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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021)

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Vaiana de Motunui
Alexis E. Child
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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

Anatole Cassini

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« Il existe 175.000
espèces de papillons... »


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« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



| Conte : ➹ Intrigue Divine
| Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 _



________________________________________ 2021-01-28, 10:14 « Maîïîtreuuuh !!! »


« Votre monde est rempli de merveilles...
...un appât pour toute âme en quête de renouveau. »
▼▲▼

Il était difficile de peser le pour et le contre à tout instant. De savoir quand il fallait dire les choses et comment les dire. Face à des inconnus, je me devais de délimiter clairement ce qui devait être traité et ce qui devait d'être écarté.

Un inconnu pouvait se présenter sous diverses formes. Il y avait l'inconnu tel qu'on le connaissait, c'est à dire celui qu'on ne connaît ni d'Adam ni d'Eve et il y a l'inconnu dans l'équation. Celui qui face à une tierce personne, à une situation, était un parfait inconnu. Dans ce genre de cas, il pouvait très bien s'agir d'une connaissance, d'un ami, ou de quelqu'un d'encore plus proche. Face à eux aussi on se devait de peser le pour et le contre de ce qui devait être dit et de ce qui devait être gardé sous silence. Ce n''était jamais une décision facile à prendre.

Il fallait faire un compromis. Un compromis entre l'attente de l'ignorant, et l'envie du connaisseur de lui offrir le savoir qu'il possédait. Il fallait examiner la disponibilité de l'esprit de l'ignorant, ses préjugés, ce qu'il était capable ou non d'encaisser. Il fallait définir aussi le degré de confiance qu'on avait envers cette personne. Et puis, il fallait trouver le bon moment. Ce dernier se présentait souvent à l'improviste, quand on s'y attendait le moins.

« Prend rapidement ce qu'il faut pour Lyra, je m'occupe de ce qui conviendrait à Alexis. » dis-je à Malcolm.

Quand on s'était téléporté, Asta, Malcolm et moi, je nous avais fait apparaître dans ce qui me semblait être une pharmacie, à quelque kilomètres de l'endroit où se trouvaient les filles. Je n'avais pas cherché midi à quatorze heures, choisissant le lieu habité le plus proche. A première vue, il n'y avait pas âme qui vive en dehors de nous, dans ce lieu. Cela allait nous permettre de passer inaperçu.

J'avais remarqué qu'à peine arrivé, Malcolm chancelait, tout comme Asta. Ils avaient du mal avec le voyage. C'était une première pour eux. Bien que d'ordinaire, dans notre monde, même une première fois, cela se passait bien. Cela venait-il du fait qu'ils étaient séparés en deux ? Je me poserais la question par la suite.

Me dirigeant vers une étagère, je pris quelques bandages. Il me fallait également quelque chose pour désinfecter les plaies, et de quoi permettre à Alexis d’apaiser sa blessure sans que mon aura y soit pour quelque chose.

N'entendant pas Malcolm bouger d'un pouce, je me tournais pour lui faire face. Ce dernier, avait la bouche entrouverte, et il tentait de parler, mais sans succès. Il me fixait les yeux exorbités.

Asta s'était précipité vers Malcolm. Ce dernier s'était penché pour la prendre dans ses bras. Le coeur de la chatte semblait battre fortement, vue les hauts et bas de son ventre. Désormais, c'étaient tous les deux qui me fixaient.

« Je sais que ce n'est pas facile à encaisser, Malcolm. Mais est-ce véritablement le bon moment ? » m'enquis-je.

Je comprenais sa déroute. Mais là, il y avait bien plus important à régler.

« Le... bon moment ? » bégaya t'il.

Il déglutit, Asta toujours dans les bras.

« Vous... nous... »

« ...avez... transporté... » poursuivit Asta.

« ...ailleurs ? » acheva Malcolm.

Ce n'était pas toujours facile de devoir faire face à des situations délicates. De devoir expliquer certaines choses quand le moment se présentait. Il y avait bien plus important à régler dans l'immédiat, mais des détails, insignifiants pour un Titan, pouvaient bloquer l'esprit d'un simple mortel, et l'empêcher de continuer, de réfléchir convenablement, tant qu'on ne le débloquait pas. Je comprenais que j'étais face à ce genre de moment, mais j'aurais aimé ne pas devoir m'y confronter, maintenant. Soupirant, je regardais les deux jeunes gens.

« Je vous l'ai dit. » répétais-je une nouvelle fois. « Certaines personnes par chez nous, ont des dons. »

Je soupirais une nouvelle fois. Je ne pouvais pas leur en vouloir de me faire répéter cela. Et je ne pouvais pas user d'une nouvelle pirouette.

« Je ne suis pas un chaman. » leur avouais-je. « Mais je reste un ami. Il ne faut pas avoir peur de ce que vous ne comprenez pas. »

Je jetais un oeil en direction de Asta, avant de lever une nouvelle fois les yeux vers Malcolm. Comprenaient-ils que pour moi aussi, ils étaient inquiétants ?

« De là où je viens, nos âmes sont à l'intérieur de notre être. Cela remonte à fort longtemps. Il en a toujours été ainsi. Ici, vos âmes sont divisées en deux. C'est quelque chose qui peut sembler étrange et inquiétant pour quelqu'un de mon monde. Tout comme le fait de pouvoir se déplacer d'un endroit à un autre, ou toute autre chose que j'ai été amené à faire, ou que je pourrais être amené à faire, qui pourrait vous inquiéter d'une manière ou d'une autre. Ou tout du moins, vous surprendre. Mais je vous le redis, des liens nous unissent. Je ne rompt pas ce genre de liens. »

J'essayais de les rassurer du mieux que je pouvais. Le Temps nous était compté - si il avait une quelconque importance, ici.

« Que faut-il prendre pour soigner Lyra ? » leur demandais-je afin de les faire sortir de leur torpeur.

Ils ne bougèrent pas pour autant. Soupirant, une troisième fois, je décidais de poser les bandages sur l'étagère qui se trouvait juste à côté de moi. Je les fixais à tour de rôle.

« Une question chacun. Une seule. Et on poursuit ce pourquoi on est venu. » leur dis-je.

Asta fut la première à ouvrir la bouche.

« Vous pouviez faire ça depuis le début ? » me demanda t'elle.

Je l'observais quelques instants, avant de hocher la tête.

« Pourquoi ne pas nous avoir tous emmenés directement à destination ? » enchaîna Malcolm d'un ton étranglé.

Il marquait un point. Je m'étais posé la question à divers moments de si je devais ou non les conduire à destination dans la seconde, ou si on se devait de suivre la voie tracée par Lyra et le jeune homme.

« Je n'étais pas sûr de moi. » répondis-je. « Alexis et Vaiana semblaient perdues, tout comme moi. Je ne voulais pas les mettre inutilement en danger. Si elles savaient que j'avais mes pouvoirs, elles auraient été moins sur leurs gardes. »

Étais-ce la véritable raison ? Je n'avais pas le temps de me poser la question. Je devais le convaincre rapidement qu'il fallait passer à autre chose.

« J'ignore dans quel monde on se trouve, et comment se sortir de cette situation. Le seul avantage qu'on a, tous les trois, c'est que vous ignorez de quoi je suis capable. Pas nécessairement vous, mais les personnes qu'on aurait pu rencontrer, qu'on a été amené à rencontrer, et ceux qui pourraient encore se trouver sur notre route. Moins les gens savent, moins ils seront méfiants, et plus on aura de facilité à s'en sortir. Mais j'aurais du vous faire confiance, à vous et à Lyra. Vous nous avez tendu la main sans la moindre hésitation. Cela dit, vous nous avez pas tout dit non plus d'entrée de jeu. Ca a pris du temps. Je vous le dis maintenant, parce que vous pouvez l'encaisser. Du moins, je l'espère. C'est aussi un peu parce que je n'ai pas le choix. Mais j'aurais fini par vous le dire. Je sens que je peux vous faire confiance. Et j'aimerais que vous sentiez la même chose vis à vis de nous. »

Malcolm resta méfiant. Il garda Asta dans ses bras, la tenant avec l'une de ses mains, avant de tendre son autre main dans ma direction. Sur le coup, je fus surpris.

« Plus tard, vous m'en direz d'avantage. »

Je le fixais quelques instants, avant de lui prendre la main.

« Restez sur vos gardes. » lui dis-je tout en serrant sa main. « Vous pouvez me faire confiance, mais ne dépendez pas de moi. Jamais. »

Une pensée m'effleura l'esprit. Je venais une nouvelle fois de donner la sensation à quelqu'un que j'étais capable de le protéger. Alors que ce n'était pas du tout le cas. Je ne voulais pas enterrer une personne de plus par ma faute. Il pouvait avoir confiance en moi. Mais en aucun cas dépendre de moi. Sinon il finirait par mourir, tôt ou tard. Lâchant sa main, je repris les bandages, le laissant chercher de quoi soigner Lyra.

Malcom mit un petit moment à trouver ce qu'il fallait. Asta l'avait quitté, afin de l'aider à trouver ce qui aiderait la jeune femme. Quant à moi, j'avais je pense, pris ce qu'il fallait. Voyant Malcolm avoir du mal à lire les étiquettes, je m'étais approché de lui. Je m'étais mis juste à côté, le regardant. Et quand il m'adressa un regard, je posais une main contre son épaule. Une petite luciole apparu à quelque mètres au dessus de nous, suivi d'autres. Il faisait désormais un peu plus clair dans la pièce. Je retirais ma main de sur lui. Je voulais juste le rassurer et lui faire comprendre que j'allais sans doute une nouvelle fois le surprendre. Je me rendais compte qu'à chaque fois que je faisais quelque chose pour lui, ça m'éloignait un peu plus de lui. Ou de la confiance qu'il pouvait avoir en moi.

Quelques lucioles restèrent au-dessus de Malcolm, tandis qu'une d'entre elles, descendit en direction d'Asta. Cette dernière eu le réflexe d'essayer de l'attraper avec sa patte. Je n'avais pas prévu cette éventualité. Je baissais les yeux dans sa direction, tout comme Macolm. Elle finit par se ressaisir et se stopper.

« Pardon. C'était un réflexe. » laissa t'elle échapper.

On se remit en quête des médicaments. La luciole, quant à elle, s'éloigna d'Asta. Sans doute un réflexe, également.

« Il faut trouver une pommade anti venin. C'est marqué sur l'emballage. Le soucis, c'est que c'est écrit en norvégien. Ici, d'ordinaire on parle les deux langues, mais semble t'il, ils n'ont pas voulu faire d'effort. Et bien évidemment, je ne parle pas le norvégien. »

Je fermais les yeux. Il n'allait pas aimer. Observant l'étagère, je mis un petit moment avant de tendre la main pour prendre une boite et la donner à Malcolm.

« J'ai appris le norvégien à l'école. » lui dis-je avec un petit sourire.

Il devait savoir que je mentais. Mais qu'elle importance ? Malcolm prit la boite.

« Vous avez des bandages et des compresses, c'est ça ? »

Je lui répondis en hochant la tête. J'avais tout ce qu'il fallait pour les plaies.

« Parfait. Nous n'avons plus qu'à... »

Malcolm fut interrompu par quelqu'un qui venait de taper contre la porte vitrée de la pharmacie. En tournant la tête, je vis un homme vêtu un peu comme un polilcier.

« Hva gjør du her ? » nous dit-il.

Les lucioles disparurent, diminuant considérablement la clarté de la pièce.

« Si tu as tout ce qu'il faut, on va rentrer. » dis-je à Malcolm.

L'homme tapa de plus en plus fort contre la vitre.

« Oui, je suppose qu'il ne nous invite pas à prendre le thé. »

Nous disparûmes afin d'apparaître devant la cabane, les mains vides. Malcolm baissa la tête en direction de ses mains.

« Où sont les... ? »

« Maintenant, nous pouvons parles, si tu le souhaites. » lui répondis-je avant de prêter mon attention à Asta. « Tout ce qu'on a pris, se trouve à l'intérieur, avec les filles. J'ignore si tu dois te rendre auprès d'elle pour leur expliquer quoi faire, ou si elles peuvent se débrouiller seules. J'aimerais qu'on discute avec Malcolm. On peut t'attendre, évidemment. »

On entendit du bruit provenir de la cabane. Je tendis l'oreille, pensant entendre l'une des villes, mais c'était une voix rauque, d'homme. Qu'est ce qui s'était encore passé ? Hésitant sur la marche à suivre, je tournais la tête vers Malcolm. Je me doutais qu'il ne comprenait pas ce qu'un homme faisait à l'intérieur. M'approchant de la porte, je décidais de frapper trois coups. Mieux valait surprendre, que d'être surpris.


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Vaiana de Motunui
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »

Vaiana de Motunui

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Rage is a quiet thing
Ooh, you think that you've tamed it
But it's just lying in wait
Rage, is it in our veins?


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| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde
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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 _



________________________________________ 2021-01-29, 10:06


Anges et Daemons
I want to touch the northern lights. We could leave the world behind...
▼۞▼

Dans la cabane, quelques minutes plus tôt...

"D'où que vous avez pris ma piaule ? Saleté de squatteurs !"

J'aurais pu me mettre à flipper, mais depuis Forsyth, j'avais développé une sorte d'endurance à toute épreuve, allant parfois même au seuil de l'inconscience. C'est la raison pour laquelle je ne m'éloignai pas du mec qui me menaçait pourtant avec son lance-harpon. Il sentait la mer et la crasse. Je préférais la première odeur à la seconde, beaucoup trop omniprésente. Son daemon-castor, à ses pieds, grognait, le poil hérissé.

"Oulah, mollo ! On ne vous veut aucun mal !" lançai-je.

"Comme si vous pourriez m'en faire !"

De la pointe de son harpon, il me fit signe de me décaler. J'obtempérai tout en restant relativement près de lui. Alexis et Lyra se trouvaient à plusieurs mètres de l'homme, ce qui était une bonne chose puisqu'elles n'étaient clairement pas en mesure de se défendre, à l'heure actuelle.

"Qu'est-ce que fichent trois donzelles comme vous dans un coin pareil ?"
s'enquit-il, méfiant.

On s'est dit qu'on allait venir faire une bataille d'oreillers dans le grand Nord.

Je gardai cette réponse pour moi-même, blasée par le comportement de cet individu. A croire qu'il était impossible, dans ce monde, que trois filles décident de partir à l'aventure.

"Jolis petits lots. Surtout la blonde."

Et voilà. Encore un qui était dans le cliché. Agacée par ses remarques misogynes, je profitai qu'il observe Lyra pour étendre la jambe et lui administrer un coup de pied en plein dans le plexus solaire. Déstabilisé, il voulut pointer son harpon sur moi mais je lui donnai un autre coup de pied. Il tomba en arrière, sur ses fesses et m'offrit un regard ahuri. Eh ouais mon gros ! Une nana est capable de t'en coller une ! Heureusement que ma jupe était large et n'avait pas entravé mes mouvements.

"Taekwondo." répondis-je à la question que ses yeux formulaient.

Il n'eut pas l'air de comprendre de quoi il était question, car il marmonna entre ses dents :

"Un maléfice !"

Pensait-il que je venais de débiter une formule magique ? Dans un haussement d'épaules, je ramassai vivement le lance harpon. Au même moment, le castor voulut se précipiter vers moi mais je pointai l'arme vers lui et il alla se pelotonner près de l'homme. J'en conclus que le gars était quelqu'un qui aboyait fort mais qui, en fin de compte, était plutôt craintif.

"Sorcières !" s'écria-t-il, une lueur apeurée dans le regard. "Vous êtes des sorcières !"

Gardant le lance harpon en mains, je battis des cils. Etait-ce un compliment ou une insulte ? J'appréciais beaucoup Harry Potter -le seul livre que j'ai jamais lu en entier- mais dans la bouche de l'homme, il me semblait que ça n'était guère flatteur.

"Oui, nous sommes des sorcières." intervint Lyra, assise dans le lit.

"Ah bon ?" m'étonnai-je en pivotant brièvement vers elle.

Elle m'assura d'un regard de lui faire confiance.

"Ouais, on est des sorcières alors reste tranquille." répliquai-je à l'adresse du gars hirsute. "Sinon je te transforme en crapaud !"

L'homme cligna des yeux, indécis. Oups, j'en avais peut-être fait trop ? Les sorcières ne maîtrisaient pas la métamorphose, dans le coin ? Tant pis. Le lance harpon que je braquais sur lui, ainsi que ma démonstration de taekwondo suffisaient à le tenir en respect.

"Nos daemons sont plus loin sur la côte. Ils vont nous rejoindre très bientôt."
poursuivit Lyra d'un ton solennel et posé, très différent de sa voix habituelle.

Cela signifiait que les sorcières pouvaient s'éloigner de leurs daemons ? C'était sûrement pour cette raison que l'homme semblait si angoissé. Ca n'était pas quelque chose de "normal" pour lui.

Quant à moi, je décidai de poser le lance harpon sur la table.

"Maintenant que vous êtes assis calmement, on va pouvoir discuter." fis-je tout en attrapant une chaise pour m'asseoir à l'envers dessus, face à lui.

Je croisai les bras sur le dossier, l'observant d'un oeil blasé. J'avais connu pas mal de types dans son genre, je savais comment me comporter avec eux. Fallait gueuler plus fort.

"Jamais vu une nénette frapper aussi fort." souligna-t-il, suspicieux. "Et jamais vu des sorcières habillées en fourrure non plus."

J'affichai une moue dubitative. Elles étaient du genre à se promener en bikini ?

"Mes amis m'appellent Vaiana-bras-solides." dis-je avec une moue empreinte de fierté. "Mais toi, tu ne m'appelles pas."

Et j'ajoutai :

"On lance une nouvelle mode chez les sorcières, ça te dérange ?"

L'homme secoua la tête, maussade. Son castor claquait des dents de temps à autre, de façon agacée.

Après un petit silence, je repris :

"Mes amies sont blessées. Alors oui, on a squatté ta maison, mais on n'a rien fait de mal. L'hospitalité, ça te parle ?"

Le castor hocha la tête, ce qui m'enjoignit à poursuivre :

"On veut seulement se reposer. Demain, on partira."

Le gars jeta un coup d'oeil appuyé vers Lyra et Alexis. Elles avaient l'air si mal en point qu'elles n'avaient même pas besoin de plaider leur cause. Son regard s'attarda sur le pied de Lyra enveloppé de neige à demi fondue.

"C'est grave, ce qu'elles ont ?"

"Pas si on les laisse se reposer." dis-je fermement. "Voilà le deal : y a d'autres maisons. Laissez-nous celle-ci pour la nuit. On vous rendra tout dans l'état."

Il ne répondit rien. Sans doute qu'il réfléchissait. Il était sur la défensive, ce qui était logique. Il craignait sûrement qu'on la lui fasse à l'envers. Je décidai de gagner du temps jusqu'au retour d'Anatole. A présent que son côté "chaman" était dévoilé, il pourrait nous sortir d'affaire facilement. Même si j'étais plutôt fière d'avoir réussi à protéger mes amies.

"Vous vous appelez comment ?"

"Danil Jaroslav." grommela-t-il.

Le daemon resta muet, se contentant de me fixer d'un oeil noir.

"Et tu fais quoi dans la vie, Danil ?"

"Je suis pêcheur."

Soudain, un tube de crème et des bandages apparurent sur la table carrée. Danil sursauta et gesticula au sol, tandis que son daemon se ratatinait sur lui-même.

"Sorcellerie..." murmura-t-il, plein de méfiance.

Je fronçai les sourcils avant de croiser le regard d'Alexis. Pourquoi Anatole n'était-il pas venu les apporter en personne ? Rencontrait-il un problème ? Alexis se saisit de la crème et des bandages pour les apporter à Lyra qui s'empressa de l'appliquer sur sa piqûre. Mon amie l'aida ensuite à bander son pied.

"Vous allez me retourner la tête pour que je m'accouple avec vous ?" demanda soudain Danil.

"Hein ?" fis-je, abasourdie.

Il était sérieux là ? J'avais bien entendu ?

"Pourquoi on ferait ça ?"

Je tournai la tête vers Lyra qui ouvrit la bouche pour éclaircir les choses, mais le pêcheur la devança :

"Fais pas semblant. Je sais très bien comment sont les créatures comme vous. Elles ensorcellent la tête des hommes, prennent leur semence et produisent des bâtards qu'elles abandonnent quand ils sont des mâles !"

Il avait bu quoi avant de venir ? Il parlait de plus en plus fort, comme si ce qu'il savait lui faisait retrouver sa confiance en lui. Le castor se dressa sur ses pattes, nous toisant avec défi.

"Je me laisserai pas faire !" lança-t-il, farouche.

Parce que... ça te dérangerait ? Sérieusement ? songeai-je, de plus en plus incrédule.

C'était quoi ce monde complètement tordu ? J'aurais voulu demander des éclaircissements à Lyra -qui avait l'air de s'y connaître en sorcellerie (jusqu'à quel point ? O_o)- mais je craignais de paraître d'autant plus suspecte puisque le type me prenait pour une sorcière. De toute façon, on frappa soudain à la porte.

"Tu attends quelqu'un ?" demandai-je, indécise.

Le pêcheur secoua la tête. Un peu nerveuse, je tapotai des doigts contre le lance harpon posé sur la table, avant de l'attraper.

"Tu peux ouvrir, s'il te plaît ? Et pas de coup fourré."

La formule de politesse désarçonna Danil qui se leva tant bien que mal pour ouvrir la porte devant laquelle il était assis auparavant. Il s'effaça aussitôt, se cachant derrière le panneau de bois au cas où il s'agirait de quelqu'un d'hostile.

Je baissai mon arme en reconnaissant Anatole et Malcolm.

"Depuis quand vous frappez aux portes ?"
lui lançai-je.

Hypérion m'observa d'un oeil suspicieux, sans entrer pour autant.

"On voulait s'assurer que... tout se passe bien pour vous ?"
fit-il, incertain.

Le pêcheur gesticula de plus belle, très mal caché derrière la porte, aussi j'en profitai pour faire les présentations :

"Lui c'est Danil et son castor. C'est sa maison, mais il est ok pour partager."

Je glissai un regard lourd de sens en direction du pêcheur qui hocha la tête avec réticence. Quant à Anatole, il baissa les yeux sur le lance harpon que je tenais toujours.

"Oh, ça ? Mon nouveau copain me l'a prêté. Je lui rends demain."

Je lançai un sourire ironique à Danil qui semblait de plus en plus mécontent. J'ajoutai à son endroit :

"Tu vois, pas besoin d'angoisser : on a déjà nos mâles reproducteurs."

