« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Moignon ouvrit un œil, puis l’autre. Au-dessus du lit, le faux-plafond blanc l’accusait silencieusement d’être un gros débile, incapable de faire attention à ce qu’il faisait. L’écureuil haussa un sourcil. Il se concentra sur les taches, les trous, les rayures, la moindre imperfection qui pouvait lui passer sous les yeux. Se concentrer sur le plafond lui permettait d’éviter de tourner la tête. S’il le faisait et qu’il croisait le regard de Kaeloo… Il ne donnait pas cher de sa peau. Il préférait rester immobile. S’il ne la voyait pas, c’était qu’elle n’était pas là.
Au bout d’une dizaine de minutes à fixer le plafond sans but, Timothy en eut marre. Il gigota sur les draps et osa, enfin, regarder des deux côtés du lit. Personne. L’écureuil était seul dans sa chambre d’hôpital. Tant mieux ! Si personne n’était là, c’était que personne n’était au courant. Donc, personne ne le disputerait ! Une affaire rondement menée, sans le moindre doute. Très fier de lui, Tim s’assit dans le lit et tira un peu sur le bandage qui lui enserrait le bras gauche. C’était quoi, cette histoire ? Il eut beau se creuser la tête, il ne se rappelait pas de ce qu’il avait fait, la veille au soir. Une connerie, sans le moindre doute. Et il devait l’avoir faite tout seul comme un grand, s’il n’y avait personne, autour du lit, pour s’inquiéter de lui. Enfin… « s’inquiéter »… Il ne pensait pas qu’ils s’inquiétaient vraiment pour sa santé, mais ils faisaient au moins semblant, c’était déjà ça.
Une infirmière entra dans la chambre, sous le regard attentif de Timothy. Il ne s’intéressait pas tant à son uniforme (dans le clan PTM, ce n’était clairement pas lui le pervers, il n’en avait rien à péter), qu’à ce qu’elle allait lui dire. Il voulait rentrer chez lui, maintenant. Il avait passé trop de temps loin de l’appartement, il était grand temps qu’il retrouve le confort d’une manette bien lisse entre ses doigts ! Haha ! Chacun ses priorités, hein…
La petite femme le salua, lui adressa des mots gentils qu’il n’écouta qu’à moitié et dit enfin ce qu’il attendait : il pouvait sortir ! Elle lui avoua même qu’il valait mieux qu’il le fasse au plus vite, parce qu’il n’était pas prévu dans cette chambre, à la base, et qu’ils en avaient désormais besoin pour quelqu’un d’autre. Apparemment, Timothy s’était évanoui au moment où le docteur avait voulu le piquer pour l’anesthésier. Quelle idée, aussi ! Tim n’aimait pas les piqûres, tout le monde le savait. Il n’était donc pas à l’hôpital depuis la veille au soir, mais seulement depuis une heure ou deux, et il avait été admis pour une blessure étrange, sur le bras. Oh, il se souvenait, maintenant, comment il s’était blessé, mais il préféra le garder pour lui. Ce n’était pas tous les jours que l’infirmière entendrait parler d’un homme capable de s’arracher la peau du bras avec une cuiller et un pot de nutella, et pourtant, il ne voulait pas ébruiter sa petite aventure…
Timothy sauta à terre, récupéra ses affaires et sortit de la chambre. Il eut le malheur de regarder les messages en attente, sur son téléphone, et découvrit que Kaeloo lui demandait ce qu’il faisait. Si tôt le matin, la grenouille n’avait pas l’habitude le voir en dehors de sa chambre, c’était certain. Tim répondit vite qu’il ne faisait « absolument rien » et s’empressa de ranger son téléphone. Il s’apprêtait à sortir de l’hôpital quand une idée popa à l’intérieur de son esprit. L’asiatique tourna sur ses talons, non sans manquer de se ramasser par terre dans le mouvement vif, et traversa une nouvelle fois l’hôpital. Pourquoi partir alors qu’il avait l’excuse parfaite à portée de main ? Puis, c’était bien le seul endroit de la ville où on ne viendrait pas le faire chier.
L’écureuil frappa à la porte avant d’entrer dans la chambre de Lilo. Il passait, parfois, quelques heures assis dans le fauteuil, près du lit, à jouer sur sa console portable. Il parlait, aussi, quand personne n’était là pour l’entendre, à la sœur de son ami, dans le coma. Il lui racontait des histoires qui lui vaudraient des tartes, si quelqu’un était mis au courant, mais bon. Tim lui montrait, aussi, ses nouveaux croquis ou l’avancement de son prochain tome. Au moins, elle, elle ne pouvait pas critiquer les fautes d’orthographes qui pullulaient de partout dans les petites bulles.
Bref, il passait beaucoup de temps ici, à attendre qu’elle se réveille, tout en gardant, sous le coude, une excuse pour faire genre que non, évidemment que non, il n’était pas là pour Lilo, seulement pour trouver du calme. C'était qu'il avait une réputation à tenir, l'écureuil.
Coucouuuuu ! Je passais dans le coin, j’me suis dit « Et si j’allais checker chez Lilou ? » au cas où t’aies eu envie de te réveiller et de grignoter sans inviter Timmy.
Tim se jeta dans le fauteuil, comme à son habitude, et regarda intensément Lilo, toujours immobile, sans jamais montrer le moindre signe d’éveil. Il ne comprenait pas bien tout ça, lui, et ça lui tapait sur le système. Il aurait eu très envie de la secouer de grands coups jusqu’à ce qu’elle ouvre les yeux, mais il savait qu’il ne fallait pas, que ce n’était pas bien, que ça ne se faisait pas. Alors, il fit la seule chose qu’il savait faire à peu près : il sortit sa Nintendo 3DS et lança un jeu.
