Il est trois heures moins quart sur la Main, il est tard, les filles ont dansé pour toi pour te consoler, leur roi. Et si tu dors seul ce soir parmi leurs pleurs d'aurore et si tu me laisses dans tes bras, je t'attends, boulevard Saint-Laurent

Bureau de rédaction du Daily Mirror.

« Kara, je veux que tu t’occupes des interviews des métiers de la police. Il faut qu’on les mettent en avant et tu es l’une des meilleures pour ça. »

Je lève mon regard vers le rédacteur. Je lui répondis par un simple sourire. Je ne savais pas vraiment si je devais prendre ça pour un compliment ou pas mais je dois avouer que ça me plaisait d’avoir quelque chose à faire parce que concrètement depuis plus d’une bonne semaine, je n’avais rien eu à faire. Pas que je ne travaille jamais mais je crois bien que je passais bien plus de temps à taper des trucs inutiles sur l’ordinateur que des articles acceptables mais là pour le coup, ça me plaisait d’aller interviewer des agents de la police et je savais exactement par qui j’allais commencer.

Centre-ville de Storybrooke.

J’avais contacté Anastasia et lui avais demandé où je pouvais la rencontrer. Elle m’avait donné rendez-vous au commissariat. Puis de toute manière, quoi de mieux que le lieu dont je devais parler pour pouvoir faire les interviews ? Et peut être que je pourrais interviewer d’autres personnes après Anya. Remontant mes lunettes sur le nez et mon calepin en main, j’entre dans le commissariat et ne tarde pas à voir Anastasia un peu plus loin. Je lui souris et m’approche.

« Bonjour Anastasia, je m’excuse pour les quelques minutes de retard, j’ai été retenue plus que je ne le pensais au Journal mais je suis là. Merci de vouloir bien prendre le temps de me recevoir. » lui dis-je avec un sourire.

Pando

Anya n'était pas rentrée dans la police pour devenir une star. La célébrité, c'était même loin de ses ambitions, ce qui expliquait aussi pourquoi ça l'arrangeait de ne pas avoir eu besoin de régner. On connait forcément son souverain dont le travail requiert énormément de représentations. Un peu comme les tapis rouges, mais sans Oscar au bout de la ligne.
On n'obtenait pas non plus de statuettes en or pour service rendu à la ville quand on était dans la police et ça ne dérangeait pas Anastasia qui n'aurait pas su quoi faire d'un bibelot - qu'Abigaëlle aurait pu renverser, de surcroît. Et la jeune femme avait toujours pensé qu'on ne donnait pas d'interview non plus,à moins qu'on soit sur une affaire importante, ce qui n'était pas le cas de la profiler.
Mais visiblement le Daily Mirror pensait différemment.
Anya avait été étonnée d'être contactée par une certaine Kara Walters pour une interview, même si, à l'entendre, le journal souhaitait réaliser une série de portraits sur les différents corps de métier dans le police de la ville et qu'elle pouvait supposer que ses collègues avaient reçu le même genre d'appel ou allaient le recevoir.
La jeune femme n'était pas certaine d'avoir grand chose à dire de réellement intéressant mais accepta la proposition, suggérant que les deux femmes se retrouvent au poste. Ca serait plus immersif pour l'une et arrangeant pour l'autre. Tout le monde y gagnait.
Elles se rejoignirent à l'accueil, Kara Walters plus ou moins ponctuelle se répandant en excuses qui n'avaient pas lieu d'être et qu'Anastasia balaya d'un revers de la main après la lui avoir serrée.
- Merci à vous de m'offrir cette opportunité, répondit la jeune femme un peu mécaniquement avant de l'inviter à la suivre et ferma la porte de son bureau derrière elles deux.
Chacune prit place de par et d'autre du bureau. Anya croisa les jambes, les décroisa et les croisa une nouvelle fois. Ce n'était pas dans ce genre d'exercice qu'elle excellait.
- Très bien, je vous laisse commencer avec la première question, j'imagine.