Je désignai Anatole et Malcolm qui ne comprenaient rien puisqu'ils n'avaient pas suivi la discussion. Le titan me lança un regard à la fois interdit et alarmé. Quant au rouquin, il hésita franchement à entrer dans la cabane.

"On ne peut vraiment pas vous laisser toutes seules." dit Anatole tout en regardant Lyra et Alexis.

Il était sacrément gonflé. C'était lui qui nous avait abandonnées !

"Mais... je vois que tu as la situation bien en mains."

Il posa les yeux sur moi. Pendant ce temps, Danil les jaugea de la tête au pieds, tiquant de les voir si jeunes et vigoureux. Il aurait pu partir, pourtant il resta dans l'embrasure de la porte, dansant d'un pied sur l'autre.

"Vous êtes trois. Ils sont que deux."
fit-il remarquer finalement.

"Ils vont assurer. On n'a pas besoin d'un troisième." répondis-je en le poussant vers la sortie.

Je fermai la porte sur lui et me tournai vers Hypérion.

"La prochaine fois, ça serait cool de téléporter tout le monde. Heureusement que ce type était plus grande gueule que dangereux."

Comme il fallait s'y attendre, Hypérion ne prit pas la peine de se justifier. Mes ongles cliquetèrent contre mon arme tandis que je plissais des yeux dans sa direction. J'avais le lance harpon qui me démangeait.

"Merci pour la crème." déclara Lyra depuis le lit.

Elle adressa un sourire reconnaissant aux garçons.

"S'il y a autre chose que nous pouvons faire, n'hésite pas." répliqua Hypérion.

A elle, il répondait, il n'y avait AUCUN problème.

"Je comptais avoir une discussion avec Malcolm. Si tu peux garder un oeil sur les filles, nous serons juste dehors."
reprit-il à mon endroit.

Ils devenaient inséparables, ces deux-là. Je le fixai sans ciller, puis finalement dis :

"Ok. Comme ça, vous pourrez surveiller notre nouveau pote Danil. On sait jamais."

Malcolm, Anatole et Asta quittèrent la cabane. Je m'empressai de fermer la porte pour ne pas perdre le peu de chaleur qui émanait de la cheminée, puis me postai près de l'unique fenêtre. Elle donnait sur la plaine enneigée et quelques montagnes, au loin, qui disparaissaient dans la nuit.

"Vous pouvez dormir tranquilles." dis-je aux filles. "Je monte la garde et les garçons se draguent dehors. Le périmètre est sécurisé."

J'avais gardé mon lance harpon dont je me servais comme d'un appui, la pointe plantée dans le plancher.

"Dors Alexis." insistai-je, car je me doutais qu'elle s'apprêtait à me proposer de faire un tour de garde. "J'ai bien roupillé à bord du train. Je me sens pas fatiguée."

Je lui lançai un sourire assuré. C'était bien l'une des premières fois depuis longtemps où je me sentais aussi réveillée. En revanche, une question me trottait en tête depuis plusieurs minutes.

"Eh Lyra... les sorcières de ton monde sont vraiment aussi cheloues que Danil les a dépeintes ?"

"Cheloues ?" répéta la jeune fille, indécise.

Je roulai des yeux. C'était difficile par moments de se faire comprendre, dans le coin.

"Louches. Bizarres."

"Elles ne vivent pas de la même manière que les humains, mais elles ne sont pas aussi radicales que ce qu'il pense."

Elle marqua une pause avant d'ajouter :

"Une de mes amies -la reine d'un des clan du Nord nommée Serafina Pekkala- a eu un fils avec un gitan, qui est aussi l'un de mes amis. Ils s'aimaient vraiment, tous les deux. Souvent, les gens cherchent à salir ce qui est beau."

Je restai dubitative. Même s'il était question d'amour, elle venait tout de même de sous-entendre que les sorcières se servaient vraiment des hommes pour engendrer des enfants. Oh, après tout, c'était leurs oignons.

"C'est les sorcières qu'on va voir ?" demandai-je.

"Elles pourraient nous être d'une grande aide. Elles connaissent sûrement la légende qui entoure l'Hôtel Bleu." répondit Lyra, pensive. "Ce sont elles qui viendront à nous, si nous avons de la chance."

Les anges, les sorcières... Ils paraissaient tous assez casse-pieds pour se faire désirer à ce point. Rien n'était rapide dans ce monde. C'était exaspérant. J'aimais avoir du concret, à un moment donné.

"Espérons, alors." fis-je dans un soupir. "Bonne nuit les filles."


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...un appât pour toute âme en quête de renouveau. »
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Un bateau était à quai au bord de l'eau. Un bateau de pêche qui appartenait à Danil et à son castor. Je n'étais pas sûr de ce qui s'était passé pendant notre absence, dans la cabane. Mais Vaiana semblait avoir prit le contrôle de la situation. De toute façon, on n'était pas loin. Avec Malcolm et Asta, on avait quitté la demeure, et on avait marché quelque pas jusqu'au court d'eau. On était assez éloigné du bateau, mais assez proche de la cabane au cas où qui que ce soit tenterait de s'y introduire. D'ici, on pouvait tout observer, et discuter tranquillement.

Il était tard pour avoir une discussion, mais je me doutais que Malcolm ne trouverait pas le sommeil avant que certaines choses entre lui et moi soient éclaircies. Asta aussi en avait bien besoin. Je m'en voulais de les avoir perturbé à ce point. On aurait pu tout leur dire d'entrée de jeu, mais c'était tout aussi dangereux pour nous, que pour eux. Certaines personnes avaient du mal à encaisser certaines choses. C'était sans doute pour cette raison que les dieux de chez nous étaient restés discrets auprès des habitants de leurs mondes. Je me souvenais de mon époque, quand nos Sentinelles se rendaient dans les divers mondes de l'Empire, afin d'y apporter la Connaissance et le Savoir à chaque contrées, et leur expliquer qui avait permis à leur monde de se développer. Dans certains endroits de l'univers, il n'avait pas été facile de faire entendre raison aux peuples. Certains nous voyaient comme un danger, alors que nous souhaitions juste leur apporter aide et prospérité.

Tournant la tête vers Malcolm, je lui adressais un petit sourire. On venait de vivre une sacré aventure. Et on en était encore qu'au début. Du moins, je l'imaginais. J'en profitais pour pencher la tête vers Asta et lui sourire à son tour. Puis, je regardais au loin, l'eau, les montagnes, la neige. Tout était merveilleux par ici.

« Le spectacle que nous offre la Nature est toujours beau, n'est ce pas ? » débutais-je. « Dans mon monde, on y trouve les même décors. Et comme ça doit être aussi le cas ici, on voit ces paysages uniquement comme une toile de fond, sans réellement s’attarder dessus. Alors que chaque détail a son importance. »

Je prenais le temps de parler. On n'était pas pressé.

« Je vois la vie comme un mystère à vivre, et non pas à résoudre. Certaines chosent doivent se savoir, afin de nous permettre d'avancer. D'autres n'ont pas de raisons d'accaparer inutilement notre esprit. Je ne vous dirais pas tout. Mais vous pouvez connaître certains détails. Comme par exemple qui nous sommes réellement. Même si pour ce qui me concerne, je vous réserve cette réponse pour plus tard, quand vous serez un peu plus préparé à cela, si vous n'y voyez pas d'inconvénients. Ce sera mieux. Je peux juste vous dire qu'à notre manière, chacun de nous, a un lien très fort avec la Nature et la respecte. Que ce soit Vaiana, Alexis ou moi-même. Nous souhaitons simplement apprendre, et aussi trouver le moyen de rentrer. C'est un monde encore sauvage pour nous. Inexploré. Un monde qui doit être préservé. »

« Pourquoi remettre à plus tard ce que vous pouvez faire maintenant ? » me demanda Malcolm.

Je regardais Malcolm sans comprendre à quoi il faisait allusion. Parlait-il du fait que je ne souhaitais pas tout lui dire sur moi ?

« Pourquoi ne pas nous dire qui vous êtes en réalité ? » compléta Asta.

Je lui adressais un petit regard.

« Je ne saurais comment vous l'expliquer. Je ne connais pas suffisamment votre monde pour cela. Je pourrais très bien vous dire que mon existence est similaire à vos sorcières, ou à vos chaman, mais ça pourrait simplement vous induire en erreur. »

« Il n'y a pas de terme pour vous définir ? » me demanda Malcolm.

« Gardien. » mentis-je.

A dire vrai, je ne mentais pas. Il y avait de très nombreux termes pour définir un Titan. Je ne pouvais pas employer le plus basique. En disant Gardien, je ne mentais pas. J'étais le Gardien de l'Aurore. Gardien de la Connaissance et du Savoir. Et c'était sans doute un terme moins effrayant pour des non initiés.

« Gardien ? » répéta Malcolm en me regardant intensément.

« Je peux faire certaines choses. Comme nous déplacer d'un endroit à un autre. Ou apaiser les êtres. »

Je ne mentais toujours pas. Je ne disait simplement pas tout.

« De quoi sont capables vos Chamans ? » demandais-je.

« Ils peuvent influer sur la météo et faire des sortes de petits miracles. Cependant, je n'en ai pas rencontré personnellement. Je m’appuie sur des ouvrages que j'ai pu lire à ce sujet. »

« Il y a quelque chose qui me surprend dans votre monde. Vous avez des Chamans, des Sorcières, des Anges. Mais il semblerait que le pouvoir appartienne à d'autres personnes. Comme cela se fait-il qu'ils n'agissent pas ? Qu'on ne les voit pas là où est leur place ? »

« Les Sorcières interfèrent rarement avec les humains. Elles ne se sentent pas concernées par nos problèmes. Les Chaman sont une minorité. Il y en a peut-être deux de par le monde. Quant aux Anges, c'est une vaste question à laquelle je suis très loin de pouvoir répondre. Les Anges équivalent à un mythe. Lyra prétend en avoir vue, mais ils demeurent très flou même pour elle. »

J'étais beaucoup plus intrigué par les Anges que par les Sorcières ou les Chamans. Ils semblaient être les plus fort et les plus à part dans ce monde.

« Ce sont eux qui ont apportés la vie, ici ? » demandais-je en faisant allusion aux mythes de leur monde.

Il eu un sourire désabusé.

« A en croire le Magisterium, c'est évidemment dieu qui a créé toute chose. »

« Reste à savoir quel est le véritable visage de dieu, n'est ce pas ? » dis-je en lui souriant à mon tour. « En tout cas, c'est fort passionnant. J'espère que nous aurons la chance de croiser l'un de ces anges. »

Je me demandais à quoi ils ressemblaient. Je ne connaissais que deux univers. Aucun des deux ressemblait à celui ci. Cette division de l’Âme était unique. Elle impliquait qu'ici aussi, les âmes avaient été créés, mais d'une toute autre manière. J'avais côtoyé la toute première âme, celle qui avait permis aux autres d'exister. J'avais eu la chance, un jour, de voir cette création des mains d'Elliot. C'était mystérieux, envoûtant, fascinant, émouvant, rare, fugace, éphémère. Je n'arrivais pas à imaginer qu'ailleurs, quelqu'un d'autre avait réussi un tel exploit. Tout devait être lié d'une manière ou d'une autre, même si je n'arrivais pas encore à discerner comment.

Peut-être qu'en pouvant parler à ces Anges, j'arriverais à obtenir les réponses à mes questions. Ils devaient être merveilleux, prodigieux. De tels êtres me fascinaient au plus haut point. Et si ils étaient élevés eux aussi ? Et si ils avaient trouvé un moyen, tout en s'élevant, de pouvoir revenir parmi les vivants ? De pouvoir apporter leur aide d'une manière ou d'une autre, sans déjouer les lois de la Nature ? Et si ils étaient un Espoir pour notre monde ? Un message de paix pour Chronos ? J'espérais peut-être beaucoup trop d'eux. Je ne voulais pas croire que notre présence ici était simplement une coïncidence.

C'était le pouvoir de Vaiana qui s'était activé. Du moins ça semblait être ce qui nous avait conduit ici. Un pouvoir lié à la Nature, émanant directement d'elle. Alexis faisait partie du voyage, et je savais quel rôle elle jouait dans tout ça. Et moi. Peut-être que ça aurait pu être n'importe quel autre Titan. Mais ce n'était pas une coïncidence qu'un Titan, qu'un enfant de la Nature fasse partit de ce voyage. Je voulais croire en quelque chose de plus grand que le hasard. Je voulais laisser une chance à ce monde de sauver le nôtre. De croire en lui.

Après un petit silence songeur, que nous partageâmes tous les trois, Malcolm se tourna vers moi.

« Je vais prendre le premier tour de garde. Allez vous reposer. Il est inutile que nous soyons plusieurs. »

Je l'observais quelques instants. Devais-je lui dire que ce n'était pas nécessaire ? Que je pouvais très bien rester ici toute la nuit ? Je me rappelais ces mots que je lui avais confiés. Il pouvait me faire confiance, sans la moindre hésitation, mais il ne devait pas dépendre de moi. Jamais.

« Je te remercie. » lui dis-je en hochant la tête, et en lui adressant un petit sourire.

Je fis le même sourire à Asta avant de rejoindre la demeure. Après quelque pas, j'entrepris de me tourner.

« Je suis très heureux qu'on soit amis. »

J'entrepris de réellement rejoindre l'habitation, cette fois ci. Il se faisait tard. Malcolm veillait. Je pouvais me reposer.


CODAGE PAR AMATIS

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Lyra Parle-d'Or
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »

Lyra Parle-d'Or

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 _



________________________________________ 2021-01-30, 10:35



“L'univers est rempli d'intentions. Tout ce qui se produit a un but.”

☆ ★ ☆
Lyra était si épuisée qu'elle se laissa tomber sans résistance dans les bras de Morphée, en dépit de l'angoisse sous-jacente qui ne la quittait pas. Son sommeil fut agité, empli de noirceur et d'images pénibles à supporter. Il en était ainsi depuis plusieurs mois. Pour elle, c'était devenu quelque chose d'habituel dont elle devait s'accommoder.

Puis, graduellement, le brouillard lugubre et les fantasmagories inquiétantes furent chassés par une vague d'apaisement. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un, tentait de se frayer un passage dans le ciel ombrageux de ses songes. Il s'agissait d'une présence bienveillante, une vieille connaissance.

Peu à peu, une silhouette sombre et élancée se manifesta à travers la brume. Une sorcière. Lyra la reconnut. Il s'agissait de Serafina Pekkala, la reine d'un des clans du Nord. Digne et solennelle, elle flottait dans le vent devenu brise. Les lambeaux de sa robe sombre ondulaient dans l'air telle une étrange aura. Lyra savait qu'elle ne rêvait plus, car tout lui semblait subitement plus vrai, plus tangible. Serafina avait emmené son esprit ailleurs, sans doute à plusieurs kilomètres de la cabane du pêcheur.

"Bonjour Lyra." dit-elle de sa voix paisible et profonde.

"Je suis tellement heureuse de vous voir ! Vous... vous avez reçu mon appel ?"

Lyra sentait son coeur battre à des millénaires de son propre corps. Quelle curieuse impression ! Serafina resta de marbre tandis qu'elle répondait :

"Bien sûr. Je t'ai laissée une fleur de ma couronne afin que tu puisses me contacter dès que tu en ressens le besoin. Je ne peux venir en personne car des affaires me retiennent ailleurs."

Une douce chaleur s'insinua dans l'esprit de la jeune fille. Après l'agression à bord du train, tandis qu'elle se changeait, elle avait cherché et retrouvé la fleur qui ne fanait jamais, que Serafina Pekkala lui avait offerte, des années auparavant. Il suffisait de la serrer fort dans sa main pour que la sorcière reçoive le message de venir. Lyra y avait à moitié cru. Depuis le temps, le pouvoir contenu dans la fleur s'était peut-être dissous ?

"Je suis très inquiète à ton sujet, Lyra."

Elle déglutit.

"Je ne ressens pas Pantalaimon autour de toi. Depuis quand cela dure-t-il ?"

Alors, la jeune fille décida de tout raconter.

"Pourquoi ne m'as-tu pas immédiatement appelée quand il est parti ?"
s'enquit Serafina avec une once de sévérité.

Je pensais réussir à tout réparer par moi-même, songea Lyra.

Elle regretta aussitôt cette pensée, car puisqu'elle n'était plus qu'un esprit dépourvu de corps, la sorcière avait pu l'entendre. Malgré tout, elle ne la jugea pas. Elle se contenta de poser sur elle un regard compatissant.

"Les sorcières choisissent de se séparer de leur daemon. C'est une cérémonie ancestrale. Cela n'a rien à voir avec l'épreuve que tu traverses. Ce qui arrive à Pantalaimon et toi est unique. La solution se trouve en vous-mêmes."

Lyra se sentit démoralisée plutôt qu'encouragée par les propos de son amie.

"Aller dans le monde des morts n'était pas sans conséquence. Tu le savais et lui aussi."
appuya Serafina.

Ainsi, elle pensait elle aussi que la fissure entre eux s'était produite à l'instant où Lyra avait laissé Pantalaimon sur le rivage de la banlieue des morts. Elle n'avait pas eu d'autre choix. Comment aurait-elle pu faire autrement ? Elle savait que Pantalaimon ne lui avait jamais pardonnée cet abandon. La jeune fille sentit une chaleur humide sur ses joues. Pleurer en tant qu'esprit est infiniment douloureux. Elle avait promis de ne plus jamais trahir personne, et pourtant, elle l'avait fait une dernière fois envers son propre daemon. Y avait-il crime plus horrible ?

Will saurait quoi faire. Will traverse peut-être la même chose avec Kirjava ! pensa soudain Lyra.

Si seulement elle pouvait lui parler, le revoir, le toucher, respirer le même air que lui... Chaque jour l'oppressait de son absence. Peut-être davantage que celle de Pantalaimon. Ca n'était ni logique, ni rationnel, mais quand il s'agissait de Will, plus rien ne l'était. Il avait bousculé tout son monde et l'avait laissé en ruines. Mais bientôt, peut-être... Bientôt, elle pourrait le serrer dans ses bras...

"Non Lyra." déclara Serafina. "Je sais ce que tu penses, mais j'ai le regret de t'apprendre que les voyageurs qui t'accompagnent ne viennent pas du même monde que lui. Ils sont originaires d'un endroit qui m'est totalement inconnu."

Le ciel s'assombrit brusquement au-dessus d'elles. La pluie menaçait de tomber. Lyra pleurait de plus en plus fort. Ses sanglots étaient impossible à contenir. Serafina ouvrit les bras. La jeune fille s'y réfugia mais ne ressentit aucune chaleur. Seulement du vide.

"Ils sont annonciateurs d'un grand changement. La Nature est puissante en eux, à tel point que c'en est troublant. Les sorcières connaissent les autres mondes et pourtant, celui de tes nouveaux amis les dépassent. Alors, ne perds pas espoir, Lyra. Tu le retrouveras, un jour."

La jeune fille s'écarta de la sorcière.

"Rien n'est jamais perdu pour toujours."
lui assura-t-elle.

Lyra hocha la tête, bien qu'elle ne parvenait plus à y croire. Ses dernières doses d'espoir venaient de rejoindre les gros nuages gris au-dessus de sa tête et tombaient en gouttes glacées sur son visage.

"J'ai prévenu Iorek de ta venue. Il est en route."

Cette nouvelle réchauffa le coeur de Lyra. Serafina caressa la joue humide de la jeune fille puis s'éloigna tout en s'envolant dans un glissement gracieux. En partant, elle creva les nuages noirs dans la tête de Lyra. Un rayon de soleil se posa sur sa peau. Elle se sentit alors envahie par un sentiment étrange; elle ne pleurait plus, et pourtant des larmes invisibles roulaient sur ses joues. Puis, elle comprit : ses larmes n'étaient pas les siennes, ce chagrin ne lui appartenait pas. C'était celui de Pantalaimon. Cela faisait si longtemps que Lyra n'avait plus rien partagé avec lui que le souffle lui manqua.

Serafina leur avait offert un cadeau : la capacité pendant une seconde, d'effacer la distance entre eux. De leur prouver que c'était possible. Mûe par cet espoir, Lyra envoya une pensée à son daemon :

"Rien n'est jamais perdu pour toujours."

Peut-être que cette phrase arrêterait de le faire fuir ? Peut-être.
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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

Anatole Cassini

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 Jvi6

« Il existe 175.000
espèces de papillons... »


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« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



| Conte : ➹ Intrigue Divine
| Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.

Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 Nono12

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 _



________________________________________ 2021-01-30, 15:51 « Maîïîtreuuuh !!! »


« Votre monde est rempli de merveilles...
...un appât pour toute âme en quête de renouveau. »
▼▲▼

La dernière partie de la nuit, j'avais pris la place de Malcolm et d'Asta. Ils semblaient très heureux de pouvoir aller dormir. Je m'étais assis sur un petit rocher, à proximité de l'eau, observant l'horizon. Le soleil n'allait pas tarder à se lever. J'aimais beaucoup ce moment. Il me correspondait parfaitement. Celui de l'Aurore. Quand cette dernière poussait l'astre à se lever.

Ca commençait, songeais-je. Je contemplais l'horizon attentivement, mes sens en alerte.

L'aube pointait le bout de son nez. Le ciel s'illuminait tout doucement. Puis, ce fut au tour de l'Aurore de faire son apparition. Ce bref passage entre l'aube et le lever du Soleil. Moment fugace remplacé très vite par l'arrivée du Soleil. Il faisait jour, et... plus rien.

Je me demandais ce que j'espérais. Une réponse ? Je devais me trouver encore bien trop loin de la réalité, plongé bien trop profondément dans mes songes. Quelque chose attira mon attention. Au loin, Lyra venait de quitter la cabane. Elle était blottie dans son manteau. Elle fit les pas qui la séparait de moi, tout en boittant légèrement. Ses pieds s'enfonçaient tout doucement dans la neige. Une fois à ma hauteur, elle prit place juste à côté de moi.

« J'espère que vous avez dormi un minimum. »

Je tournais la tête dans sa direction. Elle semblait avoir repris des forces.

« Je suis en pleine forme. » lui répondis-je avec un grand sourire. « Et toi ? Tes blessures guérissent ? »

« Mon pied a dégonflé, oui. »

Je baissais la tête pour regarder en direction de sa botte fourrée.

« Pouvez-vous voir à travers ma botte ? » m'interrogea t'elle intriguée.

Je me mis à rire, avant de la regarder dans les yeux.

« Je n'en ai pas la faculté. »

« Heureusement. » dit-elle en souriant. « Autrement ce serait gênant si vous pouviez voir au travers de... tout. »

« Certes. » conclus-je.

Elle m'observa, la tête légèrement penchée sur le côté.