Nani Uaike
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La même solitude réveillait la brune chaque matin, il y avait parfois des matins où elle n’y pensait pas tout de suite, mais dès lors qu’elle sortait de sa chambre, elle tombait nez à nez avec la chambre de sa sœur, vide. Lilo était absente depuis si longtemps que tous les jours semblait se ressembler. Heureusement que la brune avait son nouveau travail pour se changer de ses idées. Rester à la maison était devenu insupportable, savoir que Lilo n’y était pas, rappelait à la brune son absence. Heureusement qu’il y avait Bran. Si le jeune homme faisait encore pas mal de bêtises, et que Nani râlait souvent à son propos, le jeune homme mettait un peu d’animation dans cette vie sans leur sœur.
La brune n’avait aucune envie ce matin, pas même celle de prendre sa planche pour aller dire bonjour aux vagues, et quand elle en était à ce stade-là, peut de choses arriveraient à lui remonter le moral, elle n’avait que Lilo en tête, et le choix de son activité de la journée était plutôt clair dans son epsrit. Il fallait qu’elle aille à l’hôpital. Elle ne prit pas le temps de prendre son petit déjeuner, pris simplement une douche et s’habilla à la simple avec un survêtement avant de partir. La brune commençait à connaître le chemin sur le bout des doigts. Si au début, elle prenait sa voiture pour y aller, très vite la brune y allait à pied, ça lui permettait de ne pas encombrer le parking et ça profitait à son cardio. Quand elle arriva à l’hôpital, elle parcoura les couloirs, saluant le personnel qu’elle connaissait. Elle commençait à connaître pas mal de monde, ici, entre ceux qui s’occupaient de Lilo et ceux qui traînaient dans le service, chacun savait que la brune venait voir sa sœur.
La brune venait souvent, régulièrement pour raconter sa vie à sa sœur, lui parler de ce qui passe en dehors des murs de sa chambre, et de comment la famille se porte. Pour Nani, ça paraissait important de le faire, comme si elle gardait Lilo au courant de la vie, pour qu’un jour ça lui donne envie de se réveiller. Pour l’instant, rien n’avait changé, elle était toujours comme en train de dormir, allongée sur son lit. Quand elle arriva dans la chambre, la brune allait commencer son monologue.
« - Bonjour Lilo ! » Avait-elle commencé à faire en souriant en entrant quand elle remarqua la présence de Tim. La jeune femme ne savait pas vraiment ce qu’il venait faire là, mais elle n’était pas surpris de le voir, le jeune homme venait régulièrement prétextant que l’hôpital était l’endroit le plus calme qu’il trouve, Nani ne cherchait pas plus loin, ça faisait de la compagnie à Lilo.
« - Oh Tim, ça va ? Je ne pensais pas qu’il y aurait quelqu’un. Tu veux que je repasse un peu plus tard ? » Avait-elle ajouté en souriant. La brune savait qu’il n’y avait pas qu’à elle que Lilo pouvait manquer, et même si elle était sa sœur, elle était du genre à laisser aux autres, le temps de profiter de la voir quand même.
Timothy connaissait, en vérité, plus Bran que Lilo, mais personne ne pouvait connaître l’un sans connaître l’autre. C’était ainsi que ça marchait, des jumeaux, et Tim devait bien avouer qu’il avait toujours envié cette relation particulière, entre les deux. Lui, il n’avait jamais eu de sœur. Une vraie sœur jumelle, liée par le sang, la mère et le père. Tout le monde en faisait toujours tout un plat, de ce genre de lien entre deux personnes, alors il voulait la même chose. Même s’il avait une sœur, une fausse, puisqu’il avait été adopté par les Powers, ce n’était vraiment pas pareil. Puis Moignon ne pouvait pas dire à Kaeloo qu’il l’aimait. Berk ! Non, non ! Alors qu’une sœur jumelle, au moins, il n’aurait pas eu besoin de lui dire ce qu’il pensait, ils n’auraient eu qu’à communiquer par la pensée ! Les jumeaux étaient tous télépathes, non ?
Lilo n’en restait pas moins son amie et la sœur de son meilleur ami. À ce titre, Timothy se devait de la surveiller et de l’aider à aller mieux. Ou d’essayer, en tout cas. Les infirmiers lui avaient dit que c’était bien, de venir régulièrement lui parler, lui raconter des histoires. Ils avaient dit, aussi, que ça ne servait vraiment à rien de lui montrer ses dessins, mais Tim le faisait quand même. Il faisait ce qu’il voulait, de toute façon ! Au moins, Lilo ne critiquait ni ses fautes ni son style. Elle l’écoutait, elle, et elle ne se moquait pas de lui. Peut-être qu’elle l’aurait fait, si elle était réveillée, mais pour l’instant, elle dormait paisiblement et Timothy en profitait pour se brosser lui-même dans le sens du poil. Ou quelque chose comme ça.
Concentré sur sa console, l’écureuil n’en oubliait pas qu’il se trouvait dans la chambre de Lilo et il se permettait, constamment, des commentaires sur son avancée dans le jeu. Quand la petite musique de game over résonna dans la pièce, Tim ricana nerveusement et nia avoir perdu. Il expliqua même que c’était une erreur, un bug de la console et qu’il aurait dû gagner. Mais bon, puisque c’était comme ça, il allait recommencer le niveau, ce n’était pas grave. Au moins, Lilo ne le contredisait pas et ne l’accusait pas de mentir. Bien. Il pouvait se reconcentrer sur le niveau qu’il venait de rater en beauté, comme un gros boulet.
