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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
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 Au-delà

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Bran Uaike
Ben Ranger
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Au-delà _



________________________________________ 2020-09-18, 19:28

Au-delà
Au-delà



Ce matin, le vent soufflait fort sur la falaise du haut de laquelle il regardait la mer, en bas, qui s’écrasait contre la roche ocre. Ses yeux sombres ne lâchaient pas les vagues, furieuses, puissantes, qui léchaient la rive en essayant de creuser, toujours plus profond, pour qu’un jour, peut-être, il n’y ait plus que l’océan, partout, à perte de vue.

Emmett soupira.

Tout l’air de ses poumons se mêla à la brume du matin et disparut aussitôt, sans laisser aucune trace derrière. Il se détourna des falaises et remonta le chemin de graviers jusqu’à la route. Il salua, d’un hochement de tête poli, une vieille dame assise sur un banc, à l’arrêt de bus, et longea le goudron jusqu’à sa voiture, stationnée plus loin.

Le matin, il aimait passer du temps dans les embruns froids, la tête plus pleine de brouillard, encore, que les rivages déserts. Le calme se fracassait contre la brutalité de la nature et, pourtant, lui permettait d’être tranquille, de se sentir serein, de potasser tout ce qui remuait en lui. Emmett se faisait beaucoup de soucis, ce qui se voyait, constamment, entre ses sourcils froncés et ce qui lui avait vallu, d'ailleurs, bon nombre de critiques. Mais ainsi était la vie.

La mort aussi, au final.

Le constat le frappa à l’instant où il ouvrit la porte de sa vieille voiture. Il prit place derrière le volant et tapota le cuir, d’un air distrait. Les morts lui causaient autant de soucis qu’ils n’en avaient eux-mêmes, coincés dans ce monde plutôt que dans le prochain, à graviter autour des vivants et à faire le mal, tout autour. Tous n’étaient pas ainsi, heureusement. Néanmoins, son travail, à lui, était justement de s’occuper de la criminalité surnaturelle, de permettre, enfin, à ces esprits de trouver la paix. Si tant était que l’on puisse la trouver quelque part.

Le moteur de sa voiture ronronna en démarrant et les pneus crissèrent sur le bas-côté, quand il déboîta sur la route. Il checka l’heure à sa montre et comprit qu’il ne pouvait plus attendre. S’il n’appuyait pas un peu sur le champignon, il arriverait en retard à son premier jour de travail, ce qui n’était, franchement, pas la meilleure idée du siècle.

Emmett traça jusqu’au commissariat local, se gara à une place libre et descendit. Il tira un peu sur son costume, remonta sa cravate rouge et se racla la gorge. Il n’était pas tant stressé par son nouveau lieu de travail, que par ce qu’il risquait d’entendre, dans son sillage. Le brun avait, depuis longtemps, cessé d’avoir le moindre espoir. Les rumeurs allaient bon train, même dans un pays comme le leur.

Il ne fut, d’ailleurs, pas déçu. Il eut à peine le temps de saluer quelques fumeurs, à l’entrée, et de donner son nom à la réceptionniste que les regards s’attardèrent dans son dos. Il entendit murmurer des histoires de meurtre, de pétage de câble, d’une folie qui menaçait au coin de son crâne. Emmett lâcha, contre son gré, une vilaine grimace qui déstabilisa la pauvre secrétaire. Elle n’avait rien demandé, elle, mais il savait d’avance qu’elle irait bientôt rejoindre les cancans.

Le médium récupéra la carte que la petite blonde lui tendit, l’accrocha à sa veste et tourna immédiatement les talons. Derrière lui, il était maintenant question de punition et de chute de grade ce qui, au moins, était plus vrai que le reste. Il dirigeait son groupe, avant de tomber dans cette ville qu’il ne connaissait pas, si loin de son travail précédent. Il avait été puni pour une… comment avaient-ils dit ? « une incartade regrettable » qui lui valut son grade et sa ville.

Même lui, en vérité, n’arrivait plus à se persuader qu’il n’avait rien fait de mal.

Emmett traça son chemin dans les couloirs du commissariat et ouvrit les portes d’une salle de réunion. C’était celle que le commissaire lui avait indiquée, la veille, et dans laquelle il avait rendez-vous dans précisément… 1 minute. À l’heure, il fit un rapide tour de pièce et constata qu’il était seul. S’était-il trompé ? Il ne prit pas le temps de vérifier sur la porte et s’assit à une chaise. D’ici quelques temps, il était persuadé que ses futurs coéquipiers débarqueraient et qu’il pourrait, enfin, faire connaissance avec sa nouvelle équipe.

Équipe qui comprenait un nouvel esprit.

À cette pensée, l’air déjà sombre du médium s’assombrit plus encore et il fronça fort les sourcils sur ses yeux noirs. Il eut beau se persuader que tout allait bien se passer, il n’arrivait pas à se sortir de la tête ce qu’il était arrivé, avec le dernier esprit qu’on lui avait présenté. Une incartade. Le mot lui restait en travers de la gorge, mais il ne pouvait, déjà, plus y penser.

Les portes de la salle s’ouvrirent à la volée.



Ben Ranger
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________________________________________ 2020-09-19, 15:18

Au-delà
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Eli était en train de sautiller comme elle le faisait tout le temps. En tant que fantôme, elle n’avait pas trop de soucis à se faire pour son image. La jolie brune savait que personne n’était en train de la voir alors elle en profiter pour sauter par-dessus le mur et elle dansait en avançant. Si la mort était dure, elle ne pouvait s’empêcher de s’arrêter devant les femmes vivantes qui passaient à ses côtés avec du café entre les mains. Elle rêvait de boire à nouveau du café. Invisible, elle restait souvent devant un quelconque starbuck et s’imaginer en boire. Se rappelant l’odeur, plus que la humant par elle-même. De temps en temps, elle avait l’impression qu’une odeur de café subsisté dans l’air autour d’elle… Mais elle savait que les fantômes sans posséder personne ne pouvaient sentir les odeurs.

Mais aujourd’hui, elle dansait, elle n’avait pas envie de penser à sa condition de morte. Une nouvelle personne arrivait dans l’équipe, et cela avait toujours le mérite de la faire sautiller de plaisir. Une personne de plus à hanter. C’était après tout la raison pour laquelle on ne l’avait pas renvoyer non ? Arriver dans le petit commissariat, elle fit un petit « bou » à l’oreille d’une très jolie femme. La vampire qui était le genre à pouvoir se déplacer dans la journée avec un secret de leur espèce, observa Eli en secouant la tête.

- Eli, tu ne fais pas du tout peur.
- Je ne fais pas peur ? Moi ?

