« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
l y avait quelque chose d’hypnotisant chez Loreleï. Une lumière éblouissante contre laquelle Ajay venait s’écraser, conscient qu’il finirait par se brûler, par griller, tomber de haut et crever sur le carrelage froid, seul et torturé. Il s’en rendait compte, mais il ne pouvait s’en empêcher. Il ne voulait même pas résister, totalement obnubilé par cette tache de couleur dans ses ombres éternelles. Elle ne pouvait pas se douter, elle, du pouvoir qu’elle avait sur lui. Il lui donnait volontiers sa vie, tant qu’il pourrait admirer, juste avant sa mort, ces flammes incroyables qui remuaient autour de son visage invisible.
Sa flamme (il était déjà lassé de l’appeler sa sirène alors qu’une autre sirène s’amuse déjà de mon personnage ailleurs) avait, néanmoins, une ombre étrange en travers de la gorge. Un passé qui tendait ses doigts froids vers son cou et la forçait à craindre les mots d’Ajay, ne pas croire sa franchise, essayer de trouver le mensonge en grattant la vérité. Il ne mentait pas. Il n’était pas homme à fuir. Ne l’avait-il pas prouvé, quelques minutes auparavant ? Il était prêt à affronter sa mort, sans s’inquiéter. Elle était la seule à avoir soufflé, dans son cœur, l’envie de s’enfuir. Sans elle, il serait mort.
– Mais je ne suis pas comme les autres.
Une vérité qui le prenait aux tripes et lui donnait presque envie de vomir. Le seul dégoût qu’il restait, à Ajay, était celui qu’il s’inspirait à lui-même. Il n’était rien qu’une coquille vide. Une apparence, une boîte qui a l’air bien faite, mais qui ne renferme rien, à l’intérieur. Elle pourrait l’ouvrir autant qu’elle le voudrait, jamais rien n’apparaîtrait. Seulement le vide, le vide et encore le vide.
– Il ne me reste plus que la curiosité à donner, rien d’autre. Je peux vous l’assurer.
Ajay se gardait le dégoût pour lui-même et la peur n’était pas une donnée qui étreignait son cœur. Il avait appris à ne pas avoir peur. Il avait été élevé pour cela. En tant que doublure, il ne pouvait pas se permettre d’avoir peur. S’il s’effrayait de ce qui l’attendait, de la possibilité d’être attaqué au moindre coin de rue, alors il ne servait à rien.
Une nouvelle tristesse passa sur le visage de la doublure qui baissa les yeux, coupable. Il ne voulait pas sous-entendre qu’elle travaillait vite, qu’elle ne prenait pas soin de ses œuvres, qu’elle ne prenait pas le temps, tout simplement. Mais qu’avait-il voulu dire, au final ? Il ne le savait pas lui-même, perturbé par la flamme, le balancement de ses cheveux flamboyants dans la brise qui glissait entre les arbres.
– Pardonnez-moi, dame Loreleï. Loin de moi l’idée de vous sous-estimer ou de dénigrer votre œuvre. C’est que j’ai encore un peu de mal à croire ce que vous voulez faire de moi. J’en oublie que vous ne voulez pas juste me tuer.
Ce qui était vrai. Tout comme il ne comprenait toujours pas de quelle façon sa jolie flamme donnait forme à ses statues. Il avait beau réfléchir, essayer d’imaginer, il ne trouvait rien de cohérent, rien qui puisse donner une allure si… vivante à ses œuvres. Et, au fond, Ajay n’avait pas envie de deviner. Le mystère l’attirait, l’intriguait.
Un peu de rose vint monter à ses joues, alors qu’il se paraît d’un petit sourire timide. Ajay n’avait, sans doute, jamais fait face à une dame comme Loreleï. Elle dégageait quelque chose de puissant contre laquelle il ne pouvait rien faire, il ne voulait rien faire. L’aplomb avec lequel elle avouait ces… envies qu’il insufflait en elle, le perturbait autant qu’il contribuait à l’hypnose dont il était la victime consentante. Il ne pouvait que comprendre ce qu’elle disait, conscient qu’il ne s’en sortait pas mieux de son côté. Et puisqu’il était l’heure des confessions directes…
– Et vous me donnez la plus puissante et dangereuse envie de toute ma vie : celle de vivre encore quelques semaines. (Il eut un petit pouffement, alors qu’il faisait face à sa propre « bêtise ».) Même seulement quelques heures, pour tout avouer.
Le petit rire de la flamme l’intéressait autant que ces doigts si doux, entre les siens. Il lui donnait, en vérité, d’autres envies qu’il ne pouvait ni dire ni assouvir, tout comme le faisaient ses claquements de langues. Même s’il ne s’agissait pas des mêmes envies, le sujet ne volait pas bien plus haut et cela eut le don de ramener un peu plus de rose à ses joues. Ajay ne s’était, sans aucun doute, jamais surpris à avoir un tel besoin de s’approcher d’une femme.
– Voulez-vous prendre les paris ? demanda-t-il, avec une auréole bien nette au-dessus de la tête (on y croit).
Ajay ne doutait pas de pouvoir survivre à Loreleï. Il avait subi des choses qu’elle n’imaginait pas, dans sa vie, et il avait su se retirer, n’être que l’armure que l’on voulait qu’il soit, une pancarte qui fait joli, plantée dans un coin, mais qui n’indique pas la bonne direction. Un leurre au bout d’un hameçon, vide et inoffensif, agité pour lui donner l’allure du vivant. L’était-il vraiment, vivant ? Plus pour bien longtemps.
Les doigts de sa flamme revinrent se poser au creux des siens, comme si leur place avait toujours été là, bien au chaud alors qu’ils étaient si froids. Ajay referma sa prise sur eux, doucement, comme si lui suffirait de serrer un peu plus fort pour les briser. S’il lui arriva, à nouveau, de caresser les doigts blancs de la sculptrice de son pouce, ce fut, bien évidemment, totalement inconscient et innocent. Comme une habitude qui s’installait entre eux et lui collerait vite à la peau, qui le laisserait en manque, drogué, s’il ne se laissait pas tenter.
L’ombre de la maison lui donnait des airs de chaumière paisible, au fond des bois, comme un tableau parfait. Il lui sembla, pourtant, quand il entra derrière Loreleï, que les murs furent soudain plus grands, plus loin, les espaces impressionnants. Mais que pouvait-il en juger, lui ? Il ne se fiait qu’à une impression mouvante, une ombre floue, sans pouvoir admirer les choses correctement. Alors, il ne fit aucun commentaire et ne stressa pas plus que nécessaire. Peu importait, au fond.
S’il y eut un peu plus de rouge, à ses joues, Ajay était prêt à jurer (même s’il n’aimait pas mentir) que c’était seulement à cause de la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur. Et ce, oui, même s’il tenait sa veste à la main depuis le début de la journée, puisqu’il jugeait la température trop chaude pour l’enfiler. En tout cas, il lui semblait que cela était l’excuse parfaite pour ne pas avouer qu’il avait, peut-être, entendu un « ma » au lieu d’un « une »…
Une pensée sur laquelle il ne préféra pas s’arrêter pour se concentrer, plutôt, sur Loreleï qui virevoltait, devant lui (ce qu’il vit au ballet de ses cheveux de feu) pour se retourner et lui faire face. Il se racla la gorge, discrètement, pour évincer de son esprit cette erreur monumentale. Alors qu’elle reprenait le vouvoiement, Ajay se demanda si elle ne lisait pas dans son esprit. Auquel cas… il aurait la plus grande honte de sa vie.
– Ne faîtes pas cela, dame Loreleï. S’il vous plaît. Je peux vous expliquer certaines choses, si vous le voulez. Mais ne l’approchez pas, n’allez pas chercher la réponse. Je préfère vous la donner.
Et sa voix vibrait de l’inquiétude qui le bouffait à l’idée de laisser Loreleï approcher de Connor, essayer d’en comprendre les secrets. Il ne voulait pas laisser cela arriver et il ne fut pas sûr, soudain, en refermant à peine plus fort ses doigts sur les siens, de la raison qui le poussait à l’en empêcher. Était-ce pour la préserver du mal ou pour s’assurer que ses doigts ne le quitteraient pas si vite ? Il ne préféra pas se le demander.
Gajeel Redfox
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orelei ne se trouvait pas … rien… elle savait qu’elle attirait les regards, mais elle n’avait jamais compris pourquoi. Ce qui donnait aux gens l’envie de la « connaître » alors qu’on finissait par la haïr… Ou par avoir peur … ou par mourir. C’était au choix, mais jamais personne n’était resté… Elle eu un rire, un rire sec, un rire méchant, un rire que personne n’avait envie d’entendre quand on lui disait « ne pas être comme les autres ». Cela aussi, on lui avait déjà dit. Ce n’était plus qu’une belle blague, un running gag qu’elle avait fini par ne plus prendre au sérieux et jeter avec désinvolture sur le bas côté de sa conscience. Elle avait eu de l’espoir au tout début, l’espoir de pouvoir enfin, mettre fin à une partie de la malédiction qui l’encombre. A pouvoir … croire … avoir de l’espoir dans les gens et dans l’avenir. Mais elle n’avait en réalité rien du tout. Rien de tout ça. Jamais plus.
