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 Oops, I did it again ♛ Hermès

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Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »

Victoire Adler

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Edition Août-Septembre 2020

| Conte : Intrigue divine
| Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants

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________________________________________ 2020-09-02, 00:14 « T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »


I played with some hearts... got lost in this game...
1er Septembre... Y avait-il mieux comme journée qu’une journée à lire, bien au chaud dans sa cabane ? Non. Elle qui avait toujours connu le faste de l’Olympe se trouvait à présent à apprécier la quiétude d’une maisonnette perdue dans la forêt de Storybrooke. Enfin...”maisonnette”, d’extérieur seulement. L’intérieur y ressemblait fort aussi la première fois qu’elle y était entrait mais elle était parvenue à agrandit suffisamment l’endroit pour qu’il ressemble bien plus à un chalet cosy avec une chambre en mezzanine et de grandes baies vitrées qu’à une vulgaire capable. Une tasse de thé sur le guéridon à côté d’elle, un plaid sur les genoux, elle avait enfilé un pull manche longue encore léger pour la saison ainsi qu’un legging qui lui allait jusqu’au milieu des mollets. Loin de toutes ces histoires d’apocalypse, de désastre divin, de double lune et de Ragnarok, elle profitait d’une journée qu’elle n’avait pour elle.

Mais le temps de la quiétude était bientôt fini et il était environ 16h lorsqu’elle entendit la moto de son frère vrombir près de sa porte d’entrée avant de s’arrêter brusquement. L’oreille attentive, elle avait continué à lire ses lignes jusqu’à ce qu’elle entende frapper à la porte. Argus avait levé la tête dans son panier en osier et avait regardé sa maîtresse avec un air sceptique. Victoire s’était contenté de soupirer et de se lever pour aller ouvrir la porte avec un sourire amusé.

- C’est à cette heure-ci que tu livres le courrier ?

Mais Hermès n’avait pas l’air d’avoir envie de rire. Il avait même plutôt la mine fermée pour quelqu’un qui venait faire une visite de courtoisie. Elle l’observa quelques instant l’air atterré et soupira avant de se retourner et d’entrer à nouveau chez elle.

- Je t’en prie, entre, fais comme chez toi et n’oublie pas de refermer la porte, merci.

Il était rarement sérieux. Quand il l’était, c’était que quelque chose lui tenait à cœur et pour un petit frère qui n’était pas venu la voir souvent ces derniers temps, elle n’avait pas l’impression que c’était spécialement cette visite qui lui tenait à cœur. Il avait plutôt l’air de vouloir s’expliquer avec elle mais elle n’avait rien à lui expliquer, à moins qu’il ne soit le premier à dégainer. Qu’avait-elle dont bien pu faire qui puisse le mettre dans cet état ? A moins qu'elle ne soit pas le problème et qu’il vienne juste chercher conseil ? Elle contourna le bar qui ouvrait sur la cuisine et lui lança à la volée :

- Je te sers quelque chose ? Un café ? Un thé ? Un jus ? Une Bière ? Un truc plus fort ?

Elle s’était bien gardée de lui demander si avec la perte de son immortalité, il pouvait de nouveau finir griser par l’alcool. L’idée qu’il le puisse et pas elle lui était insupportable. Tout comme le fait qu’il puisse mourir d’ailleurs. Elle avait donc soigneusement évité le sujet depuis le jour où elle avait appris la nouvelle. Elle lui servit ce qu’il lui demanda avant de contourner de nouveau le bar et de lui montrer le canapé en face du fauteuil dans lequel elle était précédemment installée. Elle s’y rassit d’ailleurs en reposant le plaid sur ses genoux, récupérer sa tasse de thé et l’observa au-dessus d’elle en précisant avec un sourire :

- Je t’écoute... Qu’est-ce qui se passe ?

La journée promettait de finir de façon bien plus électrique qu’elle n’avait commencée.
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Mais oui, bien sûr! Je compte moins que Vaiana ou Athéna!


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________________________________________ 2020-09-08, 13:30








Les arbres défilaient devant moi au fur et à mesure que je roulais. Ma sublime Triumph Bonneville sous moi, j’avançais, le regard un peu dans le vague et à moitié concentré sur la route. J’aurai pu choisir de me téléporter directement chez elle, mais c’était beaucoup plus appréciable de prendre son Temps. Il était tellement précieux, de la sentir encore, que j’avais estimé préférable ces derniers jours de n’utiliser les déplacements instantanées que de manière minime.
Alexis, Erwin Dorian, Héra. Et bien d’autres. Alors que j’entrai dans la petite allée boisée, tout se défilait dans ma tête. Je ne lâchais jamais Alexis de vue. Il était rare, que je ne passe pas une journée sans l’observer. On aurait pu penser à de l’espionnage. Je préférai appeler cela de la surveillance. M’empêchant d’intervenir, même dans les moments que je ne jugeais pas acceptable, j’avais ces derniers temps, fait preuve de retenu. J’avais failli intervenir, mais sentant l’aura de ma sœur à proximité, je n’avais pas bougé. Je pouvais resté des minutes entières, concentré sur ses personnes. Attendant de savoir si c’était le bon moment d’apparaître. Cette fois-ci, j’avais jugé bon de rester chez moi. Héra ne devait pas savoir que j’avais ce lien avec Alexis. Même si elle était perspicace, et que de nombreux doutes étaient déjà marche. D’ailleurs, je comptais bien lui demander des explications. Et ces explications lèveraient tous les doutes pour laisser place à une certitude : Alexis était ma protégée.
Je ne lui parlais pas beaucoup, et c’était paradoxal. Mais en même temps, quand vous veillez sur les gens, c’était mieux qu’ils ne soient pas au courant. C’était pour ça que j’avais fait preuve d’une extrême prudence. Ce n’était peut être qu’une illusion, mais j’avais l’impression que si certains pouvoirs avaient disparus, d’autres s’étaient aiguisés. Peut être que c’était simplement dû à une certaine maturité. Quoi qu’il en soit, je me garai devant chez Héra, et sans cérémonie, je laissais les clefs sur le contact et mon casque sur le guidon. Personne n’était assez stupide pour voler quelque chose ici, en présence de deux divinités.
D’un pas assez lent, je marchais vers la porte et j’observais l’endroit. Ca ressemblait à ma sœur. On l’avait forcé à vivre dans un palais, mais finalement, ce n’était pas le milieu de vie auquel elle aspirait en priorité. Doucement, mais sûrement, je frappais à la porte. Milles questions bouillonnaient en mois, mais je restais imperturbable. Seul un petit clin d’oeil en direction d’Argus, imperceptible, pouvait montrer une émotion quelconque. Elle parla du courrier. Je n’exprimai rien, mais j’avais envie de rire. Si elle savait le Temps que ça prenait pour un dieu de distribuer le courrier...