Elle fit semblant d’être outragement outrée en exagérant ses mouvements. Souriant de toutes ses dents fantomatiques. Elle disparu à la vue de tous, pour réapparaitre sur le comptoir. Elle observait les papiers

- Oh Victoria regarde ! Le nouveau est là !
- Ton nouveau coéquipier.
- Notre nouveau coéquipier, on est une équipe. Même si ça sera mon médium, instructeur tout ça.

Elle espérait bien que son nouveau médium soit aussi gentil que le précédent. L’agent Burke était un homme d’âge certains qui avait suivit la petite vie d’Elisabeth, et qui avait vu sa mort. Même s’il ne voulait pas lui dire comment elle était morte pour ne pas la choquer. Il avait été aussi le coéquipier de son père, et un très bon ami à sa mère … Alors elle n’avait pas pu rêver mieux pour coéquipiers. Mais elle était ravie qu’il prenne enfin sa retraite. Et de pouvoir voir une nouvelle tête aussi.

Eli se mit à « courir » vers la porte qui menait à la salle de réunion. Elle voulu traverser la porte sans attendre que le « politiquement correcte » face que quelqu’un l’ouvre…. Mais Etienne arriva à ce moment là. Le loup tenait dans sa main un sac avec trois cafés. Et des beignets. Eli fit la moue avant qu’Etienne ne sourit pour lui montrer sa carte de fidélité. Le loup, dès qu’il finissait une carte de fidélité, acceptait qu’Eli se lie à lui pour qu’elle puisse prendre un café et sentir son odeur. Sautillant, elle attendit alors qu’Etienne ouvre la porte de la petite salle.

Il observa le nouveau venu. Eli passa sa tête à travers son ventre pour le voir aussi, pendant que Victoria fermé derrière eux. Eli prit la parole en traversant tout simplement Etienne pour s’avancer.

- Ravi de te rencontrer ! Je suis Elisabeth Ellis ! Je suis le fantôme, même si c’est assez flagrant je pense…

Elle passait son bras à travers Etienne puis Victoria à tour de rôle. Chaque division avait un fantôme, un méduim et deux êtres surnaturels, donc si elle pouvait en traverser deux, c’était bien qu’elle était le fantôme. Etienne posa le café et les beignets sur la table suivit de Victoria qui avait un petit sourire. Eli n’avait pas lu le rapport sur l’agent. Par flemme d’attendre qu’on lui tourne les pages, ou juste par principe de ne pas vouloir qu’on dirige sa pensée, n’empêche qu’elle ignorait bien ce que les deux autres pouvaient savoir. Mais elle reprit en se mettant derrière Victoria.

- Voici Victoria. Elle appartient à l’essaim de vampire de la ville, elle travaille ici depuis … ça fait combien de temps que je suis morte moi … trois ans, tu es arrivé après donc deux ans. Et là c’est Etienne, qui appartient à la meute de la région, il est lieutenant, ce qui est haut dans la meute même si je ne suis pas sûr de ce que ça peut bien faire. Et toi tu es ?

Dit-elle en se plaçant dans la table, oui, dedans, juste en face de son nouveau coéquipier. Elle était survolté quand une nouvelle chose arrivait dans sa petite vie de morte… et elle était le genre de fantôme qui pouvait avoir plus de «joie de vivre » que n’importe quel humain quand elle était de bonne humeur, comme maintenant.



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________________________________________ 2020-09-20, 12:28

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Calé sur sa chaise, Emmett attendait que ses nouveaux coéquipiers le rejoignent. Les secondes lui paraissaient des heures, lentes, qui s’égrenaient les unes après les autres sans le moindre signe de vie, derrière la porte. Sur la table, son index tapait un rythme qui résonnait dans son crâne, calmant la colère qui bouillait en lui, à avoir entendu toutes ces rumeurs, dans son dos. Si le médium pouvait donner l’impression de ne pas s’en inquiéter, les cancans le perturbaient atrocement. Il n’aimait pas entendre les ignorants parler de choses qu’ils ne comprenaient pas, de déformer la vérité pour moduler des rêves plus intéressants que ce qui était, vraiment, arrivé. Il n’aimait pas devoir se justifier, ni voir, dans les regards des autres, cette lueur curieuse qui les poussait à se demander s’il recommencerait.

Évidemment, qu’il ne recommencerait jamais.

Cette incartade, il ne l’avait pas voulue et, pour rien au monde, il ne voudrait revivre une chose pareille. Il avait été forcé à le faire, mais personne ne semblait le comprendre, ça. Il avait beau l’avoir dit et redit, encore et encore, à ses supérieurs, les gradés s’étaient contentés de le regarder d’un drôle d’œil, de le rétrograder et de le muter loin. Comme si ça pouvait changer quoi que ce soit. Ce qui était fait était fait. Le forcer à déménager ne réparerait pas son erreur, pas plus que ça ne lui permettrait de l’oublier. Emmett savait, d’avance, qu’il n’oublierait jamais.

Ce qu’il ne comprenait pas, en revanche, c’était la facilité avec laquelle on l’avait balancé, à nouveau, dans une équipe, auprès d’un fantôme, sans s’inquiéter de ce qui pourrait arriver. Pourquoi l’autorisait-on à approcher un nouvel esprit ? Pourquoi ne l’avait-on pas simplement viré ? Quelque chose n’allait pas, dans cette histoire, mais tout comme Emmett n’avait jamais pu comprendre comment il en était arrivé à cette incartade regrettable, il ne comprenait pas ce qu’il faisait là, seul dans la salle de réunion, à attendre de rencontrer sa future équipe.

La porte s’ouvrit soudain sur un homme qui dégageait quelque chose de sauvage, sans que le médium n’arrive à déterminer ce que ça pouvait être, exactement. Quelque chose, dans son regard, peut-être. À moins que ce ne fut sa façon de se tenir, sur le pas de la porte, alors qu’une tête féminine apparaissait, soudain, au milieu de son ventre. Malgré lui, Emmett échappa un petit sourire, amusé par la situation, même si une ombre venait entacher sa joie et tirait, quelque peu, ses lèvres vers le bas.

Voilà qu’il rencontrait son nouvel esprit.

Ses deux coéquipiers étaient suivis d’une femme d’une grande beauté qui, elle, avançait dans la salle de réunion avec une confiance en elle qui lui donnait, sans le moindre doute, une grande autorité. Emmett ne sut pas dire qui, du loup ou de la vampire (il était assez familier de ces races pour les reconnaître) dirigeait leur unité. En glissant ses yeux sombres sur le fantôme, qui s’avançait au milieu de la table, il se demanda si ce n’était pas elle, tout compte fait, derrière cette joie innocente dont elle faisait preuve, devant lui.

