« Nous avons plus souvent des choses en commun qu’on pourrait le penser, mais il est vrai qu’il faut prendre le temps de discuter avec les autres. » soufflais-je lorsqu’il fut question de son séjour à l’orphelinat et donc à la perte de ses parents. Heureusement, on pouvait compter sur la petite pour rompre les ambiances trop lourdes et peusante. Riant donc à son exaltation, j’eus du mal à reprendre mon sérieur et finalement, c’était bien ainsi car la suite fut plus lourde. Certes c’était un message d’espoir, mais c’était aussi un signe des dangers de ce monde. Elle souligna d’ailleurs assez facilement qu’il y avait aussi les forces de l’ordre, des héros invisibles qui pourtant, pouvaient changer la face du monde. « C’est vrai qu’on a tendance à oublier les héros du quotidien, c’est bien de le rappeler. » soufflais-je dans un sourire.

Confiant alors ce qu’il y avait de bien ici, elle abondait dans mon sens, c’était bien de prendre du temps pour soi, c’était d’ailleur même ce que nous étions en train de faire pour notre plus grand plaisir. Et sans excés en plus. Quant au stress de la vie, je ne pouvais qu’être d’accords, « J’ai repris conscience de ce monde en étant dentiste, en sachant vraiment l’être, mais en ayant aucune idée de pourquoi, ni comment je me souvenais de ça. Encore aujourd’hui, même si je fais parfaitement bien mon travail, j’ai toujours cette petite angoisse quand je dois opérer quelqu’un… J’imagine même pas ceux qui sont devenu chirurgien, mon dieu l’angoisse. » confiais-je alors.C’était un stresse du quotidien qui n’avait rien de mauvais, il fallait faire attention, il fallait étudier chaque cas, mais quand on passait du transport de dent à un professionnel de la santé, c’était tout de suite plus étonnant !

Concernant la suite du programme, je n’eus aucun problème à sauter de ma place pour aller payer déjà, avant de me representer devant elles, tout sourire et de proposer, « Une petite bataille de boule de neige mesdames ? », et si possible que le moment soit si magique que je puisse ressentir toute cette joie en m’approchant de ce petit ange. Initiant donc la marche, je finis par nous trouver un endroit rempli de neige au point que Jack en devenait le suspect principale, mais surtout un endroit sécurisé, sans danger évident si ce n’est la fameuse chute sur une plaque de verglas. « Ca me semble parfait ici ! » annoncais-je alors avant de me tourner vers la petite, « Tu vas voir je suis la meilleure à ce jeu, tu pourras pas me toucher ! » une fausse provocation enfantine pour la mettre en jambe et nous y étions. Il était tant de redevenir un enfant.

