« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil, ce moment où on se souvient d'avoir fait la fête ? C'est à ce moment là que tu te souviendras... ...d'avoir véritablement fait le con la veille !
Une bière, un verre de whisky, un verre de vin tel qu'on en trouve dans ces bars, contiennent tous approximativement la même quantité d'alcool pur. Et il en existe des tonnes de sortes diverses et variées. La Pilsner, chez les bières. Blonde, claire, fraîche. La Triple, qui vient tout droit d'une abbaye. La Porter. Brune, caramélisée, tiède. La Stout. Légèrement fumée, grillée, avec un arôme de café et une couleur très froncée. Plus en on boit, plus on a envie d'en boire. Il y a de quoi devenir très vite accroc. Elles rafraichissent, mais elles procurent également un doux parfum de plaisir sur les lèvres. Quand je regarde ces gens autour de moi, tous ici dans le but de siroter l'une de ces substances, je me dis qu'il faut mieux parfois boire un bon rouge, que de broyer du noir. Ils sont exactement où il faut qu'ils soient.
« Le tout c'est de ne pas te déshabiller de suite. » précisa Hadès, tout en me montrant la fille qui se déhanchait sur scène, les seins à l'air libre.
Je fis une moue. Pauvre petite. La bière avait du lui monter bien trop vite au cerveau.
« Tu retires petit à petit ce qu'il faut, et tu fais monter la température légèrement. De toute façon, on s'arrange toujours à un moment ou à un autre, de couper la clim, histoire de les faire débourser encore plus d'argent. Ca empêche l'air frais d'atteindre le cerveau, et ce ne sont que des humains après tout. » ajouta Hadès tout en me souriant et en buvant une nouvelle gorgée de la Porter qu'il avait commandé.
Il aimé ce qui était sucré. Je lui avais adressé un petit sourire.
« Ne t'en fais pas. Je saurais faire exactement ce qu'il faut, quand il le faudra. » dis-je en approchant mes doigts du col de sa chemise, afin de reboutonner l'un de ses boutons.
Il gloussa. Je laissais échapper un nouveau sourire. Il était adorable quand il ne se contrôlait plus. Ce fut à ce moment là, qu'il décida de me laisser vaquer à mes occupations, et me concentrer sur ce qu'il me demandait. Ce n'était pas compliqué. Amener le plus d'argent possible, une fois sur scène, afin de payer le loyer. C'était un jeu d'enfant. Surtout avec toutes ces personnes autour de moi. Même si pour le moment, elles portaient leur attention sur la jeune femme qui se trouvait sur scène, et qui... oh la pauvre, se contorsionner dans des positions vraiment très désagréables. C'était pas étonnant que l'argent se faisait rare pour elle.
Je pris mon verre et but une grande gorgée de bière, avant de le poser sur le comptoir et d'aller m'asseoir un peu plus loin. A cet endroit précis, se trouvait un plus ou moins jeune homme attablé. Il attendait sans doute quelque chose. Ou alors il se contentait de broyer du noir, n'étant pas encore totalement passé à la consommation du rouge. Je l'avais observé depuis quelque temps, me demandant ce qu'il était venu chercher ici. Voyant son regard se perdre de temps en temps sur scène, je me disais que ça devait être la même chose que tout le monde dans ce lieu. Mais en même temps, il ne la regardait pas constamment. Et il n'avait pas encore glissé le moindre billet sous son slip. Etait-il pingre ?
« Elle a un corps légèrement doux. » dis-je.
L'homme se demandait sans doute qu'est ce qui me faisait dire cela. Est ce que je connaissais bien cette fille sur scène ? Est ce que j'étais avec elle ? Et qui dirait d'une femme, qu'elle a un corps doux ? Surtout que le siens paraissait plutôt rugueux. Mais si il observait bien mes yeux, il verrait qu'ils se portaient sur sa bière. Rien de plus.
« Vive. Fraîche. Fruitée. Quelques notes épicées. Une pointe sucrée. » ajoutais-je d'un ton légèrement exquis, délicieux. « C'est ma préférée. »
J'avais envie de tester quelque chose. De me sentir confiante. Même si je ne doutais pas de moi. Mais le jeu qu'Hadès m'avait proposé était nouveau. Il fallait que je m’exerce un tout petit peu, juste avant de passer à l'action. Est ce qu'avec simplement des paroles, je pourrais rendre fou un homme ?
« Qu'est ce qui vous amène dans ce bar ? » demandais-je avec un petit regard en direction de la fille qui venait enfin de récupérer un billet tout neuve, tout beau, d'un dollars.
J'avais émis un bref sourire. Sentant la situation devenir totalement ridicule, pour elle. J'allais vraiment faire ça ? La différence, ça serait que je pourrais les enflammer. Sans réellement y prêter attention, j'avais passé un doigt sur le verre du jeune homme, afin d'y récupérer le sucre qui était posé sur le bord. Puis, je l'avais porté à mes lèvres.
« Ok. » laissais-je échapper avant de lever les yeux au ciel, me rendant compte que je devenais aussi ridicule que cette jeune femme.
