Impédimenta

J'avais débauché, j'étais fatiguée et tant heureuse d'être rentrée à l'appartement pour pouvoir me poser sur le canapé devant la télévision à passer toutes les chaines car aucune ne me passionnait vraiment. Les informations répétaient globalement la même chose, les téléréalités m'agaçaient pour leur hypocrisie grinçante et les séries pour la plupart, étaient trop longues et ennuyeuses. Je me souviens cependant m'être arrêtée sur l'une d'elles un instant pour la sombre atmosphère qu'elle représentait ainsi que sa magie à coup de baguettes de sorciers. Harry Potter. Tout le monde connait ce classique cinématographique du XXIème. Moi-même, sans avoir regardé, connaissais-je un peu le personnage principal ainsi que le nom de l'antagoniste. Celui dont il ne fallait pas prononcer le nom. Justement, à ce passage de la saga et cela juste avant que je ne change de chaîne, ils traitaient de cet homme que personne n'osait nommer. J'avais levé les yeux au ciel d'un fin sourire en recalant mon oreiller derrière moi.

"Voldemort."

Puis j'appuyai à nouveau sur le bouton de la télécommande et l'écran changea de couleurs, un nouveau programme m'était proposé. Ce moment ne m'avait pas marqué sur le coup, sûrement parce que je n'avais pas réalisé que quelques heures plus tard, je serais projetée à Poudlard, dans un temps où encore rien n'était à craindre mais beaucoup à présager. Je ne réalisais pas sur l'instant que cet épisode que j'avais zappé aurait pu m'aider dans l'aventure qui m'attendait. Seul mon instinct allait m'aider à discerner le bon du mauvais, alors que les deux s'entremêlent si facilement...

***

Il faisait nuit noire dehors et moi, je dormais à point fermé jusqu'à une certaine heure. Une alarme m'avait réveillé durant la nuit, sans que je ne comprenne pourquoi. Tout d'abord, elle ne ressemblait pas à la sonnerie de mon téléphone que je mettais le matin pour aller travailler et ensuite... Il n'était pas 7h. Du moins, à moitié endormie, je ne le croyais pas. Ma raison, cependant, m'incita à vérifier et alors que je tendais la main vers ma table de chevet pour y attraper l'appareil, je touchai autre chose de froid, arrondi. Mon regard se fronça alors que je me penchai encore. C'est dans un frisson, une secousse, une sensation que je ne saurais exprimée que je dérivai alors sur le côté, tombant de mon lit et faisant tomber l'objet non identifié en même temps, je m'écroulai lourdement sur le dos mais n'entendis pas autre chose tomber avec moi. Je ne l'avais pas assez réalisé sur le moment, j'étais sonnée, désorientée, quelque peu perdue lorsqu'ouvrant les yeux, une immense étagère remplie de livres se dressait à ma gauche. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise. Je n'avais pas d'étagères dans ma chambre... Je me redressai alors vivement. Face à moi, une lune immense, bleuté, éclairait à travers de grandes vitres ce qui paraît être une bibliothèque. Mon regard balayait doucement la pièce. Comment avais je atterri ici ? Étais-je en train de rêver ? Ça semblait trop réel pour en être un. Il avait fallu que je me lève pour comprendre qu'en plus de ne plus être chez moi, je n'étais plus non plus en pyjama. On avait troqué celui-ci par une sorte de costume... D'écolier. J'avais une longue veste noire ainsi qu'une cravate rouge et jaune. Elle me dit étrangement quelque chose mais totalement désorientée, je ne tentai pas de m'y attarder. Je souhaitais savoir où j'étais.

Tout sonnait pour moi comme un piège, si ce n'était une mauvaise blague, c'est pourquoi méfiante je ne pus m'empêcher de scruter les horizons à la recherche d'un indice. Il faisait toujours nuit mais l'architecture ancienne du bâtiment n'indiquait pas, pour moi, que nous soyons à Storybrooke. Avais-je été emmenée dans un autre monde ? Pourquoi ? Personne ne semblait donner signe de vie ici, j'étais seule. Posant calmement mon regard sur la rangée de livres de l'étagère à mon niveau, je commençais silencieusement à lire les titres en basculant la tête sur le côté. Histoire de la magie, lignée des Sang-mêlé, lignées des Sang-pur... Puis entre deux titres, un visage. Mon sang se glaça immédiatement. Je n'étais pas seule, contrairement à ce que je pensais. De l'autre côté de l'étagère, sur la même rangée, un jeune homme m'avait remarqué entre deux ouvrages. Il écarquilla légèrement les yeux, arquant un sourcil intrigué.

"Mlle Andros ? Appela-t-il d'une voix calme. Qu'est-ce qu-"

Il ne termina pas sa phrase car quelque chose d'autres attira son attention. Des pas. Ceux-ci se dirigèrent vers nous mais happée par mon nom qu'il connaissait, je ne pris pas le temps de m'y concentrer et avant de pouvoir répondre par une autre question, le jeune garçon disparût de mon champ de vision pour s'éclipser au plus loin. Il semblait vouloir échapper à la vigilance de quelqu'un mais je ne savais ni de qui, ni pourquoi. J'étais complètement prise au dépourvue par la situation quand on m'appela à nouveau, plus fort, plus durement, en s'approchant de moi.

"Vous n'avez pas le droit d'être ici après le couvre-feu. Lança une dame vers qui je me tournai. Elle n'était pas exactement vêtue de la même façon que moi mais le style restait le même. Mademoiselle, retournez dans votre dortoir.

-Mon dortoir ?"

Ma chambre, oui, j'aimerais bien y retourner.

"Oui, votre dortoir. Vous n'allez pas me dire que vous ne savez plus où vous dormez ?

