« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Les bras le long du corps, Sherlock attendait patiemment. Dans une petite pièce du Laser Game d’Elliot Sandman, le détective regardait autour de lui de manière un peu nerveuse. La dernière fois qu’il était venu ici, Elliot ne lui en avait pas parlé et ils s’étaient retrouvés en pleine époque Victorienne. Descartien à souhait, il avait surtout remarqué que le jeune homme possédait un immense pouvoir d’illusion. Aucune technologie n’avait autant de détails, même aujourd’hui… Quoi qu’il en soit, il était de retour dans ce lieu, pour une expérience plutôt… déroutante. Désireux de mieux comprendre les criminels qu’il traquait, Sherlock avait demandé à Elliot de lui concocter un petit programme dont lui seul avait le secret. Replongé à l’époque Victorienne, il devrait se mettre dans la peau d’un tueur en série et fuir un expert en criminologie. Autrement dire, subir ce qu’il faisait subir à ces cibles. Et qui de mieux placé pour l’aider que ce bon vieux Balthazar Graves ? Un sourire aux lèvres, la salle commença à trembler. Sherlock ferma les yeux. L’espace d’un instant, toutes les molécules de son corps semblèrent bouillonner. Puis… Plus rien. Le silence. Petit à petit, des bruits et des odeurs commencèrent à apparaître. Des sabots percutants des routes pavés, des vendeurs de journaux à la voix aigue, des bruits de machines puissantes, annonçant le début d’une aire industrielle qui ferait la gloire de l’Angleterre. L’odeur du suif, des excréments d’animaux, mais aussi des artisans des rues d’autrefois. Tout se mélangea. La dernière chose que Sherlock entendit avant d’ouvrir les yeux, fut le bruit d’une locomotive à vapeur… Londres, 1887, chantier du Tower Bridge.
La pluie battait à tout rompre. Dans son grand manteau de chasseur, noir de jais, Sherlock Holmes, le criminel le plus recherché de toutes les îles britanniques avançait. Sa casquette si particulière, de la même couleur que son manteau couvrait ses yeux. Ainsi, il était méconnaissable. De plus, le temps lui était favorable. Même si son nom était mis à prix, pour la mémoire collective de ce monde, il n’était qu’une légende, une terreur macabre. Ici, Jack l’Eventreur n’était qu’un marchand de journaux. Ici, Oliver Twist était le fils d’un banquier riche et aisé. Ici, Sherlock Holmes était associé au chaos, à la désolation, et au crime de sang insoluble. Longeant la Tamise, ses bottes frappèrent les pavés à un rythme soutenu et régulier. La pluie avait l’avantage de faire baisser le regard au passant. Seul le battement de cette dernière était audible. Mais derrière lui, au fil de ses pas, il entendait la clameur des quelques passants qui osait lever la tête vers le chantier du Tower Bridge revenir à ses oreilles. « Mais c’est horrible ! » « Dieu nous protège, et protège la Reine ! » « Sherlock Holmes a encore frappé ! »
Un sourire aux lèvres, le saumon remonta le courant de la Tamise, alors que les badauds prenaient le chemin inverse. La clameur diminua, au fur et à mesure que Sherlock s’éloignait. Satisfait du travail accomplit, il essuya son couteau de guerre perse courbée, qui avait servi à accomplir son vice. Tournant à l’angle d’une rue, à la lueur sombre des vieux réverbères, une calèche l’attendait. Montant dans la voiture, sa montre à gousset dans une main, Sherlock essuya la lame sur son manteau, prenant soin ainsi de diluer le sang sur la pluie qui ruisselait sur ce dernier. Avecun dernier regard sur la scène de crime, Sherlock ricana et grimpa dans la voiture. Un peu plus loin, sous le Tower Bridge.
La scène était moribonde. Malgré la pluie battante, plusieurs policiers étaient affairé sous les échafaudages de ce qui serait plus tard un des monuments incontournable de l’Empire Britannique. Le lieu était symbolique, et le crime aussi. Sous son képi arrondit, l’inspecteur Anderson prenait des notes sur un calepin, sous un immense parapluie tenu par un agent de police. Fronçant les sourcils, il parla alors à l’un de ses collègues d’un air distrait. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’un crime aussi odieux avait été commis dans cette ville. Londres brillait dans le monde. Et où la Lumière était forte, les Ténèbres suivaient. « Heure du décès ? » « Je dirai, 4h15. »
4h15. C’était l’heure privilégiée du célèbre criminel Sherlock Holmes. Anderson le savait. Sa marque était apposée. Ce n’était qu’une simple confirmation. Levant la tête vers le spectacle effroyable, Anderson en eut la nausée. Pendu par ses propres intestins, un célèbre banquier chancelait, blanc comme la mort, des tâches rouges comme les coquelicots parcourant son ventre ouvert. Sur ses yeux, une immense angoisse était visible, malgré l’absence de vie dans ses derniers, et sur son front, deux initiales étaient visible, tracées au couteau. « S.H. » « Nom et prénom ? »
« Jackson McCurby, Président Directeur général de la Royal Banks… Ca va faire couler de l’encre Inspecteur… Et pas que... »
Anderson descendit son regard. La scène était insoutenable. Il préféra se concentrer sur le légiste. Il le savait, demain, la Bourse s’effondrerait, à cause de ce décès si brutal. Londres serait plongé pour quelques jours dans la panique la plus totale. Une miche de pain, couterait autant que le meilleur cheval de la ville… Le chaos, c’est ce qui les attendaient. Terminant de rédiger la note qu’il était en train de faire depuis tout à l’heure, il appela un jeune homme, néophyte dans le métier, qui était blanc comme un linge à la vue du spectacle. « Allez me poster ce télégraphe urgent pour le 186A, à Fleet Street. Nous avons besoin du meilleur d’entre tous. Balthazar Graves. Que dieu le protège, et qu’il protège la Reine. »
La main tremblante, le coursier se saisit du télégraphe et se mit à courir loin de la scène de crime, comme si sa vie en dépendait. Plus loin, plus tard, dans la voiture.
Les roues frottaient à une cadence infernale contre les pavés des ruelles de Londres. A l’intérieur, les rideaux étaient tirés, et deux hommes se faisait face. L’un, reconnaissable grâce à son manteau noir et sa casquette particulière, l’autre, était simplement richement vêtu, un chapeau melon en guise de couvre chef et une moustache bien taillée marquait un niveau social plus qu’élevé.
« Personne ne vous a vu ? » demanda le moustachu.
Sherlock Holmes ricana et révéla un sourire carnassier. Qui pouvait retrouver le criminel le plus dangereux de son Temps ? Personne. Pas même le célèbre détective. Sherlock ne répondit même pas, se contentant de ressortir son vieux couteau de chasse Perse. « Non. Et personne ne résoudra ce mystère, Professeur John Watson. Votre nom et votre réputation ne seront pas salis. Parole de Holmes. »
John Watson eut également un sourire mauvais, sa main tendue, un léger regard assassin apparut sur les yeux du professeur. « Alors, nous avons un formidable accord. Je savais que vos services seraient beaucoup plus propre que ceux de votre sœur. »
Sherlock serra la main de Watson de toutes ses forces. La voiture tourna brusquement à gauche, et accéléra vers un lieu secret de la ville.
Eurus J. Holmes
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These are desperate times, and desperate measures are called for.
Angleterre, 1887.
Le vent glacé charriait une odeur rance, mélange de chairs pourries et d'excréments. Les rues des bas-fonds avaient pratiquement toutes ce même parfum délicat, et chacun y était coutumier. Lorsqu'il pleuvait, les embruns étaient décuplés, et il pleuvait souvent, à Londres.
