsqu'elle se présentait à elle. Là était l'un des (trop nombreux) problèmes de Honey, l'un de ceux qui avait un impact majeur sur sa façon de communiquer avec les autres. Pourtant, Raven ne semblait pas dérangée par ces particularités de communication, peut-être parce qu'elle y trouvait un certain charme ou bien parce qu'elle aussi suivi des codes bien particuliers. En fin de compte, les deux hypothèses étaient doute aussi valables l'une que l'autre, même si présentement Honey n'en avait pas réellement conscience. Après avoir beaucoup parlé, elle écouta attentivement la remarque de Raven, qui tombait sous le sens. - Ne t'en fais pas, reprit-elle alors, rayonnant de bienveillance. C'est impossible d'être précis et patient dans toutes les situations que la vie nous offre. Même moi, parfois, je perds patience. Evidemment, j'essaye d'éviter sauf que... des fois, c'est juste impossible, conclut la scientifique avec un haussement d'épaules. Beaucoup de personnes s'étonnaient souvent d'apprendre qu'il était possible de faire perdre patience à une femme aussi joviale que Honey, ce que la principale intéressée trouvait franchement idiot. Evidemment qu'elle pouvait perdre patience ! Comme chacun, elle n'était pas parfaite mais était sujette aux fluctuations de son humeur, à la fatigue et à encore bien d'autres paramètres, dont les hormones, susceptibles d'agir favorablement ou sur sa patience. Ce n'était pas parce qu'une personne était optimiste et souriante en général qu'elle pouvait l'être en toutes circonstances. Et heureusement, d'ailleurs. Honey n'avait pas étudié le sujet mais elle était persuadée qu'un optimiste continu serait, à terme, nuisible pour la santé de n'importe qui. Il fallait aussi, selon elle, être en mesure de s'indigner, ne serait-ce que pour transformer sa colère en volonté de changer le monde pour le rendre meilleur. Laissant là ces réflexions personnelles, Honey réfléchit à la proposition de son amie taxidermiste, certaine que Raven ne faisait pas ce genre de promesse, qui avait presque quelque chose de solennel à n'importe qui. Malheureusement, la jeune femme n'avait pas besoin dans l'immédiat d'une taxidermiste ni de ses services. Elle songea toutefois que l'annoncer aussi factuellement à Raven n'était pas la meilleure approche à adopter et usa de toute son empathie pour répondre, non sans enthousiaste : - C'est très gentil ! Promis, je te ferai signe dès que j'aurai une idée de quelque chose à te demander ! Je suis sûre que ce chou... Que ce sera super, se corrigea Honey pour éviter de parler d'un oiseau autre que le corbeau puisqu'elle avait compris depuis longtemps que c'était un sujet sensible pour Raven (et qu'elle n'aimait pas froisser ses amis si elle pouvait l'éviter). Honey avait bien compris que la femme corbeau était fréquemment habitée d'une colère sourde qui ne demandait qu'à s'exprimer et c'était en partie pour cette raison qu'elle lui avait recommandé la boxe. Comme l'intéressée le remarque justement, l'intérêt pour Raven serait à plusieurs niveaux car un sport de combat lui permettrait d'extérioriser ce qu'elle avait besoin d'extérioriser et de préserver sa boutique... voire les possessions d'autrui ou le mobilier urbain. Tout était possible avec Raven. C'était en partie ce qui la rendait si fascinante et attachante, à sa façon. Touchante, aussi, parfois, par exemple quand elle se lançait dans de grandes déclarations sentimentales (qui tenaient certes en une seule phrase là où Honey aurait sans doute parler pendant cinq minutes mais qui, de la part de la femme corbeau valait au moins une thèse de cinq cents pages) plus ou moins assumées et généralement suivies par un silence plus ou moins gênée et un sourire ravi de Honey. Mais Honey souriait, de toute façon, beaucoup. Et cette fois-ci, son sourire ne perdura pas. Comment aurait-il pu rester solidement vissé à ses joues alors que Raven regrettait sa famille et sa descendance. La chimiste opina gravement et baissa la tête, cherchant les bons mots mais ne les trouvant pas. Elle avait du talent dans bien des choses mais pas avait toujours la désagréable impression d'être très mauvaise quand elle devait consoler ou réconforter les gens. A tort, peut-être. Personne n'avait jamais réellement fait de réflexion à Honey. - Je suis désolée pour toi, souffla-t-elle. Vraiment et sincèrement. Puis la jolie blonde décida de jouer franc jeu : - J'aimerais énormément avoir une solution miracle à te proposer mais... Les miracles, je ne crois pas que ça existe et quand bien même, je n'ai pas de solution, même juste acceptable, à te proposer. En revanche, reprit la jeune femme avec davantage d'optimisme, je peux te dire que je n'ai pas l'intention de te laisser tomber. Croisant les yeux bleus de Raven, Honey lui sourit de toute sa bienveillance mais ne relança pas la conversation, se contentant d'observer les doigts de la femme corbeau sur l'ordinateur entre elles. Le silence était d'or, du moins d'après l'expression consacrée, et faisait partie intégrante des conversations, d'après les livres que Honey avait lus. Raven, d'ailleurs, le brisa d'elle-même quand sa réflexion, ou quoi qui se soit passé dans son esprit, avait pris fin. Honey l'écouta attentivement, fronçant les sourcils à chaque fois que Raven se rabaissait elle-même. La jolie blonde était persuadée que Raven se jugeait bien trop sévèrement et que, simplification du récit et imprécision des souvenirs obligent, les événements relatés avaient, en fait, été bien plus complexes qu'elle ne s'en souvenait et, surtout, que d'autres sentiments étaient probablement en jeu également, que Raven en ait conscience ou pas. Le problème, c'était que Honey n'était pas forcément la meilleure pour les pointer du doigt et les expliciter. Les sentiments, quelle que soit leur nature, n'étaient pas une science exacte. Ils ne répondaient à aucune loi et ne pouvaient pas être