Après son retour de Star Command, il avait fallu quelques jours à Honey Lemon pour complètement redescendre sur Terre, d'une façon assez littérale, d'ailleurs. Sa médaille d'honneur trônait fièrement dans le bureau qu'elle occupait à l'université, non loin de la plume de corbeau que Raven lui avait remise quelques mois plus tôt. Honey ne s'imaginait pas la porter réellement tous les jours, car on ne portait ce genre de décoration que lors des grandes occasions, mais il lui arrivait encore de s'arrêter de travailler pour l'observer quelques instants, non sans fierté. Wasabi, son colocataire depuis qu'elle avait rompu avec Michel-Ange, était quelque peu lassé par cette fierté. C'était, d'ailleurs, en partie pour cette raison que Honey avait décidé de conserver la médaille dans son bureau personnel au laboratoire de Storybrooke. De toute façon, elle y passait suffisamment de temps pour pouvoir l'admirer à sa guise si le besoin s'en faisait ressentir.
Du laboratoire, justement, la chimiste revenait justement. Elle avait dans l'idée de regagner son autre bureau, celui qu'en tant que professeur à la faculté d'astrophysique, elle avait le droit d'occuper au sein de l'université de Storybrooke, afin de commencer par y donner un cours puis d'y corriger des partiels qu'elle espérait plus brillants que la dernière salve de corrections qui ne lui prendrait pas énormément de temps étant donné qu'elle pouvait lire 20 000 mots à la minute, un don que certains collègues lui enviaient.
Enseigner était un véritable plaisir pour la jeune femme car elle avait toujours eu le goût de transmettre ses passions (un peu trop, selon certains) mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'avait pas un certain niveau d'exigence envers ses étudiants. Elle attendait d'eux qu'ils aillent puiser le meilleur d'eux-mêmes, comptant bien les aider à devenir leur meilleure version possible, pas à leur apprendre à se reposer sur leurs lauriers. C'était de cette façon qu'Evelyn, sa BFF, avait l'air de procéder et c'était ce à quoi Honey avait décidé de tendre en entreprenant sa nouvelle carrière. Alors si la copie était mauvaise, la note l'était aussi. La chimiste ne notait après tout pas des personnes mais un travail, réalisé à un moment T. La médiocrité d'un rendu ne présumait en rien de la médiocrité d'un individu. Honey ne prenait pas de plaisir à donner de mauvaises notes, étant même toujours disponible pour aider ses étudiants à approfondir les notions qui leur posaient problème. Mais elle était leur enseignante, pas leur copine. Même s'ils avaient parfois pratiquement le même âge. Aux yeux de la chimiste, il était important de conserver cette distance professeur / étudiant pour enseigner correctement.
Cela ne l"empêchait cependant pas de saluer ces mêmes étudiants quand elle les croisait sur le campus, ce qu'elle fit tout au long du trajet qui la séparait de l'entrée de la faculté d'astrophysique à son bureau. Honey était l'une des enseignantes qu'on repérait le mieux car elle était en fauteuil roulant et qu'il lui arrivait de rouler un peu trop vite avec cet engin. La jeune femme s'était d'ailleurs bien gardée de raconter que maintenant elle pouvait aller encore plus vite qu'avant et que l'appareil réservait quelques autres surprises, souhaitant se montrer discrète quant à son aventure avec Star Command. Mais il n'y avait pas que le fauteuil qui la rendait facile à repérer car Honey avait aussi quelques excentricités bien à elle.
Ce jour-là, elle était partie si précipitamment du laboratoire qu'elle portait encore sa blouse de chimiste qu'elle avait tâché le matin même lorsque le produit destiné à fragiliser le titane qu'elle essayait de mettre au point s'était un peu emballé. La jeune femme avait pris soin de nettoyer ses lunettes, ses cheveux (encore légèrement humides) et son visage mais ne s'était pas souciée de la blouse. Et comme si cela ne suffisait pas, la veille au soir, elle avait décidé de teindre ses cheveux en rose, ce qui n'était pas habituel pour elle, qui avait testé une quantité impressionnante de couleurs de cheveux depuis qu'elle était ado, mais qui surprendrait peut-être certains étudiants.
Mais ce n'était pas son problème.
Honey avançait tranquillement et gaiment dans les couloirs de la faculté quand elle aperçut un enfant d'une douzaine d'années - un génie, d'après ce qu'elle en avait déduit en discutant avec lui quelques fois - entouré d'étudiants plus âgés et peu avenants. Damian, car c'est comme ça qu'il s'appelait, avait l'air de se faire fréquemment harceler et la seule - maigre - consolation de Honey était de voir que ce n'était pas ses étudiants qui le martyrisaient. Cela faisait de la peine à la jeune femme. Elle-même avait longtemps été harcelée à l'école mais quand, à 13 ans, elle avait intégré la SFIT, elle avait trouvé sa place, au milieu de personnes souvent plus âgées qu'elle, certes, mais matures. Malheureusement, à Storybrooke ce n'était visiblement pas aussi simple.
Ralentissant, Honey s'approcha de la bande et demanda d'une voix plus froide que celle qu'on lui connaissait habituellement :
- Ca va aller ou je peux vous aider ?
La petite bande se retourna vers elle, prête, d'abord, à ricaner de voir une fille s'interposer, mais déchantant rapidement en constatant que la fille en question faisait partie du corps enseignant. Sans demander leur reste, ils s'en allèrent. Alors les traits de Honey se radoucirent et elle adressa un sourire bienveillant à Damian.
- Je vois que ça s'arrange pas, déplora-t-elle. J'en suis navrée. Quand j'étais à ta place, ça se passait mieux. J'espère qu'un jour ce genre de comportement disparaitra totalement du milieu de l'éducation, en attendant... Ils ne t'ont rien fait, au moins ? Je regrette qu'on ne mette plus d'heures de colle à la fac. Ca ne règlerait pas tout mais ça me donnerait l'impression qu'il y a un peu de justice. Enfin bref, il faut que j'y aille, j'ai du pain sur la planche. Métaphoriquement, évidemment, précisa Honey en se remettant déjà en marche (là aussi, façon de parler).