A l'abri sous mon parapluie que je tenais de ma main gantée, j'évoluais d'un pas alerte -démarche qui était inconvenante pour une dame- jusqu'au numéro 186a de Fleet Street. Le rez-de-chaussée était un salon de barbier, et je vivais à l'étage, sous les combles, avec mon ami Balthazar Graves. Situation qui avait scandalisé le tout Londres.
Sans surprise, je le trouvai occupé à terminer de raser un client. Nous nous adressâmes un simple regard tandis que je me débarrassai de mes gants brodés pour les poser sur le pupitre de l'entrée. Sur un banc, dans un coin de la pièce, un garçon brun d'environ quatre ans surnommé Freddie jouait avec un petit cheval en bois.
"Maman !" s'écria-t-il aussitôt en me voyant.
Il se précipita vers moi et je le pris dans mes bras pour le serrer très fort. Il sentait la suie et ses joues étaient noires.
"As-tu été sage avec oncle Balthazar ?" lui demandai-je.
"Oui !" assura-t-il d'un ton qui n'intimait aucun doute.
"Est-ce bien vrai ?"
J'avais posé cette question à mon ami qui donna un coup de rasoir final à son client, avant d'essuyer les quelques restes de crème sur ses joues. Après quoi, il lui indiqua de se lever. Il attendit que le gentleman l'ait payé et quitte le salon pour répondre avec une moue :
"Hum... Hormis le fait qu'il a passé tout l'après-midi à la cave, je dirais qu'il n'y a eu aucune anicroche."
"T'avais promis de pas rapporter !" s'indigna le petit garçon dans mes bras.
Balthazar afficha un petit sourire penaud et tout en se rapprochant, chuchota à mon fils :
"Désolé, mais ta maman me fait trop peur pour oser lui mentir."
Redressant la tête, il m'adressa un sourire alors que j'affichais un regard désabusé.
"Tu sais que je n'aime pas que tu joues à la cave. C'est dangereux." réprimandai-je Freddie.
Tout un réseau d'égouts communiquait par la cave, et je craignais que mon fils y fasse une mauvaise rencontre. Tant de choses terribles se déroulaient à Londres, en cette sombre période... Mon fils esquissa une moue moitié bougonne, moitié navrée.
"Je le ferai plus." promit-il en posant sa tête contre mon épaule.
Je lui tapotai le dos, loin de me laisser amadouer, puis le reposai au sol.
"Alors, du nouveau au sujet de l'affaire Turner ?" demanda Balthazar tout en rangeant soigneusement ses outils de travail.
"Le tableau est un faux. J'avais raison." déclarai-je en prenant une pâte de fruits dans une petite boîte sur le pupitre.
"Tu as toujours raison." dit-il d'un ton faussement lassé.
Un sourire complice lui répondit. Je portai une main à mon chapeau pour l'ôter, et alors que je refermai mes doigts autour de l'épingle qui le maintenait, le jeune homme lança :
"Garde-le, nous avons une nouvelle affaire."
"Décidément, elles s'enchaînent à une vitesse folle. Nous devrions penser à te faire augmenter. Balthazar Graves, le détective de génie, gagne en popularité."
Il eut une moue tout en m'observant. Nous partagions un secret : aux yeux de tous, il passait pour le détective de génie et j'étais son assistante, alors qu'en réalité, j'étais le cerveau des opérations. Nous avions jugé cet accord adéquat, étant donné que nul n'aurait accordé de crédit à une femme.
"Eurus, je..."
Je le fis taire d'un geste de la main.
"Nous vivons à une époque désespérée, et des mesures désespérantes doivent être prises." déclarai-je avec une désinvolture qui me coûta beaucoup.
En réalité, je haïssais cette situation, mais je n'avais pas le choix si je voulais aider mon prochain. Je devais le faire dans l'ombre de Balthazar.
"De quoi s'agit-il ?"
"Un meurtre."
"Merveilleux ! De quoi ouvrir l'appétit avant le dîner !" m'écriai-je tout en récupérant mes gants.
"Oh, je peux venir ! S'il te plaît, Maman !" supplia Freddie.
"C'est absolument hors de question." répliquai-je avec un grand sourire. "Tu vas aller chez Mrs. Lovett."
Elle tenait une tourterie juste à côté du salon de Balthazar. Mon fils afficha une grimace.
"Je ne veux pas y aller. Ca sent mauvais, là-bas."
Il n'y avait pas lieu de discuter. Malgré les cris et les pleurs du petit garçon, il demeura chez Mrs. Lovett qui l'accueillit à bras ouverts, elle qui avait toujours voulu avoir un enfant.
Entre temps, Balthazar avait passé un manteau, un chapeau haut de forme et hélé un fiacre. Je le rejoignis et nous prîmes la direction de Tower Bridge.
*
"Parfois, n'as-tu pas envie de retrouver une existence paisible ?" me demanda mon ami, dans la confidence de la voiture à cheval.
"Penses-tu que cela existe ?" soupirai-je. "Ma vie n'a jamais rien eu de normal."
Etre la soeur d'un psychopathe n'arrangeait rien. Et dans tous les cas, j'avais toujours été une marginale, dès mon plus jeune âge. J'avais été contrainte de cacher mon don, car je parvenais à lire dans les objets, à deviner à qui ils avaient appartenu et à déchiffrer une partie de leur histoire. C'était très utile pour les enquêtes.
Puis, j'étais tombée amoureuse. L'homme avait été assassiné. Peu de temps après, j'avais découvert que j'étais enceinte de lui. Hors mariage, évidemment. Balthazar m'avait proposée un toit. Depuis, nous vivions ensemble. C'était un équilibre fragile que je voulais préserver à tous prix. Le barbier et mon fils étaient ma seule famille.
"Et toi ? Tu pourrais te trouver une jolie fille, fonder une famille, arrêter toute cette folie. Pourquoi ne le fais-tu pas ?"
Je l'avais piégé à son propre jeu. Je connaissais déjà la réponse, et son regard perçant suffit à me le confirmer. Il adorait ça. Le danger, le meurtre. Il se sentait meilleur de m'aider dans la lourde tâche de résoudre des crimes. Il se sentait utile à la société, tout en étant trop humble pour apprécier toute la gloire qui en résultait. S'il avait pu, il serait resté anonyme. Moi, j'aurais voulu avoir toute la renommée qui pleuvait sur lui. Etre reconnue pour mes talents. Je haussai les épaules. Un jour, peut-être...
Le fiacre stoppa dans la boue, au pied du Tower Bridge. Je descendis en tenant mes jupes et les gardai soulevées jusqu'à la scène de crime, où nous attendaient Lestrade et plusieurs autres représentants de Scotland Yard.
"Tout de même !" grommela Lestrade. "Vous avez pris le thé avant de venir ?"
"Je finissais de raser un client." annonça Balthazar avec mépris. "J'ai le souci du travail bien fait."
A grands pas, nous nous avançâmes vers le cadavre pendu par ses propres intestins. Il se balançait lentement sous le pont. Je sortis un mouchoir que je plaçai devant mon nez, au bord de la nausée.
"Ce spectacle est trop terrible pour une femme." prétexta un policier.
"Miss Holmes est mon assistante." précisa Balthazar d'un ton sec.
"Holmes ?" répéta un autre.
Aussitôt, je sentis tous les regards peser sur moi. J'en avais l'habitude. La tête haute, je m'avançai devant le cadavre et l'observai attentivement. Il ne fallut qu'un bref coup d'oeil accordé à mon ami pour qu'il annonce :
"C'est l'oeuvre de Sherlock Holmes."