-Je... Écoutez, je ne sais pas où je suis, à vrai dire. J'étais dans mon lit quand j'ai basculé avant de tomber puis de me retrouver ici Je ne sais pas de quoi vous parlez et je ne sais pas où nous sommes.

- Ça va être problématique, en effet."

J'étais ravie de savoir qu'elle ne semblait pas plus étonnée que ça de ma téléportation soudaine jusqu'ici, il semblait que ça soit chose rare dans les environs. Sans plus de surprise, la vieille dame sortit de sous sa veste un bâton qu'elle tendit sous mon nez. Je fixais l'objet dont l'embout s'illumina sous mes yeux et ces derniers s'écarquillèrent dans une impression de déjà-vu. Je compris brusquement le lien entre la tenue, les livres... Et cette baguette, mais silencieuse, je me laissais être sondée de haut en bas sous le regard désintéressé de ce qui devait être une professeure. Elle fixa un instant sa baguette avant de la ranger dans sa ceinture.

"Vous n'êtes pas victime d'un sort, c'est déjà cela. À mon avis, ma chère, vous êtes simplement somnambule et vous venez tout juste de vous réveiller d'un mauvais rêve. Retournez vous coucher, nous verrons cela demain et si ça se reproduit nous trouverons une solution. Me pensant peu réactive sous le choc, elle secoua la tête pour m'indiquer la sortie. Dépêchez-vous, maintenant ! Et allumez votre baguette, il fait sombre dans certains couloirs de l'école."

Impossible d'en poser une à nouveau, j'étais pressée par l'ordre avec cette mauvaise impression d'être retournée à l'époque d'Alféa - en plus sombre. Grimaçante et quelque peu agacée, je m'étais pliée à joindre les couloirs, seule, alors que je réalisais qu'en effet, dans ma ceinture, se trouvait également une baguette. J'avais une baguette de sorciers. J'étais à Poudlard... Il n'y avait pas d'autres possibilités qui me venaient en tête. J'étais dans la saga d'Harry Potter comme, apparemment, une élève de l'école. L'idée me semblait incroyable - invraisemblable. Ce que je ne comprenais pas, c'était qu'à défaut d'avoir simplement été téléportée, je semblais avoir été incrustée dans le décor. Sinon comment expliquer que le garçon de la bibliothèque connaisse mon nom alors que moi ne l'avais jamais vu auparavant ? Attrapant avec intrigue la baguette, autre chose tomba de ma ceinture : un bout de papier. Je l'attrapai et lu :


La réplique sonnait comme le lancement d'un jeu. Était-ce dans ça que je m'étais trouvée embarquée ? Quel partenaire ? Je soupirais, décalant ma tête à droite et à gauche, encore et encore. Si je ne savais pas où se trouvais le dortoir, comment allais-je trouver les toilettes pour filles ? Quel calvaire. Grommelant pour moi-même, fatiguée, je levais le bout de bois qui me servait de baguette devant moi et lançai :

"Dis-moi où se trouve les toilettes pour filles ? Silence sans réaction. Indique les toilettes ! Mais elle ne réagit pas plus. Je soufflais. Je vais me débrouiller, c'est pas grave."

Évidemment, je ne connaissais pas les sorts ce qui me paraissait alors logique de ne pas pouvoir utiliser cette foutue baguette. C'était ce que je m'étais dit en premier lieu lorsque bêtement j'avais tenté d'utiliser l'objet magique mais en prêtant réflexion à celui-ci, un mot émergea de mes pensées. Je fronçai les sourcils, songeuse, puis redressa la baguette face à moi.

"Lumos."

Sans véritablement savoir à quoi m'attendre, la pointe de la baguette s'alluma comme une lampe torche sous mes yeux. Je ne savais pas pourquoi, ni comment, mais j'avais su le terme exact qui me permettait d'éclairer dans le noir. Et doucement, je réalisais que j'en savais encore plus sur les sortilèges de ce monde. Impossible de comprendre, néanmoins, où j'avais pu les apprendre alors que je n'avais pas vu un seul film en entier, pas plus que j'en ai lu un livre. Il y avait trop de réponses pour bien peu de questions. Néanmoins, si j'obtenais des connaissances magiques inexpliquées, je ne savais toujours pas où je me dirigeais. Il fallut que je parte à l'aveugle explorer l'établissement scolaire sans me faire remarquer. Il y avait-il un sort pour ça ? J'y songeai mais rien ne traversa mon esprit sur l'instant. Rien d'accessible. Alors, toujours sur mes gardes, je passai de bonnes minutes à longer les couloirs principaux en quête de panneaux. Tout semblait si vide, si silencieux - et si oppressant. Parfois entendais-je des chuchotements lointains. Je me retournai, prise de curiosité, mais ceux-là cessèrent alors sur le champ et je retournais à mon chemin d'égarée. Tout était si étrange ici, je ne m'y sentais pas en sécurité. Comment pouvait-on étudier dans un endroit dans lequel nous ne nous sentions pas en confiance ? J'y songeais à nouveau lorsque je descendis les escaliers pour me trouver à une autre aile de l'école. Et finalement, au bout d'une bonne dizaine de minutes, je trouvai ma destination. Les toilettes pour filles, plus précisément. Au-delà des panneaux, en pénétrant dans le couloir qui m'y conduisit, j'entendais déjà à travers les murs une discussion se profiler entre un garçon et une fille. Le mot avait donc dit vrai, quelqu'un m'attendait - et le pauvre avait du attendre suite à mon égarement. Je n'étais pas sereine mais me sachant - peut-être - possesseuse d'un savoir en magie de sorciers, je pris plus facilement mes aises et entrouvris la cabine des toilettes de laquelle émergeait la discussion. La voix masculine m'ayant semblé familière se confirma face à moi alors que je m'étonnais à voix haute.