- Nous verrons bien cela. Tu es déjà différent, mais toujours semblant à beaucoup malgré ce que tu penses. C’est ton mystère qui m’intéresse, c’est ta manière. Mais d’expérience je sais que les Hommes ont tous des similitudes …
Elle ne savait pas comment le dire exactement, mais c’était ce qu’elle pensait elle…. Elle pensait à toutes ses choses qui les rapprochaient, qui faisaient d’eux, des Hommes, et d’elle un monstre. A cette raison étrange d’avoir été puni, et à tout ce qui arrive autour de sa personne, de la magie.
- Je suis une artiste avant d’être quoi que ce soit d’autres, ne l’oublie plus.
Elle était dans la vérité et dans le mensonge en même temps avec cette phrase. Elle était une tueuse, une femme dont un serpent avait élu domicile dans ses cheveux, et pouvaient en regorgé bien d’autres, qui pétrifier les gens de son regard…. Elle n’était donc pas une artiste dans la plus grande définition d’elle même … mais au fur et à mesure du temps, elle avait appris que ses statues pouvaient faire émanait bien plus de chose, de temps, de questions encore que ce qu’elle avait pu faire au début. Sa première statue toujours protégé du temps. Quand il lui dit qu’elle … ELLE … elle lui donnait envie de vivre, elle eu un moment de bug, avant de secouer la tête. Claquant sa langue à nouveau elle reprit.
- Tu es bien étrange d’avoir envie de vivre juste après m’avoir autorisé à te donner la mort, mais je prends, ton visage n’est que plus beau quand les flammes de la vie l’y habite.
Un visage déjà mort, déjà détruit par le monde, n’était pas intéressant. Un visage détruit qui se reconstruit l’était plus …. Et Lorelei faisait toujours preuve d’une patience des plus tranquille pour modeler tout ça, le regard surtout … Elle aimait le regard de ses statues quand il y avait cette touche de peur, de haine ou de colère qui les tenait …. Ou de trahison.
- Pour faire un pari, il me faudrait quelque chose a y gagné.
Elle l’avait déjà en entier … Elle sourit à cette pensée. Elle avait déjà eu des victimes dociles. Elle avait déjà eu des gens qui attendaient patiemment la mort, ou même qui lui demandait … Mais … Ajay avait ce petit quelque chose qu’elle appréciait un peu plus … comme s’il était intéressant à côtoyer ? Elle secoua la tête pour elle même… Nah, les humains n’avaient rien d’intéressant, elle préférait laisser sa pensée là, morte sur le sol, comme un moustique écrasé qu’on n’a pas envie de déplacer. Les doigts touchant les siens lui donnaient aussi une impression étrange, et elle jeta le second moustique avec le premier. Personne ne lui avait autant tenu la main, mais cela allait certainement avec le fait qu’elle n’avait jamais eu personne d’aussi docile avant.
A l’intérieur de la maison, elle aurait voulu des exclamations sur la beauté des lieux, mais rien. Ce mec l’agaçait. Il avait une structure parfaite, de bâtisse incroyable, des colonnes grecques, des fresques, et il ne disait rien, ça l’agacer … Il était à la fois déterminé à vivre mais aussi en manque de cette extrême surprise et adoration qu’il devrait avoir sur les belles choses de la vie.
Dieu seul n’est pas le seul à savoir qu’elle aimerait lire dans les pensées … mais elle était plus maline que la moyenne. Si elle ne pouvait savoir qu’Ajay avait eu des pensées plus sportive, elle comprit bien vite que l’admiration de sa maison était passé à la trappe à cause d’une pensée bien plus forte… qu’elle n’arrivait pas à définir. Elle eu un rire, bien plus joyeux cette fois.
- Mon cher Ajay, dire à une femme comme moi de ne pas faire quelque chose, c’est l’inviter à le faire avec une force bien plus puissante. Je réfléchirais sur cela après le repas.
En réalité, sa demande était passé par une oreille pour repartir de l’autre comme un nuage de fumée dans le ciel. Ne pas aller rencontrer Connor ? Alors qu’il avait essayé de la tuer ? C’était mal la connaître ! Ok…. Il n’avait pas voulu réellement la tuer, mais c’était tout comme. Et elle n’acceptait pas cela. Elle prit le devant de le pousser dans la maison pour prendre un couloir et s’arrêtait devant une grande table à manger.
- je compte savoir toute la vérité, mais mangeons d’abord. Je n’ai pas envie que le stress de la journée fasse que tu me claques entre les doigts.
Elle le poussa sur une chaise et en pris une autre en face de lui alors qu’elle laissa, à regret, sa main dans le froid du vide. Elle s’assit et observa ce cher Ajay. Pas comme les autres il avait dit … il était clairement atypique, mais elle ne pouvait pas croire qu’il n’était pas comme les autres… Pourtant elle n’avait pas encore percuté qu’il était aveugle… Certainement parce qu’elle ne réfléchissait pas sur cela, et qu’elle observait ses yeux pour en voir les lueurs, non le fonctionnement. Hansel et Gretel apportèrent des assiettes à chacun, et une miche de pain au milieu. Gretel prit la parole.
- Ma dame, Paco risque t il de revenir avec un prisonnier ? Dois je préparé le donjon ?
Elle pinça ses lèvres alors qu’elle observa l’enfant. Elle avait demandé à Paco de tuer tout le monde, mais peut être pourrait il ne pas le faire pour l’offrir à sa maitresse si il voit une opportunité de lui faire plaisir. Elle fit un signe de tête pour lui dire de le faire.
- Merci. Maintenant disparait.
Il y avait eu une demi seconde, pendant son merci, où l’on aurait pu sentir de la tendresse, voir même de l’amour …. Mais qui disparu comme un soufflet dans le vent alors qu’elle rajouta de disparaitre. Elle prit les couverts.
- dites moi Ajay, avez vous des … désirs particuliers ce qu’il s’agit de la chambre ? Je n’ai pas beaucoup d’invité, mais je fais toujours en sorte qu’ils se sentent bien.
La dernière fois qu’elle avait eu une vraie visite, c’est à dire pas une personne qu’elle comptait tuer par la suite, c’était César … autant dire que ça date….
lle ne savait pas, sa flamme, de quelle manière ses mots le touchaient. Il ne pouvait que comprendre à quel point il était semblable aux autres, puisqu’il était né pour être un autre, pour agir comme le ferait l’autre, sans jamais être lui. Ajay n’avait jamais existé et c’était, là, le seul mystère qu’elle réussirait, peut-être, à percer si elle grattait un peu la surface. Néanmoins, la doublure n’était pas certaine de devoir avouer son secret à sa flamme. Il avait, plus ou moins, prêté serment, juré de ne jamais dévoiler le subterfuge. Pourtant, il savait pertinemment qu’elle serait, tôt ou tard, au courant. Même par hasard, en tombant sur un article sur Connor dans le journal, alors qu’elle s’était débarrassée d’Ajay. Et il ne serait plus là pour l’empêcher d’aller voir le criminel.
Pour le moment, la doublure préférait garder le silence, se laisser le temps de la réflexion, de savoir ce qu’il devait faire. Ce n’était pas donné à tout le monde d’envoyer balader tous ses principes d’un revers de main. Même l’éclair de feu qui traversait ses ténèbres ne changeait pas cela. Il voulait tout autant le lui expliquer que le taire, persuadé qu’elle pourrait comprendre, mais qu’il aurait, alors, honte de ce qu’il était. Ou de ce que l’on avait fait de lui. La différence était minime, mais la nuance lui semblait, soudain, nécessaire. Alors même qu’il n’avait, jusqu’à aujourd’hui, jamais remis en question ce qu’il était.
Il avait vexé sa flamme et Ajay ne sut pas comment se faire pardonner cet affront. Sa culpabilité se traduisit par un regard baissé et une mine de chien battu. Il ne voulait pas remettre en question ses compétences d’artistes, il avait seulement beaucoup de mal à s’imaginer pouvoir être le modèle d’une œuvre d’art. Qu’elle veuille faire de Connor le prochain sujet de son œuvre, il ne l’aurait pas remis en question, mais Ajay n’était… rien. Rien qu’une ombre qui attendait les bons pieds auxquels s’accrocher pour poursuivre son chemin. Et ces pieds l’avaient jeté au loin, préférant se planter sous une lumière éblouissante qui l’évinçait de l’équation.
Conscient d’être seulement doué pour s’enfoncer, il n’ajouta rien et se concentra sur la suite. L'envie de vivre était une chose étrange, il voulait bien le lui accorder. Ajay avait plus ou moins accepté son destin, puisqu’il avait été conditionné pour mourir à la place d’un autre. Il regrettait, tout de même, de devoir mourir sans la moindre utilité, sans servir à ce pour quoi il avait été conçu.
