« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Tout semblait rentrer dans l’ordre. Violette était restée en retrait de toutes les discussions, de toutes les tortures faites sur le Superviseur. La seule chose que la jeune femme voulait c’était rentrer à Storybrooke. Alors franchement, Violette n’en avait que faire de toute cette agitation. La jeune femme croisa les bras, attendant avec peu de patience que quelqu’un parvienne à les sortir de là. Et ça arriva enfin ! Tim avait réussi à pirater le pip boy du Superviseur et de faire apparaître une porte.
Et alors même que cette porte était leur délivrance, il fallait encore que le groupe se mette à discuter et à tenter de trouver un accord pour savoir ce qu’il fallait faire du grand méchant de l’histoire. Personnellement, Violette s’en fichait un peu. C’était un crétin qui avait osé mettre en danger la vie de 6 personnes juste pour une stupide histoire de jeu vidéo ayant reçu une mauvaise critique. Franchement, elle l’aurait laissé ici. Mais finalement, son côté super-héros reprit le dessus sur son mauvais côté. Laisser quelqu’un derrière n’était pas acceptable, bon au mauvais. Il devait retourner à Storybrooke avec eux pour que justice soit faite. Ainsi Violette ne se mit pas en travers de la décision commune.
Mais il était hors de question que Violette reste une seconde de plus dans cet endroit pixélisé et sombre. Elle voulait tellement retrouver l’air pur et frais. Alors elle fit un premier pas vers la porte de sortie avant de finalement être interrompue par Kowalski qui était à ses côtés. S’en suivit une petite discussion avec lui. Il était vrai que ça ne se faisait pas de quitter le jeu sans dire au revoir à ses compagnons d’infortune. Enfin…avait-elle vraiment envie de dire au revoir à tout le monde ? Certain ne le méritait pas. Et en parlant de certain, Violette pensait évidemment à Bran. Elle n’avait eu aucune accroche avec le garçon à l’avatar de goule. Elle l’avait trouvé tellement chiant. Mais les autres avaient le droit à un petit mot chacun.
Naturellement, Violette alla vers Alastor. C’était celui avec lequel elle avait eu le plus atome crochu, avec Kowalski. Ils avaient passé une grande partie de cette aventure à 3 et ils avaient été un très bon trio, en tout objectivité !
« De toute cette aventure non souhaitée, vous avez été ma meilleure rencontre. Vraiment. »
Alastor lui adressa un sourire. Il semblait touché.
« J’en suis flatté ! J’aurais souhaité vous voir à l’œuvre avec le couteau que je vous avais laissé... Mais je suppose que ce sera pour une prochaine fois. »
« Hmm…Ce n’était vraiment pas beau à voir. » grimaça Violette avant de faire une petite moue peu convaincue. « J’espère qu’il n’y aura pas de prochaine fois. »
Après tout, Violette n’était pas une tueuse, si ? Ce n’était pas dans sa nature. Et même si là, elle avait encore tué des hommes…Elle parvenait à faire le deuil de ses mauvaises actions en évoquant le fait que c’était dans un jeu vidéo. Alors, en rentrant à Storybrooke, Violette espérait bien qu’elle n’aurait plus besoin de faire tout ce qu’elle avait fait durant cette aventure.
« Ah vraiment ? » demanda-t-il en penchant la tête sur le côté. « J’attends de voir ça. Ne jamais dire jamais, très chère ! Mais… » continua-t-il en haussant les épaules d’un rire. « Il est certain que poignarder un personnage virtuel n’apporte pas les mêmes sensations que la réalité. Ce n’est qu’une vague simulation. »
« Et je préfère que cela reste une vague simulation. Je sais ce que ça fait de tuer quelqu’un dans la vraie vie, malheureusement. Et je n’ai pas envie de ressentir de nouveau cette sensation, et encore moins en poignardant quelqu’un. »
Violette se mordit la lèvre, se rendant compte qu’elle venait de dire sans aucune pression, à un inconnu qu’elle avait tué quelqu’un. De quoi avait-elle l’air maintenant ? Pourquoi avait-il fallu qu’elle se montre aussi franche ? Alastor avait les yeux qui pétillaient face à cette révélation.
« Je le savais ! » rigola-t-il. « Aaaah la jeunesse... La réticence, la morale... La crainte. Vous avez bien le temps de vous y remettre, très chère. Je sais que les débuts sont difficiles, mais regardez... » expliqua-t-il en plaçant ses mains derrière son dos. « Vous commencez déjà à en parler à celui que vous connaissez à peine. Peut-être que l’univers du jeu vous joue des tours, mais la réalité vous rattrapera très vite. Et si vous avez besoin d’aide... N’hésitez pas à me contacter ! Je ne puis que vous y encourager. » termina-t-il en acquiesçant vivement.
Violette écarquilla les yeux. Venait-il d’avouer à demi-mot qu’il était un tueur ? Cela faisait écho à ses nombreuses actions dans le jeu. Mais Violette était choquée qu’il l’encourage dans cette voie. Non. Elle ne voulait pas. Violette fronça les sourcils, lui lançant un regard dur avant de secouer de gauche à droite sa tête.
« Vous vous trompez. Je ne suis pas ce que vous imaginez. »
Il lui était inconcevable de continuer à discuter avec lui. Elle n’avait pas envie de voir la réalité en face, le fait qu’elle changeait petit à petit et qu’elle s’engageait sur une mauvaise voie. S’éloignant progressivement de lui, Violette se tourna vers Charlie qui finalement lui avait seulement fait un geste d’au revoir avant de franchir la porte de sortie. Tant pis. Peut-être qu’elles auraient l’occasion de se voir à l’extérieur, ou peut-être pas. Après tout, même si elle avait eu une conversation forte intéressante lors de leur balade autour du camp des pillards, elles n’avaient pas noué plus de liens que ça lors de cette aventure. Son regard se posa alors sur Tim, celui qui était quand même la cause de tout ce bordel. Alors certes, même s’il était une victime, Violette ne pouvait pas l’empêcher de le voir également comme un petit coupable au second degré. Mais loin l’envie pour Violette d’être méchante. Ainsi l’Indestructible alla vers Tim.