décrits par une équation, pas même la plus complexe d'entre elles. Heureusement, Honey était un petit peu meilleure pour identifier les sentiments dans les relations des autres, son point de vue externe aidant probablement. Avec toutes les précautions du monde, elle reprit : - Peut-être que tu as suivi cet "idiot" comme tu l'appelles parce que tu avais fini par éprouver des sentiments à son égard à cause desquels tu te serais sentie... disons moins bien si tu ne l'avais pas suivi. Cela peut aussi expliquer que tu aies aussi mal vécu son abandon. En principe, on ne réagit aussi violemment à un abandon que lorsqu'on est attaché à une personne, à minima quand on éprouve un sentiment fort envers elle, nuança Honey. Quand ladite personne nous laisse indifférente ... son départ nous laisse en principe indifférent, conclut la scientifique, consciente des limites de son propre raisonnement. Elle était au maximum de la réflexion que son esprit était en mesure de produire vis-à-vis des sentiments et des émotions et n'aurait su dire si ses propos pourraient aider Raven. - Quant à ton ami, reprit la jeune femme après une courte pause, il a peut-être simulé un kidnapping pour non pas te fuir mais fuir ses propres sentiments à ton égard. Des fois ça arrive que, quand on ne comprend pas ses sentiments, au lieu de les affronter ou d'essayer de les analyser, on décide de les fuir car la fuite nous apparait comme quelque chose de plus facile, ajouta-t-elle doucement. Malheureusement pour la réflexion en cours, Honey ne connaissait que Raven, qui ne se livrait que depuis tout récemment. Elle n'avait jamais rencontré son "abruti de mari" et ne pouvait, de fait, que raisonner en fonction de ce qu'elle connaissait des comportements classiques que l'Homme avait face à ses propres sentiments, tout en sachant que cet homme pouvait très bien, lui aussi, défier toutes les probabilités. Comme Raven, en somme. Peut-être que le sort noir de Regina y avait vu une ironie particulièrement intéressante qui l'avait décidé à faire de Raven et Kot un mari et une femme, comme le précisa cette dernière en grinçant des dents. Ou peut-être qu'il avait, à sa façon étrange, réparer ce qui aurait dû être dans leur monde, si les réactions des uns et des autres ne s'en étaient pas mêlés. Peut-être aussi qu'il n'y avait pas de sens dans ce que le sort noir avait décidé, qu'il l'avait seulement décidé parce qu'il fallait bien statuer afin de créer de toutes pièces une ville cohérente et des histoires sensées pour ses habitants. Ce genre de réflexion faisait partie des raisons pour lesquelles Honey était reconnaissante que la malédiction de Regina ne se soit pas propagée jusqu'à Terre-2. Elle souhaitait n'avoir qu'une seule vie, comme c'était normalement le cas pour tous les êtres vivants. Par dessous tout, Honey redoutait que quelque chose, qui plus est quelque chose de magique, puisse implanter de fausses informations dans son esprit qui était le bien le plus précieux en sa possession. Perdre la tête, au sens métaphorique du sens (car le sens littéral, en fin de compte, n'était qu'une possible mort parmi tant d'autres) l'effrayait plus qu'à peu près tout sur Terre. Honey ne craignait pas d'être oubliée, mais peut-être était-ce parce que, contrairement à Raven, cela ne lui était pas arrivé. Dans tous les cas, cette absence de crainte ne l'empêchait pas d'éprouver énormément de compassion pour son amie. Lorsqu'elle entendait certaines histoires liées au sort noir, même si personnellement elle n'avait aucun grief envers Regina, Honey comprenait que tout le monde ne soit pas capable de l'apprécier. - Je suis vraiment désolée d'apprendre tout ça, souffla-t-elle une nouvelle fois d'une petite voix. Je comprends que tu sois agacée. Je le serais probablement aussi si j'étais dans ta situation, bien que je ne puisse pas formellement l'affirmer, ne put s'empêcher de préciser la scientifique en elle. La jolie blonde allait conseiller à Raven de pratiquer plutôt la boxe au lieu de faire comprendre à son mari à quel point il avait eu tort quand la suite de sa réponse tua dans l'œuf cet élan. Raven n'avait pas besoin de terminer sa phrase pour comprendre ce qu'elle n'avait pas osé avouer tout haut et, de fait, sourire plus largement, laissant place à la jeune femme romantique qu'elle pouvait être parfois, surtout s'il s'agissait des relations amoureuses de ses proches. - Je crois que je vois TOTALEMENT ce que tu veux dire, confirma Honey. J'ai l'impression que c'est souvent les personnes pour lesquelles on éprouve le plus de sentiments... disons positifs, comme l'amour, développa la jeune femme, utilisant, une fois n'est pas coutume, des termes inexacts par déférence pour Raven.... Qui nous font aussi ressentir les sentiments les plus dévastateurs. C'est pas évident, de toute façon, les sentiments. Même pour moi. Tiens, tu vas rigoler... enfin, peut-être, nuança Honey qui ne souhaitait pas présupposer des réactions de Raven. Je ne comprends jamais quand une personne a des sentiments amoureux pour moi ou qu'elle flirte. Et pourtant j'ai 187 points de QI, ce qui est beaucoup. Mais... comprendre ces choses-là, je trouve que c'est compliqué. C'est sans doute embêtant parce que j'aimerais bien me reproduire, mais si je ne suis pas capable d'identifier un partenaire intéressé... Enfin, je ferais mieux de ne pas parler de ça, je ne voudrais pas raviver de mauvais souvenirs. Par contre, je voudrais te demander quelque chose : j'aimerais bien que tu arrêtes de te déprécier comme tu l'as fait à plusieurs reprises dans ton récit. Tu ne mérites pas de parler aussi mal de toi. Tu veux bien ? Honey avait du mal à voir pourquoi Raven ne voudrait pas : en dehors de cette histoire elle ne l'avait jamais entendue se déprécier parce qu'elle avait une très haute opinion d'elle-même. Ca ne paraissait donc pas difficile de la lui faire retrouver. A priori.
