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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Deux choses sont infinies... {E=MC²+Hermes+Vaiana}

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Vaiana de Motunui
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Vaiana de Motunui

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| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde
| Dans le monde des contes, je suis : : Vava, la fille du chef qui n'est pas une princesse même si elle chante et a des animaux de compagnie

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Deux choses sont infinies... {E=MC²+Hermes+Vaiana} - Page 2 _



________________________________________ 2020-11-01, 11:13


La vie c'est comme une bicyclette...
... il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre. (Albert Einstein)
▼۞▼

Pourquoi Hermès semblait-il si malheureux, d'un seul coup ? J'avais seulement demandé s'il se souvenait d'un évènement marquant en 1933. Visiblement, quelque chose le faisait souffrir. S'agissait-il d'un souvenir ? Une période douloureuse ? Je n'osais pas poser la question. Il avait l'air trop affecté.

Je fronçai les sourcils quand il mentionna la ségrégation raciale. Quel mot barbare... Un vent de révolte me traversa brusquement. Hors de question de me laisser faire par des imbéciles au cerveau aussi gros qu'une tête d'épingle ! J'allais leur montrer de quel bois je me chauffe, si jamais l'un d'eux osait se frotter à moi ! Lorsque la situation l'exigeait, je savais me battre et n'hésiterai pas une seconde ! Dans mon présent, j'avais déjà eu à faire à quelques racistes ; ils n'avaient pas fait les fiers très longtemps.

Tandis que nous marchions à la recherche de la buanderie, Hermès me révéla qu'il n'avait plus ses pouvoirs. Cette information ne me rendit pas aussi anxieuse que j'aurais dû, car elle me faisait prendre conscience que pour la première fois depuis longtemps, j'étais... ordinaire. Plus aucun risque de tout faire exploser, d'entrer en surchauffe, de perdre le contrôle. Je n'étais plus Vaiana de Motunui mais Miss Irving. Quel était mon prénom ? Avais-je conservé le mien ? Toute à ses préoccupations, je suivis Hermès jusqu'à la buanderie. Un étrange sentiment de liesse m'envahissait. La perspective d'être tout à fait normale m'emplissait de joie.

Une fois la porte fermée sur nous, je posai Hei Hei au sol. Il avança en zigzag, destabilisé par le journal qu'il avait toujours dans le bec, mais ne le lâcha pas pour autant.

J'attrapai une salopette, nullement contrariée à l'idée d'en porter une. Malgré tout, je n'étais pas certaine que cela obéisse aux codes vestimentaires de l'époque. Dans les années trente, aucune femme ne portait de pantalon. Je serai donc la première ! Avec une expression pleine de défi, je fis claquer le vêtement dans le vent.

Pendant ce temps, Hermès élaborait un plan impliquant le dénommé Albert Einstein. Etait-ce vraiment bien avisé de lui expliquer que nous n'étions pas à la bonne époque ? Ce professeur était-il vraiment aussi ouvert d'esprit ? J'avais quelques doutes. Il avait plus l'air d'être du genre pantoufles et petits biscuits au coin du feu.

Je haussai un sourcil indécis en entendant le dieu entonner une chanson. Je réalisai un peu tard qu'il avait fait cela pour se changer et pivotai vers le mur pour ne plus le voir. Il semblait très nerveux et n'arrêtait pas de me dire de ne SURTOUT pas me retourner.

"Restez zen, boss. Je vous regarde pas."

Pourquoi chantait-il en français ? Je ne comprenais pas un traître mot. Ca parlait sûrement d'amour. C'était souvent le cas avec les chansons françaises, du peu que j'en savais.

"N'empêche, je me demande... Vous avez un truc à cacher ? Parce que vous êtes tellement nerveux !"

J'avais posé la question toujours sans le regarder, avec un sourire dans la voix. Ce faisant, je m'étais changée pendant qu'il chantait. J'avais gardé ma chemise mouillée -car je n'allais pas porter une salopette sans rien en dessous- mais abandonné ma jupe et mes bas sans un regret. Je ne m'étais même pas donnée la peine de les replier, les laissant en petit tas sur le sol.

"Vous êtes visible ?" demandai-je non sans amusement.

Il ne chantait plus, par conséquent c'est qu'il devait avoir fini. Sans attendre de réponse, je jetai un vif coup d'oeil puis me retournai tout à fait en constatant qu'il arborait la même salopette.

"Team Ghostbusters." nous qualifiai-je en levant les pouces en l'air dans sa direction. "Trop sexy."

Mon ton goguenard laissa très vite place à un flottement. Je fixai Hermès sans ciller en réalisant ce que je venais de déclarer.

"Je voulais dire qu'on était trop sexy en Ghostbusters. Pas que vous étiez sexy. Parce que vous ne l'êtes pas."

Et voilà, ça recommençait.

"Enfin si !"

Ah bon ? O_o

"Mais c'est pas dans ce sens que je voulais le dire ! C'était plus genre... une vanne. 'Oh, on est trop sexy en salopette marron informe !'. Vous comprenez ?"

J'avais l'impression d'être tombée dans le vide et de me raccrocher désespérément à des lianes qui glissaient entre mes doigts. Je m'éclaircis la gorge et enchaînai, les joues brûlantes :

"Bon, allons voir le vieux !"

Je tapai dans mes mains, me penchai pour attraper Hei Hei et le coinçai sous mon bras pour quitter la buanderie d'un pas décidé. Jusqu'au bureau du professeur -que l'on trouva avec bien du mal- je mis un point d'honneur à ne plus regarder Hermès. Pourquoi est-ce que ça finissait toujours de cette manière entre nous ? J'allais finir par croire qu'on nous avait jeté un mauvais sort. Un maléfice de confusion, peut-être ?

Je secouai la tête, toquai à la porte et entendis un "Entrez !". Je pénétrai dans le bureau d'Albert Einstein. Il s'agissait d'une pièce assez vaste dotée d'une multitude d'étagères débordant de livres, si bien qu'on ne discernait plus la couleur des murs. La fenêtre donnait sur la cour de l'école. Je déduisis qu'on était en soirée étant donné la basse luminosité. Un grand bureau en bois sombre très mal rangé débordait de livres, de dossiers et de feuilles. Un tableau sur roulettes était placé près de ce dernier. Assis à la table, Einstein fumait la pipe tout en lisant.

"Oh, Scott !" dit-il en reconnaissant Hermès.

Il écarta la pipe de sa bouche et la garda en main. Avec une grimace, je chassai la fumée. J'avais l'impression d'être dans un aquarium. Je n'aimais pas l'odeur du tabac, je préférais de loin celle de la marijuana.

"Vous avez amené Miss Irving comme convenu !"

Je clignai des yeux. Le terme "amené" m'agaçait légèrement, à croire que j'étais un objet que l'on déplaçait à sa guise. Il m'apparut subitement beaucoup moins sympathique, le petit vieux. Malgré tout, j'avançais vers lui. Hermès semblait penser qu'il était notre porte de sortie à cette époque, alors je devais me comporter le mieux possible.

Einstein tendit la main et attrapa le journal coincé dans le bec de Hei Hei.

"Parfait ! Je n'ai pas encore eu l'occasion de le lire, aujourd'hui ! Décidément, Miss Irving, vous anticipez chacun de mes besoins !"

Il me sourit affectueusement, si bien que je me sentis décontenancée. Il me regardait comme si j'étais... de sa famille. Plutôt bizarre, non ? Il baissa ensuite les yeux vers ma salopette, parut crispé mais ne fit aucun commentaire.

"Les histoires drôles, c'est ma rubrique préférée !" confia-t-il avec un clin d'oeil. "Oh tiens, j'en ai une bonne pour vous, Scott !"

Sans ouvrir le journal, il ajouta :

"Si la vue d'un bureau encombré évoque un esprit encombré, alors que penser de celle d'un bureau vide ?"

Il se tut, nous observant d'un air impassible. Attendait-il notre réaction ? Etant donné l'aspect général de son propre bureau, c'était une évidence que cette 'plaisanterie' venait de lui. Pour ma part, je restai silencieuse. Je n'avais pas trouvé où il fallait rire. C'était plus une vérité qu'une blague.

Finalement, il remua la moustache d'un air mutin et sembla réaliser la présence de Hei Hei.

"Pourquoi ?" demanda-t-il.

Il leva les yeux vers moi avec attention. Que répondre à une question aussi vague ?

"Euh... parce que vous avez demandé à ce que je l'apporte ?"
fis-je, incertaine.

Je soulevai légèrement Hei Hei qui piailla mollement dans le vide.

"Certes, mais je le voulais rôti. Pourquoi croyez-vous que je vous ai laissé une heure ? C'était le temps de la cuisson ! Le cours de cet après-midi m'a donné une fringale de poulet."

Indignée, je plaçai Hei Hei hors de sa portée et reculai de plusieurs pas.

"Rôtir un poulet prendrait donc plus d'une heure ?" reprit-il, indifférent à ma réaction. "Oh, de toutes façons, le temps est une illusion tenace."

Pensif, il tapota la pointe de sa pipe contre son menton barbu.

"Je ne vais pas le cuire. C'est pas un barbecue sur pattes, c'est... c'est mon animal de compagnie !"

J'allais sans doute passer pour une folle, mais je devais défendre mon poulet bec et ongles -vu qu'il n'était clairement pas suffisamment intelligent pour le faire lui-même. En guise d'approbation, Hei Hei parvint à se tordre le cou pour gober une gomme sur le bureau d'Einstein. Ce dernier tira sur sa pipe et fit plusieurs ronds de fumée en l'observant. Finalement, il déclara d'un ton détaché :

"Très bien. Que diriez-vous de parler de votre problème en mangeant autre chose ?"

"Notre... problème ?" répétai-je, étourdie.

Perturbée, je tournai la tête vers Hermès avant de reposer les yeux sur Einstein. Avait-il déjà compris que nous étions d'une autre époque ? Etait-il aussi intelligent que le dieu des messagers le prétendait ? Si tel était le cas, il me bluffait carrément. Même s'il nous observait en fumant sa pipe d'un air appuyé, comme l'aurait fait un petit vieux.

"Je suis sûr que vous avez tout ce qu'il faut dans les cuisines, Miss Irving."