Octobre. Un mois qu'appréciait le vampire. Le soleil se couchait de plus en plus tôt et les feuilles tombaient, laissant un tapis coloré. Dracula se disait rarement intéressé par la beauté des choses, mais probablement que le décors d'automne ne le laisserait jamais indifférent. Comment ne pas tomber nostalgique devant une vision aussi poétique ?

Comme d’habitude, l'homme frappe a la porte de la chambre de son fils. Ce dernier ne fait aucun bruit, mais son père sait qu'il a entendu, alors il descend préparer le petit déjeuner pour eux deux. Bien sûr, pas de céréales ou de beurre d’arachide sur la table. Deux verres avaient été posées sur le meuble et ces derniers étaient rempli d'un liquide rougeâtre. Je pense que vous vous doutez de ce qui se trouve a l’intérieur. Il boit son « breuvage" pendant que le petit descendait les escaliers, toujours en pyjama.

- Tu n’es pas encore prêt ? Depeche toi de boire ton verre de sang et d'aller t t'habiller. J'ai cours tôt ce matin, tu le sais.
- Je suis malade…, il grommelle.
- Voyons, tu me prend pour une valise, mon garçon ? Nous savons tous les deux que tu es un vampire et les vampires ne tombent pas malade?
- Je suis mort… A qui la faute, hein?

L’homme n'essayait plus de rétorquer lorsque son fils lui reprochait de l’avoir tué. Il avait raison et s'était sa faute. Il méritait sa haine, même s'il n'allait pas l'avouer. Les deux hommes prêts, ils montèrent dans la voiture avant de se rendre a l’université. En sortant dans le parking, les élèves observaient le petit garçon se rendre vers le bâtiment avec un sac a dos. Il semblait bien jeune pour étudier a l’université, mais il avait 500 ans d’expérience. Évidemment, les matières élémentaires n'avaient plus de secret pour lui et l’école primaire manquait de challenge. C'est pour cette raison qu'on l'avait fait sauter se nombreuses classes en sept ans.

- Passe une bonne journée Damian.
- Humhum…

Les deux protagonistes se séparèrent. Damian était dans un cursus plus scientifique. Stefan, lui, était le prof de mythologie. Ainsi, ils ne se croisaient pas souvent dans l’établissement. Malheureusement, même s'il aimait étudier, le petit garçon ne se sentait pas a sa place. Il ne se sentait pas tout a fait adulte, mais pas tout a fait enfant. Ainsi, il n’avait pas énormément d’amis et il avait du mal à s'en faire de nouveaux. Les enfants manquaient de maturité pour le petit vampire, mais les adultes ne le voyaient pas comme un égal. Cela causait énormément de problème, dont de l’intimidation. C'est ce qu'il subit durant la journée entre deux cours. Trois grands gars, joueurs de football américain, s'étaient approchés de lui et l’avaient rapidement entouré. Ils l'avaient choisi comme victime puisqu'il était un génie.. Damian étant mort, il aurait pu se débarrasser d'eux d'un claquement de doigts, mais il détestait la violence. Honey Lemon arrivé et les gars comprirent que le jeune homme ne se laisserait pas emmerdé.

- Merci madame Lemon… Je peux vous accompagner? Ma classe est dans le même corridor que votre cours.
- DAMIAN!

Un homme sort de la foule. Il semble avoir été avertit par deux étudiants qui avaient vu la scène. Stefan Vulpesco n'a pas cette attitude habituelle. Il semble inquiet. Honey peut comprendre qu'il s se connaissent. Il arrive devant l'enfant et se baisse pour être a sa hauteur, attrapant son visage entre ses mains pour vérifier qu'il ne soit pas blessé.

- Tu va bien? On m'a raconté ce qui s'est produit. Qui t’embête, mon garçon ? Je ne vais pas laisser ca impuni, croit moi!
- Laisse, ça va!

Le petit recule, mettant une certaines distance entre eux deux et il se tourne vers la blonde en soupirant.