« Non, c’est déjà fait. Ah, super. C’est très joli. Bien plus que chez moi. »


Mon regard se perdit dans le chalet. Elle avait effectivement plus de goût que lui. De tous les dieux, je devais être un des seuls à vivre dans un simple appartement. De toute façon, ce n’était qu’un pied à terre. Ma véritable demeure était caché, sur la microplanète je m’étais créé. Enfin l’autre Hermès l’avait créé. Mais elle était semblable en tout point, et l’accès était identique. Le regard un peu perdu, je fixais la baie vitrée, et après un court silence, je déclarais :

« Je vais prendre du Thé. Même si ces propriétés ne me font rien... »


Un léger sourire en coin, malicieux et espiègle m’était apparu. Je n’avais pas lu dans ses pensées. Non, je connaissais simplement Héra, et le moindre tique de visage qu’elle laissait traîné était pour moi un livre ouvert. Même si nous n’étions pas du même monde, elle restait dans mon coeur ma sœur. Et tout ce qui va avec. Je m’assis, tranquillement, sans rien dire tout d’abord. J’enlevais mon manteau en cuir marron, et le déposait sur le canapé. Pareil. J’aurai pu m’en défaire d’un clin d’oeil. Mais à défaut de me répéter, le Temps était peut être finalement plus précieux qu’autrefois. Je m’installais, comme à mon habitude. Droit, mes jambes parallèles, devant moi, les mains sur elle… Comme un enfant de 8 ans. J’avais toujours été un gamin, mais en présence d’Héra, ça avait tendance à… s’accentuer. 
Je mis quelques secondes à trouver mes mots. Lancer la conversation sans trop l’entamer. C’était comme peler une pomme. Si j’y allais trop fort, je risquais d’enlever de la chair et rater ma besogne.

« Je suis venu te parler de quelqu’un. »


C’était assez mal parti. Car quand on annonce ce genre de chose, la question qui vient ensuite est… « Qui ? ». Elle serait immédiate, et je me grattais un peu le sourcil de nervosité d’en avoir dit autant si vite. Je n’avais pas la justesse des mots et la prose de ma sœur. A ce jeu, j’étais comme un lézard face à un T-Rex.

« D’Alexis, en réalité… Alexis Child. »


De mieux ne mieux songeais-je. Elle devait non seulement me prendre pour un empoté, mais en plus penser que je l’a prenais pour une imbécile. C’était toujours délicat. Non seulement le sujet me tenait à coeur et je voulais le cacher le plus possible mais en plus… J’avais toujours voulu paraître plus fort, plus beau, plus intelligent et plus grand auprès d’Héra. Tout simplement parce que depuis toujours et d’aussi loin que je me souvienne, mon unique but quand j’étais avec elle, soit qu’elle soit fier de moi.

« Je veux que tu me dises ce qu’il s’est passé, quand elle était avec Erwin Dorian, et que tu l’as rejoins. »


J’avais joins mes mains devant moi. Devant Galatée, je n’avais pas peur. Devant Hadès, je me sentais son égal, devant Athéna, je n’avais jamais connu la moindre crainte. Pourtant, devant Héra, qui n’était que ma sœur, j’avais toujours eu un peu peur. C’était ça, aussi, d’être le plus petit.

« Je l’observe, de temps en temps. Car je suis convaincu de certaines choses, et au courant d’autres. J’ai l’ultime conviction, qu’elle aura un rôle prépondérant dans la suite de l’Histoire. Et j’ai aussi l’idée, qu’elle doit être protégé le plus possible. Alors, outre le fait de cette petite entrevue que tu as eu avec eux, j’aimerai savoir ton point de vu sur la situation. Après, je parlerai du miens, du pourquoi, du comment, et de ce que je compte faire. »

Là, je m’étais assis sur tout le dossier, et j’avais tourné ma tête d’un air affectif vers elle. Au fur et à mesure que je parlais, je prenais aussi en confiance.

« De toute façon, je ne compte rien te cacher, tu le sais, je n’ai jamais pu. Et je veux que tu sois mon alliée, et non une entrave. »


Ennemi était un mot impensable pour qualifier sa propre sœur, aussi, j’avais trouvé entrave beaucoup plus approprié.
(Et c’est une attaque pokémon super utile quand on sait s’en servir. Bisous bisous j’espère que ca t’a plus:red :)



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Victoire Adler
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________________________________________ 2020-09-11, 18:55 « T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »


I played with some hearts... got lost in this game...
Elle avait souri et l’avait remercié avec un hochement de tête et un “merci” appuyé lorsqu’il avait complimenté sa demeure. Ce n’était pas grand-chose en soit, une bicoque dans laquelle elle avait élu domicile le temps que les choses se tassent ou qu’ils finissent par tous mourir, elle n’avait pas très bien suivi les derniers potins, trop occupée à enfin vivre sa vie pleinement, peu importait le Temps qu’il pouvait lui rester, qu’il restait à tous. C’était la première fois qu’il venait ici, ils ne s’étaient pas vraiment revus depuis les derniers incidents “importants” qui étaient survenus. Phobos, Elliot, Chronos, décidément, aucune de ses sœurs n’était capable de faire un enfant viable. Heureusement qu’elle n’avait pas fait autant de dégât. Avec le nombre de fois où elle avait enfanté, elle aurait pu déjà détruire le monde une centaine de fois. Cela lui faisait plaisir de le voir ici, même si c’était bien moins une visite de courtoisie qu’un sujet sérieux, apparemment.

Sans se départir de son sourire, elle lui avait servi son thé, l’avait posé sur la table basse du salon et s’était remise en boule dans son fauteuil, son plaid sur elle, tandis que son frère s’asseyait en face d’elle, dans le canapé, avec la posture rigide d’un enfant prit en flagrant délit de grosse bêtise. Comme quoi, il y avait des choses qui ne changeaient pas... Elle avait porté sa tasse à ses lèvres tout en l’observant toujours par-dessus. Il avait mis un petit temps à se lancer mais lorsqu’il l’avait fait, elle n’avait pas caché sa surprise en ouvrant grand les yeux. Si elle n’était pas immortelle, peut-être aurait-elle manquer de s’étouffer avec le liquide qui avait coulé dans sa bouche. Elle avait été tentée pendant la première fraction de seconde de lui demander “Alexis qui ?” mais il était de lui-même devenu plus manifeste.

- Alexis Child ? Et tu veux que je te dise quoi sur cette fille ? Je ne savais pas qu’il y avait un quelconque intérêt...

Elle l’avait lancé plus pour le taquiner qu’autre chose. La gamine était plutôt du genre bonne pâte, avec une fâcheuse tendance à toujours se mettre dans des situations compliquées. Elle avait sans doute eu un rôle à un certain moment puisqu’on l’avait nommé “déesse magique” et qu’elle avait hérité du rôle de son défunt mari. Mais Victoire n’y avait pas vu plus grand intérêt que celui de son caractère doux et un peu candide, de son lien proche d’Elliot et de sa capacité à s’allier avec certains divins. A dire vrai, elle n’avait pas l’impression que la petite pouvait faire plus de mal que de lier des relations et l’intérêt de son frère la piquait soudain au vif. Peut-être savait-il quelque chose qu’elle ne savait pas encore ? Peut-être était-ce lié à son dernier voyage dont il était revenu changé, différent et à d’autres points de vue que de sa simple constitution. Elle avait éclaté de rire lorsqu’il avait parlé de Dorian, se penchant en avant pour poser sa tasse sur la table tout en riant :

- Dorian... Le notaire ?

Elle le vit joindre ses mains devant elle et tenta de garder son sérieux. Il semblait l’être et faire tous les efforts du monde pour rester sur sa ligne directrice et être convaincant. Son humour n’était peut-être pas bien venu, le poussant à être plus incertain peut-être et ce n’était pas ce qu’elle voulait lui faire subir. Elle reprit donc un air sérieux en calant son dos contre le dossier de son fauteuil pour l’observer droit dans les yeux, se demandant tout de même en quoi cette fille et ce notaire imbu de lui-même pouvait avoir un réel intérêt. Le seul impact que pouvait avoir ce jeu sordide était sans doute d’endurcir la gamine et de faire exploser le pauvre mariage qui liait cet homme abject à sa femme si délicieuse et si naïve. Alors en quoi cela pouvait intéresser Hermès ? Et bien il l’avait expliqué de lui-même par la suite et Hera avait désormais tout son sérieux. Il savait apparemment certaines choses, il précisait aussi qu’il suivait la fille... le savait-elle seulement ? La déesse en doutait.