"Nous en sommes déjà venus à cette conclusion. Cette façon de procéder est sa signature." confirma Lestrade. "Il nous faut un moyen de remonter sa piste."
La mâchoire serrée, je songeais à mon frère. Quelque chose avait toujours été différent chez lui. Depuis tout petit. J'aurais dû m'en rendre compte. J'aurais dû l'arrêter quand j'en avais eu la possibilité.
"Je sais où il est." murmurai-je en passant tout près de Balthazar.
Comment faisait le commun des mortels pour réfléchir si peu ? C'était consternant. J'avais volontairement chuchoté, car je ne souhaitais pas que Scotland Yard nous accompagne. Je préférais qu'ils débarquent à la fin, pour effectuer les sales besognes.
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Sherlock Holmes
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Troquet de la Gare King’s Cross, le lendemain matin.
« Vous savez, Holmes, je suis le Professeur en Médecine le plus célèbre de la City. Me voir traîner dans cet endroit est assez mauvais pour ma… Réputation. »
L’air ambiant était lourd. Pesant. La fumée épaisse des différents instruments servant à fumer du tabac venu directement des indes obscurcissait légèrement les rayons de l’aurore mourante. Sherlock Holmes était accoudé au comptoir du café, plusieurs journaux étalés devant lui, une immense tasse de thé devant les yeux. Tirant plusieurs fois sur sa pipe, son visage fut masqué pendant un long moment. Watson, lui, fumait un cigare sur son porte cigare. Son chameau melon en feutre bien droit, il titillait sa moustache nerveusement. « Nous sommes samedi matin, dans un des troquets les plus réputés de Londres. C’est le jour des paris sportifs sur les courses de chevaux. La moitié sont des voyageurs, l’autre des parieurs. Tout le monde est centré sur lui même, voilà pourquoi nous passons inaperçu. Et quand bien même, Watson, vous êtes en droit de boire un thé aux aurores. »
Sherlock avait dit cela tout en tournant les pages d’un des trois journaux qu’il avait devant les yeux. Sortant un billet, il griffonna quelques mots sur ce dernier et le déposa sur le comptoir. Watson, lui bougeait encore et toujours son regard comme un faucon, à l’affût du moindre suspect. « Quand bien même. Il serait fâcheux que tout ceci remonte à moi Holmes. Rappelez vous, je suis en lice pour me présenter aux élections de Londres. Cette assass… affaire, est sensé me faciliter la tâche, pas me la compliquer. D’ailleurs, je ne joue que très peu. Vous connaissez mon addiction aux jeux. Je suis sûr que notre présence ici en est intimement lié... »
Sherlock se mit à rire, d’une ricanement froid et sans joie. Le regard toujours porté sur son journal, il tourna la page, puis enfin, regarda une dernière fois Watson, cette fois-ci dans les yeux. « Vous commencez à me connaître. Je connais l’issue du pari, de toute manière. C’est couru d’avance. »
Le visage de Watson s’éclaira, bien qu’il soit un notable de cette ville, certains addictions montraient les hommes sous leur véritable nature. S’approchant de Sherlock comme un affamé, il émit un curieux son, semblable à un glapissement. « Ah ? Et d’où tenez vous cette source ? »
Watson savait que c’était du sérieux. Sherlock tira sur sa pipe, plutôt satisfait. Son interlocuteur était en haleine, et lui dominait totalement la conversation. Finalement, après avoir terminé sa pipe, il la rangea, et reprit le billet qui trainait sur le comptoir, le déposant dans la main de Watson. « Farrokh-Bulsara. Misez sur lui. Vous avez toutes les chances de gagner. Comment je le sais ? Oh, il se trouve que l’anecdote est plutôt croustillante Watson, alors là voici. Alors que je rentrai de notre petite affaire d’hier soir, je due me rendre en urgence vers les docks, afin de vérifier une source concernant une autre affaire. Grimé en voyageur, je vis sortir d’un navire marchand, le plus bel étalon. Il venait d’une race d’un pays lointain, et a été autorisé à concourir. Sa musculature est bien plus sauvage et ample que celles de nos Anglais Pur Sang. Croyez-moi. Il a été autorisé à concourir à titre expérimental. Qui miserait sur une expérience Watson ? Mais là voici à nos portes, et vous devez l’essayer. »
Lui posant une main sur l’épaule, il vit que les yeux de Watson commencèrent à pétiller. Malgré sa riche fortune, on pouvait voir qu’il tripotait le papier comme un mendiant ayant découvert un véritable trésor. Ricanant, Sherlock bourra à nouveau sa pipe d’un geste énergique. Watson, s’agita et attrapa soudain Sherlock par l’épaule. « Il faut que je file, Holmes. Vous avez raison. La vie est trop courte pour rater une expérience pareille. Revoyons nous au point de rendez-vous habituel, lundi, à la sorti du dernier client. Et grimez vous. Je sens que quelqu’un nous épie depuis quelques temps... »
Puis, s’agitant, il disparut dans le brouillard que formait le tabac au milieu de la foule des voyageurs et parieurs matinaux. Holmes l’observa partir, allumant sa pipe, le détective resta un très long moment accoudé de dos au comptoir. Finalement, après un temps certains, il plaça sa vieille casquette de chasse écossaise qui ferait plus tard sa légende devant ses yeux pour se donner un air mystérieux, et un ricanement sortit de ses lèvres, qui serraient sa pipe avec humour. De son visage, seul son nez et son manteau était visible. Le reste était caché par son manteau et sa casquette. « Brillant. »
Mais à qui parlait-il ? Sans bouger, Sherlock ne bougea pas. Les gens autour de lui non plus. Tous étaient plus ou moins occupé à une tâche quelconque. Allant d’un alcoolisme matinale, à une lecture de journaux agressive, ou même un tirage de pipe trop incertain. Lui, était immobile dans ce monde. A la fin de son mot, une personne se figea, très proche de lui, alors que le reste continua à faire sa vie. « Eurus, je te rappelle que nous sommes du même sang. Et que par conséquent, tu as malheureusement hérité comme moi des sourcils de feu-notre vénérable et honnête grand-père, le Général Archibald Walter Holmes. Très cocasse, sur une jeune femme d’ailleurs. »
Se tournant vers la dites-silhouette, et de manière théâtrale, Sherlock fit un mouvement circulaire avec sa pipe. Aussitôt, trois verres de Gin apparurent, déposé par le barman de mèche au moment du signal. « J’ai pris bien évidemment le soin de commander la boisson favorite de ton… amant ? Acolyte ? Comment devrons nous l’appeler crois-tu ? Tu viens pour l’affaire, je présume. »
Avec un léger clin d’oeil, Sherlock porta le verre de Gin à ses lèvres. « A la grande Reine Victoria, le petit fouineur de barbier, et bien sûr, sa chère et tendre qui ne partage qu’avec moi que le sang et le nom. »
Et, sur ses paroles acides, il vida le verre d’un seul trait.
Eurus J. Holmes
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These are desperate times, and desperate measures are called for.
Angleterre, 1887.
Watson, le roquet de mon frère, venait de partir pour sans doute faire sa promenade matinale et serrer quelques mains à de naïfs Londoniens. J'avais surpris son regard de biaiseur sur une affiche collée contre un mur, annonçant qu'il se présentait comme candidat à la mairie. Une preuve supplémentaire que le monde entrait plus que jamais dans une phase de décadence abyssale, car ce docteur diabolique, bien sous tous rapports, avait de fortes chances de gagner.