- Je ne crois pas que vous le connaissiez. C’est Stefan Vulpesco, mon père. Papa, je te présente…
- Miss Lemon… Quelle surprise! Je ne vous ai pas vu. D'ailleurs, je ne vous aurait pas reconnu avec ces mèches de cheveux non naturelles! Quel gâchis de salir vos boucles avec des produits chimiques… Est-ce pour rattraper le temps et cacher des cheveux gris? …. Désolé je me montre odieux. Avez-vous vu se qui s'est passé. Connaissez-vous ces étudiants? Je doute que mon fils me dise quoi que ce soit… Il ne me fait pas confiance.
- Toute personne sensée ne te ferait pas confiance papa. Mais... Vous vous connaissez?
- Je te trouve énormément mal polis aujourd’hui, jeune homme! Nous allons en reparler a la maison! Et oui, nous nous connaissons. Je lui ai fait peur la dernière fois que nous nous sommes croisés. J'y ai été un peu trop fort avec les mauvaises plaisanteries de "super-mechant cherchant une victime". Elle m'a cru de A à Z!
-Tu n'as jamais été drôle papa!

En faite, Stefan tentait seulement de faire passer ça pour une mauvaise blague en espérant réparer un peu les pots cassés. Disons qu'il avait du mal a choisir le bon personnage a jouer avec elle. Il se souviendrait d'en s'en tenir au gentleman enseignant.

Honey Lemon adorait les enfants. Elle avait toujours su qu'elle en aurait, un jour, quand elle trouverait le partenaire le plus idéal pour procréer. Elle savait aussi que son désir de maternité était en partie induit par les hormones qui gouvernaient son corps et qui permettait depuis des millénaires à son espèce de perdurer. D'ailleurs, elle trouvait ce fonctionnement hormonal absolument in-cro-yable. Le monde était beau et bien fait ce qui n'avait de cesse d'émerveiller la scientifique. Elle savait qu'elle mourrait bien avant d'avoir percé tous les secrets de l'univers - ce qui l'attristait parfois - mais ne perdait pas espoir d'en découvrir un maximum. Honey s'estimait d'ailleurs incroyablement chanceuse d'avoir un cerveau aussi performant car il lui faisait gagner un temps précieux dans l'acquisition de connaissances. Elle avait même appris la sténographie afin de pouvoir consigner ses notes le plus rapidement possible tant les idées qui se bousculaient dans son esprit fusaient vite. Il n'était même pas rare que les ordinateurs la ralentissent quand il s'agissait de consigner sa pensée au fur et à mesure qu'elle naissait et se développait.
Et maintenant que j'ai fait cette digression, je peux en revenir à Damian dont la requête fit sourire l'enseignante. Honey n'avait pas l'habitude de se faire appeler "madame Lemon" mais trouvait cela incroyablement charmant. D'ordinaire ses étudiants l'appelaient "professeur". Ses amis l'appelaient Honey ou Hon'. Evidemment, elle n'allait pas inviter un étudiant à lui témoigner autant de familiarité, même s'il était bien plus jeune que les autres. Madame était acceptable, de même que la requête du garçon que Honey allait s'empresser d'accepter en ponctuant sa réponse d'un sourire bienveillant quand le jeune garçon fut appelé, coupant Honey dans son élan.
L'instant d'après, le cœur de la jeune femme manqua un battement. Métaphoriquement, du moins.
Stefan Vulpesco, un professeur de mythologie aussi impressionnant que glaçant fendit la foule pour s'approcher du garçon et s'agenouiller face à lui, les traits inquiets. Ceux de Honey ne l'étaient pas, témoignant plutôt de l'étonnement. S'il y avait bien une personne dans cette ville qu'elle n'imaginait pas avoir un enfant, c'était sans doute le professeur Vulpesco qui lui avait fait forte impression lors de leur rencontre l'été passé. Honey avait espéré, l'université étant grande et leurs disciplines très éloignées, que jamais plus elle ne le croiserait car il la mettait profondément mal à l'aise. Malheureusement, les événements en avaient décidé autrement.
La jeune femme espéra pouvoir profiter de leur bref échange pour s'éclipser, n'étant pas concernée par leur interaction, mais l'échappatoire qu'elle avait entrevu s'en alla aussi rapidement qu'il était venu. Honey ferma les yeux, réprimant une pensée peu amicale envers Damian, qui ne pouvait pas deviner le malaise qui lui inspirait son "papa".
Naturellement, Stefan sembla ravi de pouvoir démontrer qu'il connaissait la jeune femme. Et, prise au piège, Honey vissa un grand sourire sur ses lèvres brillantes de gloss, laissant le commentaire peu flatteur sur sa couleur de cheveux.
- Ravie de vous revoir, cher collègue, rétorqua la jeune femme, bien plus formelle qu'à l'accoutumée, se surprenant à penser en même temps "je le déteste", des pensées que Honey n'avaient pratiquement jamais et pour personne. J'ai trois cheveux gris et je ne cherche pas particulièrement à masquer leur manque de mélanine, merci de vous en soucier. Je fabrique mes propres cosmétiques, je peux vous assurer qu'ils sont plus naturels que le savon que vous achetez en grande surface, ajouta la chimiste après une courte hésitation, piquée au vif par ce commentaire effectivement odieux.
Mais cela, bien sûr, Honey était trop polie pour en parler.
La jeune femme prit une longue respiration, n'écouta pas une petite voix dans son esprit qui lui soufflait fortement de dire que c'était probablement normal si Damian ne faisait pas confiance à son père, et répondit à la seule question intéressée posée jusqu'à présent. Même si elle n'appréciait sans doute pas le professeur Vulpesco, Honey n'appréciait pas non plus le harcèlement et en avait fait sa bataille personnelle.
- J'ai vu un petit attroupement d'étudiants que je ne connais pas qui s'en prenaient à Damian. Je me suis approchée, j'ai demandé s'ils voulaient de l'aide. Ils se sont retournés en ricanant puis ont constaté que j'appartenais au corps enseignant et sont partis dans demander leur reste, résuma la scientifique, factuelle, comme toujours.
Le visage de la jeune femme ne se détendit que lorsqu'elle s'adressa directement à Damian pour venir confirmer les propos de son père :
- Effectivement, j'ai rencontré votre père cet été avant le début des cours. C'était... intéressant, je dirais. Je n'ai jamais été drôle moins non plus, sauf pour quelques rares scientifiques, alors je suppose que cela nous laisse avec un point commun. Ca et le fait d'avoir la chance de vous connaitre, Damian... Bien, si vous n'avez plus besoin de précisions sur mon témoignage je suis attendue pour un cours sur la formation des trous noirs. J'ai été... ravie de rencontrer toute la famille Vulpesco, conclut Honey en commençant à manœuvrer de nouveau son fauteuil.