Tatiana n'avait pas tort et il était fort probable qu'elle soit davantage du genre à "discuter plus souvent avec les autres" qu'Anastasia pouvait l'être. Sans être introvertie, mais rendue méfiante par certaines expériences, Anastasia ne se livrait pas facilement, préférant évaluer à qui elle avait affaire avant de lui accorder aveuglément sa confiance. La jeune femme opina toutefois. Le raisonnement était correct mais ça ne signifiait pas qu'après l'avoir entendu Anya allait subitement modifier sa façon d'agir du tout au tout. Il n'était pas encore né celui qui par de simples paroles lui ferait changer d'avis aussi facilement. Dimitri pouvait en témoigner.
En fin de compte, Tatiana et Anastasia étaient à la fois très semblables et complètement différentes. Elles s'accordaient sur de nombreuses réflexions sans pour autant les appliquer de la même façon, tout comme certains traits de leurs personnalités se rejoignaient, tandis que d'autres ne s'harmoniseraient sans doute jamais complètement. Pour autant, Anya l'appréciait véritablement et se sentait à l'aise avec elle pour, justement, confier librement quelques bribes de son passé sans crainte d'avoir fait le mauvais choix. Il fallait croire que les gardiens ne mettaient pas à l'aise que les enfants ! Peut-être aussi que quelque chose en Tatiana parlait à l'enfant qu'Anastasia avait un jour été et qui avait forcément subsister.
La policière rit, en tout cas, de bon cœur en imaginant la réaction, peut-être terrifiée, des médecins de la ville qui s'étaient retrouvés, des années auparavant, submergés par leurs vrais souvenirs, venus confronter les faux et leur signifier qu'ils n'avaient jamais réellement obtenu leur diplôme.
- J'espère qu'ils n'ont pas eu la révélation en pleine opération à cœur ouvert. Ca, ce serait vraiment l'angoisse. Surtout si le patient se réveille en même temps à cause du retour de ses souvenirs ! commenta Anya. J'ai pas vraiment eu ce problème, en fait, poursuivit la jeune femme sur le ton de la conversation. J'étais traductrice ici et quelle que soit la configuration de mes souvenirs j'ai toujours réellement parlé russe et français - c'était la langue de beaucoup de cours, précisa la jeune femme. En fait c'est ma connaissance de l'anglais qui est venue avec la malédiction, mais pour le reste, ma vie était assez similaire à celle que j'avais avant de vivre ma grande aventure de princesse.
Entre les anciens animaux et les innombrables mondes des contes qui se retrouvaient agrégés en une seule ville, il était évident que beaucoup de personnes avaient, comme Anya, l'apprentissage de l'anglais comme faux souvenir car cette langue était la condition sine qua non pour faire fonctionner Storybrooke.
- Je crois que je suis crédible dans mon rôle de traductrice même si j'ai toujours eu un petit accent, conclut Anastasia.
D'aucun lui avaient parfois dit que cela faisait son charme et c'était peut-être vrai. Elle ne s'était jamais réellement posé la question. Du moment que les gens la comprenaient, et c'était le cas, c'était tout ce qui lui importait.
- Il y a trois ans j'ai obtenu un poste dans la police, suite à une rencontre avec l'ancienne shérif. Mes compétences en langues et en analyse l'intéressaient et, a priori, elles continuent de servir. Mais je n'ai pas de diplôme d'école de police alors que le sort noir était déjà rompu à l'époque. C'est la particularité de la ville, je suppose, ajouta la rouquine en haussant les épaules.
L'instant d'après, Tatiana s'éclipsait pour payer leur note avant de revenir presque aussi vite qu'elle était partie, comme si elle était montée sur des ressorts ou lancée par un boomerang (ce qui était peut-être le cas). C'est avec enthousiasme qu'elle proposa la bataille de boules de neige dont elle avait parlé plus tôt et c'est avec la même excitation qu'Abigaëlle, que sa maman avait, entre temps, aidée à enfiler son manteau et son bonnet, battit des mains pour manifester son acceptation.
- Oh ouiiii !
Anya ne vit pas quoi ajouter et, elle aussi prête à partir, se glissa hors de la banquette qu'elles occupaient, pour suivre Tatiana dans les rues, à la recherche d'un endroit idéal pour cette activité.
Et Tatiana ne manqua pas de rapidement le trouver, sécurisé et peu fréquenté, autrement dit parfait pour cette activité. Anastasia n'eut même pas besoin de l'étudier pour s'assurer que la sécurité de sa fille était effectivement assurée car Tatiana avait parfaitement pris ce paramètre en compte. La neige était abondance, brillante et poudreuse, idéale pour former des boules de neige qui ne feraient pas mal - mais risquer de mouiller un peu ! Comme Tatiana était une gardienne de l'enfance, toutefois, Anastasia savait qu'elle n'avait rien à craindre : elle se mettrait nécessairement au niveau d'Abigaëlle pour ne pas l'ensevelir sous une montagne de neige.
La fillette n'avait pas conscience d'à quel point une bataille de boules de neige pouvait dégénérer et ce n'était pas son rôle de s'en occuper mais celui de sa maman. De toute façon, la question ne se posait pas tant Tatiana avait bien choisi l'endroit. Abigaëlle, malgré ses joues rosies par le froid, s'amusait déjà beaucoup et répondit tout naturellement à la provocation enfantine de la Fée des Dents.
- Siiiiiiiiiii je vais te toucher, tu vas voir !
Joignant le geste à la parole, la fillette, équipée de gants moelleux, ramassa un peu de neige, la roula en une boule grossière et la lança en direction de Tatiana de toutes ses forces. La neige, peu compacte, s'éparpilla légèrement en vol mais atteignit sa cible - si on pouvait considérer qu'Abigaëlle avait ciblé le genou.
Dans tous les cas, la petite était particulièrement fière et se tourna vers sa mère pour constater qu'elle aussi était fière. Ce qu'Anastasia était naturellement, comme tous les parents. Elle leva les deux pouces avec un grand sourire mais fit rapidement semblant de le perdre quand sa propre fille l'attaqua, elle, sa mère !
- Trahison ! s'écria-t-elle, volontairement dramatique. Si c'est comme ça je fais équipe avec Tatiana, contre toi ! décréta-t-elle, spontanée et résolue.
De base, elle avait pourtant envisagé d'être une simple spectatrice, se demandant si c'était encore de son âge. Mais finalement, l'atmosphère joviale de la neige avait ravivé d'excellents souvenirs de jours de neige qu'elle avait avec sa famille et Anya avait décidé qu'elle ne manquerait celui-là pour rien au monde.