"Oui sans doute." répondis-je, même si je n'étais sûre de rien.

Je compris par ce biais que j'étais employée aux cuisines, ce qui ne me surprit qu'à moitié : étant donné que j'étais noire de peau et une fille, de surcroît, je ne pouvais pas être une étudiante. Cette constatation me fit grincer des dents mais je gardai la tête haute.

"Merveilleux !" lança-t-il, tout guilleret en se levant de son siège.

Il se dirigea vers son manteau qu'il enfila. Au lieu de me demander de rapporter quelque chose de comestible, il ajouta d'un air gourmand :

"Partons en exploration dans les placards ! Ca vous fera le plus grand bien. Vous n'êtes pas bien épaisse, Miss."

"Euh... bah..."

Le prix Nobel de la répartie revient à Vaiana de Motunui, octobre 1933. Je me grattai la tête et constatant qu'il galérait à mettre son bras dans la seconde manche, je l'aidai. Il me remercia d'un regard avant de quitter la pièce.

Profitant de ce bref interlude, je pivotai vers Hermès et chuchotai à toute vitesse :

"Notre problème ? Tu crois qu'il a tout capté ?"

Depuis le couloir, Einstein nous appela. Apparemment, la patience n'était pas l'une de ses qualités -surtout quand il avait faim. Je le rejoignis d'un pas vif. J'avais enfermé Hei Hei dans son bureau et même si je nourrissais quelques craintes, il m'assura qu'il y serait parfaitement en sécurité.

Une fois que nous l'eûmes rejoint, il ouvrit la marche d'un pas vif. Quand il le voulait, il avait la pêche.


CODAGE PAR AMATIS



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Mais oui, bien sûr! Je compte moins que Vaiana ou Athéna!


Hermès Express, pas de stresses, que des belles fesses.

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Deux choses sont infinies... {E=MC²+Hermes+Vaiana} - Page 2 _



________________________________________ 2020-11-02, 12:50


         
Infinitus
“C'est la personne humaine, libre et créatrice qui façonne le beau et le sublime, alors que les masses restent entraînées dans une ronde infernale d'imbécillité et d'abrutissement.” Albert Einstein.






J’avais terminé. Une fois fait, je me regardais dans un petit miroir. Ca m’allait plutôt bien. Mais en même temps, tout m’allait bien, c’était même Apollon qui l’avait dit. J’haussais légèrement les sourcils quand elle me déclara que j’étais… Sexy. Elle s’enferma dans ses paroles. Je l’observais, et je sentais mes joues devenir un peu plus rosé. Ca recommençait.
Un jour, il faudrait vraiment qu’on mette les choses à plat elle et moi. J’hésitais. Et si je le faisais maintenant ? Si je lui disais qu’elle était jolie, parce que je l’a trouvé super jolie ? Mais parallèlement… Je l’a perdrai. C’était évident. Elle fuirait, je la reverrai jamais, et je n’aurai plus que quelques amis. Je ne voulais pas ça. Surtout qu’on avait le droit de trouver des amies jolies. Je pensais beaucoup au mot jolie. Il fallait qu’il sorte.

« Toi, tu n’es pas sexy. Tu es jolie, c’est bien différent ! »

Je marquais une pause. Une très longue pause. J’avais bien dit ça. Mais elle poursuivit, en disant que c’était une vanne. Ah. Elle ne le pensait pas donc. Je rougis jusqu’aux oreilles cette fois-ci. J’avais honte, je voulais être ailleurs. C’était sur, si j’avais eu mes pouvoirs, je serai parti.

« Moi aussi c’était une vanne. Enfin t’es jolie. Mais pas comme la rosée du matin, ou tout ce genre de truc. Jolie comme une amie. C’est ça la blague. Tu l’as comprise ? »


Elle était évidente à comprendre. Ou… Pas tant que ça. Quoi qu’il en soit, le niveau de gène avait atteint son maximum. Un jour, il faudrait qu’on en parle me répétais-je.  Mais… Si je lui disais, je la perdrais surement. Je clignais des yeux. Bon sang, j’avais fait un tour complet dans mes pensées. Je n’aimais pas tourner en rond.

« Allons voir Albert, oui. »


Quand elle tapa dans ses mains, moi aussi je tapais dans mes mains. Parce que… Il fallait que je fasse quelque chose. Un truc, n’importe quoi. Mais quelque chose de pas trop stupide. Même si ça pouvait paraître stupide. Mes yeux se perdirent sur Vaiana. C’est vrai qu’elle était jolie et sexy dans cette tenue. C’était fou comme tout lui allait et… Oula. Oula… Qu’est ce qui se passait ?
Gardant mes réflexions pour moi, j’arborais un visage radieux, mais… incroyablement faux. Je ne savais pas faire semblant. A la place, j’affichais un sourire un peu bené qui ressemblait à un rictus d’enfant observant une friandise. Le cul de sac était devenu une caverne sans fond, et j’étais piégé à l’intérieur.
Finalement, Einstein parla de bureau encombré, d’idées encombré, de vide et de bureau vide. Moi, je n’avais que ce que j’avais dit à Vaiana en tête. Et j’avais toujours ce super sourire faux et abusé qui me faisait un peu passer pour un fou.

« Parce que si je trouvais le bureau beau, j’aurai aussi un bel esprit. »


Des milliers d’années à vivre, à penser, à débattre, à s’élever pour en arriver là. Je clignais des yeux. J’avais perdu mes pouvoirs, et visiblement, mon sens de la répartie et tout simplement mon bon sens s’était envolé avec. J’étais devenu fou ?

« Je… je veux dire, je vais ranger votre bureau et… »


Et… Qu’est ce qui me prenait ? Je regardais Vaiana, et je haussais les épaules. Il voulait faire cuire Hei Hei. Je mis mes mains sur la bouche, reprenant cette fois-ci un air tout à fait normal. Cette situation allait me sauver.

« On ne peut pas le manger ! Il est trop maigre. »


Il parla ensuite de problème. De cuisine et d’y aller pour que Vaiana y fasse quelque chose de bon. Enfin c’était ce que j’en avais compris. Je le regardais partir, sans trop le voir, car mes yeux étaient encore posés sur Vaiana. J’aurai pu loucher, j’aurai eu l’air tout aussi intelligent que Hei Hei à ce moment là.

« Tout capté ? Tu veux dire que je te trouve belle alors que je devrais pas ? 
»


J’inspirai. J’expirai. Il fallait que je reprenne le contrôle de la situation. Je me tournais vers Vaiana, je levais le doigt d’un air un peu accusateur, comme si c’était un peu de sa faute. D’ailleurs ça l’était.

« Je ne sais pas ce qui se passe. Je dois être victime d’un mauvais sort. Je ne suis pas comme ça d’habitude. Peut être que les dieux ne sont pas fait pour ne pas avoir de pouvoirs. Ca me rend un peu dingo. »


C’était faux, je le savais parce que ca m’était déjà arrivé de les perdre, et jamais je n’avais été aussi stupide. Mais un bon mensonge, c’était celui qu’on disait de manière convaincante.

« Je passe devant ! »


Je la poussais un peu. Hors de question qu’elle soit dans mon champs de vision pendant que je réfléchissais. Albert nous attendait, regardant sa montre à gousset en titillant sa moustache.

« Hé bien. J’en serai presque à penser, mon cher Scott qu’il s’agisse d’une histoire d’am... »


« D’amandes. »


Albert cligna des yeux. Je clignais des yeux. On était en plein absurdie, et je devenais le roi des lieux, entraînant tout le monde dans ma chute.

« Très bien. »


Il me dévisagea, puis jeta un coup d’oeil à Vaiana. Finalement avec un petit sourire en coin, il ne rajouta rien et tourna les talons. Me mettant à ses côtés, je ne jetais que de temps en temps des petits coups d’oeil à Vaiana pour vérifier qu’elle suivait bien. Beaucoup de personne nous dévisagèrent à notre passage, mais personne n’osa dire quoi que ce soit. Avec Albert, nous étions comme protéger.

« Je parlais de votre problème de relativité Scott. Vous étiez sensé me rédiger un papier là dessus, avec l’aide Miss Irving. »


Je baissais un peu la tête. Au moment où nous entrions dans la cuisine, je me tournai vers Vaiana. J’allais mentir. J’étais aussi le dieu des voleurs. Pas grand monde le savait, et peu de gens savaient ce que ça signifiait, moi y compris. Mais être un voleur, ça voulait aussi dire bien mentir.

« Nous y travaillons. Miss Irving se montre excellente en la matière. Vous avez eu raison de lui donner sa chance. »


Albert ouvrit la porte de la cuisine, et se tourna vers nous, un léger sourire sur les lèvres.

« Bien sûr. Tout le monde a le droit à sa chance à partir du moment où il s’en donne les moyens. Croyez vous que j’en serai là, si j’étais resté à boire des bières à Vienne avec mes amis ? »


Je ne répondis rien. Il n’avait rien à répondre. Sans plus attendre, il avança dans les cuisines, qui étaient assez moderne pour l’époque. Posant son manteau, il se lança directement vers les casseroles en remplit une d’eau et me regarda.

« Donc ! »

Il alluma le gaz, et nous regarda tous les deux, avec un air assez amusé.

« Je vous avais demandé de réfléchir au problème de relativité générale dont j’ai établi la théorie il y a des années. C’est toujours interressant de croiser des points de vu. Surtout quand… Ils viennent de cultures différentes. Parfois, on ne perçoit pas les choses de la même manière, suivant l’endroit où l’on se situe. »


Je ne comprenais pas grande chose. J’observais les petites bulles qui commençait à bouillir. A côté de lui, un sac de patte venait d’apparaître, qu’il avait pris dans un placard. Ah. On allait manger des nouilles. C’était universelle.

« Je vous ai mis avec Miss Irving, pour que vous compreniez le principe de gravitation. »


J’avais quelques bases scientifiques. Mais ça ne m’avait jamais vraiment bien intéressé. Même si certaines cultures me donnaient l’invention des poids et des mesures, qui étaient à la base de toute réflexion scientifique.

« Vous gravitez l’un vers l’autre. C’est évident. Et la relativité, c’est... »


Il plongea les pattes dans l’eau, et m’observa d’un œil amusé.