Je n'avais pas besoin d'entrainement. C'était stupide. Je pouvais rester simplement moi même. Passant une main dans mes cheveux, celle qui était non sucrée, je les avais ramenés en arrière et j'avais pris un verre de vin qui se trouvait sur le comptoir, un peu plus loin. Je l'avais bu cul sec, avant de me tourner sur mon siège, pour être face à la scène.
« Qu'est ce qui rend tous ces gens en proie au désespoir ? » demandais-je. « Il y a tellement de choses à faire, à découvrir. Encore pour la fille, elle paye ses factures. Mais eux ? »
Je voulais un peu comprendre ce qui les poussait à agir de la sorte. J'en avais vue des hommes et des femmes depuis que j'étais ici. Ca faisait déjà plusieurs mois. Hadès m'avait expliqué au mieux tout ce qui était important. Comme comprendre le besoin vital d'avoir de l'argent. Toujours plus d'argent. Tout comme Merida m'avait appris à comment le dépenser intelligemment : se vêtir, se faire plaisir, et aussi se nourrir si le besoin s'en faisait sentir. Mais je ne comprenais toujours pas, comment après avoir combattu et sué pour avoir cet argent, on pouvait le dépenser de cette manière là. Pourquoi l'argent ne les rendait pas plus heureux, vue que c'était vital pour eux ?,
« Etes vous en manque ? » lui demandais-je avant d'observer son pantalon.
D'ordinaire, c'était là que ça se trouvait. Du moins chez les hommes. J'en avais vue encore très peu depuis que j'étais ici, mais suffisamment pour savoir où ils se situaient. Ils n'étaient pas tous pareil. Certains étaient plus remplis que d'autres.
« Je ne vous ai pas vue donner le moindre billet depuis votre arrivée. »
Il n'avait pas une seule fois sortit son portefeuille. Manquait-il d'argent ?
« Vous n'avez pas de quoi satisfaire cette jeune femme ? » l’interrogeais-je.
Ce n'était qu'un billet d'un dollars. Pas grand chose. Mais suffisamment pour lui faire plaisir. Après tout, elle leur procurait bien à tous du plaisir. Alors pourquoi ne pas lui en rendre un peu ?
Jules Verne
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Je n'écumais pas les bars, contrairement à ce que l'on aurait pu penser. J'avais une mission, fort louable de surcroît : celle d'infiltrer les lieux afin de mieux comprendre la jeunesse d'aujourd'hui et son goût pour la débauche. De mon temps, les gens savaient s'encanailler mais les habitudes changeaient, tout en restant fondamentalement les mêmes.
De temps à autre, je notais quelques phrase sur le carnet posé à côté de mon verre. Se documenter est essentiel quand on veut produire un bon roman. J'avais décidé de m'aventurer sur un sujet différent de mes Voyages Extraordinaires, car tout ce que j'avais écrit depuis mon arrivée au XXIème n'avait pas intéressé les éditeurs.
Une voix féminine interrompit mon observation. Surpris, je tournai la tête et découvris une jeune femme voluptueuse. Sa phrase me dérouta, mais je compris bientôt qu'elle parlait de la bière posée sur la table devant moi. Sans vergogne, elle passa son index contre le rebord du verre et le porta à ses lèvres. Quelque peu écoeuré, je fronçai les sourcils. Dieu seul savait où elle avait fait traîner ses doigts. J'allais devoir commander une autre bière.
Elle but d'une traite un verre de vin tout en restant à proximité, nonchalamment appuyée contre le comptoir. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle avait de l'allure.
"Qu'est ce qui rend tous ces gens en proie au désespoir ? Il y a tellement de choses à faire, à découvrir. Encore pour la fille, elle paye ses factures. Mais eux ?"
"C'est pour cette raison que je suis ici." répondis-je avec une arrogance propre aux écrivains de renom. "J'essaie de comprendre ce qui plaît à ces hommes, quand on isole le plaisir lubrique, évidemment. Il faut toujours aller au fond des choses."
J'esquissai une moue, estimant ma formulation plutôt maladroite étant donné l'endroit où nous nous trouvions.
"Etes vous en manque ?"
Je la dévisageai, clignant plusieurs fois des yeux. Avais-je bien entendu ? Qui était-elle pour se permettre de poser de telles questions à un parfait inconnu ? Je supportais déjà ce genre de remarques de la part de Cassandre, je n'avais pas besoin d'en subir d'autres.
Mes sourcils se froncèrent et mon regard s'assombrit davantage à mesure que la jeune femme s'enfonçait dans son raisonnement. Que venait donc faire l'argent dans cette conversation ? Enfin, je compris : elle faisait allusion à mon portefeuilles et non à ma virilité. A demi soulagé, j'articulai dans un soupir :
"Vous n'avez pas l'air de sortir beaucoup."
Je lui adressai un petit sourire et me tournant véritablement vers elle tout en restant sur ma chaise, je repris :
"Etes-vous une princesse tout juste libérée d'un long emprisonnement ? En tous cas, je mettrais ma main à couper que vous n'êtes pas de la région."
Par 'région', j'entendais évidemment le monde réel. D'où venait-elle ? Piqué par la curiosité, je lui indiquais galamment la chaise en face de moi.
"Et vous, quel bon vent vous amène dans un tel bar ?" demandai-je, intrigué.