Quand Nani entra dans la chambre, Timothy était si concentré sur son boss qu’il sursauta, sur son fauteuil et en lâcha sa console. Dans un réflexe poussé par la panique, il se pencha en avant et remua les mains dans tous les sens, pour essayer de rattraper la 3DS avant qu’elle n’explose au sol. Face à ce genre de danger-là, Tim était, généralement, plus apeuré et doué pour se rattraper, que face à un danger de mort ou de blessure grave. Ce qui s’avéra une nouvelle fois, alors qu’il réussit, par miracle, à rattraper la console, au niveau de ses chevilles. L’asiatique bondit alors sur ses jambes, en tendant le bras en l’air, victorieux. Entre ses doigts, la console émit une nouvelle musique de game over.
Bon, il n’avait plus qu’à tout recommencer, encore.
Bonjour, Nani ! répondit-il, en éteignant sa console. Moi ? Ça va toujours, voyons, pourquoi cette question ? (Il regarda partout dans la chambre, l’air plus suspect que s’il n’avait rien dit.) Et toi, ça va ? Bah ! Non ! Tu peux rester. Pourquoi tu partirais ?
Tim se gratta la tempe, les yeux plissés, en essayant de comprendre pourquoi elle devrait partir, maintenant qu’elle était venue jusque là. L’idée qu’elle veuille être seul avec sa sœur ne le traversa pas une seconde. Il avait un sens de la communauté beaucoup plus fort que celui de la solitude et avait du mal à comprendre qu’on veuille vraiment être seul. Lui, il utilisait la chambre de Lilo comme une excuse, mais il espérait secrètement qu’elle se réveille pour lui tenir compagnie. Fuir les autres, ça lui donnait un côté cool, mais ce n’était pas une chose qu’il voulait pour de vrai.
Je passais dans le coin, c’est pour ça qu’il y a quelqu’un. (Oui, il passait dans le coin d’un hôpital, logique.) Puis, comme ça, les autres me foutent la paix. Ici, c’est calme. Et Lilou, elle aime bien quand je lui montre mes dessins et que je lui raconte la suite de l’histoire avant tout le monde !
Comment ça, il n’y avait aucune preuve que ce soit vrai et qu’elle aime vraiment ? Tim, lui, ne voyait aucune preuve qu’elle n’aime pas ça. Ha ! Il prenait, souvent, les problèmes à l’envers. Surtout quand ça l’arrangeait. Il préférait croire, dans ce cas, qu’il verrait si Lilo était soûlée de le savoir dans sa chambre, plutôt que de croire qu’il le verrait, si ça lui faisait vraiment plaisir. De toute façon, elle dormait, donc il pouvait dire ce qu’il voulait. Elle n’avait qu’à pas dormir ! C’était nul, de dormir !
T’as pas vu Bran ? Je dois lui montrer un… (Tim se tut soudain et frotta son bras gauche.) Non, rien du tout. En fait, je veux juste lui parler d’un nouveau jeu.
Timothy essaya de prendre une poker face du tonnerre, mais… Il n’avait jamais été bon au poker. Pourquoi c’était si dur, de mentir et de faire genre qu’il n’avait pas fait de bêtise, aujourd’hui ? Il n’avait pas envie de se faire disputer par Nani, justement le jour où il arrivait à ne pas se faire coincer par Kaeloo.
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Tim était maladroit, et Nani avait toujours un petit sourire quand elle le voyait en train de patauger dans ses mimiques et sa maladresse. Elle avait l’impression de voir son frère, les deux n’étaient pas amis pour rien. Elle le regardait avec bienveillance, et attendait sa réponse. Pour elle il n’était pas dérangeant de repartir pour le laisser seul avec Lilo. Après tout, Tim était quand même un ami à elle et même s’il était plus proche de Bran, elle savait que le jeune garçon devait vivre ce que peut ressentir son frère. Bran n’était plus le même sans leur sœur et Tim devait s’en apercevoir également.
La jeune femme hocha la tête, et rentra donc un peu plus dans la chambre alors qu’elle posait ses affaires sur la chaise. Tim avait toujours l’air d’avoir un air un peu suspect quand il disait qu’il allait bien, parce que bien souvent il avait dû se passer des choses que Nani ne préférait pas savoir. Les garçons faisaient pas mal de bêtises ensembles, mais ils étaient jeunes et toutes les bêtises ne méritent pas d’être connues, seules les plus grosses intéressaient la brune ne voulant qu’il leur arrive quelque chose, elle avait toujours peur que ce soit la bêtise de trop, mais le jeune homme avait l’air d’aller bien c’était le plus important.
« - Oui, ça va ! Bien, je sais pas, peut-être que t’aurais voulu voir Lilo tout seul, mais restons tous les deux, ça lui fera de la compagnie. » Avait-elle fait en souriant, alors qu’elle se dirigeait vers sa sœur avec un tendre sourire.
Elle lui prit la main, replaçant de sa mèche une des mèches de cheveux de sa sœur alors qu’elle écoutait le jeune homme. Tim avait toujours des bonnes excuses pour ne pas dire qu’il était venu délibéremment à l’hôpital pour voir Lilo, mais la brune s’en fichait, elle se moquait bien de savoir pourquoi il venait, ce qui compte c’est qu’il était là, et ça devait être important pour Lilo, elle aurait sûrement aimé ses dessins et qu’il prenne le temps de lui parler. Voilà, ce qui était important, qu’elle sente que les gens ici attendent son retour. Nani était toujours mélangé entre la tristesse et l’espoir. Elle avait parfois l’impression que Lilo ne reviendrait jamais. Elle se taisait bien de le dire, mais elle avait de nombreuses fois perdu espoir, avec le retour de Bran, Nani avait retrouvé l’espoir, elle voulait croire qu’en sentant son jumeau auprès d’elle, la brune se réveillerait, mais ce n’était pas encore le bon moment visiblement pour elle.