"Léo ? C-C'est toi mon partenaire ? Mon étonnement se mesurait à la personne qui avait su trouver sa place dans l'école alors que je pataugeais dans les questions. Tu sais pourquoi on est ici ? Attends et - Pourquoi tu es accompagnée d'une fille dans les toilettes de l'école ? Tu es en couple et père d'un - Mon regard descendit sur ce qui gigotait sur la poitrine du garçon. Je grimaçais. Tu as apporté Leowen ?"

Et de réflexe, je portais ma main à mon visage en soupirant de la situation. Le bébé était déguisé en elfe et le père draguait une autre femme avec celui-ci dans les bras. Absolument rien n'allait dans cette scène qui serait sûrement la dernière chose compréhensible ici, et heureusement, ce n'était pas ma priorité.

"Bon, sors d'ici, Leo ! Si tu ne sais pas ce qu'on fait là, alors on doit le découvrir et surtout savoir comment rentrer chez nous.

- Hey, pour qui tu te prends ? Entra en scène la jeune fille aux nattes qui me dévisageait depuis mon arrivée. Tu veux allée où, c'est ici ta maison maintenant, Aisha. Elle accentuait les syllabes de mon prénom avec dédain. Et tu n'as aucune leçon de morale à lui faire, c'est pas toi sa petite-amie."

Elle était insupportable et hautaine mais la regardant, je la trouvais surtout ignorante de tout le contexte de notre problème. Il ne fallait pas cependant que j'entre dans les détails. Posant mes mains sur mes hanches, je fronçais les sourcils dans sa direction avec sérieux.

"Exact, mais ce n'est pas toi non plus. Il a déjà quelqu'un et tu n'es pas cette personne, fais-toi une raison et vas trouver mieux.. La remarque pouvait paraître critique pour Leo, mais pour qu'il aille séduire à tout va, il le mériait. Et nous avions plus important à penser, je me reconcentrais donc sur lui. On doit comprendre ce qu'il se passe. Tous ces gens nous connaissent... Alors que nous non."

Comme d'habitude, je devais jouer le rôle du terre à terre qui cherchait une solution au problème plutôt que de s'en amuser. Je n'aimais pas ne pas comprendre une situation, et ne pas la maîtriser. Est-ce que Leo allait être coopératif alors que toute une école de magie s'ouvrait à lui, allez savoir. Je souhaitais simplement savoir si nous étions apparu ici pour quelque chose... Ou quelqu'un. Quel personnage jouions-nous ?

Impédimenta

Je ne m'étais pas vraiment attendue à ce tournant, il faut l'avouer. Je ne savais pas ce que je faisais là, comment exactement j'avais été transportée ni même ce qu'on attendait de nous maintenant... Mais ce qui me surprit le plus finalement dans cette histoire, c'était de connaître mon partenaire d'aventure. Léo Lionstar. Ce n'était pas un inconnu, je le connaissais depuis la malédiction. Nous travaillions ensemble par le passé. Il n'a jamais changé, quoiqu'amoureux désormais. Pourtant à l'y voir, ça ne l'empêchait toujours pas d'aller draguer aux alentours - et Léowen en guise de témoin était la cerise sur le gâteau ! Lorsque je l'ai vu apparaître dans mon champ de vision, je me suis tout de suite dit qu'il y était pour quelque chose, lui et sa mauvaise manie à adapter ses blagues à n'importe quelle situation désastreuse. Mon regard n'annonçait rien de drôle, lui. Est-ce que j'avais l'air de rire ? Désespérant. Mais rien n'y trompait : il était le seul de Storybrooke que j'avais croisé jusqu'alors. Le seul à s'être rendu là où le parchemin m'indiquait d'aller. De ce que j'y comprenais - et c'était peu -Leo était le partenaire qu'on m'annonçait et il ne perdait pas de temps à se faire sa place dans l'enceinte de l'école de sorciers.

Comme d'habitude, le jeune garçon se trouvait des excuses... D'ailleurs, à dire vrai, il le paraissait : plus jeune. L'étais-je aussi ? Avions-nous fait un bon dans le temps ? Ugh, trop de questions qui s'enchainaient mais Leo prenait déjà du temps à justifier son irresponsabilité de père et de petit-ami. Je ne faisais que lever les yeux à ses remarques, joignant mes bras contre ma poitrine en fronçant les sourcils. De ce que je compris, un objet nous avait emmené ici mais j'étais plutôt sûre de moi que pour ma part, ce n'était pas une sucette pour bébé qui fit le travail. Du moins, je crois ? Leowen aurait donc pu venir ici tout seul si Leo n'avait pas été en sa compagnie à ce moment ? L'idée me fit frissonner. Qui sait ce qui aurait pu se passer ! Trop d'objets magiques sont laissés à l'abandon, ce n'est pas possible... J'allais devoir en tenir informé Chris, c'était beaucoup trop dangereux. Enfin, qu'allait-il pouvoir y faire ?

"Où veux-tu en venir, Léo ?"

Il expliquait beaucoup et j'en savais une partie mais d'autres restaient encore des nouveautés pour moi. Puis il mentionna un invocateur et alors, mon regard s'écarquilla légèrement d'intérêts. Je réfléchis à mon tour, silencieusement, tout en l'écoutant.

"[...] Mais la cette magie a été utilisé contre notre volonté. Donc on devrait peut être se méfier ! Parce que la couleur de cette magie dépendant de son invocateur. Par contre je ne sais pas qu'on fait ici... Seul notre invocateur le sait."

Il avait raison. Nous étions forcément contrôlé par autre chose.

"L'invocateur doit être l'expéditeur du parchemin. Il est celui qui mène la danse..." Ajoutais-je à haute voix pour moi-même.