« Je ne veux pas l’imaginer, déjà que j’ai réalisé ou nous étions dans mon cabinet, alors pour les autres… Nous avons été épargnés, ça fait un point commun de plus !. », pas de panique d’une action inconnue. Elle avait été crédible comme traductrice et elle l’était à mon sens comme policière, même si j’ignorais tout d’elle pour être honnête. Quant à si elle avait des diplômes… « Je pense qu’il n’est plus si utile d’avoir des diplômes ici, enfin sauf pour de la chirurgie, la si, enfin faut un sort noir ou un diplome pour ouvrir des gens ! », mais même moi, j’étais pas bien sûr qu’un diplôme soit si utile, c’était presque impossible de tuer quelqu’un sans le vouloir. Enfin trêve de pensées étrange, il était temps de jouer !

Nous trouvant l’endroit parfait pour qu’aucun enfant ne soit blessé, je mettais la petite fire au défis avant de faire des boules de neige qu’elle commença à me lancer et qui touchèrent comme par hasard ! « Oh non ! Tu m’as touché !. » soufflais-je avant de préparer mes armes pendant que la petite s’en prenait à sa mère. Cette dernière, par faux esprit de vengeance, décida de s’allier avec moi pour mettre à mal l’enfant. Les échanges, bien que jamais violents, ne cessent que lorsque la fatigue devient évidente. Me laissant alors tomber au sol, vaincu, je commençais à battre des bras pour chasser la neige et faire une sorte d’ange.

« J’ai besoin d’une pause ! » lui soufflais-je en riant, « Tu viens faire un dessin dans la neige avec moi ? » demandais-je à la petite qui semblait encore bien vive, « Faut arrêter de lui donner du sucre, elle est hyperactive cette enfant ! » ajoutais-je pour Anastasia. Ce n’était pas le tout de s’amuser avec la petite, mais la maman avant mené une bataille aussi, et elle l’avait perdu. Pour ma part j’avais quand même hâte que la petite s’approche de moi pour ressentir ce shoot puissant de joie au travers de ses gens. « Il faudrait faire ça plus souvent ! Ça m'a l’air bon pour le cœur et les hanches ! », même si je me fichais pas mal de la seconde partie. Ca ne faisait pas de mal de vivre et d’être heureux.