« - Je suis sûre qu’elle apprécie Tim. Moi j’aime bien savoir que tu viens régulièrement, les infirmiers disent que ça peut aider. » Avait-elle répondu en souriant alors qu’elle retournait vers ses affaires.
Les infirmiers disent beaucoup de choses, mais le fait est que quand une personne est dans le coma, on ne sait jamais vraiment s’il peut se réveiller et quand il le fera. Les médecins restaient dans le flou et les Uaike aussi attendant d’en savoir plus. Nani mettait donc tout en place, pour leur donner le plus de chance. Presque tous les jours, elle venait, même parfois si elle n’avait pas le temps, elle trouvait toujours un moyen de venir et une fois par semaine, elle faisait des aménagements dans la chambre pour que l’univers de Lilo autour d’elle, l’attende. Elle sortit les cadres photos qu’elle avait apportées pour changer ceux qu’il y avait déjà sur la table de nuit près de Lilo. Ecoutant toujours le jeune homme, elle souleva le sourcil quand celui-ci parla de montrer un truc à Bran, Nani sût directement qu’il y avait une pépite et que le jeune homme mentait. Encore des bêtises…
« - Tu voulais lui montrer quoi ? » Avait-elle répondu avec un petit sourire narquois alors qu’elle attendait de savoir ce que Tim avait inventé pour lui mentir. Nani adorait faire ça, et les plus jeunes sont toujours rôdé à des kms, elle avait eu l’entraînement pour repérer les mensonges avec les deux jumeaux et ils avaient pu en faire des bêtises, elle avait l’habitude.
Plus Timothy essayait de dissimuler le bandage sur son bras gauche, plus il avait l’impression d’être suspect. À ce rythme, Nani comprendrait vite qu’il avait encore fait une bêtise et que ça lui avait valu un petit voyage jusqu’à l’hôpital. Au moins, pour une fois (et c’était vraiment rare), Tim avait été tout seul dans sa connerie et il n’avait pas embarqué Bran avec lui. Même s’il l’avait embarqué, de toute façon, l’écureuil se faisait toujours plus mal que son meilleur ami. Ce qui était un peu injuste, il fallait l’avouer, et lui rappelait Coin-Coin au temps du Pays Trop Mignon. Le canard ne donnait jamais l’impression de s’être fait mal, alors que Moignon douillait sa race. Heureusement, dans cet autre monde, ils pouvaient « mourir » que ça ne changeait rien à leur vie : ils finissaient toujours par ressusciter, ou quelque chose comme ça. Dans ce monde-là, par contre…
La brune se rapprocha de l’asiatique et posa ses affaires sur une chaise. Soudain, Timothy se sentit un peu plus pris au piège. Il lorgna la porte, derrière Nani, puis la fenêtre derrière lui-même. À cette hauteur, il n’était pas conseillé de sauter par la fenêtre, mais ça ne voulait pas dire que, dans un moment de panique, Timothy ne serait pas capable de le faire. Il ne réfléchissait pas souvent, avant de faire des conneries, et échapper à la sœur de Bran lui semblait être une meilleure idée que de s’entendre dire, pendant trois heures, qu’il était un gros débile et qu’il ferait mieux de faire plus attention à lui. Ou quelque chose comme ça.
Les mots de la brune le ramenèrent à la chambre de Lilo. Il darda sur elle ses yeux noirs et plissa les paupières. Être seul avec Lilo ? Il eut beau réfléchir, l’écureuil, il ne comprit pas pourquoi il voudrait une chose pareille. Il était même prêt à parier qu’il ne valait mieux pas le laisser trop longtemps seul avec elle, ou quelqu’un le regretterait. Lui, sans doute. Parce que voir Lilo allongée sur son lit lui donnait de drôles d’idées qui ne feraient marrer que lui. Rien de « bizarre », en soi. Tim était simplement prêt à tout tester pour la sortir de son gros dodo. Même s’il devait l’attraper par les épaules et la secouer dans tous les sens, ou pousser son lit dans les couloirs de l’hôpital ou dans un escalier. Sa conscience du danger était un peu trop défaillante pour le bien-être de l’endormie.
Pourquoi je voudrais rester seul avec elle ? finit-il par demander, l’air sérieux. Je suis pas amoureux d’elle, hein. Puis c’est même pas mon amie, d’abord ! Mes amis à moi, ils dorment pas comme des princesses qui attendent le prince charmant.
Timothy acquiesça plusieurs fois du chef, comme pour s’approuver lui-même, mais il garda un œil fixé sur Lilo, prêt à capter la moindre réaction de la jeune femme. Il lui arrivait, oui, d’insinuer de mauvaises choses, d’insulter subtilement (ou pas du tout subtilement), la pauvre Lilo sur son lit d’hôpital, dans l’espoir que les attaques la sortent, enfin, de sa léthargie. Évidemment, il ne pensait pas ce qu’il disait. La brune faisait partie de ses amies. En tant que sœur jumelle de son meilleur ami, elle avait même une place de choix dans la vie de Timothy. Mais il ne pouvait pas le lui dire, ça. C’était vraiment la honte.