Il doit l’avouer, la jeune femme a de la répartie et lui répond du tac au tac. Cela amuse le vampire qui se fait dire que son savon de supermarché était loin d’être naturel. Peu importe ce qu’il utilisait, songeait-il. Le but était de ne pas sentir mauvais, non? Il ne mettait pas autant d’importance sur les produits humains de soin. Après tout… Il était mort! Il laissa l’humaine repartir vers ses cours. De son côté, il convainquit son fils de rentrer à la maison se reposer pour la journée. Il voulait s’assurer qu’il ne recroise pas ces idiots. S’il découvrait qui ils étaient, il allait leur faire payer leurs actes.

Plus tard, le professeur se rendait vers la salle de classe d’Honey Lemon. Il n’avait pour une fois, aucune raison de s’y rendre autre que pour exprimer ce qu’il ressentait C’était rare qu’il s’exprime ainsi si ouvertement, mais il pensait que ce serait plus simple d’améliorer ses relations avec une collègue que la laisser le détester. Elle avait probablement des amis, des proches et, si elle avait peur, elle en parlerait à d’autres. Ainsi, valait mieux qu’elle le considère de manière neutre, au minimum. Après tout, il suffit souvent de beaucoup de persuasions et de répétitions pour que les humais changer d’avis. Ils pensaient, pour certains, que les gens pouvaient changer. Dracula n’y croyait pas. Un monstre reste un monstre. Il ne pouvait pas changer.

C’est discrètement qu’ils prirent place au fond de la salle durant le cours de la blonde. Il écoutait ce qu’elle avait à dire jusqu’à ce qu’elle mette fin à son cours. Quand la salle fut vidée des étudiants, il s’approcha de l’enseignante.

- Je sais que vous me détestez… Cela se sent. Je voulais venir vous voir pour deux raisons. Premièrement, je voudrais vous remercier de prendre soin de mon fils. Je sais que vous ne fait pas cela pour moi. Mais tout de même… Merci. Il est tout ce qu’il me reste en ce monde. Deuxièmement, je tiens à… présenter mes excuses. Notre dernière rencontre a dû énormément laisser une très mauvaise impression. J’aurais dû éviter de jouer avec vous comme je l’ai fait. Je manque… de compassion? Il y aurait une manière qui me permettrait de me racheter? Vous offrir un café à la cafétéria par exemple et vous laisser m’enseigner les trous noirs vous serait-il plaisir? Je ne suis pas un humoriste, mais j’ai une bonne oreille.