- Et bien et bien... “une entrave” carrément, c’est que ce doit être sérieux pour que tu en sois au point de douter que je puisse tenter de te mettre des bâtons dans les roues.

Elle avait eu un sourire en coin. Elle comprenait ses doutes, elle avait toujours eu des choses particuliers, si pas guidés par son mari, uniquement guidé par sa pensée, peu importait la personne en face. Mais elle n’avait pas envie de se froisser avec Hermès, surtout pour une situation dont elle n’avait jusqu’alors fait aucun cas. Après un silence où elle prit une nouvelle gorgée de thé, elle précisa :

- Et tu lui as dit ? A elle ? Tes soupçons quant à son rôle ? Tu dis que tu ne me cacheras rien mais je me demande si tu seras moins scrupuleux avec elle, dans la mesure où tu la surveilles.

Elle avait incliné la tête sur le côté avec un léger sourire comme pour le réprimer de son action sans pour autant vraiment le faire. Son Hermès aimait fouiner, il avait d’ailleurs souvent mis son nez dans des affaires qui ne le concernait pas et cela lui avait valu les foudres de la reine qu’elle était alors, tandis qu’elle avait oublié jusqu’au lien qui les liaient, le détestant viscéralement. Le fait que cette version de son frère le soit aussi lui réchauffait le cœur, comme s’il était encore là. Elle avait détourné la tête un instant pour observer un timide rayon de soleil transpercer les feuilles du chêne qu’elle voyait de sa baie vitrée avant de revenir à lui :

- Il n’empêche que je ne vois toujours pas en quoi le notaire t’inquiète à ce point. Tu as vu ce type aussi un rôle quelconque pour ce type ? Il a l’air de tout faire pour s’en donner un mais de là à ce qu’il en ai véritablement un...

Elle avait détourné le regard en direction d’Argus qui était posé dans son panier en osier, un sourire en coin sur les lèvres. Un paon parmi les paons ce Dorian. Elle soupira en reposant son attention sur son frère, capitulant et sentant déjà l’offuscation du jeune homme.

- Il la faisait chanter. Alexis est une jeune fille qui met bien souvent son nez où il ne faudrait pas et je ne vais pas t’apprendre à TOI que ça peut jouer des tours n’est-ce pas ? Elle s’est retrouvée au milieu d’une affaire sordide de trafic d’art. Trafic dans lequel notre cher notaire semble jouer un rôle plus que prépondérant. Il allait la bouffer toute crue, je suis intervenue pour rééquilibrer le jeu, c’est tout. Je ne suis pas non plus sa mère et je pense qu’elle doit un peu s’endurcir cette petite, d’autant plus si elle a un fameux rôle à jouer, tu n’es pas d’accord ? J’ai donc précisé au notaire que s’il ne tentait plus rien concernant cette affaire, je ne m’opposerai pas non plus à d’éventuels autres mauvais tours du moment que ça ne la mettait pas en danger de mort. Il avait l’air de beaucoup s’amuser, qui suis-je pour refuser l’amusement à qui que ce soit ?

Elle prit une nouvelle gorgée avec un sourire malicieux.

- Et puis... je dois dire que ça m’amuse beaucoup aussi... Ce que je ne comprends pas en revanche, c’est en quoi son petit jeu t’inquiète ? Ce n’est que l’histoire du chaperon rouge et du grand méchant loup et le chasseur que je suis a déjà cousu la bouche du loup, alors à quoi bon s’inquiéter ?

La question était tout aussi sincère et sérieuse que le discours qu’il tenait depuis le début. S’il voualit avoir une discussion, il allait l’avoir.
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________________________________________ 2020-09-16, 14:19








Je n’avais pas bougé d’un pouce. Quand elle avait parlé, je m’étais contenté de suivre ses lèvres alternativement ainsi qu’Argos. J’avais, disons, un attrait étrange pour mon regard de tout ce uqi était vivant dans la pièce. Je clignais des yeux à plusieurs reprises, et un sourire en coin, léger apparu. Evidemment. C’était Héra, qui était en face de moi, et avant tout ma sœur. Je connaissais sa capacité à utiliser ses paroles pour essayer de capter la moindre information. Elle posait ces dernières de manières anodines, sur le ton de la conversation, et attendait des réponses en réalité pour pouvoir elle même y réfléchir avec hardeur. Je n’étais pas dupe, car rappelons nous, c’était quand même ma sœur. Ce qui se rapprochait le plus de mon être dans ce monde qui était quand même si différent du miens.

« Tu sais très bien que j’exagère toujours. Disons que si certains interagisse sans savoir les tenants et les aboutissants, oui, à terme, ça peut devenir une entrave à mes projets. »


En général, je n’avais pas de projet. Je n’avais que des plans. C’était bien différent. Car j’avançais souvent à l’aveugle, me fiant à mon instinct et profitant de la situation qui évoluait constamment. Là encore, cet instant précis, c’était ce qui était en train de se produire.

« Non. Je ne l’ai pas mise au courant. Car je pense qu’elle a déjà assez de problèmes comme cela. Et qu’en plus, il n’est jamais bon d’en savoir trop sur son avenir. Surtout si c’est un avenir incertain et improbable. C’est compliqué… Disons qu’une personne suffit à surveiller à ce que cet avenir ne se produise pas. »


Je m’étais levé, et je m’étais dirigé vers la grande baie vitrée pour observer l’extérieur les mains dans le dos. Dans cette posture, je ressemblais beaucoup à un Maître Jedi. En même temps, j’avais vu un film où un d’entre eux me ressemblait beaucoup. Non seulement j’étais flatté, mais en plus mon caractère de gamin faisait que de temps en temps, je m’amusais à l’imitier. Je caressais ma barbe naissante comme lui. J’aurai pu dire « Quel manque d’éducation ! ». Mais la phrase n’avait rien avoir avec le contexte et en plus Héra n’aurait rien compris. Toujours le visage vers l’extérieur, j’observais le reflet de ma sœur dans la vitre :

« J’ai connu des gens sans pouvoirs, intelligents et rusés, qui ont causé plus de tord à Zeus, dans mon monde, que l’aurait pu faire un de ses frères ou une de ses sœurs. »


Cette fois-ci, ça se voyait, mon visage s’était fermé. Héra était resté une petite partie du Temps dans mon monde, mais moi j’y avais grandi. Elle n’en avait vu qu’une poussière. Moi, j’avais été témoin de tout. Aussi, je ne parlais jamais de ce monde. Héra était même la seule personne avec qui j’en parlais. Et ca se résumait souvent à de simples phrases comme celles ci.

« Ne le sous-estime pas. Il est manipulateur, narcissique et mauvais. J’en suis convaincu. Et moins de temps il restera proche d’Alexis, mieux ça voudra pour elle. »


Je me retournai vers Héra. Mes paroles ressemblaient presque à une sommation. J’étais catégorique, ferme et il n’y avait rien à rajouter derrière ce que j’avais dit. Je n’utilisais que très rarement ce ton, et cette attitude, car elle me répugnait et me rappelait la guerre que j’avais connu. Je m’en rendais d’ailleurs compte et mes traits s’adoucirent l’instant d’après. Il y avait eu beaucoup de questions, de la part d’Héra. Et son ton alternant entre le doux et le sarcastique ne m’avait pas échappé non plus. C’était ma sœur, je la connaissais. Elle faisait cela quand elle voulait obtenir des informations.