C’est normal… qu’elle apprécie ! Tout le monde n’a pas la chance d’avoir une star dans sa chambre aussi souvent qu’elle ! Haha ! Je lui signerai même un autographe, quand elle sera réveillée. Oui, oui, je suis sympa, je sais.
Le brun passa une main dans ses cheveux noirs, un air arrogant accroché au visage. Ça non plus, ce n’était pas tout à fait la vérité, mais il considérait Lilo comme l’une de ses plus grandes fans (non, il ne lui demandait pas son avis, c’était lui qui décidait) et il ne pouvait passer à côté de l’occasion d’insuffler une idée, dans son esprit. C’était que l’asiatique avait regardé un film qui parlait de rêve et d’incruster une idée toute faite dans le crâne de quelqu’un qui dormait, alors… Il se devait d’essayer. Comme ça, il aurait peut-être quelqu’un pour lui réclamer un autographe, dès que Lilo se serait réveillée.
D’ailleurs, Timothy ne parlait jamais au conditionnel, quant au réveil de la brune. Lui-même ne s’en rendait pas compte, mais il partait du principe que Lilo finirait par se réveiller. Il ne voyait pas pourquoi ce serait autrement, de toute façon. Il n’était pas, non plus, au courant du fait que Nani avait failli faire débrancher sa jeune sœur. Une chose que, de toute façon, il n’aurait sûrement pas comprise. De son avis à lui, il suffisait de laisser du temps à Lilo. Quand elle en aurait marre de pioncer, elle se réveillerait. Il en était persuadé.
Lui montrer quoi ? Quoi ? De quoi tu parles ?
L’écureuil papillonna des cils, en essayant de prendre un air innocent, et se frotta l’arrière de la tête, le regard fuyant. Sur son bras gauche, la manche de sa veste glissa un peu, dévoilant une partie de son bandage. Il n’avait rien à cacher, voyons ! De quoi parlait-elle ? Qu’essayait-elle d’insinuer ? Tim déglutit péniblement et se demanda de quelle manière il pourrait se sortir de là. L’excuse du nouveau jeu lui était déjà sortie de la tête. Il s’engagea donc dans une nouvelle idée…
Aaaah, si, je sais ! J’ai trouvé un nouveau film de zombies qui se battent contre… euh… des aliens mutants. Il y a même des moutons maléfiques et… une grosse grenouille ou c’est un crapaud, enfin on sait pas trop. Je voulais le voir avec lui. (Il se tourna vers la télé, accrochée au mur, et écarquilla les yeux, exagérant la surprise.) Mais y’a même pas de lecteur DVD ! Ohlala ! C’est une arnaque, ça ! Elle doit drôlement s’ennuyer, Lilou, si elle peut pas regarder la télé. Haha…
Il était persuadé de s’en être sorti comme un petit chef ! Sans le moindre doute, Nani n’y verrait que du feu ! Haha ! Il était un génie !
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Nani n’était pas un lapereau de trois semaines et cela faisait bien des années qu’elle avait appris à reconnaître quelqu’un qui patauge dans son mensonge. En grandissant avec les jumeaux, Nani avait développé des supers pouvoirs de grande sœur sachant pertinemment quand les deux pouvaient lui mentir. Elle ne dévoilait jamais ses secrets mais sur le visage des deux, quelque chose finissait toujours par les trahir, c’était un peu pareil avec Tim, son air maladroit le rendait déjà coupable avant même qu’il ai fait quoique ce soit, mais son regard fuyant et son air faussement innocent lui donnait pas l’air d’avoir eu des idées innocentes. Nani n’avait pas de doute, et la feinte de Tim d’essayer de se rattraper n’avait pas vraiment de résonnance. Un film de zombies ? C’était possible, oui, mais avec sa tête d’enfant, ça ne collait pas à la joie qu’il avait eu de montrer cela à Bran.
« - Ah oui ? Un film avec des mutants ? » Avait-elle dit en regardant le garçon de côté tandis qu’elle finissait d’arranger la table de nuit. Puis, elle se dirigea vers la chaise auprès du lit et en y enlevant son sac, elle s’y avachi, regardant Lilo.
« - Tu sais que je te crois pas du tout, Tim ? » Avait-elle ensuite rajouter en souriant au jeune homme.
La brune ne croyait pas à cette histoire, et tout lui disait qu’elle avait raison de ne pas le faire. Depuis que Bran et Tim se connaissaient, ils avaient pour habitude de se fourrer dans toutes les histoires possibles et au délà de ce qu’elle pouvait toujours imaginer, loin de savoir tout ce que les deux avaient pu faire, la brune s’inquiétait toujours de comment ils rentreraient et dans quel état. Elle avait déjà perdu Bran une fois, elle ne voulait pas que ça se reproduise, elle ne supporterait pas qu’un soir il ne rentre pas à la maison une nouvelle fois. Sans lui, la vie sans Lilo était doublement difficile.
« - Je ne sais pas ce que tu voulais lui montrer, mais par pitié, ne l’embarque pas encore dans une de vos aventures dangereuses dont vous avez l’habitude ! » Avait-elle dit en soufflant alors qu’elle regardait le jeune homme.
La brune savait que c’était quand on est jeune qu’on a envie de s’amuser et de faire plein de choses, à l’âge où elle avait dû s’occuper des jumeaux. Nani n’avait pas vraiment profiter de sa jeunesse et elle était heureuse pour les garçons qu’ils puissent le faire, mais leur non conscience du danger était trop risqué pour elle, elle ne supportait pas de s’inquiéter chaque fois pour son frère.