Etait-ce une impression ou bien Tatiana faisait-elle exprès de se trouver "comme par hasard" toujours dans la trajectoire des boules de neige qu'envoyait Abigaëlle ? Soit c'était ça, soit la fillette de cinq ans devait immédiatement commencer une carrière dans le basketball tant elle visait bien ! Mais quoique sa maman ne doute pas des talents de la petite fille, quelque chose, l'intuition, sans doute, lui soufflait que Tatiana ne laissait pas uniquement le hasard décider. Et c'était tant mieux car Abigaëlle s'amusait vraiment beaucoup.
Moins habile dans l'anticipation des boules de neige envoyées par Abigaëlle, Anastasia s'efforça surtout de ne pas produire de boules de neige trop compactes, trop importantes et, plus généralement, de viser moins bien que d'ordinaire, de sorte qu'Abigaëlle gagnait largement la bataille. Mais si son père avait été de la partie, Anya se serait fait une joie, sinon un devoir, de le laminer - par pur esprit féministe et dominateur. Et pour éviter qu'il ne s'en vante pendant toute une semaine. Même si elle s'en serait aussi vantée pendant toute une semaine. Quand c'était de sa vantardise qu'il était question, bizarrement la rouquine trouvait que c'était bien plus supportable.
Anya n'aurait su dire combien de temps la bataille de neige dura, mais ce qu'elle put affirmer, lorsque les adultes rousses cessèrent le combat et s'affalèrent, plus ou moins élégamment, dans la neige, c'était qu'elle n'avait pas froid. C'était même le contraire : elle sentait que ses joues et le bout de son nez avait rougi et voyait que c'était aussi le cas de ceux d'Abigaëlle. Leurs manteaux étaient couverts de neige, constata Anya, assie dans la neige, avant d'épousseter le sien pendant que sa fille, dans une volonté non dissimulée de faire comme Tatiana (sa nouvelle meilleure copine du monde des adultes), se laissa tomber dans la poudreuse pour faire un ange, elle aussi.
Abigaëlle avait encore bien plus d'énergie que sa maman mais préférait copier les adultes - surtout s'il s'agissait de faire comme Tatiana.
- Owiiii un dessin ! s'écria-t-elle. Un igloo !
Anya arqua un sourcil, le commentaire de la Fée des Dents encore dans son esprit.
- Oui, elle EST hyperactive, je crois bien ! s'écria-t-elle. Pourtant elle mange pas tant de bonbons que ça, réfléchit la jeune maman. Dans le doute on va dire que c'est la faute de son père, conclut-elle finalement. Faut bien qu'il t'ait transmis quelque chose, hein ma poupette ? questionna Anastasia en ébouriffant les cheveux d'Abigaëlle.
- Y m'a transmis quoi, papa ? demanda la fillette.
- Son absence de fatigue, ce qui ne l'empêche pas de parfois être fatiguant, ajouta la jeune femme, plus bas, à l'intention exclusive de Tatiana. Eh bien l'hiver est encore long. On peut s'appeler pour remettre ça un de ces quatre, non ? suggéra Anya en se tournant vers Tatiana. Ca ou autre chose, en fait. Pour en avoir pour toutes les saisons. Et puis, mes hanches et mon cœur me remercieront !
Même en étant policière, Anastasia n'avait pas l'activité la plus physique au monde car la majeure partie de son travail était du travail de bureau. Depuis son accouchement elle avait certes plus ou moins retrouvé sa silhouette d'avant (plus les vergetures, malheureusement) mais tous ces changements l'avaient complexée à certains niveaux, si bien qu'elle n'était jamais mécontente de faire brûler sa graisse.
- Owiiii, ça serait trop bien qu'on joue tout le temps ensemble ! décréta Abigaëlle en sautant dans les bras de Tatiana.

Elle était hyperactive, c’était bien ce qui me semblait et si il n’était pas question d’une mauvaise alimentation, la Russe avança que c’était la faute de son père si elle était comme ça. Autant si la petite était adorable, le père semblait être plus compliqué à supporter et ce comportement m’arracha un rire assez franc. Proposant de remettre ça, il était vrai que l’hivers était encore long, mais j’avais surtout ma botte secrète et ça … « Je connais quelqu’un, un gardien, qui serait heureux de créer quelques flocons même en plein été ! » et puis si il pouvait emmerder Aster au passage, il ne serait réellement pas contre il fallait être honnête.