« Vous utilisez un langage plutôt soutenu pour quelqu'un de votre âge. C'est un genre que vous vous donnez ? »

« As tu vraiment envie de connaître la réponse à cette question ? » lui demandais-je. « Je suis un peu plus âgé qu'il y paraît. »

Elle hocha la tête.

« Je m'en doutais. Vous avez un regard plus vieux que votre apparence. Les sorcières donnent cette même impression quand on les regarde bien. »

« Pourrais-je te demander une faveur ? » lui demandais-je. « Ne le dis pas à Malcolm. Je préfère qu'il continue à penser qu'il est bien plus vieux que moi. C'est mieux pour lui. »

Elle sembla amusée, mais aussi troublée.

« Quel âge a la personne la plus âgée que tu connaisses ? » ajoutais-je.

Elle eu un air pensif avant de me répondre.

« Je ne suis plus certaine, mais je crois que Serafina Pekkala a plus de trois cent ans. »

Je lui répondit par un sourire, sous entendant que c'était bien jeune. Ou que j'avoisinais cet âge là. C'était à elle de le comprendre comme elle souhaitait.

« Peu de choses semblent te surprendre. Notre passé nous forge. Nous épreuves nous permettent de grandir. Mais ne cesse jamais de t'émerveiller de ce qui se présente à toi. Il est important de laisser une part importante à nos rêves. »

Elle pencha la tête et observa la neige. Du bout de son pied valide, elle bougea cette dernière en faisant mine de réfléchir, perdue dans ses pensées.

« Tes rêves te perturbent ? » enchainais-je.

Elle regardait toujours ses pieds, avant d'expirer un peu d'air d'un air exaspéré.

« C'est à cause de ça qu'il est partit, mon Daemon. »

Voulait-elle dire que c'était à cause de ses rêves, ou du fait qu'elle avait justement cessé de rêver ? Je la laissais continuer, sans l'interrompre. Elle soupira légèrement, en plongeant la main dans la poche de son manteau. Elle en sortit un petit bout de papier.

« C'est tout ce qu'il m'a laissé. » murmura t'elle.

J'observais le bout de papier. J'étais captivé par cette chose. Je me demandais ce qu'elle contenait. Les mots avaient un pouvoir très puissant. Ils pouvaient nous procurer un grand bien, mais aussi causer notre malheur. Je la vis me tendre le bout de papier, ce qui eu pour effet de me surprendre. Sans hésiter, je le pris, avant de lui adresser un regard. J'attendais de savoir si je pouvais réellement l'ouvrir et le lire. C'était quelque chose sans doute de très intime, qui lui était uniquement destiné. J'étais flatté et touché qu'elle veuille partager cela avec moi. Elle me fit comprendre du regard que je pouvais l'ouvrir. Ce que je fis. Et j'en lu le contenu. C'était écrit à la machine à écrire.

« Je pars à la recherche de ton imagination. »

J’eus un petit sourire.

« J'ai vraiment très hâte de le rencontrer. Il m'a l'air d'être quelqu'un de très éveillé. » lui confiais-je, tout en lui rendant le bout de papier.

Elle le prit et le rangea. Puis, elle remit une mèche derrière son oreille, d'un air embarrassé. Elle continuait de fixer le sol.

« Avant, je n'étais pas comme ça. J'étais très différente. Je n'arrive plus à... m'émerveiller. Tout me parait fade. » m'avoua t'elle en reniflant.

Je sentais qu'elle avait le coeur lourd. Et en même temps, je comprenais et partageais sa douleur. Ce n'était juste pas pour les même personnes. Au lieu de fixer le sol, comme elle, je levais la tête pour regarder le ciel au loin.

« Parfois, je lève les yeux, et je regarde le ciel. C'est souvent à ce moment là que nos pensées prennent le dessus sur notre esprit. On pense à une personne, et ça créé un manque. C'est évident que certaines âmes nous marquent plus que d'autres, et que leur absence est insurmontable. Il y aura toujours des larmes, des souvenirs, des vides. Mais on se doit d'avancer. Car si ils étaient là, à côté de nous, ils nous diraient la même chose. » lui confiais-je. « Lève la tête. Regarde au loin toutes ces merveilles que nous offre la Nature. Et avance. Avance toujours et encore. » récitais-je. « Ce n'est pas facile, mais il faut le faire. Pour eux. »

Je gardais la tête levée, observant l'horizon, tandis qu'une douce chaleur émanait de moi, pour se glisser délicatement sur la jeune femme juste à côté. Je voulais lui donner la force, le courage nécessaire à lever la tête, à regarder au loin, elle aussi, et à se frayer un chemin. Elle leva les yeux dans ma direction, d'un air interrogateur. Je tournais la tête dans sa direction, sans émettre la moindre émotion, avant de fixer une nouvelle fois l'horizon. Si elle voulait voir, il fallait regarder de l'avant et non sur le côté.

« Je ne suis pas sûre de mériter tant d'égards de votre part. »

L'aura apaisante la quitta. Je ne pu m'empêcher de sourire, avant de tourner la tête dans sa direction. Elle était têtue. Mais je m'étais mis en tête de lui redonner le sourire. J'avais bien réussi à convaincre Malcolm d'être moins méfiant. Ca pouvait être faisable avec elle également. Ils nous avaient beaucoup aidées, et ils continuaient à le faire. On se devait de leur rendre la pareil du mieux que l'on pouvait.

« Qu'elle est la suite du programme ? » demandais-je.

Au loin, sur le bateau, Danill et son castor, montèrent sur le pont. Il enleva son manteau, se retrouvant en caleçon, poilu de la tête aux pieds. Il fit quelques étirements, avant de plonger dans l'eau glacée avec son castor. Je me demandais si tout ce qu'on venait de voir était bien réel. Je me levais. Quant à Lyra, elle observa le bateau avec des yeux ronds.

« C'est conseillé ? » lui demandais-je. « Il est vrai que l'eau froide et l'eau de mer, qui plus est, à de bonnes vertus. Mais... est-ce qu'il est bien raisonnable ? »

Je tournais la tête vers Lyra, hésitant. Ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée que cela. Pouvait-elle lire dans mon regard ce à quoi je songeais ?

« La raison n'a aucune emprise dans le nord. » dit-elle en haussant les épaules, avant de me regarder, et de voir mon regard. « Qu'y a t'il ? »

« Lève toi. » lui dis-je. « On va mettre nos pieds dans l'eau. »

« Non. » répondit-elle catégoriquement.

« Tu n'as pas envie de voir quelle sensation cela procure ? »

« Pas sur mon pied blessé. »

« Je te tiendrais par l'épaule. Tu as deux pieds, autant voir si l'autre ressent encore quelque chose. A moins bien sûr que cela t'effraye ? Tu ne viens pas du nord je crois. Tu es sans doute bien plus raisonnable que les habitants d'ici. Peut être même que tu es un peu moins courageuse qu'eux. »

Je lui adressais un petit sourire plein de défi. Elle se leva, puis me fixa.

« Vous me mettez vraiment au défi ? »

Je croisais les bras contre ma poitrine, en la regardant bien droit dans les yeux.

« Oui. » répondis-je sans la moindre hésitation.

Elle ouvrit les boutons de son manteau. Puis, elle l'ôta et la posa sur le rocher. Je la regardais faire. Elle fit de même avec son pull. Là, je me demandais quand elle passerait à la botte, et d'ailleurs, si elle avait compris que je parlais uniquement de sa botte. Elle se retrouva en maillot de corps. Puis, elle leva sa jambe pour ôter sa première botte, et elle s'appuya sur moi pour ôter la seconde, qui lui prit un peu plus de temps. D'ici, je pouvais constater que son bandage tenait toujours, et que rien avait traversé. Elle posa ensuite ses pieds dans la neige en frissonnant, avant d'ôter son pantalon. Je... ne comprenait pas. Elle était partit pour plonger totalement dans l'eau ? C'était ça pour elle relever un défi ?

« Quand on fait quelque chose, on ne le fait pas à moitié. »

Si je ne l'imitais pas, je passerais pour un trouillard. Qu'est ce qui m'en empêchait ? Je savais que le froid ne m'atteindrait pas. Et il était bien trop tard pour lui demander de se rhabiller. Plus vite je retirerais tout et je plongerais dans l'eau, plus vite elle se rhabillera et n'attrapera pas froid. Qu'elle idée stupide m'était passé par l'esprit ?! Je pris une profonde inspiration, avant d'ôter mon haut, puis mes bottes, et mon pantalon. Je ne grelottais pas, mais je me retrouvais en boxer devant la jeune femme. Ca me procurait une sensation étrange. C'était véritablement bizarre ce genre de situation.

Elle baissa la tête en direction de mon boxer, et je ne su quoi dire. Quand elle remarqua qu'elle me fixait, elle détourna le regard. Je... hein ? Oh... peut-être que ce genre de tenue n'existait pas chez eux ? Je ne voyais rien d'autre comme explications. En tout cas, je la regardais toujours aussi - peu - sûr de moi, et j'observais ensuite l'eau au loin, avant de la fixer une nouvelle fois, comme pour lui demander ce qu'elle attendait.

Contre toute attente, elle prit son élan et elle se dirigea droit sur l'eau. Je restais bouche bée. Et avant qu'elle n'atteigne l'eau, j'entrepris de faire de même. Deux cinglés. Deux habitants du nord ? Du très au nord... songeais-je.

Quand l'eau m'atteignis, la jeune femme était déjà dedans. J'avais oublié à quel point cette sensation était désagréable. D'un seul coup mon corps s'était retrouvé à demi congelé. Lyra poussa un cri, et sans me forcer, je fis de même. Je ne voulais pas me réchauffer. Je voulais ressentir. C'était important de ressentir les choses. De s'en émerveiller, même si elles pouvaient se montrer abominables !

Danill le pêcheur nageait au loin avec son castor. Il tourna la tête dans notre direction.

« Vla que vous me volez mon lac maintenant ! » s'exclama t'il, tandis que le froid me cisaillait.

« Je pense qu'il a raison. On devrait le lui laisser. » grelottais-je.

Lyra rigola en claquant des dents.

« Vous en avez... déjà... assez... ? » demanda t'elle.

« J'arrive !! » hurla Malcolm.

Malcolm avait quitté la cabane en courant et en étant en train d'enfiler son manteau, son arme en main. Je me tournais dans sa direction, tandis qu'il rejoignit le bord du lac, le souffle court.

« Qu'est ce que vous faites ? J'ai entendu hurler ! » dit-il essoufflé.

Je me mis à rire. L'imaginer ainsi, paniqué, alors qu'on s'amusait juste, ça avait son petit côté amusant.

« Tout va bien. C'est juste ce qui en ressort quand vous lancez un défi à une rêveuse courageuse et intrépide. » lui répondis-je.

Malcolm nous dévisagea déconcerté. Quant à Lyra, elle sourit. Défi doublement réalisé. Car elle souriait.

« Sortez immédiatement, vous allez attraper la mort ! » s'emporta t'il.

« Mais non ! Ca fouette le sang ! Viens gamin, rejoins nous ! » hurla Danill par dessus.

C'était follement amusant. Mais Malcolm n'avait pas totalement tord. Toute bonne chose devait prendre fin à un moment ou à un autre. Me tournant vers Lyra, je lui adressais un petit regard qui voulait dire qu'il fallait rejoindre le bord. Est ce que... non... ou... peut-être...

« Ne hurle pas. D'accord ? » lui dis-je.

« Pourquoi le devrais-je ? » me répondit-elle.

« Parce que comme tu peux t'en douter, Malcolm a hurlé, lui. »

Je lui adressais un petit sourire, avant de nous faire disparaître. On était de nouveau sur le rocher. Une couverture trouvé dans la cabane, et dans laquelle elle avait dormi précédemment, la recouvrait. Quant à moi, j'étais déjà bien sec, et je remettais mes habits.

« Eh bien... » laissa t'elle échapper. « Voilà de quoi s'émerveiller. » acheva t'elle en me regardant.

Sans tourner la tête, je me surpris à sourire, une fois encore. J'espérais qu'elle ne m'en voulait pas. C'était uniquement pour lui tenir chaud le temps qu'elle s'habillait. La couverture ne suffisait sans doute pas avec un temps pareil. Mais je pouvais faire des merveilles. Mon aura la réchauffait.

« Tu devrais faire de même. Notre ami Danill profite de la vie à fond. Laisse toi aller, Malcolm. Vie. » lui dis-je en souriant.

Il rangea son arme avant de croiser les bras et de me regarder d'un air réprobateur. Est ce qu'il avait occulté ce que je venais de dire ? Il semblait réagir comme je l'aurais fait pour certaines personnes. Je comprenais où il voulait en venir. Il l'aimait. Il la protégeait. C'était normal. Ca m'amusait de l'embêter. Peut-être que Merida m'avait un peu passé de son côté rebelle lors de nos folles escapades. Elle se plairait beaucoup ici.

« Les filles sont levées ? » lui demandais-je.

« Elles sont en train d'émerger. » me répondit-il avec le même regard.

« Bonjour Asta. » ajoutais-je.

« Bonjour. » répondit-elle froidement.

D'accord. Elle partageait l'avis de Malcolm. Là, j'étais un peu plus embêté. Mais on pouvait se permettre quelques folies parfois, n'est ce pas ? Lyra avait fini de s'habiller, tout en se cachant sous la couverture. Elle fini par la lâcher pour remettre son pull et son manteau. Je ne m'étais pas encore rendu compte que mon aura ne l'avait pas quittée.


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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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________________________________________ 2021-02-03, 00:53 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Anges & Daemons


Je m’étais fait réveiller par des bruits de pas précipités et une porte qui avait claqué derrière nous. J’avais l’impression que quelqu’un avait hurlé aussi mais je n’arrivais pas encore à déterminer si c’était dans mes rêves ou bien réel. Je m’étais relevée en position assise d’un bond, les cheveux emmêlés, la tête encore endormie. Les premiers rayons du Soleil avait transpercés les vitres crasseuses des petites fenêtres de la cabane et j’avais tourné la tête vers Vaiana, aussi ensommeillée que moi, qui s’était réveillée elle aussi alertée par le bruit :

- L'est taré...?

Elle l’avait marmonné, la bouche pâteuse, tandis que je haussais les épaules, la voix rauque :

- Je sais pas... y'a pas eu un cri ? Ils sont où les autres ?

J’avais regardé autour de moi pour constater que la pièce était vide. De son côté, Vaiana semblait plutôt encline à se recoucher. S’emmitouflant de plus belle dans sa couverture, elle précisa :

- Malcolm va s'en occuper. Laisse-le jouer au héros. Il a l'air d'adorer ça.

J’avais eu un sourire amusé avant de grimacer. Une forte envie de vomir m’avait brusquement pris à la gorge. J’avais posé ma main sur le cœur, me concentrant pour ne pas vomir et Vaiana s’était redressé un peu, le visage inquiet.

- Ça va toujours pas mieux ?
- Non... tu peux me passer l'espèce de bassine steuplé ? Il va kiffer l'autre si je lui vomis là-dedans...

Mon amie s’était levée d’un bond pour aller récupérer la bassine qu’elle m’avait tendue. Elle avait ensuite récupéré sa couverture pour venir s’asseoir sur le lit à côté de moi et je constatais que le feu s’était éteins, ce qui expliquait la température basse de la pièce.

- Tu veux que je te tienne les cheveux ?

Sans attendre ma réponse, elle avait passé ses doigts avec douceur dans ma chevelure pour les relever et je l’avais remercié avec un marmonnement en plaçant la tête au-dessus de la bassine, attendant la délivrance.

- T'as peut-être la gastro ? Hei Hei en a chopé une, une fois. C'était pas beau à voir.
- La gastro depuis plusieurs semaines ? Ça dure 3 jours normalement ce truc non ? J'ai l'impression que je suis comme ça depuis mille ans... au moins depuis fin janvier de sûr...Ça a commencé lentement mais en ce moment c'est de pire en pire...

J’avais eu un haut le cœur qui ne m’avait pourtant pas délivré pour autant. J'avais pris le temps de respirer avant de préciser avec le même air bougon :

- Je savais même pas que ça pouvait avoir la gastro un poulet...
- T'es comme ça depuis fin janvier?! Et t'as pas été chez le médecin ?
- Ben je me suis dit que ça aller passer et puis...
- Mais si ça se trouve t'as un alien qui est en train de te bouffer les organes de l'intérieur !

Elle avait brusquement l’air complètement paniqué et bien qu’elle tenait mes cheveux, j’avais vu en tournant le regard vers elle qu’elle observait désormais mon ventre comme pour évaluer la possibilité de ce qu’elle venait de dire. J'avais eu un sourire moqueur qui s’était pourtant figé en un instant. J’étais alors restée bloquée un instant, les yeux dans le vague, comme si j’avais été mise sur “arrêt sur image”. Bien que son idée fût totalement saugrenue, elle avait fait naître en moi une autre réalité, bien plus puissante, perçante, une chose que je n’avais pas vu jusqu’alors. Après quelques secondes, sans me départir de mon regard flou et de mon absence total d’expression, j’avais demandé d’une voix blanche :

- On est le combien ?
- Euh... je suis pas sûre. Je dirais qu'on est le 13 ou le 14 février. J'ai pas tellement la notion du temps.

Elle avait lâché une partie de mes cheveux pour se gratter la tête. 13 ou 14 février... ça en faisait un paquet de semaines...

- Tu me fais presque peur là... qu'est-ce qu'il y a ?

J’étais hors de mon propre corps, comme si mon âme s’était élevée hors de mon corps, comme si je n’existais plus à travers mes yeux mais à travers de ceux d’autruit. Je m’étais entendu lui répondre d’une voix tout aussi blanche, comme perdue dans le fil de mes pensées mais tenaillée par l’idée de lui répondre tout de même :

- J'ai pas eu mes règles... depuis... longtemps...

J’avais beau fouiller dans ma tête, encore et encore... les dernières dont je me souvenais remontaient à avant Noël, la semaine d’avant... ou deux semaines avant... ça faisait au moins 2 mois que je n’avais pas eux mes règles... 2... foutus... mois... Mes yeux avaient alors croisés ceux toujours aussi paniqués de Vaiana tandis que j’avais soufflé :

- Mon dieu...

Posant ma main sur mon ventre, je répétais avec un peu plus de force :

- Oh mon dieu...

J’avais relevé la tête vers Vaiana, réalisant brusquement petit à petit, la prenant à part dans cette conversation pour laquelle elle ne pouvait pourtant pas m’apporter de réponse définitive :

- C'est pas possible hein ?
- Tu veux dire que...

Elle avait baissé les yeux vers ma main sur mon ventre :

- Un alien t'a mise en cloque ?

De l’entendre de sa voix à elle, tout devenait brusquement plus tangible. Quelle conne. Comment je n’avais pas pu m’en rendre compte avant ? Les nausées, les odeurs devenant trop fortes, les seins douloureux c’était pourtant les signes les plus connus du monde entier non ? J’avais fermé les yeux en réalisant le cauchemar dans lequel je me trouvais, secourant la tête de gauche à droite rapidement sous l’effet du choc, des larmes roulants sur mes joues :

- Pas un alien, non... Oh mon dieu non mais... non je peux pas être enceinte... c'est... il va... oh mon dieu...

J’avais brusquement ouvert les yeux pour observer Vaiana, me refaisant le début de l’aventure malgré moi :

- Mais... tu crois que ... j'ai pu lui faire du mal avec le médoc de Malcom ? Et le combat ? Et le dirigeable ? OH PUTAIIIIN...

Je m’étais levé d’un bond, complétement paniquée. J’avais envie de m’enlever cette idée de la tête de me réveiller car je devais rêver, de hurler, de sauter... mais rien ne m’extirpait de la terrible vérité qui me rattrapait encore plus sûrement que l’eau glacée s’engouffrant dans la future épave d’un bateau. J’avais fait la même erreur deux fois... mais la première fois, j’étais une autre, sur le Titanic... et je portais d’une façon assez étrange mon arrière grand-mère au je ne savais qu’elle degrès... cette fois-ci, c’était différent. Cet enfant, c’était le mien... MON enfant... amplifiant encore plus l’horreur de la situation que Vaiana ne faisait rien pour apaiser :

- Non je pense pas. A mon avis, le seul truc qui a pu lui cogner dessus c'est le Tokay.

Je l’avais observé avec des yeux exorbités. Le Tokay !! J’avais oublié le Tokay !! J’avais vraiment fait la même connerie deux fois ?! Voyant ma panique, elle avait tenté de se rattraper, en vain :

- Mais tu as à peine trempé tes lèvres dans le verre donc je suis sûre que ça aura aucun effet sur lui ! Aucun !

Toujours aussi paniquée, j’avais reposé ma main sur le ventre en commençant à faire les cent pas dans la cabane, ignorant totalement le froid qui était en train de me saisir, bien moins mordant que la nouvelle qui l’accompagnait.

- Comment je fais si c'est le cas ?! On peut en être sûres comment ? Y'a des tests de grossesse dans le coin, tu crois ? Anatole peut retourner à la pharmacie ?
- Allonge-toi et lève la jambe. Si tu as mal au ventre à droite, c'est que tu... ah non attends, ça c'est pour l'appendicite.

La fille des îles semblait complétement pommée mais en bonne amie, elle tentait de m’aider même s’il était clair qu’elle n’avait aucune idée de comment faire. Pourtant, pendant un court instant, j’avais envisagé de l’écouter et de m’allonger pour lever une jambe... j’étais prête à tout pour me rassurer sur ce truc qui s’immiscer de plus en plus dans ma tête. 2 mois... 2 mois d’absence de règles... l’espoir d’une simple erreur s’amenuisait à vue d’œil et de nouveaux combats, des nouvelles paniques prenaient possession de mon être : et si je l’étais vraiment ? Qu’est-ce que j’allais faire ? Devais-je le garder ? Et si je ne rentrais jamais chez moi ? C’était CE monde qui le verrait venir au monde ? Ce monde horrible et religieux ? Est-ce qu’il aurait aussi un Daemon dans ce cas ? Est-ce qu’on me prendrait mon bébé si c’était le cas ? Est-ce qu’il ne connaîtrait jamais sa famille, MA famille ? Son père ? Et est-ce que j’arriverai à l’élever ? Est-ce que j’étais prête à devenir mère ? Serais-je ne serait-ce qu’une bonne mère ? A mesure que toutes les questions prenaient forme dans ma tête, mes mains s’étaient mises à trembler de façon incontrôlable et les larmes coulaient de plus en plus le long de mes joues, gerçant au passage du froid. Je ne m’étais stoppée dans ma démarche qu’au moment où j’avais senti les mains de Vaiana se poser sur mes épaules, me soutenant fortement, face à elle. Ses yeux plantés dans les yeux, elle m’avait précisé :

- Respire. Respire profondément.