« - D’ailleurs, tu t’es fait quoi au bras ? » Avait-elle demandé alors qu’elle regardait le brun dans les yeux. Bien sûr qu’elle avait vu ce bout de bandage qui dépassait, elle était observatrice, surtout depuis qu’elle était rentré dans la police, et ça n’était pas inaperçu. La brune était certaine que le jeune homme était venu à l’hôpital pour lui avant de venir voir sa sœur. Qu’est-ce qu’il avait encore fait ? Dans quoi s’était-il embarqué ?
Timothy était persuadé de s’en être sorti haut la main, menteur aguerri qu’il était ! Ce qui, au final, n’était qu’un autre mensonge qu’il se donnait à lui-même. Sauf que lui, contrairement aux autres, il croyait les mensonges de tout le monde, crédule, naïf, un peu con aussi. Oui, il était sûr de s’être tiré d’affaire, que le bandage sur son bras gauche ne se voyait pas et que jamais personne ne viendrait l’emmerder avec ça. S’il arrivait à le cacher à Nani, il pourrait sûrement le cacher à sa sœur. Même si, à bien y réfléchir, Tim ne fut pas sûr de savoir laquelle des deux lui faisait le plus peur. À cette pensée, il se gratta l’arrière du crâne et plissa les yeux. La seule réponse qu’il trouva à cette question fut : ça dépend de qui est en face. Pour l’instant, Nani était la plus effrayante. Dès qu’il rentrerait à l’appartement, ce serait Kaeloo. Et si les deux étaient dans la même pièce au même moment ? Il ne voulut pas y penser.
Les questions de Nani le firent tiquer. Timothy plissa les yeux plus fort et posa les poings sur les hanches. Il n’avait pas franchement l’impression qu’elle croyait à son histoire de zombies, de mutants, de moutons et de grenouille. Il ne voyait pas pourquoi. Il était prêt à jurer qu’il pouvait lui trouver un film de ce genre dans sa chambre. À moins que les scénarios aussi… compliqués ? n’existent que dans son ancien monde. Possible. Dommage. Il aurait bien regardé de moutons mutants à tentacules qui essaient de tuer le monde entier, mais se font défoncer par un crapaud bodybuildé. S’il n’y avait pas de zombies, ce n’était pas très grave. C’était plus comme une option pour pimenter le tout. Un peu comme de la mayonnaise sur des frites : agréable, mais pas obligatoire.
Nani avoua enfin qu’elle ne le croyait pas du tout, ce qui força Tim à baisser les bras, littéralement. Il poussa un gros soupir et relâcha la tension dans son corps. Il ne se laissait pas tromper par le joli sourire de la sœur de son ami ! Il devait trouver une pirouette pour se sortir de là. Mais quoi ? Il n’était même plus certain de se souvenir ce qu’il voulait montrer à Bran, comme une dernière défense de son esprit qui cachait, loin, très loin, les preuves de son méfait. Il ne pouvait rien avouer s’il ne se rappelait de rien. Non ?
Je vois pas pourquoi, répondit-il, en boudant un peu. De toute façon, personne me croit jamais…
Se faire passer pour une victime était, aussi, l’une de ses dernières défenses. Jouer sur la culpabilité de la jeune femme pouvait peut-être lui éviter de se faire disputer pour rien. Il en doutait un peu, mais ça ne lui coûtait rien d’essayer, non ? Au pire, il arriverait que ce qui, de toute évidence, allait déjà arriver : il se ferait disputer bien comme il fallait. À croire que le monde n’avait que ça à faire de le disputer constamment ! Il avait presque envie de dire qu’il n’était pas un gamin, qu’il pouvait se gérer tout seul, mais la dernière fois qu’il avait essayé de faire comprendre à une sœur qu’elle n’était pas sa mère… Il préférait ne pas y penser.
Mais nooooon ! Je ferai jamais une chose pareille, haha ! Bran, il est pas drôle de toute façon. C’est plutôt lui qui devrait arrêter de m’embarquer dans ses aventures ! Je me fais mal, moi. Pas lui. C’est pas juste.
Rejeter la culpabilité de leurs aventures sur le dos des absents était, aussi, une des choses que Moignon savait faire le mieux. Après tout, on dit que les absents ont toujours tort. Bran n’était, heureusement, pas là pour le contredire. Contredire quoi, au final ? L’alien avait des pouvoirs de fouuuuu, alors que Moignon était… Moignon. Il se faisait mal, il n’allait pas vite, il ne pouvait même pas faire du sport !
Hein ? (Il releva les yeux vers Nani, en essayant de paraître innocent.) Ça ? Trois fois rien, vraiment. Ils en font tout un plat, mais c’est pas grave. En vrai, c’est pas ça qui fait que je suis là. Ils ont voulu me piquer et j’aime pas les piqûres, alors… C’est tout.
Timothy était prêt à se taper la honte de sa vie, parce qu’il s’était évanoui devant une piqûre, si ça pouvait lui éviter d’avouer qu’il s’était arraché un peu de la peau du bras et qu’il lui faudrait un certain temps pour guérir. Il n’avait pas fait exprès. Était-ce arraché ? Ou brûlé ? Il ne se souvenait pas exactement de ce que lui avaient dit les médecins. Ça ne faisait, de toute façon, pas une grande différence. L’écureuil se rapprocha un peu de Nani.
Tu veux voir ? C’est ça que je devais montrer à Bran, évidemment !
Il ne fallait pas demander à Tim de garder son bandage. En moins de temps qu’il ne faudrait pour le dire, il allait l’arracher et montrer à tout le monde sa blessure de guerre. Il allait, sans aucun doute, inventer des tas d’histoires différentes quant à son origine. Sa première victime devait être Bran, mais il pouvait changer pour Nani.