« Selon vous, Miss Irving vous fonce dessus. Selon elle, c’est l’inverse. Et selon moi, vous vous attirez l’un à l’autre, comme deux corps célestes ayant leurs forces de gravitation. »


Minutes minutes…. Qu’est ce qu’il était en train de dire ? Il pensait qu’on avait un crush ? Dans sa réalité à lui, nous étions…. Proches ?

« Tout dépend du point de vu de l’observateur, Scott. Il n’y a pas de référentiel commun. Passez une minute à tenir cette casserole bouillante, et cela vous semblera comme une éternité. Passez une minute à tenir la main de Miss Irving, et le temps filera à une vitesse impressionnante ! Vous comprenez ?... »


Je clignais des yeux.

« Lui, aussi. Il est relatif. Ce qui veut dire que… Si l’espace entre vous, l’est, et que la sensation de temps l’est aussi… Il ne forme qu’une seule entité. L’espace-temps. »


J’avais chaud. J’avais encore envie de partir. Non seulement cette situation me mettait mal à l’aise, mais en plus je ne voyais pas comment m’en sortir…

« D’accord… Mais… on fait des pattes pour quoi ? »


« Pour manger, Scott, seriez donc devenu stupide ? »


J’observais Vaiana et Albert. J’étais rouge comme jamais. Il fallait que je me défende. Que je dise quelque chose.

« On n’a aucune attirance l’un pour l’autre. »


Il me regarda, en tournant les pattes avec une énorme louche.

« Bien sur Scott. Ca confirme ma théorie. De votre point de vu. Et du votre aussi non Miss Irving ? Vérité absolue, vérifiée à 100 %. Albert gagne et les tourtereaux devraient enfin se dire ce qu’ils ont sur le coeur. »



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________________________________________ 2020-11-06, 15:32


La vie c'est comme une bicyclette...
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▼۞▼

Excellente en relativité ? Hermès s'était-il pris un coup sur la tête sans que je m'en aperçoive ? Il y allait un peu fort sur les compliments. Relativité... Je n'étais même pas certaine de ce que ce mot voulait dire. Je me creusais les méninges à ce sujet tout en marchant, et en prêtant une oreille attentive à ce que les deux lascars se racontaient.

Nous avions suivi Einstein jusqu'aux cuisines où il prit immédiatement ses aises. A croire que ça n'était pas la première fois qu'il s'y rendait en douce. Il poursuivit son monologue sur la relativité générale et je tentais d'avoir l'air impliquée autant que possible. Je me composais une expression faussement réfléchie, et l'agrémentai par moments par une main contre mon menton. Quelques mots venaient vers moi puis repartaient, comme principe de gravitation, relativité, corps célestes, référentiel, entité... Pourquoi utilisait-il des termes aussi compliqués ?

Curieusement, j'eus l'impression de saisir le sens global de ses paroles quand je les plaçai en perspective. Dès l'instant où je pris le parti de ne plus chercher à comprendre chaque mot, mais plutôt le sens global, tout devint limpide : Einstein voulait nous maquer. Hermès était devenu rouge pivoine. Il assura qu'il n'y avait aucune attirance entre nous et le professeur le confirma en affirmant tout le contraire. Il m'embrouillait, ce petit vieux. Subitement, je fus fascinée par l'eau qui bouillonnait.

"Il est temps de mettre les pâtes."
lançai-je d'un ton abrupt.

"Le temps est relatif, Miss Irving ! N'avez-vous donc rien écouté ?" fit-il, réprobateur.

"Peut-être, mais si vous attendez, il n'y aura plus assez d'eau dans la casserole."

"Plutôt que de critiquer ma façon de faire la cuisine, pourquoi ne feriez-vous pas une de ces fameuses omelettes dont vous avez le secret ?"

Ses yeux pétillèrent dans ma direction d'un air gourmand. Prise au dépourvu, je clignai des miens. Pour un peu, je regrettais presque le moment où il avait joué les entremetteurs. La cuisine et moi, ça faisait deux. Je ne savais presque rien préparer et les plats les plus simples, comme les pâtes, devenaient de la bouillie ou finissaient carbonisés. Je n'avais aucun talent culinaire. L'ironie du sort voulait qu'à cette époque, je sois un fin marmiton. Ma vie était géniale...

"Euh... oui, avec plaisir !" bafouillai-je.

Je lançai un regard désemparé à Hermès tandis que je rassemblais le plus lentement possible tout le matériel nécessaire. Lentement, car j'avais besoin de réfléchir à ce que je devais utiliser. Que fallait-il pour faire une omelette ?

"Des oeufs."
songeai-je à voix haute.

En plus, je devais donner l'impression de ne pas trop chercher puisque j'étais censée connaître ces lieux comme ma poche. Heureusement, les oeufs étaient posés dans un panier sur le rebord de fenêtre. Je les cassai à la chaîne dans un saladier et me mordis les lèvres en remarquant que j'avais fait tomber plusieurs morceaux de coquille. Je plongeai les doigts dans la mixture pour essayer de les enlever, en vain. Tant pis.

"Les coquilles, c'est source de calcium !"
assurai-je d'un ton expert.

J'attrapai une espèce de cuillère en bois lourde et plate pour les écraser, mais ce n'était pas évident avec le jaune et le blanc d'oeuf qui gesticulaient dans le saladier.

Ensuite, je tombai sur une bouteille de rhum dans un placard et décidai d'en verser quelques lampées.

"Omelette façon ambrée !"

Il fallait bien que je mette ma touche personnelle afin que ça sonne comme un plat des îles, non ? Je ne souhaitais pas décevoir Einstein. Visiblement, il attendait beaucoup de cette omelette. Il me faisait tellement confiance qu'il ne sourcilla pas en me voyant faire. Peut-être que lui non plus n'était pas grand connaisseur en cuisine.

Que fallait-il d'autre ? Du sel et du poivre ? Je saupoudrai généreusement la mixture, la mélangeai avec une fourchette, puis la versai dans la poêle chaude. Le liquide jaune crépita. Pendant l'espace de quelques instants, je crus avoir réussi. Agréablement surprise, je regardai l'omelette faire des bulles, mais bientôt, une odeur de brûlé envahit mes narines.

"Ah, comme d'hab."
soupirai-je, déçue.

Je baissai le feu mais malgré tout, l'omelette fut carbonisée en moins de trois minutes. Einstein observa la poêle d'un air accablé.

"Cyril Lignac serait indigné."

Je haussai les épaules. Je ne savais pas qui était ce monsieur. Sans doute un des collègues du professeur.

"La chimie n'a jamais été mon fort non plus." déclara-t-il en me tapotant l'épaule. "Et la cuisine, c'est de la chimie. Heureusement, il nous reste mes pâtes !"

L'eau bouillonnante débordait allègrement de la casserole depuis plusieurs secondes, mais cela ne semblait pas lui poser de problème.

"Mon petit, voulez-vous bien...?"

Il m'indiqua la casserole avant de s'asseoir à table.

"Laissez le jus. C'est meilleur avec du jus."

Il était vraiment bizarre. En plus je rêvais ou papy se mettait tranquillou les pieds sous la table en attendant que je le serve ? Si jamais Hermès faisait pareil, je lui renversais les pâtes sur la tête. Je me fis violence en réalisant que c'était une autre époque. Les années trente, ça n'était décidément pas ma noix de coco.

Prenant mon mal en patience, j'attrapai la casserole, claquai le contenu dans trois assiettes à l'aide d'une louche en faisant des parts plus ou moins égales. Je donnai ensuite une assiette à chacun d'un geste plutôt raide.

"Oh, c'est meilleur avec du beurre."
fit remarquer Einstein, presque boudeur.

"La théorie de la relativité, elle raconte quoi sur le beurre ?"
répliquai-je avec un soupçon d'aigreur.

"Elle dit que tout glisse mieux grâce à lui !"

Il m'adressa un sourire qui fit frémir sa moustache poivre et sel. Décidément, il avait réponse à tout. Même si j'étais agacée, je ne pouvais m'empêcher de le trouver amusant. A présent, il fallait que je me mette en quête du beurre. A première vue, les cuisines ne possédaient pas de frigo, ce qui était plutôt étrange. Ca n'existait pas encore ? Où garait-on le beurre en 1933 ?

"Herm... monsieur Scott, vous voulez bien m'aider à trouver le beurre ? Je suis sûre qu'un cuisinier a pris un malin plaisir à le planquer."

Autant qu'on soit deux pour chercher, ça irait plus vite.

"Vite, le temps presse ! Même s'il est élastique !"
lança le professeur tout en tapant sa fourchette contre la table d'un air impatient. O_o

J'attrapai Hermès par le bras pour l'entraîner dans l'arrière cuisine qui ressemblait à un immense placard blindé d'étagères. Le regard malicieux d'Einstein nous suivit jusqu'à ce que je ferme la porte. Je verrouillai le placard et me tournai vers Hermès. Etant donné qu'il était très près, je posai mes mains sur ses épaules le temps de le faire reculer, afin que nous obtenions une distance raisonnable.

"Apparemment, il n'est au courant de rien. Il n'a pas l'air d'être en mesure de pouvoir nous aider et en plus il raconte n'importe quoi."

A présent que nous étions seuls, je repensai malgré moi à ce qu'il avait dit lorsque nous étions dans la buanderie. J'étais jolie comme une amie... Qu'est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi tout semblait si confus dès qu'il ouvrait la bouche ?

"Depuis quand on est amis ?"
demandai-je, déroutée. "On n'est pas censé être employeur/employée ?"

J'avais beaucoup de mal à le suivre. Par moments, j'avais l'impression qu'il avançait beaucoup plus vite en pensées. Qu'avais-je fait pour mériter son amitié ? Je secouai la tête et plaçant les mains sur mes hanches, je me refocalisai sur le véritable problème.

"Il ne nous aidera pas à repartir. Alors, on fait quoi ?"

J'espérais qu'il aurait une idée lumineuse parce que j'étais aussi grillée que mon omelette, personnellement.


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________________________________________ 2020-11-07, 14:24


         
Infinitus
“C'est la personne humaine, libre et créatrice qui façonne le beau et le sublime, alors que les masses restent entraînées dans une ronde infernale d'imbécillité et d'abrutissement.” Albert Einstein.