Je connaissais la suite. Peu après son départ, Sherlock resta appuyé contre le comptoir et remarqua ma présence. Il enchaîna avec des remarques acides destinées à me blesser, mais je n'étais pas novice en matière de joutes verbales. Etre une femme qui fait étalage de son intelligence dans un monde d'hommes est extrêmement ardu : il faut connaître la limite. Ne jamais en faire trop tout en affirmant ses capacités.
"Je suis très fière des sourcils de notre aïeul." rétorquai-je avec panache. "Et ne crois pas que je me sois traversie en homme afin de te surprendre. Ca serait t'accorder trop d'importance. Non, c'est uniquement pour passer inaperçu. Une dame attirerait trop l'attention dans un troquet de ce genre."
Sur cette réplique, je pris mon verre de gin et saluai le barman qui était trop loin pour entendre notre conversation et qui m'observait d'un oeil hésitant, tout en essuyant le même verre depuis plusieurs minutes. Je lui fis un clin d'oeil. Il grommela quelque chose et pencha la tête, trop perturbé de chercher à savoir si j'étais un homme ou une femme. Il faut dire que mon accoutrement portait à confusion : j'étais vêtue d'un pantalon droit de couleur beige, d'une chemise et d'un veston duquel pendait la chaîne d'une montre, surmontés d'une redingote gris foncé. J'avais caché mes cheveux sous un béret couleur taupe. Mes manières et mes gestes beaucoup plus rudes laissaient penser que j'étais bel et bien un garçon. J'adorais jouer des rôles.
"Nous avons chacun notre tandem." dis-je en faisant allusion à Watson et Balthazar. "En fin de compte, peu importe qu'il soit notre amant, notre ami, ou un simple acolyte. L'essentiel, c'est qu'il symbolise un moyen de pression."
D'un geste nonchalant, je m'appuyai contre le comptoir et bus une gorgée de gin. Je vidai le verre en moins de vingt secondes et le retournai sur le bois de la table. L'alcool me brûla la gorge mais je restai impassible.
"L'affaire est déjà réglée." repris-je tout en fixant les différentes bouteilles posées devant moi, derrière le bar. "J'ai pris la liberté d'anticiper, car je sais que discuter avec toi est synonyme d'échec. Contrairement à la majorité des femmes, je déteste les discussions futiles."
L'esprit de mon frère était glacé, morcelé, fractionné. Impossible à réparer. Impossible de lui faire entendre raison. J'avais déjà tenté de le sauver, mais jamais il n'avait voulu de mon aide. Il fallait donc en finir une bonne fois pour toutes.
"Je ne suis pas venue pour t'implorer de cesser tes agissements ignobles." articulai-je avec un profond dégoût nimbé de détachement. "Londres est ton terrain de jeu. J'ai fini par le comprendre. Alors, je vais jouer avec toi."
Je posai les doigts sur le haut du second verre de gin, celui de mon ami.
"Balthazar ne viendra pas, désolée de te décevoir."
Accoudée au comptoir, je consultai ma montre.
"A l'heure qu'il est, il a déjà dû s'occuper de Watson. Je crains fort que Londres ne le voit jamais devenir maire."
J'arborai une expression faussement attristée, tout en braquant un regard attentif sur mon frère. Je voulais déceler la moindre faille dans sa réaction, la moindre chose qui pourrait confirmer qu'il tenait à cet homme. Savoir si j'avais visé juste en le privant de cette personne... ou pas.
Avec suffisance, je rangeai la montre dans son gousset. Tic... tac.
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Sherlock resta accoudé au comptoir, sans bouger. Sans ciller. Son regard embrasa la salle, et d’un seul coup d’oeil, il repéra plusieurs informations. Alors, tendant son bras aux doigts fins pour se saisir du verre de Gin qu’il s’était également fait servir, un ricanement s’échappa de sa gorge. Sa voix était grave et profonde. « L’affaire est déjà réglée. C’est se moquer de moi que de m’accorder aussi peu d’importance... »
Quelque chose le dérangea. Son ton, ses manières ? Non. Quelque chose de bien plus profond, de bien plus enfoui. Fermant les yeux un court instant un souvenir lui revint alors en mémoire.
C’était l’aurore. Le soleil n’était présent que par la lueur rougeoyante venue des rideaux. Devant lui, un hibou, mort, était étendu. Il le fixait de ses yeux sombres, livides, et vidés de toute vie. Un poignard dans les mains, la petite tête de Sherlock fixait le résultat de ce qui lui avait semblait être son propre crime… Une voix, celle de son frère aîné le fit sursauter.
« Pourquoi as-tu fais ça, Sherlock ? »
Le petit garçon se retourna et lâcha immédiatement le poignard, paralysé par la peur que provoquait un grand frère pour un jeune de son âge.
« Je n’ai rien fait ! Ce n’est pas moi Mycroft ! C’est... »
L’image se brouilla, et disparut. Sherlock rouvrit les yeux et finalement son regard se fit assassin en la personne de sa sœur. D’une voix impérieuse, il déclara simplement. « Tu n’as jamais su jouer correctement avec moi. »
Ses doigts étaient en position étrange, comme s’il avait encore la dague dans la main. Sherlock se rendit alors compte de cela et il referma immédiatement sa main, dans un soupire. Se détachant du bar, il vida son verre d’un trait, se retourna et le posa avec force sur le comptoir. Le barman sursauta. « Le Temps est quelque chose de précieux. »
Fixant la montre qu’elle tenait dans la main, Sherlock se mit cette fois-ci en face d’elle. Comment avoir autant de différents avec son même sang ? Un court instant, la mélancolie et les regrets envahirent son coeur. Mais au final, alors qu’un autre verre de Gin se posait sur le comptoir, Sherlock tira sa pipe et l’alluma d’un seul geste avec sa pierre.
« Ton roquet peut bien faire ce qu’il veut. Watson deviendra un martyr. Un autre de son mouvement prendra sa place et sera alors élu à l’unanimité. Tu n’y as pas songé, on dirait. »
Avec un sourire, Sherlock sortit un petit papier, montra alors la liste des élections, avec l’intégralité des noms composants cette dernière. Le premier adjoint avait pour nom… Horace Vernet. « J’ai pris le nom d’usage de notre oncle. Tu sais comme je l’aimais. Et… Comme il me ressemblait. »
Avec un sourire mauvais, Sherlock déposa une photo de famille sur le comptoir. Elle avait été prise sans Eurus, car la veille, elle avait été envoyé au pensionnat. Sherlock avait bien évidemment choisi cette photographie exprès. « Le monde ne sait pas, qu’il n’est jamais rentré des Indes. Il fera un parfait candidat pour une identité autre. Tu ne trouves pas ? L’avantage... »
Alors, Sherlock s’avança, le visage à quelques centimètres de sa sœur, expirant volontairement une bouffée à son visage très proche du siens. A la limite de l’inceste, il fixa ses lèvres en ricanant comme un dément, mais de manière très discrète et profonde.
« C’est que les morts, ne racontent pas d’histoire. »
Plus qu’elle, ses lèvres finirent par toucher son front et il y déposa un baiser affectueux. Avec un léger sourire, il rangea sa pipe et sirota son verre de Gin. Sortant un petit carnet rouge, il vérifia une information et finit par dire d’un ton calme mais enjoué. « C’était un plaisir de discuter avec toi. Toujours instructif. Toujours rassurant. De savoir que finalement, tu ne seras... »
Sherlock se rapprocha d’elle, une lueur palpable dans les yeux. Cette fois-ci, on pouvait y lire une méchanceté profonde, et sincère. Il avait envie de parler. Pour faire mal. Pour frapper au coeur. Au plus profond de son être. Juste parce qu’elle avait toujours été ce qu’il n’avait pu être. Juste parce que la Nature lui avait offert un don qu’il n’avait jamais compris. « Que l’ombre de mon nom. »
Eurus J. Holmes
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Storybrooke, présent.