Quand elle arriva dans son amphithéâtre, Honey Lemon ne pensait plus du tout au professeur Vulpesco mais bien au cours magistral d'introduction à l'étude sur les trous noirs qu'elle allait donner dans quelques instants. Très appréciée par ses étudiants - qui la trouvaient néanmoins exigeante - la jeune femme salua nominativement chacun de ceux dont elle croisa la route qui la séparait de son estrade.
- Classe le look, commenta un grand gaillard afro-américain qui rappelait toujours son meilleur à la professeur.
- Merci Monsieur Morris, répondit Honey d'une voix guillerette. Mais ne pensez pas que les compliments vous obtiendront de meilleures notes, seulement une meilleure appréciation personnelle de ma part.
Darryl Morris assura s'en contenter et prit place, comme le reste de ses camarades.
- Bonjour à tous, commença la jeune femme sans élever la voix, ayant l'habitude d'être écoutée quand elle commençait à parler alors même que tous dans cette salle ignoraient la renommée de leur professeur dans le monde qui l'avait vu naître. J'espère que vous êtes en forme car la fin du semestre s'annonce aussi ardue que fascinante et si vous avez encore bien en tête les principes et limites des théories de Newton, Einstein et les prémices de théorie quantique discutés l'année dernière, vous devriez vous en sortir aux partiels.
Honey marqua une pause pour observer son audience dont elle attendait toujours le meilleur. Si on choisissait son cours, c'était pour se dépasser, creuser sa réflexion plus loin qu'on ne l'avait jamais creusée avant et repousser les limites de la science.
- Vous en faites pas, aujourd'hui on commence en douceur, chuchota la blondinette comme si elle confiait un secret à ses étudiants.
La plupart lui firent le plaisir de rire avant que la jeune enseignante n'affiche la première diapositive de sa présentation consacrée à la masse qu'elle se retrouva bientôt à expliquer dans des schémas compliqués sur le tableau noir à sa disposition.
Après la masse ils discutèrent le champ gravitionnel et finalement la formation, la vie et la mort des étoiles.
Le cours durait déjà depuis deux heures (avec une interclasse) et le terme "trou noir" n'avait pas encore été prononcé une seule fois. Grâce à son intelligence artificielle, Honey projetait un hologramme d'une étoile en pleine activité thermonucléaire. Le cours touchait pourtant à sa fin et Honey était assez excitée d'arriver enfin à son passage préféré de cette introduction.
- L'étoile autour de laquelle la Terre gravite, et qu'on a pour habitude d'appeler Soleil, une étoile de type naine jaune d'une masse d'environ 1,989 1 × 10³⁰ kg. On estime que l'étoile s'est formée il y a environ 4,5 milliards d'années et qu'elle en vivra encore sensiblement autant, après quoi, faute de carburant, elle s'effondrera sur elle-même, "mourra" et deviendra une naine jaune. Comme implicitement indiqué précédemment, sa masse n'est pas suffisamment importante pour que de naine blanche elle devienne une étoile à neutrons et finalement un trou noir. Qui peut me rappeler la masse minimum d'un corps pour qu'il devienne un trou noir ?
- 1,4 Soleil, répondit Morris en levant la main pour se signaler.
- Merci Darryl. Si vous retenez déjà tout ça - le cours en entier, pas seulement cette dernière donnée, ce sera pas mal, reprit la jeune femme pour amorcer sa conclusion. Le prochain CM portera sur Sagittaire A* qui nous servira d'exemple pour comprendre plus précisément la force gravitationnelle des trous noirs. En attendant, je vous laisse simplement l'admirer, termina la jeune femme en appuyant sur sa télécommande afin de projeter non plus l'étoile en train de s'affaisser sur elle-même après consommé tout son carburant, mais la Voie Lactée, au centre de laquelle se trouvait le trou noir Sagittaire A*.
Comme ses étudiants, la jeune femme observa l'hologramme pendant quelques instants. Leur galaxie était définitivement magnifique. Honey aurait pu la regarder pendant des heures sans se lasser, se sentant très humble devant l'immensité de l'Univers et les secrets qu'il dissimulait encore aux humains.
Mais elle avait des copies à corriger et la batterie de son téléphone, qui émettait l'hologramme, ne durerait pas non plus des heures. Pour autant, Honey commença à ranger ses affaires sans l'éteindre, décidée à en profiter au maximum et à laisser ses étudiants en profiter eux aussi.
Honey ne prêta pas attention à la salle qui se vidait progressivement, sinon elle aurait sans doute remarquer qu'un de ses auditeurs n'étaient pas un étudiant mais un professeur, Stefan Vulpesco. C'était sans doute une bonne chose qu'elle ait passé deux heures trente à écrire des équations, dessiner des schémas et expliquer ses hologrammes, de façon à ce qu'elle n'ait pas remarqué sa présence. De cette façon elle était restée dans son monde jusqu'au bout, un monde à des années lumières, presque littéralement, de l'univers surnaturel de Stefan Vulpesco, un univers qui se rappela à elle et la ramena brutalement sur Terre, dans un sursaut.
"Je sais que vous me détestez" était une façon très directe d'amener le sujet. Passée la surprise, Honey laissa ses affaires en plan et releva ses yeux verts pour croiser le regard du professeur et signifiait qu'elle l'écoutait.
- Effectivement, je ne m'occupe pas de Damian pour vous car jusqu'à aujourd'hui j'ignorais que vous étiez parents, répondit la jeune femme, purement factuellement. Mais je vous en prie. C'est normal. Damian est un étudiant brillant promis à de grandes choses. Vous devez être très fier, supposa Honey.
Elle marqua un temps d'arrêt afin de s'imprégner des excuses du professeur. Finalement, l'astrophysicienne déclara :
- J'accepte vos excuses. Merci d'être venu me les présenter. Je ne considère pas que vous ayez besoin de vous racheter, professeur Vulpesco. Je suis peu friande de café mais merci pour votre offre. Si vous avez assisté à mon cours et que vous avez des questions, vous pouvez les poser ici, je vous écoute. Je tâcherai de... d'adapter mon discours à votre niveau de connaissances, précisa la jeune femme, pour qui cet exercice était difficile.