« Moi ca me va de jouer tout le temps avec toi ! Enfin il faudrait que j’organise mon emploi du temps car j’ai des gens à soigner, mais je dois bien pouvoir dégager au moins deux après midi par semaine pour jouer, après il faudrait bien évidemment voir avec ton école… Tu connais ton emploi du temps peut-être ?! » demandais-je en battant toujours des bras dans la neige. Je parlais beaucoup, vraiment beaucoup, et j’en avais surtout oublié quelqu’un.

Alors un peu gênée, je me redressais comme un i avant de sourire gêné à sa mère pour demander d’une petite voix, « Si vous êtes d’accord bien évidemment ! Mais je peux faire du babysitting, gratuitement en plus ! Et je peux même envoyer des SMS pour dire ce qu’on fait et sans sucre, juste de l’air pure, ou la bibliothèque, c’est bien ça aussi ! », faisant une mine innocente, je repris, « C’est oui ? », non car le shoot de bonheur que je venais de prendre avec la petite était bien trop important et apaisant pour que je me laisse ne serais-ce qu’un peu, lasser par tout ça. C’était apaisant, relaxant et terriblement bon. Enfin sans mauvais sous entendu bien évidemment. Je ne prenais pas mon pieds avec une petite fille, je m’apaisais simplement !

