« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Depuis quelques temps, la brune sent ce poids intense appuyer sur ses épaules, serrer les doigts sur son crâne et engourdir ses membres. Ses gestes sont plus lents que d’habitude, les informations peinent à atteindre son esprit, trouver un sens. Combien de fois a-t-elle fait répéter ses interlocuteurs, dernièrement ? Comme si les mots, soudain, n’ont plus de signification ou qu’ils ne sont plus prononcés dans la bonne langue. Ses réactions sont, elles aussi, retardées, en décalé. Il lui faut quelques secondes, après un coup, pour s’inquiéter de ce qu’il vient de se passer. Tout ceci n’est pas normal.
Liliann sait où son mal prend sa source. Elle se doute de ce qui arrivera ensuite. Elle n’a pas besoin de médecin pour s’entendre conseiller de dormir, se reposer, prendre quelques heures pour elle, à ne rien faire d’autre que respirer. Des choses faciles à dire que Peau d’âne est incapable de faire. Elle ne peut pas se poser dans un coin et attendre que le temps passe, sans plus bouger. C’est, pourtant, ce qu’elle avait l’habitude de faire, avant son retour à Storybrooke. À cette époque, pourtant pas si lointaine, elle vivait dans sa propre bulle, bloquée dans son propre rythme. Elle pouvait rester des heures, allongée sur un lit, sans bouger, sans plus donner de signe de vie que le soulèvement régulier de sa poitrine, à chaque respiration.
Aujourd’hui, elle ne le peut plus. Lili vogue d’occupation en occupation. Quand elle ne travaille pas à la salle de sport, elle doit rentrer au garage pour s’occuper de la nourriture de tous les colocataires ou passer chez elle pour s’inquiéter de l’avancée des travaux, essayer de poser un doigt sur son piano. Il arrive, aussi, qu’elle se rende en ville pour divers rendez-vous, pour apprendre le piano à quelques élèves, faire des courses qu’elle n’a pas envie de faire, aider le premier inconnu croisé dans la rue. Liliann n’a plus un temps pour elle, pendue à la vie des autres.
Et elle s’en fiche.
Bouger, se forcer à adopter un nouveau rythme la force à ne plus penser au reste, à se détacher du passé. Elle n’a plus le temps de s’inquiéter de ses démons, de ses souvenirs et de ses illusions. Elle ne sent plus les doigts des autres, entre les siens. Elle n’entend plus les insultes, les mots doux qu’elle ne veut pas entendre. Il n’y a que la vie, le présent, qui la pousse dans un sens et dans l’autre sans lui laisser le moindre répit.
Lili ne peut plus continuer ainsi.
L’évidence s’impose à elle alors qu’elle ouvre les yeux sur une nouvelle rue, sans se souvenir, une fois encore, de la manière dont elle est venue ici. Ni pourquoi. Une simple pause, dans sa vie chargée, lui a permis de s’échapper, de se perdre à nouveau. Sauf que Liliann ne se perd jamais. Liliann n’oublie jamais. Elle se souvient du moindre détail de ses deux vies et, pourtant, elle ne se souvient pas de la manière dont elle est venue jusqu’ici.
Peau d’âne sait qu’elle ne tiendra pas longtemps, à ce rythme, alors que le sommeil, chaque nuit, échappe à ses doigts. Elle passe ses heures à fixer le plafond sans le voir vraiment, à tendre l’oreille aux bruits du garage, de la rue, de la ville. Elle ne dort pas vraiment et son corps atteint sa limite. Bientôt, il lâchera, incapable d’en supporter davantage.
Lili, elle, elle s’en fiche. Elle prend une grande inspiration, observe les alentours et décide de se retourner, sans s’inquiéter de son état. Ce qui doit arriver, arrivera. Ce n’est pas Liliann qui cela va effrayer. Elle a, depuis longtemps, abandonné le moindre intérêt pour son corps, son esprit, sa vie. Elle est spectatrice de ce qui finira par lui tomber sur le nez et en bonne spectatrice, elle refuse d’être actrice et d’agir. Il est plus simple de ne rien faire et de continuer, l’air de rien.
Alors, Peau d’âne relève un peu le menton, essaie de se donner la contenance d’une personne en bonne condition physique, malgré les traces de la fatigue, sur son visage, et se retourne, prête à rejoindre le garage. Dans le mouvement, elle percute, par erreur, une passante. Le choc la fait reculer d’un pas et ramène, dans son crâne, une impression de vertige qui la force à s’arrêter, quelques secondes, pour reprendre ses esprits.