Au moins, elle ne le repoussait pas. C’était déjà un bon pas en avant. Pas tous les humains ne seraient prêts à discuter avec quelqu’un qui les avait effrayés comme il l’avait fait. Ainsi, Dracula considérait qu’il avait déjà réussi une première étape. Il devait continuer à persévérer. Elle pourrait peut-être changer d’avis sur sa personne. Non pas qu’il ait besoin d’être aimé. Il n’en avait rien à faire qu’on l’apprécie ou qu’on le déteste. Il voulait seulement limiter les dangers. Comme d’habitude. Être un vampire de plusieurs siècles demandait de toujours penser à sa survie continuellement. C’était parfois épuisant d’être continuellement méfiant, mais c’était comme cela. Il était Dracula, le plus grand vampire existant, il ne pouvait pas avoir de vie « normale ».

- Et bien, j’ai effectivement une question sur les trous noirs. J’ai compris énormément de choses avec votre cours d’aujourd’hui, mais cela m’a emmené à me demander quel effet cela causerait à un corps humain s’il se retrouvait en son sein? J’imagine que les chercheurs ont dû faire des calculs pour le savoir. La curiosité est probablement la plus grande qualité humaine qui existe.

Il prit appui contre un bureau d’étudiant derrière lui, prenant position pour écouter attentivement ce qu’elle avait à lui dire à propos de ces fameux phénomènes de l’espace. L’homme n’était pas un scientifique, plus un homme de lettres, mais il adorait apprendre de nouvelles connaissances et il n’hésitait pas à s’éduquer. En 500 ans de vie, il en avait appris des choses. Il ne lui restait pas énormément de choses à savoir en dehors des domaines scientifiques qui lui étaient inconnus. Principalement les connaissances des années 1900 et les suivantes. Il n’avait pas connu ces époques même si aujourd’hui, il comprenait un minimum comment fonctionnait son téléphone portable.

- Quand vous en parlez, vous semblez passionnées. Comment avez-vous compris que c’était votre vocation, l’espace. Avez-vous déjà quitté notre planète pour en découvrir d’autres?

La question du professeur Vulpesco n'aurait effectivement pu trouver réponse dans le cours du jour du professeur Lemon. Elle serait certes abordée, en temps et en heures, mais pas avant plusieurs autres cours magistraux sur le sujet. Répondre à cette question nécessitait des connaissances pointues des deux plus grandes théories scientifiques jamais formulées ; la théorie de la relativité d'Einstein et la théorique quantique, ces deux théories que personne n'avait jusqu'à présent réussi à unifier. La théorie d'Einstein s'appliquait parfaitement au monde macroscopique, quand la théorie quantique s'appliquait au monde microscopique.
Mais Honey savait que si elle commençait par ça, elle allait perdre son "nouvel élève" et en passionnée de science qu'elle était, elle ne pouvait pas se le permettre.
- Question très intéressante, commenta-t-elle de prime abord avant d'attraper sa télécommande pour remplacer la projection de la Voie lactée pour la remplacer par la photo d'un trou noir, la première jamais prise sur cette Terre. Vous êtes familier avec le principe de gravitation mentionné tout à l'heure ? Pour faire simple : les corps célestes les plus massifs attirent les corps célestes les moins massifs, un peu comme un aimant. C'est pour ça que la Lune orbite autour de la Terre qui elle-même orbite autour du Soleil. Les trous noirs, c'est pareil. Ils ont une force d'attraction très importante. Si vous vous en approchez, vous finissez par la sentir et par être attiré inexorablement vers le trou noir. Tant que vous ne passez pas ce qu'on appelle l'horizon des événements, enchaina la professeur en indiquant le cercle de lumière sur la projection, vous pouvez revenir. Mais si vous le dépassez, vous ne pouvez plus jamais revenir car l'attraction est trop forte. L'espace et le temps commencent à s'effondrer l'un sur l'autre. Plus vous avancez, plus l'espace et le temps s'effondre. Vous voyez l'Univers avancer dans le futur à une vitesse folle à cause de cette déformation. Et vous tombez, encore et encore tout en vous étirant et en vous compressant en même temps. Vous tombez jusqu'au centre du trou noir où se trouve sa singularité que personne ne sait réellement décrire, conclut Honey en quittant son hologramme des yeux pour croiser le regard du professeur Vulpesco. Je suis d'accord avec vous, à propos. La curiosité est une belle qualité.
Honey n'avait jamais compris l'adage selon lequel la curiosité était un vilain défaut. Elle ne voyait pas comment cela pouvait être le cas. Mais elle préféra ne pas épiloguer sur ce sujet. Les expressions imagées, ça n'avait jamais été son fort.
- Je suis effectivement passionnée. Je pense que c'est de famille. Vous n'avez jamais remarqué que je ne suis pas le seul professeur Lemon de cette université ? demanda Honey, espérant la question rhétorique afin de ne pas devoir expliquer que son père travaillait dans le même département qu'elle.
La jeune femme hésitait à se confier au professeur Vulpesco, bien qu'il soit plus ordinaire cette fois que lors de leur première rencontre. Honey avait une trop bonne mémoire pour oublier que déjà la dernière fois les choses s'étaient passées de la sorte. Après l'avoir charmée de sa galanterie et de sa verve, il avait tenu à démontrer qu'il était un monstre. Personne n'aurait oublié un truc pareil, surtout lors d'une première rencontre. Toutefois, la scientifique décida de faire un pas vers lui, jugeant qu'un collègue, si monstrueux puisse-t-il avoir décidé d'être, avait tout intérêt à ménager un de ses pairs.
- Je suis docteur en astrophysique et en chimie. J'ai toujours voulu être scientifique. J'ai arrêté de lire des contes de fées quand j'avais six ans, je préférais les livres de vulgarisation. La science a toujours fait partie de ma vie. J'étais précoce et curieuse et ma curiosité m'a menée vers la science qui a séduit mon esprit. Je sais que je mourrai avant d'avoir appris tout ce que j'aimerais apprendre mais heureusement je suis plus intelligente que la moyenne donc j'apprends plus vite.
La blondinette marqua une pause et ajouta :
- Oui, j'étais dans l'espace une fois. C'était vraiment cool.