Puis sans perdre de temps, je sortis Leo de ses toilettes en précipitant le pas pour découvrir la raison de notre venue ici. Il avait déjà quelques idées entre communiquer à des proches de Storybrooke ou fabriquer nous-mêmes un portoloin. Je visualisais plus la seconde idée de part le monde où nous nous trouvions.

"Les elfes d- Je grimaçais. Tu as déjà fait ami-ami avec tout le campus ou quoi ? Je ne me suis pourtant pas perdue si longtemps que ça..."

Même si cela m'avait semblé être une éternité. Les couloirs sont si sombres et larges... J'en avais eu des frissons dans le dos. Enfin, je n'étais plus seule désormais. Léo allait m'accompagner, son fils aussi visiblement. Quant à la jeune fille aux nattes qui suivait toujours la scène du regard, je pensais qu'elle s'étoufferait dans sa crise de jalousie refoulée alors qu'elle reprit enfin la parole. Cette élève pensait réellement être en couple avec Léo. Il devait avoir mis de l'huile sur le feu, sinon elle ne serait pas encore en train de rêvasser à cet amour. J'avais tenté de la recadrer, je crus pendant un instant que ça avait marché car le regard qu'elle m'adressa passa de la haine à l'incompréhension. Seulement personne ne put exactement tirer quoique ce soit de cette discussion car le bébé s'interposa à sa manière - une manière abrupte à laquelle je ne m'attendis pas. Tout simplement, celui-ci se mit à pleurer - que dire, hurler - d'une voix aigüe qui nous brisa les tympans. Comme les autres, je me bouchai vivement les oreilles avec force, crispant ma mâchoire face à cette mauvaise surprise. Pourquoi criait-il ? Qu'est-ce qu'il se passait ? Sentait-il quelque chose que nous ne sentions pas ? Mon regard perdu se posait sur Leo, cherchant chez lui des réponses mais il ne semblait pas plus en avoir. En tant que père, il se réappropria son rôle comme un gant et par divers tendres gestes, réussit à calmer son enfant.

"Pourquoi a-t-il crié comme ça ? Si soudainement et aussi fort ? Réagis-je, perplexe. Je soupirais finalement de soulagement face au silence qui reprenait sa place. Ça promet des complications."

Mais le temps n'était pas aux reproches. Léo n'avait pas plus prévu la quête que moi et il fallait se faire à la situation initiale pour évoluer sur notre chemin et retrouver la sortie. L'idée d'un autre portoloin n'était pas idiot, à défaut de pouvoir retrouver le notre. Contacter des proches n'était pas non plus une bête idée... Après tout, si ces objets magiques étaient effectivement restés chez nous, n'importe qui pouvait s'en emparer, non ? Et finir piégé comme nous ? Non, me corrigeais-je. C'est à nous qu'a été envoyé ce parchemin... C'est forcément lié à cette téléportation et donc, à notre voyage. Tout avait minutieusement été prévu.

Leo était d'accord avec moi - encore heureux - et me suivait ouvertement dans l'énigme que nous devions résoudre.

"On doit réfléchir ailleurs allons a mon dortoir, parce que les efles m'ont dit qu'il était interdit de se promener dans les couloirs la nuit... Et le petit pourra se reposer plus confortablement."

J'hochai la tête et- Attends quoi ?

"Le dortoir ? Répétais-je en arquant un sourcil. On m'a dit la même chose à la bibliothèque mais j-... Les dortoirs ne sont-ils pas divisés pour les garçons et pour les filles ? Léo, je ne vais pas aller dans le dortoir des garçons ! Je vais avoir des problèmes et puis - Impossible d'y songer. Non, c'est hors de question !"

Leo avait déjà quitté les toilettes malgré tout après avoir conseillé à la jeune fille d'aller se coucher à son tour. Mais qui était-elle ? Que voulait-elle ? Que savait-elle ? Mon regard s'assombrit alors que je quittais la pièce en emboîtant le pas de mon ami. Je n'étais pas sereine, évidemment, mais surtout méfiante de tout. J'accélérais le pas à grandes enjambées pour rejoindre le niveau de Leo et repris avec entrain :

"D'où la connais-tu ? Je suis sûre qu'elle n'est pas fiable, qui te dit qu'au lieu de retourner dans sa chambre, elle n'ira pas balancer aux professeurs que je m'en vais dans le dortoir des garçons ou même que nous n'étions pas en train de dormir ! Peut-être va-t-elle parler de ce que nous avons dit sur cette histoire d'invocateur, poursuivis-je avec des gestes, et qu'on se fera interrogé, peut-être suspecté de je-ne-sais-quoi pour ça ! Leo, elle est une témoin !"

Je n'affirmais ni ne proposais quoique ce soit à ce fait, simplement les problèmes que celui-ci nous causerait si on le laissait sans surveillance. L'élève d'une maison qui ne semblait pas être la mienne connaissait assez bien le chemin qui nous menait jusqu'aux dortoirs. D'après ce que je comprenais de la salle commune, les dortoirs étaient divisés selon la "maison" dans laquelle se trouvaient les élèves. Je connaissais Gryffondor, c'était ma maison à y remarquer les couleurs de mon uniforme. Cependant, ce n'était pas là où je me rendais, mais comme préoccupée à me poser mes propres questions, je laissais Léo guider le chemin lorsque celui-ci rentra dans quelqu'un. Non correction : on lui rentra dedans. J'étais agacée à ce moment-là, toujours un peu dans mes pensées, et ainsi je ne regardai pas vraiment qui était l'individu qui frappa dans l'épaule de mon partenaire avant de poursuivre sa route.

"Tu pourrais regarder où tu vas." Ne pus-je m'empêcher de dire. Ce fut comme une pensée qui m'échappa, un réflexe. L'idée qu'on rentre dans quelqu'un sans s'excuser m'énervai.