Un instinct. Une sensation. L'impression d'avoir bougé tout en étant restée sur place un long moment.
Je m'éveillai depuis un fauteuil confortable et incliné dans lequel j'étais installée. Tournant la tête, je m'aperçus que Sherlock était assis dans un siège similaire, à moins d'un mètre de moi. Il paraissait revenir de loin, lui aussi. Je savais que nous avions vécu la même chose. Une immersion dans une autre époque. Parfois, ça fait du bien de changer de vie. C'était pour cette raison que j'aimais tellement jouer des rôles. Me glisser dans la peau de quelqu'un d'autre. Pourtant, j'avais pris énormément de plaisir à rester moi-même dans cette projection, tout en ayant une existence très différente. C'était nouveau et agréable.
Nos deux sièges se redressèrent lentement, de sorte à nous inviter pour de bon à la fin du voyage, et tournant la tête vers Sherlock, je déclarai avec un mélange de malice et de réprobation :
« Tu as été un très vilain garçon, mon frère. »
Jouer le grand méchant... Je me demandais s'il avait planifié de rôle avec Elliot Sandman, ou si ce dernier le lui avait réservé d'office, étant donné qu'il était très 'fan' de mon frère. D'ailleurs, quand on parlait du loup... Le futur destructeur de l'univers se manifesta dans la pièce, poussant un chariot chargé de gâteaux et bonbons en tous genres, doté d'un compartiment à glaces. Il me faisait penser à la femme qui passait distribuer des friandises à bord du Poudlard Express, dans Harry Potter, et je n'eus plus aucun doute sur le clin d'oeil quand je vis un autocollant sur un côté du chariot, estampillé « SANDMAN EXPRESS ». Je clignai des yeux vers le jeune homme déguingandé à la chevelure improbable qui me décocha un grand sourire un peu niais.
« Après l'effort, le réconfort ! » annonça-t-il gaiement. « Vous voulez quoi ? J'ai des glaces, des sodas, des granités, des biscuits, des muffins, des cupcakes, des Haribo et même des petites sucettes sabre-laser qui piquent quand on les suce ! Ca, je les fais moi-même ! »
Il avait précisé cela sur un ton emprunt de fierté.
« Ca fait partie du forfait : après une partie, tout client a droit à une collation ! »
« Sympa. »
Cependant, je n'avais pas le cœur à me sustenter, ni même à échanger sur ce que nous venions de partager. Cette fausse existence avait mis en lumière ce que je n'aurais jamais, et c'était bien trop dur à encaisser. J'avais fait une croix dessus depuis longtemps, mais je ne m'attendais pas à y être confrontée de nouveau. Je passai une main sur mon ventre, pensive, puis saisis la sucette sabre-laser bleu qu'Elliot me tendait, en forçant un sourire.
« Et une sucette sabre rouge pour notre grand méchant Sherlock ! » fit-il en donnant presque cérémonieusement la friandise à mon frère. « Alors, les scénarios vous ont plu ? »
Il fourra une sucette sabre-laser vert dans sa bouche tout en nous observant avec une impatience non contenue.
« Chervez-vous ! Ch'est là pour cha ! » dit-il en montrant le chariot.
Je portai la sucette à ma bouche et grimaçai en sentant un coup de jus parcourir ma langue, ainsi qu'un goût prononcé de myrtille.
« La première fois, c'est spé. Faut le temps de se faire au courant électrique contenu dans la sucette. C'est un touut petit voltage de rien du tout. » expliqua Elliot. « Et c'est pas dangereux, enfin sauf pour les hamsters. »
Il afficha un air penaud tout en continuant de lécher la sucette. Apparemment, les tests sur les animaux ne s'étaient pas très bien passés.
« Alors, voilà à quoi Chronos passe ses journées. » lançai-je tout en observant attentivement ma sucette parcourue de légers filaments bleutés. « Créer des jeux de réalité virtuel et des bonbons foudroyants. »
Le jeune homme se rembrunit.
« Je suis pas Chronos. » marmonna-t-il, nerveux et contrarié. « Enfin... pas encore. Et peut-être que ça n'arrivera même pas ! »
« Nora pense que tu es digne de confiance. J'espère pour toi qu'elle ne se trompe pas sur ton compte, parce que je te le ferais payer si tu la rends malheureuse. »
Je le désignai du bout de ma sucette, accusatrice, et il rentra la tête dans les épaules. J'avais vraiment du mal à croire que cet individu allait être à l'origine de la fin du monde.
« En tous cas, je ne suis pas mécontente de retrouver les pantalons. » repris-je en baissant les yeux. « Les tenues victoriennes pour les femmes étaient des instruments de torture. »
Je me levai souplement de mon fauteuil et récupérai ma veste accrochée au porte-manteau en métal.
« Je vous laisse entre hommes. J'ai des choses à faire. » annonçai-je d'un ton supérieur. « Ah, et Sherlock... »
Je plongeai la main dans la poche de ma veste et en sortit une petite boîte en bois pourvue d'une manivelle en métal doré sur le côté droit.
« Je crois qu'il est temps. » dis-je d'une voix profonde.
J'attrapai sa main afin de poser l'objet dans sa paume puis refermai ses doigts dessus.
« J'espère que tu te souviens des paroles, mon frère. » murmurai-je.
Je levai les yeux vers lui, esquissai un début de sourire énigmatique, et partis telle une rafale de vent. J'avais gardé la sucette que je mis en bouche avec une nouvelle grimace.