« On n’endurcit pas les gens ainsi. Tu le sais très bien. »


Cette fois-ci je m’étais retourné. Je disais cela, parce que moi aussi, j’avais été endurci par la vie. J’avais connu la guerre, et la dévastation. J’avais changé. Je n’étais plus que l’ombre de mon moi d’autrefois si enfantin et si naïf qui ne revenait que par intermittence comme si la Nature voulait simplement me rappeler qui j’étais vraiment. Ma mâchoire était contracté, et finalement je passais une main las sur mon visage.

« Désolé. »


Nous avions tous nos démons. Nous avions tous vécus des enfers. Parce que nous étions immortels. Nous avons vu des gens qui nous étaient chers mourir, nous avions connus des guerres, des naufrages. Et j’en avais marre. Le dernier risquait de nous être fatal, surtout pour Alexis et il était hors de question que cela arrive. Les mains dans le dos, je faisais les cents pas. m’arrêtant de temps en temps pour regarder Héra, je faisais des signes de plus en plus grand avec mes bras.

« Alexis est quelqu’un de sensible, fragile. Quand je suis allé dans le Palais du Sommeil, j’y ai vu une de ces visions de l’avenir. Détruite, physiquement et mentalement. Anéanti, sans personne et surtout, à la fin sans amour. Personne n’a le droit à ça. Pas tant que je serai encore là. Elle m’a confié la mission de veiller sur elle, de manière indirecte. J’ai bien compris, dans sa détresse cachée qu’en réalité elle ne voulait pas que j’observe, mais que j’agisse. Donc, tout ce qui peut approcher Alexis de cet état dans lequel je l’ai vu là bas, est à proscrire et à étouffer dans l’oeuf. Je veux écarter tout danger. »

J’avais fait face à elle, et finalement, je la regardais dans les yeux, prononçant ses vers qui faisaient que j’arrivais encore à avancer.

« Tous ceux qui errent ne sont pas perdus. »


Ca s’appliquait à moi, mais aussi à Alexis. Elle était perdu, comme nous tous dans cette destinée obscure et visiblement funeste. Mais j’étais persuadé, que si nous étions unis, cela n’arriverait pas. J’étais convaincu, que l’union ferai la force et la division l’échec. Pour Héra, cela devait ressembler à quelque chose d’anodin. Une broutille, un événement parmi tant d’autres. Mais pour moi, c’était important. Limiter les risques, c’était anéantir le danger.


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________________________________________ 2020-10-03, 19:42 « T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »


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Elle avait élargi son sourire lorsqu’il avait avoué sa propension à tout exagérer. Que ce soit dans son monde à lui ou dans le sien à elle, c’était un point que les deux Hermès avaient en commun et qu’elle lui reconnaissait volontiers : l’exagération. Et pourtant, derrière chacune des exagérations se cachait forcément une parcelle de vérité ou, à défaut d’une vérité absolue, quelque chose à laquelle il pouvait croire dur comme fer. Le cas d’Alexis Child semblait vraiment le préoccuper et Victoire s’était contenté de l’écouter de façon attentive en hochant la tête. Il avait balayé d’un revers de main ses doutes concernant le notaire. Là où elle n’y voyait rien de bien dangereux, un jeu qu’elle aurait volontiers poussé plus loin, il y avait vu un véritable danger, lui rappelant que tout le monde pouvait avoir son utilité, aussi petit soit-il. Elle ne l’avait pas oublié. Elle avait eu l’horreur de le faire une fois, lorsque le souvenir de son frère avait été négligé par les Titans et qu’elle avait nourri pour lui durant de longues années une haine incommensurable. Le misérable insecte avait-elle tôt fait à l’époque de le surnommer et pourtant, il avait d’une aide précieuse pendant la guerre, y perdant la vie peu de temps après. Elle s’était alors souvenue à quel point chaque être pouvait compter, petit ou grand, sage ou bête, fort ou fragile et s’était juré de ne jamais l’oublier. Pourtant, pour Dorian, elle faisait volontiers une exception. Un être aussi imbu de lui-même si proche de tous les ennemis qu’elle avait pu ou du combattre et d’une certaine façon proche de ce que Zeus avait été avec elle ne méritait même pas un seul élan de considération. Et pourtant, pour quelqu’un comme Alexis, il pouvait tout autant compter.

- Et pourtant c’est tout de même l’un d’entre nous qui a fini par lui donner le coup de grâce...

Elle l’avait dit froidement. Déjà parce qu’elle regrettait de n’avoir pas en été le commanditaire mais aussi parce qu’elle refusait de voir en Dolos ce libérateur qu’il aurait normalement dû être. Il lui avait porté le coup de grâce. Elle ignorait ce que l’autre Zeus avait pu vivre et subir de ses pairs, mais elle savait ce que le sien avait vécu et comme il avait d’ailleurs fini, non sans lui donner une dernière directive avant son départ... Une fois de plus, elle avait porté sa tasse à ses lèvres, refusant la suite de la conversation, un possible contre-argument. Elle avait compris ce qu’il avait tenté de lui dire mais la phrase était sortie malgré elle, comme vestige d’un passé encore douloureux.

Elle s’était contentée de finir son thé d’une traite lorsqu’il lui avait demandé de ne pas le sous-estimer. Il fallait qu’elle lui avoue la suite mais elle ne s’était pas certaine de sa réaction. Tout en posant sa tasse sur le rebord de la table basse, elle avait observé la silhouette de son frère se dessinant devant la baie vitrée. Il s’était alors retourné vers elle, après avoir dit d’un ton si catégorique qu’il démontrait sa certitude qu’il valait mieux pour la gamine qu’elle ne reste pas trop longtemps à son contact. Elle avait eu un pouffement de rire moqueur rapide et sec lorsqu’il lui avait précisé que ce n’était pas ainsi qu’on endurcissait les gens, pire qu’elle le savait. Non. Bien sûr que non qu’elle ne le savait pas. Elle ne voyait pas comment il pouvait exister un autre moyen pour un cœur fragile de devenir aussi dur que la pierre. Elle ne connaissait que son propre cas. Elle n’avait connu que haine et dégoût qu’elle avait revomi sur les autres à l’infini. Et puis elle s’était souvenue de l’enfant qu’elle avait été, cette enfant rêveuse, pleine d’énergie et d’espoir, celle qui avait appris à son petit frère à voler, celle qui le protégeait de la foudre de la grande vallée, celle qui avait donné l’espoir et l’envie de croire à un nouveau monde au petit Zeus. Elle aussi avait été douce, fragile. Elle aussi avait été une Alexis. Et puis elle avait connu la violence, le viol et la séquestration et elle était devenue la femme qu’elle était aujourd’hui. Ce n’était pas ce qu’elle souhaitait pour la gamine, elle ne laisserait pas cela se permettre. Mais il fallait qu’elle puisse apprendre que le monde n’était pas aussi rose qu’elle le voyait, que parfois l’homme et l’amour pouvaient faire mal quand il était confié à la mauvaise personne. Elle se relèverait, elle en était sûre, mais elle en avait besoin, elle le pensait.

