« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Comment on avait pu en arriver là ? C’était un lundi matin, au mois d’Avril. Une belle matinée qui annonçait une belle journée de travail et une belle semaine aussi. J’avais fini par déloger mon royal séant du grand fauteuil de la librairie, après avoir refermé Le Rayon Vert, le dernier Jules Verne que j’avais lu, recommandé par l’auteur lui-même. J’étais contente de le proposer dans ma librairie, je l’avais bien aimé ce bouquin. Je m’étais alors dirigée vers un carton de Rayon Vert qui attendait dans un coin et j’avais commencé à le placer sur les d’étagères, avant d’écrire le petit carton que j’écrivais toujours pour donner quelques conseils à mes lecteurs sur le genre du livre auquel ils étaient en train de s’intéresser. J’avais ensuite punaisé le petit mois sur le bois de l’étagère avant de sortir pour m’occuper de ma boîte aux lettres.
La vue du petit carton m’avait stoppé net. Je le reconnaissais, ce n’était pas la première fois que je choppais un carton comme celui-ci. Je me souvenais encore de ce qu’il y avait dans le premier d’ailleurs. Perplexe, j’avais calé mes lettres sous le bras avant de prendre précautionneusement la boîte en question et de retourner à l’intérieur de la librairie. J’avais posé la boîte sur le comptoir et j’avaiçs entrepris avec mon coup papier de détacher tout le scotch qui la maintenait fermée. Une fois la boîte libérée de ses entraves, j’avais pris une profonde inspiration pour m’armer de courage, avant de retirer le couvercle d’un geste sec et d’ouvrir les yeux sur le contenu...
…
Mon cri avait retenti avec tellement de puissance que j’étais presque persuadée que le cimetière à l’autre bout de la ville l’avait entendu aussi... Et que j’y avais réveillé tous les morts aussi tient. J’avais lâché le couvercle de la boîte d’un geste brusque tout en continuant de gémir, les yeux fortement fermés en secouant les mains, stressée et en sautillant dans tous les sens comme pour tenter de supprimer de ma tête cette vision d’horreur qui s’était pourtant bien imprimé sur ma rétine.
- C’est dégueulasse, putain que c’est dégueulasse.
Tremblant de tout mon être je m’étais dirigée fébrilement vers la kitchenette pour boire un grand verre d’eau. Une fois mon souffle repris et les tremblements atténués, j’avais fermé la porte de la librairie avant de m’asseoir sur une chaise que j’avais derrière le comptoir pour observer la boîte de loin, pendant un long moment. Il m’avait fallu du temps avant de pouvoir reprendre mes esprits et mon courage et brusquement, je m’étais levée comme un robot, j’avais récupéré le couvercle au sol et j’avais refermé hermétiquement la boîte. Boîte qui, maintenant que je l’observais, était adiabatique. Soufflant pour repousser une des mèches de cheveux qui tombait sur mon visage, j’avais fini par retourner dans la kitchenette pour récupérer l’autre boîte dans mon freezer, la première reçue. Je les avais empilés l’une sur l’autre, j’avais récupéré ma veste, mon sac et mes clés et j’étais sortie dans la rue.
J’avais marché jusqu’au cimetière afin de me vider l’esprit et de me calmer définitivement et après avoir pénétré dans le lieu, je m’étais mise en quête du gardien du cimetière, un mec que j’avais croisé quelque fois quand j’allais voir la tombe de grand-père mais à qui je n’avais encore jamais parler. La seule que je connaissais de lui : son nom et son prénom, Augustin Marban. Enfin... il me semblait. L’homme semblait en train d’inspecter une pierre tombale qui avait l’air d’être parfaitement neuve et installée depuis peu. Après avoir dégluti un instant, je m’étais dirigée vers lui :
- Monsieur Marban ? Bonjour, je m’appelle Alexis Child. Je suis libraire en ville et je crois que j’ai récupéré votre courrier par hasard. La première lettre n’était pas signée alors j’ai eu un doute... Enfin c’était pas une lettre c’était ça, une boîte.
Je lui collais la première boîte dans les mains sans me départir de mon ton sympathique, même quand je précisais avec un ton extrêmement neutre et calme :
- C’est un rat crevé. J’ai fait attention à sa conservation, je l’ai mis au congélateur.
Face à son regard, je me sentais obligée de préciser :
- Oui au départ j’ai cru qu’il avait été commandé par un voisin qui a un serpent ou je sais pas quoi donc je me sentais pas de gâcher... ben... euh... la nourriture. Mais ce matin j’ai reçu ça...
Je lui collais une seconde boîte dans les mains.
- Et ça...
Ainsi que la lettre que j’avais trouvé avec.
- Dans la boîte y’a deux doigts coupés... et sur la lettre c’est marqué “Crève Marban”. Je vous laisse vérifier si vous voulez.... Je sais pas ce que je vous avais fait mais ça m’embête un peu que mon adresse fait office de boîte aux lettres... je veux pas être mêlée à tout ça...
J’avais tenté de garder le sourire et le ton sympathique, comme si on était en train de parler de la pluie et du beau temps. Ça ne servait à rien de s’énerver... pour le moment.