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Sherlock Holmes
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Le fauteuil se replaça en position normale. D’un geste lent et mesuré, Sherlock retira les éléments nécessaires à la simulation. Le plus dur, fut de remettre ses idées, et son esprit en place. Tournant lentement sa tête comme dans un film, Sherlock fixa Eurus, avec intensité. Sans bouger un sourcil, son regard se fit assez dur. Ca l’amusait. Pas lui. Le détective avait fait cette simulation dans un but précis. Comprendre les criminels de haut niveau. Ceux qui pourraient, un jour, se retrouver au niveau de sa propre sœur, du siens, et même, de Moriarty. Alors il avait jouer le jeu, essayant à chaque fois de ne pas basculer. Jouer avec la limite. C’était un credo des Holmes. Sa tête tourna encore une fois, comme un robot. Les yeux de Sherlock quittèrent ceux d’Eurus pour aller voir ceux d’Elliot Sandman. Joueur, enfantin, il vivait lui aussi la vie comme un jeu. Mais contrairement à sa sœur, il ne cherchait pas à embêter les autres. Fixant « Sandman Express », sans véritablement savoir ce que cela signifiait, il prit un soda, sans l’ouvrir et le posa sur l’accoudoir de son fauteuil. Croisant les jambes, joignant les mains sous son nez, son regard passa d’Elliot à Eurus. Laissant posé sa sucette Sabre laser Vader style sur son accoudoir, il resta dans cette position, perdu dans ses pensées, jusqu’à ce que sa sœur… « Alors, voilà à quoi Chronos passe ses journées. Créer des jeux de réalité virtuel et des bonbons foudroyants. »
Ses mains s’enlevèrent, et il se leva. Etrangement, il était légèrement plus grand qu’Elliot. Tournant sa tête vers Eurus, on voyait que le détective était visiblement contrarié. Très contrarié même. Sa mâchoire était contractée, ses sourcils froncés, et ses yeux lancés des éclairs. Oh, il savait qu’il n’y avait pas de quoi impressionné Eurus. Mais il savait également, qu’elle n’aimait pas spécialement quand il était ainsi. « Tu ferais mieux de te taire sur ce sujet, Eurus. Je pense qu’Elliot en a assez. A force de dire que quelqu’un est un âne, il le devient. Préoccupe toi de ta petite Nora, si le cœur t’en dit. Mais laisse Sandman en paix. Inutile que les gens normaux s’y mettent. »
C’était parti comme une détonation. Terrible, son corps s’était instinctivement placé entre Eurus et Elliot. Il protégeait ouvertement ceux qu’ils considéraient comme ce que le commun des mortels appelés « Amis » que très rarement. Mais quand il le faisait, c’était toujours de la même manière. Forte, claire, perspicace. Bien évidement, l’instant suivant, il regretta un peu ses paroles. Déjà qu’il ne s’entendait pas spécialement correctement avec elle, il venait d’élargir un peu plus le fossé. Sans un mot plus haut que les siens, elle se dirigea vers lui. Supérieure, impériale, comme les reines d’autrefois, elle lui déposa dans la main une boîte à musique. Stoïque, il la regarda cependant de haut. Quoi qu’elle veuille faire pour se donner de l’allure ou de l’importance, la génétique revenait au galop. Il était bien plus grand, et baissa les yeux pour la regarder. Aucun sourire en coin, aucune parole de plus. Son coeur se serra, ainsi que sa gorge et son estomac. Une fois dehors, son regard se perdit dans son dos sans réellement la voir. Pourquoi était-elle comme ça ? Le regard d’Elliot, pesa un peu sur lui, et Sherlock serra la boîte à musique. On pouvait voir ses jointures apparaître, et le bois lui marqua la peau à plusieurs endroits. Finalement, il leva cette dernière à la lumière, et l’inspecta minutieusement, comme il le ferait pour la moindre petite affaire. « Sais-tu ce que, mon cher Sandman ? »
Sherlock marqua un temps d’arrêt. Lui poser une question. Ca signifiait simplement une chose. Elliot était inclus dans l’affaire désormais. Tournant une dernière fois l’objet à la lumière des lampes, son regard se porta sur Elliot. Depuis quelques temps, déjà, il avait réfléchi à comment frapper Chronos. Et il était visiblement Temps. A sa manière. A son niveau, mais il allait le faire. Pourquoi ? Simplement parce que ce dernier était étroitement lié à la femme qui était présente constamment dans son coeur. Son nom était écrit, gravé, sur son avant bras. Elle lui en avait parlé. Au départ, il s’était senti impuissant. Comment frapper un être aussi puissant ? Comment atteindre quelqu’un qui agissait sur tous les pans de l’existence ? Comment protéger Kida ? Car il le savait, tôt ou tard, elle rentrerait dans l’équation. Sherlock Holmes était un homme. Sherlock Holmes était mortel. Sherlock Holmes était fragile. Sherlock Holmes ne pouvait pas déplacer une montagne par la pensée. Sherlock Holmes ne pouvait pas aller où il voulait, quand il voulait. Mais Sherlock Holmes, n’était pas un imbécile. « J’appelle ça un Memento. Ca signifie, souviens-toi. On fixe un objet à un souvenir, et alors il reste graver dans notre mémoire. Regarde, c’est extrêmement simplet. »
Dans son grand manteau, il sortit un de ses plus grands outils de travail. Celui qui avait fait sa légende. Et il le lança à Elliot. « Cadeau. Elle est pour toi. A jamais. Fixe là, observe là, et écoute bien ce que je vais te dire, car je voulais t’en parler depuis longtemps. »
C’était là. Le moment. Frapper Chronos dans le Temps, par le souvenir. C’était un coup dans l’eau, comme un chasseur préhistorique aveugle qui lançait sa sagaie au milieu des eaux pour récupérer un poisson. Mais ça valait la peine d’être tentée. Car ce qu’il dirait, n’affecterait jamais Elliot Sandman d’aujourd’hui. Au contraire. C’était ça, que personne n’avait compris. « Le plus dur, dans nos moments sombres d’existences, c’est d’oublier qui nous sommes réellement au fond de nous. Les premiers rayons du soleil qui frappent notre peau pour la première fois quelques instants après notre naissance dévoile déjà qui nous sommes réellement. Nous ne naissons jamais mauvais. Nous le devenons, en oubliant que parfois, qui nous avons été. N’oublie jamais ça, qui tu es vraiment. Garde là toujours avec toi. Tu peux manipuler des forces inconnues. Tu peux bien garder ça avec toi, et ne jamais oublier. »
Alors, il fit quelque chose de rare. Comme pour sceller ses paroles bienveillante. Posant une main sur son épaule, ses yeux plongèrent dans les siens. « Memento, Assistant. »
Enlevant sa main, il lui fit un clin d’oeil, puis un sourire. Cette bienveillance, et ce qu’il venait de faire, il le savait, frappait Chronos. Croire en Elliot Sandman, le protéger et l’aimer, c’était donner un coup supplémentaire. Ca pouvait rajouter du doute, dans cet être que les augures le condamnaient à devenir. Et le doute, ce n’était jamais bon pour personne. Y compris les Titans. Frappant dans ses mains, il rompit le charme l’instant suivant et d’un geste sec, lui donna une petite tape sur l’épaule un peu plus sèche cette fois-ci. « Bien, il est temps de se réveiller et d’agir. Ma sœur ne va pas bien. Derrière ce masque désagréable se cachent plusieurs cicatrices. Tâchons de comprendre ce qui se passe en ce moment... »
Alors, les yeux plissés par la concentration, il reprit la boîte à musique, et la fit tourner à nouveau. Ouvrant le clapet pour vérifier le mécanisme, la musique retentit, belle et mélodieuse. Les paroles étaient gravés dessus. « My soul seek the shade of my Willow’s bloom. Inside, brother mine, Let death make a room. »
Un seconde. Puis deux. Et encore plusieurs après. Le Temps finalement ne s’écoulait pas toujours à la même vitesse. Combien de temps était-il resté, la main en l’air, regardant l’objet, son index de l’autre main battant la mesure sur sa cuisse gauche. Il ne savait pas. Mais un éclair passa dans ses yeux, et finalement, il fixa Elliot. Même si les paroles n’engageaient que du désespoir, l’excitation de la résolution de ce problème était plus fort. La mélodie, n’était pas en réalité anodine. Elle indiquait une position. En même temps, c’était évident. Il avait oublié. Simplement oublié.
Il y a longtemps.
« Allez ! Chante encore ! Elle est trop bien ! Tu chantes trop bien ! »
Eurus chantait. Balançant la tête de droite à gauche les yeux fermés comme s’il essayait de comprendre un code, Sherlock enfant déguisé en pirate se trémoussait debout sur son lit, son épée en plastique dans la main. « Position retenue Capitaine ! Cap vers le jardin !!! »
Et ils déboulèrent dans la cuisine en se poussant, chahutant, et criant qui arriverait le premier. Sa mère manqua de renverser le parmentier qu’elle avait dans la main, et son père ouvrit la porte pour les laisser sortir.
« Tu comprends ce qu’ils font ? T’as pas l’impression que des fois, on comprend rien quand ils parlent ? » Aujourd’hui.