« Une chance pour toi que tout se termine aussi bien. Personne n’est mort. Personne n’est réellement blessé. Bon. D’accord que ce n’est pas de ta faute. C’est pas toi qui a crée ce bordel. Mais c’est quand même ton dénigrement qui est la cause de tout ça. Si tout le monde semble l’oublier et voir envers le superviseur le seul et unique méchant…moi pas. »
Ok. Violette n’était peut-être pas très gentille. Mais c’était ce qu’elle pensait réellement. Ne jamais sous-estimer le pouvoir des mots et les conséquences d’un rabaissement – voulu ou non.
« Je sais bien. Et crois-le ou pas, mais si je l'avais su, rien de tout ceci ne serait arrivé. Je suis vraiment désolé... J'espère que ça va pas trop te déranger, dans ta vraie vie, tu avais pleins de choses à faire et tout... Ça craint, pardon. »
Ok. Maintenant Violette se sentait mal. Elle regrettait même d’avoir été dure avec Tim. Encore une fois, c’était son côté dark qui prenait le dessus. Violette eut un sourire pincée, montrant qu’elle n’était plus très sûre d’elle. Il fallait qu’elle revoie sa façon d’être et sa façon de lui parler.
« Je te crois. Pardon de mettre un peu emportée. Je crois que c’est le stress du boulot qui me fait un peu partir en vrille. T’inquiète pas. Il me reste encore du temps pour préparer mon évènement. Enfin… » commença Violette avant de s’arrêter brusquement, l’air perplexe. « Combien de temps tu penses qu’on a passé dans ce jeu, réellement ? »
Car si c’était 10 jours, là, Violette allait surement changer d’avis sur ses excuses envers Tim. Le jeune homme avec un avatar de fille fit un petit sourire
« Mais non, t'en fais pas, il n'y a pas de mal ! Tu as raison, de toute façon. Mais il faut pas que tu stresses autant, il faut se détendre un peu sinon tu vas exploser ! Enfin, tu vois ce que je veux dire. Il faut prendre le temps de souffler. » conseilla Tim avant de se frotter la nuque et réfléchir un peu « Je veux pas dire de bêtises, j'en ai déjà assez fait comme ça... Mais j'espère que ça sera pas plus que le jeu lui-même, tu vois ? Là, on a dû passer... 24H ? Je dirais ça ou moins ? M'en veux pas si c'est plus... »
« Oui, après l’évènement que j’organise, je prendrais quelques jours de repos. Je pense qu’avec tout ce que je vis en ce moment, j’en ai bien besoin. » souffla Violette avant d’avoir un léger sourire. « Bon. Si c’est 24H, c’est pas énorme. Enfin, j’espère que personne ne s’est inquiété pour nous… »
« Hmm... Je suis pas le mieux placé pour dire ça mais je crois bien que c'est maintenant qu'il faut prendre une petite pause. Avant qu'il arrive une chose grave. Ils s'inquièteront aussi si tu fais un burn-out. » expliqua-t-il en haussant les épaules « Personne aura remarqué de mon côté donc je m'en fais pas. Mais tu n'auras qu'à leur faire un gros câlin et leur dire que tout va bien ! Et dis que c'est la faute de Timmy, comme ça, ils t'en voudront pas à toi. Ça marche ? » termina-t-il en essayant de faire un clin d'oeil raté. Ses deux yeux s’étaient fermés en même temps.
Violette ne put s’empêcher d’avoir un petit rire en voyant le clin d’œil raté. Elle lui adressa un franc sourire avant d’hocher la tête.
« Tu as complètement raison. » confirma-t-elle avant de secouer négativement la tête. « Personne n’aura remarqué mon absence non plus. Enfin je ne pense pas. Je vis en coloc et nous sommes assez indépendants. En tout cas, si quelqu’un s’est inquiété, je le rassurerais mais certainement pas en t’accusant. Tu as déjà été assez puni avec cette aventure. Je vais pas en rajouter une couche ! En tout cas, la prochaine fois essaie d’arrondir les angles, surtout avec les personnes que tu connais pas ! »
« Comme tu veux ! Ça me dérange pas, j’ai l’habitude. Prends soin de toi, hein ! »
Violette lui fit un clin d’œil – réussi pour elle – et elle lui fit un signe de la main en s’éloignant de Tim qui lui aussi lui fit un signe. Et finalement, ses derniers adieux fut à Chouquette. Le chien mutant regardait Violette d’un air triste, comme s’il comprenait qu’elle allait partir et qu’il ne pouvait pas la suivre. Violette lui adressa un léger sourire, au coin des lèvres. Elle était également peinée de l’abandonner. Ce n’était pas son genre. La dernière fois qu’elle avait noué un lien avec une créature, elle était rentrée avec cette créature, elle l’avait adopté. Mais Violette ne pouvait pas le faire avec tout le monde. Alors elle se contenta de faire un gros câlin à Chouquette. Et afin de rendre la tâche moins compliquée, elle se retourna vivement et passa la porte vers Storybrooke sans même se retourner.
Et c’est donc à la Mairie que Violette se retrouva. Dans ce même bureau qu’elle n’avait pas quitté. Et 24H venait de s’écouler…
☾ ANESIDORA
Alastor J. Reedio
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Thomas Doherty
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Early in the morning I still get a little bit nervous
Fightin' my anxiety constantly, I try to control it
Even when I know it's been forever I can feel the spin
Hurts when I remember, I never wanna feel it again
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I don't wanna lose control
Nothing I can do anymore
Tryin' every day when I hold my breath
Spinnin' out in space pressing on my chest
I dOn'T wAnNa lOSe coNtRoL
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| Conte : Hazbin Hotel ♦ Black Butler | Dans le monde des contes, je suis : : Alastor ♦ Undertaker
L'heure des au revoir étaient-ils arrivés ? Alastor voyait le schéma se dessiner d'ici peu à peu que les pièces du puzzle s'assemblèrent et que la porte pour retourner dans leur monde s'ouvrit. Il avait déjà fait face à un situation similaire, lorsqu'il avait aidé Amalthea a retrouvé la mémoire. Alors, c'était ainsi pour chaque mission ? La dernière fois, il se souvint, des personnes étaient venues le voir pour le remercier ou autre. Un peu à part, suite au départ de Charlie, il remarqua que se fut de même ici. C'était donc une tradition, il retenait l'idée !