J’étais complètement ailleurs. Je savais que je n’étais pas à la bonne époque, peut être pas dans le bon monde… Mais j’étais avec la bonne personne. D’ailleurs pourquoi je pensais ça ? Est-ce qu’Albert avait raison ? Est-ce qu’on s’attirait l’un et l’autre ? J’étais absorbé par cette réflexion, ça avait éveillé ma curiosité. J’essayais de me rappeler, depuis que j’avais rencontré Vaiana… Est-ce que j’étais vraiment attiré par elle…
Vaiana faitsait une omelette. Je la regardais faire, en silence, les mains sur le comptoir. Je l’observais en détails. C’est vrai, je la trouvais belle. Mais en même temps, beaucoup de personnes de Storybrooke étaient jolis. Je trouvais aussi qu’elle avait du charme. Un Je-Ne-Sais-Quoi, qui faisait toute la différence. Comme une épice rajoutée avec subtilité dans un plat inattendu… Je clignais des yeux, et je m’ébrouais. Non. C’était impossible. Je n’aimais, et je n’aimerai surtout, plus jamais personne. Je me l’étais promis. De toute façon, même si ce n’était pas de l’amour, c’était quand même hors de question.
Je faisais toujours trop de dégâts. Et puis, c’était mon employé… Ca sentait le cramé. Au sens propre et au sens figuré. Je venais de me rendre compte, qu’effectivement, j’avais été plusieurs ambiguë sans le vouloir. Mais je n’avais pas fait exprès. j’agissais toujours d’instincts… Je devais être clair avec elle. Avec tout ça. Une bonne fois pour toute.
Mes narines se dilatèrent un peu. Ca sentait aussi le cramé en vrai.

« Mais non, je suis sûr que ça va être très bon ! »


J’avais la ferme intention de parler de ça avec Vaiana et… Finalement, j’avais juste sorti que ça devait être très bon. J’avais menti. Sans faire exprès d’ailleurs, car je savais que ça serait tout sauf bon. Pourquoi je lui mentais ? Pourquoi j’avais envie de la protéger de tout et ?… Minutes…

« Cyril Lignac serait indigné. »


Je tournais la tête de manière un peu sec vers Albert. Je connaissais Cyril Lignac. Pour la simple et bonne raison, que j’adorai les émissions de cuisines. Et que les meilleurs étaient françaises. Je savais très bien de qui il parlait. Mes yeux se plissèrent face à Albert. Peut être qu’il s’agissait de quelqu’un qui avait aussi ce nom à cette époque ?
C’était peu probable. Parce que nous étions sensé être aux Etats-Unis, et que des Cyril Lignac, célèbres cuisiniers, ça ne devait pas courir les rues. Non. Tout devenait un peu plus clair et je commençais à comprendre.
Nous n’avions pas voyagé dans le Temps. C’était quelque chose de technique improbable, même pour Vaiana et moi. Seuls quelques divins pouvaient y arriver… Et j’aurai du avoir mes pouvoirs.

« Hadès... »
murmurais-je.

C’était sûrement de sa faute. C’était sa fête. Et c’était aussi le seul que je connaissais qui était en mesure de supprimer mes pouvoirs. J’observais calmement les alentours, à la recherche d’un détail ou d’un autre anachronisme qui pouvait me donner la confirmation que nous étions dans une illusion.

« C’est meilleur avec du beurre. Et en 1933, on le mets dans un... »


J’allais dire beurrier. Mais je n’eus pas le temps de finir ma phrase que Vaiana m’attrapait déjà par le bras. Je devais me débattre, ne plus avoir aucun contact physique pour que rien ne soit plus jamais ambiguë… Mais au final, j’avais juste un peu rougi. C’était agréable, et je me laissais faire… Je n’étais même pas capable de tenir mes propres promesses…
Elle nous enferma dans le placard. Pourquoi faisait-elle ça ? Je la regardais. Mes yeux se perdirent dans ses cheveux. Je n’écoutais qu’à moitié ce qu’elle me racontait. Même, je n’écoutais pas du tout. Je devais lui dire que c’était louche entre nous. Que je n’étais pas comme ça avec les autres filles. Et aussi, que Albert était louche, et que nous avions pas voyagé dans le Temps, mais que nous étions dans une illusion...Raaah ! Tellement de chose à dire ! Quel était le sujet prioritaire ?

« Partir ? Partir où ? »


Je clignais des yeux. Je n’avais pas réussi à me décider. Bon. Je soupirai, et je regardais autour de moi. Je n’aimais pas trop les espaces clos. Je commençais à geindre un petit peu. Ma main passa dans le col de mon t-shirt. Je commençais à transpirer.

« Tu veux pas qu’on parte plutôt d’la ? »


Je n’aimais vraiment pas les endroits clos. Ma main se referma sur la poignée de la porte. J’allais sortir. Et quand j’allais sortir, je n’aurai jamais réglé les deux problèmes du moment. J’aurai fui. Encore et encore… Comme toujours… Finalement, avec douceur, je lâchais la poignée. Je prenais mon courage à deux mains. J’inspirai. J’expirai. Ca allait le faire. Bizarrement, là tout de suite maintenant, j’avais qu’Héra vienne me sauver de cette situation.

« Ecoute Vaiana... »


Oui, j’allais commencé comme ça. En fait, je m’en fichais d’être bloqué ici, avec elle. Au contraire, intérieurement je savais que j’étais bien là. D’ailleurs, je me rendis compte qu’avec elle, j’avais moins peur que si j’avais été seul.

« Je pense que tu te poses trop de questions. Tu veux pas laisser faire un peu les choses ? Je t’ai donné un job, tu l’as eu. Il se trouve que le navire dérive vers la relation amicale… C’est pas plus mal non ? »


Voilà. J’avais bien parlé. J’avais tout avoué. J’avais dit qu’elle me troublait, que c’était bizarre quand elle était là, et que je rougissais à tout ce qu’elle pouvait me dire. Je l’avais dit non ?


« Et puis, tu sais quoi, je m’en fiche. Si tu crois ce vieux fou, quand il dit qu’on s’attire, c’est ton problème. Pourquoi t’accorde tant d’importance à quelqu’un qui n’est même pas réel ? »


Oulah. J’avais tout mélangé. Et en plus je m’étais fâché. Et je savais que ce n’était pas bien du tout. Mais alors pas bien du tout. Je m’énervais à chaque fois que la situation m’échappait, comme avec Athéna et Galatée… Ma main trembla légèrement le long de mon corps.

« Désolé, pardon. Je voulais pas dire ça sur ce ton… Ce que je veux dire, c’est que… Oui, j’aime bien quand on passe du temps ensemble, en tant qu’employé, ou en tant qu’ami. Mais... »


Ma main qui tremblait avait arrêté, et s’était refermée sur son poignet.

« Mais je sais qu’il y a eu trop de malentendus depuis qu’on se connaisse pour que ce soit un hasard. Mais… J’ai pas envie d’y réfléchir pour le moment. Je suis bien, là avec toi. Tu savais que j’étais claustrophobe ? Bah… Là, depuis qu’on parle, je ne ressens rien. »


Je marquais une pause.

« Non je ressens des trucs ! Je veux dire pour toi, mais je ressens rien pour la claustrophobie et... »


J’ouvrais la bouche. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Alerte maximale. Ma main la lâcha. Changement de sujet. Vite. Urgent.

« C’est pas le vrai Albert Einstein. »

Et, sans rien ajouter, je m’étais saisi d’un énorme jambon sec qui trônait dans le placard. J’avais regardé Vaiana une dernière fois et j’avais ouvert la porte. Marchant d’un pas rapide, j’avançais vers Albert et…

« Tiens Scott ! Oh excellente idée ce jamb... »


Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase qui le ramassa en plein visage. Il bascula de sa chaise en arrière en hurlant.

« MAIS ! HERMES ! QU’EST CE QUE TU FOUS BON SANG ? T’ES DEVENU MALADE OU QUOI ? »


Etonnant… Je m’avançais vers lui. Je n’étais pas un guerrier né. Je n’aimais pas me battre. Mais je savais. J’étais un survivant. J’avais du apprendre. Le regard farouche, j’avais totalement changé d’attitude. Saisissant Albert au sol par le col de sa chemise, je l’avais soulevé pour le coucher sur la table. Assiettes, casseroles et autres ustensiles volèrent en éclat.

« Mais qu’est ce qui t’prends ! »


« Toi. Qu’est ce qui te prends de subitement m’appeler par mon vrai nom. Qui es-tu ? Lequel de mes frères se cache sous cette face ridée ? »


En fait, je commençais sérieusement à devenir méchant et à monter dans les tours. Car, si c’était Dolos, j’avais deux ou trois choses à lui dire. Cette idée m’avait traversé l’esprit au départ, et devenait peu à peu une certitude.


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________________________________________ 2020-11-10, 18:08


La vie c'est comme une bicyclette...
... il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre. (Albert Einstein)
▼۞▼

En moins d'une minute, j'avais dû faire face à beaucoup d'informations contradictoires : Hermès était claustrophobe (sauf quand je me trouvais enfermée avec lui), il ressentait des trucs pour moi (il me l'avait confirmé) et il était persuadé que nous n'avions pas à faire au vrai Albert Einstein. J'ignorais sur quelles hypothèses il se basait pour affirmer ce dernier point et je n'eus pas le temps de le lui demander car il se rua hors de l'arrière cuisine armé d'un jambon sec.

Intriguée, je le suivis. C'est vrai que ça pouvait être pas mal pour accompagner les pâtes trop cuites mais...

Je stoppai net en voyant Hermès se servir du jambon comme d'une batte de baseball et cogner Einstein en plein visage. La violence du choc renversa ce dernier de sa chaise dans un grand cri, mélange de surprise et de douleur. Hermès ne lui laissa pas le temps de récupérer ; il le saisit par le col de son pull et l'allongea sur la table, envoyant valser vaisselle et couverts sur le sol.

"Mais qu'est-ce qui te prend ?"