Il s’était alors excusé. Elle n’avait pas compris pourquoi. Peut-être était-ce en réaction à ce pouffement qu’elle avait eu ? Peut-être même ne l’avait pas remarqué, trop plongé dans ses propres souvenirs. Ils avaient tous deux chacun leurs démons. Leurs ombres à combattre. Elle s’était contentée d’hocher la tête avec un petit sourire qui ne signifiait rien de moins que ce n’était rien. Ils n’étaient pas toujours sur la même longueur d’ondes, ils ne le pouvaient pas, mais ils avaient toujours cette force de passer outre, au-delà et de rester unis et soudés face à l’adversité. Il lui avait alors expliqué ce qu’il avait vu, dans le Palais des Songes, ce futur de cette gamine. Le Ragnarok sans doute. La douleur, l’absence d’amour. Et malgré tout ça, elle tenait toujours debout. Elle était peut-être aussi détruite qu’il le disait, mais elle était toujours apparemment vivante et en pleine possession de ses moyens pour lui donner une mission. Cette réflexion lui avait arraché un sourire en coin. Paradoxalement, elle n’en attendait pas moins d’elle. La déesse avait su voir cette étincelle au fond de ses yeux, cette force brute qui lui permettrait de survivre à plus qu’elle ne le pensait.

- C’est trop tard...

Elle avait lâché la phrase de façon irrémédiable comme une sentence qu’elle assumait pleinement mais avec une certaine empathie pour son frère qui s’était apparemment fait le devoir de la protéger. Il n’avait apparemment réussi la première partie de son plan, peut-être pouvait-il encore rattrapé le tir... Ou penser le rattraper. Elle s’était levée à son tour pour se diriger vers lui, se placer en face de lui, le visage fermé, le regard sérieux. Elle n’était pas désolée de ce qu’il s’était passé, de ce qu’elle avait peut-être engendré, elle était juste navrée que son frère qui s’était fait une telle idée de la chose recevait dès à présent son premier échec. Tout en soupirant, elle était venue se placer à côté de lui, regardant à son tour la baie vitrée avant de reprendre :

- Je l’ai senti il y a quelques jours. Un soir. Le mariage de Dorian a eu de mauvaises vibrations. Je crois... Alexis était avec lui. Elle était partie à Paris, pour une de ses propres missions et j’avais cru comprendre qu’il devait l’y rejoindre. Il a pensé à moi plusieurs fois ce soir-là...

Elle avait eu un sourire amer, haineux, bien conscient qu’il avait peut-être cherché à l’atteindre plus qu’à profiter de la vision qu’il avait vraisemblablement devant les yeux ce soir-là. Et puis soudain, il n’y avait plus rien eu. Plus un signe, plus une pensée. Mais la vibration puissante de la trahison, cette entorse violente dans un mariage qui jusqu’alors n’avait subi aucune rayure hormis peut-être la maltraitance évidente de l’amour que Georgia Dorian portait à son mari. Elle soupira avant d’ajouter :

- Il a trompé sa femme avec Alexis et la gamine ne sait rien de qui il est vraiment. J’ignore si elle en est véritablement entichée mais il ne semble pas décidé à la lâcher. Si tu veux agir contre cela, il va peut-être falloir penser à passer la deuxième, malheureusement...

Elle avait tourné la tête vers lui, le regard interrogateur. Que pouvait-il faire ? Que comptait-il faire ? Voilà une myriade de questions qui s’offraient à elle, tout aussi divertissantes que celles qui lui étaient passées par la tête ce fameux 26 Août.
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________________________________________ 2020-10-05, 12:41








Nous avions tous nos démons, et dans la majorité des cas, nous les fabriquions nous même. Zeus, Dolos, Chronos. C’était la conclusion interne que j’avais eu, droit, les mains dans le dos, face à Héra. Nous étions tous plus ou moins responsable de ce qui allait arrivé et de ce qui arriverait. Parce que, quand vous aviez la capacité comme nous de perdurer à travers le Temps, et surtout les naufrages de la vie, vous étiez responsable. Car seul ceux qui restent, les survivants, ont une responsabilité. Et parfois, elle est dure à porter. Parfois, elle est fatale. C’était pour cela que je m’étais excusée. Des fois, j’avais honte de n’avoir pas aider Héra à porter son fardeau. J’avais honte de n’avoir jamais eu le courage de se dresser contre son persécuteur. J’avais honte. Et comme j’avais honte, je baissais encore une fois la tête. Mais elle ne pouvait comprendre pour quoi. Des fois, j’étais vide. Triste. Epuisé. Parfois, je pensais même à cet instant où j’avais enfoncé volontairement le glaive dans ma poitrine. J’avais voulu mourir. J’en étais certains aujourd’hui.

« Trop tard ? »

Je l’observais d’un regard neutre, distant. Qu’avait-il pu se produire ? Que c’était-il passé ? La réponse vint immédiatement derrière, et mon regard s’assombrit. Alors qu’elle m’avouait ce qu’elle savait, j’avais reporté mon regard sur la vitre. Le regard perdu dans le lointain.

« Alors il devait en être ainsi. »


C’était aussi ma faute. Pourquoi avait-elle fait cela ? Quel intérêt y voyait cet Erwin Dorian d’agir de la sorte ? Quelque chose m’échappait. Je devais éclaircir tous ces points rapidement. Peut être même qu’après cette discussion j’irai régler le problème. J’en avais la capacité. Mais en avais-je le droit ?

« Maintenant arrive le deuxième problème. Nos actions peuvent avoir des conséquences terribles sur l’avenir. Qui me dit que si demain, ou maintenant, j’apparais chez Alexis ou Erwin, ce n’est pas moi qui déclencherait le processus de transformation de la gamine ? »


C’était une question rhétorique, parce qu’il n’y avait pas de bonnes réponses. J’avais appris ça, ce jour là. Quand j’avais enfoncé ce glaive dans ma poitrine. Le Temps est quelque chose de fluctuent, de complexe. Il semblait tendre vers des points essentiels, qui se présentent toujours, et qui auront toujours lieux. Parce que c’est ainsi.

« Que ferais-tu ? »


J’avais tourné mon visage vers elle. Athéna était la déesse de la Sagesse. Mais à mes yeux, il n’y avait jamais eu plus grande sagesse que celle d’Héra. Parce que c’était ma sœur, ma vraie sœur. Et que je savais que quel que soit son conseil, il serait bon, vrai et efficace. Un élan d’affection me prit, et, sans prévenir, je passais mon bras autour de ses épaules, et je la calais contre moi. Je fermais les yeux. C’était une sensation merveilleuse. J’avais cru connaître l’Amour, mais je n’avais connu que la passion. Celui là, je le savais indestructible, parce qu’il était de naissance. J’inspirai, et son parfum me fit plus grand. A cet instant, je n’aurai pas voulu être ailleurs qu’ici. 

« Je crois qu’il est Temps... »

Je lui avais posé un baisé sur le front. Depuis que nous étions « adultes », je n’avais jamais fait ça. De mémoire, quelques brides de l’enfance me revenait de temps en temps et je savais que ça avait existé. Et ça avait été une erreur. De croire qu’avec l’âge adulte, venait le temps de la pudeur. C’était complètement idiot. J’aimais ma sœur, comme un frère aime sa sœur. Mais j’étais trop timide pour avoir toujours osé lui montrer une quelconque affection.

« … de vivre l’un pour l’autre. »


Je la serrai contre moi. Jamais je n’avais fait ça, et plus je le faisais, plus je trouvais stupide de ne lui avoir jamais fait de câlin. Finalement, je la lâchais et je la regardais dans les yeux.