Premièrement, ce fut Brain qui était venu lui faire la morale sur l'amour, le partage, la communication. Du moins, c'est qu'Alastor en avait retenu. Le démon, entre autre, hésitait entre rire ou s'irriter de l'attitude rentre-dedans du garçon. Il avait au moins ce cran, fallait-il seulement qu'il ne dépasse pas les limites. Il appréciait Charlie, sisi, à défaut du conjoint, peut-être. Brain n'avait pas toutes les informations, c'était certain. Il lui manquait beaucoup de l'histoire, les données faussaient le résultat. Mais... Il n'avait pas tord sur le plus gros. Une partie d'Alastor le lui disait. Pourquoi avait-il embrassé Charlie au bal il y a de cela bientôt un an ?
Je suis désolé de tout gâcher, Charlie. Un homme a perdu sa femme aujourd'hui et... Il m'est inconcevable de me dire que je pourrais te perdre un jour sans t'avoir dit ce que j'avais sur le cœur.
Sa voix raisonnait encore dans sa tête, comme une musique qui berçait leur pas avant que tout ne se brise. Dites-leur ce que vous avez sur le cœur, qu'il disent tous. Avant qu'il ne soit trop tard. Mais personne ne pense égoïste de trop parler au risque de tout détruire. Alastor n'en a rien dit à Brain, parce que c'était long à expliquer et que ce passé n'était plus d'actualité. Mais il avait déjà dit ce qu'il ressentait et la jeune fille l'avait déjà refusé. Et ? Rien du tout. L'éloignement, le déni, le recul puis le mensonge pour sauver l'amitié. On le lui avait dit mille fois : Tu es un démon manipulateur et sans sentiments, aimer chez toi ce n'est pas possible. Qui finirait par ne pas y croire ? Il aurait préféré, alors il s'y pliait et voilà que la concernée vient lui dire le contraire. Impossible, le mot se répète. Il n'y a pas effort à faire si le mental n'y est pas. Alors qu'Undertaker bougeait brièvement en lui face à ce flash, Alastor songeait à qui il allait devoir affronter en retournant à Storybrooke.
Vint le tour de Kowalski, et qui aurait pu croire qu'ils s'entendraient tant. Alastor avait vu en le chercheur un moyen efficace d'avancer dans l'aventure. C'était surtout un coéquipier à avoir sous le bras plus qu'un confident ou un ami et voilà, pourtant, qu'ils se confièrent sur une situation beaucoup plus personnelle - semblable. Le démon s'étonna de savoir Kowalski si proche de lui dans ce sens. Non, il ne l'aurait pas cru, mais ça ne parut pas si surprenant après réflexion. Alastor avait les mêmes connaissances en sentiment qu'un scientifique - proche du néant. Ils découvraient tous les deux, s'agaçaient tous les deux à ne pas savoir comment réagir et à ne pas pouvoir le contrôler. On ne parlait pas d'un calcul... Mais c'est comme ça que ces deux idiots on cherchait à converser. Alastor ne savait pas s'il reverrait vraiment Kowalski, mais il espérait sincèrement ne pas finir comme ces gens qui se retrouvent autour d'un verre pour parler d'une vie stable et organisée qui promet mariage et enfants. Il en avait des frissons de dégoût rien que d'y penser.
Alors qu'il ne savait pas si son tour allait arriver, la jeune fille avec qui il avait fait équipe suivit de près le scientifique. Violette ! Il avait attendu toute l'aventure que, peut-être, celle-ci se tente au meurtre d'un PNJ - ou pas - et montre ce qu'elle pouvait faire d'un couteau qu'il lui avait laissé. Elle avait ce regard méfiant, déterminé, et Alastor avait été curieux de savoir jusqu'où elle aurait été prête à aller dans la nécessité d'un corps à corps. Il aurait pu voir sa technique, son regard surtout. Le regard disait beaucoup. Oui, oui, elle n'était pas ce qu'il imaginait d'elle évidemment, puisqu'il ne la connaissait pas. Mais elle pouvait le devenir. Ce n'était qu'une question de choix et de temps. Un tout petit peu.
Il ne restait plus grand monde. Son regard se tourna vers Timothy, l'ami à Charlie. C'était à cause de lui qu'il était là. Si Alastor devait lui aussi aller à la rencontre des autres, il n'irait pas le remercier. Mais alors, qu'avait-il à dire ? Il fixait l'avatar de jeune fille longuement, fouillait dans son esprit ce qu'il serait sage de dire. Il n'avait pas envie de s'étaler sur n'importe quoi. Il cherchait, cherchait... Et finalement grimaça :
"Non, je ne trouve rien d'intéressant. Il commença à avancer. Faites attention à vous, il semble que vous soyez une cible facile à atteindre."
Timothy haussa les épaules.
"Fais pas semblant de t'en inquiéter, c'est pas grave, ça arrive. Prends soin de toi quand même et sois sympa avec Charlie. Bye !" Conclua-t-il d'un vague signe de main.
Pourquoi tout le monde lui demandait-il ça ?
***
Il se réveilla sur la table d'un bureau. Son visage se redressa lentement, éclairé par l'immense vitre qui dominait la pièce. Plus personne n'était face à l'homme d'affaires. Son café était froid, le ciel était plus nuageux qu'à son départ. Alastor se redressa de son fauteuil et au même moment, la porte s'ouvrit. Un homme y entra, son potentiel client entre autre. Celui ci était surpris de voir le démon de retour, il était quelque peu perdu, ce que tout le monde pouvait comprendre. Mais, loin de tout ça désormais, Alastor ne songeait pas à plus s'expliquer, il ne pensait qu'à partir.
"Je suis navré de m'être absenté. Rit-il légèrement pour détendre l'atmosphère. Il semble que l'on m'attendait ailleurs.
