« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
" On a une façon un peu particulière de se remonter le moral chez les Holmes. "
Sherlock recula. Dignement. Bien sûr, il retira la main de son cou, seul geste de tendresse envers sa sœur depuis des années. Qui n’était pas un véritable geste de tendresse, mais simplement une façon de prendre son pouls pour détecter un éventuel mensonge. Se redressant de toute sa hauteur, il savait qu’Elliot avait disparu sans se retourner. Il n’avait pas le pouvoir de sentir les auras, mais déduire des choses évidentes, si. « Pourquoi ne pas m’avoir prévenu plus tôt ? J’aurai créé des capsules. Tu le sens. »
Les capsules temporelles étaient des petites valises, qu’il créait en général pour lui même depuis tout petit. Cela lui permettait de se souvenir de tout, à chaque moment. Quand un élément échapper à sa mémoire à court et moyen terme, il s’y plongeait pour se rappeler. Une affaire, une odeur, une émotion. Tout pouvait fonctionner. Ses sourcils se froncèrent légèrement. « La question que je me pose… C’est pourquoi avoir attendu aujourd’hui ? »
Ca y est. Il allait un peu, il commençait à poser des questions. Les mains dans les poches de son pantalon de costumes, ses yeux se portèrent sur Eurus. On pouvait voir qu’il réfléchissait. En réalité, il était en train d’assembler tous les éléments pour savoir si ses propos n’étaient pas de vulgaires mensonges. On n’était jamais à l’abri de rien avec Eurus. Encore moins d’un coup comme celui-ci. « Elliot, lui, ne peut pas mourir. A défaut de me répéter. »
C’était une simple remarque, mais le jeune garçon l’obsédait. Ses pouvoirs, à la limite de ce que l’imagination pouvait fournir. S’il en avait eu le quart de la moitié, souvent, par cupidité, il s’était imaginé penser ce qu’il en aurait fait. Dans un geste maîtrisé, et parfaitement calme, Sherlock observa sa montre.
« Ne mélange pas mécanique quantique et relativité générale. Tu sais très bien que les deux ne coincident pas. Et ces règles ne s’appliquent pas auprès des trou noirs, et au moment de la formation de l’univers. C’est incomplet comme raisonnement. Et tu sais à quel point cela peut m’énerver. »
Il aimait les théories déterminés. Finis. Complètes. Pas les hypothétiques brouillons de scientifiques comme Albert Einstein, bien trop intelligent pour tous, y compris pour eux même. Quand on s’approchait de quelque chose qui nous échappait, les théories étaient dites « absurdes ». Or, c’était tout sauf absurde. Ca nous échappait, tout simplement. L’homme devait simplement faire preuve d’humilité. Il n’aurait jamais réponse à tous les mystères de l’univers. Même les plus puissants, même les plus intelligents. Certaines choses devaient demeurés secrètes. Aussi, il ne préféra pas s’épancher sur sa théorie concernant Eurus. Elle seule avait les réponses exactes. Pourquoi lui disait-elle que maintenant ? Au final. C’était sans importance. Ce qui comptait, c’était qu’il soit au courant, et qu’il commence à réfléchir à un plan d’attaque quand elle serait effectivement amnésique. Soudain, avec une vitesse et une force toute nouvelle, Sherlock enleva sa main de sa poche, et gifla Eurus. De toute ses forces. Il ne voulait pas la tuer. Non, mais le coup partit, pas assez pour l’assommer mais assez pour lui marquer la joue. Ce fut violent, et son coeur fit un bond dans sa poitrine. « Frère. »
Qu’est ce qu’il venait de faire ? Pourquoi avoir gifler sa sœur au milieu d’un parc, devant des gens. Beaucoup de personne l’aurait pris pour un fou. Pour un dément. Mais elle, savait que, malgré la douleur, il avait bien agi. Mais elle avait peut être besoin d’une explication supplémentaire. « Voilà. »
Se secouant la main, il s’était lui même fait mal. Sortant un paquet de cigarette, comme à quelqu’un qui souffre, il s’assit à côté, laissant Eurus se remettre de ses émotions. « Je viens de stimuler ta mémoire perceptive. Les zones sont éloignées de la tumeur. Et si je l’associe à un mot, alors peut être que si ta mémoire te fait un jour défaut, ton cerveau arrivera à tout remettre en ordre. Moi, en train de te frapper et te dire le mot « frère ». C’est une mesure de sécurité. »