Ce qui ne faisait pas de grande différence, au final. Il aimait juste savoir les choses et, surtout, d’essayer de les deviner lui-même, comme une déformation professionnelle qui le poussait à tout analyser, constamment, pour trouver le coupable. Enfin… coupable, façon de parler. D’ailleurs, dans la salle de réunion, le seul criminel, en un sens, c’était lui.

Le médium se leva de sa chaise pour accueillir, poliment, ses nouveaux collègues. L’approche du fantôme lui tira une fraîcheur étrange, au fond du ventre, qui piqua, ensuite, son esprit d’une pointe douloureuse. C’était toujours étrange, de rencontrer un nouveau fantôme. Quelque chose, en lui, semblait se reconnaître en eux, se connecter à eux. C’était ainsi à chaque fois et, à force, Emmett s’y était habitué. Il ne donna même pas l’impression de l’avoir ressenti.

– Bonjour, commença-t-il, avec un hochement de tête. Emmett Jones. Le nouveau médium, comme vous vous en doutez. Je suis ravi de vous rencontrer également.

Emmett tendit la main au garou, puis à la vampire, avec un sourire un peu crispé, sur les lèvres. Ses yeux sombres profitèrent de la proximité demandée par cette présentation pour chercher, au fond de leur regard, ce qu’ils savaient de lui. Il lui sembla y lire de l’accusation et le regard en coin, jeté par Etienne à Elisabeth, lui indiqua qu’il ferait mieux de ne pas tendre la main vers le fantôme. Emmett avait appris, avec ses nombreuses années de service, à donner l’impression, aux esprits, qu’il pouvait leur serrer la main. Une chose étrange qui lui demandait de se concentrer sur son propre esprit, mais que les fantômes semblaient apprécier. Néanmoins, il préféra ne rien en faire. Il n’avait pas envie que le garou lui arrache le bras.

Il n’aurait pas tort d’essayer, en tout cas.

– Ça peut faire que nous avons le soutien de la meute et qu’il peut forcer les récalcitrants à répondre à nos questions. C’est une bonne chose pour l’équipe, expliqua-t-il au fantôme, sans la lâcher des yeux. Mais je suis sûr que ce n’est pas ça qui vous intéresse vraiment.

Cette fois, ses yeux glissèrent sur Etienne, puis sur Victoria. Si Elisabeth avait été au courant des rumeurs, sur son dos, il était persuadé qu’elle ne lui parlerait pas de cette manière, aussi proche de lui. Lui-même s’en sentit un peu gêné et recula de quelques pas. La compréhension passa dans le regard des deux autres et Emmett soupira. Que pouvait-il faire, contre ça ? Devait-il, une fois encore, essayer de se justifier ? Il savait d’avance que ça ne servirait à rien. Personne ne le croyait. Il aurait mieux fait de démissionner, mais… Emmett ne savait rien faire d’autre de sa vie.

– Bon, mettons les choses au clair entre nous dès le début : Oui, j’ai exorcisé mon fantôme.

Il voulut prendre un air dur, un ton froid, détaché du mal qu’il avait fait, mais une pointe de tristesse transparut tout de même, dans sa voix. Emmett regrettait tellement ce qu’il s’était passé ! Mais il préférait mettre les choses à plat, entre eux, dès le début. Au moins, il comprendrait mieux pourquoi, maintenant, ses coéquipiers le regardaient de travers. Qui pouvait jurer qu’il n’essaierait pas de recommencer avec la pauvre Elisabeth ? Emmett n’osa même pas la regarder. Sa gaieté lui rappelait son ancien coéquipier qui, d’un clignement de paupières, disparaissait devant lui pour ne plus jamais revenir.

– Je comprendrais que vous ne vouliez pas travailler avec moi. Mais les choses sont ainsi et toutes les rumeurs du coin vous le diront. C’est bien arrivé et ça n’arrivera plus. Croyez-moi ou non, c’est comme vous le voulez. Par contre, je ne suis pas fou, si tant est que ma parole ait le moindre sens pour vous, je peux vous jurer que je ne suis pas fou.

Un peu gêné, tout de même, par la situation et le regard de ses nouveaux coéquipiers, braqué sur lui, Emmett s’étira un peu le cou et glissa un doigt, entre sa gorge et sa cravate. Il n’était plus si sûr, soudain, d’avoir eu une bonne idée en balançant tout ceci aussi sec. Mais il n’en pouvait plus des accusations que l’on balançait dans son dos. Personne ne pouvait savoir ce qui était véritablement arrivé, ce jour-là.



Bran Uaike
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________________________________________ 2020-09-23, 22:53

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EElisabeth était sur excitée. Elle était tellement pleine d’entrain qu’on pourrait croire qu’elle avait eu la meilleure nouvelle de sa vie. Pourtant ce n’était juste que le fait de rencontrer un nouvel ami qui la mettait dans cette état là. Un nouvel ami, et un camarade. Et une personne avec qui elle serait forcément lier … alors ne pas commencer par l’aimer ce n’était pas une bonne méthode du tout. Elisabeth avait sourit à son nouveau médium. Emmett et Eli … ça faisait le E² au carré non ? Avec Etienne ça faisait E cube… Elle avait déjà posé les yeux sur Victoria qui … a force d’avoir la fantôme avec elle, avait appris des petites choses sur comment fonctionne son cerveau. Elle ne fit que soupirer alors qu’Elisabeth reporta son attention sur son médium.

- Tu veux dire qu’Etienne pourrait être utile ? J’ai un peu de mal à le croire.

Elle dit cela en tirant la langue à son coéquipier de toujours. Elle ne savait pas ce qu’il avait aujourd’hui, mais sa mauvaise humeur n’allait pas l’atteindre ça non ! Plutôt mourir ! Bon ça c’était déjà fait. Elle releva la tête pour écouter la suite. Quand elle alla dire quelque chose elle fut coupé par l’annonce de son nouveau médium. L’observant, elle ne pouvait pas voir la tête des deux autres derrière elle… parce qu’elle était toujours au milieu de la table. Elle posa un regard ensuite vers les deux autres pour y voir ce qu’il pensait. Et elle n’aimait pas du tout ce qu’elle voyait. Se rapprochant d’un coup, elle se mit à un demi-millimètre d’Emmett. Son nez passait à travers lui sans soucis. Elle regardait ses yeux. Puis elle se recula.

- Je ne sais pas ce qui s’est réellement passé, mais je te remerc…
- Elisabeth.
- Quoi ? Je le remercie d’être honnête et puis vous ne savez pas ce que s’est d’être un fantôme. Il m’est déjà arrivé de me dire que j’aimerais bien aussi qu’on me laisse partir comme les autres.

