Ft. Solal
Que la population pouvait être avide de pouvoirs quand elle n'en avait pas ! Je le comprenais dans un sens car, à Storybrooke, vivre entouré de magie sans en avoir soi-même possession pouvait conclure à un manque et un désir d'en obtenir. Les énergies croulaient ici-bas, mais j'étais le premier à favoriser de minimiser leur utilisation. Si j'en produisais, pour ma part, c'était dans un intérêt professionnel plus que personnel : pour les expéditions et les recherches scientifiques, nécessitant certaines sécurités et pratiques.
Pour Gabriel Agreste, par contre, je pouvais sans aucun doute parler d'intérêt égoïste.
J'avais connu le styliste non pas pour l'image qu'il renvoyait dans les médias, comme me l'avait présenté les enfants et Stanley lorsque je vins à leur en parler, mais comme un voleur. Il s'était permis, après en avoir découvert l'existence sans que je ne sache exactement comment, de voler mon pistolet effaceur de mémoires et de l'utiliser à son propre compte. Je l'avais retrouvé quelques jours plus tard dans ma chambre, sachant pourtant pertinemment qu'il n'était pas là la nuit précédente. Il m'eut suffi d'une simple prise d'emprunte pour comprendre qui était le coupable. Je l'avais tout aussi bien compris lorsque, il n'y a pas si longtemps, il revint me voir pour me demander à nouveau mes services. C'est à ce moment-là que je me permis de réprimander ses actes avant de lui refuser toute utilisation de mon arme car risquée dans les mains d'amateurs, surtout lorsque ces derniers venaient à trop l'utiliser. Je lui ai demandé combien de victimes il avait pu faire avec le pistolet mais il ne m'a pas répondu. Au lieu de cela, voici comment il expliqua sa venue :
"Mr. Pines. Si je suis venu en personne c'est tout d'abord pour m'excuser d'avoir pu emprunter votre arme sans votre permission la première fois. Ce n'était pas juste de ma part. Elle ne m'appartient pas. J'aurais du venir vous voir comme je le fais là, maintenant, et vous demander de l'utiliser. Mais... Il se mordit la lèvre.
C'était urgent. Et si je viens aujourd'hui, c'est que c'est aussi une urgence. Je vous assure, ce n'est pas pour une histoire insignifiante. Nous ne pouvons pas nous amuser à effacer la mémoire dès que cela nous arrange, je le conçois tout à fait - - Donc vous comprenez pourquoi je refuse votre proposition ? - Ce n'est pas une histoire insignifiante ! Mr. Pines, je me suis renseigné sur vous. Je vous sais expérimenté. Vous avez fait déjà bon nombres de missions, menez des guerres que même de grands soldats des tranchées n'auraient pas su gagner. Vous avez beaucoup d'expériences... Si vous m'aidez, je sais que le travail sera achevé et je ne viendrais plus jamais vous voir ! - Vous vous êtes renseigné sur moi ? Comment avait-il fait ? Quand cela ? Mon regard se refroidit.
Qui. Êtes. Vous ? - 20 000 euros. Pour le service rendu et le silence." Il essayait de m'acheter ? C'était totalement ridicule et rabaissant. Pensant la discussion close, je me redressai de mon bureau et lui priait de partir mais il n'écouta pas. Il grimpait le prix.
"Je ne vous le dirais pas deux fois, Mr. Agreste. Quittez cet hôtel ! - Et si je finançais vos recherches ? Je plissai alors les sourcils.
J'ai entendu dire que vous étiez sur un énorme projet que vous gardiez secret. C'est pour cette raison que personne n'ose vous verser de l'argent, n'est-ce pas ? Ils ne veulent pas financer un projet qu'il ne connaisse pas. Moi je le ferais. Rendez-moi ce service sans poser de questions et je vous rendrais un même service sans chercher non plus à savoir de quoi il retourne. C'est plutôt un bon marché, non ?" Je détestais être dépendant de l'argent. Pourtant, pour des recherches aussi grandes que celles que je menais, je n'avais pas beaucoup de choix qui s'offraient à moi. Et la proposition de Gabriel devenait alors intéressante. Je savais qu'il ne mentait pas. Sa renommée, du moins, ne mentait pas sur son compte en banque. C'était triste à dire mais... Il était peut-être ma meilleur option. Tout aussi hésitant, pourtant, je demandais avec réticence :
"Qu'attendez-vous de moi ?" Il semblait satisfait de son coup.
"Je souhaiterais effacer la mémoire de 5 personnes concernant l'existence de... Son regard cherchait le sol. Il cherchait ses mots.
Un personnage qu'on nommera le Papillon. Il était présent dans une aventure dans laquelle nous avons tous été embarqués mais il serait plus arrangeant, avec tout ce qu'il s'est passé, qu'ils oublient." Je ne comprenais pas exactement de quoi tout ça retournait mais, dans un coin de ma tête, je notais le nom.
"Vous pensez qu'il est préférable qu'ils oublient ? C'est cela, votre urgence ?" Il acquiesça. Je ne voyais rien d'important dans l'illustration de la situation, cependant, dans son regard, je retrouvais une certaine inquiétude pressante qui demandait de ne plus poser de questions - mais d'agir.
***
Altivo, Channel, Tadashi et Elena ne se souvenaient désormais plus du dénommé Papillon. Les souvenirs n'étaient jamais simples à gérer. Parfois, lorsque le cerveau devait reconstituer des éléments d'un puzzle incomplet, il venait à s'en inventer lui-même pour que rien ne paraisse alarmant. Je supposais que c'était le sort de ces quatre individus que j'avais personnellement pris pour cible dans un détour d'une rue ou encore chez eux. Je me rassurais de mon acte en supposant le souvenir insignifiant de comment Gabriel m'en parlait. Ce n'était là que des excuses pour alléger l'impact que j'apportais à la vie de ces jeunes gens. Il n'en restait plus qu'un sur la liste... Un certain Solal Dorado. Il avait été très difficile à trouver, ce qui me laissait entendre le personnage qu'il pouvait être au quotidien pour ne se montrer que rarement. C'est au bout d'une semaine que je trouvai la chance de le piéger dans mon viseur mais quelqu'un - un homme vêtu de noir ? - découvrit ma présence alors que je m'approchai à quelques mètres de lui. Pourquoi le pistolet avait donc une portée si courte ? Sa puissance ne permettait pas plus loin, je le crains. Il était déjà si difficile d'éviter une projection externe à la cible. Tirant sur le côté après avoir été repéré, je m'enfuis vivement avant qu'on ne me rattrape. 4/5.
"[...] Je suis désolé... Je ne sais pas si on me laissera l'approcher à nouveau."Mon interlocuteur soupira au téléphone, visiblement déçu et d'autant plus inquiet. J'en devinai la pensée :
"C'était celui que vous ne souhaitiez pas éviter, n'est-ce pas ? - En effet. Lança-t-il après un silence.
Je vous tiens au courant quant à son cas prochainement. Je vais... y réfléchir."J'avais poursuivi la mission malgré ses soudaines réticences. De loin, j'observais les quelques lieux où pouvait se rendre fréquemment Solal Dorado, jusqu'au jour où je le découvris, lui et sa grande voiture noire, au portail du manoir Agreste.