Seulement, je ne réalisai pas que cette personne était le jeune homme que j'avais croisé à la bibliothèque tout à l'heure. Son regard me restait gravé en mémoire. Ce fut ce même regard qu'il me lança lorsque stoppé par ma remarque, il tourna doucement la tête vers nous. Il me scruta un instant, silencieusement, puis finit par incliner un léger sourire avant de reprendre sa marche.

"Je suis désolé." Laissa-t-il seulement entendre dans l'écho de la large salle. Ses pas s'éloignèrent vers la maison des Serpentard, puis plus rien.

Je fronçai légèrement les sourcils et finalement, je frissonnai, serrant les poings. Ma robe tourna lorsque je fis volte-face faire le chemin que nous empruntions initialement.

"Cette école me donne la chair-de-poule, je n'aime pas ça. Dépêchons-nous de trouver ta chambre, et si tu as des colocataires nous les endormirons assez profondément pour ne pas avoir peur de discuter malgré leur présence. Je suis sûre qu'il existe un sort pour ça."

Ce que je comprenais, c'est que dans Harry Potter, les sortilèges étaient aussi divers que ce que nous avions à Alféa ! Je me retrouvais au moins dans ça et, aussi étrange cela pouvait-il paraître, je semblais être plutôt bonne pour lancer des sorts. Les fins couloirs de l'étage nous conduisirent facilement aux chambres mais finalement, le plus dur resta encore à trouver : laquelle était celle du garçon ?

"Tu n'avais pas pensé à ça, hein ? Dis-je à voix basse à celui-ci. De long en large, je balayais les chambres du regard. Certaines avaient de la lumière qui dépassait de la porte, d'autres étaient complètement éteintes. Je dirigeai mes pas vers ces pièces-ci et chuchotais à nouveau. On s'en fiche que ce soit ta chambre. Au contraire, il vaut peut-être mieux que ça ne le soit pas si les surveillants venaient à venir jusqu'ici pour nous chercher. Mais - accentuais-je en sortant ma baguette - ça ne nous empêche pas de trouver un refuge quand même."

Allez Aisha, tu connais le sort... Celui qui permet de révéler une présence humaine. Je ne savais pas d'où je sortais une telle formule, je ne le comprenais pas. Mais ces connaissances, à source inconnue, m'étaient vraiment utiles dans n'importe quelle situation. Ainsi, prononçais-je doucement mais sûrement :

"Hominum revelio."

Je fermai les yeux. La plupart des dortoirs étaient plein. La plupart, oui. Mais il y en avait toujours une qui faisait exception, ainsi pointais-je de ma baguette celle que je perçus comme vide pendant quelques secondes et cela juste avant que le sort ne s'estompe.

"Ici. Cette chambre est vide."

Qui y vivait ? Ou plutôt, qui n'y vivait pas...

Impédimenta

Marionnette était un terme plutôt péjoratif pour moi lorsque Leo venait à l'employer pour se décrire lui et Ali. C'est vrai, maintenant que j'y pense, je ressemble à une invocatrice. J'en suis une. Ali m'avait fait confiance, il m'avait laissé sa lampe ainsi qu'un grimoire en faisant de lui mon génie. Sauf que n'ayant jamais souhaité l'asservir à mes souhaits, je me suis toujours sentie comme une gardienne d'un objet puissant plus que la maîtresse d'un génie. Ali était humain avant tout, il avait sa vie, sa famille, son entourage et des ambitions. Je n'allais pas gâcher tout ça pour des caprices. Je savais que si je venais à utiliser la lampe et à invoquer Ali, ce serait dans un cas d'urgence et uniquement dans ce cas-là. Jusqu'ici, j'évitais d'être trop mêlée à tout ça. Peut-être était-ce pour cette raison que je ne pensais pas vraiment comme une invocatrice et que je n'aurais jamais fait le rapprochement entre Leo et moi. Pour moi, nous venions de mondes complètement différents - ce qui est vrai -. Nos points communs se limitaient au bar dans lequel nous avions travaillé. Mais, peut-être, que si je me penchais plus sur la question, je saurais voir autre chose que ce qui est bêtement montré au public. Leo n'est pas stupide, pas plus qu'il n'est faible. J'imagine que si la situation venait à devenir critique, je saurais compter sur son aide.

Ah parce que tu t'es perdue ? Je rougissais vaguement d'embarras. J'aimerais rétorquer que non mais pourtant, c'est bien vrai. Et puis, c'est normal, non ? Je ne connais pas cet endroit comme ma poche, ce n'est pas mon école ! Pourquoi semblait-il si détendu dans une situation pareille ? Même Leowen, lorsqu'il se mit à hurler de pleins poumons, eut pour moi une réaction plus adéquate que Leo en ce moment qui fricotait avec l'élève bornée des toilettes. Nous nous étions tous bouchés les oreilles aux cris atroces du bébé et lorsqu'il s'arrêta, je ne sus quoi en penser. J'espérais que ce serait le cas du père, mais le pauvre semblait tout aussi perdu. Je le voyais. Dans son regard. Il fixait son enfant comme pour y chercher les réponses à mes questions, en vain. L'idée de ne pas savoir l'irritait, le décevait. Il se posait alors lui-même des réflexions que je ne comprenais pas.

"Comment ça pas son père ? Répétais-je de sourcils froncés. Qu'est-ce que tu racontes..."