Victoria fut celle qui fit les yeux les plus ronds. Etienne lui avait déjà entendu Elisabeth dire ce genre de chose … ou en tout cas, il savait que ça lui était déjà travers l’esprit et que ça lui avait valu de devoir faire encore plus de travail pour rester « dans les rangs ». Elle se retourna vers Emmett et sourit.

- Si un jour tu veux me raconter toute l’histoire avec ton ancien fantôme, alors n’hésite pas à m’appeler, tu sais comment m’invoquer n’est ce pas ?

Tous les médiums avaient leur truc quand un fantôme était lié avec eux… Elisabeth n’avait foutrement aucune idée de comment ils faisaient mais ça la faisait sortir de la transe dans laquelle elle pouvait se mettre … si elle voulait … ou la faire apparaître quoi qu’elle soit en train de faire. Heureusement, les fantômes n’avaient plus la possibilité de se laver, ni de faire ses besoins donc pas de risque la dessus. Il pouvait cependant la voir nue si c’était quand elle se forçait à changer de vêtement par la pensée… mais ça n’était jamais arrivé. Elle se tut et disparu de la vue de ses deux collègues. Seul son nouveau médium pouvait la voir. Elle s’assit à ses côtés et lui sourit. Seul lui pouvait l’entendre. Elle murmura cependant.

- Promis si j’ai envie d’en finir je vous le demanderais pas.

Elle savait qu’elle ne pourrait pas le sentir, mais elle approcha son doigt du nez de l’homme et elle le poka doucement. Elle fit un effort, en utilisant sa force pour qu’il sente le contact tout en restant invisible.

- J’ai envie de croire que tu es un homme bien, et je n’ai pas du tout peur de faire équipe avec toi ! Alors fait un sourire

Etienne savait qu’Eli était encore là, mais il finit par distribuer des dossiers à Victoria et Emmett. Ils avaient déjà une enquête pas le temps de se familiariser.



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________________________________________ 2020-09-26, 12:31

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Toute cette histoire le stressait plus qu’il ne l’aurait cru. Emmett s’était dit que les choses seraient, peut-être, différentes avec sa nouvelle équipe. Il ne savait pas lui-même pourquoi. Un vieil espoir qui lui faisait, désormais, un peu mal au cœur. Il aurait dû savoir que tout ceci arriverait, que ses nouveaux coéquipiers auraient eu accès à son dossier, à ce qu’il avait fait, à la raison pour laquelle on l’avait muté à l’autre bout du pays, rétrogradé pour n’être plus que le sous-fifre, celui du bas de la chaîne qui est pointé du doigt et qui n’a rien à dire. C’était tout lui. Pointé du doigt par tous les autres, tandis que la moindre excuse se perdait dans le brouhaha des cancans. Tout le monde s’en fichait, au final, de savoir le pourquoi du comment. Ils s’amusaient juste de la situation.

Qu’y avait-il de drôle, dans toute cette histoire ?

Oui, Emmett avait exorcisé son fantôme, juste comme ça, d’un claquement de doigts. Il revoyait, à leurs débuts, le grand sourire de son collègue, les blagues vaseuses qui passaient ses lèvres, les gestes déplacés, parfois, que le médium était le seul à le voir faire. Une vraie tête brûlée qui, parfois, osait ouvrir sa gueule quand Emmett ne pouvait pas le faire. Évidemment, c’était toujours à couvert de n’être pas entendu, ni vu. La révolte grondait dans les ombres, mais mourait à l’instant où la lumière glissait dessus. C’était assez drôle à constater, en vérité. De voir le chien enragé qui, soudain, se transforme en chiot pour dire oui, oui. Cela faisait partie du charme du fantôme.

Puis il y avait eu une ombre étrange qui était passée dans son regard, qui tirait ses lèvres vers le bas, elles qui, habituellement, étaient toujours pointées vers le haut. Emmett n’avait pas su gérer le nouveau comportement de son collègue. Il n’avait pas su trouver les mots, les gestes. Être là, tout simplement. Le pauvre fantôme s’était enfoncé toujours plus loin dans ses propres ténèbres, jusqu’à ce que la folie pointe. Les hallucinations, les délires, les propos que le médium n’avait jamais compris. Des histoires à dormir debout, encore et encore. Emmett n’avait rien dit à leurs supérieurs, inquiet pour la santé de l’esprit, mais voulant respecter ses volontés. Ne dis rien, jamais ! avait-il crié, une fois, en faisant voler un vase à travers la pièce. Quel cliché. Mais il avait toujours été, à sa manière, un peu cliché.

Emmett prit une grande inspiration et revint aux accusations qui brûlaient dans le regard du vampire et du loup-garou. Oui, il était un meurtrier, en quelques sortes. Le fantôme avait disparu juste sous ses yeux, sans un bruit, à peine un courant d’air qui avait traversé la pièce. Et sur les lèvres de l’esprit, il avait eu le temps de voir un sourire. Un putain de sourire. La paix, enfin, que l’autre attendait depuis si longtemps. La paix et la certitude d’avoir raison. Mais il avait juste disparu, mort à jamais. Il avait tort et Emmett l’avait toujours su, au fond.

Le soudain rapprochement d’Elisabeth prit Emmett au dépourvu. Droit comme un i, un peu coincé, pris au piège, il cligna des yeux et attendit que l’orage passe, que la morte s’écarte. Ce qu’elle fit quelques minutes après, visiblement satisfaite de ce qu’elle avait vu. Il ne savait pas ce qu’elle pensait avoir compris, mais il doutait qu’elle ait bien conscience de tout ce qui se jouait, ici. Elle semblait vouloir se persuader elle-même qu’il ne pouvait qu’être gentil. Pourtant, il ne mentait pas. Il avait tué son coéquipier et il avait été puni pour cela.

Aux mots de l’esprit, Emmett s’étrangla. Il toussota et desserra la cravate, à son cou. Il savait que les esprits avaient, parfois, ce genre de pensées et il ne pouvait pas vraiment leur donner tort, mais l’entendre dire si facilement le perturba. Surtout vu les circonstances qui l’avaient amené là, aujourd’hui, devant eux, à avouer son crime. Le médium pinça les lèvres, calmé, et se demanda s’il ne ferait pas mieux de démissionner. Il ne voulait pas qu’Elisabeth lui demande une chose pareille, elle non plus. Il aimerait jurer qu’il dirait non, qu’il ne le ferait pas, mais… il l’avait déjà fait une fois.

– Je le sais, oui, se contenta-t-il de répondre, un peu crispé.