Aguistin R. Marban
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Il avait tenté de préciser qu’il n’avait rien fait de mal hormis enterrer des gens mais je l’avais regardé avec un regard malicieux et une moue peu convaincue. Donc il n’avait rien fait et c’est pour ça qu’on voulait le tuer. Ben ouais. Il me prenait vraiment pour une quiche en fait ?! A la limite, je pouvais comprendre que certains puissent lui en vouloir. Le deuil était un état émotionnel très particulier et il n’était pas rare que les gens en veuillent à la terre entière pour aucune raison valable, juste parce que ça les soûlageait. Dans son cas, un cercueil porté de travers ou une terre trop humide pouvait faire l’affaire. Mais ce qu’il risquait au maximum avec des gens éplorés, c’était un procès parce que la fosse n’était pas assez étanche ou aspirée. Rare étaient les personnes capables d’aller jusqu’à la menace de mort, PIRE quand elle était accompagnée de cadeaux aussi sympathiques qu’un rat crevé ou deux doigts coupés. Non, ça, c’était bien plus du ressort d’un mafieux ou un truc du genre et à croire qu’en ce moment j’attirais ce genre d’histoire. Je n’avais pourtant rien dit de plus, mon regard en disait assez long et je ne connaissais pas assez bien monsieur Marban pour me permettre une familiarité. S’il traînait vraiment avec ce genre de milieu il était potentiellement aussi dangereux...
Euh non, y’a rien eu d’autres. Croyez-moi si j’avais reçu d’autre truc, je vous aurais tout ramené en un seul package, je suis pas trop du genre à garder les trucs qui m’appartiennent pas, surtout quand c’est plutôt du style doigts coupés et œil bouilli...
J'avais tout de même souri sympathiquement. Ce pauvre type était peut-être en danger et ne méritait peut-être pas la mort non plus. Au mieux il pouvait faire quoi ? Du traffic d’organe ? De la vente de cadavre ? Des tombes en jachères ? Des tombes alibis pour mafieux ? J'avais pleins d’idées mais je ne voulais même pas y penser. Je m’étais plutôt contentée de me reprendre :
Enfin, j’ai pas reçu d’oeil bouilli hein mais je me dis que c’était potentiellement la prochaine étape... Donc si vous pouviez juste prévenir vos amis qu’ils se trompe d’adresse... j’ai l’impression qu’au prochain cadeau je fais une crise cardiaque...
J’avais regardé autour de moi avant d’ajouter d’un air goguenard.
Réservez-moi la meilleure place, vous me devez bien ça.
Il s’était excusé avant de me proposer une tasse de thé et vu que j’avais un peu de temps et que j’étais une sacrée curieuse, j’avais accepté. Je l’avais suivi sur le chemin qui menait jusqu’au fond du cimetière. J'avais failli faire une blague lorsqu’il avait parlé de surveiller, un truc sur le fait que les morts n’iraient sans doute pas loin mais je n’avais pas réalisé que dans un lieu ampli par la mort, comme partout ailleurs d’ailleurs, c’était des vivants qu’il fallait se méfier. Beurk, j’imaginais à peine l’odeur qui devait se dégager du truc quand on déterrait un cadavre. Mais le corbeau qui s’était posé sur son épaule avait vite fait de me changer les idées. Je l’observais avec un grand sourire. J'adorais les corbeaux, je trouvais que c’était un oiseau plutôt impressionnant et majestueux. A la façon dont ils étaient souvent dessinés, on avait l’impression que c’étaient de petits oiseaux mais en réalités, ils étaient parfois aussi gros que des dindes. Ça m’impressionnait toujours, sans compter leur plumage noir de jais avec de magnifiques reflets bleus.
Salut Eustache, je suis ravie de te rencontrer.
Je lui avais fait un petit geste de la main tout en précisant à Augustin :
Moi j’ai une licorne. Elle s’appelle Pétunia. Je sais pas si elle pourrait s’entendre avec Eustache, s’il aime les petites têtes de mule au mauvais caractère, ça peut peut-être le faire...
J’avais été encore plus surprise de voir l’axolotl dans l’aquarium et tandis que je l’admirais en faisant glisser mon doigt sur la paroi de l’aquarium, je lui avais demandé en souriant ;
Un thé à la cerise, s’il vous plaît.
J’adorais le thé et j’adorais la cerise. Franchement y’avait combien de pourcentage de chance que ce type était aussi cool ? C’était rare le thé à la cerise, pas tout le monde en avait. J’avais décidé arbitrairement que peu importait dans quoi il trempait, il était un mec bien. J'avais peut-être tort... j’aurai encore tout le temps de me raviser au besoin.
J’ai ouvert ma boutique l’année dernière pour être honnête. Avant j’étais strip-teaseuse et serveuse au Rabbit Hole mais j’avais fini par me lasser. J'avais pris ce job par choix mais pas pour une bonne raison. Et je me suis souvenu que j’adorais lire alors... Et vous ?
Je m’étais détournée de l’aquarium pour aller m’asseoir tandis qu’il préparait le tout pour le thé :
Vous faîtes ça depuis combien de temps ? Je crois que ça fait partie des métiers qu’on appelle “vocations”, pas tout le monde peut faire ce genre de métier, il faut un certain courage je pense, c’est impressionnant. En tout cas, vous avez des animaux de compagnies plutôt cool. J’aime bien votre pokémon aussi.
J’avais montré l’aquarium d’un geste du pouce. Bon ok, avant d’être un pokémon c’était surtout un véritable être vivant mais je trouvais ça plus cool de considérer que c’était un pokémon. Je ne savais même pas si son propriétaire connaissait la série ou les jeux dérivés.
Vous étiez qui dans le monde des contes, si je peux me permettre ? Vous avez l’air d’être plutôt... atypique... c’est intéressant.
Je lui avais souris sympathiquement. J'espérais ne pas l’avoir froissé. La question était peut-être un peu maladroite à bien y réfléchir, mais elle était sortie comme ça. J’aimais l’idée que tout le monde pouvait être n’importe qui ou n’importe quoi dans cette ville et ça me permettait d’ouvrir mes horizons. On n’avait jamais assez à découvrir.
Aguistin R. Marban
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