Il poursuivit, un peu plus sombre encore. J'avais l'impression qu'il déraillait complètement, se blâmait de choses qui n'étaient pas, qui n'avaient pas raison d'être. Leo était dans la démesure. Comment pouvait-il dire ça ? Plus il parlait, plus je bouillonnait intérieurement par ses paroles et lorsqu'il me tendit le bébé, c'était comme la goutte qui débordait du vase. Leowen se mit à pleurer, s'accrocha à son père qui finit par abandonner et à le garder contre lui. Alors, les poings serrés de retenue, je finis par lui donner une violente gifle qui n'était évidemment destiné qu'à Leo et à Leo seul.

"Abruti, tu vois pas que tu lui fais peur ! M'énervais-je de vive voix sans ne plus prêter attention à qui pouvait bien entendre. Ne parle jamais de tes inquiétudes de parent devant ton enfant, tu ne réalises pas le mal que ça peut lui faire ! Dire devant lui que tu ne serais pas son vrai père ? Que tu ne le mérites pas ou que tu n'es pas à la hauteur alors que tu es sa seule présence familière, la seule personne à qui il peut s'accrocher, celle dont il dépend ? Je serrai la mâchoire. Leo, mets-toi à sa place ! Il est encore tout petit, il peut pleurer pour absolument n'importe quoi, c'est sensible à cet âge ! Et non, évidemment que ce n'est pas grave si tu ne sais pas les raisons de ses cris ! Il n'attend pas de toi à ce que tu saches, il attend de toi à ce que malgré tout jamais tu ne le lâches et à ce que tu sois toujours là pour lui !"

J'y avais donné toute ma force, je n'avais plus de souffles à la fin de ma phrase alors que, réalisant l'énergie que j'y avais mis, je me calmai et réalisai à quel point j'y avais été fort. Je n'étais pas mère, comment pouvais-je savoir ce dont avait besoin un bébé ? Dans quel embarras me mettais-je. Instinctivement, mon regard vrilla sur le côté, en direction du sol, et je n'osai plus faire face à celui que je grondais il y a encore quelques secondes, désolée de parler aussi sèchement alors que je n'avais aucune expérience dans le domaine. Je ne me sentais pas vraiment à ma place pour donner des leçons. Plus calmement, je repris :

"Même si tu as peur de décevoir... tu ne dois jamais le lui montrer parce que tu peux être sur que lui aura plus peur que toi... C'est normal après tout, puisqu'il dépend de toi."

Mon regard se portait toujours dans le vide, menton légèrement baissé alors que j'avais l'impression de devoir justifier cet emportement. C'était tout à fait compréhensible, dans un sens, Leo ne méritait pas une gifle pour s'être laissé prendre par ses émotions. Il ne pouvait pas être blagueur et léger tout le temps. Lui aussi avait ses failles et ses inquiétudes qu'il montrait à sa manière, comme nous tous. Peut-être que moi aussi, par cet acte, j'avais montré une certaine angoisse. Ce n'était pas le moment que Leo perde les pédales et nous conduisent tous dans la panique. Il fallait qu'on soit soudé et ensemble, personne ne rejetterait personne. Si Leowen devait avoir des problèmes, on s'en montrerait tous responsables.

Nous avions peu d'indices pour le moment concernant les raisons de notre venue mais les quelques peu que nous possédions restaient précieux ! Mis à part tout ça, l'école restait quelque peu banale pour moi, qui aie passé une ou deux années dans une école de magie similaire - plus rose peut-être ? -. Nous avions nous aussi nos dortoirs et nous étions bien évidemment divisés, chose que je m'empêchais de débattre avec mon partenaire tandis qu'il se confiait sur les bienfaits de dormir avec une fille. J'avais évidemment haussé les yeux au ciel à plusieurs reprises, mordant ma lèvre pour m'éviter de dire une bêtise. Le fait, par ailleurs, que Leo ait pu avoir une sort d'attirance pour moi me surprit un instant, mais ne sachant comment répondre à ça par une phrase, je fronçais deux sourcils et il poursuivit. Sinon cela serait-il sûrement enchaîné par un long silence de ma part où j'aurais mis les points sur les i quant à notre relation. Une amitié, rien de plus. Je ne m'inquiétais pas aujourd'hui, après tout c'était son bébé qui s'accrochait à sa chemise à l'heure qu'il était. Leo avait pu trouver l'amour.
Et puis, mon cerveau bouillonnait sur autre chose : le piège dans lequel nous semblions être tombé. Je redoutais que la jeune fille que nous avions croisé fasse des siennes par du chantage ou des caprices visant à obtenir Leo pour elle. De la jalousie mal-placée, entre autre, mais le garçon visé reconsidéra la question et finit par me convaincre que je ne devais pas m'inquiéter pour elle.

"Ok, ok... Boudais-je. Mais arrête de m'appeler ma Fairy, ce surnom est ridicule."

J'avais toujours de quoi me plaindre, on dira. C'était plus fort que moi d'avoir le dernier mot, c'est vrai - mais ce surnom était vraiment ridicule.

Et cette école... était vraiment étrange. Les élèves qui s'y trouvaient surtout. Je ne nous disais pas exemplaires et je sais qu'avec la magie, nous pouvions retrouver de tous les profils - mais ce garçon qui avait bousculé Leo émanait quelque chose de vraiment bizarre. Dangereux, si je me permettais la critique. Mais qui étais-je pour en faire la remarque ? Non, ce type n'était pas net, c'était certain. Lorsqu'il s'était retourné vers nous, son regard n'exprimait rien de positif. Je pouvais bien pointer du doigt la fille nattée des toilettes, il était bien pire.
Mais retenue d'en dire le moins possible, nous passions notre chemin pour nous engager dans un autre couloir.

"Tiens-toi prête à lancer ton sort de sommeil sur le tableau, m'avait alors lancé Leo entre deux bruits étranges que je discernais tout juste, au cas ou que le Moine Gras se réveille Moi je ne suis pas tres doués en sortilèges sauf celui de la mémoire étoilé. Qui était un sort de mon monde et que seuls les esprits stellaires pouvaient utiliser."