Il savait comment l’invoquer, oui, même s’il n’aimait pas forcer les esprits à venir à lui. Il préférait les appeler et attendre qu’ils répondent, comme tout humain normal le faisait avec un autre humain, ou une autre race, d’ailleurs. Tout comme il le ferait avec la vampire et le loup-garou. Emmett était de la vieille école, en un sens, de cette époque oubliée où les hommes et les femmes agissaient entre eux sans s’inquiéter des races.

Ses yeux noirs se glissèrent jusqu’à l’esprit qui disparaissait aux autres pour n’apparaître qu’à lui. Emmett reprit place sur sa chaise et écouta ce qu’elle avait à lui dire. Des mots forts, bien loin du petit sourire qu’elle lui offrit, mais ils eurent, sur lui, beaucoup de pouvoir. Malgré lui, le médium baissa la tête et fixa ses mains, sur la table. Elisabeth ne pouvait savoir à quel point cela lui fit du bien de l’entendre dire, jurer, comme une promesse inviolable qu’il ne pouvait, pourtant, pas espérer. Au fond, il se doutait qu’elle finirait pas le lui demander, encore traumatisé par son partenaire précédent.

– J’espère que vous n’aurez pas cette envie, pensa-t-il, de cette manière médiumnique qui donnait du son à ses pensées seulement pour elle. Et même si vous me le demandiez, je ne le ferai pas.

Emmett releva les yeux vers elle, sérieux. Il voulut croire que sa promesse à lui avait plus de poids que sa promesse à elle, mais il voyait bien que les deux étaient bancales. Alors que la brune s’approchait, le doigt tendu pour toucher son nez, le médium se concentra autant qu’elle (peut-être un peu moins, en vérité, vu son expérience en la matière) pour qu’elle puisse sentir, contre son doigt, le nez qu’elle tentait de toucher. Il échappa même un petit sourire, à peine un rictus en coin de lèvres, alors qu’il sentit le contact, lui aussi.

– Tu n’as pas à avoir peur, je ne te ferai aucun mal, assura-t-il, en la fixant droit dans les yeux. Mais je crois qu’il vaut mieux garder nos distances, au début. Je n’ai pas envie de finir en pâté pour chien.

Cette fois, Emmett ne put s’empêcher de sourire pour de vrai ce qui, inévitablement, lui attira un regard un peu suspect de la part du loup-garou. Heureusement que ni les garous ni les vampires ne pouvaient lire dans les pensées… sinon, il était fort à parier que papa ours aurait dévoré le nouveau venu dans la seconde. Il semblait très protecteur envers l’esprit et Emmett apprécia cela. Au moins, il savait à qui parler si Elisabeth montrait les mêmes signes de démences que son ancien collègue.

– Nous avons une… enquête.

Emmett releva les yeux vers la vampire qui le fixait sans détour. Il n’eut pas besoin qu’elle en dise plus pour comprendre que, par sa faute, le groupe devait se charger d’une enquête un peu moisie, histoire de le tester. Il baissa les yeux, coupable, avec un petit sourire désolé, et ouvrit le dossier qu’Etienne avait posé devant lui. Il était question d’un vol de bibelot chez un humain qui accusait tous les surnaturels du coin.

– Je suis vraiment désolé, s’excusa-t-il, en épluchant le dossier. C’est n’importe quoi.

Le médium tournait les pages une par une, très lentement, afin qu’Elisabeth puisse suivre, elle aussi, ce qu’il était écrit dans le rapport. Mais il ne fallait pas être un génie pour comprendre que ce n’était pas à eux, normalement, de gérer cette histoire. Il s’arrêta sur la liste des biens volés et haussa les sourcils.

– Ça n’a aucun sens. Rien de ces choses-là n’intéresseraient la pègre surnaturelle. Pas à ma connaissance, en tout cas.



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________________________________________ 2020-10-02, 20:02

Au-delà
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Elisabeth avait raison. Droite et invisible, elle savait qu’elle avait raison, et c’était la seule chose dont elle avait besoin pour faire des grimaces aux autres. Elle savait qu’elle avait raison et comptait bien le prouver. Tuer son fantôme n’était pas réellement le tuer. Qu’importe la situation, Elisabeth avait le flaire sur ses choses là. Elle savait que le jeune homme avait aimé son ancien fantôme. DONC. Il ne l’avait pas exorcisé pour le plaisir. C’est tout. Et elle pinça ses lèvres pour exprimer visuellement qu’elle n’entendrait pas d’autres phrases tant qu’il ne serait pas prêt.

Venait elle de donner toute confiance à son nouveau médium ? Oui. Parce que c’était ainsi. Elle devait faire confiance à son médium, en commençant tout de suite. Pourquoi attendre quelque chose qui arrivera assez vite ?

- Comme je l’ai dit, j’y ai déjà pensé …. Mais je n’étais rien vivante. J’étais inutile. Je faisais que des gâteaux. Maintenant je peux aider, alors tant que je ne commence pas à devenir folle, je continuerais d’aider. Alors ne le faite pas, même si je vous le demande d’accord ?

Venait elle de faire l’inverse pour essayer de le faire aller mieux ? Oui. De lui faire promettre qu’il ne le fera pas, même si elle est bord du gouffre fantomatique… Qu’il ne le fera pas. Parce qu’elle voulait vivre elle. Elle ne voulait pas mourir. Alors si elle le demande c’est qu’il y a un gros soucis. Elle rit en enlevant la main de son nez.

- Je le sais. Je n’ai pas peur je te dis. Etienne est un peu … dur mais il ne te ferait pas de mal, tu peux me croire.

Elisabeth se reporta sur le dossier en regardant par dessus l’épaule d’Emmett, et elle sourit. C’était clairement un dossier pour se mettre en route. Elle se remit à vue de tous.

- c’est notre baptème = On va faire une super enquête sur un dossier qui ne semblait pas important, et on va leur faire …

Elle fit une grimace et reprit.

- On va leur prouver qu’on est trop fort. Pas vrai Victoria ?

Dit elle en regardant la vampire, puis Etienne dans un sourire. La vampire soupira et rigola un instant.

- ne t’en fais pas Emmett, c’est peut être pour toi, mais ça peut aussi être pour Etienne, la dernière fois, il a poursuivi en courant, un suspect sur la voie rapide et il a failli causer un accident. Je pense que la punition est double.

Etienne fit la moue alors qu’Elisabeth et Victoria se regardèrent. Victoria savait. Elle savait que si Eli avait décidé d’apprécier son médium, alors être de mauvaises humeur et tendus n’allait faire que du mal et rien de bien. Bien sur, elle n’hésiterait pas à tuer Emmett de ses mains, mais pour le moment, elle lui laissa le bénéfice du doute.