- 24h, tout de même. Sourit son client avec étonnement. Ce n'est pas anodin comme disparition, mais je ne vous en tiens pas rigueur."
Alastor commençait à partir lorsque l'homme l'arrêta dans sa marche en reprenant :
"Concernant notre affaire... Je suis désolé mais finalement, je ne vais pas signer avec vous. Comprenez qu'après y avoir réfléchi... Je ne pense pas que votre proposition soit la plus avantageuse pour moi. J'ai changé de tactique.
-Ce n'est pas grave. Répondit le démon de dos. Il tourna simplement la tête. Non, vraiment, ça ne me dérange pas. Je suis certain que vous savez ce que vous faites."
Ce n'était plus non plus dans ses priorités pour aujourd'hui, il verrait demain de quoi rattraper le coup. Aujourd'hui, il allait boire.
***
"HELLO MY DEAR !"
La téléportation, il n'y avait que ça de vrai pour surprendre un vieil ami. Maintenant que le démon avait récupéré ses pouvoirs, il en profita pleinement en passant d'un quartier à un autre pour atterrir sur la chaise d'un bar, au bout du comptoir. Le vieil homme qu'il était venu voir rangeait les verres et les bouteilles à ce moment et manqua d'en lâcher une sous la surprise. Dos à son ami, profitant que celui-ci ne le voit pas, il leva les yeux au ciel.
"Alastor... Souffla-t-il suivi d'un juron à murmurer. Qu'est-ce que tu veux ?"
Déception, mauvaise réponse. Ou du moins, l'attitude n'y était pas. Le démon dut se renfrogner en posant un coude sur la table, son menton contre la paume de sa main. Il sourit pour donner l'exemple (exemple que la barman ne suivra jamais).
"Je t’ai déjà vu plus ravi de me voir, Husk ! L’intonation, du moins, était mieux travaillé ! Tu ne penses pas ?"
Et il patienta. Silencieusement, il fixa son ami pour que celui-ci lise dans son regard ce qu'Alastor attendait. Plus d'entrain ! Husk l'avait comprit, il en souffla une seconde fois tant l'envie n'y était pas. Mais à défaut de l'envie, il savait que ses choix étaient restreints. C'était aussi un moyen pour Alastor de savoir qu'il ne perdait pas complètement le contrôle. Triste à dire, mais à Storybrooke, Husk était l'un des rares qui lui rappelait qui il était par le passé. Il aimait savoir que son pouvoir demeurait dans un certain sens. Husk croisa les bras, alors, et prit un ton légèrement plus agréable que la première fois, quoique cela sonna toujours faux mais on ne demandait pas la lune à un chat :
“Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Al’ ?
- Puisque tu le demandes si gentiment ! Sourit Al avec satisfaction. J’aimerais que tu me serves ton alcool le plus fort, s’il te plaît. Je reviens d’un jeu vidéo et j’ai besoin de quelque chose pour me ramener à la réalité.
Sous la demande, le barman venait à poser un verre sur la table avant de s'en aller chercher la bouteille qui viendrait le remplir. Il commençait à débouchonner la boisson, à pencher le récipient, avant que quelque chose ne le chiffonne. Il réalisa l'absurdité de la réponse d'Alastor.
“Attends… Quoi ? Aussitôt ses sourcils se froncèrent. C’est quoi encore ces conneries ? Comment ça tu reviens d’un jeu vidéo ? Et soudainement peu sûr à l’idée de le servir, Husk éloigna légèrement le verre d’Alastor. Je sais pas ce que t’as pris mais c’est inquiétant.
"Je n'ai rien pris du tout, mon cher ami ! Des radiations tout au plus. Sa main sa posa fièrement sur sa poitrine. Je ne fais que vivre la vie d'un habitant de Storybrooke tout ce qu'il y a de plus normal ! Je me fonds dans la masse ! Tu ne vas pas me faire croire que tu t'inquiètes pour mon état mental, maintenant, si ?"
L'idée l'amusait, mais il n'y croyait pas une seconde. Si Husk pouvait avoir de l'attachement pour des personnes, et cela pouvait-il encore être le cas envers Alastor, il savait déjà à quel point le démon était atteint de toute façon. S'il avait fallu s'en faire, alors il aurait fallu le faire bien plus tôt. C'est pourquoi son ami esquiva simplement la question et finit, avec hésitation, à lui servir le verre.
"J’ai entendu beaucoup de conneries dans ma vie, mais celle-là c’est une première.
- Et vu où tu travailles, je doute que ça soit la dernière ~ Il agrippa le verre de sa main gantée et l'amena à sa bouche pour en goûter le contenu. Il est plus fort que l'autre fois ! C'est une belle trouvaille ! S'égaya-t-il en se retirant du tabouret pour rejoindre Husk derrière le bar. Il le contourna, lui et son regard noir fusillant, comme s'il était propriétaire des lieux (c'est tout comme) et s'engagea vers l'étagère où se trouvaient le reste des bouteilles. Il en attrapa une, la tourna, la reposa, s'attarda sur une seconde comme si tout lui appartenait. Sous un sourire faussement naïf il reprenait : J'apprécie que tu me laisses passer du temps ici malgré ton travail, Husker. Tu pourrais me mettre à la porte et me demander de ne plus jamais revenir !"
Non, bien évidemment, il ne le pouvait pas. Mais c'était à voir s'il aurait seulement tenté.
"C’est grâce à toi que j’ai ce bar, j’suppose que c’est la moindre des choses. Grogna Husk avec retenu. Il s'adossa sur le comptoir, les bras croisés à nouveau contre son torse, et reprit dans la même idée, plus subtilement : Tiens d’ailleurs, t’as pas des affaires à régler, des accords à passer, j’en sais rien… Ce genre de chose ? Ca serait quand même vachement con que tu sois en retard à cause de moi."
Alastor s'étonna. Alors il tentait quand même ? Non. Husk avait toujours été comme ça. Il se forçait mais on lisait dans son regard comme dans un livre ouvert. Pourtant, plus sensible sûrement, ça agaça intérieurement le démon qui n'en retira pas moins un rire amusé. Une bouteille à la main, il ne se retint pas de la balancer derrière son épaule pour que celle-ci vienne éclater au sol en plusieurs morceaux de verres.