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J’étais heureuse d’être journaliste. J’aimais vraiment mon job et encore plus, pouvoir discuter avec de nouvelles personnes sur de nouveaux sujets. C’était ça aussi l’intérêt de mon boulot, pouvoir discuter de tout et de rien avec facilité. Une fois arrivée au poste de police, je ne tarde pas à trouver Anastasia et m’excuse pour mon retard avant qu’on ne s’installe à son bureau. Je lui souris. Mon calepin en main, et mon stylo dans l’autre, je lève le regard vers la jeune femme.

« Alors du coup, la première question qui je l’avoue n’a pas beaucoup de lien avec l’interview mais je dois la poser, qui êtes-vous et quel est votre métier ? » demandais-je à la jeune femme.

Lisant rapidement les autres questions, je soupire et reprends finalement la parole.

« Promis, après ce sera de vraies questions. » dis-je avec un petit rire gêné.

Pando

C'est vrai qu"on aurait pu penser que la jeune journaliste savait déjà qui elle interviewait. En principe c'était comme ça que les choses fonctionnaient. Mais à Storybrooke, peu de principes étaient valables. Quant à Anastasia, elle avait appris avec l'âge, le travail et la maternité à être plus patiente qu'elle ne l'aurait été dix ans en arrière, quand elle était vraiment enflammée et inflammable. A cette époque, elle aurait sans doute ostensiblement rouler des yeux, l'air de penser que la réponse était évidente (même si, paradoxalement, à cette époque, elle ne savait pas qui elle était et n'aurait rien eu de spécial à répondre à cette question). Les années ayant fait leur œuvre, la jeune femme se contenta de répondre tranquillement :
- Je suis Anastasia Romanov, profiler spécialisé en linguistique depuis.... un peu plus de deux ans, je dirais, précisa la jeune femme après une courte réflexion et une froncement de sourcils pour aider à la concentration. On me consulte pour analyser les écrits, la façon de parler, la façon de penser et ce genre de choses des suspects. Du moins pour les enquêtes criminelles et nous n'en avons pas tous les jours. Le reste du temps, j'utilise ces capacités pour être une oreille attentive auprès d'autres types de victimes. Avant ça j'étais traductrice à mon compte et encore avant j'étais grande duchesse de Russie. Mais ça c'était vraiment y a très longtemps, précisa la rouquine dans un sourire entendu.
Anya marqua une pause puis rebondit sur la promesse de la journaliste, non sans sourire encore :
- On peut passer aux vraies questions.

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J’écoutais la rouquine avec attention, toujours un léger sourire rassuré sur le visage tandis que j’écrivais ce qui était important pour mon article. Une fois fait, je vins à relever le regard vers la jeune femme.

« Mon rédacteur en chef en demande toujours trop. » dis-je avec un petit rire « Surtout que si on vient vous interviewer, c’est qu’on en sait déjà un peu sur vous…enfin au moins, j’ai ce qu’il me faut pour cette partie là. » dis-je avec un sourire.

Lisant rapidement les autres questions, je reprends finalement la parole en ramenant mon regard vers la jeune femme.

« Alors, donc vous êtes profiler…quand vous est venu l’envie de faire ce métier ? Celui de traductrice est tout de même assez loin non ? » demandais-je alors.

Ma tête commençait à me lancer. Depuis quelques semaines, le nouveau traitement que me donnait Lena avait des effets positifs sur Lucy, je le sentais mais parfois, j’avais l’impression qu’elle voulait reprendre le contrôle. Il fallait à tout pris qu’elle disparaisse de ma vie cette maudite soeur non désirée.