- je propose qu’Emmett soit en charge de cette affaire, pour voir comment tu fonctionnes. Alors dit nous ce qu’on doit faire, et on va tout déchirer !


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________________________________________ 2020-10-05, 18:35

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Ces promesses avec son nouvel esprit avaient quelque chose d’étrange. À la fois rassurante et inquiétante. Même s’il voulait croire dur comme fer qu’elle ne lui demanderait jamais de la tuer, le doute persistait au fond de son cœur traumatisé par son dernier esprit. Il n’arrivait pas, non plus, à être sûr à cent pour cent qu’il saurait lui dire non, ne jamais faire ce qu’elle lui demandait, ne pas l’exorciser parce qu’elle souhaitait, enfin, avoir la paix, la vraie paix. Il voulait croire qu’il en serait capable, mais il n’avait que peu résisté à son ancien partenaire. Pourquoi les choses seraient différentes avec Elisabeth ?

Les sourcils tordus sur ses propres contradictions, incapable de savoir s’il devait s’excuser ou la remercier, Emmett regarda la fantôme avec son petit regard de chien battu. Seule réponse qu’il fut capable de lui donner dans l’instant. Il eut presque envie de tout lui expliquer, de lui demander son avis, d’avoir son aide pour comprendre ce qu’il avait pu se passer. Il savait, au fond, ce qu’il s’était passé. Il n’avait besoin de l’expertise de personne. Tous ses supérieurs le lui avaient dit. Tu as merdé, Emmett, assume. Il était temps d’assumer.

– Je n’aurais rien contre quelques gâteaux, commenta-t-il, avec un petit sourire. Je ne le ferai pas.

Il essaya d’y mettre toute la conviction qu’il put, pour se persuader lui-même et Elisabeth tout à la fois. Le petit trait d’humour était surtout là pour détendre une atmosphère un peu trop lourde à son goût, même si c’était entièrement de sa faute. Il n’aurait peut-être pas dû tout avouer si subitement, mais il ne voulait pas supporter les accusations silencieuses de ses collègues. Il préférait que les choses soient claires entre eux dès le début.

– Je te crois.

Emmett sourit une dernière fois, puis revint à la situation… humiliante, il fallait dire ce qu’il était, dans laquelle il les avait tous plongés. L’enquête, devant lui, n’avait rien d’une enquête intéressante. Un petit litige que n’importe quelle autre équipe aurait pu résoudre en un tour de main. Pourtant, c’était à eux qu’on l’avait confiée et le médium savait que c’était entièrement de sa faute. Sans lui, l’équipe aurait pu enquêter sur quelque chose de plus sérieux qu’un humain raciste. Car c’était tout ce qu’il voyait, lui, dans cette histoire de vol.

Elisabeth reprit une forme qui permit aux autres de la voir et de l’entendre. Emmett sourit à ses mots. Son assurance avait quelque chose de revigorant. Cependant, il pensait avoir assez d’expérience pour ne plus avoir besoin de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit. Il n’était pas un bleu qui venait de sortir de l’académie, plus depuis longtemps, en tout cas, même si son grade était retombé au plus bas de l’échelle.

La vampire prit la suite avec un petit rire qui ne manquait pas de charme, même si ce n’était pas le genre de femme et de choses qui intéressait Emmett. Il n’avait, d’ailleurs, jamais été marié, ce qui voulait un peu tout dire sur lui. Le médium était marié à son travail depuis si longtemps que plus personne n’essayait de lui tourner autour. C’était peine perdue. Lui-même ne perdait pas ce temps-là. Sans personne à s’occuper, il pouvait se concentrer sur ses enquêtes.

– On ne peut compter que sur les femmes de cette équipe, alors, s’amusa Emmett, en échangeant un regard avec Etienne.

Le garou ne sembla pas très friand de son humour et le médium se racla la gorge, en regardant vers Elisabeth, comme pour chercher son soutien. Il avait pris l’habitude de l’humour un peu pourri de son ancien partenaire et devrait, maintenant, s’habituer au manque total d’humour du loup-garou. Ce qui n’était pas une chose aisée, sachant qu’Emmett n’aimait pas ignorer le monde, mais qu’il ne savait que dire pour qu’Etienne cesse de donner l’impression qu’il avait très envie de l’égorger.

– Vous savez, je n’ai plus aucun grade, désormais. Même si nous sommes dans la même équipe, je n’ai aucun ordre à vous donner. Pour tout dire, je n’en ai ni le droit ni l’envie. (Emmett resserra la cravate qu’il avait desserrée plus tôt et reprit :) Mais je veux bien tenter de prendre en charge cette… affaire. Vous déciderez ensuite si vous me voulez pour le goûter.

Emmett eut un sourire un peu crispé, conscient que cette blague-là ne passerait pas mieux que la précédente, mais il se désintéressa de ses coéquipiers pour se concentrer sur le dossier, devant lui. Le vieil homme habitait dans un quartier assez riche de la ville et avait porté plainte pour un cambriolage. Il accusait férocement les surnaturels du coin, mais sa version des faits n’était pas claire. D’ailleurs, la porte d’entrée n’avait pas été forcée, ni celle à l’arrière, qui donnait sur un petit jardin.

– D’abord, nous devrions rendre visite au plaignant, prendre connaissance des lieux et essayer de comprendre ce qu’il a pu se passer. Même si les apparences semblent contre le plaignant, ses biens ont bel et bien disparu et ils doivent être quelque part. (Il prit la liste des biens volés et la relut une nouvelle fois.) Il faudrait faire parvenir cette liste à un collègue pour s’assurer que les biens n’ont pas été mis en vente, autant sur les réseaux surnaturels qu’humains.

Le médium referma son dossier et se leva. Il doutait que les biens aient quitté la maison du propriétaire, en vérité. Tout ceci puait l’arnaque à plein nez. Peut-être trop à plein nez. Quelque chose clochait et il lui fallait trouver quoi. Il fit sauter les clés de sa vieille voiture dans sa main et regarda tour à tour chacun de ses partenaires.

– Je pars en avance avec Elisabeth. Personne ne me connaît et ma voiture est banalisée, je pourrais être témoin de choses intéressantes. Je vous laisse donner cette liste et vérifier les clans surnaturels importants dans le quartier, ainsi que les réseaux criminels humains. (Il sourit.) C’est tout bon ? On y va ?

Il se retint au dernier moment de proposer la place du mort à Elisabeth, chose qu’il aurait faite avec son ancien partenaire, mais qui pourrait lui coûter cher face à Etienne. Au moins, Emmett pouvait être certain qu’il lui restait un certain instinct de survie caché quelque part au fond de lui.