Je me posai la même question que lui. Déconcertée, j'en avais avalé ma langue pourtant bien pendue, d'ordinaire. Hermès était passé en mode interrogatoire. Il ne l'avait pas lâché et gardait levé le jambon d'un air menaçant. Son regard habituellement doux et aérien était devenu implacable. Il me faisait carrément flipper. Heureusement qu'il n'avait plus ses pouvoirs, sans quoi je n'aurais pas donné cher du vieux monsieur.

Le pauvre Einstein avait levé les mains en signe de bonne foi. Des spaghettis s'étaient collés sur ses doigts pendant le carnage.

"Penses-tu vraiment que je suis l'un de tes frères et que je m'amuse à te jouer un vilain tour ? Voyons, Hermès, un peu d'imagination...!"

Même si j'étais choquée par sa manière de procéder, j'étais bien obligée d'admettre que les choses étaient louches.

"Vous savez qui nous sommes ?" demandai-je, à la fois perplexe et suspicieuse.

Malgré ses entraves, le professeur acquiesça.

"Aussi sûr que je le suis de ma théorie sur la relativité générale. Vous êtes étonnants, tous les deux. Chacun à votre manière. Et ensemble, vous faites des étincelles."

S'il recommençait avec sa loi de l'attraction et tout le tintouin, je l'assommais. Heureusement, il n'en fit rien.

"Vaiana de Motunui. Vos ancêtres étaient Explorateurs, de grands et vaillants voyageurs."

Il eut un sourire rêveur, comme si ses yeux s'ouvraient sur des rivages inconnus jusqu'alors. Puis, brusquement, ses sourcils se froncèrent.

"Comment vous pouvez savoir tout ça ?"
m'enquis-je, de plus en plus perplexe et méfiante.

"Excellente question ! Comme d'habitude Miss Irving, vous êtes pertinente ! Je m'interroge. Je n'en ai pas la moindre idée. Ce savoir se déverse en moi comme un flot ininterrompu."

"Arrêtez de m'appeler Miss Irving." fis-je remarquer, déroutée. "Vous connaissez mon vrai nom."

"Etes-vous certaine que Vaiana soit votre véritable identité ? Sur quoi vous appuyez-vous pour établir une telle conclusion ?"

Je passai ma langue au bord de mes lèvres. Il soulevait un point intéressant. Flippant, mais intéressant. Et si mon existence avait été un mensonge depuis le début ? Et si ma vraie vie se trouvait ici, en 1933 ? Ce serait déprimant en plus de tout le reste, car je n'avais pas l'impression qu'en dehors d'Einstein, les gens de cette époque m'appréciaient. Et Hermès, dans tout ça ? Croyait-il à tort être un dieu ? Avait-on tout inventé pour rendre nos existences plus trépidantes ?

"Ca me rappelle un film que j'ai vu y a pas longtemps et qui m'a collé mal au crâne... Matrix, je crois que ça s'appelle."
grommelai-je en me massant la tempe.

"Oh, excellente trilogie. Mais si vous voulez mon avis, les Wackowski se sont surpassés avec Cloud Atlas." souligna Einstein sur le ton de la conversation.

Il marqua une pause avant d'ajouter :

"Je n'ai aucune idée de ce que veulent dire les mots que je viens de prononcer."

Il paniquait, cela se voyait dans ses yeux incroyablement intelligents. Il paniquait car il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Lui qui pourtant parvenait à saisir le sens entier de l'univers, ou peu s'en faut.

"Voulez-vous bien me lâcher, mon garçon ?" demanda-t-il avec un calme exemplaire à Hermès. "Jamais vu un assistant aussi dissipé. Je le signalerai dans mon rapport du mois, j'en suis navré Scott."

"Ouais, lâchez-le, Boss." appuyai-je tout en tapotant le bras de Hermès. "Ca se voit qu'il capte pas ce qui lui arrive. Quelqu'un nous manipule tous et doit bien rigoler."

Je lançai un regard à la cuisine toute entière, m'attendant presque à repérer une caméra cachée au coin d'une poutre.

"On est dans la mouise." déclarai-je avec une moue. "Mais faut voir le bon côté : on a le grand Albert Einstein dans notre team ! On va s'en sortir !"

Il allait forcément trouver la solution avec une formule mathématiques. C'était à ça que ça servait ces machins, non ? Trouver des solutions théoriques à des problèmes pratiques.

Einstein força un sourire par-dessous sa moustache. Quant à moi, je jugeai plus prudent de prendre le jambon sec des mains de Hermès.

"Je confisque." décidai-je d'un ton ferme. "Ca serait bête d'abîmer le cerveau du groupe, quand même."

Croyait-il toujours que le professeur n'était pas réel ? Etant donné que nous étions piégés, je trouvai plus malin d'unir nos forces. On aviserait ensuite.

Soudain, le regard du vieil homme se posa sur moi, soucieux et réprobateur.

"J'espère bien que vous n'allez pas continuer vos mauvaises habitudes, jeune fille ! Ca déplaît beaucoup à tonton Albert tout ceci !"

J'ouvris des yeux ronds. Tonton Albert ? Il commençait à devenir un peu trop familier. En plus, il risquait de parler de mes problèmes de drogue. C'était sûrement ce à quoi il venait de faire allusion. Je décidai de ne pas me laisser faire. De plus, je n'avais pas spécialement envie qu'il en fasse étalage devant mon patron.

"Balayez un peu devant votre porte avant de me faire la morale." lançai-je. "Je suis sûre que vous n'êtes pas tout blanc, monsieur Einstein !"

"Certes, j'ai commis des mauvais pas dans ma jeunesse, mais tout de même ! Vous promener en petite tenue à Seattle en pleine nuit, c'est un peu fort ! J'espérais mieux de vous, miss Irving !"

Que... quoi ? Suffoquée, je le fixais tandis qu'il croisait les bras. Tout compte fait, il ne savait pas pour la drogue. Il venait de balancer un truc ENCORE PIRE paradoxalement. Qu'allait penser mon boss ? Il allait se dire que je n'étais pas quelqu'un de sérieux.

"J'étais bourrée cette nuit-là..."
marmonnai-je en guise de justification.

Ce qui n'arrangeait absolument rien, mais je préférais passer pour une ivrogne plutôt que pour une nana qui se déshabille pour un oui ou pour un non.

"On pourrait revenir à ce qui nous concerne tous ?"
fis-je en me grattant la tête, embarrassée.

Einstein continua de m'observer d'un oeil réprobateur. Je sentis mes joues s'empourprer. Avec un peu de chance, Hermès était devenu sourd pile à ce moment-là et n'avait rien entendu.


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________________________________________ 2020-11-11, 14:21


         
Infinitus
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Il n’y avait plus rien de brûlant dans mes yeux. Ca c’était éteint. Je ne sais pas ce qui m’avait pris, mais la perspective d’avoir mon frère en face de moi, m’avait quelque peu rendu fou. Je l’avais lâché, doucement. Puis j’avais tourné ma tête vers Vaiana. C’était elle qui m’avait ramené sur Terre, à la raison, en me tapotant l’avant bras. Je tournais la tête vers Vaiana, fronçant légèrement les sourcils. Mon côté enfantin m’avait quitté, car… En vérité, cette fois-ci, je commençais véritablement à paniquer.

« Ce n’est pas Albert Einstein. Il t’a nommé, et il sait précisément qui tu es. Je pense qu’une poignée de personne sont au courant à Storybrooke et Olympe… Que tu descends des Explorateurs. »


Albert fit des siennes. Devenant un peu plus autonome au fur et à mesure que les minutes s’écoulèrent. Vaiana m’avait pris le jambon des mains, mais j’étais déjà ailleurs. J’avançais doucement vers les murs de la cuisine, et passait ma main dessus. Cela semblait si réel. Et… Très peu de personne était en mesure de créer des illusions de ce niveau. Je regardais le mur, les sourcils fronçaient, comme un expert. Mais… Je n’y voyais rien de plus normal.
Il n’y avait pas d’issus. Et la seule solution, était d’interroger celui qui parlait.Je revenais pile au moment où Albert parla d’une sortie en petite tenue de Vaiana. Caressant ma barbe naissante, pensif, je haussais soudain les sourcils en regardant Vaiana rougir. Albert lui, croisait les bras et semblait content de son petit effet.

« Tous ceux qui errent ne sont pas perdu. »


J’aurai pu me moquer de Vaiana. J’aurai pu relever, j’aurai pu ne rien dire ou faire comme si je n’avais rien compris ou rien entendu. Non. J’avais dit ça, tout simplement. Quelqu’un m’avait dit cela, il y a très longtemps. Quelqu’un de très proche. Et je m’y étais accroché, tous les jours de cauchemars que j’avais vécu avant d’arriver dans ce monde. Et, j’aimais bien la partager. Elle allait bien à Vaiana. Je lui adressais un sourire rassurant, apaisant. J’avais changé d’attitude. Tout simplement parce que, s’il n’y avait eu que moi, j’aurai moins paniqué. Là, il y avait quelqu’un que j’aimais bien avec moi, et il était hors de question qui lui arrive quoi que ce soit.

« C’est une belle phrase ça Scott ! Faut vraiment la noter au concours des plus belles ci... »


« Stop. »

J’avais levé mon doigt, vers lui. J’avais dit ça d’une voix sans appel. Nous étions toujours des dieux au fond de nous. Même si je n’avais plus mes pouvoirs, j’étais quand même né comme ça. Et l’aura que je pouvais dégager en parlant, qui me donnait un certain charisme, elle, restait. Je fixais Albert, avec le même regard froid qu’un rapace qui est en train de chasser.

« Maintenant, tu te tais. Tu m’empêches de réfléchir. Et tu restes là. »


Albert avait roulé des yeux. J’avais pris Vaiana par le poignet pour la mettre à l’écart. Je murmurais doucement.

« Ca va ? »


Je l’observais, l’oeil inquiet. Après tout, le temps passé ici commençait à être long. Trop long pour un canular. Et je voulais savoir si elle allait. Je sentais, qu’elle avait peur qu’Albert ne continue à révéler des vérités sur elle.

« Nous avons tous nos secrets, tu sais. »


J’avais compris, qu’elle s’était précipité, pour voir jusqu’où Albert pouvait allé. Et j’avais vu, passé dans ses yeux une certaine inquiétude.