D'un claquement de doigt, j'appelai une serveuse et ajoutai, tandis qu'elle arrivait vers nous, en désignant ma bière :
"Je vais en reprendre une. Oh, et servez ce qui plaira à Mademoiselle."
Je glissai ensuite à la jeune femme :
"Je vous invite."
Mes recherches pour mon prochain roman pouvaient attendre. J'appréciais les nouvelles rencontres. C'était toujours enrichissant, surtout dans une ville telle que Storybrooke ! De plus, depuis que j'avais retrouvé mon corps d'adulte, je n'avais plus de couvre-feu à respecter. C'était incroyablement libérateur. Autant en profiter.
crackle bones
Miss Galatée
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« De toute façon, Hadès,
tu n'es jamais content... »
Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil, ce moment où on se souvient d'avoir fait la fête ? C'est à ce moment là que tu te souviendras... ...d'avoir véritablement fait le con la veille !
A la question de Jules, j'indiquais un homme assis au bout du comptoir. Ce dernier, tourna la tête dans notre direction au moment même où je le désignais du menton. Un minotaure, qui accompagnait la serveuse, m'observa, avant de se diriger vers l'homme, et de poser une main sur son épaule.
« Ma Reine te demande. » dit-il, tandis que ce dernier tenta de s'agripper à ce qui se trouvait à proximité de lui.
Dans le cas présent, il s'agissait de sa bière blanche. Une fois à ma hauteur, l'énergumène, ainsi que son agresseur, m'adressèrent pour l'un, un grand sourire, pour l'autre, une grimace de douleur. Je compatis à sa détresse. Le Minotaure lui serra d'avantage l'épaule.
« Sois polis avec ma Reine. »
« Bonjour, comment ça vaAAAA ?! » débuta t'il, avant d'achever sa phrase par un sourire forcé et un petit cri de douleur.
Le Minotaure venait d'enfoncer un de ses ongles dans la chair de l'homme, ce qui l'avait fait pousser ce cri.
« Désolé. » laissa t'il échapper.
« Qu'est ce que c'est ? » demandais-je au Minotaure.
« Un homme. » répondit-il le plus platement possible. « Souhaitez vous que je vérifie ? »
Je plissais les yeux. Etait-il sérieux ?
« Je sais ce qu'est un homme. Mais pourquoi me l'avoir apporté ? »
Le Minotaure semblait troublé par ma question. Se pouvait-il qu'il ait compris que je veuille d'un homme, et plus précisément de cet homme là ? Pour lui faire comprendre ce que j'avais pointé du doigt, je pris le verre de bière blanche des mains du jeune homme, qui me la donna sans la moindre hésitation, tout en souriant du mieux qu'il pouvait. J'avais la sensation qu'une larme était en train de couler le long de sa joue.
« Ahhhh... » firent la serveur et le Minotaure en chœur.
Ce dernier venait sans doute de serrer une nouvelle fois l'épaule de l'homme. Car lui aussi poussa une exclamation, mais pas la même. Je fis un geste de la main pour qu'il le laisse vaquer à ses occupations. Le Minotaure ne se fit pas prier.
« Je n'aime pas être méchant. Mais on m'a diagnostiqué bipolaire. » dit-il en haussant les épaules avant de laisser échapper un grognement.
C'est qu'il pouvait être flippant. Je lui adressais un petit sourire forcé, avant de me tourner vers Jules.
« La prochaine fois je me contenterai d'une carafe d'eau. » précisais-je avant de finir la bière que j'avais dans les mains.
Il n'y en avait pas beaucoup. L'homme l'avait déjà entamé. Je n'osais pas en commander une autre. La serveuse étant toujours là, j'en profitais pour lui demander la même chose que Jules. Mieux valait ne pas être compliqué quand il s'agissait de passer commande dans ce lieu.
« Je suis ici pour les même raisons que vous. » précisais-je afin de répondre à la question du gentleman qui venait de m'inviter à boire. « J'essaie de comprendre ce qui plaît aux hommes, afin de leur faire débourser le plus d'argent possible. Ca paye le loyer et les couches. »
A en croire Merida, c'était important les couches. Je me demandais pourquoi ils ne mettaient pas à Autumn quelque chose de plus abordable ou un simple morceau de tissus. On faisait ça de là où je venais. On n'était pas très porté sur les vêtements encombrants. Ce fut à ce moment là qu'on nous apporta nos boissons. Je pris ma bière en main. J'en avais bu combien depuis que j'étais arrivé ici ?
« Vous trouvez que j'ai l'air d'une Princesse ? » demandais-je, intriguée.
« Ma Reine a tout d'une Princesse. » répondit le Minotaure qui avait fait une nouvelle fois route dans notre direction.
Il avait accompagné la serveuse. Elle aussi m'observait avec ses deux grandes antennes, en hochant la tête.
« Une magnifique Princesse. » précisèrent-ils en chœur.
Hadès choisi ce moment précis pour venir à notre table, et déposer un baiser sur mes cheveux, tout en posant ses mains sur mes épaules.
« Ca va être à toi. Fait les brûler, ma belle ! » dit-il avant de m'adresser un clin d'oeil et de s'éloigner.