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________________________________________ 2020-10-16, 16:31

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Elisabeth savait que la plupart du temps, pour les fantômes en tout cas, la vérité résidait dans le silence. Elle savait que ce qu’on ne disait pas avait bien plus d’importance que ce que l’on disait. Alors elle préférait ne plus insister sur cette promesse et passait à autre chose. Les fantômes étaient silencieux. Et les médiums écoutaient. Personne ne leur demandait jamais de faire l’inverse, et pourtant c’est ce qu’elle comptait bien faire. Ecouter son silence et l’aider à le rendre plus bruyant. Elle se rappela qu’elle devait lui donner des cours de cuisine.

Elle ne pouvait plus pétrir la pâte ou juste casser des oeufs, mais elle savait donner des ordres et expliquer correctement les choses. Pédagogue et sûr d’elle, elle pourrait rendre la pire des cuisinière louve efle un vrai cordon bleu… Et il n’y avait rien de mieux que de faire la cuisine pour apprendre à connaître quelqu’un … pas comme un collègue mais comme un ami.

Elisabeth eu un nouveau sourire alors qu’elle se mit au côté de Victoria pour faire un geste d’arme à feu, comme l’aurait fait une enfant qui mime les cat’eyes … Elle sourit encore parce qu’elle savait qu’elle avait réussi a détendre l’atmosphère avec tout ça. Elisabeth sourit encore quand Emmett parla de goûter et fit une grimace à Etienne. Il ne fallait pas non plus être bougon comme ça, elle lui tirerait bien la langue, mais préféra se concentrer sur ce que son nouveau coéquipier lui disait. Elle l’écouta et sauta sur place quand il dit qu’il partait avec elle.

Comme une enfant qu’on a l’habitude de prendre en dernier pendant les équipes, et que pour une fois on avait pris en premier. Elisabeth avait toujours été ce genre d’enfant. Et cela l’avait fait toujours fait souffrir d’être remarquer en dernier à chaque fois…. Avec Emmett, elle venait d’avoir l’impression d’être prise en premier, et d’être le premier choix, pas celui parce que l’équipe adverse à choisi le meilleur choix.

- ON Y VA !!

Dit elle en sautillant et traversant la porte sans attendre personne. Elle était déjà en train de trottiner entre les bureaux des autres agents. Elle était toute contente elle. Elle mit sa tête par le mur qui donnait sur l’extérieur. Essayant de trouver la voiture qui n’était pas là avant, et qui était donc forcément celle de son nouveau coéquipier. Une fois qu’elle pensa avoir trouvé, elle se remit aux côtés de son partenaire en souriant.

- Ne t’en fais pas, je suis sur que tu t’intègreras vite. Ils ont pas choix de toutes façons, sinon je viens dans leur chambre et je les embête jusqu’à ce que j’ai gain de cause.

Elle l’avait déjà fait une fois, mais ça, elle ne pouvait pas le dire à l’homme…. Il le verrait bien s’il décide de ne pas être d’accord avec quelque chose qui compte pour elle … Même dans la salle de bain elle peut squatter.

- Je peux essayer de deviner ta voiture ? Il m’en reste deux de possibilités alors je veux voir si je peux trouver selon comment elle est rangé !



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________________________________________ 2020-10-19, 01:17

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Cette histoire de vol obnubilait Emmett aussi vite l’affaire était-elle arrivée entre ses mains. Le policier avait une conscience professionnelle qui frisait l’obsession. Peut-être ne faisait-elle pas que de la friser, mais il préférait croire qu’il n’était pas entièrement condamné. Les gens obsessionnels avaient, généralement, le droit à leur nombre de rumeurs et de regards mauvais. Il en avait bien assez pour un crime qu’il n’avait pas commis, il ne voulait pas, en plus, ajouter de l’huile sur le feu et permettre aux cancans de repartir de plus belle.

Pourtant, la vérité était là : un détail le titillait, mais il n’arrivait pas à savoir lequel. Alors qu’il donnait ses directives, Emmett ne pensait qu’à cela, en vérité. Il aurait même pu dire une grosse ânerie que cela ne l’aurait pas étonné. Quelque part, il n’était pas concentré sur les indications qu’il donnait à ses nouveaux collègues et, même s’il savait que c’était loin d’être respectueux envers eux, il ne pouvait s’en empêcher. Plus ça allait et plus il était persuadé que quelque chose clochait. Mais quoi ?

Emmett releva les yeux sur Elisabeth à l’instant où elle cria. Ce fut comme un électrochoc qui le ramena droit sur Terre et le tira violemment de ses pensées. Alors que son regard croisait le sien, il se demanda s’il n’essayait pas, simplement, de se convaincre lui-même que cette affaire cachait quelque chose de plus profond qui justifierait qu’on la leur ait donnée. Plus tristement, il se demanda s’il ne mélangeait pas cette affaire et la seule et unique affaire qui continuait de tourner, en boucle, dans son esprit, comme un supplice à un damné. Ce qui ne l’aurait pas étonné.

Elisabeth disparut dans les couloirs et Emmett se contenta d’un hochement de tête adressé à ses deux autres collègues, avant de suivre la fantôme. Évidemment, lui, il prit la porte et traversa jusqu’au hall, incapable de regarder par les murs. Au moins, la concentration du fantôme était offerte ailleurs et il pouvait se retrancher au fond de lui-même pour une petite séance d’introspection qui lui tirerait, encore, des sourcils froncés sévèrement sur son nez et une mine plus grumpy qu’un certain autre grumpy cat qui finira tôt ou tard par se décoincer.

Emmett n’avait pas encore atteint la sortie, quand Elisabeht revint vers lui. Il se tira de ses pensées obscures et posa les yeux sur elle. Il lui fallut quelques secondes de pause, comme un lag malvenu au beau milieu d’une partie, avant que les mots du fantôme ne prennent un sens, à ses oreilles. Le médium cligna plusieurs fois des yeux et se tira, enfin, tout à fait de tout ce qui fourmillait dans son esprit. Il savait qu’une fois monté dans sa voiture, le moteur en marche pour s’engager dans cette nouvelle affaire, il ne penserait plus qu’à elle et à rien d’autre.

– Il ne faut pas forcer le monde à m’intégrer, Elisabeth. Ce n’est pas ainsi que nous créerons un lien solide et de confiance, entre nous. Ne leur en veux pas d’être suspicieux. J’ai, moi-même, avoué mon crime et je ne mens pas pour aller dans le sens des rumeurs. C’est vraiment arrivé. (Il poussa la porte pour sortir et la maintint ouverte, dans un réflexe tout à lui, pour le passage de sa partenaire.) Je ne m’en fais pas, en vérité, avoua-t-il, quand elle passa devant lui. Je suis certain qu’ils sont assez professionnels pour mettre ces histoires de côté et que cette affaire sera résolue en un tour de main. Ensuite, ils comprendront que je suis sincère. Nous sommes une équipe, maintenant, et ces choses se sentent.