Les yeux ouverts, tout était revenu. Sherlock regarda Elliot, qui le fixait comme quelqu’un qui ne comprenait pas tout. Bien sûr, puisqu’il n’avait aucun élément dans sa petite tête pour comprendre. « Eurus m’a fait un jeu de piste. Pour me donner quelque chose. M’apprendre quelque chose. Je suis dessus depuis des mois. Et, elle rejoint la liste des affaires irrésolues. Elle m’avait tout donné, et je n’y suis pas arrivé. Alors, cette… Expérience… N’était faites que pour m’humilier. Elle m’a donné la clef en sortant. Elle a gagné. »
Sa gorge se serra un peu. Ca faisait mal de dire ce genre de chose, en réalité. De se l’avouer tout du moins. Sur ce coup, elle avait marqué un point. « Allons à l’hôpital psychiatrique de Storybrooke. L’énigme touche à sa fin, et la réponse est là bas. Sous le saule. Précisément. »
Tendant sa main à Elliot, Sherlock éclata de rire. « Tu pensais sincèrement qu’on prendrait un taxi alors que tu peux m’emmener là bas en un claquement de doigt ? Enfin, si tu veux bien venir. »
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| Conte : Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Le fils de Hadès et Aphrodite
Sherlock faisait le tour de l’arbre. Observant chaque détails de ce dernier, ses yeux se plissèrent. Se mettant dans une position accroupi pour se donner un genre d’expert, il regarda Elliot d’en bas et confimra. « C’est un vrai arbre. »
Ce… N’était pas si idiot. Dans le fond, il avait raison. Beaucoup de gens voyait le monde sans le voir réellement. Certains voyaient juste des cendres, alors qu’en réalité, on pouvait connaître la marque du tabac, le style de fumeur qu’était son propriétaire et donc en déduire ses tenues vestimentaires. Alors quand il fit la remarque sur l’arbre, Sherlock lui décocha un sourire de fierté. « Aussi vrai que je suis Sherlock Holmes ! »
Frappant dessus, il se redressa et mit les mains sur ses hanches, songeur. Ca ne devait pas être très loin. L’arbre semblait tout à fait le genre de sa sœur. Observant Elliot faire le singe, il ne bougea pas d’un pouce quand ce dernier tomba comme une masse sur le sol. Arquant un sourcil, il se demanda ce qui ce serait passé s’il… N’avait pas été immortel. Pas de Chronos, pas de problèmes. Mais en même temps… Sherlock le fixa, ne comprenant décidément pas le genre humain. Ou divin. Peut importe c’était pareil. Comme quelqu’un comme lui allait devenir Chronos ? Satisfait qu’il fasse apparaître la pelle, il lui prit, d’un air confiant et le remerciant du regard. Ne rajoutant rien, il lui en fut reconnaissant. Elliot savait qu’il était le genre d’homme à vouloir utiliser une pelle sans magie, sans pouvoir, sans aide. Parfois, les tâches simples, dur et répétitive, comme couper du bois, creuser, tirer dans son mur, l’aider à mieux penser. Une fois cela fait, et après avoir senti chaque coup de pelle dans la jointure de ses épaules, Sherlock s’arrêta. Trouvant le coffre, Elliot lui prit des mains, tout bon assistant qu’il était. Prenant son rôle de super-assistant très à coeur d’ailleurs, Sherlock se mit à sourire. Puis, quand il lui rendit la boîte, il l’ouvrit et expliqua « Ces boîtes sont faites sur le même modèle que les boîtes à bijoux de Madagascar. Si ça t’impressionne tant, je t’en offrirai une. Tu pourras mettre ce que tu veux dedans. Et rassure toi, il n’y a pas de poison là dedans. Pour rentrer dans une boîte si fragile, il faudrait un mécanisme de clepsydre. Et d’ailleurs, ma sœur ne veut pas me tuer. La question ne se pose même pas.»
Dépliant la lettre, par réflexe, Sherlock commença par examiner le papier. Ses yeux parcoururent les analyses médicales de sa sœur, daté de 2012. Vérifiant immédiatement la véracité de ce truc, il leva le bout de papier au soleil et regarda la couleur du papier. Avec le temps, ce dernier jaunissait. Et cette feuille avait bien entre 6 et 10ans. 2012 convenait. La tournant dans plusieurs sens, Sherlock finit par la tendre à Elliot. « Tu veux lire ? »
Son visage n’exprimait rien. Son ton était neutre, comme d’habitude. On aurait dit qu’il venait juste de trouver enfin la clef d’une énigme assez vieille. Sauf que là, il n’était pas spécialement ravi. Pliant la feuille en quatre, il la donna à Elliot. Oh, il avait des poches, mais il fallait bien qu’il serve un peu cet assistant. Le soleil frappait son visage. Le regard de Sherlock embrasa l’ensemble du parc. On aurait dit un golfeur. Enfin, après une longue attente, et une carapace en fer, il soupira. Identifiant une silhouette, assise sur un banc un peu loin, Sherlock l’observa un long moment. Son soupire voulait dire beaucoup. Si c’était la vérité… A quoi bon être triste de quelque chose de fatalement inéluctable ? Non, c’était… De l’impuissance. Pourtant, il était avec certainement l’être le plus puissant de l’univers. Drôle de vie non ? Passant une main sur sa joue, un peu stressé, il passa pour quelqu’un d’un peu plus humain. Le spectre des émotions s’étira enfin sur l’acceptation. Mettant une main sur l’épaule d’Elliot, il désigna la silhouette d’un geste confiant. Comme un père qui montre un coin superbe pour pêcher à son fils. « Viens, allons la voir. Et reste avec moi. Je veux que tu enregistres avec ta super mémoire toute la conversation. Donc soit attentif. »
Le détective ne savait pas si Elliot pouvait faire ça en réalité. C’était peu probable, vu sa capacité d’attention limitée. Il ne lui avoua pas, mais il avait juste envie d’avoir une tierce personne avec eux. Sherlock désigna ensuite la silhouette qu’il reconnaissait entre mille, Sherlock ouvrit sa veste et sortit une cigarette de cette dernière. L’observant tout en marchant, il tira plusieurs fois sur cette dernière avant d’arriver devant elle. Debout, il écrasa son mégot devant lui, et sortit immédiatement une nouvelle cigarette. « Belle idée. »
Fixant Eurus, Sherlock montra le saule d’un air détendu, calme et sous-entendu. « Très belle énigme. Bien que la chute n’était pas si… Comment on dit Elliot, déjà ? Joyeuse ? Gaie ? Non ! Happy End. Une fin pas si Happy End. Je ne sais même pas si ça se dit. »
Sherlock tiqua. Une fois, deux fois. Trois fois. Ses yeux clignèrent plusieurs fois des yeux, vieux réflexes de toxicomans qui revenaient sous les émotions trop forte. Ca plus, les multiples fautes de langages, Eurus le connaissait assez pour savoir qu’il était triste. Et en colère. Tirant sur sa nouvelle cigarette, il posa sa jambe à côté de sa sœur, et la fixa dans les yeux, cette fois-ci sans ciller. « Los Angeles. Hm ? 2012… Intéressant. Qui d’autres est au courant ? Non, je ne préfère pas savoir. »
Si Mycroft l’avait appris et qu’il n’était pas lui, au courant, il allait certainement éliminer toute la famille. Finalement… Il n’en était pas du tout à la phase d’acceptation. Attrapant sa cigarette, il l’écrasa, dans sa main, et se brûla. Son visage se déforma, comme si la douleur lui faisait du bien. Son visage se déforma, passant de la tristesse à la véritable colère. Dans sa vie, elle ne l’avait vu ainsi qu’une ou fois à l’âge adulte. Il ressemblait beaucoup à celui qu’il était enfant comme ça. Capricieux, qu’encore une fois, un détail chez sa sœur lui échappe. « On a beau avoir nos différences. On a beau avoir eu des disputes. Tu peux être odieuse avec moi, manipulatrice, orgueilleuse, tout ce que tu veux. »
Marquant un temps d’arrêt, il lâcha la cigarette au sol. « Mais tu oublies toujours, que je suis ton frère. Et que même dans la famille la plus complexe du monde, on en parle. »
Et, de colère, il jeta de toute ses forces la pelle qu’il avait encore à la main comme un javelot. On aurait pu se croire 40ans en arrière, quand il piquait ses crises dans un jardin d’enfant. « MAIS ENCORE UNE FOIS MADEMOISELLE EURUS PREFERE TOUT CACHER A TOUT LE MONDE POUR EVITER LE REGARD COMPATISSANT DES AUTRES PARCE QU’ELLE VA MOURIR ! »
Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Puis, ses bras tombèrent le long du sol, et il se jeta sur elle pour la serrer dans ses bras.