« Je ne suis pas ici pour te juger de quoi que ce soit. Nous faisons des erreurs, c’est comme ça qu’on avance… Bien. Il faut absolument sortir d’ici. »


Je regardais autour de nous. Cherchant une faille, un éclat, quelque chose qui n’aurait pas dû se trouver là. Un indice. Inconsciemment, j’avais posé ma main sur l’épaule de Vaiana au moment où je lui avais demandé si elle allait. Je ne voulais pas qui lui arrive du mal. Albert nous regardait de loin, et finalement me regarda avec un sourire en coin.

« Tu t’en rappelles hein ? Quand tu es arrivé là ! Mais si. Tu pleurais. Je m’en souviens moi ! »


C’était à moi qu’il parlait. Ma main s’était légèrement serré autour du bras de Vaiana.

« Ne lui réponds pas, et ne le regarde pas. Ignore le. »


J’avais un visage… Apaisé, et apaisant. Comme quelqu’un que les mots ne pouvaient plus attendre désormais. Il ne fallait pas que je flanche. Je voulais que Vaiana se sente en sécurité du moment que j’étais là. La rassurer, et sortir, c’était les deux seules choses que j’avais en tête.

« Tu gémissais… C’était trop mignon ! Pourquoi moi, pourquoi moi, pourquoi moiii ! Tu te souviens ? »


Mon regard s’était tourné vers lui, tout doucement. J’avais lâché l’épaule de Vaiana. Comment il savait ça ? J’étais seul, ce jour là, c’était certains. Je m’en souvenais. Comme d’hier. D’ailleurs, ma vue se fit un peu plus trouble, et ma gorge se noua légèrement. Non. Il était hors de question que je pleurs devant elle.

« D’ailleurs, je me rends compte que, maintenant que j’ai une vision d’ensemble du temps… Ma théorie est toujours valable à ton époque Scott la Pleureuse. La relativité s’applique encore et je suis toujours aussi célèbre ! »


Hermès détourna la tête, l’ignorant totalement. Il ne savait pas s’il était en train de délirer, ou s’il le faisait exprès. D’ailleurs, il était persuadé qu’il n’était pas du tout Albert Einstein. Donc, tout ce qu’il pouvait dire par rapport à tout ces travaux ou autres, ne le touchait absolument pas. Il préféra l’ignorer, préférant regarder ailleurs, cherchant la solution…
Mais, soudain, deux ballons rouges apparurent. Un dans sa main, et un dans celle de Vaiana.

« Vous avez un magnifique ballon rouge. »
 


Hermès se tourna vers lui. Il était certains que la minute d’avant, ce ballon n’était pas dans sa main. Aussi, il essaya d’utiliser ses pouvoirs. De les forcer. Il se concentra, au maximum pour faire venir son armure. Mais rien ne vint… Il serra un peu son ballon et attrapa Vaiana par la manche. 

« Ne le lâchez pas, sinon vous ne pourrez pas repartir. Et... »


Il se stoppa nous fixa et nous regarda à tour de rôle, en s’avançant lentement et en affichant un Grand Sourire.

« Et ça serait dommage, n'est ce pas ? »


Il souriait. Beaucoup. Beaucoup trop. Ca allait mal finir, cette histoire. Pouvoir ou pas pouvoirs, ce n’était qu’un vieux monsieur, et il était encore dans un physique dans la force de l’âge. Mais il sentit la main de Vaiana serrer sa manche.  Son regard se porta immédiatement sur elle, interrogatif.



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________________________________________ 2020-11-11, 19:01


The highway's jammed with broken heroes...
... On a last chance power drive. Everybody's out on the run tonight but there's no place left to hide. (Bruce Springsteen)
▼۞▼

J'étais partagée. Je ne savais qui croire entre Hermès et Einstein. Les deux semblaient sincères. Depuis le temps, j'avais appris qu'il ne fallait pas se fier aux gens qui paraissaient les plus gentils. Je n'étais plus quelqu'un de naïf. J'avais appris de mes erreurs.

Hermès maintenait qu'Einstein était un imposteur, mais le professeur avait souligné que tout ne pouvait être qu'une grande imposture. Par conséquent, Hermès pouvait très bien être le mirage dans toute cette histoire. C'était peut-être lui qui n'était pas réel, et qui n'en avait pas conscience. Un mal de crâne me saisit. Tout ceci était extrêmement complexe. Je n'étais pas taillée pour ce genre d'aventure.

La prochaine fois, un peu moins de réflexion et un peu plus d'action, ça serait génial
, songeai-je en mon for intérieur.

Hermès m'avait emmenée un peu à l'écart dans la cuisine, de sorte à ce qu'Einstein ne nous entende pas, et me demanda si j'allais bien. Je l'ignorais. C'était une question trop vague pour quelqu'un qui se camait la moitié du temps. La théorie du bad n'était plus à exclure. Jamais je n'en avais eu un aussi élaboré mais parfois, je planais suffisamment que créer un tel délire n'était pas improbable. Peut-être que je me surestimais un chouilla, tout de même.

"Je ne suis pas ici pour te juger de quoi que ce soit. Nous faisons des erreurs, c’est comme ça qu’on avance..."

J'esquissai un demi sourire reconnaissant à Hermès. Il ne jugeait pas mes actes passés. Ca faisait un bien fou. Et d'un autre côté, le moment aurait été très mal choisi, de toutes façons. Sa main était posée sur mon épaule et ce geste ne me dérangeait pas outre mesure. Au contraire, ça m'apaisait.

Puis, Einstein se mit à parler de façon étrange, tout en souriant.

"Tu t’en rappelles hein ? Quand tu es arrivé là ! Mais si. Tu pleurais. Je m’en souviens moi !"

Je sentis la main de Hermès se serrer brusquement autour de mon épaule. Je grimaçai sans cesser de le regarder, mi-anxieuse, mi-intriguée.

"Ne lui réponds pas, et ne le regarde pas. Ignore le."

Mais ça n'était pas à moi qu'il parlait, c'était à lui. Et je voyais clairement que cela lui causait beaucoup de souffrance. Le professeur faisait remonter de douloureux souvenirs à la surface. Hermès tentait de demeurer de marbre. Il finit par lâcher mon épaule et pivoter vers lui. Je réfléchis. Einstein faisait-il allusion au jour où Hermès était arrivé dans ce monde, lorsqu'il avait été éjecté du sien ? Il avait dû passer par tant de peine... Malgré moi, je commençai à l'imaginer en train de pleurer, comme le décrivait le vieux monsieur. Cela n'avait rien de honteux, c'était juste... immensément triste.

"Vous avez un magnifique ballon rouge."

Je tressaillis. Pile au moment où il avait prononcé ces mots, je me rendis compte que le jambon que je tenais avait disparu au profit d'un ballon rouge. Hermès en avait un aussi. Il m'agrippa par la manche. Einstein nous fournit des indications, visiblement très content de lui.

"Ok, j'admets qu'il a un comportement louche, maintenant." déclarai-je, pleine d'appréhension.

Comment avais-je pu me laisser berner ? Je jurai mentalement contre ma propre stupidité. J'étais furieuse d'avoir cru en la mauvaise personne. Tout compte fait, j'étais toujours trop naïve.

La prochaine fois, écoute le dieu qui est dans les parages. Ils savent tout mieux que toi, pensai-je sombrement.

"Ca c'est bien vrai ! Il faut toujours écouter ses aînés !" appuya Einstein comme s'il m'avait entendu. "D'ailleurs Hermès, ça ne te dérange pas de jeter ton dévolu sur une si jeune personne ?"

Il écarquilla les yeux vers le dieu en plaquant une main contre sa bouche, faussement choqué. Puis, il eut un petit rire et me lança :

"Et toi, mon petit, pourquoi tu ne lui as pas fait confiance quand il t'a dit de te méfier de moi ?"

Quoi ?! Furibonde, j'ouvris la bouche pour protester mais il me coupa la parole :

"Je vais te le dire : sûrement parce qu'il n'inspire pas la confiance. Sous ses beaux atours, sa tête de premier de la classe, il n'est qu'un petit oiseau apeuré."

Einstein posa un regard plein de mépris sur Hermès, même si une lueur sournoise brillait dans ses yeux. Une lueur dérangeante.

"C'est faux." rétorquai-je, pleine de défi. "Il est super courageux. Il vous a affronté à coup de jambon, il n'a pas eu peur de vous une seconde !"

"Ca, c'est pas du courage, c'est de l'inconscience."
sourit-il de toutes ses dents.

Puis, il sortit tranquillement une sarbacane de sa poche. Il ne comptait tout de même pas...?

Je n'eus pas le temps de réagir qu'il tira vers mon ballon. Heureusement, il le loupa.

"Arf. J'ai jamais été doué pour viser." fit-il, dépité. "Mais bon, on peut recommencer ? N'est ce pas ?"

On pouvait refuser ?

"Et si votre ballon fait boom, vous resterez ici à jamais !"

Il semblait s'éclater à vouloir nous mettre game over. Je n'allais pas remettre sa parole en doute : ces ballons, c'était notre porte de sortie. Sinon, il n'aurait pas pris un malin plaisir à vouloir les exploser.

"On s'arrache !"
m'écriai-je.

J'attrapai la main de Hermès -au cas où un des deux ballons finirait éclaté- et courus à toute allure. Nous sortîmes de la cuisine en trombe et je manquai de déraper sur le sol. Me rétablissant en vitesse, je m'élançai vers le couloir.

"Mais ne courez pas, je n'arrive pas à viser quand on court !"
se plaignit Einstein, qui nous poursuivait, évidemment.

Un autre sifflement se fit entendre près de mon oreille et j'accélérai l'allure, serrant davantage la main de Hermès dans la mienne. Soudain, des lettres clignotantes apparurent sur une porte. Il était écrit :

PAR ICI LA SORTIE

Etait-ce un piège ? La seule manière de le savoir, c'était de foncer tête baissée.
Et ça, c'était le genre d'aventure qui me bottait.


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________________________________________ 2020-11-12, 22:15


         
Infinitus
“C'est la personne humaine, libre et créatrice qui façonne le beau et le sublime, alors que les masses restent entraînées dans une ronde infernale d'imbécillité et d'abrutissement.” Albert Einstein.






