La suite de la soirée, Raphael ne l'a pas vu venir. De retour chez lui, le détective feuilletait plus en détail les dossiers que l'affreux avait tenté de faire disparaître avant que son frère ne lui saute dessus et l'encastre. Des lieux, des noms mais des choses que Turtles connaissait déjà plus ou moins vaguement mais sur lesquels il n'a pas encore pu plancher faute de temps mais aussi, de moyen. Pendant ce temps, à la maison en périphérie, les membres du gangs étaient arrêtés ce qui porterait un préjudice certains pour cette organisation dont il découvrait la véritable ampleur mais pas encore réellement les objectifs. Ce qui attirait un peu plus son attention, c'était une liste de personne, tapée à la machine à écrire. Certains noms étaient déjà barrés en rouge. Quelques patronymes parlaient au détective, qui en attendant son frère, faisait déjà quelques recherches sur le net. Raphael n'est pas autant en phase avec la technologie comme Don', mais il sait au moins comment allumer un pc. C'est déjà ça de prit. Entre temps il aura essayer d'appeler Michel-Ange mais sans succès.

Et quand on parle du loup.
Toujours sans frapper avant d'entrer voilà que l'autre le prend à contre-pied en se mettant en rogne. L'aîné fronce légèrement le regard et ne dit rien referme le dossier du dessus puis le glisse au centre du bureau. Il a ses notes, maintenant, le « gamin » pouvait en disposer à son bon vouloir. N'est-ce pas ce qu'il lui a dit noir sur blanc avant de partir. Cependant, le ton que prends la discussion ne lui plait pas. Turtles se laisse retomber dans son siège.

— C'est ton enquête autant que la mienne je te rappelle, Michel-Ange...

Comment t'il. Et quant il prononce le prénom de son frère ainsi, cela souligne à la fois la gravité de la discussion et son sérieux. Autant mettre les choses au point.

— Je suis payé pour ce travail. Je suis assermenté tout comme toi mais la différence c'est que je n'ai pas de badge. Tu veux revoir mon autorisation signée par les services administratifs fédéraux ? Tu crois quoi ? Que ce que je fais, c'est un hobby ? Que mon truc c'est d'écumer cette putain de ville en long, en large et en travers tout en foutant la merde dans tes affaires, comme ça par plaisir ? Je te rappelle que je t'aide parce que la Police n'est pas foutue d'avancer sur cette affaire.

Il se penche sur le bureau, en posant les coudes et le fixe. Le regard sombre.

— Quand je suis parti, je t'ai dis clairement que je prenais les dossiers. C'est vrai ou faux. Et me semble pas que tu sois sourd, ni idiot. Tu dois savoir aussi que ni toi, ni moi nous devions être là ce soir. Mais non, il a fallut que monsieur joue les héros, se vautre, se fasse prendre et menacer. Toi, comme moi, on a agit sans mandat, sans raison et par effraction. Alors qu'est-ce que t'as à répondre à ça. Y'a rien qui gigote là-haut monsieur l'impulsif ? T'as la mémoire courte ou faut que je te rappelle que t'avais le canon d'un flingue pointé entre les deux yeux avant que je ne doive te sauver les miches.

Raphael se laisse retomber dans son siège. Soupire et se frotte les yeux en secouant la tête. Dépité par une telle conclusion quant à cette soirée qui normalement n'était vouée qu'à discuter et rassembler les idées et les les indices que chacun avait trouvé. Et voilà où ils en sont. Ca lui échappe totalement ces remontrances. Cette autorité qu'on vient lui agiter sous le nez comme ça, sans raison et surtout pour quoi ? Et puis merde à la fin ? Comment la police pouvaient savoir pour des choses qui ne sont pas censées s'y trouver. Tout comme les trois gars qu'ils ont arrêté. Ça aussi ça lui échappe et le renfrogne. Serait t'il passé à côté d'un point dont son frère aurait omit de lui parler ? Si c'est le cas, le travail d'équipe va clairement en prendre un coup dans la gueule.

— Il est tard. Honey va s’inquiéter. Moi j'rentre.