Mon regard perplexe suivait celui de Leo, bloquée sur les tableaux dont il se méfiait. Bon sang, les tableaux étaient vivants ? Qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre. Leo reprit sur les pouvoirs, nos compétences et celles qu'il avait déjà pu discerner chez moi. Ses connaissances dans le domaine me laissaient bouche-bée un instant, j'étais quelque peu perdue.

"Restons sur la baguette pour le moment... Et... Bafouillais-je. Bon sang, Leo, comment sais-tu autant de choses sur la saga Harry Potter ? Je sais qu'il existe un type qui s'appelle Voldemort et que Harry Potter a une cicatrice sur le front mais ça s'arrête là pour ma part... Si tu puisais toutes les ressources du film, peut-être réussirais-tu à nous sortir de là, non ? Osais-je espérer. Tu connais les dangers qui nous entourent !"

Il était définitivement le mieux placé pour monter une stratégie visant à analyser le terrain, il le prouvait à chaque avertissement qu'il me donnait, comme pour le tableau. Je me sentais quelque peu rassurée de savoir quelqu'un pour me guider dans un lieu que je n'avais, pour ma part, pas vraiment cherché à comprendre avant aujourd'hui. Ça m'apprendra à zapper aussi vites les chaines de télévision, qui sait où je pourrais atterrir demain ! Leo connaissait même le mot de passe pour pénétrer dans le dortoir. Je souris avec satisfaction.

"Bien joué, Leo !"

Mais alors qu'il me permit de passer devant, cet abruti fit encore le geste déplacé de trop qui m'énerva et m'incita à employer la force. C'est incroyable comme il le faisait exprès. Dès la sensation de frôlement sur mes fesses, je basculais de son côté et le tira par la cravate avant de le plaquer au mur d'un regard bouillonnant.

"Par contre refais ça et je te jette du haut d'une de ces tours... Si tu la joues gentleman, joue-le correctement."

Je reprenais le chemin une fois l'avertissement donné. Le combientième d'ailleurs, depuis notre rencontre ? Il était incorrigible, un enfant mal-élevé, et il fallait que je passe outre son comportement déplacé pour observer les lieux sombres dans lesquels nous pénétrions. Étrangement, la verdure qui y émanait me calma légèrement. Je songeais vivement à Flora et nous repartions sur notre lancée. Je suivais le guide mais réalisai que de toute façon, nous ne réussirions pas à trouver sa chambre, car nous ne savions pas laquelle c'était. Tu n'avais pas pensé à ça ? Avais-je dit. Il n'avait pas semblé avoir compris mais je ne m'étais pas reprise. Je ne voulais pas faire trop de bruits ici, éveiller les soupçons par une voix féminine qui provenait des couloirs des garçons. Je me méfiais également que dans le dortoir de Léo se trouve déjà des élèves - plus ou moins rapporteurs - et qui nous dérangeraient alors que nous ne sommes pas vraiment venus ici pour dormir. Quoique, je n'avais pas fini ma nuit... Mais la fatigue s'était envolée face à la quête qui s'offrait à moi.


Grâce à des pouvoirs que je ne soupçonnais même pas, nous avions pu pénétrer dans une chambre et nous y enfermer. Leo avait raison, je connais des sorts que je n'aurais même pas su prononcer par le passé, et cela par un instinct sorti de nul part. J'ai l'impression qu'on m'a implanté ces connaissances mystérieuses, ce que je ne peux pas renier. Elles nous ont plutôt bien aidé jusqu'ici...
Tandis que Leo dénouait sa cravate et se mettait dans ses aises, je m'assieds sur le lit dans face, deux mains posées sur mes genoux en reposant un instant ma conscience. Je n'aimais pas ne pas avoir le contrôle sur une situation, c'est vrai, et en ce moment, je ne pouvais pas même pas dire pourquoi j'étais là ni comment rentrer chez moi. C'était la priorité numéro 1.

"On se repose un peu où tu veux qu'on discute de notre enquête ?"

La question se posait-elle vraiment ?

"Ce que tu appelles enquête, j'appelle ça rentrer chez nous. On ne peut pas se reposer tranquillement alors que notre entourage nous attend là-bas, sans même savoir où nous sommes !"

J'essayais de lui faire comprendre pourquoi j'étais quelque peu sur les nerfs - même si dans un cas général, un rien peut m'agacer. Leo en savait plus que moi sur le sujet dans lequel nous étions plongé, j'avais forcément besoin de son aide et il était celui qui pourrait m'aider à répondre à mes questions ! Au-delà de fouiller dans les tiroirs et autres recoins de la pièce, alors que j'hochais négativement lorsqu'il me proposait une affaire à voler, je souhaitais mener un plan pour repartir chez nous et peut-être éviter ce qu'on nous avait préparer. Mais comment savoir seulement en quoi ça consistait ? Mon partenaire attira mon attention sur des cartes et si au début je trouvais l'idée quelque peu étrange et bancale, il me convint à nouveau. Leo était du céleste... Je supposais que ce qu'il tirait et ce qu'il avait appris du tirage n'était pas une arnaque. Je faisais confiance à ses quêtes et à ses expériences. Surtout dans le domaine d'Harry Potter pour le moment, on va pas se le cacher...

Ainsi, le tatouage dont Leo me parlait m'intrigua au plus haut point. C'était ce type ! Je savais qu'il était louche, d'une certaine manière. Son regard ne dégageait rien de bon et s'il s'était approché de Leo autant pour ce mot que pour ce tatouage, j'osais parier qu'ils se connaissaient... Mais qu'à moi, il ne faisait pas confiance. Sinon, pourquoi l'avoir simplement bousculé plutôt que de lui parler en face, en ma présence ? Leo avait un atout considérable s'il était aussi populaire qu'on le suggérait. Je me renfrognais néanmoins à cette pensée. Il y avait des limites à la mission. Je ne pouvais pas le laisser prendre trop de risques. Si un tatouage pouvait faire mal, je n'osais supposer ce qui était prévu par la suite.