Elle avait commencé à me montrer la marche à suivre, inspirant lentement et expirant profondément et j’avais tenté de me raccrocher à l’exercice d’une façon plutôt pitoyable, hoquetant à chacun de mes essais. J'étais même pas foutue de respirer correctement alors élever un bébé ?!

- Même si tu es enceinte, t'es pas toute seule. Je te laisserai pas. Et puis... tu as dit que tu avais un copain, non ? Si ça se trouve, il sera super content. Parce qu'on va réussir à retourner chez nous, Alex'. On va rentrer et tu pourras lui annoncer. Ca sera un happy end. Je ferai tout pour que ça en soit un.

Elle avait le regard déterminé, et elle semblait bien décidé à me redonner un peu de courage et d’espoir. Si ses mots m’avaient sur le départ réchauffé le cœur, me rendant compte que mon amie en était vraiment une, la suite m’avait rappelé un autre petit détail extrêmement désagréable que je n’avais jusqu’alors qu’effleuré : Erwin. Mes deux mains s’étaient posées instinctivement sur ventre tandis que j’hoquetais de plus belle, tremblant de tous mes membres, comme un écureuil face à un prédateur redoutable. Je revoyais nos conversations dans les jardins du château, dans les pièces du palais, au chalet. Il ne voulait pas d’enfant... il avait été plus que clair à ce sujet. Il avait précisé n’avoir aucune fibre paternelle et je devais bien avouer que malgré ses efforts, son futur l’avait prouvé... Il ne semblait pas du tout doué pour la paternité et sans même aucune envie de la tenter. Je n’avais pas arrêté de me dire pendant tout le laser game COMMENT alors avaient pu naître ces deux enfants... Rose... et Isaac... âgé de 9 ans... en 2030... né en... 2021... Comment avais-je pu ne pas faire le rapprochement plus tôt ? Revoir le visage terrifié de l’enfant face à celui de son père m’avait soulevé le cœur. Fermant les yeux comme pour me soustraire à cette vision, j’avais de nouveau secoué la tête de gauche à droite avec véhémence :

- Non... non non on en a déjà parlé... il veut pas d'enfant... il... il va me tuer !

Tentant de me calmer, j’avais posé mes mains sur mes yeux clos un instant avant de les ramener vers mes cheveux pour les tirer en arrière :

- Je veux pas l'avoir ici... je... si je dois l'avoir il faut qu'on rentre oui... très vite... Je veux pas... Y'a encore une chance que je le sois pas ?

J’avais ouvert les yeux pour observer mon amie dont les mains étaient toujours sur mes épaules. Comptant mentalement, je tentais de trouver une issue :

- On est le 14 Février... mes dernières règles étaient mi-décembre...

C’était donc foutu, j’avais beau tenté de me rappeler et reculé, ça ne rendait pas la chose moins crédible pour autant. Fondant brusquement en larme, je m’étais jeté dans les bras de Vaiana pour y pleurer de tout mon soûl. J’avais senti ses mains maladroitement parcourir mon corps, l’une dans mes cheveux, l’autre tapotant mon dos tandis que je tentais de la remercier de ce qu’elle faisait pour moi sans pour autant réussir un son convenable de ma gorge.

- Les mecs disent souvent qu'ils veulent pas d'enfants mais une fois que le mioche est là, ils sont contents. Alors essaie de relativiser, même si c'est pas facile. Je suis sûre que ton mec sera aux petits soins.

J’avais voulu lui répondre mais au même moment, la porte s’était ouverte brusquement. Je m’étais retiré rapidement de l’étreinte envers Vaiana, pour me mettre dos aux nouveaux venus. Je ne voulais pas non plus que tout le monde me voit dans cet état, c’était déjà bien assez compliqué. J’avais ressuyé mes yeux d’un revers de manche, tentant de me calmer rapidement pour éviter une nouvelle crise de larmes. J’avais alors senti quelque chose m’envahir, quelque chose d’apaisant... l’aura d’Hyperion. Personne n’avait rien dit et sans doute ne voulait-il pas me mettre dans l’embarras devant Lyra et Malcolm, ce dont je lui étais reconnaissante mais il avait bien vu que quelque chose n’allait pas. Sentant que les deux premiers s’étaient mis à rassembler leurs affaires d’un air gêné, j’avais alors lentement tourné la tête vers Anatole pour le remercier d’un hochement de tête. Je devais avoir les yeux rougis et bouffi et le teint pâle, je ne pouvais pas faire mieux, mais au moins tout le monde avait eu la politesse de faire semblant de ne rien voir. Comme pour dissiper le malaise, m’appuyant allégrement sur l’onde apaisante d’Hypérion, je demandais :

- Qui a crié au final ? Tout le monde va bien ?
- Oui, tout le monde va bien.

Il y avait eu un petit flottement avant sa réponse et elle m’observait hésitante mais je l’invitais à poursuivre en refusant son regard :

- Et vous deux ? Vous avez l'air d'avoir eu un réveil difficile. Je m'en excuse : c'est moi qui ai crié. Mais c'était la faute d'Anatole.

Elle eut un regard malicieux en direction du jeune homme que j’observais, surprise :

- On a voulu prendre une douche, ce qui a effrayé Malcolm.

Il observa le rouquin avec un sourire qui lui répondit par un regard noir, apparemment moyennement amusé par la blague :

- L'eau est un peu fraîche, mais très agréable.
- Genre... vous avez pris un bain dans le lac ?

Elle l’observait abasourdi et je tentais un faible sourire malicieux, me mêlant à l’humeur joyeuse :

- Tu m'étonnes qu'il ait eu peur, avec un corps pareil...

Je l’avais observé de haut en bas avec une moue peu convaincue avant de me tourner vers Lyra :

- Je me permettrai pas de te critiquer à ce sujet, bien sûr.

Si Lyra avait souri, Malcolm ne semblait toujours pas d’humeur à plaisanter et je décidais de dévier une nouvelle fois la conversation :

- Du coup maintenant que certains sont propres et d'autres réveillés, vous avez une idée pour la suite des évènements ?
- On est censé partir en bateau jusqu'à Svalbard mais...

Elle s’interrompit un instant, pensive.

- Il y a peu de chances que notre ami Danill nous y conduise, et marcher jusqu'au prochain port sera pénible, donc je me disais...

Elle se tourna vers Anatole.

- Vous pourriez peut-être nous emmener directement là-bas ?
- Bien sûr.

Il se tourna vers le professeur, comme attendant une objection de sa part qui ne vint pourtant pas. Il posa une nouvelle fois son regard sur la blonde :

- Le temps que vous preniez vos affaires et on pourra y aller. Je vais vous attendre dehors. Ça sera plus simple.

Son regard croisa alors le mien et je me retins de frissonner, sachant très bien ce qui venait ensuite :

- Tu pourrais peut-être venir avec moi jusqu'à chez Danill pour lui dire que nous n'aurons pas besoin de lui pour la suite de notre voyage ? Et en profiter pour le remercier de nous avoir permis de séjourner ici cette nuit ?

J’avais hésité un instant avant d’hocher la tête et faire un pas vers lui. Je m’étais alors arrêté brusquement pour me tourner vers Vaiana et lui demander timidement :

- Tu peux juste vérifier que j'ai bien toutes mes affaires, s'il te plaît ?

Elle hocha la tête et je l’avais remercié d’un sourire. Elle marmonna alors plus pour elle tandis que je me détournais :

- Je suis sûre qu'il a proposé ça exprès pour pas avoir à faire son paquetage. Tss...

Arrivée au dehors, j’avais commencé à rejoindre Anatole qui avançait en direction du bâteau de Danill. J’avais senti que son aura diminuait petit à petit sur moi, m’obligeant à faire plus d’effort de mon côté mais me laissant sans aucun doute la possibilité de craquer au besoin. Il s’arrêta à mi-chemin pour m’observer et lorsque mon regard avait croisé le sien, je lui avais annoncé de but en blanc, sans aucune émotion dans ma voix, comme sur pilote automatique, ce qui trahissait clairement ma panique :

- Je suis enceinte.

Un silence avait suivi la nouvelle. J’avais continué à l’observer mais rien n’avait percé derrière ses traits. Pourtant son silence m’annonçait qu’il encaissait la nouvelle. Patiemment, j’attendais. Avec le même ton et sans réaction, il précisa :

- Ce n'est pas ta faute.

C’était généralement pas la première chose qu’on disait à quelqu’un qui annonçait ce genre de truc et je m’étais pas attendu à ça. D’une certaine façon, si, c’était ma faute, j’aurai sans doute du être plus prudente... Mais est-ce que c’était vraiment une “faute” ? C’était sans doute ce qu’il pensait aussi, je pouvais petit à petit percevoir le trouble dans ses yeux. La nouvelle aurait dû être la plus belle du monde et pourtant, je ne faisais rien d’autre que de paniquer. Son regard commençait même à m’être insupportable. J‘avais glissé mes yeux en direction de la neige un peu plus loin. Mes lèvres s’étaient mises à trembler tandis que j’essayais de retenir un nouveau sanglot. Après un silence, il esquissa un sourire pour détendre l’atmosphère en précisant :

- Malcolm est au courant ?

J’avais eu un petit pouffement de rire misérable et mes larmes avaient coulés sur le coup. C’était bien trop dire de contenir autant le rire que les pleurs et je devais bien avouer que sa blague était bonne. Tentant de reprendre contenance, j’avais répondu sur le même ton :

- Je comptais plus lui dire en plein milieu de la téléportation, histoire qu'il vomisse pour deux raisons à l'arrivée !

J’avais laissé un nouveau silence s’installer, reprenant petit à petit mon sérieux pour lui préciser :

- J'en suis pas sûre... mais ça fait deux mois que j'ai plus rien... j'ai mal au ventre, j'ai des nausées constamment... j'ai l'impression aussi que mon odorat s'est plus développé... j'ai mal aux... enfin t'as compris...

Je lui avais montrer ma poitrine d’un signe de main, sans pour autant trouver la force de lui en parler. C'était bizarre de parler de tout ça avec lui. Jusqu’à maintenant, je m’étais toujours considéré comme l’amie d’Anatole. Je savais que je serai toujours là s’il en avait besoin. Mais depuis plusieurs mois, voire des années, je m’étais demandée si cette amitié n’était pas à sens unique. Il y avait eu tellement de non-dits entre nous, tellement d’abandon aussi... et de silence... que je n’avais pas eu l’impression qu’il avait été là un jour pour moi. Je lui en avais d’abord voulu et puis je l’avais accepté... parce qu’aimait quelqu’un ne l’obligeait pas à nous aimer en retour. Pourtant, en cet instant, j’avais l’impression qu’il voulait être là, qu’il était là. Pour moi. Pour... nous ?

- Y'a des chances que ce soit autre chose, sérieux ? Et si on rentre pas ? Et si je lui ai déjà fait trop de mal avec tout ce qu'on a vécu ?

Il s’était approché de moi, franchissant les derniers pas qui nous éloignaient avant de me demander avec un ton qui se voulait détacher :

- Tu veux bien me laisser me préoccuper de ces détails ?

Il me donnait l’impression que “rentrer” n’était qu’une formalité pour lui, un jeu d’enfant dont il avait déjà toute la solution. Je n’étais pas complètement sûre que c’était vrai. Si j’étais même parfaitement honnête avec moi-même, il n’y avait aucune raison que ce le soit. Mais il me demandait de lui faire confiance à travers ces mots et même si j’avais parfois douté de lui, j’avais envie d’accéder à sa demande, parce que c’était bien la première fois... qu’il me le demandait. Comme pour dissiper le moment solennel qui se profilait, je lui précisais avec un sourire triste et une pointe d’humour :

- A condition d'avoir le droit d'envoyer une lettre de réclamation salée en cas de délai d'attente trop long !

J'avais ressuyé d’un revers de manche les larmes de mes joues, qui commençaient à me brûler la peau. Anatole m’observa droit dans les yeux avant de me demander :

- Puis-je ?

Son regard avait été si intense que j’avais presque compris instantanément ce qu’il voulait faire. Il voulait toucher mon ventre. Complétement surprise, je n’avais pas pu m’en cacher, amorçant même un mouvement de recul que je fis pourtant pas jusqu’au bout. Il voulait sans doute pouvoir répondre à ma question, me dire ce que j’avais besoin de savoir, si je me stressais pour quelque chose ou pour rien. Mais c’était étrange. Malgré qu’il soit encore tout plat, l’idée même que quelqu’un veuille me toucher le ventre avait une symbolique toute particulière, le début d’un nouveau chemin, d’une nouvelle vie qui s’offrait peut-être à moi et que je n’étais pas certaine de vouloir embrasser. Il serait alors à tout jamais le premier à l’avoir touché... J’avais hésité un instant, ignorant si jamais vraiment envie de ça, vraiment envie de savoir aussi... Puis, les mains tremblantes, j’avais défait la fermeture éclair de mon manteau jusqu’en bas, avant d’en écarter chaque pan, afin de lui présenter mon ventre, mon pull toujours bien en place. J’avais dégluti, impossible de soutenir son regard plus longtemps. J'avais détourné le regard tandis que ses mains s’étaient approchées de mon ventre, tandis que je sentais toujours son regard rivé sur moi. Lorsque j’avais senti son contact, j’avais instantanément tourné de nouveau les yeux vers lui. J’avais pu voir sa concentration avant qu’il ne ferme les yeux. Puis j’avais ressenti son aura de nouveau tout autour de moi, parfaitement apaisante et je m’étais laissé aller au contact, tous deux liés dans ce moment pourtant si court, pas plus qu’une moitié de minute, qui nous avait pourtant projeté en un instant hors du Temps. Ses yeux se rouvrir alors brusquement et je pu constater qu’ils brillaient d’une étrange lueur, comme soudain prit d’une certaine émotion.

- Ils ont ce don pour vous faire fondre, avant même leur venue au monde, n'est-ce pas ?

C’était comme si en un instant il m’avait relié à lui. Profondément. Définitivement. Le visage d’Isaac s’était de nouveau ancré en moi, plus profondément qu’il ne l’avait jamais été depuis mon retour du laser game. C’était un futur parmi tant d’autres que m’avait offert Elliot, j’avais tenté de me dire à plusieurs reprises que rien n’était écrit, que tout ne pouvait pas toujours se passer comme ça nous l’était montré. Et pourtant... pourtant je le sentais, tout au fond de moi, cette toute petite chose qui s’éveillait tant bien que mal et qui s’accrochait jusqu’alors avec une force surhumaine depuis le début de cette aventure, c’était Isaac. Mon fils. Rien de plus... rien de moins. Un tout parfait. Inconsciemment peut-être avais-je tout de suite senti que ce serait lui, ses cheveux bruns, ses yeux dorés, son visage si doux, si timide. Peut-être que tout aussi inconsciemment, dans ma panique, j’avais déjà pris cette décision qui m’effrayait, celle de l’accepter en moi et dans ma vie, de le garder... et le chérir. C’était peut-être cela qu’Anatole avait ressenti à travers cela. Déglutissant, je n’avais pas su quoi répondre. Comme pour m’aider dans ce que je ne savais quoi dire, Anatole m’avait attiré à lui pour me prendre doucement dans ses bras et je l’avais laissé faire. Sa main s’était aussi posée sur mes cheveux, ramenant mon visage contre son épaule. Nous étions restés dans cette position un instant. J'avais remonté ses bras dans son dos, pour prendre appui sur lui, l’enlacer tout à fait, laissant ma peur et mes angoisses s’évaporer à son contact. Puis soudain, je l’avais entendu murmurer :

- Ces moments, où tu as la sensation de te trouver entre le rêve et la réalité... où tu te sens parfois seule, sans personne pour te tendre la main. Dis-toi que c'est un endroit où j'aime vagabonder. Tu ne t'y retrouveras jamais seule. Jamais.

Je l’avais serré instinctivement dans mes bras, plus fort que je ne l’avais fait jusqu’à présent, comme pour le remercier de ce qu’il venait de dire, de penser. C’était peut-être à cet instant que j’avais cessé d’être son amie... que nous étions tout simplement devenus amis. Je ne pouvais en être certaine, mais c’était l’impression que le moment me donnait. Il me faisait une promesse à demi-mots, une promesse que j’avais envie de croire. J’avais marmonné sur son épaule un “Merci” plein de sincérité et de soulagement. J’avais continué à marmonner :

- Au fait, je t'ai pas dit...

Je lâchais petit à petit ma prise, m’éloigner de lui pour me retrouver face à lui, avec un sourire gêné et touché. Une teinte de malice l’avait également traversé lorsque je lui annonçais :

- Je suis en couple...

Oui, il devait s’en douter, j’étais pas non plus l’immaculé conception, une information choquante par jour, s’il vous plaît. Mais j’aurai aimé lui dire autrement, prendre le temps, comme pour chacun de mes proches, même si le petit être qui grandissait en moi était fatalement en train de tout bouleverser. Au moins savait-il que je n’étais pas mère fille, que je n’étais pas tombée enceinte d’un coup d’un soir, que cet enfant avait un père... même si je continuais à être sceptique sur sa réaction.

- Ça en fait des nouvelles de si bon matin. Je le connais ?

Il m’avait souri et j’avais réfléchi un instant à la question, ignorant si les deux se connaissaient. Après un instant de doute, je lui avais précisé prudemment :

- Je crois pas non... Il s'appelle Erwin.

Il avait hoché la tête d’un air entendu, réfléchissant apparemment à s’il le connaissait. Au même moment, les autres nous avaient rejoint. Vaiana avait posé deux sacs devant Anatole, le sien et le mien avant de lui dire avec fermeté :

- Faut faire attention à elle.

Je lui avais lancé un sourire attendrit. J’avais envie de lui préciser que je n’étais ni en sucre, ni malade et que j’avais réussi à sauter d’un train la veille – bien qu’avec l’aide d’Hypérion - et que je pouvais donc porter mon sac mais sa réaction et son envie de me protéger avait été si touchante que je n’avais rien osé dire. Je m’étais contenté de la remercier d’un signe de tête tandis qu’Anatole la regardait avec un sourire sans pour autant prendre un sac.

- Vous êtes prêts ?

Bien qu’il fût le destinateur de la qauestion, Malcolm était sans doute celui qui semblait le moins prêt du groupe. Il était blanc comme un linge et Asta, terrée dans sa capuche était si proche de sa nuque qu’ils semblaient de donner du courage mutuellement par leur contact. J’avais hoché la tête d’un air poli :

- Vous inquiétez pas, c'est plus facile avec le temps.

Pour tout sourire que le rouquin tenta de me donner, il grimaça surtout avant de se tourner vers Anatole :

- Vous avez besoin d'un cap, je suppose ?
- Où allons-nous ?

Anatole nous avait observé toutes les trois, ignorant délibérément Malcolm, ce qui me faisait penser que leur relation n’était pas vraiment au beau fixe. Lyra lui répondit :

- Sur les terres désertiques de Svalbard, au pied de la plus haute montagne. C'est peut-être trop vague.

Elle eût une moue embêtée :

- Je n'ai pas d'adresse plus exacte.

Anatole sembla perdu mais amusé en même temps. Il tandit la main à Lyra et en quelques secondes, le décor changea radicalement pour une vaste pleine enneigée, entourée de montages plus hautes les unes que les autres. Il n’y avait ni âme qui vive, ni habitation hormis un chalet au loin qui semblait abandonné et qui se trouvait sur les hauteurs. Il faisait un froid bien plus mordant et Malcolm demanda, plein d’espoir :

- C’est ici ?

D’un coup d’œil, je constatais qu’il était vert. Pour toute réponse, Lyra tourna sur elle-même, d’un air confus qui ne me disait rien qui vaille. Décidant de ne pas le relever, je gardais le silence tandis qu’elle précisait :

- C'est normalement là que mon père a ouvert la brèche entre les mondes.

Elle désigna la plus haute des montagnes.

- Mais tout me semble si différent...
- Différent ?
- Quand je suis venue, il faisait nuit. Mais il me semble que c'est ici. Il y a son chalet.

Elle se mordit les lèvres avant d’ajouter :

- Serafina Pekkala, mon amie sorcière, m'est apparue en rêve l'autre soir. Elle m'a annoncée que Iorek fait route vers nous. J'ignore où il se trouve et je pense que le meilleur moyen de le croiser, c'est de l'attendre ici.
- D’accord.

J’avais hoché la tête d’un air entendu, laissant le silence s’installer une nouvelle fois. Voyant que rien d’autre n’arrivait, je demandais :

- Eeeeet... c’est qui Lorek ?
- Lorek est le roi des ours en armure. Et un allié inestimable.

C’était donc celui qui avait dû la nommer “Parle d’Or” dans son récit, les choses me revenaient petit à petit.

- Donc en gros on attend l'arrivée du nounours. Et en attendant on fait quoi, on mange ?

Elle se tourna alors vers Hypérion, s’attendant apparemment à ce qu’il nous dresse la table pour un petit déjeuner.

- Tu es un estomac sur pattes.
- Je disais ça pour vous. Je vous trouve pâlichon.

J’avais manqué d’éclater de rire en entendant l’échange. C’était vraiment l’hôpital qui se foutait de la charité vu tout ce qu’Anatole avait mangé jusque là. Me rendant alors compte que mon estomac criait aussi famine après les nausées, je précisais :

- Honnêtement je suis pas contre de manger un bout là...

Il sembla hésiter un instant avant de se tourner vers Malcolm :

- Tu penses que ça dérangerait Madame Polstead, ta maman,... Si...

Le jeune homme semblait méfiant :

- Du moment que vous ne dérangez pas ma mère. Il ne faut pas qu'elle vous voit. La pauvre... elle pourrait en faire une crise cardiaque.

Il semblait quand même prêt à tenter le diable pour un bout de la brioche de sa mère, ce que je pouvais comprendre. Cela ne l’empêcha pas d’insister :

- Soyez discret.