Étrangement (ou pas du tout), Raven ne voulait pas comprendre le lien entre la chouette et la beauté. L’oiseau noir avait très envie de croire que le mot corbeau qui, d’ailleurs, se prononçait comme « corps beau », était plus approprié pour parler de beauté. Les chouettes n’avaient rien de joli, point. Il ne voulait même pas tergiverser là-dessus plus de cinq secondes. Il n’en avait pas besoin pour être sûr de lui. La beauté de ses plumes noires, c’était tout ce qu’il restait de corbeau, chez lui, alors Raven avait, un peu trop, tendance à s’y raccrocher de toutes ses forces. Le reste était bouffé par la noirceur et les mauvais sentiments qui seyaient mieux aux démons, même s’il n’avait compris que récemment, l’oiseau noir, qu’il entrait dans cette catégorie étrange de personnages.
En tout cas, le sujet avait été détourné d’une main de maître et la taxidermiste s’en félicitait silencieusement. Comprendre les humains était une tâche difficile qu’elle prenait rarement le temps d’exécuter, mais il semblait, à Raven, qu’elle pigeait de mieux en mieux ce qui devait être dit, à quel moment, pour intéresser Honey et détourner son attention. Était-ce ça, au fond, l’amitié ? Réussir, par une pirouette mentale vive et efficace, à identifier ce qui plaît, intéresse ou énerve la personne qu’on côtoie. Une chose qui ne déplaisait pas tant à Raven qu’elle aurait aimé le croire. Au fond, ça voulait dire qu’elle s’adaptait bien mieux à sa vie humaine qu’elle ne le pensait, avant. Et cette vie lui déplaisait moins qu’elle voulait le faire croire à tout le monde.
Les yeux bleus de Raven revinrent accrocher ceux de Honey, à l’évocation de son manque de patience, dans certaines situations. Une donnée qui ne choqua pas la brune, pour tout avouer. Dans cet ego taillé pour elle, formé autour de son être tout entier pour la préserver du reste du monde, Raven ne voulait pas croire que ses faiblesses n’étaient pas, aussi, celles des autres. La colère, l’impatience, l’incompréhension, l’humiliation. Si l’oiseau noir arrivait à plonger dedans de tout son être, alors il aimait se persuader que tout le monde pouvait tomber avec lui. Puis, franchement, il ne voyait pas qui ne perdrait pas patience, devant un humain plus têtu qu’un âne ! Et Raven en avait connu, des ânes têtus.
» S’il y a bien une chose que j’ai compris, c’est qu’éclater un coup, clac ! (Elle claqua des doigts.) C’est vital pour tout le monde, même les plus calmes des humains. Ça fait étrangement du bien, non ?
Raven prenait son temps, certes, pour comprendre ses envies humaines, ses sentiments et ses besoins, mais elle prenait, peu à peu, conscience de ce qui l’animait. Et elle savait que faire parler sa frustration, la laisser exploser au grand jour plutôt que de la retenir, lui faisait un bien fou. La tension, ce n'est bon pour personne. La brune était, juste, plus encline que les autres à la faire parler pour s’en débarrasser. Et elle n’était pas du genre, elle, à avoir honte de s’être énervée. Sauf si le témoin de sa crise de colère avait des yeux fendus sur des pupilles félines.
La taxidermiste échappa un sourire discret, à entendre Honey se rattraper de justesse pour ne pas réutiliser la même expression que plus tôt. C’était, en partie, ce que la brune appréciait chez la blonde : cette façon qu’elle avait de comprendre la complexité de Raven et d’essayer d’éviter de la mettre en colère ou de l’insulter sans le vouloir. Ce qui n’était pas franchement une chose aisée, puisque la brune était, clairement, du genre à sauter sur la moindre occasion de se sentir blessée. Ce qui, au passage, lui donnait de bonnes excuses pour titiller le monde et se venger.
Elle grimaça peut-être un peu, oui, à l’entendre dire que c’était très gentil, mais Raven ne préféra pas s’attarder sur la question et se concentrer, plutôt, sur le subtil changement d’expression pour ne pas la brusquer. Ce n’était pas donné à tous les humains, de comprendre que Raven n’aimait pas parler d’oiseaux. Honey avait cette intelligence qui ne manquait jamais de plaire davantage encore à la taxidermiste. Les cerveaux bien faits ne couraient pas les rues de Storybrooke, malheureusement.
Au fond, Honey avait cette façon toute à elle d’appréhender Raven qui permettait, à la brune, de se reposer. C’était étrange à dire, mais c’était la vérité. Avec elle, elle ne ressentait pas le besoin de s’énerver, de critiquer un bon coup son interlocutrice et de lui prouver, par quelques comparaisons ornithologiques qui n’avaient de sens que pour elle, qu’elle méprisait la petite blonde et ne lui permettait pas de la juger. En fait, Raven ne la méprisait pas et c’était ce constat qui permettait de lui avouer, si franchement, qu’elle était sa seule amie. De toutes leurs visites, la brune n’avait jamais eu envie de mépriser Honey sur un autre sujet que son humanité. Ce qui aurait été franchement bête, même de la part de Raven, pourtant raciste à en crever.
» Et je t’assure que tu regretterais d’en avoir ne serait-ce que l’idée, grinça-t-elle, dans une vaine tentative de cacher que sa… promesse la touchait. Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça.
Elle savait pertinemment, la brune, qu’il n’existait pas de solution miracle à son problème. Le démon-chat s’était arrangé pour que les choses ne puissent jamais retrouver leur état d’origine. Raven se devait, désormais, de faire une croix sur ce qu’elle avait été pour avancer vers l’avenir. Mais quel avenir avait-elle, dans cette ville ? Honey était sa seule amie et l’entendre dire, avec tant d’optimisme, qu’elle ne la laisserait pas tomber, réchauffa le corps de Raven qui n’osait pas la regarder, pour qu’elle ne voit pas la joie et la fierté, au fond de ses yeux bleus. Elle se frotta même un peu le thorax, au-dessus de la poitrine, pour faire passer ces quelques battements précipités et la chaleur étrange qui lui venait soudain.