"Pour te prendre comme cible, peut-être que ce garçon a un lien avec notre arrivée ici. Peut-être qu'il sait des choses..." J'haussais simplement les épaules, sans vraiment savoir si je pouvais fonder mes à priori sur des preuves.

Notre seule piste semblait être les cartes de tarot, alors. En m'asseyant face à Leo, j'espérais à vrai dire qu'on trouve plus par la suite, mais disons que pour la nuit que nous devions finir, c'était déjà ça de pris. J'attendais donc calmement que le garçon retourne une à une les cartes concernées, celles de notre avenir, mais un cri nous stoppa. Plusieurs mêmes, venant des chambres voisines. Toute notre attention n'était désormais portée que sur la nouvelle qui parcourait les salles des dortoirs : des professeurs combattaient contre une horde de chimères dans la cour de l'école. Vivement, je me dirigeai vers la fenêtre qui donnait sur la scène pour observer de moi-même l'ampleur de la menace. De ce que je voyais, nos supérieurs étaient effectivement en train d'essayer de créer une barrière pour empêcher que le danger n'entre dans l'établissement. Pour la plupart... Il était trop tard.

"Leo, regarde ! Q-... Qu'est-ce que c'est ? Je veux dire, pourquoi est-ce qu'ils sont là ? C'est quoi ? Enchainais-je à mon ami qui devait en savoir plus que moi. Ce sont des sortes de créatures ennemies ? Elles en veulent à l'école ?"

Je ne m'étais pas vraiment attendue à voir des chimères dans le conte d'Harry Potter mais je supposais qu'il y avait de tout, alors ? Je crois que l'on m'avait déjà parlé d'araignées géantes cauchemardesques, j'en frissonnais déjà. Sauf qu'ici, il n'y avait rien de rampant. Bien plus dangereux, ces animaux volaient. Bien plus imprévisibles, je remarquais d'ailleurs que ceux déjà dans l'enceinte du campus ne s'attardaient pas sur les attaques des professeurs mais se dirigeaient directement vers les locaux... Nos locaux. Mon regard se fronça d'inquiétudes.

"Je ne comprends pas ce qu'ils f- Puis brusquement, une tête surgit derrière la vitre que je fixais jusqu'alors. Deux pupilles me toisaient et je poussai un cri de peur avant de reculer de plusieurs pas. Leo, ce n'est peut-être qu'une impression mais on dirait que c'est vers nous qu'ils vont !"

La chimère me reluquait et cherchait par des coups de pattes à briser le verre qui nous séparait. Une seconde fonça directement dans le tas et brisa le tout tandis que je partis à l'autre bout de la pièce pour éviter les dégâts. Je conseillais à Leo et Leowen d'évacuer. Le regard de ce dernier me laissa sans voix, je ne pus me résoudre à bouger tout de suite.

"Leowen..." Appelais-je avec angoisse.

Ce regard... La chimère avait exactement le même.

"Et si c'était lui qui avait appelé ces créatures ? Je veux dire... Regarde-le. Il n'est pas dans son état normal, qu'est-ce qu'il se passe ?"

J'aurais souhaité que nous ayons le temps de répondre à toutes nos questions, mais le temps n'était pas trop au repos... Celui-ci fut d'ailleurs de courte durée. Je souhaitais prendre la fuite en compagnie du père et du fils, mais la porte de notre chambre s'ouvrit avant la moindre attaque, avant la moindre fuite, avant la moindre initiative de notre part. Je ne vis pas la silhouette qui lança l'éclair que je vis, lui, se déverser sur l'une des bêtes avant que celle-ci ne s'effondre au sol, inerte. L'individu s'avança de plusieurs pas pour voir et être vu de tous. Il portait une large barbe blanche, une sorte de toge et un béret. Son regard se porta tout d'abord sur Leo, l'enfant, puis sur moi. Il revint sur le bébé sur lequel il portait une attention particulière, un vague soupçon. Je me demandais s'il n'avait pas eu la même hypothèse que moi.

"Sortez d'ici. Ordonna-t-il avec froideur. Allez vous mettre à l'abri, nous nous occupons du reste."

Était-il un professeur ? Ou bien... Les murmures qui se confrontaient me prouvaient bien plus : c'était lui, le directeur Dippet. Le directeur de Poudlard. Qui que nous étions ici, quoique nous fassions, quelque chose me disait que nous allions nous faire passer un savon. Non seulement car j'étais une fille dans un dortoir de garçon, mais aussi parce que nous étions peut-être la cause de la menace qui envahissait Poudlard - et cela pour à peine une heure passée en ces lieux. Moi qui avait prévu que nous ne nous fassions pas remarquer... Je suppose que c'était raté.

"Laissez-nous vous aider, Monsi...

-Vous en avez assez fait, je crois. Il semblait remonté. Les élèves n'ont pas les compétences acquises nécessaires à l'élimination de telles créatures, vous mener au combat serait un suicide, dépêchez-vous de partir !"

Mon regard se tournait alors vers Leo. Je ne comptais pas partir sans lui, évidemment, ainsi cherchais-je dans son expression un geste qui prouvait qu'il me suivait. Si nous commencions à combattre, c'est vrai, je doutais qu'on s'en sorte indemne. De plus, je m'inquiétais pour Leowen et le rôle qu'il pourrait avoir dans cette histoire. Le pauvre allait vivre des aventures fantasques bien tôt !