Il fit alors apparaître une simple brioche dans ses mains, toujours aussi grosse qu’un jambonneau, mais juste cela, un plein milieu de nulle part. Je n’avais pas envie de proposer de la manger dans le chalet du père de Lyra vu la relation avec qu’elle avait avec son défunt géniteur mais je me disais qu’une tente, une table et un réchaud ne serait sans doute pas de trop pour un petit déj au milieu de nulle part, dans la neige. Pourtant, Vaiana avait une autre priorité :

- Et le café ?
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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

Anatole Cassini

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« Il existe 175.000
espèces de papillons... »


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« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 _



________________________________________ 2021-02-03, 19:55 « Maîïîtreuuuh !!! »


« Monsieur Byrnison ?
Quel merveilleux spectacle ! »
▼▲▼

Rentrer chez nous. C'était une quête que j'espérais réussir à accomplir. Pour Vaiana, pour Alexis, pour son bébé. Il fallait qu'on rentre chez nous. Mais ce n'était pas encore gagné. Toutes les options qui s'offraient à nous, étaient vaines. Je ne voyais pas comment faire. Le dernier espoir que j'avais résidais en ces Anges. Lyra en parlait comme des êtres à part, plus évolués. Si ça se trouvait, c'était eux que j'avais entendu en arrivant ici. En tout cas, des forces étaient à l'oeuvre dans ce monde, et je comptais bien demander leur aide pour nous ramener chez nous. L'espoir qu'on avait tous, c'était que si il y avait un moyen pour arriver jusqu'ici, il y avait aussi un moyen de faire le chemin inverse. C'était une évidence. Il fallait simplement trouver comment.

Vaiana... Alexis... Le bébé... songeais-je. Est-ce que tout était lié ? Étions nous ici par le fait de Vaiana ? Parce que c'était en rapport avec Alexis ? Ou pour ce bébé ?

Je me souvenais du moment où j'avais posé mes mains sur le ventre de la jeune femme. Je tentais de sentir quelque chose. J'ignorais à partir de quel moment de la grossesse, l'aura se faisait sentir. Ce n'était pas quelque chose que j'avais tenté de percevoir par le passé. Mais je me souvenais très bien de la sensation que ça m'avait procuré la toute première fois que j'avais posé mes mains sur le ventre d'une jeune femme enceinte...


Précédemment dans l'Empire de Titania, à Elysea...

Je ne connais pas cette partie de notre monde. Je n'y étais jamais venu auparavant. C'était un nouveau domaine que mon frère avait bâtis. Prométhée était arrivé ici, il avait choisi cette forêt mystérieuse, au loin de Titania. Un endroit calme, paissible, où Aura pouvait mettre au monde son enfant. Le tout premier enfant né d'une Titanide et d'une Nymphe. C'était une idée qui semblait lumineuse aux yeux de certains de mes frères et soeurs, et de notre Titan Roi, Ouranos. J'avais tenté de convaincre Aura de ne pas donner naissance à cet enfant. De ne pas tenter cette expérience que je jugeais contre Nature.

Si notre Mère à tous ne nous avait pas donné la faculté d'avoir des enfants, c'était qu'il n'était pas nécessaire que nous en ayons. On ne devait pas s'opposer à sa volonté. Même si on ne comprenait pas toujours ses choix, il fallait aller dans son sens.

Dans le futur, je découvrirais, qu'il était tout a fait possible à un Titan d'enfanter, sans pour autant avoir besoin de passer par les Nymphes et d'aller contre la volonté de Dame Nature. Ma soeur, Gaïa allait mettre au monde un petit bébé, sans qu'on comprenne réellement comment cela avait été possible. Même si pour elle, la réponse semblait évidente. Ma soeur, Thémis, allait elle aussi mettre au monde un enfant. Un jeune garçon, fils d'un habitant d'un monde voisin. D'un univers voisin.

Il nous était tout a fait possible de procréer. La Nature nous avait donné ce don, mais on ignorait simplement comment y arriver.

Le ventre de Aura avait commencé à grandir, prendre plus de place dans son corps. La petite fille qu'elle portait en elle demandait déjà beaucoup d'espace et d'attention. Il avait été décidé que la Titanide demeurerait à Elysea jusqu'à la naissance de sa fille. Les Sentinelles veillaient au domaine. Mes frères et soeurs, pour la plupart, venaient souvent lui rendre visite.

« Elle te fait peur ? C'est amusant. » m'avait-elle dit ce jour là.

Je m'étais approché. Nous étions seuls, tous les deux.

« Donne moi ta main, Hyperion. Tu vas voir de quoi elle est capable. » avait-elle ajoutée.

Pour ma part, j'avais hésité. Mais j'étais de nature curieuse. J'aimais découvrir les choses, être surpris. Je m'étais donc avancé jusqu'à elle. Elle s'était levée de sur son lit. Puis, elle avait pris ma main et elle m'avait fait un petit sourire malicieux avant de relever sa tunique pour poser ma main tout contre son ventre. Peau contre peau.

« C'est une sensation unique. » avait-elle dit au bout d'un petit moment.

Mes yeux fixaient son ventre. A travers sa tunique, je tentais de percevoir l'aura de la fille qu'elle portait. Ce n'était pas quelque chose d'évident. Je me demandais si elle avait une aura qui lui était propre. Pour l'instant, je ne sentais que celle de ma soeur.

Au début, Aura me regardait avec un petit sourire. Puis, il diminua. Je sentis qu'elle éprouvait une sensation mitigée. Un mélange de bonheur et de doute, de peur... je levais les yeux dans sa direction. Qu'est ce qui lui arrivait ? Elle m'observait, sans dire quoi que ce soit, avant de poser sa main sur la mienne. La tunique nous séparait.

« C'est nouveau. Différent. Je la sens bouger à l'intérieur de mon être. Par moment j'ai la sensation que tout se passe bien. Elle gigote, donne des petits coups de pied. Mais parfois j'ai peur qu'elle n'en sorte jamais. » avait-elle dit avant de marquer une petite pause, puis de reprendre. « C'est pénible. Long. Désagréable. » dit-elle en appuyant un peu plus contre ma main et pour ainsi dire contre son ventre. « Je pleure, Hyperion. Ca ne m'est jamais arrivé auparavant. Elle me fait souffrir de l'intérieur. Je tente de réduire l'espace qu'elle a. De l'etouffer pour qu'elle arrêter de me faire souffrir. »

Je sentais quelque chose bougeait à l'intérieur de son ventre. Gigoter. Le bébé n'était pas à l'aise. Je faisais des vas et viens entre la jeune femme et son ventre. Elle arrivait à m'effrayer.

« Puis, je pleure de joie. » dit-elle en relâchant la pression sur ma main, et sur son ventre.

Le bébé bougeait toujours.

« C'est un amour dangereux car j'ai autant envie de la tuer que de la protéger. C'est violent. Bestial. Comme ces créatures qui nous idolâtrent parce qu'on leur est supérieur. Je lui suis supérieur, n'est ce pas, Hyperion ? Elle ne sera jamais mon égal, même si elle émane de moi. Mais personne ne la touchera, parce qu'elle est fille de Titan. J'ai l'impression de tenir sa vie entre mes mains. D'avoir une part de notre Mère en moi. Nous lui sommes supérieur désormais, n'est ce pas ? »

Supérieur... je tentais de ne rien laisser paraître. Puis, je sentis quelque chose tapoter contre ma main. Un petit pied. Un petit coup. Puis un autre. Et mon regard s’adoucit, oubliant pour un temps ce que ma soeur venait de dire. J'avais compris. Je cherchais une aura en vain. En réalité, elle était là depuis le début. Bien plus présente que celle de ma soeur. Une aura similaire à la sienne, mais nouvelle, identique et différente à la fois. Son aura à elle. Supérieure.

Les Titans, les adultes veulent changer le monde. Ils veulent tout s'approprier pour mieux le détruire ensuite. Mais en elle, en cette petite âme réside l'Espoir. Elle est toute neuve, elle peut tout faire. Elle a tout devant elle. Il suffit juste de la préparer, de lui faire confiance, d'être là pour elle.


Aujourd'hui...

J'avais sentis son aura. L'aura du bébé. Celle d'Alexis, mais en différente. Je n'avais pas compris comment cela était possible, car je ne sentais plus les auras. Mon don m'avait quitté, comme beaucoup d'autres choses. Mais en posant mes mains sur le ventre de la jeune femme, de mon amie, je l'avais sentie. Elle était belle, nouvelle, pleine d'Espoir.

« Ils ont ce dont pour vous faire fonde, avant même leur venue au monde, n'est ce pas ? » lui avais-je dit.

Nous étions arrivé jusqu'à destination. Aux terres désertiques de Svalbard, au pied de la plus haute montagne. Selon Lyra, on attendait un ours polaire en armure. J'avais très hâte de faire sa connaissance. Mais en attendant, place à la pause gourmande. Brioche de madame Polstead et... café pour Vaiana. Bien que la tasse qui lui apparu dans les mains était remplie d'un bon chocolat chaud au lait d'amande et à la vanille. Je lui adressais un petit sourire, avant de tourner la tête vers Alexis. Puis, je me mis à manger un morceau de brioche. Le petit déjeuner s'était enchainé sans encombres.

Au bout d'un certain temps et une fois la brioche achevée, j'avais tourné la tête en direction de l'Est. Quelque chose avait attiré mon attention. Une vibration, très légère, sur le sol. Presque imperceptible. Elle s'accentuait de plus en plus, si bien que je ne devais plus être le seul à la ressentir. Me levant, je me tournais vers la direction d'où cela provenait.

« C'est quoi ça ? » demanda Vaiana.

Lyra s'éloigna de nous afin de marcher en direction de la chose qui venait vers nous. Elle semblait méfiante, et en même temps confiante. C'était assez étrange.

« Ca va aller ? » lui demandais-je, avant de voir Malcolm porter la main sous son manteau, sans doute à la recherche de son arme.

Je n'attendais pas spécialement de réponse. Par précaution, et vue qu'elle était en tête de file, et qu'on n'avait pas bougé, mon aura reposait légèrement sur elle. Lyra n'était qu'à quelque mètres de nous. La vibration se fit de plus en plus proche. Le sol tremblait. Le visage de Lyra s'illumina.

« Oui ! Ca va même mieux que bien ! »

Au loin, on vit une dizaine d'ours en armures qui avançaient au galop dans notre direction. Lyra revenait dans notre direction, un grand sourire aux lèvres. C'était les ours qu'elle attendait. Elle prit une grande inspiration, afin de se ressaisir. Depuis quand ne les avait-elle pas vue ? Me demandais-je. Elle nous regarda.

« Soyez polis. » dit-elle en regardant Vaiana. « Et surtout ne mentez pas. Les ours savent desceller le mensonge mieux que personne. »

Je me contentais d'observer. C'était un spectacle majestueux. Plus ils avançaient, plus ils étaient imposants. A chacun de leurs pas, la neige voletait derrière eux. Lyra tourna la tête vers Malcolm.

« Monsieur Polstead, ne tenez pas votre arme. Ils vont le remarquer ! »

Il semblait méfiant, ce qui était compréhensible.

« Es tu vraiment sûr qu'ils ne sont pas dangereux ? »

« Ils sont merveilleux... » laissais-je échapper en regardant toujours les ours arriver au loin.

C'était plus à l'intention de Alexis et de Vaiana que j'avais exprimé cela.

« Oh si ils sont dangereux. Mais ils ne nous feront rien. » assura Lyra à Malcolm.

Les ours se stoppèrent à une dizaine de mètres de nous. Un d'entre eux continua, à une allure normale, de s'approcher de nous, quittant ainsi son groupe. Une fois face à nous, il se stoppa. Il nous regarda un à un, avec ce qui semblait être un regard intelligent. Il n'avait rien de bestial en lui, si ce n'était son apparence. Je le regardais sous toutes les coutures, avant de le fixer dans les yeux, même si il regardait désormais Lyra.

« Lyra Parle-D'Or. Te revoilà enfin. » dit-il d'une voix rauque.

Elle se précipita vers lui afin de le serrer tout contre elle au niveau de son cou. Je tournais la tête vers Vaiana et Alexis, en leur souriant. N'était-il pas magnifique ?

Ils restèrent ainsi un petit moment. Puis, l'ours, sans se détacher d'elle, parla.

« Tu ne me présentes pas tes amis ? »

Lyra s'écarta de lui un peu brusquement. Tout en passant une main sur son oeil rapidement.

« Oui. » dit-elle émue avant de se tourner vers nous. « Voici Anatole, le professeur Polstead, Vaiana et Alexis. » nous présenta t'elle. « Ils ne viennent pas de notre monde. »

« Je l'avais remarqué. » lui répondit l'ours. « Je m'appelle Iorek Byrnison, Roi des Ours. »

« On doit se prosterner devant lui ? » me chuchota Vaiana, avec une discrétion qui lui était propre.

Je ne jugeais pas utile de lui répondre, faisant quelque pas en direction de Iorek, afin d'être un peu plus proche de nos deux hôtes.

« C'est un honneur de vous rencontrer, monsieur Byrnison. » dis-je en hochant légèrement la tête.

« Bonjour ! » fit Alexis en levant la main et en la secouant, d'un air toujours aussi impressionnée.

Mes amis nous avaient rejoins, tandis que Iorek haussa un sourcil, m'observant d'un air dubitatif. Si il avait des sourcils, il les aurait froncés, songeais-je. Puis, il posa ses yeux sur Alexis et expira un peu d'air vers elle, ce qui fit soulever ses cheveux. Impressionnant !

« Bonjour, petite. » lui dit-il.

Lyra en profita pour me glisser quelque chose à l'oreille.

« On ne dit pas 'monsieur' à un ours, on l'appelle par son titre ou par son nom entier. J'aurais dû vous le dire mais je n'y ai pas pensé. »

Je lui adressais un petit regard sans expression. Je me rattraperais le moment venu. Ce n'était pas dans mon intention de me montrer désagréable envers l'ours en armure. Au contraire. Je voulais lui montrer que j'étais très respectueux envers lui, et très heureux d'avoir croisé sa route.

« Oui, bonjour. » s'exprima Vaiana un peu tardivement.

Quant à Malcolm, il inclina la tête en regardant l'ours. Sa main avait quitté son manteau.

« Comme c'est étrange de voir des humains bien portant sans Daemon. » lança Iorek après nous avoir observé une nouvelle fois. « Je n'en avais plus vu depuis le garçon au couteau. »

Lyra semblait tétanisée quand il avait évoqué le jeune garçon. Mais elle s'était rapidement reprise.

« Nous cherchons un moyen de les ramener chez eux. » dit-elle.

Je l'observais, puis mon regard se tourna en direction de Iorek. Je n'osais pas demander quoi que ce soit sur le dit garçon. Mais ça m'intriguait grandement.

« En quoi puis-je t'y aider ? » demanda t'il, tandis que Lyra inspira profondément avant de lui répondre.

« Je pense qu'il peut y avoir des réponses à L'Hôtel Bleu. C'est un lieu très ancien, empreint de magie. Je suis certaine que mon père s'y est rendu lors de ses recherches sur la Poussière et que c'est de cette manière qu'il a trouvé comment passer d'un monde à un autre. Il a utilisé une façon barbare et cruelle, mais je suis persuadée qu'il y a un autre moyen de créer une brèche. Il y a toujours un autre moyen. » dit-elle fermement.

Iorek la regarda d'un oeil perçant.

« C'est un endroit maudit. » dit-il de sa grosse voix. « Lorsque Iofur Raknison régnait, il a contraint trois ours à s'y rendre afin de lui ramener un daemon. Ils ne sont jamais revenus. »

Ce lieu existait bel et bien. La jeune femme avait raison. Je jetais un coup d'oeil en direction de Malcolm afin de voir sa réaction face à cette nouvelle. Ce dernier croisa les bras, l'air sceptique et sans doute un peu perturbé par la nouvelle. Quant à Asta, elle sortit sa tête de la capuche et renifla l'air de son museau sans lâcher Iorek des yeux.

« Excusez-moi ? » les coupa Alexis d'une voix timide.

Iorek posa son regard sur elle. Quant à moi, je le fixais une nouvelle fois. Il avait un très beau pelage. C'était un ours qu'on en n'en voyait peu par chez nous. A dire vrai, il semblait tellement différent des nôtres. Et son armure était étincellante. Je m'émerveillais face à elle. J'aimais de plus en plus ce monde, même si certaines choses me dérangeaient. Comme cette église qui pensait pouvoir tout dominer. Quel égo. Même si ça me rappelait un peu celui dont on usait et abusait au temps de Titania. Et qui n'a pas épargné l'époque d'où venaient Alexis et Vaiana. A dire vrai, il avait toujours été question d'égo surdimensionnés, de tout Temps. Je soupirais, lassé par tout ça.

« Parle, petite. » lui dit-il.

« A quoi ressemble l'Hôtel Bleu exactement ? » demanda t'elle. « Est ce que l'un d'entre vous a pu s'en approchez assez prêt pour l'observer sans... risquer de ne plus revenir ? »

« Avant d'y entrer, on ne peut le voir. » lui répondit Iorek. « C'est un voyage sans retour que vous entreprenez. N'y allez pas. »

« Vous savez qui dirige ce lieu ? Et face à quoi on pourrait se retrouver confronté ? »

Alexis hocha la tête pour appuyer ma question. Quant à l'ours, il secoua la tête en signe de négation.

« Si c'est un endroit emprunt de magie... ne devrions pas demander également de l'aide aux sorcières ? Peut-être peuvent-elles dompter cette magie... » ajouta t'elle.

« Les sorcières elles-même craignent ce lieu. »

« Pantalaimon s'y trouve. » les coupa Lyra.

Quant à Iorek, il posa un regard perçant sur elle.

« J'en suis persuadée. » reprit-elle. « Et vous savez que mon intuition ne m'a jamais fait défaut. »

Elle soutenait son regard sans ciller. L'ours était resté silencieux quelques secondes, puis il parla.

« Je souffre de te voir ainsi privée d'une partie de toi-même. Par le passé, tu m'as aidé à récupérer mon armure qui équivaut à mon âme, alors si tu souhaites te rendre à L'Hôtel Bleu, nous t'y conduirons. » dit-il avant de tourner la tête vers les ours qui attendaient au loin. « Mais nous n'en franchirons pas le seuil. »

Quel qu'étaient les risques, Pantalaimon s'y était rendu. Et il s'y trouvait sans doute encore à l'heure actuelle. Quant au père de Lyra, lui aussi avait fait route jusque là bas. Et contrairement aux trois ours, il en était ressortit. Ce qui signifiait que comme pour toute chose, il y avait un moyen pour y entrer, mais également un pour en sortir.

« Le père de Lyra s'y est rendu, et a réussi à en partir, si j'ai bien tout compris. Avait-il quelque chose en moins en revenant ? Enfin... je veux dire est ce qu'il t'a paru différent ? » demandais-je à la jeune femme.

Je voulais anticiper les risques. Quant à Lyra, elle eu l'air dérouté.

« Que voulez vous dire ? »

« Parfois, en se rendant dans certains endroits, il peut arriver qu'on y laisse quelque chose. Je me demandais si cela avait été son cas. »

Je tournais la tête vers Malcolm, tout en regardant Asta. Puis, je revins vers Lyra. Avait-il toujours son Daemon avec lui ? Toute son âme dans son intégralité ? Lyra devin soudainement plutôt pâle.

« Mon père avait son Daemon avec lui, il n'y a aucune raison d'en douter puisque c'était un léopard des neiges. Difficile de duper qui que ce soit. »

« As tu une preuve tangible que Lord Asriel soit vraiment allé là-bas ? » insista Iorek.

Elle eu l'air hésitante.

« Depuis quand les ours ont besoin de preuve pour croire en l'impossible ? » répliqua t'elle.

Ca eu pour effet de me faire sourire. Elle avait raison sur un point. Il fallait toujours croire en l'impossible. Je me rendais compte que petit à petit, plus on s'approchait du lieu où se trouvait son Daemon, plus elle retrouvait la fougue dont elle devait faire preuve par le passé. Elle était bien plus confiante, et croyait bien plus en elle. C'était agréable à observer. Quant à Iorek, il l’observa à son tour. J'avais la sensation que lui aussi lui souriait.

« Je pense que nous pouvons tenter le coup. Nous vous sommes tous très reconnaissant d'être notre guide, majesté. »

J'espérais ne pas avoir fait de faux pas cette fois ci. Quant Iorek me regarda, il inclina la tête. J'étais plutôt satisfait de moi. J'adressais un petit sourire à Lyra, avant de poser une énième question.

« Si je peux me permettre, vous avez parlé des sorcières, mais qu'en est-il des Anges ? Est-ce qu'ils évitent eux aussi ce lieu ? »

« Les Anges ? Nous, les ours, ne côtoyons pas les Anges. Ils nous ignorent depuis des temps immémoriaux et nous le leur rendons bien. » dit-il d'un ton dédaigneux. « Ils nous considèrent comme une sous race alors que nous sommes doués d'intelligence et de réflexion, comme les hommes. Et parfois même, nous raisonnons mieux que les hommes. »

Lyra eu un sourire amusé.

« Avant, je pensais qu'ils nous méprisaient parce que nous ne possédons pas de Daemon. Puis, en découvrant les autres mondes et l'absence de Daemon ailleurs, je me suis dit que la raison était autre. Je ne l'ai pas encore trouvée. La résolution de cette question de m'intéresse pas. » acheva t'il dans un grognement, signe que cette conversation commençait à l'agacer.

Je lui adressais un sourire amical, avant de me tourner vers Lyra. Nous étions prêt au départ !

CODAGE PAR AMATIS

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Vaiana de Motunui
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »

Vaiana de Motunui

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Rage is a quiet thing
Ooh, you think that you've tamed it
But it's just lying in wait
Rage, is it in our veins?


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| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde
| Dans le monde des contes, je suis : : Vava, la fille du chef qui n'est pas une princesse même si elle chante et a des animaux de compagnie

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________________________________________ 2021-02-04, 15:40


Anges et Daemons
I want to touch the northern lights. We could leave the world behind...
▼۞▼

Lyra avait dit de se montrer poli face aux ours et je l'avais pris personnellement puisqu'elle m'avait fixée en prononçant ces paroles. Je n'étais pas du genre susceptible, mais sa remarque m'avait piquée à vif. Je savais très bien que je m'exprimais d'une manière qui ne convenait pas à ce monde policé. Au lieu de montrer mon mécontentement, j'avais adopté un profil bas et n'avait pas ouvert la bouche depuis l'arrivée des ours. Autant laisser les autres s'exprimer de manière claire et distinguée. Cet état de choses me faisait me sentir isolée et plus les minutes passaient, plus je sentais le manque lié à la drogue peser de tout son poids. Réveillée en sursauts, je n'avais pas eu le temps de prendre ma dose quotidienne. Chaque matin, avant que tout le monde se réveille, j'avalai discrètement un comprimé d'ecstasy. Désormais, il ne m'en restait plus que deux. J'ignorais comment affronter les jours qui suivraient la dernière prise. Je risquais de devenir un fardeau pour les autres, ce que je ne souhaitais surtout pas. Peut-être fallait-il en parler ? Mais à qui ? Alexis avait déjà l'esprit occupé avec son bébé, je ne connaissais pas suffisamment Lyra et Malcolm, quant à Hypérion... il se contenterait sûrement d'afficher un regard déçu. Je n'avais pas besoin de ça pour l'instant. De toutes façons, les psychotropes n'existaient sûrement pas dans ce monde, donc aucun moyen d'obtenir une solution.