S’entendre dire, tout de même, qu’il était plus beau avec les flammes de la vie sur le visage, eut le don de lui amener un peu de rose aux joues et un sourire timide sur les lèvres. Elle ne savait pas ce qu’elle disait, sa jolie flamme. Et il ne sut pas, soudain, s’il devait le lui dire ou se taire, sur ce sujet aussi, puisque l’étrange inconnue n’avait toujours pas compris son handicap. Il était un homme, devant elle, juste un homme comme les autres et ce fut ce qui le décida à ne rien dire. Pour une fois, on ne le regardait pas comme une ombre, ni comme un aveugle, mais comme un homme comme un autre.
– Que voulez-vous gagner, dame Loreleï ?
Sa demande fut dite dans un souffle doux, sur un ton bas, pour ne brusquer personne. Il ne savait pas ce qu’il pouvait lui donner alors qu’il lui donnait, déjà, toute sa vie, ou le peu qui lui en restait. Ajay n’avait rien d’autre que cela, en vérité. Aucune possession, aucun entourage. Il n’y avait que son corps, son esprit et lui. Un esprit muselé depuis l’enfance, un corps condamné. Que pouvait-il lui offrir, au final ? Il regretta presque d’avoir posé la question, pour ne pas avoir à lui dire qu’il ne pourrait rien lui donner.
Heureusement, tout ceci fut mis de côté le temps d’entrer dans la maison de sa flamme et de se méprendre sur une maudite syllabe. Où avait-il la tête ? Visiblement, Ajay était plus perturbé par Loreleï qu’il ne l’avait jamais été dans sa vie. Il avait connu, de loin, des femmes intrigantes qui n’avaient jamais été pour lui, des femmes douces ou autoritaires, des femmes superficielles ou plus profondes, des femmes d’art aussi. Pourtant, aussi loin qu’il pouvait se souvenir de toutes ces connaissances qui n’étaient jamais devenues plus que des connaissances (ce n’était pas lui, après tout, que l’on venait connaître) il n’avait jamais connu personne comme elle. Et c’était ce qui l’accrochait si fortement à la main de sa petite flamme.
Le rire de Loreleï, cette fois, ne tira pas un sourire à Ajay, mais eut l’effet inverse, sur lui. Il comprit, avant qu’elle ne le dise, qu’elle ne ferait pas ce qu’il lui demandait avec tant de désespoir. Il était prêt à lui donner quelques secrets, à lui expliquer ce que l’on avait fait de lui, ce qu’on lui demandait d’être pour le bien d’un autre. Mais elle n’était pas femme à attendre qu’on lui donne patiemment, elle voulait prendre elle-même et il admirait cela autant que, sur ce sujet, il aurait préféré que ce ne fut pas le cas.
– Il faudra que je fasse attention à ce que je vous demande de ne pas faire, alors… souffla-t-il, avec un petit sourire, pour alléger le sujet.
Il avait bien une idée, mais il savait d’avance que la gifle, en retour, risquait de lui arracher la tête. Il était presque tenté, en vérité. Loin de lui l’idée de s’effrayer pour un coup. Ce ne serait pas le premier et, pour une fois, cela serait presque justifié. Évidemment, il n’en fit rien, il resta silencieux, un pli soucieux au milieu du front, alors qu’il cherchait un moyen de la persuader de ne pas partir voir Connor et… et… et quoi ? Et le laisser ? Était-il si désespéré ? Sans le moindre doute, oui. Et cette seule pensée ramena un peu de rouge à ses joues, alors qu’ils s’arrêtaient devant une ombre longiligne qu’il devina être une table.
– Le stress de la journée ?
Cette fois, Ajay battit plusieurs fois des cils et prit un instant de réflexion et d’introspection, ce qui le fit baisser très légèrement la tête d’un côté. Une mèche de cheveux vint, alors, se détacher du reste pour rebondir sur son front. Était-il stressé ? Avait-il stressé ? La seule chose qui le stressait, en vérité, c’était Loreleï et sa propension à n’en faire qu’à sa tête, à ne pas vouloir s’écarter du danger, à toujours vouloir se jeter dans la gueule du loup, alors même qu’elle connaissait le piège.
Il n’en dit pas plus, pourtant, et se contenta de s’asseoir à table et d’attendre patiemment. Ses doigts passèrent discrètement sur le bord de l’assiette pour trouver ses couverts et il fit mine d’en suivre le contour, comme pour en juger la qualité. Ce qui était une bonne excuse pour ne pas avouer qu’il ne pouvait pas les voir, sur la table. Il ne discernait qu’une ombre massive devant lui et les cheveux de feu de Loreleï qui flamboyaient juste à côté.
En entendant une voix d’enfant s’élever dans la pièce, Ajay chercha, un instant, un signe de la position de l’autre. Il découvrit une forme informe, une ombre mouvante si fluette qu’il ne pouvait s’agir que de celle d’une enfant. Il s’y arrêta quelques secondes, mais revint bientôt à Loreleï et sa couleur. Il n’était que spectateur, de toute façon, et personne ne lui demandait de s’incruster dans une conversation qui ne le regardait pas le moins du monde. Il attendit plutôt que les pas de l’enfant s’éloignent pour être seul avec sa dame.
– Je n’ai aucun désir, dame Loreleï. J’ai été habitué à ce que vous n’oseriez imaginer. Même dormir dehors m’irait très bien.
Ce qu’il dit en toute vérité, même si le pli, au milieu de son front, prouvait que ses pensées étaient tournées ailleurs, loin des désirs qu’elle voulait lui trouver. Ajay n’avait jamais rien désiré, il se contentait de faire ce qu’on lui demandait sans poser de question. Ainsi était sa vie, ainsi serait-elle à jamais. – Ne tournons pas autour du pot, s’il vous plaît. Vous me torturez et je vous soupçonne d’aimer cela, ajouta-t-il, avec un petit sourire.
Ajay était loin de le lui reprocher. Il ne dépréciait pas les vibrations et les vagues qu’elle faisait naître en lui, les envies qu’elle insufflait au fond de son cœur, sans le savoir. Pour la première fois de sa vie, il se sentait vivant, acculé dans une impasse, obligé de montrer ses sentiments. Ce qui commençait par poser la main sur la table, paume vers le haut, dans l’espoir fou qu’elle vienne, peut-être, poser ses doigts froids au creux des siens.
– J’aimerais tout vous expliquer, mais je ne sais pas par où commencer. (Il marqua une pause et baissa à peine la tête, ce qui fit frémir cette mèche rebelle, sur son front.) L’homme que vous avez rencontré, hier, s’appelle Connor Hale. Son empire criminel est immense. Ce n’est pas un homme avec qui l’on joue.
Le dire à haute voix fit naître, dans son esprit, des idées qu’il préférait taire et qu’il ne voulut pas comprendre, sans pour autant s’enfoncer dans le déni. Il ne voulait pas prendre le risque que Loreleï aille voir Connor pour qu’elle ne risque pas sa vie, ni qu’elle se laisse tenter par le diable, en vérité. Pour la première fois depuis qu’il était capable de penser, Ajay n’avait pas envie de partager avec Connor.
– L’homme que vous avez rencontré hier, c’était moi. Mais je suis Ajay, pas Connor. (Ajay se pinça les lèvres, conscient qu’il n’expliquait rien du tout.) Il me demande de me faire passer pour lui, pour déjouer les attentats contre sa personne. Vous comprenez ?
Lui-même n’était plus sûr de le comprendre, maintenant qu’il le disait, pour la première fois de sa vie, à haute voix. C’était étrange à avouer, mais c’était pourtant la vérité.
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oreleï ne comprenait pas, encore, cet homme mais ça arriverait bientôt. Elle aimait les mystères, les questions, les étrangetés qui faisaient d’un monde quelque chose de … plus grand, plus surprenant que ce qu’il n’était en réalité… Bien sur, la plupart des mystères qu’elle avait eu avant c’étaient soldés par une déception très grande. Elle n’avait que peu d’espoir pour le Mystère Ajay … mais elle avait envie de jouer à ce jeu si excitant qui la tenait bien éveillé en cette instant.
Elle ne pouvait pas se douter que ses mots avaient une quelconque portée, bien qu’elle savait avoir un impact sur tout le monde en réalité. On ne pouvait réellement lui en vouloir. C’était ce qu’elle voulait … si elle voulait impacter, si elle voulait rester dans les mémoires, et augmenter son art alors … il fallait qu’elle puisse dire des choses qui impacte. Donc, non elle ne s’en doutait pas, mais elle trouverait cela tout à fait normal.
Elle ne revient pas sur son art, personne ne pouvait comprendre. Si elle avait passé le début de sa vie à faire des statues sans le vouloir, elle avait ensuite appris à faire de sa magie quelque chose de … plus. Quelque chose qu’elle avait envie d’être fière. Elle n’exposait pas les premières statues qu’elle avait faites. Sauf une. Une qu’elle avait gardée depuis des années. Une qu’elle avait mit dans une zone que personne ne pouvait toucher, jamais. Elle faisait attention à chaque chose qu’elle faisait. Elle avait comblé le vide ainsi, elle ne pouvait plus faire autrement alors elle ne pouvait pas laisser quiconque douté de son art.
L’handicap de l’homme elle ne l’avait pas vu parce que ça n’empêcher en rien d’être charmant et d’avoir un visage qui lui donnait envie de … l’embêter … le rose sur ses joues lui donnait des envies de taquinage qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Qui aurait pu le dire quand elle l’avait rencontré ? Pas elle en tout cas.
