Il était une fois : La Belle & La Bête
La Belle & La Bête, fait partie des classiques indémodable de Disney ceux que l'on aime voir et revoir sans jamais se lasser. Pour autant, ce long métrage d'animation aurait pu être très différent de ce que nous connaissons aujourd'hui. Tout comme la petite sirène avant lui, La Belle & La Bête avait déjà été envisagé du vivant de Walt Disney. Une première fois, à la fin des années 30 suite au succès de Blanche Neige et une seconde fois dans les années 1950 mais malheureusement faute de réussir à trouver un traitement approprié avec son équipe et, très prit par la création des parcs, le projet fût laissé de côté. Qui plus est, l'adaptation en film par Jean Cocteau en 1946, sembla totalement décourager le papa de Mickey. C'est pourtant cette adaptation précise, qui inspirera bien des décennies plus tard le classique Disney tel qu'il est aujourd'hui.
Alors en pleine reconquête de son public, et tandis que que La Petite Sirène est en pleine production Michael Eisner PDG de Disney à l'époque, demande à son collègue Jeffrey Katzenberg le directeur des studios de produire un nouveau long métrage afin de rentabiliser le studio Disney. Dans un premier temps, c'est Richard Williams le réalisateur des parties animées sur "Qui veut la peau de Roger Rabbit" qui est sollicitée, néanmoins ce dernier déclina l'offre et proposa plutôt son collègue Richard Purdum. La production fut délocalisée à Londres, et dans un premier temps l'équipe plancha sur un premier scénario se rapprochant plus de l'histoire originelle de Marie Le Prince de Beaumont. En effet, dans cette première version Belle était entre autres pourvue de deux soeurs. Dans cette version, il n'était encore ni question de musique, de chant et encore moins des personnages composant le château et qui font le charme du Disney tel que nous l'avons tous connu.
En 1989, les Story Board sont proposés à Jeffrey Katzenberg. Malheureusement, ce dernier ne fût pas du tout emballé si bien que cette première version finit tout droit à la poubelle, le scénariste remercié et l'équipe se doit de recommencer à zéro. C'est dans ce contexte-là que Linda Woolverton encore toute jeune scénariste fraichement arrivée chez Disney prend en main son premier projet pour les studios de la souris aux grandes oreilles (elle sera entre autres responsables plus tard de ceux du Roi Lion & Mulan pour ne citer qu'eux.) Il est alors décidé, de prendre une toute nouvelle direction et de suivre les pas de la Petite Sirène, afin de donner une touche Broadway et c'est une nouvelle fois le duo Howard Ashman & Alan Menken qui fût appelé pour s'en occuper. Et d'ailleurs, si Lumière, Big Ben et tout le personnel du château existent c'est grâce à Howard Ashman ! Malheureusement, cette décision ne plu pas à tout le monde en effet le réalisateur se sentant trahie décida ni plus ni moins que de partir en claquant la porte. Pour le remplacer c'est au duo Gary Trousdale & Kirk Wise (Plus tard réalisateurs sur le Bossu de Notre Dame & Atlantide l'empire perdu) que l'on fait appel et fin 89, le projet est enfin sur les rails ouf !