La créature écoutait avec attention sa collège, souriant, hochant la tête pour montrer qu’il suivait. Probablement qu’il avait découvert son nouvel intérêt. Pourquoi ne pas se tourner vers les étoiles? En plus, avec son hôtel qui allait arriver, il ne lui serait que plus facile d’installer un télescope sur le toit pour observer tout ce que l’espace avait à offrir. Enfant, il regardait souvent les étoiles la nuit depuis la fenêtre de sa chambre et il était grandement intrigué par ces lueurs que l’on nommait étoile. À l’époque, on était loin de s’imaginer ce que c’était et ce qu’elles cachaient comme secrets. À ses questions sur sa passion pour les sciences, elle lui expliqua avoir de la famille en enseignement et qu’elle était une enfant en avance sur les autres. Un génie, c’était toujours tellement passionnant à rencontrer. Il y en avait que quelques-uns par siècles. Il se souvenait encore de la douceur de la peau de Shakespeare.

- Je comprends pourquoi vous êtes enseignante. On sent votre passion dans vos explications et vous savez rendre ces notions que plus intrigantes encore. Moi que me plaignait de m’ennuyer, je pense que je vais commencer à lire sur l’espace et si j’ai le temps écouter certains de vos cours, miss Lemon. Qui de mieux qu’une femme qui a vu les étoiles de près peut enseigner ce que le grand vide contient?

Il ne mentionnait pas ce fameux monsieur Lemon. Il avait remarqué par son expression qu’elle ne voulait pas en dire plus. Elle ne lui faisait pas confiance. C’était compréhensible. Il se doutait quand même que cela devrait-être le père ou un oncle. Sinon, elle ne le mentionnerait même pas.

- Auriez-vous des livres à me conseiller, par hasard? Je chercherais bien sur internet, mais voyez-vous, je ne suis pas très à l’aise avec la nouvelle technologie. Justement, une jeune femme m’avait donné un numéro de téléphone d’une personne qui… pourrait m’aider…

Il haussa un sourcil en la regardant, se souvenant de quelque chose. Il prit son téléphone, réparé, dans sa poche et il l’ouvrit pour voir son répertoire. Il sourit.

- Que le monde est petit… Il semblerait que miss Violette Parr a eu le bon sens de me proposer la meilleure scientifique de l’université. Honey Lemon, j’ai votre numéro de téléphone.