Il n'adressa même pas un regard à Jules. Au lieu de cela, il prit un micro à proximité de la scène et parla dedans.
« On vous accorde quelque minutes de répis, puis vous aurez le droit à Galatée. Une étoile qui va vous faire monter très très haut ! »
J’eus le droit à un nouveau clin d'oeil, avant que le dieu des Enfers claque dans ses mains et qu'un Minotaure passe avec un rideau à proximité de lui, pour faire mine que ce dernier pouvait disparaître dans un claquement de doigt. C'était plutôt amusant. J'adressais un regard à l'inconnu.
« Si vous êtes là pour tenter de comprendre ces hommes... qui tente de vous comprendre, vous ? » demandais-je intriguée.
Il était plutôt mystérieux comme bonhomme.
Jules Verne
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Peut-être aurais-je dû commencer par écumer n'importe quel bar en dehors de Storybrooke, car comme d'habitude dans cette ville, rien ne se déroulait comme prévu. Mon goût pour l'aventure me poussait sans doute à creuser sans cesse plus profondément dans les méandres de cette métropole grouillante de magie et de divin. Je n'étais jamais rassasié. Il m'en fallait toujours plus. Pour m'émerveiller. Me fasciner. M'intriguer.
Je fus à peine surpris par le comportement du minotaure -le pauvre bougre était bipolaire- encore moins par les antennes de la serveuse. Toutes ces excentricités faisaient désormais partie de mon existence, et je les appréciais tout autant que je les redoutais. Je craignais toujours ce moment où j'irais trop loin dans l'absurdité et où il n'y aurait aucun billet de retour. Depuis le début de ma seconde vie, au XXIème siècle, j'avais failli mourir plusieurs fois. La dernière en date, qui avait laissé sa marque sur mon ventre sous la forme d'une cicatrice, était un vestige d'un coup de poignard porté par un titan furieux sur ma personne. Je l'avais échappé belle. Quelqu'un de sensé aurait pris sa retraite et se serait tenu à l'écart de toute source de stress ou de danger pour les quarante ans à venir. A l'époque, c'est sans doute ce que j'aurais fait.
A présent, je désirais vivre dangereusement. A croire que la moindre tension me rendait plus vivant. J'avais besoin de sensations fortes pour faire taire la torpeur qui me gagnait chaque jour davantage, cet engourdissement qui sommeillait en moi. J'avais beau faire semblant, j'étais un vieillard à l'intérieur. Et j'avais la désagréable impression qu'un jour, je me réveillerais prisonnier d'un corps devenu trop âgé. Je craignais que deux ans me rattrapent en l'espace d'une nuit.
Pour ne pas y penser, je m'encanaillais. Je cherchais le bon temps là où tout le monde le trouvait. Certes, je ne perdais pas une occasion d'analyser les choses qui m'entourent et de prendre des notes, mais ce que je souhaitais véritablement était de m'amuser. Ne nous voilons pas la face.
La distraction était parée de ses plus beaux atours en la personne désignée comme "Reine" par le minotaure. Peut-être avais-je été négligent en la traitant de princesse. De quelle royaume était-elle la souveraine ? J'allais poser la question quand Hadès surgit et déposa un baiser sur le haut de sa tête. Je clignai des yeux et avalai de travers la gorgée de bière que la serveuse venait d'apporter. Le dieu plaça ensuite les mains sur ses épaules, l'encouragea et s'éloigna sur un clin d'oeil. Il se dirigea ensuite vers l'estrade et annonça le passage imminent de la "reine" qui était assise en face de moi. Cette dernière me posa une question tout à fait décalée par rapport à la scène qui venait de se dérouler.
"Si vous êtes là pour tenter de comprendre ces hommes... qui tente de vous comprendre, vous ?"
D'un revers de main, j'essuyai la mousse sur ma bouche sans cesser de l'observer, clignant des yeux de temps à autre.
"J'attends la personne qui sera capable d'un tel exercice." répondis-je avec honnêteté. "Peut-être pourriez-vous essayer ?"
Je lui adressai un sourire et passai un doigt contre la condensation du verre glacé.
"Galatée, donc." repris-je d'un ton détaché. "Reine des minotaures qui a besoin de payer le loyer et les couches."
Je ne faisais que répéter ce qu'elle avait dit. Par ce biais, j'avais conclu qu'elle avait un enfant en bas âge. Peut-être deux, si c'était des jumeaux. Non, ne noircissons pas le tableau trop vite.
"Je me mêle sans doute de ce qui ne me regarde pas, mais il y a bien d'autres façons pour une jolie jeune femme de trouver de l'argent."
Mon index remonta jusqu'au bord du verre et en fit le tour distraitement. Le Tour du verre en quatre-vingt dix doigts... Je n'étais pas suffisamment éméché pour commencer à réfléchir sérieusement sur ce genre de roman. Je ne voyais pas encore assez flou. J'appréciais d'avoir une bonne vision afin de ne rien manquer des spectacles proposés dans cet établissement.
"Je suppose que rien de ce que je pourrais dire ne vous fera changer d'avis, alors je me contenterai de regarder votre prestation." déclarai-je, toujours aussi nonchalant, en m'adossant contre la banquette. "Si je vous trouve satisfaisante, il se peut que je vous tende quelques billets."