Des flocons même en été ? Avant qu'Anastasia n'ait le temps de faire une remarque à ce sujet, par exemple pour demander si c'était la faute, en partie, de cette personne si les vieilles personnes disaient souvent "y a plus de saisons ma bonne dame" (ou similaire) ou bien s'il y avait vraiment des pouvoirs magiques pour tout et n'importe quoi (puisque la météo semblait incluse dans les champs possibles des pouvoirs magiques), sa fille intervint pour demander, les yeux brillants d'espoir :
- Il fait comme la Reine des Neiges ?
La question, quand on connaissait Abigaëlle, était assez prévisible. Elle ne connaissait que la Reine Elsa (en tout cas, sa version animée, car elle n'avait jamais rencontré son idole en chair et os et, si on en croyait sa sœur, Anna, c'était peut-être mieux ainsi) qui était capable de faire de la magie avec de la neige. De créer des bonshommes de neige qui ne fondent pas ou bien de geler les cœurs des gens sans faire exprès (ce qu'il fallait éviter de, quand même). Forcément, quand on parlait de faire neiger en plein été, elle ne pouvait que penser à celle qui était, pour Abigaëlle comme tant d'autres petites filles, était devenue une idole, pour le plus grand (dé)plaisir des parents.
Clairement, Tatiana, en évoquant si innocemment ce pouvoir, avait, sans le savoir ni le vouloir, commencé à marcher dans un terrain encore plus dangereux qu'un champ de mines. Elle devait naviguer entre le fait que son ami n'était pas la Reine des Neiges (parce que, pour commencer, c'était un garçon) tout en lui "vendant" le personnage mais sans décréter qu'Elsa était moins bien. A cinq ans, Abigaëlle n'était pas en mesure d'accepter que la Reine Elsa puisse être "moins bien" qu'une autre personne pratiquant la magie de glace.
Adressant un sourire presque désolé pour la question de sa fille, Anya ajouta :
- Je n'y connais rien en pouvoirs magiques alors je ne sais pas s'il est possible que quelqu'un fasse pareil que la Reine des Neiges en personne mais j'espère que ce n'est pas lui qu'on doit accuser du changement climatique, plaisanta-t-elle légèrement en traçant aléatoirement des arabesques dans la poudreuse.
Anya n'était pas étonnée que Tatiana soit si prompte à dégager du temps pour jouer avec Abigaëlle. Même si elle était extrêmement professionnelle dans son rôle de dentiste et disposait, grâce au sort noir, de toutes les qualifications requises, il était évident que c'était auprès des enfants qu'elle était véritablement dans son élément. Beaucoup d'adultes trouvaient les enfants - des autres, surtout - fatigants, mais pas Tatiana. C'était comme si leur présence la revigorait, ce qui était assez surprenant à voir. Peut-être qu'elle était droguée aux enfants, d'une certaine façon. La preuve : très peu de gens étaient disposés à dégager deux après-midis sur les sept à disposition dans une semaine pour une enfant qu'il venait de rencontrer.
- Deux après-midis ! ne put s'empêcher de s'exclamer la maman. Faut pas dire des choses comme ça devant les parents, la prévint-elle à mi-chemin entre l'humour et le sérieux. Sinon je vais demander que ça se transforme en babysitting ! Une baby sitter gratuite qui se propose aussi spontanément, c'est le rêve de tous les parents. Tout ça pour dire que si ça vous fait plaisir de la garder de temps en temps - je ne voudrais pas abuser, précisa Anastasia, étant donné que ça a l'air de lui faire plaisir, c'est d'accord. Je marche.
Anastasia rit de bon cœur. Elle aimait sa fille plus que tout, c'était évident. Mais en tant que jeune maman, elle avait dû renoncer à certains aspects de sa vie de femme et la perspective de pouvoir les retrouver plus souvent lui paraissait forcément alléchante. Ca et la confiance presque aveugle qu'elle se sentait en mesure d'accorder à Tatiana tout en ne la connaissant que depuis une journée.
- Ca me fait plaisir mais ze suis plus un bébé ! contra Abigaëlle de son côté. J'suis une grande fille, j'ai cinq ans pesque et demi ! annonça-t-elle fièrement, menton relevée, exactement comme sa mère. Ca peut pas être du baby sitting, c'est du Abby sitting ! s'écria-t-elle après un instant de réflexion avant que la trouvaille n'illumine son visage.
- C'est vrai, ma poupette, concéda Anya. Tu as beaucoup grandi ces cinq années presque et demi dernière mais même quand tu auras quarante ans, tu seras toujours mon bébé, assura-t-elle en l'attrapant pour lui faire un câlin et un bisou.
Abby feignit de se débattre en riant puis se tourna de nouveau vers Tatiana pour annoncer, solennelle :
- C'est maman qui connait mon emploi du temps.
Evidemment, songea l'intéressée, en roulant des yeux, faussement blasée. Abigaëlle ne connaissait peut-être même pas ce mot, en fait.
- Abigaëlle n'a pas école le mercredi après-midi ainsi que le weekend et les jours fériés, précisa-t-elle. Ni pendant les vacances scolaires, précisa-t-elle même si, de son point de vue, c'était évident. Mais inutile de prévoir de la garder chaque mercredi ou chaque samedi après-midi, hein ! la prévint immédiatement Anastasia.

Imaginer Jack en robe et chantant dans un château avait de quoi faire rire et à vrai dire, je ne savais pas exactement quelles était les différences, mais ils avaient des cheveux blanc et Jack semblait quand même plus cool qu’une reine. Anastasia sembla mettre en place une règle selon laquelle il n’y en avait pas un mieux que l’autre avant d’espérer qu’il n’était en rien responsable des changement climatique, « Je crois que si il voulait il pourrait faire comme dans ce film, le jour d’après. Il a un pouvoir incroyable, il a réussi à contrer Pitch presque tout seul, sa magie est extraordinaire, franchement, quand il n’y avait plus d’espoir, il nous a tous sauvés. Après, il est vraiment mal habillé, on dirait toujours qu’il vit dans la rue, c’est moins classe que la reine des neiges ! Et puis j’ai jamais vu ce qu’elle pouvait faire ! » soufflais-je.