Je tentais de maintenir une oreille attentive sur la conversation, piégée dans mes doutes et mes tourments. Il fut décidé que nous allions nous mettre en route. Pas trop tôt. Je me sentais trembler mais je le cachai le mieux possible. Le roi Iorek nous conduisit jusqu'aux autres ours qui attendaient. Je remarquai qu'ils semblaient beaucoup moins sympathiques que lui. Ils nous toisaient tous avec mépris, certains même avec une sorte de lueur féroce au fond des yeux. A croire que leur roi les avait forcés à venir.

Iorek leur expliqua où nous allions. A l'annonce de L'Hôtel Bleu, un murmure sinistre parcourut ses sujets. Ils se décrispèrent lorsqu'il précisa qu'ils nous déposeraient à l'entrée.

"C'est un long chemin que celui-ci." déclara Iorek. "Ils ont déjà parcouru tant de distance et ils sont courts sur pattes."

Il nous désigna de sa patte puissante avant d'ajouter :

"Frères ours, laissez-les grimper sur votre dos."

Un silence suivit cette phrase. Il se déposa sur chaque centimètre carré de neige, aussi doux et froid qu'un flocon. Les ours semblaient offusqués. Puis, l'un d'entre eux s'avança. Il s'arrêta devant Anatole.

"Je suis Reinofur." grogna-t-il.

"Et moi, Taberharg." lança celui d'Alexis.

Cette dernière hocha la tête.

"Enchantée, Alexis donc."

Elle l'observa dans son intégralité et grimaça.

"Euh... je suis jamais monté sur un ours jusqu'alors... j'ai un peu peur de vous faire mal...Vous... pouvez m'aider ?"

Il hocha la tête et leva sa patte avant afin qu'elle prenne appui dessus. Elle se hissa sans trop de difficulté. Etant donné qu'elle faisait de l'équitation, cela ne devait pas lui poser problème.

Dans le même laps de temps, un autre à l'air particulièrement patibulaire se planta devant moi. Mais au lieu de se présenter, il maugréa de sa voix grave et profonde :

"Tu sens la volaille."

Et toi, tu as une haleine de phoque
, songeai-je.

Dans les méandres de mon esprit embrumé, je crus entendre Lyra me rappeler : "Sois polie." Comme s'il avait perçu le danger, Hei Hei s'agita à l'intérieur de mon manteau. Il était toujours enroulé dans l'écharpe et je n'avais pas osé faire dépasser sa tête de mon col, de peur que les ours aient envie de casser la croûte.

"C'est mon parfum." répliquai-je un peu mollement, tout en plaquant une main sur ma poitrine afin de calmer Hei Hei.

Un piaillement s'échappa de mon manteau. Tous les ours tournèrent la tête vers moi. Je me mordis les lèvres.

"Ok, j'ai un poulet. Mais j'y tiens énormément, comme à un daemon."

J'étais prête à le défendre bec et ongles s'il le fallait, et ce, malgré mon état déplorable. L'ours face à moi renifla l'air, sceptique, et dut juger que cela n'en valait pas la peine.

"Ivrac." se présenta-t-il.

Une cicatrice inquiétante avait condamné en partie son oeil droit. Etait-ce parce que je commençais à voir flou, ou en raison des frissons qui secouaient mon corps, que je le trouvais plutôt cool ?

"Enchantée." baragouinai-je. "Je peux vous monter dessus ?"

Un grognement maussade me répondit. L'exercice se révéla plutôt ardu, car l'armure qu'il revêtait était très lisse par endroits. Je mis un certain temps à trouver des prises. J'appuyai mon pied sur sa patte avant et me hissai sur son dos, puis calai mes jambes dans un repli de son armure. Mon corps tremblait toujours mais au moins, je n'avais pas besoin de marcher.

Hypérion s'avança vers "son" ours et le regarda droit dans les yeux. Quelques secondes s'écoulèrent. A quoi pensait-il ? Il semblait émerveillé.

"Je vous remercie, Reinofur, pour votre obligeance." dit-il en inclinant la tête avec grâce.

Puis, il se plaça à côté de l'ours, observa l'armure sous tous les angles et monta avec une surprenante agilité. J'avais vainement espéré le voir glisser et tomber de l'autre côté. Tant pis. Le dénommé Reinofur parut surpris par son poids car il ouvrit des yeux ronds une fois que le titan fut sur lui. Sans doute qu'il avait modifié sa masse afin d'être plus léger. J'aurais aimé faire de même, car je craignais d'être une gêne pour Ivrac.

"Ca va ? Je suis pas trop lourde ?"

"J'ai connu pire." soupira l'ours.

Lyra était montée sur Iorek et ne cachai pas sa joie. Elle donnait l'impression d'être une enfant sur un cheval de manège. Ou alors, c'était ma vision qui me jouait des tours. Quant à Malcolm, il était juché sur un autre ours et ne semblait pas très à l'aise. C'était une impression que je partageais. Je n'étais jamais montée sur un cheval, mais je devinais que c'était différent. Là, nous avions grimpé sur une personne. Je pouvais comprendre que les ours se sentent indignés. Peut-être aurions-nous dû refuser ? Je n'aurais pas apprécié que quelqu'un se serve de moi comme monture -même si j'ignorais dans quel cas cela aurait pu être possible.

"EN ROUTE !" s'écria Iorek de sa voix puissante qui faisait trembler les montagnes.

Tous les ours s'animèrent, partant au galop. Iorek prit la tête du "convoi". Surprise par le brusque à-coup, je m'aggripai aux pics dépassant de l'armure, au niveau de la tête de l'ours. Je me sentais glissée en arrière. Ca n'était pas commode de rester en place. Le corps puissant de l'animal bougeait tout entier à chaque foulée dans un concert de cliquetis métallique. Tout compte fait, c'était peut-être mieux de marcher.

Au bout de dix minutes de route, l'ours d'Alexis marmonna :

"Du temps de Iofur Raknison, ça ne se serait pas passé ainsi."

Il se permettait sûrement de parler avec autant de liberté car Iorek étant en tête de file avec d'autres ours dépourvus de passagers, il ne pouvait l'entendre.

"Il n'aurait pas imposé cette infamie." renchérit Reinofur, l'ours d'Anatole.

Mon ours resta silencieux. Pendant qu'ils parlaient, ils ne ralentissaient pas l'allure pour autant. Je remarquai le regard paniqué qu'Alexis lança à Anatole. Elle se cramponnait autant que possible et j'espérais qu'elle ne ferait pas de chute. Ca pourrait être fatal pour le bébé. J'avais l'impression que cette histoire d'ours n'était pas la meilleure idée du monde, tout compte fait.

Peu à peu, Reinofur ralentit l'allure, comme si quelque chose le fatiguait. Ivrac, mon ours, freina brusquement et se tourna vers lui dans un angle si étroit que je crus que j'allais valser dans le décor.

"Que se passe-t-il, Reinofur ?" demanda-t-il.

"C'est étrange. l'Anatole est beaucoup plus lourd, d'un seul coup."

Je plissai des yeux vers Hypérion. Que mijotait-il ? Etait-ce vraiment une bonne idée de les énerver davantage ? Ils étaient déjà bien remontés.

"Souhaitez vous que je change de compagnon de route, Reinofur ? Je ne voudrais pas être un poids pour vous."

La cata. Reinofur poussa un grognement agacé et toisa les autres ours qui l'entouraient et s'étaient rapprochés, indécis.

"Tout va très bien." grommela-t-il d'un ton sec.

Il tenta d'accélérer et retrouva rapidement une cadence équivalente à celle de ses compagnons. Hypérion avait fini de faire joujou, mais il ne put s'empêcher de déclarer, quelques instants plus tard :

"Vous retrouvez toute la fougue de votre jeunesse, Reinofur. Regardez vos compagnons comme ils vous regardent, et vous admirent."

Etais-je la seule à percevoir le sarcasme dans ses paroles ? Probablement que non. Quoi qu'il en soit, si Reinofur s'en était rendu compte, il n'en montra rien. Le silence retomba, seulement ponctué par le cliquetis des armures et le halètement des ours. Puis, au bout de cinq minutes -peut-être davantage- Reinofur fit une brusque embardée incompréhensible et Anatole fut éjecté de l'armure. Il atterrit dans la neige, quelques mètres plus loin. Je plaquai une main contre ma bouche. Même si je me doutais que Hypérion ne risquait pas de se blesser, je craignais surtout que la situation dégénère encore plus.

"ANATOLE !!" s'écria Alexis, anxieuse. "Ca va ?"

"Oui, ça va." répondit le titan tout en se relevant avec un peu de difficulté.

Il posa le regard sur Reinofur et ajouta :

"Partez devant, je vous rejoindrais par mes propres moyens."

Je haussai un sourcil incrédule. Il avait fumé quoi ? Il aurait pu partager, au moins.

"Euh... non ?" fit Alexis tout en le regardant fixement, avant de faire de même avec moi et de revenir sur lui. "Je continue pas sans toi."

On était d'accord là-dessus. Pas question qu'on se sépare. C'était le meilleur moyen de tout foirer. Et puis, que comptait-il faire ? Combattre un ours à mains nues ? Ok, il avait ses chances en tant que titan, mais ne voyait-il pas à quel point son plan était naze ?

"Ca va aller. Je ne serai pas loin." assura-t-il à Alexis. "Et Reinofur à besoin de repos."

Ce dernier montra des crocs en direction de Hypérion. J'allais ouvrir la bouche pour signaler mon opposition à ce plan foireux, mais Iorek, qui avait été alerté par le cri d'Alexis, était revenu jusqu'à nous, accompagné par les autres ours.

"Que se passe-t-il ?"
tonna-t-il de sa grosse voix.

"J'ai cru voir une surface de glace sous la neige pendant que j'avançais, Majesté." déclara Reinofur d'une voix mielleuse. "Mon seul but était de protéger l'humain. Si j'étais passé dessus, nos deux poids combinés aurait pu la casser."

Iorek posa un regard perçant sur Reinofur, puis il tourna la tête vers Hypérion, avant de poser les yeux sur un autre ours à sa gauche -qui semblait un tantinet plus sympa.

"Ragnarak, veux-tu laisser Anatole prendre place sur ton dos ?"

L'ours en question inclina la tête et se dirigea vers le titan. Ragnarak ? Ca sonnait un peu apocalyptique comme nom.

"Mettez-vous ma parole en doute, Majesté ?" s'indigna Reinofur.

Je vis dans les yeux de Iorek une lueur étrange, comme s'il analysait rapidement l'autre ours. Pendant un instant, je crus qu'il allait sortir un discours des plus éloquents, mais il lui cloua le bec d'une toute autre façon, beaucoup plus radicale : il ouvrit grand la gueule et poussa un rugissement si puissant que je sentis mes cheveux se dresser sur ma tête. Les montagnes parurent s'ébranler et de la neige dégringola de la cime des arbres squelettiques alentour. Lyra, toujours juchée sur son dos, resta figée comme une statue de cire. Ca devait faire un drôle d'effet de se trouver sur un ours qui pousse un tel cri. En tous cas, je comprenais mieux pour quelle raison il était le roi. Il imposait le respect.

Reinofur rentra la tête dans son casque et inclina la tête à contrecoeur. Satisfait, Iorek promena un regard bienveillant sur tous les ours, avant de l'arrêter sur Anatole.

"Poursuivons. Nous avons encore un long chemin à faire."

Hypérion hocha la tête et monta sur Ragnarak. J'échangeai un regard soulagé avec Alexis. Il s'était calmé, il ne voulait plus se la jouer solo. Tout allait pour le mieux ! Sauf que je me sentais mal. Très mal. Etre cahotée à dos d'ours ne calmait ni mes tremblements, ni l'intense fatigue que je ressentais. J'aurais peut-être dû dormir un peu plus la nuit passée... Non, je savais au fond de moi, que ça n'avait rien à voir avec le sommeil. Mon organisme réclamait le psychotrope. Je jetai des coups d'oeil de tous côtés. Chacun était sur son ours. Le mien n'avait personne à sa gauche. C'était le moment où jamais...

J'ouvris les premiers boutons de mon manteau et pris le petit sachet qui ne contenait plus que deux comprimés colorés : un rose estampillé d'un coeur et un jaune avec un smiley. Drôles de bonbons. D'une main fébrile, je fis semblant de nourrir Hei Hei -qui en profita pour sortir la tête du manteau alors qu'en réalité, je venais de poser le petit smiley sur ma langue, la tête tournée vers la gauche, là où personne ne pouvait me voir. J'avalai tout rond, avec une sorte d'impatience qui me fit m'étrangler à moitié. Dans le même laps de temps, Hei Hei, qui découvrait seulement maintenant l'étendue blanche et désertique de la plaine nordique, poussa un piaillement épouvanté... en continu.

Plusieurs ours poussèrent des grognements de protestation et me lancèrent des regards assassins. Je m'empressai de "ranger" Hei Hei à l'intérieur de mon manteau. Ses cris cessèrent.

Je croisai alors le regard d'Alexis. Elle me dévisageait en silence, de façon dubitative, mais esquissa un faible sourire comme pour m'encourager à... à quoi ? Subitement, je me sentis prise en faute. Je mis ma capuche sur ma tête même si je n'avais pas froid afin de m'isoler du reste du monde. Bientôt, le comprimé ferait effet et tout irait mieux. C'était toujours comme ça que ça se passait.

*

Nous voyageâmes tout le jour, ne faisant qu'une halte pour déjeuner. Hypérion nous fit ses tours de magie pendant que les ours -Iorek inclus- partirent chasser. Ils ramenèrent du phoque qu'ils mangèrent crû, pendant que Malcolm en fit griller une partie à la broche. Je ne mangeai pas grand-chose, écoeurée par le spectacle des ours en plein repas. En revanche, Hypérion s'approcha de Malcolm et goûta le phoque grillé. Lyra avait retrouvé l'appétit et dévorait son morceau de phoque, indifférente aux bruits de mastication des ours dont le pelage prenait une teinte cramoisie. Quant à Alexis, elle eut la bonne idée de manger dos à eux. Je finis par l'imiter, même si les bruits de mastication des ours me soulevaient le coeur.

Après le repas, nous repartîmes à dos d'ours. Leur cadence ne faiblissait pas. Il me semblait même que leurs foulées avaient augmenté en puissance, à croire que le phoque les avait rendu plus forts. Ils dispensaient tous une odeur métallique dans leur sillage, qui se mêlait à celle de l'armure. L'odeur du sang. Fort heureusement, avec le froid, cette odeur se dissipa très vite.

Au bout de plusieurs heures, alors que la nuit avait remplacé le jour et que des couleurs incroyables envahissaient le ciel, Iorek déclara :

"Nous y sommes."

Hypnotisée par les couleurs qui dansaient dans la voûte céleste, je ne compris pas de suite que nous étions arrivés. Les ours s'étaient arrêtés d'un même élan, tous en ligne les uns à côté des autres. Je parvenais difficilement à lâcher le spectacle qui se déroulait en plein ciel. En comparaison, l'étendue blanche et désertique face à nous avait comme un air de déjà-vu.

"Vous êtes sûrs ?" demandai-je, en espérant être suffisamment polie.

Iorek hocha la tête et Lyra se laissa glisser en bas de son dos. Puis, elle lui fit un câlin avant de s'éloigner de lui.

"Pourtant, ça ressemble à tout ce qu'on a déjà vu." insistai-je, sceptique.

A savoir de la neige, une plaine, des montagnes au loin. Aucune trace d'un hôtel bleu, ou de la moindre architecture. J'avais la nette impression que les ours allaient nous laisser au milieu de nulle part.

"D'ici, rien n'est visible, mais c'est le bon endroit."
affirma Iorek.

Anatole descendit à son tour de son ours et posa la main sur son pelage près de sa tête, là où l'armure ne se trouvait pas.

"Merci Ragnarak."
dit-il.

Malcolm, Alexis et moi descendîmes à notre tour. Nous remerciâmes nos ours et la jeune femme demanda ensuite :

"D'accord... donc tout ce que nous avons à faire désormais est de continuer à marcher... jusqu'à ce qu'un truc se produise ?"

"C'est le principe." répondit Iorek. "Je suppose qu'il est impossible de te faire changer d'avis, Lyra Parle-d'Or."

Il s'était tourné vers Lyra qui, contrairement à Anatole, Alexis et moi qui étions fascinés par le ciel, fixait la plaine désertique et enneigée face à elle d'un air déterminé. Je notai qu'Alexis observait l'aurore boréale avec un visage étonnamment fermé. Quant à Anatole, il était totalement absorbé. J'étouffai une petite exclamation en apercevant les contours imprécis d'une ville dans le ciel. Je la désignai d'un doigt surexcité. Le manque de réaction de Hypérion laissait sous-entendre qu'il l'avait remarquée depuis un petit moment déjà.

"Cittagazze." déclara Lyra. "La ville au-delà de l'Aurore. Le premier monde dans lequel je suis allée. A cet endroit du ciel, l'étoffe qui sépare les mondes est plus fine, ce qui permet d'en apercevoir un à l'oeil nu. C'est pour cette raison que je vous ai emmenés ici."

La tête renversée en arrière et la bouche légèrement entrouverte, je restai ébahie. C'était tellement beau. Les couleurs vertes, bleues et violettes de l'aurore caressaient les tours et les différents bâtiments d'un autre âge d'une manière si psychédélique qu'au tout début, je crus que les effets de l'ecstasy me provoquaient des hallus.

"Nous pouvons nous y rendre ?"
demanda Hypérion.

"Pas sans la machine adéquate, ainsi qu'un immense sacrifice." lui rappela Lyra.

Il regarda de nouveau le ciel, hésitant. Qu'avait-il encore en tête ? Je fronçai les sourcils dans sa direction.

"Vous essayez de faire quoi ?" demandai-je, suspicieuse.

"D'entrer."

Vraiment ? Il avait l'intention de se téléporter là-bas ? Après tout, pourquoi pas. De toute évidence, il n'y parvint pas puisqu'il resta à nos côtés. Il était visiblement contrarié. Je posai une main sur son épaule.

"Les pannes, ça arrive même aux meilleurs." fis-je, juste pour le taquiner.

Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne me prêta aucune attention, toujours concentré sur le ciel et la ville au-delà de l'Aurore.


CODAGE PAR AMATIS



Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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________________________________________ 2021-02-07, 22:02 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Anges & Daemons


Nous étions devant le vide, au milieu de la pleine glaciale, juste en dessous des aurores boréales qui m’avaient ramené à Erwin et à cette soirée merveilleuse de Décembre. “Sur la plus grande colline ; Je regarde tout au loin ; Tu entres encore dans mes rêves ; Ici sous l’étoile polaire ; Le ciel se remplit de violet ; Une couverture faite pour elle ; Et pour moi ; Et là sous l’étoile polaire ; Je vais, je viens ; Et seulement vu par l’étoile polaire… Je verse une larme pour toi”. J'avais dégluti à cette pensée, me demandant un instant comment il réagirait à la nouvelle avant de reposer mon attention sur la plaine devant nous.

- Bon ben... go ?
- C’est ici que vous nous quittons. Soyez prudents.

Iorek avait tenu sa promesse. Je me tournais vers lui avec un faible sourire :

- Merci beaucoup de tout ce que vous avez fait pour nous. Mais... Si jamais on finit par ressortir d’ici, vous viendrez nous chercher ?

Je l’avais regardé d’un air anxieux avant de poser les yeux sur Lyra. Après un instant, je m’étais justifiée auprès de l’ours en haussant les épaules :

- Ouais... j’ai toujours préféré voir le verre à moitié plein... Pour l’instant j’y crois.
- Nous vous attendrons.
- Merci.

Je lui avais lancé un sourire de gratitude avant de me détourner. Comme pour le train, je préférai encore lancer mon propre destin plutôt que d’attendre nerveusement qu’il me rattrape. J’avais amorcé un départ sur la plaine.

- Ouais, c'est parti !

Vaiana l’avait lancé avec un enthousiasme qui ne lui ressemblait pas jusque-là. J’avais tourné la tête vers elle tandis qu’elle me rejoignait vivement. Je n’étais toujours pas certaine de ce qu’elle avait pris mais elle me faisait penser à la Vaiana qui avait cru qu’Hyperion était passé par la cheminé quelques jours plus tôt. Le doute était de moins en moins permit, elle se droguait toujours et si elle avait ressenti le besoin de le faire en ce moment, c’est que la situation la stressait peut-être un peu. J’étais pourtant pas certaine que c’était le meilleur moment. Nous allions au-devant des dangers et son pouvoir était instable, si elle n’était même plus maître de son esprit, elle risquait de vraiment être en danger. Sans rien dire, je m’étais contenté de glisser ma main dans la sienne en regardant droit devant moi, tout en la balançant avec un sourire joyeux, comme si j’étais dans le même état d’euphorie qu’elle et dissiper les soupçons de tout le monde. Derrière, Lyra faisait ses aurevoirs à Iorek, posant son front contre celui de l’ours :

- A très bientôt.

Nous avions commencé à marcher tous ensemble pendant environ 5 longues minutes pendant lesquelles il ne se passa rien. Absolument rien. De la plaine. De la Neige. Des Montagnes. Et étoiles. Et rien. Rien d’autre, pas de porte de fenêtre ou d’hôtel bleu à l’horizon. Je commençais à me demander si les ours n’auraient pas pu nous rapprocher un peu plus de cette fameuse destination et Vaiana semblait être du même avis. De sa voix toujours peu pertinente, elle demanda :

- Ils sont sûrs que c’était là les ours, parce que...

Elle observait autour d’elle d’un air dubitatif et j’hasardais :

- On s’y prends peut-être pas de la bonne façon ?

La brune avait tourné la tête vers moi si rapidement que cette dernière avait commencé à dodeliner de façon étrange voire dangereuse.

- Tu veux dire qu’on doit marcher autrement ?

Lyra avait coulé un regard vers Vaiana, désormais aussi sceptique que moi quant à son état. Je voulais bien l’aider à cacher son passé … et son présent... de junkie aux autres mais elle y mettait pas du sien non plus...

- Peut-être qu’il n’apparaît que si on y croit ? Ou qu’on le visualise ? On doit peut-être vouloir y entrer un peu comme la Salle sur Demande dans Harry Potter ? Un conte de chez nous !

Avais-je précisé un peu rapidement au regard interrogateur de Lyra et Malcolm. Cette pensée me permit d’ailleurs d’en avoir une autre :

- Ah mais attendez, y’a pas un indice dans le conte de base ? Dans le bouquin on vous précise pas comment entrer ?
- Dans le conte, Zoran, le héros, est perdu. C'est de cette manière que lui apparaît L'Hôtel Bleu.