Elle se mit à réfléchir, réellement à la question .. que voudrait elle ? Revenir en arrière, repartir dans une autre époque et faire toutes les choses différemment. Elle voulait changer tout ça, mais elle ne comptait pas le dire à Ajay. Ce n’était pas encore le temps.
- Je ne sais pas encore, des services, de l’argent, peut être ? je ne sais pas encore. Je vais y réfléchir.
Elle préférait que l’on pense qu’elle est une personne vénale, une personne qui a besoin qu’on lui doit des choses. Elle n’avait pas envie tout de suite, ni même jamais bien qu’elle ignore qu’un jour ce jamais arriverait, lui dire la vérité sur ce qu’elle désirait réellement, sur ce qu’elle voulait, mais avait arrêté d’essayer de chercher depuis maintenant des années.
- Ne faites donc pas attention, la spontanéité ça permet de mieux cerner les gens.
En effet, savoir qu’elle n’avait pas le droit de parler à une personne, lui donner envie de parler à cette personne. Si Ajay se mettait à réfléchir avant de lui interdire, cette interdiction perdra un peu de son cachet … de sa profondeur… elle ne savait pas, elle voulait plus qu’il continue de lui interdire tout et n’importe quoi qui lui venait en tête. Elle observa son sourire et ne comprit pas. Y avait il un sous entendu qu’elle n’avait pas entendu ? Peut être. Elle ne comprenait pas.
- le stress de risquer de mourir, de se faire kidnappé par une femme inconnue.
Loreleï sourit un peu. Un franc sourire pour une fois. Il ne remarquait pas que la journée aurait du le mettre dans tous ses états ? Qu’il aurait du se sentir un peu plus … plus enfermé ? Il était après tout sa prochaine victime… Elle ne savait pas mais il était vraiment un mystère qui l’intéresser. Après l’enfant partit, Loreleï se reconcentra tout simplement sur l’homme en face d’elle.
- Vous ne pouvez pas dormir dehors. C’est non.
Il n’était pas question qu’il dorme par terre, et pas question qu’elle le laisse faire. Elle pouvait très bien être têtue, l’homme semblait déjà le savoir, mais pas encore assez au goût de la jeune femme. Il y avait tant de chose à faire pour montrer son niveau, et elle avait hâte. Tout comme le mystère l’intrigue, taquiner l’homme l’amuser… Elle avait envie de le toucher et de le voir réagir à ses phrases. Elle répondit à son sourire.
- Oui, en effet, j’adore cela, te taquiner fait partit des choses que j’adore.
Elle ne pouvait le nier, elle adorait cela… et l’homme qui avait dit qu’il allait tenir plusieurs semaines sans avoir envie de partir loin… elle voulait jouer cela, elle voulait absolument s’amuser. D’ailleurs, se fut un sourire qui naquit sur son visage quand elle vit sa main. Doucement, elle prit la main de l’homme. Pas complètement au début. D’abord, elle caressa juste la peau doucement, elle toucha et passa ses doigts de son poignet vers l’extrémité des doigts. Doucement sans jamais arrêter le mouvement pour lui prendre réellement la main.
- Par le commencer serait une idée. N’est ce pas toi que j’ai rencontré hier ? Pourtant tu m’as reconnu et je suis sur de vous avoir reconnu ?
Loreleï n’était pas le genre à savoir ce qui se passe dans le monde criminel humain. Encore moins pour une petite personne qui traine par ci par là… Connor, elle ne le connaissait pas … rapidement elle se rappela que c’est le nom de l’homme qui avait offert les œuvres au musée non ? Il faudrait qu’elle se renseigne un peu plus. Son mystère était déjà en train d’éclater … ou alors d’augmenter au contraire. Cette incertitude lui donna envie de trouver d’autres réponses. Ses doigts continuant de toucher la peau de Ajay de manière plus … comme un mouvement pour se détendre qu’une envie réellement analyser.
- Je crois que je comprends en effet, je crois suivre la logique des humains. Il veut que tu sois sa garanti. Si quelqu’un veut le tuer, alors ils s’attaqueront forcément en premier à celui qui croit être le bon …. Pourtant, tu n’as pas semblé vouloir l’appeler, pourquoi ?
En effet, si c’était cela, le fait de vouloir prévenir son … autre lui, aurait été une idée, non ? Le fait de ne pas l’avoir fait devait avoir une raison propre.
- Donc Ajay n’a pas d’existence c’est bien cela ? Tu vis toujours au dépends de Connor depuis sa naissance c’est cela ? Intéressant…
Elle continuait de toucher lentement ses doigts sur la main de l’homme. Elle le touchait tranquillement. Et dans cette lenteur, elle posait ses yeux dans les siens. Elle l’observait, elle avait encore plus envie de voir la vie revenir dans le regard d’Ajay. Elle avait envie de lui donner envie de vivre. Quoi de mieux que de l’arracher ensuite. Même si Loreleï n’avait peut être plus envie ? Elle ne savait pas. Elle ne voulait pas se lasser aussi vite, mais son sentiment était étrangement nouveau. Elle lâcha la main pour laisser Hansel et Gretel mettre la nourriture sur la table.
La magie venait de se dissiper aussi vite qu’elle était venu.
lle mentait. C’était la seule pensée rationnelle qui tourna en boucle dans l’esprit d’Ajay. Elle lui mentait éhontément, parce qu’il n’était qu’un insecte sur son chemin, un petit caillou dans lequel elle shooterait vite et à qui il ne servait à rien d’avouer la vérité. Il ne pouvait pas croire qu’elle veuille réellement un service ou de l’argent. De toute façon, Ajay ne pourrait jamais lui donner d’argent. Il était aussi fauché qu’on pouvait l’être. Même pas une seule petite pièce au fond de la poche. Pour les services, il ne comprenait pas ce qu’elle pourrait obtenir de lui. Si Connor n’avait pas réussi à le rendre utile, comment le pourrait-elle ? Il n’en avait pas la moindre idée.
Alors, oui, peut-être bien essayait-il de se persuader lui-même qu’elle ne pouvait pas vouloir seulement cela, car il était incapable de le lui donner. Dans tous les cas, Ajay n’imaginait pas un instant qu’une femme comme elle ne puisse avoir d’autres désirs que ceux-là. Il décelait, dans sa voix, des vibrations, des variations qui lui donnaient, étrangement, des envies pour le moins… suicidaires. Oui, il aurait aimé la prendre dans ses bras, caresser les flammes qui dansaient au bout de sa queue de cheval, et lui dire que tout irait bien, qu’elle ne devait pas s’en faire. Peu importait ce qu’elle avait vécu, seul le futur avait de l’intérêt.
Mais qui était-il pour raconter des conneries pareilles ? Alors, il ne bougea pas de sa place, bien calé sur son siège, les yeux rivés sur la tache de couleur, juste à côté. Il essaya un petit trait d’humour, pour éloigner toutes ces choses de la conversation, essayer, peut-être, de retrouver un ton léger, plus attirant, entre eux. Sa tentative se solda par un échec cuisant, alors que ses sous-entendus se perdaient dans son assiette, prêts à être mangés, avalés, digérés et recrachés. Cela eut l’effet d’une veste qu’il se prit en pleine tête et qui lui rappela de rester à sa place, de ne pas transgresser les règles et dépasser les limites. Il ferait plus attention, la prochaine fois. Il ne recommencerait pas.
Au sujet du stress, Ajay échappa un sourire amusé qui se traduisit, sur ses lèvres, par un petit sourire en coin dont il avait le secret, sans le savoir lui-même. N’avait-elle pas compris, encore, sa flamme, qu’il n’était pas tant stressé à l’idée de mourir avant qu’elle ne traverse sa vie ? Il s’était fait à l’idée depuis le jour de son accident. Il avait eu le temps de s’y préparer de comprendre qu’aucun entraînement ne ferait jamais changer d’avis son… patron. Le kidnapping, en revanche… peut-être en était-il stressé pour la vie qu’elle insufflait dans un cœur qui s’était entraîné à être mort. Mais, au bout du compte, il mourrait quand même.
– Je ne suis pas stressé, avoua-t-il, simplement.
Il commençait à entendre, à deviner et comprendre, les sourires de sa flamme sans pouvoir les voir. Il aurait aimé pouvoir les voir et cette pensée lui tira un regard triste qui, soudain, tomba dans son assiette et se perdit dans le néant qu’il voyait, devant lui. C’était, peut-être, la pire des tortures qu’il avait un jour subies : avoir, soudain, l’envie de voir ce qu’il ne pouvait pas voir, s’intéresser trop tard à une femme qui resterait, à jamais, une flamme qui traverse sa nuit infinie. Il aurait préféré qu’elle ne le tente pas, qu’elle ne soit que le souvenir d’une couleur impossible, pour mourir en pensant à la liberté de sa crinière de feu.