"Je ne suis jamais en retard ! Ce sont les autres qui sont trop en avance ! J'en ai terminé avec les affaires pour aujourd'hui, mon cher Husk ! Vivement, il se rua sur l'ami pour le serrer contre lui et l'empêcher ainsi d'aller voir les dégâts occasionnés. De grandes choses se préparent ! Mais rien dont tu ne sois au courant... Tout le monde l'est, c'est une évidence.
- Qu’est-ce que tu racontes ?"
Alastor s'écarta et dépoussiéra son vêtement. Il posa par la suite une main sur le comptoir du bar en s'approchant du vieil homme qui tenait l'établissement grâce à lui. Son regard rougit au fur et à mesure que la distance entre les deux se diminua. Husk ne comprenait pas ce qu'il se passait - ni ce qu'il avait fait - Alastor ne s'expliquait pas clairement.
"Je ne me laisserais pas plus longtemps aveugler par vos désespérantes et misérables existences que certains semblent apprécier."
L'atmosphère s'embruma, l'air se fit plus lourd. Et en tournant le regard, Husk put apercevoir que le comptoir sur lequel s'était appuyé le démon commençait à prendre feu. Le barman se mit à paniquer, agrippant vivement tous les chiffons qu'il trouva sur son passage, il les humidifia avant de les passer sur le bar dans l'espoir que ça apaise les flammes naissantes qui se dispersaient en longueur. Son regard, perçant, froncé, foudroya le coupable - sans aucun doute.
"Putain de merde Al’, tu fous quoi là ? T’es complètement taré !"
Le Seigneur des Enfers observait son pouvoir se manifester avec grande satisfaction. Il avait placé ses mains dans son dos, sourire aux lèvres, tandis que les flammes devant lui dansaient à travers le tissu. Il songeait, un peu, mais se plaisait grandement à ce contrôle.
"Un simple rappel." Répondit-il seulement, fièrement, avant de disparaître en un clin d'œil. Les flammes aussi, se dissipèrent en de la fumée opaque étouffée par les chiffons.
***
La minute d'après, Alastor passait le pas de la porte de l'appartement, pénétrait dans le salon pour y découvrir Angel et Charlie, s'affairer à leur vie comme si rien n'avait changé. Il se tourna vers la jeune fille et lui tendit un prospectus, tout fier.
"Un karaoké vient d'ouvrir dans le centre. Je propose que nous y allions ensemble et que nous leur montrions de quoi nous sommes capables ! Son sourire s'adoucit. Si tu es d'accord ?"
Non, il ne prêtait pas attention à l'araignée qui trônait à leurs côtés, pas plus qu'à la démone qui, enfermée dans la chambre, devait avoir ouïe de leur discussion. Il se fichait d'eux, de ce qu'ils pensaient et de ce qu'ils disaient. Il ne regardait que Charlie, elle qui, surprise, agréablement, ouvrit deux grands yeux ravis.
"Euh, oui bien sûr avec plaisir !
- Parfait !"
Quelques minutes plus tard, affairé dans sa chambre, oui, à qui veut le croire (s'il vous plait ne le croyez pas), Alastor recopia une attitude qu'il avait déjà pu voir comme synonyme de victoire. Il fit apparaître un micro qu'il tendit à bout de bras avant de le lâcher dans le vide. Tombé au sol, celui-ci émit un bruit strident qui surprit le démon. Il balaya le micro sous le lit et n'en parla plus.
Avant de partir, il aurait aimé pouvoir dire au revoir à tout le monde, l’un après l’autre, s’assurer qu’ils allaient bien, que tout irait bien, que tout roulait bien, que… Bon, dans ce genre-là, en somme. Pourtant, Tim resta dans un coin, à attendre, sans oser aller vers les autres. Il avait bien compris, depuis le début de cette histoire, qu’il était le seul responsable et que tout aurait pu très mal finir. Il avait, encore, en travers de la gorge, sa mort brusque, survenue d’un seul coup après la disparition de son armure assistée. Les yeux rivés sur sa montre, il avait eu le temps d’apercevoir les chiffres chuter, à une vitesse folle, pour s’arrêter sur un zéro pointé. Une bulle qui l’avait précipité dans le néant.
En vérité, il ne saurait même pas expliquer son expérience de la mort, dans ce jeu. En tout cas, pour quelques secondes, il avait cru qu’il ne reviendrait jamais à la vie, qu’il n’était plus qu’une succession de mots pour former un code, un souvenir diffus d’une survie compliquée dans l’apocalypse. Il s’était dit que, enfin, les autres seraient débarrassés de lui, qu’ils n’auraient plus à s’inquiéter pour rien, à la moindre occasion, ni à regarder derrière et attendre qu’il les rejoigne, parce qu’il n’était pas foutu de se dresser à leur niveau. Il s’était dit que, au moins, le responsable avait payé et qu’il pouvait crever avec sa culpabilité. Tant pis pour le reste.
Puis il était reparu dans la salle de classe, sagement assis à son bureau, des frissons dans tout le corps, sans savoir de quelle manière il pouvait les faire partir de ses bras, de son dos. Il s’était frotté comme rarement et avait décidé de bondir dans le couloir pour s’empêcher de penser. Moins il s’arrêtait sur son expérience, plus vite il l’oublierait, non ? Ce n’était pas la première fois que Moignon mourait, mais c’était la première fois que ça lui arrivait vraiment, dans cette vie. La dernière fois où il avait frôlé la mort, Timothy s’en était sorti de justesse, avec une grosse cicatrice dans le dos.
Mais cette fois encore, Tim avait ressuscité.
Rejoindre les autres le plus vite possible avait été un calvaire monumental. Tim faillit se perdre, mais suivit les voix et retomba dans la salle du combat final pour constater les dégâts : deux épaules pétées, rien que ça… Toute cette histoire ne lui plaisait pas. Même si l’autre était un abruti, un gros pervers, il ne voulait pas le voir souffrir de cette manière. La violence, ça ne faisait du bien à personne, pas même à ceux qui l’engendraient. Il le voyait bien avec sa sœur qui n’en pouvait plus de ce qu’elle était et qui avait pété un plomb, la seule fois où il lui avait été donné le droit de n’être qu’elle, sans jamais devenir l’autre.