Proposant alors de garder la petite, j’avais peut-être un peu trop insisté, j’avais peur de passer pour une folle, mais au finale elle sembla assez ok avec ça, même si elle ne voulait pas abuser. Signalant qu’elle n’était pas un bébé, sa mère lui rappela que quelque soit son âge, ça serait le cas. C’était trop mignon ! Expliquant que la petite n’avait donc pas école le mercredi, ni le weekend, les jours fériés et les vacances, elle assura qu’il n’était pas nécessaire de la garder chaque mercredi et chaque samedi après-midi. Oh ? Prenant une mine contrariée, je brisais le silence, « Hum, ça ne me dérangerait pas moi ! J’ai pas tellement d’amis, je n'ai pas de chéri et j’ai pas d’enfant, alors si ce n'est pas un métier ! J’ai aucune autre obligation ! » bon ca faisait un peu flipper et je pouvais comprendre que quelqu’un d’aussi enthousiaste avait de quoi être étonnant, mais c’était ainsi.

« J’ai perdu une grande partie de mes pouvoirs en arrivant ici, mais j’arrive encore à ressentir la magie des dents. C’est plus fort quand j’ai les dents en main, mais au contact d’un enfant ça reste grisant. C’est comme être dans une tourbillon de bonheur, surtout quand l’enfant est heureux. Ça suffit à me rendre heureuse et de ne pas penser à ce que j’ai dû laisser… Les enfants, c’est vital pour moi ! » assurais-je un peu nostalgique, « Ca serait vraiment pas abuser, mais juste me rendre service en fait. Je suis super égoïste comme personne ! » ajoutais-je dans un rire avant de confier avec sérieux, « J’étais entouré de souvenir, de vision du passé, d'innocence, dire que ça me manque est un euphémisme. », c’était vraiment super important pour moi.