Après tout, il avait, lui-même, plus ou moins compris le lien qui unissait Elisabeth à Etienne et Victoria, en ne restant qu’une poignée de minutes dans la même pièce que ses trois nouveaux partenaires. Il ne doutait pas qu’une affaire entière permettrait à tout le monde de le jauger et de voir, clair comme de l’eau de roche, ce qu’Emmett valait. Il ne mentait pas, quand il jurait ne pas vouloir recommencer ce pour quoi il avait été puni. Et, exorcisme ou non, il restait un excellent détective qui n’avait pas trouvé ses grades dans un kinder surprise. Il savait que les choses se tasseraient.

– Si ça te fait plaisir, vas-y, dis-moi quelle est ma voiture.

Emmett montra le parking, de la main, pour l’inviter à lui montrer le chemin. Il suivit le fantôme docilement, sans rien dire, et ne se décala qu’au moment de rejoindre sa vieille voiture, un petit sourire aux lèvres. (Je te laisse dire si elle a trouvé la bonne ou non.) Machinalement, il déverrouilla la porte passager et l’ouvrit à Elisabeth. Sa vieille Austin Mini bordeaux ne payait pas de mine, comme ça, mais était, en vérité, un véritable bijou de collection qui ne manquerait pas d’attirer l’œil, dans le quartier de luxe qu’ils s’apprêtaient à visiter.

– Alors ? Elle est à ton goût ? Will n’a jamais aimé la couleur. Il disait que ça faisait… cerise trop mûre.

Le médium grimaça un peu, piqué au vif dans son amour pour sa vieille voiture qui, d’ailleurs, était parfaitement rangée dans sa place. Il était même fort à parier qu’une règle aurait suffi à prouver que la voiture se tenait pile au milieu. Emmett était le genre d’hommes qui aimait que les choses soient carrées, bien rangées.

– Bon, allez, monte. Je te promets qu’elle n’est pas aussi vieille qu’elle en a l’air.

Il sourit de plus belle, fier de pouvoir prouver à une réticente (il l’avait décidé tout seul) que sa Mini envoyait du pâté. Même si la carcasse était d’origine, Emmett avait un peu modifié l’intérieur et le moteur, heureusement, ne datait pas de la même époque.

Une fois bien installé derrière son volant, le médium prit conscience d’un détail qui le perturba un peu. Il regarda vers Elisabeth et alluma le moteur, mais le ronronnement de la Mini ne le détourna pas de cette pensée qui trottait dans son crâne. Il se racla la gorge et se retint de tirer sur le nœud de sa cravate, comme une vieille habitude qui lui collait à la peau chaque fois qu’il se sentait un peu mal à l’aise.

– Will, c’était… mon coéquipier. Il critiquait pour le principe, mais il adorait ma voiture. Enfin… bref. Passons.

En tout cas, une chose était sûre : Emmett était et avait toujours été le roi pour plomber une bonne ambiance.



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________________________________________ 2020-10-28, 10:54

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Elisabeth observa l’homme et fut un large sourire qui dépassa même la forme de son visage. Bon c’était pas possible ça, mais le fait était là, elle fit un large sourire pour l’homme alors qu’il la contre disait.

- Je ne les forcerais pas. Je les obligerais à écouter ce que j’ai à dire. Quand on est un fantôme et qu’en plus on a raison, on a bien le droit de tout faire pour avoir gain de cause, non ? On est déjà mort.

Et elle ne comptait forcer personne à intégrer Emmett, pas réellement en tout cas. Elle comptait les forcer à accepter que personne ne connait encore l’homme, et que peut être n’était il pas aussi mauvais que ce que les rapports disent. Et là tout le monde lui dira que l’inverse marche aussi … Sauf qu’il arrive tout de même plus souvent qu’on prenne quelqu’un de bien pour quelqu’un de mauvais que l’inverse. Dans la police peut être pas … mais dans la rue, les gens avaient peur les uns des autres quand la nuit tombe. Et la plupart du temps, la peur est partagé entre les deux. Alors elle avait raison, et prout.

- Je pense que ce n’était pas un crime. La folie arrive à tous les fantômes tu sais. Il arrive des fois que l’on soit toc toc. Moi par exemple, il m’arrive d’avoir des envies de cafés trèèèèèès important. D’ailleurs dans ces moments là, si tu bois pas de café pour contre balancer ma mort je râle pendant plusieurs heures. Il m’arrive d’avoir l’impression de sentir l’odeur du café, sans même toucher un médium pour me lier à la réalité… Sauf que ce n’est pas possible.

Il lui arrivait aussi de « voir » des choses. Mais elle ne pouvait pas lui dire. Elle lui disait tout simplement que c’était le propre des fantômes de faire des choses de fantômes. Elle ne comptait pas lui demander de le tuer de toute manière, elle aimait trop ses amis pour mourir… mais elle avait déjà vu plus d’un fantôme devenir fou, et même blesser des personnes qu’ils aimaient … elle préfèrerait mourir que cela arrive. Elisabeth sortit en trotinnant et s’approcha des deux voitures qu’elle avait trouvé en regardant par la fenêtre. Elle sautilla dans le parking et se déplaça tranquillement.

- Celle là

Dit elle en montrant la voiture de l’homme, qui valida son enquête en ouvrant la voiture. On pouvait voir qu’elle était super trop fière d’elle. Elle non plus n’avait pas trouvé ses « grades » dans les kinders. Bien qu’elle soit policière par son statut de morte plus que par vocation réellement.

- Moi j’aime bien. Will ne savait pas ce qui était beau !

Elle sourit en montant à bord. Faisant traverser ses mains à travers le pare-brise. Elle sourit encore quand l’homme se mit derrière le volant. Elisabeth sourit alors qu’elle vient poser sa main fantomatique sur celle d’Emmett et pencha la tête.

- Tu sais si tu veux m’en parler, de Will, n’hésite pas. Je suis une très bonne écoute même si je fais que parler. Et ça me ferait plaisir de pouvoir continuer de faire vivre Will à travers tes paroles et mes pensées.

Et c’était la vérité. Elisabeth partait du principe qu’on ne mourrait jamais totalement tant qu’au moins une personne pensait à nous. Tant qu’une personne se souvenait de la personne. Alors les gens vivaient tous presque éternellement.



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