Parler de sa vie, de cette drôle d'histoire avec Kot, réussit à évincer cette impression de chaud, dans ses poumons (le déni jusqu’au bout). Une douche froide qui ramena ce souffle glacé que Raven connaissait bien et lui permettait de faire croire qu’elle était insensible au monde entier, qu’elle n’avait toujours pensé qu’à elle et à personne d’autre. Jamais. Sauf que ses mots prouvaient bien, au contraire, que Raven avait, un peu trop, tendance à se donner tout entier dans ses relations étranges. L’amitié qu’il nouait avec le chat noir était viciée du début à la fin, mais le corbeau avait été prêt à tout pour lui. Il avait failli se déchaîner sur une foule entière d’humains, pour leur faire regretter d’avoir tué celui qu’il accompagnait. Au prix de sa propre vie, sans le moindre doute, mais l’envie avait été là, au creux de son corps noir, et il s’en était fallu de peu pour que le corbeau ne joue les kamikazes.
Son récit terminé, Raven releva ses yeux bleus sur Honey et se demanda, soudain, pourquoi elle lui racontait toute cette histoire. Qu’attendait-elle de la blonde ? Certainement pas de la compassion ou de la compréhension. Peut-être un conseil ? Qu’elle lui dise de partir une bonne fois pour toutes, sans se douter de la fatalité qui se cachait derrière ce conseil. Peut-être n’attendait-elle rien de particulier. Comme une envie étrange de se confier à quelqu’un qui, peut-être, pourrait comprendre l’essence-même du problème, la raison pour laquelle Raven n’arrivait pas à se résoudre à abandonner le chat comme il l’avait abandonné plusieurs fois déjà. Elle n’en savait rien, mais il lui apparaissait, étrangement, que le simple fait de se confier la libérait d’un poids insoupçonné.
Une fois encore, Raven se surprit à attendre la réponse de Honey. Ses yeux ne quittaient plus la blonde et elle comprit qu’elle serrait les poings d’appréhension à l’instant où elle prit la parole et que ses doigts se desserrèrent. Étrangement, elle aurait cru que la réponse de son amie l’aurait énervée, poussée un peu plus dans ces mauvais sentiments qu’elle connaissait si bien. Pourtant, ce ne fut pas le cas. Raven pinça les lèvres et écouta attentivement des mots qu’elle savait justes. La vérité balancée avec tant de facilité qu’elle trouva ça presque… effrayant. Il lui avait fallu tant d’années pour comprendre ce qui l’habitait, là où il n’avait fallu qu’une poignée de secondes à la scientifique pour comprendre le cœur du problème : Raven aimait Kot. D’abord comme le meilleur ami qu’il aurait pu avoir, maintenant comme une humaine aime l’humain qu’elle a choisi pour la vie.
» Je n’aime pas l’avouer, mais tu as raison en ce qui me concerne, commença-t-elle, en se mordillant le bout du pouce, sans y penser. Par contre, pour lui, je crains que la réponse soit on ne peut plus simple : c’est un gros égoïste qui n’a toujours pensé qu’à lui. Il s’ennuyait, alors il est parti affronter le monde, sans même se demander deux secondes si je ne m’ennuyais pas, moi aussi. Je l’ai attendu comme un abruti, persuadé qu’il n’était pas mort et qu’il reviendrait me chercher. Quand il est enfin là, il se contente de partir sans se retourner… ha ! Ne t’attache jamais à un chat, Honey, ce sont les pires.
Ou peut-être était-ce le démon, le problème ? Raven ne savait plus si son mari était aussi bête à cause de sa nature première ou de ce qu’on avait fait de lui. Quoi qu’il en était, elle ne doutait pas qu’il n’avait pas le quart de l’intelligence de Honey qui, elle, savait que dire, à quel moment. L’autre bafouillait quand il ne fallait pas et ne pouvait s’empêcher de toujours tout faire tourner autour de lui, même quand il ferait mieux de la fermer un coup et d’écouter ce qu’on lui dit. OK, Raven n’était pas loin d’être comme lui. Sauf que face aux mots de Honey, la brune apprenait, pour la première fois de sa vie, sans doute, à écouter très attentivement et ne pas la couper.
D’un revers de main, la taxidermiste essaya de minimiser l’impact de toute cette histoire, en rejetant maladroitement les excuses de Honey qui, de toute évidence, n’avait rien à voir dans cette histoire, au final. Elle appréciait, tout de même, Raven, de l’entendre dire de cette façon bien à elle, qu’elle imaginait à peu près sa peine, tout en se gardant une distance sécuritaire avec le sujet. Sans l’avoir vécu, il était compliqué de savoir de quelle façon chacun réagirait. Même Raven comprenait ce concept, bien qu’elle faisait mine du contraire.
» C’est du passé, tout ça. Les choses finiront par… j’ai envie de dire « s’arranger » mais je ne suis pas certaine que ce soit le mot exact. Disons que ça se décoincera à grands éclats de voix. Et nous verrons bien, à ce moment-là, ce qu’il adviendra.
Raven n’avait plus vraiment envie de faire d’efforts pour lui. Si Kot ne comprenait pas, comme un grand, le mal qu’il avait fait et de quelle façon il pourrait la retenir, alors tout serait fini, sans doute. La brune comprenait, maintenant, qu’elle était retenue en arrière par ce boulet de première. Soit il cessait de jouer les idiots et prouvait qu’elle n’avait pas épousé un chat domestique, soit elle se concentrerait, désormais, sur les quelques humains qui méritaient un peu d’attention, comme Honey qui comprenait tout si bien.
Et, d’ailleurs, son histoire l’intrigua fortement. Raven finit même par échapper ce rire un peu grinçant qui était le sien.