Honey sourit pour accueillir favorablement le compliment du professeur Vulpesco, comme le voulaient les codes sociaux.
- Mes cours sont accessibles en auditeur libre, précisa la jeune femme, mais sont dispensés pour des personnes ayant déjà un certain bagage scientifique et il en restera ainsi. Vous vous trompez, d'ailleurs. Je n'étais pas prédestinée à enseigner, je suis assez mauvaise pour adapter mon discours aux néophytes. C'est pour ça que je n'enseigne pas en premier cycle, précisa factuellement la scientifique, consciente de ses axes d'amélioration. Vous avez tort également de considérer que l'espace est plein de vide mais c'est une erreur commune. Ce que vous appelez du vide contient encore des tas de choses telles que des champs magnétiques. Mais c'est très difficile à concevoir pour l'esprit - même celui des spécialistes, précisa la Honey.
Elle espérait (et son auteure aussi parce qu'elle maitrise moyennement le sujet) ne pas devoir expliciter davantage. Après deux heures de cours magistral sur les trous noirs, aborder la question, si passionnante soit-elle, du "vide" au sens physique lui demanderait au moins autant de temps sinon plus étant donné que la question n'était pas posée par un scientifique. Le professeur Vulpesco semblait doté d'une culture littéraire et historique très riche mais Honey doutait qu'il ait étudié les sciences de façon approfondie.
Heureusement, le professeur se contenta de demander une liste de lecture. C'était beaucoup plus rapide à compiler qu'un cours entier sur les mystères de l'espace. Pour le moment cette deuxième rencontre était plutôt facile à appréhender, en fin de compte. Pour un peu, Honey s'en serait félicitée. Mais c'était sans compter sur son collègue qui lui annonça avec un sourire amusé avoir déjà son numéro de téléphone... obtenu de la main de Violette.
Réprimant un rire nerveux, Honey se prit à espérer que Violette avait eu la bonne idée de donner au professeur son numéro professionnel, celui du téléphone fixe dans son bureau au laboratoire et non pas son numéro de téléphone. Sinon elle aurait vraiment du mal à ne pas en toucher un mot à sa sœur d'adoption.
- Violette est vraiment la meilleure, répondit Honey en desserrant à peine les dents. Ca ne m'étonne pas d'elle.... Enfin bref, vous devriez commencer par lire L'Univers à portée de main, par Christophe Galfard, se reprit la blondinette en attrapant un post-it violet et un stylo. Il n'y a qu'une seule formule mathématique dans tout l'ouvrage et elle n'est pas compliquée à comprendre. Le livre devrait vous éclairer sur pas mal de sujets assez rapidement si l'espace vous intéresse. Voilà. Je vous l'ai même écrit, annonça la jeune femme en lui tendant le bout de papier. Il vous fallait autre chose ou Violette vous a déjà fourni tout ce dont vous avez besoin ?
Honey n'était pas à proprement parlé fâchée. Elle était agacée et aurait préféré que le professeur Vulpesco n'ait pas le moyen de la contacter à souhait mais était pratiquement certaine que Violette n'aurait pas fait l'erreur de communiquer un numéro personnel. Honey pouvait sans doute gérer des appels professionnels dans son bureau. Ou changer de numéro au lieu de changer de sœur de cœur. Toutefois, elle ne manquerait pas de lui demander de s'abstenir à l'avenir.
Vis-à-vis du professeur, elle essayait de ne pas trop laisser cet agacement se ressentir dans ces propos. Mais elle eut tout de même l'impression de fournir un effort assez incroyable lorsqu'elle ajouta :
- Manifestement vous savez vous servir d'un téléphone suffisamment pour enregistrer un contact alors, dites moi, ce sont quelles technologies qui vous résistent ?

La créature sourit en voyant sa collègue lui tendre le bout de papier qu’il prit sans hésiter. Leurs doigts se frôlèrent de par le contact et elle put constater la froideur de ses doigts. Le post-it alla rejoindre la poche de son veston. Il devait avouer qu’elle faisait preuve d’un sang-froid extraordinaire. Malgré leur dernière rencontre, elle lui parlait, lui disant ce qu’elle connaissait avant de lui donner un peu de lecture pour approfondir le sujet avant d’enchaîner et lui poser des questions. D’autres personnes se seraient empressées de le jeter dehors. Pour une jeune femme qui disait avoir du retard social, il trouvait qu’elle se débrouillait très bien. Sauf pour décoder les intentions, mais personne n’est parfait.

- Disons qu’à part fissurer l’écran de mon téléphone, elle n’a pas fait grand-chose. A part, bien sûr, mettre votre numéro dans l’appareil. Mais je savais effectivement déjà le faire. J’apprends vite. Il me suffit de manipuler l’objet pour apprendre à m’en servir en fait… C’est un peu délicat. J’espère que je ne vous mettrais pas mal à l’aise, mais je dois être honnête avec vous… Avez-vous entendu parler de… Tinder?

Il sort son téléphone de sa poche pour l’ouvrir et trouver l’application pour lui montrer de quoi il parlait. Elle pouvait observer qu’il était sur l’écran principal quand on n’avait pas de compte.

- Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais… Je suis veuf depuis très longtemps. J’ai cherché à trouver une mère pour mon fils depuis la disparition de ma femme. Sans succès, hélas. Ces personnes n’étaient pas… destinées de ce rôle si l’on veut… J’ai fini par me résilier à une vie sentimentale déserte avant la malédiction, mais… J’imagine qu’il serait temps de donner une chance à la population de Storybrook et tenter de trouver un peu une vie plus normale pour moi et mon garçon. Avez-vous des enfants, miss Lemon? En tant que parent, nous voulons que le meilleur pour eux, mais malheureusement il n’y pas de mode d’emploi pour devenir un parent exemplaire.

Il ne mentait pas du moins, pas totalement… Effectivement, il avait cherché une « mère » pour son fils. Une « épouse » qui passerait l’éternité avec lui. Il avait fait de nombreuses expériences, transformant femmes et hommes, mais ils finissaient tous par mourir, de leur propre chef ou par leur manque de mécanisme de survies post-mortem. La dernière tentative avait été faite sur Jonathan Harker. Sa fiancée était loin de se douter que ce filou aimait bien la présence masculine malgré son mariage imminent. Elle voulait découvrir qui il était et le tuer. C’était tout à son honneur. Cette histoire d’épouses était derrière lui maintenant. La malédiction avait causé un dérèglement chez lui et il ne pouvait plus transformer personne. Cela le frustrait énormément de perdre un de ces précieux pouvoirs. Alors, pourquoi aller sur un site de rencontre? Pour chasser, bien sûr! C’était un uber eat pour vampire!

- Je finirais bien par comprendre comment créer un compte. Je ne veux pas vous embêter pour si peu.