Pando

Les patrons étaient souvent du style à en demander trop, manqua de rétorqua Anastasia. Mais ça aurait été injuste vis-à-vis du sien qu'elle trouvait loin d'être mauvais, alors elle s'abstint de cette remarque. Mais elle voulait bien croire que le patron du journal ou simplement l'éditeur en chef soit moins sympa.
- Tant mieux si vous avez ce qu'il faut pour l'intro, se contenta de commenter la rouquine.
Elle fut contente de noter qu'en effet la deuxième question était plus intéressante que la première. Kara tenait ses promesses et on entrait dans le vif du sujet. Les réponses allaient donc s'étoffer alors la jeune femme s'assura d'être confortablement assise dans son fauteuil amovible.
- Eh bien un jour il s'est passé un truc un peu étrange près de mon ancienne propriété et je me suis retrouvée à aider Robyn Candy, l'ancien shérif. Elle m'a trouvé compétente et m'a proposé un poste dans son équipe. De toute façon, ici personne n'a réellement fait d'études, on a simplement de faux souvenirs. C'est vrai que c'est éloigné mais... sans trop me vanter, je suis futée et je connecte mes neurones quand j'analyse une situation, c'est déjà un bon départ. Il y a aussi mes faux souvenirs d'études en linguistique qui aident et puis le reste je l'ai appris sur le terrain. Comme les jeunes salariés ou les stagiaires, en fait, mais avec un meilleur salaire, conclut la jeune femme dans un sourire plaisantin.
Pourtant, à en juger par l'expression de Kara, ses sourcils légèrement froncés comme si quelque chose la gênait ou la préoccupait, elle n'avait pas l'esprit à la blague. Anya décida que c'était un bon cas pratique pour lui montrer qu'elle avait du talent.
- Là, par exemple, je vois que même si vous m'écoutez, votre visage s'est un peu fermé comme si quelque chose vous gênait. Un mal de tête qui débute ou une pensée stressante, je ne sais pas, je ne suis pas devin. Je n'ai pas de diplôme qui dit que je suis capable de voir ces choses mais.... Je les vois quand même. J'ai du doliprane si vous avez mal à la tête, précisa Anya, au cas où.

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« Oui c’est sûr. » dis-je avec un petit sourire.

Notant quelques petites choses sur mon carnet, je lève le regard vers Anya avant de lui poser de nouvelles questions qui étaient clairement plus intéressantes que les basiques. J’écoutais avec attention ce qu’elle me répondait, notant les éléments importants.

« Je note, je note. » énonçais-je avec un petit clin d’oeil.

Me mordant la lèvre inférieure, je tente de calmer mon mal de crâne omniprésent à cause de ma soeur avant de lever le regard vers la rouquine.

« Le Doliprane n’est pas la meilleure manière de calmer mes mal de crânes…c’est un problème…magique on va dire. » énonçais-je à la jeune femme.

Quelques instants passent avant que je ne reprenne.

« Alors donc…qu’est-ce-qui vous plaît dans ce métier ? » demandais-je.

Pando

Les maux de tête. Avec ceux du dos c'était probablement les maux du siècle. D'ailleurs, c'était ce que certaines revues affirmaient. Par chance, Anastasia n'en avait pas particulièrement beaucoup et quand elle en avait, un doliprane ou similaire suffisait en général. Elle n'allait certainement pas s'en plaindre, une douleur persistante avait de quoi rendre fou voire violent. Mais des maux de tête magiques, ça, elle n'aurait pas imaginé que ça pourrait arriver. Et pourtant, dans la ville qu'elle habitait, ce n'était pas fondamentalement surprenant. Quand on prenait la peine d'y réfléchir, tout pouvait avoir une cause magique, probablement jusqu'à l'influence des marées.
Mais la rouquine préféra ne pas demander. Kara Walters était certes jeune mais elle était consciencieuse et donnait l'impression de vouloir faire son travail de la manière la plus professionnelle qui soit, aussi, Anastasia choisit de faire de même et de se concentrer davantage sur la question qui suivit que sur les problèmes personnels des uns et des autres, offrant cependant un peu de compassion :
- Je ne veux même pas imaginer ce que c'est que des maux de tête magiques, mais je compatis. Par contre, si vous avez besoin d'une pause pour... faire des trucs magiques ou juste faire un tour, c'est OK pour moi, l'informa-t-elle. Sinon on peut continuer.
Kara ne donna pas l'impression de souhaiter s"absenter - pas pour le moment, du moins. Alors la rouquine enchaina, tâchant de trouver les bons mots pour décrire ce changement marquant dans sa carrière ;
- Je ne sais pas si je vais être politiquement correct mais ce qui me plait, ce qui me plait vraiment, c'est l'idée que mes compétences - et celles de mes collègues - permettront peut-être un jour de mettre un "monstre", continua-t-elle en mimant les guillemets, hors d'état de nuire. J'aime quand la justice est rendue et je pense que pour bien le faire il faut comprendre comment fonctionnent les personnes qui la transgressent, tout en sachant ne pas outrepasser ses compétences. Par chance, je n'ai pas encore traité d'affaires trop sinistres. Ici, on est loin des séries télés et pourtant Storybrooke n'a rien à envier à la fiction, plaisanta la rouquine. Mais ce qu'on voit ici est différent. La plupart du temps je traite de problèmes plus triviaux, presque comme une policière municipale et c'est bien aussi. Ca fait du bien quand il y a moins de chaos que d'ordinaire - surtout ici. Non ?