» Tout serait tellement plus simple pour toi, petite mésange, si tu étais un oiseau comme moi. Il te suffirait de les voir sautiller devant toi, tortiller de la queue et remuer les ailes pour te prouver qu’elles sont les plus belles, pour comprendre qu’ils ont très envie de te voir pondre un œuf. Oh, attends. (Raven échappa un petit rire et haussa les épaules.) J’ai comme l’impression que les hommes ne sont pas si différents.
Comme des réminiscences d’une époque lointaine qui lui permettaient de jouer sur ses propres mots, ce qu’elle ne faisait pas souvent, la brune. Généralement, elle se contentait du premier degré et si elle parlait de poule, de pigeon ou de mésange, il ne fallait pas aller chercher plus loin que l’animal évoqué et sa… position hiérarchique dans le respect du corbeau.
» T’as raison, c’est indigne de moi, affirma-t-elle, en prenant une position bien plus hautaine, le torse gonflé, le menton dressé. Toi et moi, Honey, on est au-dessus de ça.
Ça désignant le monde entier que Raven survolait à longueur de journée pour se rappeler qu’aucun humain, jamais, ne pourrait l’atteindre. Elle était maître de sa vie et elle ne devait pas laisser un chaton lui faire croire le contraire.
» Pour ce qui est de ton envie de te reproduire, ce que je ne peux que comprendre, la meilleure solution est peut-être d’être franche. Le leur demander bien en face pour qu’ils arrêtent de tourner autour du pot. Tiens, ça, je sais à peu près ce que ça veut dire, t’as vu. (Elle secoua un peu ses cheveux, très fière d’elle.) Sinon, en tant que corbeau, je ne suis pas partisan de cette façon de vivre, mais certains se contentent de trouver le meilleur parti, puis la femelle élève seule ce qui a bien pu naître d’une telle idée de la vie. (Elle haussa les épaules.) Pas franchement une bonne idée, mais chacun sa façon de faire, j’imagine.
En tant que corbeau, Raven n’avait choisi qu’un seul partenaire pour le restant de sa vie. La fidélité des siens n’était entachée qu’à l’instant où le couple ne pouvait pas avoir de descendance. Sauf que Raven et Kot avaient eu deux enfants. Deux enfants qu’il n’avait même pas aimés, cet abruti de chat pas fichu de réfléchir, trois secondes, à autre chose qu’à sa petite pomme. Quoi qu’il en était, Raven ne pouvait pas aller contre ses principes : il était le seul de sa vie et elle lui serait fidèle. Une pensée qui la ramena à Honey et lui permit de donner, sur un ton neutre pour faire mine de rien, le meilleur compliment qu’elle lui ferait de sa vie, sans doute :
» Mais tu m’as clairement plus l’air d’un corbeau.
Honey Lemon
« Science is magic that works. »
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Raven n'avait pas tort et son illustration par un claquement de doigts était fort à propos et ne put s'empêcher d'ajouter avec enthousiasme : - Oui, exactement ! C'est similaire aux cocottes-minutes. Sans soupape de sécurité qui relâche la pression quand elle devient trop importante, ça ne pourrait pas fonctionner. Honey ne savait pas si Raven cuisinait et même si elle cuisinait, peut-être n'utilisait-elle pas de cocotte-minute. Mais aux yeux de la jeune femme, cette analogie était parfaite. Bien sûr, elle ne constituait sans doute pas une excuse valable pour justifier un accès de colère et des mots dépassants la pensée. Tout au plus la comparaison pouvait-elle susciter empathie et compréhension mais, que ce soit bénéfique ou non, Honey essayait, en général, d'éviter les accès de colère. En public, du moins. Elle prônait le consensus et s'y appliquait aussi souvent que possible. En fin de compte, il fallait de la volonté ou très peu de considération pour ses principes pour réussir à énerver Honey. De ce point de vue-là, elle était très différente de Raven. Mais à bien des égards, les deux femmes se ressemblaient énormément. Toutes les deux avaient une façon particulière, pour ainsi dire unique, de fonctionner et il n'était pas impossible que ce soit précisément ce détail qui les ait initialement rapprochées. - Ca tombe bien, je ne comptais pas me débarrasser de toi ! s'exclama encore une fois Honey, consciente que proposer un gros câlin risquait de rendre Raven malade. Et la jolie blonde l'acceptait. Elle prônait le consentement en plus de prôner le consensus. Jamais ô grand jamais elle n'imposerait une proximité, qui plus est physique, à quelqu'un qui n'était pas à l'aise avec ce concept. Et force était de constater que Raven n'était pas démonstrative. Attachée à une poignée de personnes, certes, mais peu désireuse de le montrer, préférant se réfugier derrière sa carapace d'oiseau solitaire. Sauf que Raven n'était pas n'importe quel oiseau. C'était un corbeau, or ces oiseaux étaient réputés pour avoir un sérieux sens de l'attachement. Qu'elle le veuille ou non, même la femme oiseau ne pouvait pas lutter contre sa nature profonde. Mais elle pouvait toujours baisser les yeux pour éviter de croiser le regard de Honey et se retrouver d'autant plus gênée. Par délicatesse, la jolie blonde prétendit ne pas avoir remarqué. C'était la moindre des choses étant donné la conversationnelle très personnelle que les deux femmes entretenaient autour de l'ami félin de la femme oiseau. Avec la même empathie, Honey se contenta d'un hochement de tête en apprenant qu'elle avait vu juste dans son analyse de l'histoire de Raven. - C'est parce que j'ai choisi une approche logique en me concentrant sur l'essentiel et en faisant le tri avec les détails, expliqua-t-elle simplement. Je ne pourrais pas me permettre de juger davantage ton ami mais... En fait j'ai un chat de compagnie, avoua la jeune femme. Un chat ordinaire, je veux dire. Enfin... il est noir et borgne, ce qui n'est pas vraiment ordinaire mais il ne peut pas devenir humain comme toi, il ne parle pas. C'est juste un chat