Eurus J. Holmes
« Good and bad are fairytales. »
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"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"
"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Eurus, la soeur de Sherlock
Je m'étais installée sur un banc que j'affectionnais tout particulièrement, au pied d'un saule pleureur. Ses branches basses me cachaient en partie, mais je me doutais que Sherlock parviendrait à me trouver. S'il y avait bien une chose à ne pas remettre en doute chez lui, c'était son sens de la déduction. Je savais qu'il ne mettrait pas longtemps à résoudre l'énigme. Je n'avais pas voulu la rendre très compliquée. Pour tout avouer, certains jours, la résolution de la terre autour du soleil suffisait à me fatiguer.
Au bout de quelques minutes, je vis sa haute silhouette marcher vers moi, son manteau ouvert claquant au vent, une pelle à la main. Je haussai un sourcil. Voulait-il m'enterrer directement ? Ca serait peut-être un gain de temps, après tout. Je n'étais pas étonnée outre mesure de le voir se promener avec un tel accessoire : mon frère était souvent affublé d'objets hétéroclites. Son assistant du moment était toujours Elliot Sandman, qui l'accompagnait d'un pas beaucoup moins assuré.
Une fois devant elle, son frère alluma une cigarette. Les traits de son visage fermé étaient tirés. Il les voulait taillé dans le marbre, inexpressifs, mais je connaissais trop bien son mécanisme de fonctionnement pour deviner qu'il était peiné, sous le choc et dérouté. Il tenait la pelle au-dessus de lui, prêt à l'abattre comme une arme. Correctement assise sur le banc, je ne remuai pas d'un millimètre. Il finit par jeter violemment la pelle. Après l'incompréhension, la perplexité, vient la colère. Jusque là, tout était logique. J'étais préparée. J'avais répété cette scène dans ma tête des centaines de fois. Je voulais que mon rôle soit à la fois poignant et digne. Jusqu'au bout.
Je subis ses cris, frémissant à peine. Je ne le regardais pas. Mes yeux fixaient un point dans le parc, là où l'horizon se noyait dans le brouillard.
Quelques secondes de silence. Juste après la libération de la fureur. Que dire ? Que faire ? Sherlock prit les devants. Il s'était écroulé devant moi. Bientôt, je sentis ses bras m'entourer et me serrer très fort, au point de m'étouffer. Je crus percevoir un sanglot étouffé, égaré dans mes cheveux.
Tétanisée, je l'étreignis à mon tour avec beaucoup plus de délicatesse. Jamais encore je ne l'avais vu aussi abattu. Même quand j'avais cassé son bateau de pirate lorsque nous étions enfants, il n'avait pas éprouvé autant de peine.
Je croisai le regard d'Elliot. Ce dernier recula de quelques pas, de plus en plus mal à l'aise, et désigna un grand rien derrière lui. Je hochai légèrement la tête, comme pour le remercier d'avoir accompagné mon frère dans cette épreuve. Il se mordit les lèvres avant de se volatiliser dans l'air. C'était mieux ainsi. A présent, il fallait que nous soyons seuls.
"Sherlock." dis-je d'une voix douce, tout en lui tapotant le dos. "Je ne vais pas mourir."
J'attendis qu'il se redresse légèrement, comme réanimé par mes paroles et j'ajoutai :
"J'ai commencé ce duel avec la mort il y a des années, et même si j'ai perdu quelques batailles, j'en ai gagné plusieurs. Ca n'est pas maintenant que je vais capituler."
Mon regard farouche croisa le sien. Il n'avait pas besoin de savoir que j'avais arrêté les différents traitements, car ils me rendaient plus malade qu'autre chose. J'avais décidé de me soigner à ma manière. De vivre intensément chaque seconde. Changer la réalité par la force de ma pensée.
"On est tous en sursis." précisai-je. "Personne n'est immortel, nul n'a de passe-droit. Face à la mort, on est tous égaux, on ne peut pas l'éviter. J'ai juste réussi à passer mon tour plusieurs fois. Tu sais à quel point je suis douée pour me dérober."
Je lui adressai un pâle sourire et posai les mains sur ses épaules pour mieux l'observer.
"Si tu veux des repères scientifiques -je sais que tu préfères le concret- je possède plusieurs ravissants scanners de mon crâne. Tu pourras les analyser tout à loisir, si tu le souhaites."
Je passai brièvement la langue sur mes lèvres. La partie la plus difficile s'annonçait, mais je ne pouvais reculer, désormais.
"La tumeur est localisée sur l'hippocampe. Je ne t'apprends rien en disant que cette zone est une structure cérébrale essentielle à la mémoire. Elle n'a que peu grossi en huit ans. D'après les spécialistes, il y a peu de chance que je puisse en mourir."
Il allait forcément être soulagé, aussi je préférai enchaîner directement, afin de ne pas lui créer de fausse joie :
"Cependant, un matin, il est fort possible que j'aurais tout oublié."
Je claquai des doigts afin d'illustrer mes propos.
"Ca peut arriver n'importe quand. L'amnésie sera partielle ou totale. Réversible ou irréversible. C'est l'ennui avec les neurochirurgiens. Leur science rejoint un peu la physique quantique : elle est relative et non absolue."
Je m'exprimais de façon détachée, comme si je n'étais pas vraiment concernée. C'était un moyen comme un autre de ne pas tomber dans les abysses du fatalisme.
Je ne veux pas devenir une coquille vide, songeai-je, angoissée.
La mémoire est primordiale chez les Holmes. C'était ce qui nous avait permis de nous créer une place en ce monde, de le modeler selon nos désirs. Que ce soit Mycroft, Sherlock ou moi, chacun à notre manière, nous utilisions jour après jour nos connaissances et nos acquis pour faire tourner le monde à notre convenance. Perdre la mémoire était perdre un fabuleux trésor.
Je me rendis compte que mes mains s'étaient cramponnées aux épaules de mon frère. Je respirai par saccades. J'avais froid. Mal au crâne. Le fait d'en parler avait réveillé le petit caillou qui faisait toc toc dans mon cerveau.
"Tu es le seul à savoir." dis-je dans un murmure. "Tu n'es pas obligé de me croire, mais il n'existe pas d'autre vérité. Jamais personne n'a su avant toi. Et jamais personne d'autre ne saura, sauf si tu brises notre secret."
La décision lui appartenait. C'est le deal quand on partage un secret. Je ne voulais pas l'obliger à le garder. J'étais lasse de le porter seule. C'était ce qui m'avait motivée à le dire. A lui en particulier. Parce que je savais que malgré nos désaccords et nos querelles, il était celui qui me comprenait le mieux.