Je me penchai vers elle, ajoutant comme une confidence :
"Mais pour cela, il faudra me surprendre."
Je souris de plus belle avant de boire une nouvelle gorgée de bière. Le minotaure non loin nous observait, debout, les bras croisés.
"Tu honores ma reine !" fit-il, visiblement ravi.
Je levai mon verre dans sa direction avec une moue entendue. En plus, j'avais mis le minotaure dans ma poche. J'étais remarquablement incroyable par nature.
"Vous ne devriez pas suivre les conseils d'Hadès." précisai-je tout de même à voix basse à la jeune femme (car je n'avais pas spécialement envie que mon nouvel "ami" à cornes ne change d'avis à mon sujet). "Il est peu recommandable."
Je lui adressai un regard équivoque.
"Je ne veux pas vous faire manquer votre moment." achevai-je en désignant la scène du menton.
Je portai de nouveau la chope à mes lèvres. Le goût à la fois amer et fruité de la bière coula dans ma gorge. Délicieux.
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Miss Galatée
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Il y a quelque chose qui me met facilement en condition. Les hommes. Ce sont des êtres peu complexes, avec un très faible taux de concentration. On peut facilement leur faire perdre l'esprit, que ce soit par l'alcool ou par les divers charmes dont on dispose, nous, les femmes. Je suis une pirate. Je connais les hommes. Je connais tous les hommes. J'ai eu un bon exemple, mon père. Une femme dans chaque port. Je sais ce qu'ils veulent, quand ils le veulent et sans même avoir besoin de me poser la question, je sais si ils me veulent.
J'avais observé Jules attentivement. Il ne me voulait pas. Ou plutôt il me désirait comme chaque homme, mais il ne souhaitait pas m'avoir. Il n'était pas là pour ça. Il était bien loin de tous ces pirates qui peuplaient ce bar. Et à première vue, il ne possédait qu'un seul défaut. Il était quelqu'un de patient. Il aimait prendre son temps. Je le voyais à travers ses doigts. A sa façon de faire le tour de son verre. Son corps était ici, mais son esprit vagabondait ailleurs. Ca ne devait pas être facile de faire monter la pression chez lui, alors que chez la plupart des hommes, il suffisait de prendre son temps, pour qu'ils soient à deux doigts d'arracher avec leurs dents le restant de tissus collant à notre peau, à ma peau.
Je ne l'avais pas quitté du regard. Je décidais où il me regarderait. Dans les yeux. C'était ainsi que je le voulais. Ne jamais quitter un homme du regard. C'est nous qu'on décide où ses yeux se posent et quand ils se posent. Un clignement d'oeil, la tête légèrement baissée, et leurs regards changent de position. On les perd. Si on perd leur attention, ils prennent le dessus.
Guêpière. Porte jar-telles. Talons afin de sublimer mon look. Hadès m'avait donné de très nombreux conseils. Il devait avoir eu un bon professeur dans le domaine. A ce que j'avais compris, c'était de cette manière que Merida gagnait sa vie. Mais je ne comptais pas m'y prendre de cette façon là. Ma tenue, celle de guerrière, m'allait à merveille. Elle ferait largement l'affaire. Et puis, changer de tenue maintenant, ça jouerait contre moi. Il fallait garder l'attention des hommes. Conserver le mystère, et surtout... ne pas le perdre des yeux. J'avais légèrement souris, avant de m'élever légèrement, et de gagner la scène, en restant face au public. Certains hommes avaient émis une petite exclamation. Me voir m'élever devait les intriguer d'avantage. Je pouvais voler. C'était un monde magique et ils arrivaient encore à être émerveillé par quelque chose d'aussi ordinaire.
>>> Burn with me - if you can <<<
J'étais prête. Fin prête. Mais... quelque chose m'empêchait de bouger. Pas dans le sens où je n'étais pas libre de mes mouvements, mais plus dans celui où aucune partie de mon corps répondait au son de cette chanson... c'était quoi ce délire ?
« T'es en train de saborder mon show ? » demandais-je à Hadès, qui avait sur la tête un casque, et qui jouait avec des touches là où se trouvait le contrôle de la musique.
Lui, il était en rythme et il bougeait. J'avais croisé les bras contre ma poitrine et je l'avais fixé, attendant qu'il daigne me porter toute son attention. Les gens s'impatientaient eux aussi. Au bout d'un certain temps, il se stoppa et ôta son casque. Quant à Jules, j'avais totalement perdu son regard. Il observait Hadès, tout comme la plupart des hommes. Il n'y en avait qu'un qui continuait à fixer mes chaussures. Je secouais la tête, prenant un air de dégoût avant de me concentrer sur mon frère.
« Je suis sûr qu'Autumn kifferait grave cette musique ! Ca fait comme une berceuse, mais rythmée. Faut que je trouve d'où ça vient. Mais continue. Fait comme si je n'étais pas là. »
Je continuais... à le fixer. Il était sérieux ? Il pensait que je pouvais danser sur ce genre de musiques ? Je fis le chemin qui me séparait de lui. Puis, je tournais la tête vers l'appareil, avant d'appuyer sur un bouton. Il semblait surpris que je sache me servir de ce genre d'appareils. Pour qui il me prenait ? J'étais une pirate. J'apprenais vite. La voix d'un homme raisonna. Ainsi que les notes d'une chanson.