Sans réfléchir, je courrais. Encore et encore. Je n’avais pas tellement l’habitude de courir. Je préférais généralement fuir en volant ou en me téléportant. Mais… C’était quand même une de mes spécialités. Partir. Quitter un endroit chaotique pour trouver un havre de paix. Et à chaque fois, mon instinct ne m’avait jamais fait défaut. A chaque fois, je m’en étais sorti. Alors… Pourquoi pas aujourd’hui ? Encore une fois ?
Sans rien dire, ni même pensée une seconde de plus, j’ouvrai la porte, saisissant Vaiana une énième fois par la main et traversant cette dernière en trombe.
Je courrais tellement, que je tombais avec elle, au milieu de la salle de la Mairie. Je mis quelques instants à me rendre compte d’où j’étais, et qui j’étais vraiment. Tout revenait petit à petit… Mes pouvoirs, surtout. Immédiatement, je balayais la salle grâce à ses derniers, évaluant les présents, et essayant de détecter la moindre anomalie. Rien d’anormal. Je voyais Hadès, et des membres de la mairie agités, et des habitants qui revenaient de la même manière que nous. Bientôt, de fut l’enfer, le vrai. Et Hadès était au milieu. Ecoutant les plaintes de chacun, avec plus ou moins d’assiduité. Le bruit monta d’un cran, puis encore d’un autre.
Je détestais le bruit. Je détestais la foule. Je me relevais, péniblement. J’avais du mal à tout identifier. Auras, voix, visions, Vaiana.
Son visage, était le seul qui était net, à mes yeux et maintenant. Chose étrange. C’était apaisant… Mais pas assez. Je fis une nouvelle grimace, car l’intensité monta d’un cran. Sans un mot de plus, ma main retrouva celle de Vaiana et je marmonnais.

« On s’en va d’ici. »


L’instant suivant, nous n’étions plus là. Je nous avais emmené loin, très loin de tout ça. Nous étions au milieu de la Forêt de Storybrooke, non loin de ma maison et celle d’Héra. J’étais apparu là, car c’était le premier endroit qui m’était venu à l’esprit. J’observais autour de moi… Il n’y avait pas beaucoup de bruit. Seuls quelques hiboux se faisaient entendre, ainsi que les bruits des feuilles soulevés par le vent. La lune nous éclairait, et commençait à bien passer à travers les arbres qui perdaient leurs feuilles.

« Est-ce que ça va ? »


J’avais lâché sa main, par instinct. J’avais encore très bien en mémoire les moindre détails de ce qui venaient de se passer. Je l’observais, réellement soucieux de savoir si elle allait bien. J’avais l’habitude, personnellement de passer du chaos à la sérénité. D’ailleurs je remarquais que c’était le premier réflexe qui m’était venu.

« Je veux dire… C’était étrange. Tu n’es pas blessé ? Oh. Rassure toi, nous sommes dans la Forêt de la ville. Je nous y ai emmené. C’est bien plus calme que la Mairie… C’est juste pour souffler. »


C’était étrange. De passer une porte, de revenir à la réalité, et de la fuir. Mais c’était dans nos pouvoirs… Enfin, au moins les miens. Je plaignais ceux qui avaient du partir avec leurs jambes et traverser toute cette foule. Ca m’angoissait rien que d’y pensait. Doucement, j’avais levé mes mains devant moi. Au loin, on entendait un hibou chantait à nouveau.

« Ok. Ok ok ok ok ok… Bon. »


Je gardais mes mains devant moi, pour me donner un peu de contenance.

« Alors, je ne sais pas ce qu’on a vécu. Mais… C’était bien réel. Ou du moins ça le semblait. Je te propose d’attendre avant de résoudre ce mystère ? Hadès doit avoir une idée, mais… Je crois qu’il est débordé. On va souffler un peu, j’irai demain et je te dirai si ça t’intéresse... »


J’évitais à tout prix de rappeler ce que je lui avais dit avant de passer la porte. Mais… En même temps… Je devais. Pour elle. Il fallait que j’arrête de fuir. Je prenais mon courage à deux mains. D’ailleurs, je les joignais devant moi comme un sage pour me donner du courage.

« Bon. On a vécu un truc particulier. On a… Comment dire. On a partagé beaucoup en pas très longtemps. On s’est dit des choses. Je t’ai dit des choses. Et… Je regrette rien. »


Mon regard s’était acéré. Mes yeux étaient bien visible, clair et bleu reflétant la lune. Fixes, dans ceux de Vaiana.

« Depuis qu’on se connaît, y’a beaucoup de malaises. Mais… J’aime bien quand c’est comme ça. On est entier l’un envers l’autre. On essaye de montrer le meilleur de faire des efforts, mais notre vraie nature revient au galop. Et ça créer des malaises, des quiproquos et tout un tas de trucs bizarres... »


J’avais levé les mains au mot bizarre et je les avais agité comme des marionnettes. Bon, je devais un peu paraître stupide. J’inspirai et j’expirai.

« Ce que je veux dire, c’est que ça me plaît. Je m’ouvre, je me sens vivant, je me sens chez moi. Ca peut paraître bizarre mais… j’aime bien. »


Je levais le doigt, cette fois-ci, comme pour être sur de bien tourner sept fois ma langue avant de parler, car je pouvais dire une connerie à tout moment. Ca c’était déjà vu.

« Et je pense vraiment ce que je t’ai dit là bas. Je sais que beaucoup de responsabilités pèsent sur tes épaules. Que t’as eu un passé compliqué. Mais je m’en fiche. Moi, ce que j’aime avec toi, employé, ou ami, c’est de passer l’instant présent avec toi. »


Oulah oulah… J’avais eu raison de levé le doigt. Car j’allais m’enfoncer dans des limbes obscures et…

« Et je n’ai pas de sentiments amoureux envers toi. Je ressens des trucs. J’arrive pas à les expliquer. Je pense que c'est juste de l'amitié ou je ne sais quoi. Et en fait, je m’en balance. C’est pas une science exacte de toute façon. Tout ce que je sais, c’est que t’es une belle personne, avec qui j’aime passer du temps. Pour toi, ça peut paraître banal, mais pour moi, c’est beaucoup. »


C’est vrai. J’avais beaucoup de mal à me confier. Me faire un nouvel ami, ici et aujourd’hui, ça relevé du miracle. Bref. J’avais dit tout ce que j’avais à dire, j’avais le coeur plus léger.

« Deux solutions, soit je te ramène chez toi, et on se voit demain pour le travail. Soit… Tu peux venir à la maison. Je pense qu’après ça, tu as pas envie d’être seule. Et rassure toi, je t’emmène pas chez moi pour quoi que ce soit d’autres que regarder la télé, boire du thé et parler jusqu’à ce que tu t’endormes. »


En fait, pour la première fois, depuis très longtemps, je me rendais compte qu’en réalité c’était moi, qui n’avait plus envie d’être seul.


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Rage is a quiet thing
Ooh, you think that you've tamed it
But it's just lying in wait
Rage, is it in our veins?


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________________________________________ 2020-11-15, 11:26


The highway's jammed with broken heroes...
... On a last chance power drive. Everybody's out on the run tonight but there's no place left to hide. (Bruce Springsteen)
▼۞▼

Dans un état second, j'avais écouté Hermès. Il parlait beaucoup. Il se répétait. Il nous avait emmenés loin du tumulte de la "fête" et je ne savais si je devais l'en remercier ou l'en blâmer. Quelque chose manquait. Il me fallut plusieurs minutes pour m'en apercevoir. J'étais pas mal secouée.

"Hei Hei !"
m'écriai-je soudain.

Aussitôt, je m'en voulus terriblement. Comment avais-je pu oublier mon poulet ? Le souffle coupé, je passai une main contre mon front.

"On fait tout ce que vous voulez ensuite, mais il faut absolument qu'on aille le récupérer !"

J'étais si angoissée et chamboulée à la fois que je m'aperçus que j'avais attrapé le dieu par le col de sa chemise et je le secouais presque.

"Désolée. C'est juste qu'il a pu lui arriver n'importe quoi et..."

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que nous étions de retour à la mairie. Je m'empressai de relâcher Hermès et d'observer la salle dans son ensemble. Il y régnait un tel tohu-bohu que retrouver un coq s'apparentait à chercher une aiguille dans une meule de foin.

"Si ça se trouve, il est resté là-bas avec le faux Einstein et sa sarbacane."
songeai-je à haute voix, saisie par l'effroi.

Après tout, sur l'indication du "professeur", je l'avais enfermé dans son bureau. Hei Hei n'avait aucun ballon rouge, par conséquent, il était sûrement prisonnier de ce psychopathe.

Jouant des coudes parmi la foule, je me raccrochai à l'espoir insensé qu'il ait réussi à retrouver le chemin du monde réel.

"Ca n'est pas un poulet ordinaire. Il a survécu à une traversée en mer. Il est increvable." assurai-je pour me rassurer. "Boss, couvrez le périmètre à droite. Moi, je m'occupe de la gauche."

Si on se séparait, on couvrirait davantage de terrain. Sans attendre d'approbation de sa part, je m'enfonçais davantage parmi les groupes de gens qui semblaient anxieux ou soulagés mais qui parlaient tous avec animation. Certains s'insurgeaient contre le personnel de la mairie. Ils allaient passer une très mauvaise nuit, ceux-là. J'eus une pensée pour Violette car je savais qu'elle y travaillait, mais je ne la vis pas pour autant.

Acharnée, je poursuivis mes investigations. Tandis que je commençais à perdre espoir, j'aperçus soudain le plumage discutable de Hei Hei. Je me redressai d'un bond et me précipitai vers l'homme qui le tenait par le cou. Il était malade ou quoi ?

"Lâchez-le immédiatement ! Il est à moi !"

L'individu arqua un sourcil vers moi. Il m'observait avec un tel mépris que j'aurais eu envie de lui donner un coup de pied, mais je craignais trop qu'il se venge sur mon poulet.

"Vous revendiquez cette chose ?" s'étonna-t-il. "Dans ce cas..."

Il me le jeta dans un mélange de lassitude et de dégoût. Je le reçus de justesse dans mes bras. Hei Hei poussa un piaillement anxieux avant de se recroqueviller tout contre moi. Je le serrai avec chaleur. Puis, je cherchai des yeux le sale type mais il avait disparu.