S’il n’avait rien dit, c’était seulement parce qu’il n’était pas assez débile pour ne pas comprendre que personne ne voulait son avis et, qu’en tant que responsable, il ferait mieux de se contenter de l’essentiel : aider tout le monde à sortir d’ici.
Maintenant, la porte était ouverte sur le néant et Timothy regardait le noir, de l’autre côté, sans pouvoir s’empêcher de vérifier, sur le Pip-Boy de l’autre abruti, que ça les emmènerait bien dans leur monde. Il avait peur d’enchaîner sur une nouvelle connerie et il ne pouvait pas se le permettre. Au moins pour les autres, qu’ils puissent se reposer après toute cette histoire. Lui, il aurait tout le reste de sa vie pour continuer à faire des bêtises et se faire disputer par le monde entier.
Il fut tout de même content, Tim, de voir tous les autres venir lui adresser quelques mots avant de partir. Même si tout n’avait pas été rose, il avait apprécié ce voyage, lui, il était heureux d’avoir quelques noms de plus dans ses contacts. Rencontrer Kowalski en vrai, en chair et en os, c’était assez dingue pour qu’il sourit à pleines dents, l’écureuil, quand il vint lui parler. Charlie, Tim savait qu’il la reverrait bientôt, parce qu’ils se l’étaient promis et qu’il n’avait pas oublié qu’elle devait lui montrer ses Pokémons. D’ailleurs, il comptait bien lui acheter une belle peluche et la lui offrir, la prochaine fois.
En revanche, les choses se passèrent un peu moins bien avec Alastor et Violette. La jeune femme lui remit le tort en pleine tête et Timothy ne put que ployer l’échine, coupable. Elle avait raison de le lui dire, au fond. Sans lui, rien de tout ceci ne serait arrivé et il s’en voulait, bien avant ce jeu moisi, des horreurs qu’il avait dites à l’autre. Tim n’était pas comme ça, d’habitude. Il s’énervait peu et disait rarement de gros mots pour ne pas énerver sa sœur (et parce qu’il se souvenait d’une Ursula très polie qu’il n’avait pas envie de décevoir, mais il ne fallait pas le dire). Sauf qu’il y avait des choses que l’écureuil ne supportait pas, dans ce monde, et les jeux pervers en faisaient partie. Il aurait presque aimé les montrer à Violette pour qu’elle comprenne le problème, mais il ne voulait pas lui faire cette affront. Elle vivrait mieux en ignorant tout ceci. Heureusement, la discussion se finit sur une note positive (il lui semblait en tout cas) et il croisa les doigts pour qu’elle pense à se reposer avant qu’il ne soit trop tard.
Puis, Alastor… Timothy n’eut même pas de mots pour décrire cet échange. Il aurait aimé pouvoir approfondir, s’excuser, lui dire quelque chose de gentil et mettre les choses à plat, entre eux. Histoire qu’ils puissent repartir, un jour, sur de bonnes bases. Après tout, Alastor était l’ami de Charlie, alors Tim ne pouvait pas laisser leur relation en plan, sur une impression un poil mauvaise parce qu’il lui faisait un peu peur. Mais l’autre… s’était contenté de lui balancer une phrase un peu méchante et de se barrer… Bon. Pour le coup, Timmy ne sut même pas quoi répondre et s’emmêla un peu, pour être entendu avant que le robot ne disparaisse de l’autre côté de la porte. Tant pis, il trouverait, peut-être, une autre occasion de calmer le jeu. Peut-être pas. Il n’en avait pas la moindre idée.
Il ne restait plus que Bran, Tim et le Superviseur, toujours sur les épaules de son meilleur ami. À leur côté, le pillard de Bran et Canigou étaient toujours là, sages, en attente de la suite. Winnie, Chouquette et Daniel étaient, eux, repartis dans le monde apocalyptique, après que Tim eut pianoté sur le Pip-Boy pour les renvoyer dans leur zone du jeu. Conscient que Bran n’en avait pas grand-chose à faire de son compagnon, il le renvoya aussi dans son camp vidé d’otages et de pillards. Il ne resta plus que Canigou, assis à ses pieds, qui releva sa tête adorable et la pencha sur le côté, ce qui plia l’une de ses oreilles. Comment Tim allait faire pour l’abandonner ici ? Le chien n’était même pas un compagnon, c’était pratiquement de lui-même qu’il avait décidé de les suivre. Et vu dans l’état dans lequel ils l’avaient trouvé…
– Canigouuuuuuu, chouina Piper en se jetant à son cou. Tu sais que t’es le meilleur chien du monde ? Tu le sais ? Je veux pas te laisser là…
Le petit bébé chien (oui, il est adulte, mais chut) couina par-dessus l’épaule de la journaliste. Tim avait bien essayé de garder ses distances avec le canidé, de le donner à d’autres pour ne pas trop l’avoir avec lui et ne pas succomber à son charme, mais il s’était foiré en beauté. Il avait passé tous les jeux à papouter Canigou et on lui donnait enfin l’occasion de le faire pour de vrai, pour mieux lui retirer le chien ensuite. C’était ça, la vraie torture dans toute cette histoire.
– Mais tu dois rester là, d’accord ? Parce que c’est ton monde, ici. Même s’il est franchement pourri. (Il lança un regard noir à l’autre abruti sur les épaules de Bran.) Mais c’est pas de ta faute, ça. Et toi, il t’a grave trop réussi. Bon, ajouta-t-il en se redressant. Il reste plus que nous, on y va ?
– Sauf si tu veux t’amuser encore ici, acquiesça Hancock, du chef. On peut le laisser enfermé et revenir le chercher plus tard.
À ces mots, qu’il ne comprit pas, Tim eut l’air outré, presque agressé. C’était quoi, cette idée ? D’où ça sortait ?