Turtles finit par se lever et prendre sa veste, silencieux et dépité. Il n'aura pas bien duré longtemps ce petit interlude familial.

— Un peu utilisé ? Mais de où ? Je ne savais même pas qu’il y avait ces dossiers chez ces types. Et pis c’est toi qui a voulu qu’on aille voir ça ce soir non ?

C’est la meilleure celle là et c’est à ne rien y comprendre. Raphael n’allait certainement pas laisser ce genre de choses se dire sans réagir pour passer pour le méchant de l’histoire. C’est hors de question. Il tenait à ce que les choses soient bien mises à plat même si s’engueuler avec son petit frère est une chose qu’il n’aime pas particulièrement. Le dégoût de l’injustice qu’il a chevillé au corps le fait facilement sortir de ses gonds. D’autant que le « gamin » n’a pas l’air de se rendre compte des énormités qu’il raconte. Raphael leva un sourcil en l’air, interloqué par la dernière répartie de son frangin que ne doit pas avoir vécu la même chose que lui dans cette maison. C’est pas possible autrement. Turtles allait ouvrir la bouche pour répondre de nouveau, avant même de quitter cet endroit et le laisser seul avec ses réflexions quant à l’immense connerie de la soirée. Cependant, les excuses de Micky le surprennent et il referme la bouche. Se renfrogne mais s’arrête sur le pas de la porte, enfilant tout de même sa veste. Il l’écoute sans mot dire.

Raphael se détourne alors. Son frère se laisse choir dans le fauteuil, la mine toute aussi dépitée que lui. Alors le détective fait quelques pas pour venir s’asseoir sur le bureau, face au jeune flic. Il reste silencieux quelques secondes tout en l’observant et se penche légèrement à sa hauteur.

— Je sais bien que tout ça, ça part d’une bonne attention. T’es quelqu’un de bien, Micky. Tu veux faire les choses comme il faut mais tu dois encore tempérer tes ardeurs. Mais c’est pas grave, on a tous nos défauts. J’suis le premier à le reconnaitre. Mais t’es pas seul. On est là. On l’a toujours été et on le sera toujours, tu dois pas en douter.

Dit il d’une voix moins dure. Raphael cherche ses mots.

— Ce monde n’est pas le nôtre, on doit faire avec. Trouver un compromis entre ce que nous sommes et où nous sommes. On doit s’entraider, comme on l’a toujours fait. Se tirer dans les pattes, trouver un responsable à nos échecs, ça nous mènera nulle part. Au contraire.

Puis il se lève de nouveau de son bureau, prêt à s’en aller mais encore une fois, le plus jeune en décide autrement. Cependant, la proposition de Micky lui parle plus que de planquer devant une baraque branlante. Il retrouve un peu le sourire et plus encore, quand le jeune flic l’invite.

— Ca tombe bien ! J’suis fauché comme les blés !

Si il peut manger à l’oeil, Raphael ne va pas se gêner d’autant que c’est un véritable gouffre. Vaut mieux l’avoir en photo qu’à table. Micky se jette dans ses bras pour un câlin. Il prend son aîné de surprise qui recule d’un pas sous le « choc », les bras en l’air sans savoir quoi trop en faire. C’est que le grand dadet n’est pas habitué des élans d’affection. Bourru, très réservé quant à ses émotions et ce qu’il pense. Cependant au contact de Michel-Ange qui est tout son contraire sur le sujet, il a tendance à s’adoucir un peu. Alors Raphael sourit et finit par le serrer contre lui.

— J’suis désolé moi aussi, Micky.

Consent t’il enfin à admettre.
Bon faudrait pas non plus que ça s’éternise tout de même. Un peu mal à l’aise, il va pour se détacher de son frangin mais le bougre se serre plus fort et ne veut pas le lâcher. Pire ! Il en rajoute une couche !

— Tais-toi, crétin !

On peut entendre un léger rire dans sa voix et le taquet finit quand même par tomber sur le crâne du plus jeune. Drôle de soirée que celle-ci qu’ils passeront finalement à sa goinfrer de pizza, de soda et de bourbon pour le plus vieux dans un bureau qui sentirait la bouffe trois jours durant.