Perdu dans ses pensées, il n’atterrit qu’au moment où Loreleï avouait qu’elle adorait le taquiner. Inévitablement, les joues d’Ajay reprirent leur teinte rosée et il releva ses yeux clairs vers elle. Il ne pouvait pas comprendre, lui, ce qu’il y avait de si drôle à le taquiner, mais il ne pouvait pas dire qu’il n’aimait pas cela. Il avait souvent été moqué, critiqué, insulté. Néanmoins, c’était la première fois qu’il sentait un vif intérêt pour sa personne et une envie de le bousculer un peu, plutôt que de le frapper violemment.
Il aurait pu répondre quelque chose, sourire de ce petit sourire bien à lui, lui donner une nouvelle raison de le taquiner ou lui demander une chose qu’il n’aurait jamais, juste pour qu’enfin, elle le gifle et se range du côté de ceux qu’il pouvait gérer, qu’il savait côtoyer. Pourtant, il n’en fit rien. Soudain aussi raide qu’une statue, figé, Ajay essaya d’imaginer la beauté du sourire qui cachait une idée, une idée pour le torturer, encore, alors qu’il osait, un peu effrontément, poser la main sur la table pour réclamer la sienne. Il ne s’attendait pas véritablement à ce qu’elle accepte et s’habituait déjà à l’air frais, entre ses doigts, quand il sentit les siens toucher sa peau.
À nouveau, le rose lui monta aux joues et la doublure baissa les yeux sur l’endroit supposé de leurs mains, essayant d’imaginer le mouvement lent de ses doigts fins, alors que ses autres sens étaient, eux, totalement éveillés à la caresse de sa peau douce. Elle ne devait pas se douter, Loreleï, de la sensation que cela était, pour un homme qui se devait d’accentuer son sens du toucher, à défaut de vision, sinon elle ne l’aurait sans doute pas fait. À cet instant, en tout cas, Ajay ne pouvait penser à rien d’autre que ses doigts qui le torturaient à leur façon, en faisant naître de petits frissons qui couraient le long de son bras et venaient se nicher au creux de son échine.
Il eut, évidemment, très envie de refermer ses doigts sur les siens, de les kidnapper, de les garder et de ne plus les lâcher. Néanmoins, ils avaient, eux aussi, comme les flammes de ses cheveux, leur liberté propre. Une liberté qu’il ne devait pas entraver pour ne pas les tacher, ne pas les tuer. Ils étaient doux parce qu’ils étaient libres de le taquiner. Alors, il resta immobile, ne bougea pas d’un pouce, et essaya de se concentrer sur la voix de sa flamme, pour penser moins au contact de sa peau froide. Ce qui ne fonctionna pas réellement.
Puis, le mouvement devint plus régulier, moins pensé, plus libre, en un sens. Comme une habitude qui s’installait entre eux, une chose que l’on fait sans y penser, pour se détendre, pour se concentrer. Alors, Ajay osa, à peine, remuer. Un mouvement subtil qui releva ses doigts de quelques millimètres et fit glisser, sur le poignet de Loreleï, à chacun de ses passages, leur pulpe sur sa peau si douce. Entre toucher et être touché, il y a tout un monde et Ajay ne sut plus, à l’instant-même, ce qui lui tira le plus de rouge aux joues.
– Connor ne peut pas se permettre de mourir, dit-il, en relevant les yeux vers les flammes. Le premier attentat contre sa personne a été perpétré pendant son enfance. Il n’avait que cinq ans et il était déjà la cible de ses assassins. C’est pour cela qu’ils ont… fait appel à moi.
Parce qu’il avait le même visage que lui, parce qu’il n’était qu’un gamin des rues, un être qui ne manquerait à personne et qui avait désespérément besoin d’un toit pour survivre, de quelques pièces à laisser à une mère malade, clouée à son lit, aux portes de la mort parce que personne ne pouvait lui payer un médecin. Un gamin qui ne pouvait pas dire non et qui avait été destiné à mourir pour avoir vécu la vie d’un autre homme.
– Alors, oui. Je devais être lui pour que les attaques se retournent contre moi et qu’il ne risque rien, lui. Je ne suis personne, je peux mourir. Si Connor, lui, survit à une attaque mortelle… alors il gagnera en puissance et son empire n’en sera que plus grand. La supercherie n’aurait jamais été démasquée.
Personne ne serait allé vérifier qu’il s’agissait bien de Connor. Personne ne se serait inquiété de la disparition d’Ajay. En vérité, personne ne le connaissait. Il n’était qu’une ombre qui passait, subrepticement, dans la vie des autres. On n’en saisissait pas réellement les formes, seulement une impression floue d’un homme à qui l’on a parlé, sans réussir à lui redonner le visage qu’il avait. Il n’était rien et aurait dû mourir en servant, enfin, à quelqu’un.
– Pourquoi appeler celui qui veut me tuer ?
Ce ne fut qu’une question posée dans un souffle, sans la moindre émotion, vérité pure crachée sur la table pour qu’elle comprenne les enjeux, la réalité derrière les assassins venus trouver Ajay. Ils étaient à la botte de Connor, il ne pouvait pas l’appeler.
– Ajay n’existe pas, avoua-t-il, avec un petit sourire. En vérité, je serais sûrement mort depuis longtemps, s’il ne m’avait pas recueilli. Ce n’est même pas son idée, il n’a fait que l’appliquer sur les conseils d’un autre, de celui qui m’a trouvé et élevé à ses côtés. Maintenant, il n’a plus besoin de moi.
Inutile, Ajay devenait une menace à éradiquer. Personne ne devait le voir. Ils ne pouvaient pas prendre le risque que quelqu’un se rende compte de la supercherie, ou qu’ils comprennent qu’Ajay ne voyait plus rien et en viennent à croire que Connor non plus. La doublure était devenue une épine enfoncée dans la plante de son pied et Connor devait s’en débarrasser à jamais pour continuer d’avancer et d’étendre son empire.
Soudain, la main de Loreleï quitta les doigts d’Ajay et l’aveugle baissa les yeux, pour se concentrer sur les sons des pas des enfants et de la vaisselle qui se pose sur la table. Il n’avait pas faim. Il avait chaud et froid. Il voulait retrouver la fraîcheur de ses doigts, contre lui, et se rapprocher de la flamme qui dansait, devant lui, et soufflait un vent chaud, au fond de lui. Il ne voulait plus mourir de la main de Connor, mais de la sienne, là, maintenant. Pour mettre fin à son calvaire, à une vie qui ne servait à rien et ne servirait jamais à personne.
– Je crois bien vous avoir menti, dame Loreleï. J’ai une dernière volonté, en vérité.
Le regard qu’il releva sur elle, sans même s’inquiéter de savoir si les enfants étaient partis ou non, fut tout à la fois plus dur et plus désespéré. Comme s’il était prêt à affronter la mort, là, dans la seconde, sans même détourner le regard, sans que cela ne l’empêche de dire ce qu’il voulait. Sur la table, ses doigts en caressèrent la surface, doucement. Il sentit tous les détails glisser sur sa peau et s’imagina ce qu’il ne pouvait pas voir, ce que, bien souvent, des yeux normaux ne pouvaient pas voir non plus. – Me laisseriez-vous vous toucher comme j’ai touché vos statues ?
Et la détermination, au fond de son regard mort, n’était plus à prouver. Il n’y eut plus que la teinte rosée de ses pommettes pour indiquer qu’il comprenait, lui-même, l’indécence de sa demande, mais qu’il n’en avait aucune autre à faire.
Liam MacCarthy
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oreleï observait Ajay … et elle avait cette envie déraisonnable, et absolument attirante, de décortiquer tout ça. De voir son âme, de voir son énergie vitale et comme elle se dépare dans les différents principes, pensées, envies. Ajay l’intéressait. Son existence l’attirait, et elle voulait se plonger dans cette histoire interactive qu’elle pouvait toucher, qu’elle pouvait agacer, titiller … elle avait envie de tourner les pages autant que de toucher ses membres. Elle voulait apprendre de cette nouvelle histoire qui finira par disparaître dans la tête des humains, sauf d’elle.
Elle, elle restait, elle se souviendrait de lui, elle saurait son histoire… Elle voulait alors pouvoir conter son histoire, pouvoir le clamer. Elle avait envie d’avoir de quoi parler de sa future plus belle statue. Lui. Dans toute la splendeur de son être. Quand il avoua de but en blanc qu’il n’était pas stressé, elle sourit… parce qu’elle trouvait adorable cette manière qu’il avait de ne pas avoir peur de ce qu’il se passait.
Combien de personnes avait elle amené ici ? Toutes avaient eu la même vie, la même fin, un fin cuisante et magnifique, une fin arrêté dans la roche et qui ne périssait qu’à la lenteur du temps. Peut être qu’Ajay irait rejoindre la seule statue qu’elle avait gardée depuis des années. La première qu’elle avait faite, sans le vouloir, avec la haine et la souffrance de savoir que jamais plus, elle ne pourra retourner en arrière. Ajay irait avec cette première statue ….
Et une petite voit lui demanda pourquoi mettre dans cette zone emplit de culpabilité et de tristesse cet homme… Pourquoi le transformait si c’était ensuite pour le regretter ? Parce qu’elle était ainsi. Que c’était ce qu’elle faisait, sa magie, sa malédiction, et qu’elle ne pouvait pas laisser cet homme en vie maintenant qu’elle avait eu le droit à sa vie.