« Séparés, désunis, nous n’arriverons jamais à rien. Tous. Et ça commence par toi et moi. Je jure de ne plus jamais t’abandonner. Je jure de ne plus jamais fuir, te laissant derrière à ton sort. Alexis n’est qu’une partie du tout. Je ne venais pas que pour ça. Je veux qu’à partir d’aujourd’hui, nous fassions comme tout le monde. Que nous agissions comme la Nature nous a créé. En frère et sœur. Et... »


Je levais les yeux au ciel. Parce que c’était dur, ce que j’allais dire. Parce qu’il y avait beaucoup de rancoeur envers moi même par rapport à ce que j’avais fait. Ou plutôt… N’avait pas fait.

« Où tu y iras, j’irai. Quoi que tu fasses, je le ferai. Et à partir de maintenant, je serai toujours là pour toi. »


J’avais la gorge nouée. Mais c’était une vraie promesse. J’avais mille défauts. J’étais fuyard, je détestais les combats, je n’aimais pas prendre des responsabilités, choisir, et influer sur le monde. Parce que je n’avais jamais eu la moindre once de confiance en moi, sauf quand elle était là.
J’avais mille défauts, mais au moins, deux qualités. Quand je m’engageai dans une promesse, c’était avec une fidélité absolue. Et, je ne mentais jamais.


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________________________________________ 2020-10-27, 13:45 « T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »


I played with some hearts... got lost in this game...
Hermès avait semblé résigné à ce que sa sœur venait de lui apprendre. Elle l’avait observé longuement, scrutant chaque centimètre de son visage à la recherche d’un tic, d’un geste parasite mais la résolution semblait avoir pris le dessus sur le reste. “Il devait en être ainsi”. Peut-être pensait-il que le Destin était écrit à l’avance ? Pouvait-elle l’en blâmer ? Sans doute pas maintenant qu’il connaissait Chronos, son contrôle du temps. Peut-être en était-il d’ailleurs ainsi, une ligne écrite pour chacun, avec un début et une fin, un déterminisme que nul ne pouvait bouger. Cette pensée avait beaucoup d’adepte, Victoire n’en faisait pas encore partie mais elle respectait que certains y pense. Après tout, elle avait peut-être tort, lui peut être raison. Peut-être qu’Alexis était destinée à finir avec cet individu médiocre et potentiellement dangereux aux dires d’Hermès. Il avait alors supposé agir, avant de potentiellement imaginer créer une autre incidence, plus désastreuse que prévue, voire exactement celle qu’il avait prévu dans le futur. Victoire n’avait rien dit. Ce qu’il pensait se tenait selon ses théories à lui, sa vision du déterminisme. Elle le regarda en revanche avec surprise lorsqu’il lui demanda son avis. Scrutant ses bleus un instant, elle détourna le regard pour observer de nouveau la forêt au dehors, réfléchir à ce qu’il lui avait demandé. Avec un soupire, elle avait fini par se détourner de la fenêtre pour s’asseoir sur l’accoudoir du canapé et l’observer. Avec douceur et calme elle répondit :

- Je ne crois pas vraiment au déterminisme, que tout est inscrit. Je ne sais pas si je te serai de la plus grande des aides. Ce que je pense, c’est que si tout était écrit à l’avance, les points fixes n’existeraient pas, tout serait fixe. S’ils existent, cela signifie que certaines choses peuvent être changer, avoir une autre version et c’est peut-être le cas ici aussi...

Elle hésita un instant, observant Argus tout en réfléchissant. Puis, avec douceur, elle prit la main d’Hermès dans les siennes, l’obligeant à se tourner vers elle et l’observer. Elle leva les yeux vers lui avant de poursuivre :

- Je pense que la question c’est surtout de savoir, qu’est-ce que tu veux faire toi. Est-ce que tu as envie de l’en protéger ? Si oui, alors agit. Tu me demande si tu ne provoquerais pas ce que tu as vu en agissant, je te retourne la question en sens inverse : est-ce que tu ne provoqueras pas son futur en n’agissant pas ? Je pense que nous ne le serons jamais tant que tu n’auras pas testé l’une des deux versions... alors, si j’ai raison et que le déterminisme n’existe pas, tu auras au moins le mérite d’avoir essayé, quoi qu’il se passe. Si tu as raison et que le déterminisme existe et bien...

Elle éclata de rire, détournant le regard une seconde en mesurant l’aspect comique et amère de cette situation avant de replonger ses yeux verts dans ses yeux bleus.

- Et bien alors, de toute façon tu étais destiné à agir comme tu vas agir, non ? Alors pourquoi s’en soucier ? Ou même demander conseil ?

Elle lui sourit, espérant sincèrement l’aider, ignorant quel serait son choix. Elle s’était amusée à attiser la colère du notaire, il était allé bien plus loin qu’elle n’aurait pu le prévoir dans sa vengeance. Lui qui tenait tant à son mariage, à ce qu’il représentait et le cachet qu’il lui donnait, il n’avait pas hésité en une seule nuit à envoyer tout en l’air pour un excès d’égo mal placé et peut-être avec le magnétisme de la gamine qui restait encore un mystère pour elle. Victoire n’eût pas plus le temps de penser à la beauté de la jeune femme, à son efficacité à séduire un homme pareil que déjà Hermès, avait amorcé un geste de rapprochement envers elle. Victoire s’était levée doucement en le voyant s’approcher et avec une certaine surprise, elle s’était sentie attirée vers lui. Son corps s’était collé au sien dans un contact qu’elle n’avait encore jusqu’alors que très peu éprouvée. Complétement anesthésiée par la situation, elle avait senti les bras de son frère l’entourer avec une douceur incroyable tandis qu’elle n’osait plus bouger, ne sachant quoi faire de ses bras. Avec lenteur, ses bras à elle, qui lui semblaient brusquement peser une tonne, s’était enroulé autour du corps du dieu. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait plus eu un geste d’amour envers lui. Elle l’avait pris dans les bras en le retrouvant dans cet autre monde et s’était protégé de tout nouveau contact, piégée entre l’idée qu’il était son frère d’une certaine manière et qu’il ne l’était pas non plus, un double, un simple double de son frère mort et à qui elle avait peur de manquer de respect en le remplaçant. Pourtant, il était là, celui-ci, bien réel et bien vivant.

Elle s’était alors abandonnée à la tendresse, fermant les yeux, posant une de ses mains sur sa tête pour lui caresser doucement les cheveux. Une larme avait coulé sur sa joue, elle en avait senti toute la fraîcheur et tout le sel. Toute la douleur et l’amertume. Son nez s’était niché au creux du coup de son jeune frère, sentant ce parfum si différent et pourtant aussi si similaire à celui de celui qu’elle avait connu enfant, élevé. Elle l’avait laissé l’embrasser sur le front avant de la prendre dans les bras et elle se faisait alors cette réflexion que rarement un homme n’avait été aussi doux avec elle. Il y en avait eu un autre, mais il ne comptait sans doute pas, il avait disparu depuis plusieurs mois. C’était la première fois que quelqu’un qui lui était proche lui manifestait un véritable amour, sans rien attendre en retour.

- Je... Je pense que tu as raison.

Elle lui caressa la joue tendrement avec un sourire. Pour elle, il serait toujours un petit garçon, peu important s’il était celui qu’elle avait connu ou non. Il était son frère et elle serait prête à tout pour lui. Les mots qui suivirent la touchèrent brusquement. Elle sentait que la gorge d’Hermès était nouée et la sienne l’était aussi. De nouvelles larmes d’émotions s’étaient mise à couler. On lui promettait un soutien. Elle qui n’avait eu que pour fonction de soutenir, d’apaiser, elle était désormais celle qui était soutenue, aimée aussi peut-être et il n’y avait pas de mots pour dire ce que cela lui faisait ressentir.