« Excusez-moi, profère-t-elle, tout bas. Je ne faisais pas attention, j’espère que vous n’avez rien. »
Codage par Libella sur Graphiorum
Sadira Al-Dragnir
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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| Conte : Aladdin | Dans le monde des contes, je suis : : Sadira, la sorcière des sables
Depuis que mes souvenirs sont revenus, je fais pas mal de cauchemars. Je suis sûre que c'est l'oeuvre des sorcières de sable. Elles m'appellent mais je ne tiens pas à les rejoindre. Elles sont bien trop dangereuses et j'aurais trop peur qu'elles s'en prennent à ma fille ou à Ali. Il n'empêche que ces mauvais rêves me font flipper. Peur qu'elles arrivent à trouver le moyen d'en prendre totalement le contrôle ou à les déformer pour me faire croire à une réalité qui n'existe pas. Je suis soucieuse depuis un certain temps mais je ne peux en parler à personne. Surtout pas à Ali pour le coup parce que ma couverture serait carrément fichue et je ne peux pas me le permettre. Pourtant j'aimerais tellement lui faire part de mes angoisses et de sentir qu'il peut me protéger comme autrefois. Mais non au lieu de ça je dois faire profil bas et me taire Ce n'est pas trop mon genre en général mais là ... Je me demande bien des fois ce qui se passerait s'il apprenait qui je suis en réalité et sa réaction. J'ai peur de ça aussi. Est-ce que j'aurais plus peur de sa réaction que des sorcières à mes trousses ? Peut-être bien. Parce qu'elles peuvent bien me faire du mal mais je ne supporterai pas de perdre mon seul et unique amour même s'il a toujours été à sens unique et le sera sûrement éternellement.
Je me perds tellement dans mes pensées que Aïe ! Je viens de rentrer dans quelqu'un. Je regarde de qui il s'agit. Une jeune femme aux cheveux noir ébène et à la peau claire. Un peu plus petite que moi et pas très épaisse non plus. Elle s'empresse de s'excuser. Oh non je pense bien que les torts sont partagés. J'étais dans mes pensées. J'espère que vous n'avez rien vous non plus. En tout cas, pour moi, ça va. C'est plus le coup de la surprise. Je lui souris et j'en profite pour la regarder un peu plus en détails le temps qu'elle me réponde. Elle a l'air fatiguée. Vous êtes sûre que ça va ? Vous m'avez l'air un peu sonnée quand même. J'étais légèrement inquiète pour le coup je ne pensais pas lui avoir fait si mal.
Lili est un peu perdue. Elle n’a pas prévu de percuter quelqu’un et ne sait déjà plus ce qu’elle s’apprêtait à faire, avant l’impact. Doit-elle rentrer au garage, se rendre chez elle ou rejoindre son lieu de travail ? A-t-elle rendez-vous avec quelqu’un ? Les informations se bousculent et se mélangent, elle n’arrive pas encore à faire le point. Son esprit réagit mal à l’irruption soudaine d’un obstacle sur sa route. Comme une centaine de fourmis qui s’agitent en tout sens à l’instant où elles sont dérangées dans leur fourmilière. Elle n’arrive plus trop à penser.
Alors Peau d’âne s’échappe de son propre esprit et préfère prendre les choses comme elles viennent. Elle ne s’inquiète plus de ce qu’elle a fait, ni de ce qu’elle a prévu, pour ne se concentrer que sur ce qui arrive, à l’instant, devant ses yeux. La rencontre fortuite n’est pas plaisante pour la seule raison que Lili ne veut pas empiéter sur la vie de l’inconnue qu’elle a dérangée. Qui peut lui jurer qu’elle ne l’a pas déviée de sa route ? Qu’elle ne l’a pas empêchée de faire ce qu’elle devait faire ? Liliann ne veut pas être un mur qui lui barre le chemin. Elle préfère être une brise que l’on sent à peine, de laquelle personne ne s’inquiète vraiment, qui est là sans qu’on la remarque et dont l’absence ne change rien à personne.
L’inconnue a de beaux cheveux noirs et une peau plus foncée que celle de Liliann, déjà plus sombre que la majorité des habitants de Storybrooke. L’information n’a pas la moindre importance, pour Lili, qui ne fait que constater les faits et s’en détourner immédiatement. Ses yeux sombres se relèvent vers le visage inconnu, s’attardent sur les détails qu’ils retiennent dans la seconde et qu’ils n’oublieront pas de sitôt. La jolie femme s’empresse, soudain, de s’excuser, comme si elle était fautive de ce qui vient d’arriver. Lili sourit doucement, persuadée que ce n’est pas le cas et qu’elle est, elle-même, la seule à blâmer. « Ce n’est rien, ne vous en faites pas. La seule chose qui importe c’est que vous n’ayez rien. Je n’ai rien non plus. »
Rien mis à part cette brume compacte qui remue dans son cerveau et l’empêche de penser comme il se doit. Elle se dit que ce n’est pas grave, que c’est fini, qu’elle n’a qu’à se détourner de la pauvre âme dérangée dans sa vie et reprendre son errance, retourner se poser dans un coin de sa chambre à attendre que le monde passe tout autour. Pourtant, ce n’est pas ce que l’inconnue semble vouloir. Alors que Peau d’âne attend de la voir reprendre sa route, la belle Noire lui sourit et essaie de s’assurer qu’elle va bien. Lili se demande ce qu’elle voit, sur son visage. Ce qu’il y a de si alarmant sur l’âme sale de Peau d’âne. « Je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis un peu fatiguée, mais ça n’a rien à voir avec cette… collision, je vous assure. »
Lili est, elle-même, persuadée que tout va bien, que ce n’est rien de grave, qu’il ne faut pas s’en inquiéter. Si elle ne s’inquiète pas pour elle-même, alors le reste du monde ne doit pas le faire, lui non plus. Sa logique n’a peut-être qu’une seule adepte, mais cela lui suffit. Elle ne demande pas aux autres de la comprendre, seulement de ne pas faire attention à elle.
« J’espère ne pas vous avoir dérangée dans quelque chose d’important, tout de même. (Elle se recule d’un pas.) Et je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps, d’ailleurs. »