Et ce rose sur ses joues…. Ce rose qu’elle ne pourrait plus faire apparaître si elle le transformait en pierre. Elle avait envie de le voir encore… Encore et encore, pour le plaisir de se mettre dans ses souvenirs cette couleur si alléchante. Elle sourit Lorelei. Depuis le temps, elle avait trouvé quelqu’un qui lui donnait envie de bousculer un peu son quotidien. Peut être pourrait il être celui qui la libérera en faite de compte ? Trouvant son point faible et y enfonçant une dague d’or.
Elle avait plein de réflexion, pleins d’idées en tête à faire avec une statue dont l’histoire serait aussi mystérieuse que celui de l’homme. D’un coup, elle releva ses yeux vers lui.
- Tout le monde peut se permettre de mourir. Ils ont fait appels à une enfant de 5 ans pour protéger un enfant de 5 ans ?
C’était … outrageant ! De comprendre cela. Cela n’était tout simplement pas possible…. Elle ne pouvait pas comprendre cette idée. Il n’y avait pas d’enfants à utiliser. Lorelei avait des statues, mais la plupart sont des erreurs… Des … rajouts dans une toilettes qu’elle ne voulait pas…. Ou des pauvres enfants qui de toute façon allaient mourir, et dont leur statue ont permis à leur famille de prospérer.
- Tu es Ajay ! Tu es quelqu’un et pas une vulgaire copie que l’on peut … utiliser ! C’est …. C’est dégeulasse !
Elle n’utilisait pas ce genre de mot, normalement. Mais Ajay … Ajay était son Ajay, sa nouvelle acquisition, et qu’on puisse ainsi brider une histoire …. On ne pouvait pas le faire… et elle n’était pas d’accord. Elle observait Ajay … et elle se souvient de sa propre histoire. Elle n’était que la sœur moins jolie. La deuxième promise pour un homme qui n’en valait pas la peine. On l’oubliait, on bridait aussi ce qu’elle aurait pu être, ce qu’elle aurait dû être, on ne lui avait pas laissé le choix que d’être la petite sœur. Et Ajay, on ne lui avait pas laissé le choix que d’être Connor. Et si à l’époque, elle ne pouvait se rebeller contre sa propre injustice, celle, plus récente d’Ajay la tiendrait peut être même éveillé toute la nuit.
- Pour le tuer avant qu’il ne vous touche, et pour lui prouver que c’était une mauvaise idée que de prendre votre vie et de la brider ainsi. Je ne l’aime pas ! Je ne suis pas d’accord. Tu existes et tu es là.
Elle avait envie de lui, de lui crier qu’un acte comme tel mériterait des baffes… Cela mériterait qu’elle laisse Paco sautait à sa gorge. Un homme qui fait ce genre de chose … Cela ne méritait pas d’être dans sa collection de statue … Puis, elle posa les yeux sur Ajay….quoi que … S’il avait un aussi beau cul que l’homme en face d’elle, peut être ferait elle une petite exception.
Elle mangea alors. Elle mangea pour mastiquer quelque chose que pour une véritable faim. Elle voulait se venger d’un homme qui écrase ainsi l’existence d’une personne. Chacune de ses statues avait son histoire, son passé, ce qu’on peut raconter sur elle, et chacune méritait ce temps passé sur elle. Même si la statue finissait en poussière, elle avait eu le mérite d’exister, d’être présente.
Lorelei avait existé. Ajay existait, et Connor n’allait bientôt plus du tout exister, elle s’en faisait la promesse … surtout alors qu’elle pensait à un style de statue très érotique…. Elle préférait Ajay sur le coup. Alors qu’elle finissait de manger dans une nouvelle tranquillité. Quand il lui demanda sa dernière volonté, elle posa sur lui un regard noir.
Elle n’avait pas envie de parler de « sa dernière volonté » ni de sa mort qui s’annonçait… elle voulait plutôt trouver la position qu’elle utiliserait pour Ajay, et celle, certainement moins respectueuse, qu’elle trouverait à son faux jumeaux. Elle observait le jeune homme, et planta ses yeux dans les siens alors qu’elle écouta sa dernière volonté.
- Finissez de manger. Hansel ! Tu emmèneras cet homme dans le grand salon après son repas.
Elle se releva d’un coup. Coupant court à cette discussion… Elle se demandait bien pourquoi avoir demandé cela. Elle était déjà en train de sortir de la pièce alors qu’elle plaqua ses mains contre ses joues rouge écarlates. C’était la première fois qu’un humain lui faisait cet effet. Elle se déplaça dans sa chambre alors qu’elle espérait qu’Ajay prenne son temps pour manger.
Elle ouvrit un placard. Cherchant dans ses affaires. Il voulait …. La toucher comme il touche ses statues… pour une raison qu’elle ignore encore. Mais il le voulait, et elle avait promis alors … elle sortit doucement ses affaires et chercha quelque chose de pas très beau, mais qui lui permettrait de la toucher. Elle rougit encore plus en jetant ce qu’elle avait trouvé sur le lit.
Elle passa quelques secondes de plus à chercher une chose à mettre avant de tomber à la renverse sur le lit. Elle avait des jolis habits, bien sur, mais elle …. Le rouge lui monta aux joues à nouveau et elle se releva.
- Non mais, ça va pas bien ma pauvre fille ! Il veut te toucher, comme un artiste qui touche une œuvre, tu n’as pas à t’en faire pour tes vêtements. Il est déjà à toi.
Elle l’avait. Il lui avait donné sa vie, et elle pouvait en jouir comme elle le décidait. Elle prit alors le temps de se déplacer, de regarder sous le lit et de sortir une vieille malle. Très vieille. Elle ouvrit avec délicatesse avant d’en sortir l’objet à l’intérieur. Une robe, rouge, de soie, mais très courte. Elle ne la portait jamais… Parce qu’elle n’avait pas l’impression d’être à l’aise. Parce qu’elle avait l’impression qu’on voyait trop son corps, ce qui était le cas. Mais pour une fois … pouvait-elle se le permettre ?
Elle la passa sur elle, alors qu’elle se sentait étrangement toute petite. Peut être que le rouge de la robe cacherait le rouge de ses joues ? Elle prit au passage un peignoir dans lequel elle se drapa sans plus de cérémonie. Peut être aurait il changer d’avis ? Elle n’osait le penser alors qu’elle pensait à Ajay. Aucun homme n’avait jamais posé la main sur elle. Ils en avaient peut être rêvé, ils l’avaient peut être demandé, mais …. Elle savait que ce qui allait se jouer aller être bien plus intime que ce qu’elle n’avait jamais eu l’audace de demander.
Elle revient alors, traversant le couloir. Elle n’avait plus de chaussure. Elle trouva Hansel. L’enfant attendait devant la porte.
- Monsieur est dans le grand salon Madame. - Bien, merci. Toi et Gretel prenez votre soirée.
Et elle entra dans la pièce. Trouvant l’homme dans la pièce. Elle était toujours chaude. Elle était toujours rouge, mais elle prit contenance. Elle posa sur lui un regard simple et clair.
- Alors, comment comptes-tu procéder ? Je me mets devant toi, et j’attends ?
Elle appréhendait tellement. Elle ne le faisait pas entendre dans sa voix, ni dans sa manière de se mettre face à lui dans un pas rapide et décidé … mais elle sentait son cœur battre à tout rompre, elle sentait la chaleur, elle se sentait peut être tremblé de l’attente de ce qu’elle n’avait plus eu depuis des centaines d’années.
De la douceur, qu’on lui donne à elle, et pas parce qu’elle le demande. Pas parce qu’elle l’exige… pas comme Hansel et Gretel qui l’aimaient par principe d’aimer celle qui leur permettait de vivre. Paco l’aimait parce qu’il était son serpent, elle l’avait d’ailleurs laissé dans la salle à manger. Non. L’homme était à elle, mais voulait lui donner des caresses, comme celle sur son poignet tout à l’heure. Comment pourrait-elle refuser ? Alors elle enleva son peignoir et le posa sur le côté.
l ne savait pas comment lui expliquer sa vie alors qu’il ne comprenait pas lui-même ce qu’il s’était passé. Un jour, on l’avait trouvé dans son village, à essayer de voler une pomme pour sa mère. On lui avait dit que son destin serait exceptionnel, que la capitale avait besoin de lui, qu’il ne manquerait de rien et que tout irait bien. Évidemment, ces promesses avaient éveillé des rêves, au fond de l’enfant qu’il était, mais Ajay n’avait pas dit oui tout de suite. Il s’était d’abord tourné vers sa maison, vers le lit de sa mère malade, vers la possibilité qu’il puisse, enfin, la soigner et retrouver une vie normale. Un espoir nourri par celui qui était venu le chercher. Il lui avait promis qu’elle serait prise en charge, qu’elle serait soignée.
Il se demandait, maintenant, si c’était bien vrai.
Peut-être lui avait-on menti depuis le départ. Ça ne l’étonnerait plus, désormais. Avait-il précipité la mort de sa mère en choisissant de sauver la vie de Connor ? Il ne voulait pas le savoir. Il n’était pas sûr de pouvoir en supporter la culpabilité. Il se sentait déjà assez mal de ne pas avoir pu l’emmener avec elle, en déménageant pour vivre la vie d’un autre, il ne voulait pas, en plus, comprendre qu’il aurait pu la soigner mais que son absence l’avait tuée.