- Merci...

C’était la seule chose qu’elle était parvenue à dire, la voix rauque. Après un instant elle poursuivit.

- J'ai eu du mal... avec toi... je le regrette. Quand... quand mon Hermès est mort et que je me suis souvenue de ce que nous étions, je pense que je n’avais jusqu’alors jamais ressenti une telle douleur. Et puis je suis “morte” à mon tour et je suis arrivée dans ton monde. Tu étais là, devant moi et j’avais l’impression d’avoir une nouvelle chance. C’était... c’était absolument incroyable comme sensation. Et puis nous sommes revenus ici, j’ai retrouvé ma vie, mon monde et tu as eu besoin d’adaptation. Ça m’a fait me souvenir que j’avais le droit à une seconde chance, certes mais que tu n’étais pas Hermès... MON Hermès...

Elle laissa un instant de silence, pour pouvoir reprendre ses esprits, mesure ses mots et peut-être aussi lui laisser le temps de digérer ce qu’elle lui expliquait. Elle se rendait compte que ce ne devait pas être facile à entendre. Lui prenant les mains, elle l’attira sur le canapé pour le forcer à s’y asseoir et s’assis à côté de lui, légèrement de biais pour pouvoir l’observer, tout en posant une main sur le genou de l’homme. Avec un sourire triste, elle reprit :

- Avec lui... c’est trop tard. Je ne reviendrai jamais en arrière... Et j’ai eu besoin de temps pour l’accepter, cela m’a demandé de prendre aussi mes distances avec toi, comprendre ce que tout cela signifiait. J’ignore ce que tu as vécu avec ton Hera, je sais qu’elle morte il y a bien longtemps et je ne veux dans le fond pas en savoir vraiment plus, sauf si tu désires en parler. Mais je sais que tu as fait preuve d’une bien meilleure adaptabilité que moi sur la situation et je m’en excuse.

Elle prit une nouvelle pose durant laquelle fit apparaître un verre de vin dans sa main libre pour en boire quelques gorgées. Elle l’observa avec un sourire goguenard :

- Si tu veux quelque chose, n’hésite pas, sers-toi ou dis-le-moi...

Elle plongea un instant son regard dans le liquide rouge avant de soupirer et de reprendre, l’observant droit dans les yeux :

- Je suis d’accord avec toi... Ce que tu dis me touche sans doute plus que tu ne peux l’imaginer... On... On ne m’a jamais vraiment dit ces choses-là... pas depuis des milliers d’années du moins... Merci d’avoir fait ce premier pas... et tu le sais, qu’importe qui tu es, qu’importe que je ne te connaisse que de façon biaisée, d’une façon ou d’une autre tu es mon frère, mon petit frère et j’ai toujours fait la promesse de te protéger contre vents et marées. Alors même si je suis encore maladroite de temps en temps ou peu à l’aise avec cette situation... sache que... je serais là...

Elle se cala un peu plus dans le canapé, à ses côtés. Son verre de vin dans la main gauche, sa droite toujours sur sa cuisse, elle posa sa tête sur son épaule avec douceur, observant le reste du salon et le mur d’en face au loin. Avec un soupire attendrit, elle ajouta simplement :

- La petite Alexis a de la chance de t’avoir en protecteur, peu importe ce que tu choisis de faire.
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________________________________________ 2020-10-31, 14:30








Qu’est ce que je voulais faire moi ? C’était une très bonne question. Elle ne m’était pas adressé, car au fond, on parlait d’Alexis. Mais cette question m’avait frappé avec assez de force pour que je me l’a pose aussi à moi même. Qu’est ce que je voulais ? Mes mains dans les siennes, je clignais des yeux. Elle parlait de déterminisme. Je ne connaissais pas le mot, mais je pouvais arriver à le comprendre grâce à la racine : cela voulait devoir dire que tout se détermine à l’avance. C’était le fond de ma pensée. Je l’avais mal exprimé. C’est fou ce qu’elle avait plus d’éloquence que moi.

« Je ne sais pas ce que je vais faire. Et si je dois faire quelque chose. C’était aussi pour ça que j’étais venu te voir. Mais... »

Je marquais une petite pause, m’arrêtant pour la regarder dans les yeux.

« En fait je me rends compte qu’il n’y a pas vraiment de bonnes ou de mauvaises réponses. Que la seule chose qui serait grave, serait peut être de ne rien faire… Je pense qu’il faut que j’en parle tout simplement avec Alexis. L’avertir. La prévenir. Pour le reste, nous faisons nos propres choix ; et nous créons nos propres démons. »


Cette dernière phrase résonnait un peu en moi. Je l’observais. C’était vrai, nous les créons nous même. Si Aphrodite n’était pas aller si loin, jamais Chronos n’aurait existé. Pourtant, à l’origine, je doutais qu’elle veuille créer tout cela.
Elle me rendit mon câlin, me prit dans les bras. Ca faisait du bien. C’était un amour véritable, celui là. Je le savais. Je le sentais au fond de moi. Je l’avais toujours eu en moi. Ca n’avait absolument rien à voir à ce que je ressentais quand j’avais été dans les bras d’Athéna, ou même de Galatée. Non. Je savais que cet amour là, était différent, et bien plus puissant. Car il était de naissance et de droit. C’était l’amour fraternel. Le plus beau qu’il soit.
Aussi… Mes illusions se brisèrent petit à petit. Elle me ramena, comme toujours, à la réalité. Elle m’avait entraîné dans le canapé, à côté d’elle, et me parlait de son Hermès. De son monde. Qui n’était pas le miens, et où visiblement, je n’avais pas mal place.
Une boule, apparut dans mon ventre et remonta à ma gorge. De l’angoisse, pure. Mais, j’avais hérité de ma sœur la même faculté de ne rien montrer quand j’étais au plus bas, et de toujours resté digne, les yeux droits. Jamais baissés.

« Je... »


Je n’arrivais pas à parler. A trouver mes mots. En fait, je commençais à me sentir chez moi ici. Dans mon monde. J’étais accepté par tous. Chacun me regardait comme… Qui j’étais réellement. Mais… Je savais qu’au fond il y avait une certaine forme d’hypocrisie générale. Que pour eux, je n’étais pas celui qu’ils avaient connus. Et ils avaient raison. Même Héra. Surtout, Héra.
Je me sentais plus seul que jamais. Je n’étais pas d’ici. Et jamais je pourrai rentrer chez moi. Je clignais des yeux. J’avais envie de pleurer, mais c’était hors de question.

« Je ne sais pas quoi te dire. Je ne suis pas lui, et je ne le serai jamais. Comme tu ne seras jamais mon Héra. Car, oui, elle est morte. »


Je regardais devant moi sans vraiment le voir. En fait, je pleurais. Je ne m’en étais pas rendu compte. Ca commençait à couler. Et je sentais mon visage se déformer. Jamais je ne pleurais devant qui que ce soit. Mais là, c’était différent. C’était autre chose.

« Et je m’en fiche. »


Ma voix, qui était brisée, était devenue plus forte, plus régulière. Plus déterminée que jamais. Je sentais sa tête sur mon épaule. Et elle me parlait d’Alexis. Qu’elle avait de la chance. J’allais lui expliquer, deux trois petites choses. Qu’elle devait absolument savoir.
Il était Temps d’aligner tout les astres et les pions correctement.