Tu le diras à personne, hein ? Mes amis sont pas encore prêts à accepter que leur idole a frôlé la mort.
Si l’écureuil se para d’un regard hautain et releva un peu le menton, il ne fut, soudain, pas certain que ce mensonge-là était le bon à donner à Nani. Si elle le croyait vraiment… n’allait-il pas passer un sale quart d’heure ? Tant pis ! Il préférait prendre le risque, pour le coup. Au moins, ça lui évitait d’avouer qu’il avait juste voulu être gourmand, mais que le pot de pâte à tartiner n’avait pas désiré capituler.
Nani Uaike
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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La brune avait l’impression de voir Bran quand il était plus jeune et qu’il savait moins mentir que maintenant. Le jeune homme avait les même expressions sur son visage, et la jeune femme n’était pas vraiment facile à duper. Elle sourit quand celui-ci fit mine de bouder, à croire que ça allait marcher avec elle…Mal sous estimé de sa part. Nani était persuadée que ce n’était ni la faute de Bran, ni vraiment celle de Tim si les deux s’attiraient toujours des ennuis, c’était de leur faute à tous les deux et une part de malchance également de toujours être au mauvais endroit au mauvais moment. Il y avait une part de Nani qui s’inquiétait toujours pour eux, et une autre part d’elle qui savait que les deux arriveraient toujours à se sortir des galères dans lequel ils se mettent.
Elle n’eut pas le temps de répondre qu’elle n’avait pas spécialement envie de voir, que le jeune homme avait ôté son bandage. C’est vrai que c’était moins pire que ce qu’elle avait pu imaginer, mais ça restait pas anodin non plus s’il devait porter un bandage. Et puis, elle n’était pas franchement d’accord avec le fait que Tim ait joué avec sa vie, quand on savait que d’autres comme Lilo n’avaient pas ce choix.
« - Tim ! Tu pourrais faire attention quand même ! » Avait-elle dit en fronçant les sourcils et plaçant ses mains sur ses hanches comme pour l’engueuler.
A dire vrai, pour Nani, Tim n’était pas son vrai frère, elle ne devrait pas le disputer, limite s’en fiche complet, mais c’était plus fort qu’elle, elle l’avait vu si souvent et il traînait si souvent avec Bran qu’il faisait comme partie de la famille.
« - Un jour, tu ne t’en sortiras pas qu’avec un bandage et tu le regretteras ! Je sais que vous voulez juste vous amuser, mais bon sang, faîtes attention ! » Avait-elle rajouté alors qu’elle regardait le jeune homme avec son regard sévère, avant de se détendre et de s’approcher de lui pour lui prendre la bande qu’il avait dans les mains.
Elle se dirigea dans l’armoire de la chambre et reprit une compresse dans l’optique de lui refaire son bandage. Maintenant qu’il l’avait enlevé fallait bien le refaire pour que sa plaie ne s’infecte pas. Elle prit du désinfectant également et se rapprocha du jeune homme, il n’avait pas intérêt à bouger. « - Tu bouges pas, hein ! Faut refaire le bandage maintenant ! » Dit-elle alors que son air sévère, s’adoucissait en prenant le bras du jeune homme avec sa main. Elle ne lui laissait pas vraiment le choix à vrai dire.
Elle mit du désinfectant sur une compresse et la posa délicatement sur la plaie du jeune homme avant de remettre correctement la bande par-dessus, bien positionnée et en place pour qu’elle ne bouge pas.
« - Maintenant, t’arrêtes de l’enlever à tout va. Sinon, ça va jamais cicatriser. » Avait-elle fini par ajouter alors qu’elle rangea le tout dans l’armoire et s’assit sur la chaise près du lit en soufflant. Ces enfants la fatiguaient.
Habitué à un monde où les blessures disparaissaient aussi facilement qu’un coup de gomme sur un trait de crayon, Moignon avait encore du mal à piger que le vrai monde, celui dans lequel il était coincé, ne fonctionnait pas du tout de la même manière. Ce n’était pas faute de s’être fait disputer des centaines de fois, déjà, par ses parents adoptifs, sa sœur ou même n’importe qui d’autre, en vérité. Même ses professeurs, à l’époque où ils ne l’avaient pas encore rangé dans la case des « irrécupérables » ou ses amis, en dehors du clan PTM. Timothy avait, parfois, l’impression de ne faire que ça : passer de dispute en dispute, la tête basse, à répéter « oui, oui », mais sans en avoir grand-chose à faire, au final. Ou pas tout à fait. Il n’aimait pas se faire engueuler, encore moins à son age, mais était-ce de sa faute si ça avait l’air super amusant de sauter de caillou en caillou, pour traverser une rivière au courant un peu trop rapide ? De traverser la route en courant pour aller chercher le dernier jeu sorti dans le magasin d’en face ? Certainement pas !
L’écureuil avait tendance à minimiser les dégâts, pour ne pas inquiéter son entourage. Ce qu’il faisait à sa manière, comme à l’instant, en dénouant le bandage et dévoilant sa chair à vif, sur une partie de son avant-bras. Il ne s’était pas loupé, il devait bien l’avouer, mais retint la grimace qu’il faillit échapper, à cause de la douleur provoquée par le courant d’air qui vint caresser la plaie. À la place, il se para d’un sourire fier, comme s’il exhibait une blessure de guerre, et tendit le bras à Nani pour qu’elle voit bien. Même pas mal ! criaient ses yeux. Bon, il devait bien rester, au fond de son regard, une pointe de douleur qui brillait quelque part, mais il ne pensait pas que Nani pouvait la voir. En tout cas, il préféra se persuader qu’il avait l’air d’un gros dur capable d’endurer !