et je l'aime beaucoup. Il est très affectueux. Cela dit, je prends note de ton conseil sur les chats, tu as manifestement de solides expériences pour tirer tes conclusions, assura la scientifique avec conviction. Honey n'était pas du tout certaine que Raven apprécierait d'apprendre qu'elle possédait un chat. Mais elle n'aurait sans doute pas apprécié d'apprendre qu'elle avait un oiseau, soit parce qu'elle l'aurait mis en cage (ce que Honey se refusait de faire, même si elle adore les oiseaux), soit parce qu'elle n'avait pas choisi un corbeau. D'une certaine façon, quoiqu'elle aurait pu répondre, il était probable que la jolie blonde ait "tort" selon les règles de Raven. Mais elle préférait jouer franc jeu plutôt que de lui mentir tout en l'encourageant à avancer. Car la femme oiseau avait raison : ça n'amenait jamais rien de bon de s'appesantir sur le passé. Raven avait encore toute la vie devant elle, qui lui réservait sans doute de nombreuses bonnes surprises mais aussi des moins bonnes, face auxquelles elle pourrait compter sur l'oreille attentive de Honey et son soutien. Quant à la blonde, elle pouvait aussi compter sur les commentaires de Raven face à ses interrogations, même si elle avait tendance à tout rapporter aux oiseaux. Toutefois, les mésanges étaient d'adorables créatures et la jolie blonde ne voyait aucun inconvénient à être comparée avec elles. En outre, l'analogie de Raven était tellement limpide que la scientifique aurait presque pu regretter de ne pas être un oiseau, effectivement. Honey gloussa allègrement. Elle avait compris la blague et la trouvait vraiment très, très drôle. - Je crois que je ne vais pas oublier ta comparaison de si tôt ! Merci Raven, vraiment. Je suis sûre que ça m'aidera à comprendre quels hommes voudraient que je "ponde un œuf". La scientifique pratiquait très peu le sarcasme. Elle était parfaitement sincère envers Raven. Bien sûr, il fallait adapter le comportement des oiseaux à celui des hommes, a priori ces derniers ne remuaient pas véritablement la queue pendant leur parade de séduction, mais les clés de compréhension principales étaient là, quelque part, dans cette analogie. L'Homme restait un mammifère, après tout. Même le plus civilisé d'entre eux avait conservé une part de ses instincts et demeurait sensible aux hormones et autres injonctions de la reproduction pour faire perdurer l'espèce. Il était possible que l'inversion temporaire des rôles, qui avait fait passer Raven de conseillée à conseillère, combinée à la demande de Honey, ait permis à la femme corbeau de reprendre du poil de la bête (ou des plumes, nous ne voulons offenser personne) car elle était soudainement plus comme Honey la connaissait. Fière, presque altière, avec le monde à ses pieds. Et la jolie blonde préférait la voir ainsi. C'était important d'avoir confiance en soi. Et c'était sans doute ce regain d'assurance qui lui permettait de continuer à dispenser ses judicieux conseils. - Toi aussi tu as raison. C'est bien mieux quand les gens ne tournent pas autour du pot, approuva Honey. Et bravo pour cette expression parfaitement utilisée, la félicita-t-elle avec enthousiasme (il n'y avait jamais de petites victoires, après tout). Ah, ça serait tellement plus facilement si tout le monde était plus factuel, plus direct ! Les gens me regardent souvent de travers quand je suis très franche mais au moins on sait ce que je pense et ce que je veux, non ? Comme la question était rhétorique, Honey n'attendit pas pour poursuivre sa réflexion, ayant, effectivement, déjà pensé aux possibilités que la science offrait pour faire un bébé toute seule, comme le disait la chanson. Honey ne se risquerait certainement pas à expliquer la PMA à Raven, mais elle pouvait poursuivre sur l'idée d'élever sa progéniture toute seule sans la perturber. - J'y ai pensé, en fait, à élever un enfant toute seule. On verra bien. Je ne serai normalement pas ménopausée avant une vingtaine d'années, j'ai encore un peu de temps devant moi, raisonna la scientifique, presque plus pour elle-même que pour son amie. C'est à cet instant que l'intéressée, justement, décréta que Honey avait davantage l'air d'un corbeau. Ce compliment, dans la bouche d'un oiseau aussi fier que Raven, témoignait d'une profonde estime envers Honey, dont les joues rosirent de plaisir. Comme quoi, on n'avait pas toujours besoin de grandes déclarations ou d'étreintes passionnées pour communiquer des sentiments extrêmement puissants. En quelques mots seulement, Raven venait de le prouver et de viser juste quant à la conception de la famille idéale que Honey avait. L'avantage quant on est un génie, c'est qu'on retient énormément de choses. Honey savait, de fait, suffisamment de choses pour comprendre toute l'étendue de ce compliment, comprendre notamment pourquoi Raven l'avait laissé s'envoler à ce moment précis. Les corbeaux étaient des oiseaux fidèles. Ils choisissaient un seul et unique partenaire pour la vie. Et c'était, en partie, de cette façon que Raven envisageait Honey. - Merci Raven. Ca me fait très plaisir que tu me trouves digne d'être comparé à ton espèce, je sais que tu y es très attachée et que tu ne dirais pas ça à n'importe qui. Je suis touchée, assura Honey. En plus, tu as raison une fois de plus. A choisir je préfère établir ma famille comme le font les corbeaux. On verra bien ! conclut la scientifique en voulant rester optimiste. On sait jamais ce que la vie nous réserve, de toute façon. En tout cas, c'est cool ? Je t'aide à avancer dans ta vie, tu m'aides avec la mienne ! Tu as de grandes qualités en tant qu'amie, parce que ça, c'est TYPIQUEMENT ce que font les amis entre eux. Je vais essayer de penser aux oiseaux la prochaine fois que j'aurai l'impression qu'un homme me tourne autour. Je te dirais si ça m'a aidée !