>>> Round 2... <<<
Ca collait bien plus au genre de musique que je souhaitais. Lui adressant un petit sourire, je me détournais de lui afin de rejoindre la scène. Cette fois ci, de dos. Il allait falloir que je retrouve très vite l'attention de tout le monde. Mon regard détailla la foule, avant de se porter sur l'énigmatique Jules. J'avais une nouvelle fois plongé mes yeux dans les siens. Je voulais voir de quoi il était capable. Etait-il aussi patient que je l'avais imaginé ? En une fraction de seconde, ma tenue fut traversée par une trainée de flamme bleue, tandis que mes cheveux s'illuminèrent. Elle se transforma totalement afin de ressembler à quelque chose de plus sexy. Allait-il continuer à me fixer droit dans les yeux, ou finirait-il par devenir un pirate ordinaire comme tous ces hommes ?
J'allais enchainer. Mais... une nouvelle fois, on fut coupé par la précédente chanson. Ce qui me fit pointer le poing en direction de la sono et envoyer une décharge dessus. Cette dernière explosa. Tandis qu'Hadès m'observait avec un air sceptique, je lui adressais un nouveau sourire, avant de le désigner du poing.
« Tu as raison. Mieux vaut s'arrêter là. Si tu ne veux pas faire ce striptease, je ne veux pas te forcer. Allez, on ferme pour ce soir ! Payez vos consommations, prenez des doggy bag si vous ne les avez pas fini, et partez ! » dit-il en s'adressant à la foule avec un grand sourire.
Je plissais les yeux et baissait le poing. Il était sérieux ?
« Je croyais que tu avais besoin d'argent pour les couches d'Autumn. » demandais-je face à son changement de comportement.
Il m'avait rejoins à proximité de la scène. J'avais fait les pas qui me séparaient de lui. Il baissa les yeux pour mater mon décolleté, avant de fixer mon sein gauche. Je souriais, voyant à quel point il était faible, avant de croiser une nouvelle fois mes bras tout contre ma poitrine. Il sembla embarrassé, mais il ne s'arrêta pas de mater pour autant. Ma tenue repris forme par dessus mes sous vêtements. Il daigna enfin me regarder dans les yeux.
« Je suis venu à ton secours. J'ai tout de suite vue que ça te dérangeait tout ça. Et c'est normal, vue que je suis ton frère. Du coup, mieux vaut qu'on en reste là avec ces danses. On trouvera de l'argent autrement. »
Ca me dérangeait ? Ou ça le dérangeait, lui ? Je secouais la tête avant de lui faire une bise sur la joue. Il était un peu plus grand que moi. J'atteignais plus facilement sa joue que son front. Puis, je me détournais de lui, afin de rejoindre Jules. Je lui fis un geste de la main pour lui indiquer de se lever.
« Vous pouvez rester ici à admirer un spectacle approuvé par mon frère, ou me rejoindre au dehors. Je dois toujours vous surprendre. Et vous ne voudriez pas me faire manquer mon moment... n'est ce pas ? » lui dis-je avec un petit sourire en coin, juste avant de quitter le Rabbit Hole.
Allait-il me suivre ? Si tel était le cas, il allait devoir assurer. Il allait devoir se préparer à la chance de sa vie. Etre prêt à une sensation totalement nouvelle pour lui. J'avais vue quelque chose en lui quand il m'avait observé sur scène. Quelque chose qui m'avait permis d'élaborer ce qui allait suivre. Une nouveauté brillante, lumineuse, qui s'approchait pas à pas de lui, si bien sûr il faisait le premier pas dans ma direction. Ca allait être lui. Mais ça aurait pu être n'importe lequel d'entre eux. J'en cherchais qu'un, un seul. Le hasard avait voulu que ce soit lui.
Jules Verne
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Son frère ? Hadès était son frère ? J'avais accueilli cette nouvelle avec surprise. Du peu que j'avais suivi de la conversation, Galatée dansait lascivement afin de payer les couches de sa nièce. Le comportement de l'ancien dieu ne me surprenait qu'à moitié. N'est pas infernal qui veut ; lui excellait en ce domaine.
"Vous pouvez rester ici à admirer un spectacle approuvé par mon frère, ou me rejoindre au dehors. Je dois toujours vous surprendre. Et vous ne voudriez pas me faire manquer mon moment... n'est ce pas ?"
Je me contentai de répondre par un haussement de sourcil à cette invitation. Qu'avait-elle donc en tête ? J'étais plus intrigué qu'échauffé par sa proposition, bien que j'avais regardé le début de son numéro, sur scène. Inutile de faire semblant. Je ne me trouvais pas dans un établissement respectable, par conséquent, il était superflu de vouloir le paraître.
Je portai la chope à mes lèvres, engloutis le fond de ma bière cul-sec, et la reposant dans un claquement sur la table, je me levai d'un bond.
"Allons au devant du futur !" lançai-je tout en lui indiquant la sortie.