– Ils ne m’ont pas trouvé tout de suite. J’avais huit ans quand ils m’ont embarqué avec eux.
Il savait que ça ne changerait pas grand-chose à l’histoire, mais il ne savait pas comment calmer l’humeur soudain cinglante de sa flamme. Il ne pensait pas qu’elle s’énerverait autant seulement pour ceci, seulement pour… lui. Au fond, ça lui faisait plaisir. Ajay avait envie de croire que c’était bien à cause de lui qu’elle réagissait ainsi. Même s’il savait que ça n’avait rien à voir avec lui et tout à voir avec l’age qu’il avait, à ce moment-là, pour être sacrifié à la place d’un garçon qu’il ne connaissait pas. Il préféra ne pas préciser, du coup, l’age auquel il avait commencé à remplir son rôle de double.
Tu es Ajay ! L’affirmation crachée au visage de la doublure lui tira un sourire en coin. Il ne s’attendait pas à l’entendre prendre la mouche de la sorte, s’énerver, outrée par l’histoire qu’il lui racontait. Il essaya d’imaginer ce que ça devait être, ses joues qui rougissent d’une montée de sang, ses mains qui se ferment sur les mauvais sentiments. Il aurait donné cher, dans l’instant, même son âme au diable, pour avoir le droit de l’apercevoir. D’admirer la beauté de la vie sur son visage. Mais il n’avait plus que ses yeux morts qui essayaient de s’accrocher à la couleur de ses cheveux de feu.
– Je suis Ajay… répéta-t-il, tout bas, comme pour tester lui-même l’effet que ça faisait.
Il ne sut pas ce que ça lui fit, au fond, mais il sentit quelque chose d’étrange remuer en lui. Il préférait, tout de même, quand c’était elle qui le disait ainsi, avec toute la conviction dont elle était capable. Il avait presque envie de continuer à vivre pour l’entendre, à nouveau, lui jurer qu’il était Ajay et personne d’autre, qu’il était enfin temps de vivre sa vie et pas celle d’un autre. Un homme capable de le tuer à la première contrariété.
– Tuer n’est pas la solution.
Ses principes se heurtèrent à ceux de Loreleï. Il n’aimait pas sa façon de lui dire qu’il devrait se venger ou retourner les coups de Connor à l’envoyeur. Pourtant, il ne put retenir, non plus, le rose qui lui monta aux joues et ne les lâchèrent plus. Il existe et il est là, devant elle, à se demander à quoi elle ressemble. C’était la première femme, de sa vie, qu’il avait envie de voir à ce point. C’était la première fois qu’il regrettait d’être aveugle à ce point. C’était la première fois, aussi, qu’il aurait aimé n’avoir jamais dit oui au précepteur de Connor, ne l’avoir jamais suivi, pour se garder une chance de rencontrer sa flamme avec sa véritable identité. Aurait-elle été intéressée par lui, s’il n’était pas l’autre ? Il en doutait et ce fut ce constat qui évinça le rouge à ses joues.
Le silence était pesant, sur les épaules de la doublure, alors qu’il fixait son regard mort sur l’endroit supposé de son assiette. Il n’avait pas faim, il ne voulait pas manger et il ne savait pas ce qu’il pouvait dire pour détendre l’atmosphère. Il avait l’impression d’être allé trop loin, d’en avoir trop fait, trop demandé. Il voulait vraiment pouvoir avoir le droit de toucher son visage, d’en dessiner les traits du bout des doigts, laisser son imagination faire le reste du travail. Il ne pouvait pas savoir qu’elle comprendrait de travers, ni qu’elle le fixait dans les yeux d’un regard noir. Il ne pouvait que supposer qu’elle dirait non.
Ce qu’elle ne fit pas. Elle ne dit pas oui non plus.
La flamme s’échappa de table, lui ordonna de finir son assiette et demanda à l’un des enfants de l’emmener, ensuite, dans un salon. Il ne comprit pas pourquoi, mais il ne dit rien, conscient qu’il était allé trop loin. Ajay cherchait les mots pour s’excuser, pour lui faire comprendre qu’il ne voulait pas la stresser, dépasser la limite qu’il aurait dû s’imposer. Pourquoi demander une chose pareille ? Même s’il en rêvait, même s’il souhaitait, vraiment, la toucher avant de mourir, il n’avait pas le droit de le dire. Certains rêves, à la limite du fantasme inavoué, devaient rester secrets. Cette envie aurait dû en faire partie, il le comprenait.
Seul face à son assiette, Ajay mangea lentement. Il n’avait toujours pas envie de manger, mais il se forçait pour son hôte. Le repas était bon, sans le moindre doute. Il n’en sentait plus le goût, pour tout avouer. Ses pensées étaient toutes tournées sur sa demande indécente et il avait, au fond de la gorge, un arrière-goût désagréable qui prenait le pas, sur le repas. Il s’en voulait terriblement et ruminait, plus que la nourriture, des excuses en tout genre, sans arriver à trouver celles qui iraient le mieux à sa dame. Le pardonnerait-elle ou déciderait-elle de l’achever plus vite que prévu ? Il n’était pas sûr de la réponse qu’il aimerait avoir à cette question.
Repas terminé, la doublure prit le temps de nettoyer correctement ses mains, avec la serviette, ainsi que son visage. Tout pour prendre son temps, il devait bien l’avouer. Il n’était plus sûr d’avoir très envie d’être escorté dans ce grand salon. Il se devait de l’être, pourtant. Il ne pouvait pas dire non à sa flamme. Alors, il finit par se lever, repousser sa chaise, la recaler contre la table et hésiter, les mains toujours sur le dossier, sur ce qu’il devait faire. Hansel ne faisait aucun bruit, dans la pièce, et il était dur pour Ajay de savoir dans quelle direction aller. Pouvait-il prendre le risque d’avouer sa cécité à l’enfant ? Il ne voulut pas tenter et se concentra. Quand, enfin, l’enfant émit un faible bruissement, la doublure se tourna dans sa direction et le suivit dans les couloirs.
Au milieu du salon, Ajay goûta à la solitude pour la première fois depuis que sa rencontre avait rencontré celle de Loreleï. Il écouta le silence, les bruits de la maison, ceux qu’il devinait, dehors. Il entendit que l’enfant n’avait pas quitté le seuil de la porte, comme pour enfermer la doublure dans le salon qu’il ne devait pas quitter. Puis les bruits de pas, diffus, des pieds nus sur le sol. Les voix, alors, qui indiquaient à la dame la présence d’Ajay dans le salon et offraient, aux enfants, leur soirée. Ce qui voulait dire qu’ils seraient seuls, désormais, elle et lui. Seuls témoins de ses demandes indécentes et de la punition qui lui tomberait sur le nez.
Ajay releva les yeux vers la porte, à l’instant où sa chevelure de feu passa le battant ouvert. Il écouta le claquement de la porte, derrière elle, et s’étonna de ses mots. Elle acceptait sa demande, maintenant qu’il n’était plus prêt à la donner, maintenant qu’il s’était préparé à être puni. Il sentit ses joues rosir un peu, loin de se douter qu’elle était dans le même état que lui et qu’ils ressemblaient à deux adolescents à leur premier rendez-vous. Que pouvait-il répondre à sa question ? Il n’en avait pas la moindre idée. Il se contenta de hocher la tête, incapable d’articuler, alors qu’elle se posait devant lui. Il avait le droit. Il allait, enfin, découvrir ce à quoi elle ressemblait, apposer un visage sur cette chevelure qui l’hypnotisait.
– Ne craignez rien, dame Loreleï, je ne vous ferai aucun mal. Je veux juste…
Il ne savait pas lui-même et préféra cesser de parler pour agir, enfin, comme il agissait rarement dans sa vie. Il tendit les mains et, du bout des doigts, caressa doucement l’arrondi de ses joues. Arrivé à la mâchoire, il en suivit la ligne jusqu’au menton, remonta jusqu’aux oreilles, passa leur galbe et s’arrêta sur les tempes. Là, ses doigts coururent sur le front, glissèrent sur ses sourcils et il passa, lentement, un index sur l’arête de son nez, jusqu’aux lèvres qu’il redessina avec douceur. Au rythme de ses caresses, le visage prenait forme, dans son esprit, et il pouvait le dire sans détour : elle était belle, extrêmement belle. Bien trop belle pour s’intéresser à lui, sans le moindre doute. Pourtant, son pouce s’attardait sur les lèvres qu’il imaginait roses, qu’il sentait si douces, contre la pulpe de son doigt.
– Beaucoup ont dû vous le dire, mais vous êtes… parfaite.
Ce qui ne fut qu’un souffle, entre ses lèvres, alors que sa main gauche descendait de l’oreille à son cou et glissait dans ses cheveux roux. De son pouce droit, il continuait de frôler sa lèvre inférieure, sans y penser, totalement concentré sur l’image mentale qui s’imposait à lui. Le visage de Loreleï et les envies que lui donnaient ce contact prolongé avec sa peau de porcelaine. Pouvait-il se laisser tenter avant la mort ? Goûter avant qu’elle ne lui échappe à jamais ?