Anastasia écouta attentivement les aventures de Jack Frost que son amie la Fée des Dents relatait. Mais celle qui était réellement captivée, c'était Abigaëlle, car cette dernière fixait sa nouvelle copine avec de grands yeux ronds comme des soucoupes, retenant presque sa respiration tant elle était intéressée par l'histoire. Alors sa maman se fit la note mentale de découvrir si les aventures de Jack Frost avaient donné lieu à un livre ou un film, voire aux deux, qu'elle pourrait présenter à sa fille. C'était quand même mieux pour l'environnement qu'un remake du Jour d'après, le fameux film catastrophe qui repassait à la télévision presque tous les ans. Un livre ou un film, on pouvait s'y plonger en étant bien au chaud sous un plaid avec un mug de thé, au moins.
- Il a l'air doué, commenta poliment Anya.
- Il a l'air trop cooooooooooool, renchérit sa fille. Mais... il a pas de maison si il vient dans la rue ? Il peut pas aller à l'hôtel ? demanda-t-elle ensuite, préoccupée.
Heureusement, la préoccupation d'Abigaëlle ne dura pas : il avait suffi que Tatiana avoue ne pas connaitre les compétences magiques de la Reine des Neiges pour que la fillette s'emballe à ce sujet :
- Elsa, elle peut faire des bonshommes de neige magiques qui fondent pas, même en été et elle a un cheval d'eau qui court sur la mer et elle peut aussi geler les gens de l'intérieur et puis faire un château de glace en faisant comme ça avec ses mains, raconta la fillette en minant, plus ou moins bien, Elsa pendant sa fameuse chanson que tous les parents du monde avaient appris à détester. Et elle le fait tous les jours si elle veut, pas seulement le jour d'après, crut bon d'ajouter la petite fille, avec un air particulièrement sérieux.
Anya esquissa un sourire amusé. Voilà ce qui arrivait quand les fillettes de cinq ans participaient à des conversations dont elle ne comprenaient pas tous les tenants et aboutissants. Mais c'était si marrant ! Et pour une fois, Abigaëlle ne répétait pas les pensées personnelles de ses parents au premier venu et encore moins les rares jurons qu'Anastasia ou Dimitri avaient pu laisser échapper en sa présence ! Et ça, c'était déjà une victoire !
Toutefois, quelque chose disait à Anastasia que Tatiana ne lui en aurait pas tenu rigueur si sa fille avait dit des choses plus embarrassantes. Elle aimait beaucoup trop les enfants pour cela et devait avoir sacrément l'habitude de leur présence puisqu'elle l'avait rendue accro. De la part d'une autre personne, Anya aurait trouvé cette attitude carrément flippante. Mais pas de la part de la Fée des Dents.
Néanmoins, ce que la rouquine nota en premier c'était l'apparente solitude de Tatiana. Elle n'avait pas l'air de s'en plaindre et l'avait probablement mentionnée comme ça, en passant. Mais les faits étaient là. C'était un peu étonnant, d'ailleurs, qu'une femme aussi joviale et avenante ne soit pas déjà entourée de pléthore d'amis.
- Eh bien... Peut-être que nous devrions amies et que nous nous verrons en dehors des heures de babysitting, reprit Anastasia. Je sais pas trop si vous vous entendrez avec mon copain. Il est... disons qu'il est moins enthousiaste que vous mais très sympa, surtout quand il admet que j'ai raison et lui tort. Vous n'avez pas vos autres amis, Jack Frost etc. en ville ? On a des fichiers dans la police, vous savez, si vous chercher quelqu'un en particulier pour juste le retrouver et le saluer, proposa la policière.
Mais elle ne suggéra rien pour l'aider à trouver un petit ami. Anastasia elle-même ne savait toujours pas trop par quel moyen elle avait trouvé le sien et ne s'estimait, de fait, pas experte en la matière. La plupart du temps, Anya songeait même que si le destin n'avait mis Dimitri sur son chemin, elle serait encore profondément célibataire, tant la vie de couple ne l'avait pas intéressée avant ni pendant leur séparation liée au sort noir. Et puis, de toute façon, elle n'avait jamais essayé les applications de rencontres qui étaient la façon actuelle de faire ce type de rencontre. Du coup, Anastasia était totalement larguée sur le sujet - qu'elle trouvait, de toute façon, assez personnelle.
Quant à lui proposer de copiner avec d'autres enfants, qui étaient, clairement, la première source de bonheur de Tatiana, Anya avait peur que cela soit mal interprété et de sombrer du côté glauque de la force. Clairement, il n'existait pas de fichier de la police pour copiner avec des enfants et il n'y en avait jamais. Mais des enfants, il y en avait beaucoup en ville, ce qui donna une idée à Anastasia :
- Oui, les enfants, c'est clairement votre truc. Vous savez quoi ? Je vous dirais de passer la prochaine fois qu'on fera un goûter avec Abigaëlle et ses copains de maternelle. Ca vous plaira. Et puis si vous avez des idées de jeux, je prends. Pour ses cinq ans, j'ai bricolé une chasse au trésor dans l'appartement mais c'était vraiment pas tip top. De mon point de vue, nuança Anastasia, les enfants n'y ayant vu que du feu et s'étant énormément amusé. Ca serait aussi me rendre service si vous venez pour ces trucs-là, ajouta la rouquine, amusée par la situation présente.
C'était à qui aurait le plus besoin de s'occuper d'Abigaëlle, manifestement.
- Et puis, ça vous fera de nouveaux souvenirs, reprit la jeune femme en se relevant de la neige avant d'épousseter son manteau. Mais peut-être que pour aujourd'hui, Abigaëlle et moi devrions rentrer, reprit-elle, presque navrée d'avoir à l'annoncer à Tatiana.
Le jour déclinait et il suffisait de lever le nez en l'air pour s'en apercevoir. Abigaëlle avait besoin d'un bon bain, après quoi l'heure du diner aurait presque sonné. Et dire qu'à l'origine la fille et la mère devaient seulement sortir pour une consultation dentaire ! Y avait pas à dire : rien ne se passait jamais comme prévu à Storybrooke.
- Tenez, je vous laisse ma carte, annonça Anastasia après avoir fait signe à sa fille de se relever à son tour. Comme ça, on s'appelle !