– Mais t’es dingue ? On enferme personne ! Non mais sérieux… C’est toi que je vais laisser ici… ça se fait trop pas. Vas-y, avance dans la porte, là.
– Je voulais dire pour pas qu’il risque de se faire tuer pendant qu’on s’amuse, pour le protéger. Tête de noix !
– Mais c’est quoi, ton problème ?! Puis, je préfère les noisettes. Avance, ou c’est moi qui t’y aides, ajouta-t-il, en le menaçant d’un pied levé.
– Je voulais juste qu’on s’amuse tous les deux.
Comme il s’y attendait, Bran lui montra les fesses pour le mettre au défi de mettre ses menaces à exécution. Mais tout le monde savait que Timothy n’était pas le genre à frapper ses amis. Il se contenta plutôt de lui tapoter le dos, avec la main, un peu plus bas que d’habitude à cause du poids qu’il avait en travers des épaules.
– On s’amusera chez moi, t’inquiète. Mais les chiens, c’est pas fait pour être enfermés. Et tu le sais très bien. Allons-yyyy, s’teu plaît, avant qu’il me fasse des yeux de chien abandonné et que je décide de passer ma vie ici. Arg ! Regarde, il le fait déjà !
– Je parlais pas du chien, mais de l’homme sur mon dos. (Bran le regarda et soupira un grand coup.) Et… ça fait quoi s’il nous suit ?
– Enfermer le gars ? Mais t’es pas sérieux… J’en sais rien ! Mais il doit pas nous suivre. Il est pas censé sortir du jeu. Il existe pas à Storybrooke, alors que nous, si.
Timothy s’écarta pour poser le Pip-Boy du Superviseur sur le bureau. Il vérifia une dernière fois, juste pour être sûr, et revint près de Bran. Cette histoire de portail lui vrillait le cerveau et des centaines de possibilités venaient titiller son esprit.
– Tu te plais tellement ici que tu ne veux plus partir ? Tu réfléchis trop, comme d’hab. Fonçons !
Bran marmonna dans la barbe qu’il n’avait pas, ni dans ce corps ni dans l’autre, et cracha tout bas un petit « nous non plus » que Timothy ne fut pas sûr de comprendre. Finalement, il haussa les épaules, ce qui sembla faire un peu mal au Superviseur qui grimaça. Mais bon. Tout le monde s’en fiche.
– J’ai juste l’impression qu’un poids s’est enlevé de mes épaules, et que je pourrais m’amuser, mais tu as raison, allons-y, je te laisse y aller en premier.
– Eh bah ! Il fallait y penser avant, maintenant c’est trop tard, t’as loupé le coche, c’est tout. Finie la récré, faut rentrer et vite cacher le verre que t’as cassé, sinon Aya va me défoncer… Non, sérieux, tu veux pas y aller en premier ? Si elle est déjà là, elle pourra pas s’en prendre à toi et j’aurai le temps de fuir, tu vois ?
– Je loupe souvent le coche ! Et Aya, j’en fais mon affaire, je te suis de tellement près que je vais lui tomber sur la tête, elle aura pas le temps de t’attraper.
Timothy n’était pas bien content de cette histoire et de la façon qu’avait Bran d’en parler. Il ne voulait pas voir son frère tomber sur la tête de sa sœur, c’était mort. Il préférait encore qu’ils se parlent de loin, mais qu’ils ne commencent pas à se taper dessus.
– On va pas se battre pour savoir qui passe en premier, si ? C’est quoi le souci ? Tu me fais pas confiance, c’est ça ? Tu crois que j’ai que ça à faire de rester ici, coincé dans le corps d’une… Rah ! Tu me saoules ! T’es plus drôle quand t’es moins grognon.
Captain obvious décida qu’il en avait marre et se dirigea vers la porte pour passer en premier. Derrière lui, Bran leva les yeux au ciel, comme s’il n’avait pas du tout voulu insinuer ce genre de choses, et lui emboîta le pas. Sauf qu’il ne fut pas le seul. Au moment où les deux frères passèrent la porte, Canigou bondit derrière eux, dans le noir, en aboyant d’un air joyeux. Tim eut tout juste le temps de se retourner pour le voir faire.
– Noooooooooo…
~~~~~~~~~~~~
– …oooooooon !
Tim s’ébroua un coup, alors qu’il venait de retrouver son corps. Il plaqua les deux mains sur le ventre, remonta sur ses pec et tâta son visage. Tout était en place, nickel ! Il ne restait qu’un détail à régler…
– Mais le c-… ! Non, non, non, non, non ! Bran ! C’est de ta faute, voilà.
– Ma faute ? J’ai rien fait moi !
– Si tu m’avais laissé passer derrière, le chien aurait pas sauté ! Et là, il est probablement mort !
– Non mais j’hallucine ! Le chien, il t’aurait suivi tout de même parce qu’il te kiffe alors sauf si tu pouvais fermer le portail juste après toi, il aurait tout de même suivi ! Pas comprendre qu’un chien l’aime non mais oh… ajouta-t-il, plus bas.
– Bah… il suffisait de fermer la porte, non ? Mais je vois pas le rapport avec le reste… Les chiens, d’abord, ils aiment tout le monde ! (Il baissa ses yeux noirs sur le verre explosé à terre.) Ohlala… Vite, faut nettoyer tout ça, je sais pas quelle heure il est, mais à tous les coups, c’est pile maintenant qu’Aya va rentrer, c’est abuséééé !
D’ailleurs… ils étaient partis en laissant la porte ouverte… Est-ce que ça irait ? Au pire, avec tous les super-héros dans la ville… Ils viendraient vite à bout d’un autre monstre. Puis les Béhémoth, ça ne passait clairement pas dans les portes.
– Fermer la… Ah oui… OK. Mea culpa. Et non, les chiens n’aiment pas tout le monde !
Il courut dans la cuisine pour s’emparer d’un torchon et d’une balayette, avec une petite pelle. À fouiller dans les placards, il n’entendit pas le petit aboiement, dans sa chambre, ni le grattement discret qui suivit. Bran, lui aussi, cherchait quelque chose pour nettoyer et s’empara du plus gros bout de verre quand il entendit les bruits. Il leva un doigt vers la porte.