Je me mis donc en quête de Hermès. Il ne fut pas long à trouver. De toute évidence, il détestait se trouver dans un tel endroit. En le voyant, je lui adressai un sourire et lui montrai mon poulet.

"On peut décoller." annonçai-je. "Enfin... au sens figuré, pas au sens propre. Je vous demanderais pas de voler maintenant. Vous n'avez pas l'air dans votre assiette. Ca va ?"

L'instant d'après, nous étions de retour dans la forêt.

"Je suis désolée mais je n'avais pas le choix. Je pouvais pas laisser Hei Hei."

Mon poulet émettait de légers caquètements dans mes bras. Ses yeux étaient fermés, comme s'il dormait, même si par moments, il était secoué par des spasmes. Je ne m'en inquiétais pas : ce comportement signifiait qu'il allait bien.

Tout en caressant ses plumes, j'observai Hermès. Il paraissait beaucoup plus mal en point. Après quelques secondes de réflexion, je déclarai :

"J'accepte de venir chez vous. Je suis pas contre regarder la téloche en se gavant de cochonneries. Ca nous fera du bien après ce qu'on a vécu."

J'esquissai un pâle sourire. Je savais très bien ce qui m'attendait si je rentrais à mon studio : la solitude, l'angoisse et la sensation de manque me pousseraient à prendre de l'héroïne. J'en ressentais déjà les signes avant-coureurs. L'adrénaline quittait mon corps. Je commençais à trembler. Les spasmes de Hei Hei me permettaient de faire passer mes propres tremblements inaperçus.

"On n'a pas envie d'être seul après ça." appuyai-je.

Je me mordis les lèvres et penchai la tête vers mon poulet. Mes cheveux tombèrent comme un rideau devant mon visage. Il me semblait que Hermès avait dit quelque chose de très beau sur l'amitié, mais je ne parvenais pas à m'en souvenir. En tous cas, cela m'avait touché.


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________________________________________ 2020-11-16, 15:59


         
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“C'est la personne humaine, libre et créatrice qui façonne le beau et le sublime, alors que les masses restent entraînées dans une ronde infernale d'imbécillité et d'abrutissement.” Albert Einstein.






Tout s’était passé très vite. Quand elle m’annonça que Hei Hei n’était pas avec eux, un chape de plomb était tombée dans mon estomac. C’était fichu, j’en étais certains. Je nous téléportais tous les deux en urgence dans la Mairie. Prise de panique, elle nous répartit les tâches. Elle me donnait des ordres. Je haussais un peu les sourcils. Hé. C’était moi le boss. J’étais aussi un dieu et… Non, c’était faux. Je n’étais pas comme ça. Au contraire, j’étais de nature plutôt humble. Mais je me prêtais à sourire en pensant à Zeus ou encore Dolos prenant un ordre ainsi.
Perdu dans mes pensées d’un autre temps et d’un autre endroit, je me prêtais à rêver un peu à ma propre condition. J’en avais tellement vu et fait… Et pourtant, j’étais à quatre patte, au milieu de la mairie, en train de regarder sous une table si Hei Hei n’y était pas.

« T’es où nom d’une vipère... »
marmonnais-je.

Autour de moi, c’était l’agitation générale. Ne trouvant pas de trace de Hei Hei, je me souvins tout d’un coup que j’avais récupéré mes pouvoirs. Me redressant, je sentis immédiatement l’aura du coquelet dans la pièce. D’abord je fus soulagé. Mais… L’instant d’après, quand je sentis l’aura de la personne avec qui il était, mon sourire s’effaça. Je restais concentré. Si jamais il faisait du mal à Vaiana… Je les observais, de loin, sans rien dire. A ce moment précis, le shériff passa tout proche de moi.

« Qu’est ce qu’il fait là ? »


J’avais désigné Cerbère du bout du nez, avec un air de dédain. Je ne l’aimais pas beaucoup. Même si je ne connaissais pas tellement celui là, celui de chez moi était synonyme de souvenirs pas tellement agréables.

« Bonjour à toi aussi Hermès. Je suis là depuis la début de la fête et la je cherche Hadès. »
répondit-il légèrement agacé

Je l’observais. Mes yeux étaient semblable à ceux de rapace, quand j’étais comme ça, c’était perturbant. Aussi, je me calmais un peu, et continuait de regarder Chris, cette fois-ci plus doucement. 

« Excuse moi. Bonjour. Cerbère fait parti de la Mairie ? »


Ma question était assez simple.  Je plissais les yeux, tout en regardant le sheriff.

« Cerbère ? Non. Du tout. Pourquoi ? »


J’étais un peu soulagé. Inconsciemment, j’avais déjà du mal à me faire à l’idée qu’Hadès était Maire de cette ville, mais si en plus son caniche était de la partie… Ca n’aurait rien de bien bon pour les habitants de la ville.

« Comme ça. Je n’aime pas beaucoup le savoir dans les parages. Vous avez une piste ? »

En diagonale, je regardais toujours Vaiana et Cerbère. Je le surveillais. Même handicapé de ma régénération, j’étais prêt à bondir pour m’interposer. Il ne me faisait pas peur.

« Une piste ? Ça vient se produire difficile de le dire. C'est pour ça que je cherche Hadès. Il a organisé cette fête avec Violette »
soupira-t-il.

Je décalais mon regard vers Chris, cette fois-ci ne le quittant pas des yeux. En revanche je surveillais toujours l’aura de Vaiana. Il souriait, visiblement désolé.

« Désolé pour la mauvaise soirée. »


Je l’observais sans rien dire, lui rendant un léger sourire et lui mettant une main sur l’épaule. Avec un soupire, je me contentais de répondre simplement :

« Tu n’y es pour rien. J’informerai également Olympe de cet événement. Plus nous sommes nombreux, mieux c’est. On ne plaisante pas tellement avec ce genre de chose. En revanche, je crois qu’il faut vraiment que je parle à mon frère. A chaque fois, il nous répond qu’il n’y est pour rien. Mais tu ne trouves pas que tous les ennuis gravites autour de lui ? Soit il n’a effectivement pas de chance, soit il se moque de nous. »


C’était une question rhétorique, bien évidemment. Laissant Chris à ses occupations, je remarquais que Vaiana revint vers moi. Mon regard se portait toujours sur Cerbère, que je suivais des yeux.

« Oui, ça va, ne t’inquiète pas. »


Mon regard était revenu sur elle, avec un large sourire. J’étais rassurée, elle avait retrouvé Hei Hei. Elle était heureuse. Et quand elle était heureuse, j’étais heureux aussi. C’était étrange d’ailleurs. Préférant ne pas y prêter attention, cette fois-ci, je nous ramenai à nouveau dans la forêt. Après quelques secondes, où je regardais Hei Hei d’un œil inquiet et critique, elle accepta de venir chez moi. Je soupirais de soulagement. Elle pensait comme moi.

« Très bien, je regarderais Hei Hei de plus prêt. Je m’y connais en oiseau. »

Avec un sourire entendu, je nous emmenais chez moi. Laissant Vaiana faire comme chez elle, je me dirigeais vers la cheminée, où je commençais à faire un feu rapidement avec un petit bidon d’alcool à brûler. L’odeur était désagréable, mais c’était la meilleure façon d’allumer un feu rapidement. Clignant des yeux, je regardais l’âtre. Une fois qu’il fut suffisamment chaud, je fis apparaître une petite boîte à chaussure avec un coussin duveteux à l’intérieur. Avec précaution, je pris Hei Hei des mains de Vaiana et je l’observais. D’abord, je touchais ses ailes, puis le reste de son corps. Rapidement, je pris son pouls. Après quelques minutes, je le déposais sur le coussin et le laissait s’assoupir prêt du feu. Par précaution, je fis quand même apparaître une grille de protection devant la cheminée. Celle qu’on utilisait habituellement pour les enfants. Je n’avais pas envie qu’il finisse rôti alors que notre vigilance tombait.

« Il n’a rien, il est juste comme nous, choqué. Du repos lui fera le plus grand bien. Tu ferais bien d’en faire autant. »


Alors que je terminais d’installer Hei Hei, j’allumais la télévision. J’entendais les programmes de mon frère Dyonisos sans vraiment les entendre. Revenant m’installer dans le canapé, je me murai dans un silence assez pesant. Il s’était passé beaucoup de chose, et j’essayais, mes pieds étendus sur la table basse, mon regard fixant l’écran, de tout remettre dans le bon ordre.
Tout revenait dans mon esprit avec des détails étonnant. Le voyage dans le Temps, qui je pense n’en était pas un. Cette voix, que je n’avais jamais entendu, à travers la voix d’Albert et qui me donnait la chair de poule. La détresse de Vaiana, mais aussi son attitude étrange dés que nous nous étions retrouvé à la fête, au tout départ. Cet expression jovial étrange...
Mon regard s’était d’ailleurs posé sur elle. Elle s’était endormi.
Je la regardais, un long moment. Le coeur assez lourd. Je me perdis un peu la notion du temps, à l’observer dormir, enfin apaisée. Elle était belle, comme ça. Je le savais, mais je ne voulais pas me l’avouer. Mes yeux descendirent sur ses cheveux bouclés… Avais-je déjà mis un pas vers une zone dangereuse avec elle ? Après tout… Toutes ces coïncidences, tout ces quiproquo. C’était comme Hadès et tout ce qui gravitait autour de lui en ce moment.
C’était trop répétitif, trop centré sur lui pour être un hasard. Peut être que mes allusions multiples et mes gaffes envers Vaiana, suivaient le même chemin. Peut être que ce n’était pas un hasard, et que j’avais dit la vérité, dans ce monde étrange. Peut être que je ressentais des choses pour elle. Je clignais des yeux. Me levant, avec douceur, je fis apparaître une couverture sur elle.
Et alors ? Même si c’était le cas, on s’en fichait. Nous n’avions qu’une seule vie, elle était faites pour être vécue. Et en ces Temps troublés, il était important et surtout très agréable, de ne vivre que le présent.
Après un dernier regard et un léger sourire, je disparus immédiatement, rejoignant Olympe afin d’alerter la Cité de ce que nous venions de vivre.



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