Honey possédait un chat. Honey possédait un chat. Honey… Raven eut beaucoup, beaucoup, beaucoup de mal à s’empêcher de montrer à quel point cette information ne lui plaisait pas. Elle garda une poker face qu’elle se connaissait rarement et se contenta de battre des cils, plusieurs fois, sans rien dire. Un chat noir, en plus, histoire de bien enfoncer le couteau dans la plaie. Quelle idée avait-elle eue ? Raven se retint de lui dire bien en face qu’elle ferait mieux de le jeter par la fenêtre ou de le lui donner pour qu’elle l’empaille. Il lui causerait beaucoup moins d’ennuis s’il était plein de mousse. Néanmoins, elle savait pertinemment que sa haine des chats noirs ne venait que de son mari et que les autres n’avaient, au fond, rien fait de mal.
Au moins, celui-ci n’était qu’un chat comme les autres et avait, peut-être, pour lui, le bénéfice de ne pas être un démon. C’était peut-être, au fond, le seul problème de celui autour duquel elle essayait de tourner sans aucun succès. Raven n’était pas un charognard pour rien et ses ronds réguliers ne perdaient jamais de vue sa cible. Tôt ou tard, elle descendrait en piqué, même si elle n’était, clairement, pas un oiseau de proie, et le fin mot de toute cette histoire serait donné. Est-ce qu’elle en sortirait seule ou accompagnée ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle ne voulait plus faire le moindre effort pour un homme qui n’en faisait pas le moindre non plus.
» De l’expérience, oui, ceci dit, on sait toi et moi qu’il y a toujours des exceptions. Mon chat est un débile, le tien est peut-être bien. Tout comme tu es une humaine unique et moi, un corbeau qui n’a rien à avoir avec les autres. Qui sait. Profites-en tant qu’il est là, j’imagine.
Raven préférait ne pas trop s’attarder sur la question. Parler des félins ne lui plaisait pas vraiment. Il s’agissait, tout de même, à la base, de ses prédateurs naturels. Même si Raven se savait assez intelligente pour ne jamais tomber entre leurs griffes, elle ne pouvait pas réfréner entièrement un instinct inscrit dans ses gênes. Ce qui était assez étrange, d’ailleurs, était de pouvoir rester dans la proximité de Kot sans avoir à s’inquiéter qu’il lui saute à la gorge et décide de la manger. Elle savait qu’il ne le ferait jamais. Et cette confiance ne lui plaisait pas plus que de se trouver dans la même pièce qu’un autre chat.
La taxidermiste n’était pas certaine que ses commentaires pourraient vraiment aider Honey puisqu’elle ne savait pas, elle-même, reconnaître un homme qui serait intéressé par une femme. Elle avait, déjà, un peu de mal à reconnaître un homme d’une femme, parfois, quand elle ne voulait pas faire l’effort de réfléchir deux secondes. Elle savait, en revanche, reconnaître un corbeau qui prenait trop la confiance et Raven savait, d’une main de maître, le leur faire regretter. Pour les hommes qui oseraient tenter de la toucher… Leur sort risquait de ne pas être différent de tous les piafs qu’elle becquetait. Et, encore une fois, il s’agissait d’une expression que l’oiseau prenait au sens premier du terme. » La franchise, il n’y a rien de mieux, décréta-t-elle, avec un hochement de tête. C’est une perte de temps incroyable de tourner en rond quand on peut aller tout droit.
En tout cas, la franchise de Honey ne dérangeait pas Raven, dans la limite où elle ne viendrait pas lui balancer au visage des bêtises comme l’avait fait Axel. Les insultes, la brune se contenterait de les regarder d’un œil mauvais et de les balancer sur le côté d’un revers de main. Les mots gentils, en revanche… elle avait beaucoup plus de mal à les accepter. Ça faisait bobo à sa vilenie, sans le moindre doute. Raven n’aimait pas tellement qu’on lui rappelle qu’elle était une grand-mère qui avait aimé serrer ses petits-enfants contre elle.
Elle ne répondit rien sur la ménopause et le temps qui passait. Le temps était une chose étrange que Raven avait encore du mal à comprendre, parfois. Il lui avait fallu une année entière pour assimiler le fait que ses petits-enfants ne pouvaient pas avoir le visage qu’elle en gardait en mémoire. Ils avaient vieilli. Puis, de son expérience à elle, Raven n’avait pas attendu très longtemps pour tomber enceinte, deux fois d’affilée. Les corbeaux ne prenaient pas le temps de profiter de la vie, il fallait aller à l’essentiel sans tergiverser.
» T’en fais pas, j’arrête là les comparaisons, je vais pas t’amener de branches pour ton petit nid douillet, ricana Raven, en prenant en main son ordinateur et le chargeur qu’elle enroula autour. Je sais pas si je t’aide, je dis ce que je pense. Si la franchise est une qualité d’ami, alors t’es pas mal dans ton genre.
Raven préférait rester dans le déni total qui lui allait si bien et ne pas accepter les compliments qu’on venait de lui faire, même si, au fond, elle était bien contente de les entendre et Honey pouvait parier qu’elle ne les oublierait pas de sitôt. Elle serait même capable, en vérité, de les ressortir à quelqu’un d’autre comme une vérité générale : « Je suis une bonne amie, c’est Honey qui l’a dit. »
» Fais gaffe quand même, tourner autour, c’est ce qu’on fait au-dessus des proies. Si t’en as un qui se prend pour un prédateur, tu peux me le dire aussi. Les mains humaines sont bien pratiques pour donner des baffes, tu savais ? (Elle ricana à nouveau, de ce rire grinçant bien à elle.) Les humains sont que des animaux au fond, si tu gardes ça en tête, tu pourras peut-être comprendre certaines choses plus facilement. Peut-être pas.
Elle haussa les épaules et coinça l’appareil sous son bras, en approchant de Honey. Comment on disait au revoir à un ami ? Raven lui aurait bien serré la main, mais elle tenait son ordinateur sous le bras. Comment ça, aucun rapport ? La brune ne voulait pas s’attarder sur le sujet. Elle se contenta de choisir la première chose qui lui passait par la tête : elle posa la main sur l’épaule de la blonde et tapota gentiment.