– Tiiiiiiim ! Je pense que tu ferais mieux d’aller dans ta chambre.
– Non mais on a pas 3 ans, elle va me trouver dans ma chambre, hein… (Il bugua, conscient qu’il avait dû comprendre de travers, et tendit l’oreille.) Attends, mais y’a du bruit dedans… Elle est déjà rentrée !! Sauve qui pe-… Un chien ?
Un chiot de quelques mois, de type Berger Allemand, sortit de la porte entrouverte de la chambre de Tim et vint courir vers le duo, dans le salon, en poussant de petits couinements de chiot.
– Canigou ? Mais il est tout petit ! Nooooon ! Il est trop mignon ! Regarde sa tête !
Bran le regarda avec un grand sourire et se mit devant les bouts de verre, toujours au sol puisqu’ils n’avaient rien nettoyé du tout.
– C’est bien lui ? Tu penses qu’il nous reconnaît ?
– Je sais pas, c’est trop bizarre. Et Aya va m’arracher la tête… Et mes frères aussi… Ramener un chien dans une maison avec un canard et un chat, quelle idée ! Tu crois que je dois le cacher ? Comme toi tu caches le verre comme si j’étais assez bête pour pas m’en rendre compte ? T’en fais pas Canigou, des fois il est drôle, mon bro, aujourd’hui, il est juste grognon.
Bran prit une tête de réflexion intense, passant outre ce que venait de dire Tim sur les bouts de verre. En fait, à bien y réfléchir, Timothy n’était pas certain que son frère cachait les verres à cause de lui ou à cause de Canigou. Tant pis.
– Et si c’est moi qui leur dis ? Ils t’arracheront moins la tête, après tout, c’est ma faute, j’ai pas fermé la porte. Le cacher serait une mauvaise idée, tu ne sais pas mentir. (Il fit une moue boudeuse.) Je suis pas grognon en plus.
Timmy n’avait pas besoin de son bro pour lui expliquer qu’il n’était pas foutu d’inventer des mensonges convenables et qu’il était grillé avant même d’avoir ouvert la bouche, la plupart du temps. Il en avait bien conscience et, à force, il ne savait plus si c’était une bonne ou une mauvaise chose, un défaut ou une qualité. Les autres lui disaient sans cesse tout et son contraire, lui, il était perdu.
– Sinon, on le laisse au milieu du salon et on attend ? Elle peut que craquer pour sa bouille de toute façon. Ou on fuit. C’est bien aussi. J’ai des trucs à faire en plus.
– Fuir ta sœur ? J’ai pas besoin d’un chien pour ça… (Ce qui fit ricaner Tim, d’ailleurs, parce qu’il comprenait la démarche.) Mais oui. On peut dire que c’est pas nous, on était d’ailleurs pas là… Mais il risque pas de vouloir faire ses besoins ?
– Et t’as jamais vu un chien faire caca ? Hahahahaha ! T’inquiète, on va lui montrer dehors. On y va ?
– Je… Je disais juste que si on fuit pour laisser Aya le voir, il risque de faire caca partout. (Il se déplaça vers la cuisine et jeta les bouts de verre qu’il avait dans la main.) On y va.
– Mais non ! Fuir avec le chien !
Tim s’empara de Canigou qu’il blottit au creux de son bras comme un bébé, sans oublier de lui faire des papouilles sur les poils touffus de son ventre rond, et sortit de son appartement.
– Ah… ça n’arrangera rien, mais allons-y !
Certainement que non, mais Timothy était totalement obnubilé par les petits crocs tout mignons de la bête, dans ses bras. Tant pis pour le reste !
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Plus tard dans la soirée, Tim avait quitté son bro, mais tenait toujours le chiot serré contre lui, quand il gravit les marches d’un autre bâtiment. Il faisait, peut-être, quelques bruits à base de gnouiouiouilebébétropmignon et blblblhahamordspas, sans trop regarder où il posait les pieds. Par un miracle qu’il ne saurait pas expliquer, Timothy ne tomba pas une seule fois jusqu’à arriver sur le palier. Ce ne fut qu’à cet instant qu’il remarqua un homme, devant la porte de l’appartement 4 qui tourna la tête dans sa direction. Tim souriait à pleines dents, lui, très heureux.
L’homme au regard peu commode grommela quelque chose que Tim ne comprit pas, puis se contenta de pousser l’asiatique sur le côté pour dévaler les escaliers à toute vitesse. Tant pis ! Soit il était trop timide, soit il sortait de l’appartement. Dans tous les cas, la place semblait être pour lui, maintenant, alors Timmy toqua à la porte et attendit que le propriétaire lui ouvre.
– Sylvain ! T’es un peu bête, mais je te pardonne. Viens, on va faire des choses bien, toi et moi. Je vais t’aider de A à Z pour créer un jeu bien, compris ? Pas le droit de te plaindre. Si tu voulais pas me supporter, fallait pas vouloir te venger, c’est tout. Maintenant, t’es puni et la punition, c’est moi. (Tim se pointa fièrement du pouce.) J’ai amené mon chien, il s’appelle Canigou, et oui ! Il est beau, hein ? Mais tu le touches pas, il est à moi. Bon, allez, on entre.
Sans plus attendre, Timothy se fraya un passage dans l’appartement et se planta au milieu de la pièce de vie. Il regarda un peu partout, puis vint se poster à la fenêtre. En bas, sur le trottoir, il aperçut l’homme du palier qui semblait discuter au téléphone. Tim lui fit coucou, de la main, et s’étonna un peu de recevoir, en échange, un regard de tueur. Il lui avait proposé de passer en premier, mais il n’avait pas voulu, c’était de sa faute à lui, pas celle de Timmy !
– Pas commode tes amis, c’est peut-être pour ça que t’as viré dingue, mais bon.
L’autre ne semblait pas comprendre ce qu’il voulait dire. Ah. Et le gars, dans la rue, avait disparu. Bien. Pas du tout flippant, cette histoire. Mais Canigou remua, dans les bras de Tim, pour le rassurer. Oui, avec le meilleur chien du monde, il ne craignait plus rien.