Il était hors de question que sa sœur l’oublie. Et s’il fallait la gifler par surprise tous les jours, il le ferait. Ca ferait un super « brother challenge ». Allumant sa propre cigarette et fixant le parc, il poursuivit. « Désolé. Mais de toute façon, j’en mourrai d’envie. Tu l’as mérite pour tellement de chose, qu’on peut dire que si on applique les règles communes de la société, tu l’as mérite largement. Oh, tu peux te venger si tu veux. J’accepte volontiers qu’on soit d’égale à égale à dessus. Je ne suis pas à l’abri de perdre la mémoire non plus. »
Marquant une pause, après avoir tirer plusieurs lattes sur sa cigarette, Sherlock se tourna vers sa sœur, et commença à entamer une conversation comme si de rien n’était. « Et sinon, comment tu vas ? Mis à part ça je veux dire. On a pas eu tellement le temps de discuter tous les deux depuis un moment. Comment vont les affaires ? »
Eurus J. Holmes
« Good and bad are fairytales. »
| Avatar : Keira Knightley
"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"
"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Eurus, la soeur de Sherlock
La douleur avait été fulgurante. Je me massai la joue tout en fixant Sherlock d'un oeil oblique. C'était tout lui : établir un périmètre mental afin de stimuler ma mémoire si un jour elle venait à me faire défaut. Il avait des idées tellement arrêtées sur les choses. Je n'avais aucune envie de le contredire, car je ne voulais pas partir sur un énième débat concernant les probabilités.
Non, je n'allais pas lui rendre sa gifle. Que croyait-il ? J'étais bien plus mature que lui et j'avais l'intention de le lui montrer en me contentant de croiser les jambes et de garder la tête haute.
"Comme si j'allais te parler de mes combines." souris-je. "Tu prendrais un malin plaisir à les démanteler une par une."
Je lui lançai un regard entendu, à la limite de la complicité. C'était plus fort que nous : toujours à se provoquer, se mettre des bâtons dans les roues. On ne savait fonctionner autrement. L'entraide n'existait pas chez les Holmes. Raconter nos actes quotidiens ou nos ambitions professionnelles revenait à lancer un défi à l'autre : acte de sabotage programmé. Mieux valait donc en savoir le moins possible sur l'autre, auquel cas il n'y aurait aucune tentation possible.
"Lequel de nous deux a commencé ?"
Bien souvent, je me posais la question.
"Je suis sûre que tu vas dire que c'est moi, et moi je vais te rejeter la faute. Et si en réalité, le problème venait de nos parents ? Dès tout petits, on nous a mis en compétition. Pourtant, j'ai l'impression de me rappeler qu'avant, on était proches. Soudés."
C'était une drôle d'impression floue et diffuse, comme un reste de souvenir agréable, mais qui gratte malgré tout tel un pull tricoté main.
"Une gifle à cet âge-là aurait été utile : j'aurais pu me rappeler, au moins." fis-je d'un ton faussement réprobateur. "C'est tout toi, ça : jamais les bonnes idées au bon moment."
Je ne manquais jamais une occasion de le taquiner. Je n'avais pas l'intention de lui dire de vive voix ce qui m'avait poussée à me confier à lui : avec tous les indices disséminés, il avait déjà dû le comprendre. Mon frère était beaucoup de choses, mais certainement pas un idiot. En revanche, j'étais en mesure de répondre à sa question.
"Pourquoi avoir attendu aujourd'hui ? Pourquoi pas ?" fis-je, mutine. "Le secret commençait à être trop lourd pour être porté seule. Je suis désolée de te l'infliger. Sincèrement."
Je lui adressai un regard profondément navré, puis me levai. Tout en lissant mon pantalon, je proposai :
"Que dis-tu de faire quelque chose de totalement inédit pour tout Holmes qui se respecte ?"
Je laissai planer le mystère quelques secondes avant d'ajouter :
"On va à Baker Street regarder un film policier en se gavant de crème glacée ?"
J'esquissai un sourire en coin. Je me doutais qu'il allait refuser. Cette proposition était tellement dégradante pour le "grand" Sherlock Holmes. Malgré tout, la petite fille en moi espérait qu'il accepte. Ce serait un sacré défi à relever pour lui, et le soutien que sa présence me procurerait ne serait rien comparé à la satisfaction de le voir chercher le coupable à l'écran.
"Comme au bon vieux temps." murmurai-je, sollicitant sa mémoire affective afin de l'amadouer.
Il se souvenait forcément des rares soirées cassette vidéo avec nos parents. Ma méthode était beaucoup plus douce et ne nécessitait aucune baffe.