La manière dont la brune mit les mains sur les hanches et fronça les sourcils, ne plut guère à Tim qui eut du mal à déglutir et à garder, fièrement, son bras tendu devant lui. Il ne pouvait avouer haut et fort qu’elle avait tort et qu’il faisait déjà très attention. Ce n’était pas le cas. Il ne faisait jamais attention à rien et même lui, il s’en rendait bien compte. Mais il n’arrivait pas à changer et ne savait pas comment faire pour « faire attention ». Toute sa vie, il ne s’était jamais inquiété de ça, ni dans cette vie ni dans l’autre. C’était pas faute de se faire remonter les bretelles par tout le monde, pourtant. Ça ne suffisait pas, apparemment. En tout cas, Timothy ne faisait plus vraiment le fier et se sentait, soudain, le besoin de s’excuser, comme s’il avait commis une faute grave. Ce n’était pourtant pas le cas, non ?
Il baissa la tête, honteux, et détourna le regard quand Nani s’approcha pour lui prendre le bandage des mains. Il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elle le frappe, mais, bizarrement, il était prêt à dire qu’il l’avait plus ou moins mérité. Nani avait déjà bien assez d’ennuis à s’occuper de Bran et de Lilo l’endormie, pourquoi devait-il lui ajouter du travail sur le dos ? Il aurait mieux faire de lui dire que oui, en effet, elle le dérangeait et qu’il aurait préféré qu’elle le laisse seul avec Lilou. Ce qui lui aurait, peut-être, permis de sauter par la fenêtre pour fuir. Quoi que… la chambre était à quel étage, déjà ?
Désolé, marmonna-t-il, tout bas. Je jure que je voulais rien faire de bizarre, pour une fois ! C’est vrai ! J’essaie de faire attention, mais…
Pour la première fois, peut-être, de la matinée, il ne mentait pas. Il n’avait voulu que manger de la pâte à tartiner à la noisette, parce que les noisettes, c’était vraiment trop bon pour son bien. Mais voilà, quand on est né boulet, on le reste à vie. Une bonne excuse pour l’empêcher de ne pas faire d’effort, il fallait l’avouer. Mais il s’était lui-même persuadé que ça ne changerait jamais, qu’il garderait toujours sa maladresse et sa malchance. Après tout, dans l’autre monde, il ne pouvait rien faire pour changer ça. Même en essayant de tout son cœur, il finissait toujours par faire une connerie, alors pourquoi devait-il faire plus d’efforts dans ce monde-ci ? Ça ne servait à rien !
Je ne bouge pas !
Ce qui était beaucoup demander à la pile électrique qu’il était, mais Tim ne voulait pas se faire disputer plus que nécessaire et il se concentra autant que possible pour rester immobile. Son bras tremblait un peu, mais il ne pouvait pas faire mieux ! Il regarda, avec attention, les gestes de Nani, un peu de rouge aux joues à l’idée de se faire soigner par la belle brune. Timothy n’avait peut-être pas vraiment d’intérêt envers les femmes, mais il n’en restait pas moins un jeune homme plus ou moins dérangé par la proximité du sexe féminin. Surtout quand il lui confiait, ainsi, sa vie. Ou presque sa vie. Son bras, c’était déjà bien ! Puis, les femmes étaient trop imprévisibles à son goût. C’était, du moins, ce qu’il retenait de ses amies et, surtout, de sa sœur.
Et si ça gratte ? Je dois pas l’enlever ? Et si ça commence à puer ? demanda-t-il, en faisant une grimace. Combien de temps je vais devoir le garder ? C’est pas mieux que ça prenne un peu l’air ? C’est trop compliqué ! En plus, ça serre, ça appuie dessus et c’est beaucoup trop voyant. Puis, regarde, comment je fais pour dessiner, hein ? Je suis handicapé !
Moignon remua le poignet, faisant mine de limiter ses mouvements… alors qu’il n’était même pas gaucher. Néanmoins, l’idée de garder le bandage bien en place à son bras ne lui plaisait pas du tout et il se devait de trouver des excuses pour pouvoir le retirer. N’importe quoi ferait l’affaire ! Tout, tant qu’on l’autorisait à l’enlever. S’il n’en avait pas l’autorisation… Timothy avait beau être un enfant terrible (oui, même à son âge), il n’en restait pas moins plus ou moins obéissant et il était fort à parier qu’il ne le retirerait plus jamais.
Tu m’en veux ?
D’une toute petite voix, Timothy se risqua à une question tombée de nulle part, ses yeux noirs brillants d’émotion. Le soupir de Nani ne lui avait pas échappé, ni la façon dont elle s’était posée sur la chaise, comme vidée d’énergie à cause de lui. Tim avait déjà vu ce genre de comportement, chez Kaeloo, le jour où ils avaient joué au papa et à la maman et qu’il n’avait pas voulu faire ce qu’elle lui demandait. Sauf que Kaeloo, elle, s’était transformée en crapaud et qu’il savait que ça n’arriverait pas à Nani. Néanmoins, ça ne l’empêchait pas de se sentir un peu coupable. Il s’accroupit de l’autre côté du lit de Lilo, posa le coude sur les draps, la tête sur le bras et poka la main de l’endormie, de l’index de sa main libre. Ce qui ne la fit pas se réveiller, évidemment.
C’est quand qu’elle se réveille, Lilou ?
Même si elle était posée comme un enfant qui boude, sa question était sincère. Tout en permettant, subtilement (ou pas) de détourner la conversation de lui.