Elle se mit à réfléchir un instant, arrivant à la même conclusion que moi :

- Peut-être que nous ne sommes pas suffisamment perdus ?

Nous étions à la case départ. Comment être perdus si nous ne l’étions pas suffisamment ? Peut-être que nous devions demander à Iorek de repartir pour l’être véritablement ? Vaiana ne semblait plus maîtresse de son propre corps, comment ne pouvait-elle pas être assez perdu ? Et Lyra sans son daemon ? Et Malcolm loin de son foyer ? Hyperion et ses silences qui en disaient long ? Isaac et moi... C’était incompréhensible. Si seulement nous avions pu en savoir plus sur ce Zoran, récupérer son conte, quitte à être au milieu de nulle part, je pouvais bien prendre deux minutes pour le lire... Le lire... Cette pensée m’était arrivée comme un boulet de canon... Quelqu’un l’avait lu ce livre, je revoyais encore Anatole sortir du wagon avec le livre sous le bras :

- Non mais attends... tu l’as pas lu toi le bouquin ? Dans le train... Quand t’es parti...
- Je n'ai pas fait mes devoirs, si c'est la question que tu me poses.

Il observa le ciel avant de poursuivre :

- Rejoignez les ours, Malcolm. Vous êtes le seul ici qui n'est pas perdu.

J’avais cligné des yeux en le regardant, pantoise. Comment ça il avait pas lu le bouquin ? Mais il en avait fait quoi ? Cette pensée m’avait tellement choquée que j’en avais oublié ce qu’il venait de dire à Malcolm, la façon dont il l’avait éjecté du groupe, plus ou moins arbitrairement :

- Non mais attends... T’as fait quoi avec ce livre tout ce temps, alors ?
- Il est déjà plus là. Les ours non plus d'ailleurs.

Je l’avais observé ahurie avant de me tourner en même temps qu’elle pour remarquer qu’elle avait raison : nous étions désormais seul... A l’intérieur de l’Hôtel Bleu ?

- Ils ont disparu.

Elle venait d’enfoncer le clou sur l’évidence qui venait de me terrifier en un instant. Je ne m’étais pas attendu à ça. J’avais imaginé pleins de choses mais pas qu’on soit toujours au milieu de nulle part mais désormais seul. J’avais imaginé que l’entrée serait spécifiée par une PORTE et que fatalement, la sortie aussi. Mais à présent, comment trouver la sortie sans avoir trouvé l’entrée ? Devions nous arrêter d’être perdu ? Trouver nos réponses ? Comme pour me raccrocher à quelque chose de logique afin d’éviter de paniquer outre mesure, je m’étais donc arrêté à la conversation qui datait d’avant la disparition de Malcolm :

- Et du coup... le livre ?
- Tu arrives à sentir Pantalaimon ?

Il avait tourné la tête vers Lyra et je l’avais suivi. Ça m’allait s’il voulait plus parler du livre, du moment qu’il trouve la solution. Pour toute réponse, la blonde secoua la tête de gauche à droite :

- Notre lien est rompu depuis longtemps, mais j'essaie de toutes mes forces de le ressentir.

Elle semblait fortement concentrée et tendue sur l’exercice. Je préférais garder le silence pour lui permettre le maximum de concentration. Pourtant elle avait semblé changer elle-même de sujet en ajoutant, soucieuse :

- Je me doutais que le professeur Polstead ne pourrait pas nous suivre, mais je ne pouvais pas l'empêcher de le faire.

J’avais voulu la rassurer sur le fait qu’il devait être en sécurité là où il était et qu’il la comprendrait sans doute mais je n’avais pu m’y résoudre. Le stress provoqué par toute cette agitation m’avait fait ouvrir mon manteau. Il faisait brusquement trop chaud pour le supporter, ce qui était impossible dans l’endroit où nous étions mais la peur plus les hormones... c’était forcément ça...

- Vous m’excusez mais je commence à avoir sérieusement chaud... je vais me calmer et ça ira.
- C’est vrai qu’il fait chaud !

Vaiana avait aussi ouvert son manteau et je l’avais observé surprise. A moins que les drogues avaient augmenté sa température corporelle, je commençais à me dire que la chaleur était peut-être plus dû au lieu qu’à mon état général. En ouvrant sa veste, elle avait libéré Hei Hei, toujours enroulé dans son écharpe et l’avait observé avec un visage aussi surpris que joyeux comme si elle avait complétement oublié qu’elle l’avait mis là et qu’elle le découvrait pour la première fois :

- Ooooh il est làààà !

Le poulet semblait avoir pris un méga coup de chaud aussi. Il était en sudation, la langue pendante, la crête défraichie. Il me donnait l’impression d’avoir passé une heure dans un hammam. Comme pour lui venir en secours avant qu’il nous claque dans les doigts, je m’étais approché de Vaiana et j’avais commencé à défaire l’écharpe tout autour de lui. Concentrée sur mon œuvre, je demandais en fronçant les sourcils :

- J’ai l’impression que le lieu est en train de changer, non ? On va bientôt se retrouver dans un vrai hôtel avec les murs et le mobilier ?
- Dans le conte, L'Hôtel Bleu ressemble à un palais immaculé.

Lyra avait ouvert son manteau à son tour.

- C'est bizarre. La neige n'est plus froide.

Je m’étais tournée vers Vaiana qui avait fini à quatre pattes dans la neige je ne savais comment. Elle avait lâché son coq dans l’action qui avait profité pour se faire la malle en zigzagant dangereusement. J’avais été un peu surprise de la voir brusquement si vive, je devais être plus attentive à ce qu’elle était en train de faire. Elle n’arrêtait pas de toucher la poudre blanche, l’air émerveillé :

- Touchez, c'est un truc de dingue !

Sceptique, je m’étais penchée en avant pour toucher la neige à mon tour. Après tout, mon amie était en plein trip, je n’avais pas vraiment de raison de la croire bien que cela était possible. Pourtant, en atteignant la neige, j’étais obligée de me rendre compte qu’elle avait raison. La poudre ne fondait plus à mon contact, ne se transformait même pas en boule. A mes côtés Vaiana avait brusquement lâché la neige qu’elle avait dans les mains avec un petit cri tout en secouant vivement son poignet, comme si elle s’était brûlée. Pour toute réponse, Hyperion l’avait toisé de sa hauteur avec un regard sévère :

- Reste concentrée.

Il avait dû comprendre qu’elle n’était pas dans son état normal et c’était loin de le réjouir. Pourtant, j’avais décidé de prendre la défense de mon amie en me redressant :

- Euh... par contre elle a raison...

Je l’avais aidé à se lever en observant les deux autre d’un air anxieux : et maintenant ?

- Ça n'a aucune importance. Tout n'est qu'illusion. Plus le Temps avance, plus on est perdu.

Il avait posé le regard sur Hei Hei qui semblait toujours aussi pommé... il était sans aucun doute celui qui avait choppé le plus gros laisser-passer pour l’Hôtel Bleu, il était TOUJOURS pommé :

- Et ça fonctionne aussi bien sur les humains que les animaux. Fermez les yeux. Quitte à devoir se perdre, autant accélérer le processus.

Sans attendre, il avait fermé les yeux et j’avais décidé de le suivre. Si je voulais être perdue, je préférai l’être allongée. Je voyais ça comme une méditation et si en plus la neige était suffisamment confortable pour éviter de me refroidir, pourquoi s’en priver ? Je m’étais donc allongé sur le dos, les mains posées sur mon ventre, fermant les yeux en attendant patiemment que le décor termine de se créer. J’avais senti qu’Hypérion avait de nouveau posé son aura apaisante sur moi, sur nous tous sans doute, pour accélérer encore plus la fin du chemin. Lyra et Vaiana avaient aussi fermé les yeux même si je ne les avais pas vu et Hei Hei, comme s’il avait soudain été pris d’une conscience supérieure avait plongé sa tête dans la neige, comme une autruche. Au bout de quelques minutes pourtant, il avait fini par la ressortir de la poudre pour se balader un peu plus loin. Je n’avais toujours pas ouvert les yeux mais je l’entendais désormais picorer quelque chose de dur, le bruit raisonnant sur nous. C’était étrange, j’avais toujours l’impression d’être allongée dans la neige, il devait donc taper sur quelque chose qui était autour de nous alors que rien ne s’y trouvait jusqu’alors, j’avais ouvert les yeux pour observer la chose en question.

C’était étrange. Il semblait taper sur une espèce de pierre blanche plantée dans la neige à la diagonale comme si elle y était tombée et s’y était enfoncé par mégarde. En observant avec plus de précision, je m’étais alors rendu compte que les aurores boréales au-dessus de notre tête se reflétaient dans la pierre... était-ce un miroir ? Ça ne devait être pas être grand qu’un miroir de poche ou un miroir doté d’un manche, un peu comme celui qui ne quittait jamais Erwin. Un peu surprise, j’avais étendu mon champ de vision, observant qu’il y avait de ces pierres un peu partout autour de nous, certaines plus grandes, d’autres plus petites. Je m’étais redressée pour m’approcher au plus près de l’une qui m’étais proche et j’avais tenté de la sortir de la neige pour mieux la voir, creusant au passage la neige qui l’entourait. La pierre semblait profondément incrustée dans le sol, comme si elle n’avait pas de fin, j’avais beau continuer à en écarter la neige, je n’en voyais pas le bout. Mais soudain, un murmure m’était parvenu, me bloquant dans mon action. J’avais hésité un instant, me rendant compte que je n’avais rien compris de ce qu’avait dit le murmure. Était-ce le fruit de mon imagination ? Dans le doute, j’avais tourné la tête vers les autres :

- Vous avez entendu ?

A ma grande surprise, il n’y avait plus personne derrière moi. J’étais seule. Complétement seule. Paniquée, j’avais cherché des yeux Hei Hei comme pour me rassurer, mais plus aucune trace du poulet non plus.

- Oh non... oh non non non... HOHEEEEEE !!

Je m’étais relevée brusquement pour mieux observer les alentours, bien forcée de constater ce que je savais déjà : j’étais perdue. Il n’y avait toujours pas de vent autour de moi, rien, quedal, pas de bruit. Le vide complet. Seul mon hurlement s’était répercuté en écho autour de moi et j’avais senti les larmes me monter aux yeux. Il fallait que je me calme, tout allait bien se passer, c’était une épreuve, j’allais sortir de là, fallait juste que je trouve la clé et c’était réglé, pourquoi s’inquiéter ? Pourtant, personne ne m’avait répondu. J’avais erré quelques secondes en faisant des tours sur moi-même, ne sachant pas quoi faire de plus. Mais soudain, au bout de minutes interminables, j’avais fini par l’entendre. Le murmure. Toujours aussi inaudible. Pourtant mon regard était tombé instantanément vers la pierre, c’était de là qu’il venait, j’en étais sûre. Prise d’espoir, je m’étais jeté à nouveau à genou à côté de la pierre la plus proche, m’approchant d’elle tout en continuant de creuser :

- OUI ! JE SUIS LA ! Hého ! Vous m’entendez ?

J’avais tenté d’approcher l’oreille de la pierre, comme si j’avais affaire à un téléphone rustique voire antique. C’était sans doute pas la plus raisonnable de mes actions mais je détestais la solitude. L’abandon, la solitude. Des vieilles amies qui m’avaient bercées pendant des années et qui me berçaient parfois encore aujourd’hui. Pourtant je le savais, je n’étais plus seul... La main posée sur mon ventre, je tentais de me rassurer. Je ne serai plus jamais seule.
La voix avait recommencé à m’attirer de son murmure inaudible. J’avais fini par retirer mon oreille de la pierre pour tenter de voir si m’en approcher avait eu l’effet escompté. Mon œil avait été alors attiré par la pierre... elle ne reflétait plus le ciel mais un animal, un petit animal qui prenait de plus en plus forme devant mes yeux. Il m’observait attentivement, sans doute autant que je l’observais. C’était une loutre. Une loutre translucide. J’avais toujours aimé cet animal même si j’avais un peu du mal à comprendre ce qu’une loutre foutait dans la pierre. Fronçant les sourcils, j’avais tenté de la toucher en touchant la surface du matériau :

- Tu... tu m’entends ?

La loutre hocha la tête plusieurs fois très vivement et de façon inexplicable, j’avais eu un énorme soulagement face à cette action. On m’entendait. Quelqu’un m’entendait. Bon ok, c’était une loutre qui pouvait pas parler donc ça se trouve j’étais juste en train de mourir d’hypothermie et d’halluciner allonger au sol mais sa vision m’avait tout de même réchauffé le cœur, me redonnant l’espoir en la suite. Elle m’observait avec une telle douceur que j’avais l’impression d’être en présence d’une amie, rien de dangereux que je devais combattre. Elle ouvrit une nouvelle fois la bouche et le murmure inaudible en sorti. M’activant sous la compréhension que je faisais du moment, je lui montrais mon oreille avant de faire un “non” du doigt :

- Je t’entends pas ! Parle plus fort ! Qu’est-ce que qui se passe ? Qu’est-ce que je dois faire ?

J’avais tenté de mimer tout ce que j’étais en train de lui demander autant que je le pouvais, supposant qu’elle ne m’entendait pas mieux que je l’entendais de son côté de la pierre. De son côté la loutre avait décidé d’aussi mimer ce qu’elle disait en le précisant avec ses pattes.

- A-LE-XIS !

Elle avait une voix masculine mais elle semblait étouffée comme si des milliers de kilomètres nous séparaient. Elle avait ensuite joint ses pattes devant elle pour m’observer avec un air de ravissement tellement adorable que je n’avais pas pu m’empêcher de sourire. Instinctivement, j’avais alors joint mes mains l’une contre l’autre comme le faisait la loutre, pensant qu’elle me donnait la solution mais rien ne se passa... apparemment c’était juste sa façon de se tenir, ce qui me semblait pas déconnant, pour une loutre. Elle me connaissait, j’ignorais comment et pourquoi mais je décidais de lui rendre la politesse :

- Tu t’appelles comment ? Tu es qui ?
- Je suis toi.

Il m’observait toujours avec tendresse même si moi de mon côté, je l’observais abasourdie. J’étais... UNE LOUTRE ?! Comment ça j’étais une loutre ?! Je m’étais souvent demandé quel animal je pouvais être mais jamais ce ne m’était venu à l’idée que je puisse être celui-ci. Un peu prise au dépourvu, j’avais détourné le regard un court instant avant de l’observer de nouveau, de peur qu’il ne disparaisse. Est-ce que c’était... mon daemon ?

- Je n'ai pas de nom parce que tu ne m'en as jamais donné. Je ne t'en veux pas. Tu ne savais pas.

Je l’avais observé avec une surprise triste. Il me regardait toujours avec un amour sincère mais j’avais brusquement mal au cœur pour lui. C’était comme s’il avait toujours existé et que je l’avais délibérément ignoré, ce qui n’était bien sûr pas le cas. Je ne savais pas... comme il me disait. Déglutissant de tristesse, je l’avais regardé en réfléchissant.

- Pardon... je suis désolée... Je... je peux t’en donner un maintenant si tu veux. Euuh...

J'avais pris un temps fou pour me décider. C’était pas évident de donner un nom à un animal qui était censé me représenter. Comment Lyra avait pu sortir un truc tel que Pantalaimon ou Asta pour Malcolm ? J’avais hésité un long moment, levant les yeux vers le ciel étoilé et les aurores boréales au-dessus de ma tête. Les étoiles, c’était toujours quelque chose qui m’avait fasciné. Quelque chose qui pouvait me rassurer, me faire croire en la beauté du monde, me donner espoir aussi quand tout me semblait perdu. Le Grand Maître disait souvent qu’il ne servait à rien de croire en la lumière en plein jour, que c’était la nuit qu’il devenait important de croire en la lumière. Si cette loutre était mon daemon, elle était censée devenir un allié irremplaçable, la part de moi-même que je devais parfois écouter, celle que je devais aussi sans doute oublier et je préférai alors qu’elle porte un nom à la hauteur de ce qu’elle était, pour que je ne l’oublie pas.

- Stellavesperum. Mais c’est un peu long, je t’appellerai Vesper, ça te va ?
- Oh !

Vesper semblait sincèrement surpris de son nom mais ne semblait pas y porter un jugement négatif. Sa bouche avait formé et “o” parfait et ses yeux étaient aussi ronds que ses lèvres et brillaient d’une surprise adorable. Il avait réfléchi un instant avant de préciser :

- Oh, oui, ça me plaît beaucoup !

Il posa de nouveau les pattes sur son “visage” pour se masser les joues avec plaisir tout en m’observant toujours avec un regard brillant d’amour.

- J'ai tellement envie de te serrer contre moi !
- Oh !

C’était à mon tour de le regarder sincèrement surprise. Mais j’étais curieuse de voir ce que ça donnerait, j’avais bien envie d’essayer de ressentir ce que Malcolm et Asta pouvaient ressentir. Un peu honteuse, j’avais avoué :

- Oui... moi aussi... y’a pas un moyen de te sortir de cette pierre pour qu’on essaye ?
- Hum...

Il semblait sincèrement réfléchir à la question, posant sa patte sous son menton :

- Peut-être qu'en touchant la pierre en même temps, ça pourrait donner quelque chose ?

Il avait l’air convaincu et ça ne me semblait pas une mauvaise idée. Après tout, si nous étions les deux faces de la même pièce de monnaie, c’était sans aucun doute la meilleure des façons de faire. Et puis niveau pierres à toucher, je commencer à avoir l’habitude. Après un instant d’hésitation, j’avais hoché la tête d’un air décidé :

- Ca marche ! On essaye !

On avait alors tendu en même temps notre main et notre patte en direction de la pierre jusqu’à la toucher. Je n’avais senti aucun contact hormis celui de la pierre mais pourtant la loutre était parvenue à s’extirper de la pierre petit à petit, comme si elle prenait forme à la manière d’un personnage de dessin animé.

- ON A REUSSI !

Il avait été si heureux qu’il avait sauté directement dans mes bras. Je l’avais réceptionné avec bonheur mais une forte déception avait pris possession de moi en me rendant compte que je ne ressentais ni sa chaleur, ni son contact. Pire, il n’avait pas de poids, comme s’il n’existait pas vraiment... peut-être parce qu’il était déjà en moi ? J’aurai dû m’en douter dans la mesure où il était toujours aussi transparent. Un peu sceptique, je lui avais demandé :

- Tu sens quelque chose toi ?
- Non, c'est un peu dommage.

On s’était regardé, la même moue attristée sur le visage.

- Peut-être que plus on se fera de câlins, plus on pourra se sentir mutuellement ?

Elle s’était retournée dans mes bras avec une agilité propre à la loutre avant de regarder aux alentours d’un air inquiet :

- C'est bizarre...

Son museau avait reniflé l’air ambiant :

- J'ai l'impression que nous sommes ailleurs. Toujours dans L'Hôtel Bleu, mais ailleurs. Tu le perçois, toi aussi ?

J’avais à mon tour regardé autour de moi. Le lieu me semblait à première vue identique mais plus j’y posais les yeux et plus je pouvais y percevoir la différence, notamment sur ces pierres un peu plus loin dans la plaine qui n’étaient pas là juste quelques secondes auparavant. Je me souvenais alors brusquement de ce que les ours avaient dit... ceux qui étaient entré dans l’Hôtel Bleu n’en étaient jamais revenu. Je me souvenais aussi de ce que Lyra avait dit... Zoran était un peu garçon perdu et seul... et l’Hôtel lui avait donné un Daemon... tout comme à moi. Et si ce lieu n’était qu’un vaste piège comme l’Autre Monde de Coraline ? Un endroit trop parfait où on se berçait d’illusion en s’enfonçant toujours un peu plus dans le danger sans pouvoir en sortir ? Il fallait que je résiste, que je sorte d’ici.

- Vesper ?

Ma voix était mesurée, j’avais besoin de comprendre si mon Daemon était bien le mien, s’il me connaissait autant qu’il me connaissait vraiment.

- Tu te rappelles des prénoms de Maman ? Tu peux me les redonner s’il te plaît ?
- Sophia Rose. Pourquoi tu me demandes ça ?
- Parce que je me demande si t’es vraiment mon daemon... Personne n’est sorti d’ici... et t’es pas foutu comme les vrais daemons...

La loutre ouvrit de grands yeux larmoyants, il était visiblement choqué de ce que je venais de lui dire. Je m’en voulais de lui faire du mal comme ça, surtout s’il était vraiment une partie de moi, mais je commençais un peu à paniquer à l’idée de ne pas rentrer chez moi, de faire l’erreur que tous avaient commises. Et si Hypérion et Vaiana m’attendaient de l‘autre côté ?

- Je suis pas comme les autres daemons parce que tu ne viens pas de ce que monde. Mais... je pensais pas que tu... que tu serais aussi... méchante avec moi...

Il glissa hors de mes bras pour marcher un peu plus loin la tête baissée. Je m’étais précipité à son encontre, le cœur battant de peur, me jetant à genoux en face de lui. Je lui tenais les bajoues en l’air pour l’obliger à me regarder :

- Oh non... pardon, je suis désolée. Je voulais pas te faire du mal ! C’est juste que... que j’ai peur, on m’a dit que personne ne sortait d’ici, tu m’as dit que le lieu commençait à changer et je me suis que peut-être je m’enfonçais trop profondément dans un piège... je suis désolée, je suis nulle quand j’ai peur et je me supporte plus quand je suis comme ça... c’est peut-être... la preuve que… t’es vraiment moi ? Pardon...

J’avais senti sa petite patte translucide s’entortiller dans une mèche de mes cheveux pour les caresser doucement. Les yeux toujours levés vers moi, il me précisa :

- De toute façon, je ne pourrai jamais t’en vouloir très longtemps.

Je lui souriais émue. Il faisait peut-être toujours partie du piège, mais ma peur d’être de nouveau seule était plus grande que l’idée d’être trahie par lui. Lui tendant mon bras, je l’invitais à remonter sur moi, prendre appui sur mon épaule.

- Bon... A tout à hasard, tu arriverais à sentir la sortie de ce truc si tu es capable de sentir ses changements ? Ou... Sentir des daemons similaires à toi ? Peut-être qu’Anatole et Vaiana ont désormais aussi un daemon.
- Hum... le seul moyen pour les rejoindre -et encore, je ne suis pas certain- c'est de poser ta main sur une pierre et de penser à eux. Moi, je penserai à leurs daemons. Ça peut créer un lien. Peut-être.
- Vas-y on essaie !