Je marchai à ses côtés tandis que nous quittions le Rabbit Hole surchauffé pour rejoindre la température agréable de cette nuit d'été. Distraitement, je tirai sur ma chemise qui collait plus ou moins à ma peau. La brise nocturne aurait tôt fait de la sécher.
"Si je puis me permettre un conseil, vous avez montré votre lingerie beaucoup trop vite." déclarai-je posément à Galatée, sans cesser d'avancer d'un pas alangui. "C'est l'erreur de la débutante. Il serait plus avisé de faire disparaître votre armure en plusieurs fois, ou alors d'entretenir le suspense en portant une autre tenue en-dessous, pour révéler seulement ensuite la subtilité de vos sous-vêtements. Le spectacle n'en serait que plus impressionnant. Et vous garderiez l'attention des messieurs du début à la fin. En dévoilant votre jeu trop vite, vous risquez de lasser."
Si l'on m'avait dit un jour que je donnerais des conseils à une jeune femme pour effectuer un strip-tease... Décontracté, je levai la tête vers les étoiles à peine visible en raison de la pollution lumineuse, et fronçai quelque peu les sourcils. Il ne faut jamais manquer une occasion d'élargir ses horizons. Toujours aller plus loin, plus profondément au coeur de chaque sujet. C'est une façon de se spécialiser dans tout ce qui nous entoure. De mieux comprendre le monde et ses subtilités. Dans ma jeunesse, j'aspirais à tout connaître afin que plus rien ne m'échappe. A présent, je m'apercevais de mon erreur : il ne faut pas être incollable sur tout, sinon on finit par s'ennuyer. Fort heureusement, l'univers est suffisamment vaste pour ne jamais cesser de nous intriguer.
"Ma question va sans doute vous paraître incongrue mais... comment êtes-vous devenue la soeur d'Hadès ?"
Je tournai la tête vers la jeune femme, l'observant avec curiosité ainsi qu'une certaine fascination. Par ce biais, elle se sentirait flattée et me répondrait avec davantage d'aisance.
"D'aussi loin que je me souvienne, il n'y a aucune déesse se prénommant Galatée. Et aux dires du minotaure, vous n'en êtes pas une puisque vous êtes une reine. J'aimerais obtenir certains éclaircissements."
Je lui adressai un sourire et réalisant que nous marchions sans but précis, ralentis l'allure.
"Pourrais-je également savoir où vous comptez m'emmener afin de me 'surprendre' ?"
Mon expression devint mutine alors que j'ajoutai :
"Vous pouvez entretenir le mystère sur ce point. J'adore les aventures ! Du moment que vous n'avez pas en tête de faire de moi un sacrifice rituel pour je-ne-sais quelle organisation occulte de Storybrooke !"
J'eus un petit rire qui mourut dans ma gorge, m'apercevant que tout était possible, après tout. Discrètement, je plongeai la main dans la poche de mon pantalon, vérifiant la présence de mon téléphone portable. Il était là. Parfait. Ensuite, je comptai mentalement combien de minutes il me faudrait pour composer un numéro et réclamer de l'aide. Beaucoup trop longtemps. Je n'avais pas l'aisance des jeunes pour pianoter sur ces maudits écrans tactiles -même si je me révélais plus doué qu'Apollon, ce qui n'était pas une petite fierté.
Décidant de ne pas montrer ma nervosité, je redressai le menton et arborai une expression désinvolte.
"Quelle direction ?"
Je me souvenais avec quelle facilité Galatée avait explosé l'appareil produisant de la musique, au Rabbit Hole. Nom d'un petit bonhomme, dans quoi m'étais-je encore embarqué ?
crackle bones
Miss Galatée
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Brie Larson :-)
« De toute façon, Hadès,
tu n'es jamais content... »
Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil, ce moment où on se souvient d'avoir fait la fête ? C'est à ce moment là que tu te souviendras... ...d'avoir véritablement fait le con la veille !
J’eus un petit sourire à l'évocation d'un potentiel sacrifice rituel. On faisait cela aussi par chez eux ? Je me demandais si c'était les même que ceux pratiqués par les sorcières des septs mers. En tout cas, il ne semblait pas enclin à être la personne qui servirait de « don au dieu des océans ». Quand il me demanda vers qu'elle direction on allait se rendre, je me contentais de sourire tout en levant mon poing. Une fois à la hauteur de mon visage, je dépliais mon index afin de pointer le ciel. Il faisait nuit. Une nuit étoilée. C'était vers les étoiles que je comptais le surprendre.
« Cap vers les étoiles ! » m'exclamais-je tout en m'élevant dans les airs.
Je savais pertinemment que l'homme - dont j'ignorais encore le nom - ne savait pas voler. Ca m'importait peu. Il n'avait pas besoin de pouvoir le faire, du moment qu'il était à proximité de moi. Car je pouvais réaliser un tel exploit. C'était pour cette raison qu'il s'était élevé. Même si de lui même il ne pourrait pas se diriger dans le ciel. Il ne pouvait qu'être à proximité de moi. Si je m'éloignais, si je décidais de le laisser, il tomberait. Il avait tout intérêt à rester gentil avec.