– Merci et… pardonnez-moi, ma dame.
Un pardon qu’elle ne comprendrait pas devoir donner avant qu’il ne se penche, le doigt toujours posé à la commissure de ses lèvres pour être certain de ne pas se gourer. À deux centimètres, à peine, il hésita. Une fraction de seconde d’hésitation qui le laissa brûlant de finir ce qu’il avait entrepris, de ne pas reculer, de cesser d’être un lâche pour faire, enfin, ce qu’il voulait. Alors Ajay termina son mouvement et posa, sur les douces lèvres de dame Loreleï, les siennes. Un baiser simple, à peine appuyé, qui le laissa désireux d’en apprendre davantage. Apprendre, oui. Ajay n’avait, sûrement, jamais embrassé personne de sa vie.
Ajay se recula, dans sa lenteur habituelle, et lâcha sa flamme, à contre-coeur. Ses mains avaient trouvé leur place dans ses cheveux rouges, mais il ne pouvait pas les y plonger à nouveau. Il ne le pourrait plus jamais, sans doute. Tant pis. Il en gardait le souvenir au creux des paumes. Tout comme il garderait, assurément, un souvenir de la baffe qu’elle risquait de lui donner et qu’il attendait presque, la joue légèrement tendue vers sa dame.
Liam MacCarthy
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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Personnage abandonné
| Conte : Shi ki | Dans le monde des contes, je suis : : Tanaka Akira, le plus malin
oreleï avait pensé à plus d’une phrase à dire pour expulser ce qu’il se passait dans son esprit quand elle avait su la vie d’Ajay… elle détestait que l’on puisse faire du mal à un enfant, et elle détestait que cela soit tombé sue Ajay…pourquoi ? Parce que. C’était ainsi, et en faite, elle faisait bien ce qu’elle voulait non ? Donc elle avait décidé que Connor serait l’homme à abattre … et pour Ajay son cerveau ne voulait pas encore définir les possibilités.
Si elle avait le devoir, par son destin tracé dans la pierre, de transformer les êtres en statue, elle savait aussi le regret qu’elle allait avoir de le faire et ne plus pouvoir en profiter … peut être se lasserait elle ? Qui pourrait le dire ? Elle-même ne savait pas pourquoi elle avait envie de le garder à ses cotés.
Huit ans. On lui avait pris sa vie à huit ans, et il semblait avoir accepté son sort comme si de rien n’était … elle voulait à la fois le voir se rebeller de ce qu’il se passait, et à la fois le voir accepter le nouveau sort qu’elle lui infliger. Il était passé d’une prison où il mentait sur son identité à une autre où il n’avait pas besoin de mentir, mais où la mort serait forcément la seule libération possible.
Quand ils avaient parlé de tout ça, elle n’avait pas remarqué les humeurs de l’homme. A peine avait elle envoyé un regard vers lui quand il dit qu’il ne fallait pas tuer. Que ce n’était pas la solution. Dans un monde comme le sien, et comme celui de Connor, la vie était un luxe que l’on ne pouvait pas accordé à l’ennemi. Connor remuerait certainement ciel et terre pour retrouver l’homme qui en savait trop… et Loreleï allait certainement remuer aussi la poussière de sable qui prenait au fond d’elle. Non. Tuer n’était pas toujours la solution, mais dans une impasse, elle était la bonne malheureusement.
Entre sa demande indécente qui vrillait son âme et sa colère contre un homme qu’elle n’avait même pas rencontré, elle avait eu une impression de tempête dans sa tête … était ce peut être aussi pour ça qu’elle avait pris les mots de l’homme de travers (oui c’est une excuse comme une autre). Elle s’était préparée, et elle était revenue. Prête ou pas, elle ne pouvait pas encore le décider. Planter devant lui comme … Quelqu’un plantait devant lui. Elle attendait.
Quand l’homme dit de ne rien craindre, étrangement elle avait eu envie de dire « je sais »… et non pas parce qu’elle se savait capable de pétrifier un homme … mais bien parce qu’elle savait qu’Ajay ne lui ferait pas de mal. Une certitude qu’elle avait dans le creux de son esprit et qui avait prit le pas sur tout son être. Elle savait, alors il pouvait y aller. Rouge comme jamais, elle essayait de garder une position droite et fière sans se laisser aller à la honte ou la gêne.
Elle laissa ses mains le toucher. Et quand elle se fit toucher par l’homme, elle sentit le feu qui rester contre sa peau. Elle pouvait sentir ce contact doux et tendre. Elle en profitait, bien malgré elle… et les mains sur son visage la faisait frémir dans le grand salon… Elle avait l’impression qu’il était lui-même en train de sculpter une image mentale d’elle. Que c’était lui qui la rendait ainsi, avec ses gestes et ses caresses.
Quand il dit qu’elle était parfaite, elle eu un hoquet de surprise. Le mot n’était pas bien utilisé. Elle n’était que la seconde fille. Sa grande sœur était bien plus belle. Elle était le vilain petit canard d’une famille magnifique.
- Je …
Elle voulait dire qu’elle n’était pas parfaite. Loin de là. Mais la conviction avec laquelle il avait osé lui dire cela lui donner d’étrange sensation. De la honte. Et du bonheur. Honte de n’être qu’un mensonge. Bonheur que quelqu’un lui dise réellement … alors même qu’il sait qu’elle n’est qu’une tueuse sans âme. Elle profitait de ce contact chaud… Si elle avait poussé sa joue contre sa main, ce n’était certainement qu’une idée dans la tête d’Ajay … certainement …
Quand il lui dit Merci, elle était à deux doigts de lui dire « c’est tout »… elle s’était préparer à plus. Après tout, pourquoi demander à quelqu’un de se laisser toucher, si ce n’était que pour toucher des zones qu’il connaissait déjà avec la vue. Il avait déjà touché sa main, son bras, et il avait vu son visage. Il était normal pour elle qu’elle pense à quelque chose de bien plus n’est ce pas ? Elle allait lui dire, puis il s’excusa.
Elle eu juste le temps de froncer les sourcils qu’elle comprit. Elle comprit avant même d’avoir les lèvres des hommes contre les siennes … elle aurait pu partir, elle aurait pu tourner la tête, elle aurait pu lui mettre la main entre eux … mais non. Elle était restée immobile comme depuis le début de cette activité …. Il avait l’air hésitant. Elle avait envie de l’aider … elle avait envie de lui apprendre sans qu’il hésite mais elle ne bougea pas.
Elle laissa le silence se posait entre eux … elle essayait de regarder l’homme. Qu’attendait il maintenant ? Que pouvait elle dire après ce baiser qui venait de nulle part ? Pourquoi l’avoir embrassé ? elle ne pouvait pas mettre toutes ses idées en place. L’avait il embrassé parce qu’elle pensait parfaite ? Etait ce pour cela qu’elle avait eu le droit à ce baiser ? Elle ne savait pas.
Elle aurait voulu qu’on lui donne un indice. Qu’on lui dise ce qu’elle devrait faire en théorie… elle n’avait jamais eu un homme comme ça. Elle n’avait jamais eu un homme qui l’embrasse ainsi aussi … avec cette timidité, et douceur… qui n’exige pas un baiser plus passionné. Qui n’exige pas. Qui demande doucement et qui est prêt à demander pardon pour quelque chose dont il ne s’en voulait peut être même pas.
Ce fut cette pensé qui la fit remonter la main sur la joue d’ajay pour la caresser doucement. L’idée qu’il venait peut être de s’excuser pour quelque chose dont il ne se voulait pas.
- Pour ton honnêteté, je vais être honnête moi aussi.
Elle touchait la joue de l’homme dans une tranquillité qu’elle ne ressentait clairement pas à l’intérieur d’elle-même. Alors qu’une main était donc sur la joue de l’homme pendant que son autre main vient chercher la main d’Ajay. Elle la prit dans une lenteur qu’elle ne se connaissait même pas et elle posa la main de l’homme sur sa hanche.
- Quand tu m’as demandé si tu pouvais me toucher, je pensais que tu allais me toucher bien plus … …
Elle mordit ses lèvres. Elle ne pouvait même pas mettre de mot exact sur ce qu’elle pensait … intime, fort, longtemps, et encore … elle l’avait voulu aussi alors elle posa sa main sur sa hanche, la sienne par-dessus pour lui expliquer avec douceur ce qu’elle avait pensé. Elle s’approcha et planta pour la première fois ses yeux dans les siens alors que quelque chose d’étrange semblait manquer sur son visage.
- Est-ce que tu t’excuses vraiment ? Est-ce que tu t’excuses parce que c’était ce qu’on te demande de faire ou bien parce que tu le penses vraiment ?
Et sa réponse était peut être la plus importante pour Loreleï. Ajay faisait écho à un passé d’elle-même qu’elle avait étouffé, qu’elle avait étranglé, qu’elle avait essayé d’oublier … un passé ou elle s’excusait pour des tords qu’elle ne pensait pas avoir connu. Et ou elle n’était clairement pas parfaite, et même loin de là.