Je m’étais approché d’un air décidé de l’une des pierres pour me mettre à genoux et lui permettre de descendre sans encombre. On avait échangé un regard avant de poser simultanément ma main et sa patte sur la pierre, dans un air d’intense réflexion, chacun de notre côté. Sur le moment, il ne se passa rien. Absolument rien. On échangeait un regard un peu perturbé sans pour autant lâcher la pierre. Puis au bout d’un moment, nous entendîmes un hurlement déchirant, lointain, qui raisonnait tout autour de nous. Le hurlement de Lyra était si puissant que je m’étais mise à hurler :

- LYRA !

J’avais jeté un regard vers la loutre qui avait hurlé en même temps que moi. Sans lâcher la pierre, je continuais à me concentrer dessus, décidé à retrouver Lyra qui semblait terrifiée dans son cri.

- Lâche rien Vesper, on a fini par te donner vie, je suis sûre qu’on va finir par la rejoindre, faut l’aider !
- Faut qu’on continue, lâche rien !

Il avait l’air aussi décidé que moi. Le regard rivé sur la pierre, sa patte prenait de plus en plus possession de la surface et ma main en faisait de même. L’un comme l’autre, il semblait évident que nous étions décidés à y parvenir, coûte que coûte sans pour autant de certitude que nous nous y prenions de la meilleure des façons.
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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

Anatole Cassini

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« Il existe 175.000
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« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 Nono12

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 3 _



________________________________________ 2021-02-08, 11:08 « Maîïîtreuuuh !!! »


« Bonjour mon ami...
...j'étais impatient de faire ta connaissance. »
▼▲▼

Je fermais les yeux.

Au fil du Temps, il y avait beaucoup de choses utiles, indispensables, qui nous procuraient bonheur, euphorie et bien être, dont on finissait par se passer. Cela venait du fait qu'on les pensait ancré dans notre présent. Mais ces choses pouvaient du jour au lendemain disparaître.

La caresse du vent sur notre peau. La chaleur des rayons du soleil. Plus je me perdais, plus ils disparaissaient. J'avais déjà ressentis ce genre de choses par le passé. Je les ressentais tous les jours. Je me perdais constamment, ne trouvant plus d'issue favorable à mon existence. Alors pourquoi rester ? Pourquoi continuer ?

Chaque chance que je saisissais, chaque piste que je suivais, chaque chemin que je me frayais, chaque route que j'empruntais, j'avais la sensation qu'elles me ramenaient vers ma Mère. Vers notre Mère à tous. Peut-être qu'il était juste Temps de partir. De laisser la Nature me guider vers un nouvel horizon.

J'ouvrais les yeux.

Beaucoup de choses me retenaient là. J'avais besoin d'aller jusqu'au bout. J'avais encore le temps de faire mes adieux. Mais est-ce qu'on avait réellement besoin de moi ?

Mon regard se posait sur Vaiana. Elle n'allait pas bien. J'ignorais comment l'aider. Je ne savais même pas si j'en étais capable. Après tout, je l'avais déjà laissé tomber par le passé. J'avais cru pouvoir gérer dans le futur ce qui n'allait pas avec elle. Au lieu de cela, je l'avais juste abandonné, et voilà à quoi elle ressemblait aujourd'hui... et Alexis ? Ce n'était pas mieux de son côté. J'étais resté auprès d'elle toutes ces années, mais j'avais la sensation que quelque chose n'allait pas. Quelque chose qui était de mon fait, même si j'ignorais quoi. Lyra serait-elle la prochaine que je décevrais ? Et s'ils pouvaient continuer seuls ? A me suivre, ils finissaient à se retrouver ici, à fermer les yeux, et à se perdre. Comme si ils ne l'étaient pas déjà assez.

« Évidemment.. » laissais-je échapper en voyant que j'étais désormais tout seul.

Un petit murmure se faisait entendre. Il semblait provenir des pierres, nouvellement apparues tout autour de moi. J'avais vue Alexis s'approcher de l'une d'entre elle, et de tenter de la déloger du sol, avant de disparaître. Ils avaient tous disparus. J'étais seul, encore une fois tout seul. Mais ça ne me dérangeait pas. J'aimais me plonger dans mes pensées, m'isoler, réfléchir. J'avais pris l'habitude de vivre dans mon coin, sans pour autant être toujours proche des autres.

« Je ne suis pas venu dans ce monde de mon plein gré. On m'y a amené. On y a tous été amené. » contais-je à la personne responsable de la disparition de mes amis. « C'est un monde merveilleux, rempli de magie. Un monde mystérieux, comme il en existe de moins en moins. Ce genre de monde se doit d'être préservé. » ajoutais-je tout en m'approchant d'un des cailloux dont j'entendais le sifflement et en m'accroupissant devant. « Mes amis sont merveilleux, eux aussi. Et je tiens énormément à eux. Guidez les, préservez les, comme ce monde se doit de l'être. »

J'approchais mon index du caillou, afin de le passer de haut en bas, à plusieurs reprises, pour le caresser délicatement. Les murmures s'intensifièrent, avant de cesser totalement. S'en suivi un grand silence, puis un...

« Bwrah ? »

Je tournais la tête, voyant HeiHei s'approcher en zigzaguant à travers les pierres blanches, l'air profondément ahuri. Il se demandait sans doute où étaient passé les autres. D'ailleurs, j'avais vue Alexis disparaître, mais est-ce que ce n'était pas le cas de chacun, et que moi j'étais resté ici, à l'entrée ?

Voyant arriver le coq jusqu'à moi, je tendis la main pour lui caresser le haut du crâne. Mais à chaque fois que je voulais le toucher, il penchait la tête, ou la relever. J'avais finalement abandonner cette lourde tâche que de montrer un signe d'affection à cet ahuri. Les pierres étaient bien plus amicales. Me relevant, j'observais ce qui nous entourait. Un champs de pierre, rien de plus. Qu'est ce que cela signifiait ?

« Un de mes amis se trouve sans doute avec vous. C'est un Daemon. Il s'appelle Pantalaimon. Vous le connaissez ? » demandais-je en observant les pierres.

HeiHei avait de nouveau fait route en direction d'une pierre. Il s'était mis à taper dessus avec son bec sans s'arrêter. Tout en secouant la tête devant un tel désastre, j'avais remarqué qu'un détail avait changé. Les pierres ne reflétaient plus l'Aurore Boréale. Elles étaient devenues blanches, lisses, mais sur celle où HeiHei tapait avec son bec dessus, quelque chose était en train d'apparaître. Je m'en étais approché, tout en prenant HeiHei par la taille, afin de l'empêcher de continuer à frapper.

« Vaiana m'en voudrait si il t'arrivait quelque chose. » lui dis-je tout en passant ma main sur son pelage à plusieurs reprises, le forçant avec mon aura imposante, à bouger le moins possible, et à se détendre... si il en était capable.

Puis, je penchais la tête pour observer la pierre, avec HeiHei toujours dans les bras. A ce moment là, je vis un papillon transparent voler dans la pierre. Les murmures inaudibles émanaient de lui. Il voletait un moment à l'intérieur, comme si il était pris au piège, puis il s'était posé dans le vide de cette dernière. J'avais la sensation qu'il m'observait. Étais-ce un Daemon ?

Le papillon s'était mis à agiter ses antennes. Il semblait identique à un papillon ordinaire, et en même temps...

J'approchais ma main de la pierre, afin de voir si ça l'en libérait ou non. Ce dernier, toujours aussi translucide, venait de quitter sa pierre, afin de se poser sur ma main. Je laissais échapper un petit sourire émerveillé. Je n'avais encore jamais vue de papillon de ce genre. Dans une main, je tenais HeiHei, mon aura l'empêchant toujours de trop bouger. Et sur mon autre main, se tenait ce papillon. C'était un bel endroit. Plein d'Espoir.

« Merci. » me dit-il tout en secouant ses ailes sans s'éloigner de ma main.

« Je t'en prie. » lui répondis-je, comprenant un peu plus où je me trouvais.

Ils étaient donc tous prisonnier de cet endroit ? Tous prisonniers de ces pierres blanches ? Me relevant, je fis route vers une autre, pour voir si il y avait quelque chose à l'intérieur.

« Que fais-tu, Hyperion ? » me demanda le papillon en me voyant approcher d'une autre pierre.

Une fois à la hauteur de la pierre, je m'étais stoppé et j'avais relevé ma main pour avoir le papillon à hauteur de mon visage.

« Que crois tu que je fais ? » lui répondis-je.

Le papillon sembla réfléchir, une antenne plus basse que l'autre.

« Tu veux voir s'il y a d'autres Daemons dans ces pierres, mais tu n'en trouveras aucun. »

Je regardais en direction de la pierre, vide, avant de croiser une nouvelle fois le regard du papillon. Il devait savoir tout ça mieux que moi.

« Comment se fait-il que tu étais piégé dedans ? »

« J'attendais que tu viennes me chercher. » me répondit-il.

Pour la première fois, je tiltais sur le fait que sa voix était féminine. Qui plus est, elle m'avait appelé par mon nom. Mon véritable nom, ce qui signifiait qu'elle connaissait mon identité. Je papillonnais un peu, tentant de comprendre de quoi il était question. Quelque chose me faisait sourire, m'émerveillais, même si je n'arrivais pas encore à comprendre quoi. J'avais la sensation de vivre quelque chose d'incroyable, d'unique, de... palpitant.

« Comment se fait-il qu'un nom me vienne à l'esprit quand je te regarde ? » lui demandais-je.

« Lequel ? » fit-elle véritablement intriguée.

Ses ailes s'agitaient dans l'air sans que son corps bouge. Elle ne pesait rien. Je sentais à peine sa présence sur ma main. Je la regardais, intrigué, mais toujours aussi émerveillé.

« Je n'arrive pas à le formuler. Il est là, quelque part... perdu sur le bout de ma langue. » lui avouais-je. « Sais-tu où sont mes amis ? »

« Peut-être que tu le retrouveras un jour. » me répondit-elle, ni déçue, ni attristée. C'était une simple constatation. « Pour quelqu'un d'immuable, c'est amusant que quelque chose d'aussi personnel t'échappe. » ajouta t'elle avec une once d'espièglerie dans la voix.

Je lui adressais un magnifique sourire, les yeux brillants. J'essayais de ne pas me laisser influencer par ce que je voyais, et de rester concentré. Je l'avais dit à Vaiana. Il fallait rester concentré sur notre quête, sans s'en laisser détourner. Je n'étais pas encore prêt à me laisser aller à mes instincts, préférant me focaliser sur mes certitudes.

« Chacun est en train de prendre conscience d'une nouvelle partie de lui même. Comme toi. Tu ne peux pas les rejoindre pour l'instant. » me répondit-elle.

« Combien de temps avons nous, tous les deux ? » ajoutais-je.

« Autant que tu le désires. » me répondit-elle. « De quoi veux-tu... ? »

Elle n'avait pas pu terminer sa phrase, car HeiHei s'était mis à tapoter son bec sur ma main, afin que je lui porte de l'attention. Comment pouvait-il s'agiter alors que mon aura était sur lui. A moins que je l'en avais détaché sans m'en rendre compte, bien trop concentré sur le papillon ? Utilisant une nouvelle fois mon aura pour faire stopper le coq, j'avais adressé un regard au papillon.

« Est-ce que tu as vue un autre Daemon répondant au nom de Pantalaimon ? »

Elle hocha gravement sa petite tête.

« Je peux te mener à lui, mais... là où il est, c'est très dangereux. Même pour toi. »

« Si il y est, ma place est là bas, avec lui. J'ai promis à quelqu'un qu'on le retrouverait. Ce n'est pas pour faire marche arrière une fois à proximité de lui. N'est ce pas ? »

« J'étais sûr que tu répondrais ça. Et je partage ton avis. » répondit-elle avec sérieux. « Touche la troisième pierre, celle qu'on remarque à peine. C'est là qu'il se cache. »

Effectivement, il y avait une pierre à peine perceptible qui dépassait de la neige. Je ne l'avais pas encore remarqué jusqu'à présent. Sans perdre de temps, je m'étais approché d'elle. Il n'y avait pas de reflet dessus. Puis, je m'étais accroupis devant. Le papillon avait quitté ma main et voletait au-dessus d'elle. J'en avais profité pour la poser sur la pierre.

Pendant ce temps, quelque chose s'allégea sur mon autre main, et je remarquais que HeiHei n'était plus là. Je m'en étais douté que ça finirait par arriver. Aller là où se trouvait Pantalaimon signifiait s'enfoncer d'avantage dans cet endroit étrange. HeiHei ne l'avait pas souhaité. Par conséquent, il ne m'avait pas suivi. Je ne m'inquiétais pas pour lui. Il se sortait de toutes les situations.

L'endroit ne semblait pas avoir changé. Il y avait toujours les pierres face à nous.

« Nous y sommes. » me dit-elle dans un murmure. « Ne le brusque pas. Il est très meurtri. »

Elle s'était remise à voler un peu plus loin afin que je la suive. Elle me guidait jusqu'à lui, et je lui faisais aveuglément confiance. Est-ce que je faisais bien ? J'avais le sentiment que je devais agir de la sorte. Je suivais un peu trop souvent mon instinct, au lieu de prendre le temps d'y réfléchir. Ce qui me poussait souvent à commettre des erreurs. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Toujours aller de l'avant... on réparerait les erreurs ensuite.

Un trou s'était formé dans la neige, formé par quelques pierres lisses enchevêtrées. Et dans le trou, recroquevillé sur lui-même, il y avait un petit animal au pelage blanc avec la pointe de la queue noire, recroquevillé sur lui-même. il semblait grelotter, même si il n'avait pas froid. Sans le connaître, j'en eu un coup au coeur. J'avais la sensation d'être déjà lié à lui, alors que je le voyais pour la toute première fois.

M'approchant, tout en gardant une petite distance avec lui, je l'observais, tout en m'accroupissant. Je ne voulais pas me montrer trop grand, ni trop imposant. Je ne savais pas comment agir avec lui, pour ne pas l'effrayer. Le papillon me l'avait dit, il ne fallait pas le brusquer. Il semblait totalement meurtri.

« Bonjour mon ami... » lui dis-je tout doucement. « J'étais impatient de faire ta connaissance. » ajoutais-je.

Il s'était dressé d'un bond avant de planter ses griffes dans la neige, le coeur battant.

« Qui... qui êtes-vous ? » s'exclama t'il. « Vous n'êtes pas mon ami et je ne suis pas le vôtre. Je ne vous connais pas. » ajouta t'il en arquant le dos d'un air menaçant et en même temps, il s'était davantage plaqué contre le fond de la paroi.

« Oui, pardon, tu as raison. Nous ne le sommes pas encore. Je vais parfois un peu trop vite. Mais nous le serons bientôt, je t'en fais la promesse, Pantalaimon. » lui dis-je. « Je suis venu avec une amie à toi. Une personne qui t'es très chère. Elle n'est pas loin et tu lui manques énormément. »

Il avait levé la tête et son museau afin de humer l'air timidement.

« Ly... Lyra est là ? »

« Oui. » lui répondis-je sans faire durer son fardeau. « Elle sait que tu t'es rendue à l'Hôtel Bleu. Et elle sait que c'était l'unique solution. » lui dis-je, tout ému de pouvoir lui dire ce que je l'avais entendu prononcé de mon monde.

Il était la voix. La même que j'avais entendu avec Eurus Holmes quand nous avions été en contact moi et son don.

Pantalaimon dressa ses oreilles, visiblement dérouté par mes propos. Mais il se recroquevilla rapidement une nouvelle fois sur lui-même.

« Non... ça n'était pas la solution. J'ai eu tort. Jamais je n'aurais dû venir ici. » dit-il en secouant la tête. « Maintenant par ma faute, Lyra est prisonnière à son tour. Et vous aussi... »

Il avait émis un petit cri plaintif et avait caché sa tête sous ses pattes. Je ne pouvais pas le toucher, le rassurer. Et je ne voulais pas faire reposer mon aura sur lui. Il n'y était pas préparé. Tant que Lyra n'était pas avec nous, il ne fallait rien lui montrer de ce dont j'étais capable. Ne pas le brusquer. Ne pas l'effrayer. Ne pas le perdre...

« Tu as fait ce qu'il fallait. Quand on fait ce qu'on croit bon pour nous, pour les autres, on prend toujours la bonne décision. Mais ça ne se passe pas toujours comme on l'espérait. Ce n'est pas de notre faute. Ca n'est pas ta faute, Pantalaimon. Et Lyra ne restera pas ici, indéfiniment. Ni toi. Ni tous ceux qui sont venus te chercher. » lui dis-je afin de le rassurer, mais aussi parce que je le pensais réellement. « Mais pour sortir d'ici, j'ai besoin de ton aide. Tu veux bien m'aider ? »

Il avait eu l'air hésitant, avant de hocher la tête.

« Vous semblez tellement sûr de vous... vous ne savez pas ce qui se passe, ici. On ne peut pas sortir. J'ai déjà tout essayé. » dit-il en s'avançant d'un pas. « Qu'est ce qui vous fait penser que vous pouvez y arriver ? » ajouta t'il l'air intrigué.

« Si je te répond, tu me promets d'être fort et de ne penser qu'à une seule et unique chose, à Lyra ? » lui répondis-je en le fixant droit dans les yeux, sans pour autant avoir un regard agressif.

Il s'était stoppé net, s'arrêtant de marcher. Sa patte en l'air, il m'avait observé fixement.

« Je n'ai jamais cessé de penser à elle. Toujours. » avait-il dit avec mélancolie, énergie et un amour inconditionnel.

Je lui répondis par un sourire.

« Je n'en doutes pas une seule seconde. » laissais-je échapper. « Bien. Je vais te poser une question avant. Est-ce que tu sais qui dirige cet endroit et nous retiens prisonnier, ici ? Tu les as déjà vue ? »

« Il s'appelle Zoran, comme dans le conte. » me répondit-il en sortant de sa cachette et en levant le museau vers le papillon qui volait toujours près de moi. « Votre Daemon est très bizarre. On dirait qu'il... manque de consistance. »

« C'est très grossier ! » lui fit-elle remarquer.

« Désolé. » répondit Pan, plus intrigué que contrit.

« Aurora n'est pas encore totalement prête à prendre son envol. » lui répondis-je avant d'adresser un regard en direction du papillon et de lui sourire à son tour. « Mais elle est déjà parfaite à mes yeux. »

Je hochais la tête dans sa direction.

« Vieux flatteur ! » me répondit-elle.

Puis, je portais mon attention sur Pantalaimon.

« Merci pour ta précieuse aide. Maintenant, si tu le veux bien, je te demanderais de ne pas m'interrompre, ni d'agir de quelque manière que ce soit. Reste à mes côtés, et attend. Nous serons bientôt aux côtés de Lyra. Et n'oublie pas. Tu dois demeurer fort et ne pas avoir peur de ce qui pourrait se produire. »

Je le regardais fixement pour le mettre en garder, avant d'adoucir mon visage, et de lui adresser un petit sourire.

« Tu es exactement comme je l'avais imaginé. Courageux et brave. » ajoutais-je avant de me détacher légèrement de lui pour faire quelque pas.

J'observais ce lieu qui nous entourait. Ce décors. Ces montagnes au loin. Cette fausse neige. Ces pierres blanches. Le magnifique papillon qui voletait autour de moi. Cette Aurore Boréale au-dessus de ma tête. Tout ici était merveilleux, mais un peu trop irréel à mes yeux.

« Je vous remercie pour votre hospitalité. » débutais-je. « Vous nous avez permis de retrouver notre ami, et je vous en serais éternellement reconnaissant. Maintenant, pouvez-vous nous faire revenir de là où nous venons ? Nos amis les ours et le Roi Iorek nous attendent là bas. » demandais-je en regardant autour de moi et en levant les yeux vers le ciel. « S'il vous plaît. »

J'attendais une réponse. J'espérais une bonne réponse. Mais il ne se passait rien. Pantalaimon leva la tête dans ma direction.

« Apparemment, parler au ciel ne fonctionne pas. » dit-il avec un regard rempli de sollicitude.

Il marqua une pause, avant de se souvenir de quelque chose.

« Ca ne m'étonne pas que Iorek Byrnison ait accompagné Lyra. On peut lui faire confiance. » poursuivit-il.

Après un petit moment de silence, Pantalaimon s'était remit à parler.

« Elle... elle vous a beaucoup parlé de moi ? » demanda t'il d'un ton plus timide.

Je sentais qu'il avait envie de parler de Lyra. Mais, je ne pouvais pas lui accorder ce droit pour le moment. On aurait tout le loisir de le faire ensuite. Il y avait sur le coup, un peu plus important à régler. J'espérais qu'il se montrerait fort comme il me l'avait promis. Détournant mon regard de Pantalaimon, j'accordais une petite attention au papillon, avant de regarder une nouvelle fois vers le ciel.

« Zoran, c'est cela ? Je suis enchanté de faire votre connaissance. Permettez moi de me présenter. Mon nom est Hyperion. Je me doute que cela ne doit pas vous parler. Je ne viens pas de ce monde. J'ignore si vous êtes tout comme nous perdu, ici, et que ce lieu ne dépend pas de vous. Je ne sais pas si vous vous êtes retrouvé vous aussi piégé par cet endroit. Mais sachez une chose. Mes amis et moi, nous allons quitter ce lieu, avec ou sans votre aide. Si vous avez envie de nous suivre, vous pouvez vous montrer à nous. Et si vous en êtes capable, aider à nous à trouver la sortie. S'il vous plaît. »

Pantalaimon s'était un peu plaqué au sol, comme si il redoutait ce qui allait se passer. Mais courageux comme il l'était, il s'était très vite redressé. Pendant ce Temps, on n'obtenait toujours aucune réponse. Puis, une ouverture s'était créé dans la neige. Un chemin lumineux qui conduisait sous terre, sous les pierres blanches. On n'en voyait pas le bout, même en s'y approchant.

« Très fort, Hyperion. » s'exclama la papillote.

Pantalaimon avait eu un mouvement de recul, avant de lever la tête vers moi. Il n'était pas tranquille.

« Restez près de moi. Tous les deux. » dis-je à l'intention de mon papillon et de Pantalaimon.

Puis, je baissais les yeux en direction du Daemon de Lyra.

« Je vais faire quelque chose, mais ne t'inquiète pas. C'est pour te protéger. Ais confiance en moi. »

Tout doucement, une aura apaisante recouvrit le Daemon, de même que le papillon. Pan avait levé les yeux dans ma direction en sentant mon aura sur lui. Perplexe, il avait levé la queue en l'air pour avancer à mes côtés. Maintenant, nous pouvions nous diriger vers cet inconnu. En espérant que tout se passerait au mieux. Car je tenais à chaque personne présentes ici. Et je comptais bien revenir avec chacun d'entre eux. C'était une promesse.


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