« Je m’en fiche, car aujourd’hui, je t’ai toi. Et il n’y a que ça qui compte. Il existe peut être 100 mondes. Avec 100 Héra, et 100 Hermès. »


Mon bras était passé par dessus son épaule, et je regardais le mur sans vraiment le voir. Je la serrais tendrement contre moi.

« Et si je devais toutes les protéger, les aimer, les défendre et les soutenir, je le ferai. Car je sais que là, tu es la même. Là, il y a toujours de la place pour moi, quelque soit l’endroit d’où je vienne. »


J’avais posé mon doigt sur sa poitrine, au niveau du coeur, c’est à dire sur une partie osseuse et non charnue.

« En arrivant ici, et surtout en voyant ce qu’Elliot était devenu dans ce monde, j’ai appris quelque chose. Ce n’est pas le soleil du monde d’où nous venons, qui fait que nous sommes ce qui nous défini. C’est notre entourage et ceux qui nous aiment, qui nous forgent. Peu importe d’où l’on vient, ou qui on est. »


Je la serrai, plus fort. Parce que j’en avais besoin. Parce que je savais que même si ce n’était pas ma véritable sœur, au fond, c’était tout comme à partir de maintenant, et pour toujours.

« Non, car à la différence d’Alexis, pour toi je ferai tout, même donner ma vie si c’était nécessaire. »




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________________________________________ 2020-11-15, 11:53 « T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »


I played with some hearts... got lost in this game...
Il avait choisi d’en parler à Alexis et elle lui avait souris avec un hochement de tête appréciateur. Quoi qu’il aurait choisi, elle l’aurait soutenue dans sa démarche. Après tout, c’était pour cela qu’il était venu la voir, non ? Pour lui demander conseil. Et elle avait fait de son mieux pour lui apporter ce dont il avait besoin, un cheminement de pensée qui l’emmène à sa propre réflexion, quitte à ce qu’il décide de tenter de défaire ce qu’elle avait fait. Il ne lui appartenait pas, il n’y avait aucune raison qu’ils pensent de la même façon et c’était bien pour cela qu’il était venu la voir dans un prime abord, ce qu’elle avait ne lui avait pas plus. S’il souhaitait à présent tenter de réparer “l’erreur” considérée de sa sœur, il pouvait le tentait, peut-être d’ailleurs la jeune femme serait-elle raisonnable. De son côté, c’était chez les Dorian qu’elle devait aller. Elle avait dit au notaire qu’elle ne se mêlerait plus de son petit jeu tordu et elle comptait plus ou moins suivre sa parole. Tant qu’il ne faisait pas de mal à Alexis, cela ne la concernait pas, cela concernait plutôt Hermès à présent. Mais elle n’avait pas pensé qu’il irait aussi loin dans sa démarche, dans sa volonté de s’émanciper de leur rencontre, comme une vengeance puérile dont il avait sans aucun doute tiré... quelques plaisirs. Elle mourrait d’envie de rencontrer Georgia, cette femme éprise et bien trop naïve. Se rappeler au bon souvenir de ce petit caïd à l’égo surdimensionné. Mais plus tard. Cela attendrait. Hermès avait avant cela besoin d’elle.

Ils en étaient allés chacun de leur côté sur les confidences concernant leurs sentiments l’un envers l’autre, la perte de leur véritable lien fraternel, retrouvé par deux dimensions différentes qui n’avaient pas eu raison d’eux. Elle s’était alors blottie contre lui, son verre de vin toujours à la main, tandis qu’elle lui précisait qu’Alexis avait sans aucun doute de la chance de l’avoir en protecteur. Elle le pensait. Déjà parce qu’une humaine avait touché un dieu et que cela était déjà assez inédit dans son genre. Ensuite parce qu’Hermès avait un cœur, un cœur bon et valeureux et que c’était sans doute une raison essentielle au fait qu’il saurait bien la protéger, bien plus qu’Hadès peut-être, pensait-elle, avec qui elle avait pourtant noué un lien particulier. Il s’était mis à pleurer. Elle le sentait aux trémolos dans sa voix et cela lui avait directement noué la gorge. Elle se souvenait de son Hermès. Elle n’avait jamais aimé l’entendre pleurer. Elle voulait le voir heureux, jamais triste. Mais c’était impossible, évidemment. Elle n’avait pas bougé, se contentant de resserrer sa main sur sa cuisse, non plus douloureusement mais pour lui apporter un peu plus de soutien. Ses larmes devaient couler sur sa chevelure et selle s’en fichait. Elle voulait lui laisser la chance d’aller au bout de sa pensée, crever l’abcès, lui laisser aussi l’intimité de ses larmes quelques instants. Ses mots l’avaient touché mais elle n’en avait rien montré. C’était lui qui pleurait, lui qui avait besoin. Son rôle de grande sœur avait toujours été d’être un soutien, pas de craquer alors qu’il avait besoin d’elle. Leur mère les avait laissés, sans aucun doute pour leur bien, elle était la plus grande, c’était à elle d’assumer à présent. Et elle ne cesserait jamais d’assumer.

Elle l’avait laissé la prendre plus fort dans ses bras. Hera avait fait disparaître son verre de vin pour que sa main nouvellement libre vienne prendre celle qu’Hermès avait posé près de son cœur. Elle l’avait prise avec douceur dans la sienne avant d’y déposer un baiser puis s’était dégagée de son emprise pour lui faire face. Avec un sourire sincère, touché, timide aussi peut-être, loin des sourires goguenards qui faisaient d’elle ce qu’elle était, elle avait écrasé les larmes sur les joues d’Hermès avec douceur, avant de les effacer complétement.

- Je n’ai pas besoin d’être protégée Hermès... je suis une femme forte.

Du moins, elle avait appris à l’être. Elle lui avait lancé un sourire encourageant. Elle savait que cela ne lui suffirait pas, qu’il estimerait que c’était son rôle. Mais il lui était inconcevable de laisser son petit frère prendre autant de risque pour elle, elle ne le méritait pas. Et aussi incroyable que cela puisse le paraître, elle s’en sortait toujours, même quand elle ne pensait pas en être capable. Un don du ciel, une main tendue qu’elle ne parvenait pas à percevoir. Avec douceur, la main qui avait effacé ses larmes s’était calée dans une caresse sur son menton pour qu’il continue à la regarder.

- Je ne te demanderai jamais de mourir pour moi. Pire ! Je REFUSE que tu meures pour moi, tu m’entends ? Ta vie, tu dois la vivre pour toi, avec ses bonheurs et ses joies, ses peines et ses désillusions. Quoi qu’il arrive, j’irai bien. Et si un jour je ne vais plus... aussi bien disons, j’espère au moins que j’aurai su te donner un avenir meilleur.

Car c’était là son rôle de grande sœur. Son sourire s’agrandit tandis qu’elle s’approchait pour le prendre une fois de plus dans ses bras. Elle lui murmura alors :

- Je suis heureuse que tu sois venue... que l’on se soit dit tout cela...

Jamais elle n’aurait pu penser que cette conversation puisse les amener jusque-là et pourtant, cela avait fini par arriver. Pour la première fois depuis l’arrivée d’Hermès dans ce monde, elle avait l’impression d’avoir retrouvé son frère, un allié. Pour la première fois depuis longtemps, elle n’avait plus l’impression d’être seule, de se battre contre des Chimères invisibles. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait l’impression d’être aimée pour ce qu’elle était, peu importait ce qu’elle était. Et cela lui donnait une force nouvelle, la force de démarrer un nouveau jour, Hermès à ses côtés.


FIN.

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