» Merci pour l’ordi, Honey. Et… le reste. (Ce qu’elle ne répéterait pas.) T’es vraiment top. Je te laisse à tes occupations, je vais aller… charger ce truc et tirer partout, haha.
Une blague, évidemment. Raven avait bien compris comment tout ça fonctionnait, maintenant. Il ne restait plus qu’à croiser les doigts, pour la survie de l’ordinateur, qu’elle ne rencontre pas un autre bug à l’avenir. En attendant, la brune sortit, pour la première fois, peut-être, depuis qu’elle venait embêter Honey, par la porte d’entrée.
Honey Lemon
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C'était une bonne chose que Schrödinger ne soit jamais au laboratoire avec Honey. De cette façon, Raven avait très peu de chance de se retrouver face à lui et, manifestement, il valait mieux que les choses se passent ainsi. Il valait mieux aussi ne pas épiloguer sur le sujet car la jolie blonde voyait à quel point la femme corbeau (qui était effectivement un oiseau rare) luttait pour ne pas être trop méprisante envers les chats. Quant à la chimiste, elle avait été bien inspirée de ne pas dégainer son téléphone portable pour montrer les quantités de photos qu'elle postait de Schrödinger sur Instagram. Ca aurait sans doute achever Raven pour de bon. De ce côté-là, elle était un peu comme GoGo : elle n'aimait pas les choses que la plupart des gens trouvaient mignonnes. Mais curieusement GoGo et Raven, qui s'étaient déjà croisées, ne s'appréciaient pas. Comme quoi, les personnes similaires n'étaient pas toujours faites pour bien s'entendre, peut-être à l'inverse de celles qui étaient radicalement différentes. Comme Honey et Raven, justement. Et pourtant, elles optaient parfois pour des raisonnements tellement similaires que c'en était presque renversant. Comme lorsque la femme oiseau parlait d'aller tout droit plutôt que de tourner en rond. - Ca c'est bien vrai ! s'écria la scientifique, avec plus qu'une pointe d'excitation dans la voix. Tu te rends compte ? Tu viens d'appliquer un principe fondamental en mathématiques, à savoir que le chemin le plus court pour relier deux points c'est la ligne droite. Tu pourrais être une scientifique, tu as exactement la logique pour ! C'est fun, non ? On fait des fois des maths sans s'en apercevoir ! Honey fit ce constat en arborant un large sourire même si elle savait, au fond, que très peu de personnes étaient en mesure de s'extasier d'un pareil détail. Et la jolie blonde n'en voulait à personne. Il lui en fallait davantage pour que son petit plaisir soit gâché, d'autant que Raven apprécierait au moins le compliment que contenait cette remarque. Honey la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle appréciait toujours les compliments. Mais qui ne les appréciait pas ? Même les plus humbles comme elle rosissaient de plaisir quand on leur en faisait un. Humaine unique était un très beau compliment dans son genre, un de ceux que Honey garderait au chaud dans son cœur. De la même façon, elle comptait bien se souvenir de sa comparaison avec les oiseaux pour mieux comprendre les parades de séduction des hommes et gloussa en imaginant Raven lui rapportait du branchage pour son nid. Puis son sourire s'élargit encore davantage et ses joues, fidèles à elles-mêmes, rosirent de plaisir quand elle entendit qu'elle était pas mal dans le genre amie. C'était là encore l'un de ces compliments qu'elle chérirait. Car l'amitié était l'une des valeurs principales de Honey. Ce n'était sans doute pas un hasard si elle avait autant d'amis, d'ailleurs. C'était bien la preuve que c'était quelque chose à quoi elle tenait particulièrement. D'ailleurs, la jeune femme s'employait avec un certain acharnement à toujours être la meilleure amie possible pour ses proches. Manifestement, elle n'y arrivait pas trop mal. Mais Raven n'était pas en reste, quoiqu'à sa façon. Elle n'avait d'ailleurs pas tort : les mains humaines pouvaient, effectivement, servir à frapper. Mais Honey devait bien admettre qu'elle essayait de ne jamais remédier à la violence si elle pouvait l'éviter. Alors elle n'épilogua pas davantage, se contentant d'opiner. Ca ne serait pas trop difficile pour la scientifique de garder en tête l'idée que les humains étaient des animaux comme les autres. Ca, elle le savait déjà, depuis de nombreuses années. Mais peut-être n'essayait-elle pas suffisamment de comprendre ses pairs comme elle étudiait les autres espèces. Le point de Raven était en fait plutôt inspirant. Et ses efforts pour se montrer plus amicale et tactile étaient vraiment très, très prometteurs. A moins que ce soit seulement parce que Honey voyait toujours tout au travers d'un prisme d'hyper positivisme. N'empêche que c'était la première fois que la femme oiseau lui tapotait l'épaule en guise d'au revoir. Honey savait que c'était loin d'être un comportement naturel et spontané pour Raven. Elle voyait ses efforts, ses progrès, sa bonne volonté (même si elle savait que jamais Raven n'admettrait avoir de bonne volonté). - Y a vraiment pas de quoi, assura la jolie blonde, absolument ravie d'avoir dépanné son amie. Amuse toi bien avec l'ordinateur et si jamais il a un souci, essaye de d'abord venir me voir avant de... faire quelque chose d'impulsif, sourit Honey. Elle n'avait pas besoin d'être plus explicite, ç'aurait été prendre Raven pour plus bête qu'elle ne l'était. Et tandis que cette dernière, une fois n'est pas coutume, quittait le laboratoire en utilisant la porte, Honey la regarda filer en agitant la main. Quand Raven eut disparu de son champ de vision, elle se remit effectivement à ses travaux, se prenant à fredonner, parce qu'elle était contente d'avoir passé un aussi bon moment avec une amie aussi spéciale.