Mais ce qui fait la force du film, c'est également ses personnages. Difficile pourtant pour Belle, d'exister alors qu'Ariel est encore fraîchement présente dans les mémoires. Le pari est néanmoins relevé avec brio, à ce jour elle est d'ailleurs considérée comme étant la plus mature des héroïnes du studio. Elle donne l'image d'une femme forte, refusant de se faire imposer quoi que ce soit et se battant jusqu'au bout pour ses convictions sans aucune aide externe. On gardera en mémoire le début de sa relation avec La Bête, de même que ses interactions avec Gaston. Ce dernier signe d'ailleurs une nouveauté au sein des méchants Disney puisqu'il emprunte en effet les traits appartenant généralement aux héros. Séduisant, musclé, charmant jeune homme (du moins en apparence). Il sert ainsi d'opposition à La Bête, si ce dernier est montré au début du film comme un être égoïste et brutal avec un comportement plus bestial qu'humain au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue il s'humanise, tandis que Gaston laisse entrevoir un aspect de plus en plus sombre. Cette évolution est voulue afin de véhiculer le message du film à savoir que la beauté est intérieure et non extérieure
Impossible également d'oublier les serviteurs transformés en objet : Lumière le majordome qui représente une version idéalisée de la France tout en sachant se montrer peut-être un tantinet moins rigide que son acolyte Big Ben, qui lui est là pour incarner la rigueur à l'anglaise. Quant à Madame Samovar, elle est un peu la touche maternelle et bienveillante dans le trio, elle sait se montrer aussi bien réconfortante avec belle lors de sa première nuit au château qu'inflexible avec La Bête. Elle veille sur le couple naissant, et scelle également leur amour avec la chanson "Histoire Éternelle." Chanson, dont son interprète en version originale Angela Landsbury, faillit rater l'enregistrement ! En effet, une alerte à la bombe força son avion à atterrir à Las Vegas. À son arrivée, elle refusa tout bonnement d'aller se reposer et enregistra directement la chanson, il lui suffit d'une seule prise et ce fût dans la boîte. En France, c'est Lucie Dolène connu pour être la seconde voix de Blanche Neige qui livre une interprétation inoubliable enfin... Jusqu'à ce que Disney France ne décide tout bonnement de gomer sa voix, effectuant ainsi un redoublage partiel pour la ressortir IMAX de 2002 pour une histoire d'argent. La version de Lucie Dolène persiste néanmoins aujourd'hui encore sur les supports CD.
La réalisation du film, dura en tout et pour tout onze mois malheureusement Howard Ashman, ne verra jamais le film complet puisqu'il décéda durant cette période à cause de complication due au sida. L'enregistrement de la chanson "Je ne savais pas" s'est d'ailleurs fait dans des conditions particulières, puisque Ashman n'était pas présent. Cela ne l'empêchait pas pour autant, d'écouter depuis son lit grâce à des enceintes et de téléphoner aux doubleurs, chanteurs et musiciens afin de rectifier ce qui n'allait pas.
Le film est présenté pour la première fois dans une version "en cours" au Festival de New York en Septembre 91, c'est d'ailleurs le tout premier film d'animation proposé à ce festival. À la fin de la projection, La Belle et La Bête reçoit une ovation de dix minutes. Il sortira dans sa version finale Aux Etats Unis le 22 Novembre 1991, en France il faudra attendre le 21 Octobre 1992 afin d'en profiter. Il sera évidemment un franc succès puisqu'il est le premier film d'animation à dépasser les 100 millions de dollars de recette battant de ce fait, son prédécesseur La Petite Sirène. Il aura même tellement de succès, que deux ans plus tard une comédie musicale inspirée du film donnera sa première représentation publique à Broadway.
Le saviez vous ?➣ Angela Landsbury, la voix originale de Madame Samovar a été approché par les studios Fox afin de prêter sa voix à la Grand maman d'Anastasia pour le film du même nom sortie en 1997. Pour la version Française, on retrouvera à nouveau Lucie Dolène.
➣ À l'origine le personnage "mignon" du film n'aurait pas dû être Zip la petite tasse ébréchée, mais une boîte à musique. L'interprétation du petit Bradley Pierce son doubleur original plut tellement, que cela permit au personnage d'être plus étoffé.
➣ La chanson "Je ne savais pas" est en réalité un rajout de dernière minute. En effet, elle sert de remplacement à la chanson "Humain à nouveau" jugé trop longue à l'époque. Cette dernière sera néanmoins réintégrée dans la version DVD qui fait suite à la ressortie du film en IMAX.
➣ Big Ben devait initialement suggérer à La Bête d'offrir "des fleurs, du chocolat et quelque chose d'amusant." Mais on est tous d'accord pour dire que la petite blague des "promesses qu'on n'a pas l'intention de tenir" est bien plus amusante.
➣ À la fin du film on peut lire : "To our friend, Howard, who gave a mermaid her voice and a beast his soul, we will be forever grateful." Il s'agit d'un hommage à Howard Ashman décédé durant la réalisation, le film lui est d'ailleurs dédié.
➣ La scène de danse servant de clôture au film est une reprise de celle de La Belle au bois dormant. Pour des questions de temps et de budget (le film a coûté plus cher que son budget initial) il a été décidé de réutiliser une scène déjà animé. Chez Disney on est les pros de la récup !
➣ Bien que non mentionné dans le film le nom du prince est Adam