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Je fais un léger sourire à la jeune femme.

« Vous êtes chanceuse de ne pas connaître ça. Surtout me concernant, disons que c’est un peu plus compliqué que de simple maux de têtes… » énonçais-je.

Concrètement, c’était ma salope de soeur qui voulait prendre le contrôle de mon esprit. Il fallait vraiment que Lena trouve une solution pour la virer de mon esprit pour de bon. Reprenant contenance, nous en revenons rapidement à l’interview, je devais finir cette interview et après je calmerais mes maux de têtes. Ramenant mon regard sur la jeune femme, je continue de noter ce qu’elle m’explique avec attention.

« Nous sommes d’accord. » énonçais-je avec un sourire.

Storybrooke n’était clairement pas une ville comme les autres. Pour sûr que si un humain lambda se trouvait à venir ici, il serait bien surpris. Je lève mon regard vers la jeune femme avant de reprendre la parole, un léger sourire sur le coin des lèvres.

« Oui, je suis d’accord. C’est bien d’avoir un peu de normalité dans cette ville qui est loin de l’être. » énonçais-je avant de reprendre « question suivante, avez-vous eu a passer des tests de compétences pour pouvoir intégrer l’équipe du Shérif ? » demandais-je à la jeune femme avant de me rendre compte que les questions étaient tout de même tout ce qu’il y a de plus chiantes mais je devais les poser pour…mon boulot.

Pando

La question de Kara n'était pas dénuée de sens car dans la majorité des endroits les personnes devaient avoir des diplômes ou démontrer leurs aptitudes avant d'obtenir un poste. Mais le cas de Storybrooke était à part, déjà parce que la plupart des gens occupaient un poste grâce aux faux souvenirs et aux fausses connaissances injectés dans leur esprit par le sort noir de Regina. Anastasia, par exemple, n'avait jamais réellement étudié la traduction - c'était un passé totalement forgé par la magie, mais cela ne l'avait pas empêchée d'être traductrice à temps plein pendant des années (voire de décennies, si jamais les 28 années qu'ils avaient vécues sans les voir passer comptaient un tant soit peu).
Et puis elle avait légèrement réorienté sa carrière mais sans passer de diplômes et en fait l'histoire était plutôt intéressante, quoi que puisse penser Kara de sa question un peu convenue.
- Pas exactement, reprit la jeune femme avec un air espiègle, pas mécontente de raconter cette drôle d'histoire. En fait la shérif de l'époque, Robyn, menait une enquête près de mon ancienne maison et après que je l'ai convaincue que je n'étais pas suspecte juste futée, poursuivit la jeune femme non sans relever le menton, nous nous sommes associées pour résoudre une affaire. Apparemment mes compétences lui ont plu car elle m'a donné un poste dans la nouvelle équipe qu'elle souhaitait monter et je n'ai pas passé davantage de tests ou peu importe quoi. Mais c'est le cas d'un peu tout le monde ici, non ? Cela dit j'ai jamais vu personne faire trop de conneries mais c'est peut-être pas nécessaire de me citer tel quel, ajouta la jeune femme d'un air entendu.