Voilà comment débute cette histoire. Dans un sens, toutes mes histoires commencent pareil. Par un vol dans le ciel. C'est ainsi que ça c'est passé avec pratiquement toutes les personnes qui m'ont entourés. Que ce soit mon père, mon frère, mes amis... il n'y avait qu'avec Hadès qu'on avait jamais volé. C'était important de voler, car dans le ciel, on ne pouvait être qu'honnête.
« Il faut rester positif et détendu. C'est le secret pour ne pas tomber. Toujours garder la tête haute et regarder en direction des étoiles. » dis-je à l'inconnu. « On quitte la terre ferme pour quelque chose de plus grand. »
Dans le ciel, il y a de tout. Des hommes, des femmes, des animaux. Il y a des êtres bons, des êtres mauvais et entre, il y a les pirates. De très nombreux bateaux, de très nombreuses contrées, de magnifiques trésors. Il y a même une magnifique petite île où mon père m'y amenait mon frère et moi, quand on étaient encore petits. Cette histoire là, je la gardais pour moi. Elle était parfaite. Parfaite à mes yeux. Surtout quand on s'y rendait que tous les trois. On s'amusait à relâcher les homards que mon père pêchait. On enrichissait notre vocabulaire quand on se chamaillait mon frangin et moi.
« C'est ta première fois ? »
J'avais laissé le vouvoiement de côté. C'était quelque chose typique d'ici. Chez nous, les pirates, c'était bien plus facile. On se parlait tous de la même manière. Il n'y avait que nos capitaines que l'on respectait. Et ça ne nous empêchait pas de leur parler exactement comme on parlait aux autres. La seule différence, c'est qu'on les critiquaient quand ils n'étaient pas là. Jamais de face. Du moins pas quand on n'était pas la fille du capitaine.
« Les hommes ne sont pas sacrifiés. » affirmais-je mon inconnu.
Il ne le savait peut-être pas. Ou alors c'était différent ici. Mais chez nous, on ne sacrifiait jamais les hommes.
« Ca n'aurait aucun intérêt. Seules les femmes en ont. » dis-je avec un petit sourire.
On devait être spéciales. Pour ça que je n'avais jamais assisté au moindre sacrifice masculin. Uniquement des femmes. Généralement jeunes, et vierges. C'était trois critères important. Les hommes n'étaient sans doute pas assez pur pour servir de sacrifice.
« On va mouiller là bas ! » précisais-je en indiquant une étoile.
Bien entendu, je ne comptais pas me rendre jusqu'à elle. Le chemin serait bien trop long. Mais en direction d'elle, très certainement. De toute façon, on était pas encore assez haut. Bien qu'on grimpait vite. Je ne me rendais même pas compte de ma vitesse. Je savais juste que l'inconnu me suivait toujours et qu'on avait désormais une magnifique vue de la Terre. Peut être que je pouvais m'arrêter là ? Qu'on pouvait la contempler quelques instants. Et que je pourrais déjà m'assurer qu'il survivait. Il n'était pas habitué à prendre de la hauteur. Même si tant qu'il était à proximité, l'oxygène ou toutes ces choses utiles n'étaient pas un soucis pour lui.
Quand je vois cette planète, ça me laisse songeuse. Je me demande bien pourquoi c'est ici que les dieux ont trouvés refuge. Ce que ce monde a de si spécial. Il est peuplé des même créatures qu'on trouve ailleurs. Il n'est pas si différent de nos mondes îles. A dire vrai, je me sens pratiquement comme chez moi. Ce qui doit faciliter mon acclimatation. Et puis, Hadès y est pour beaucoup. Même si ça lui arrive d'être un peu collant parfois. Je me demande si il l'est avec tout le monde. J'aurais tout le loisir de poser la question à l'inconnu. D'ailleurs en parlant de cela, il y avait une question qui m'importait beaucoup. Ou plutôt... qui m'intriguait.
« Quel nom on t'a donné ? »
On a tous un nom qui n'est pas du au hasard. Bien qu'en voyant celui que portaient certains habitants de ce monde, je me demandais si ici, ce n'était pas au petit bonheur la chance qu'on attribuait les noms. Le miens, signifiait « la fille à la peau de lait ». J'étais blanche de peau et blonde de couleur de cheveux. Mais quand j'étais encore un bébé, j'avais juste quelques mèches de couleur blanche qui avaient poussés. Ils étaient tombés par la suite, laissant place à mes cheveux blonds qui me suivaient encore aujourd'hui. On m'avait appelé Galatée pour cette raison. J'étais une fille des eaux. Issue d'un pirate et d'une nymphe. Et pourtant, mon nom inspirait le ciel. C'était ce que disait toujours mon père. Je n'étais pas faite pour la terre ferme et encore moins pour les mers. J'avais besoin d'espace. D'un plus grand espace. Un infini...
C'est ainsi que s'est toujours poursuivie mon histoire. Je suis une guerrière. Ma vie est remplie de guerres, de sangs et de sacrifices. Mon histoire est celle de mon père. Le plus puissant pirate que le monde connaitra jamais. Je vivrais à jamais à travers sa légende. Quant à lui, il vivra dans mon coeur. Mais je me détache de lui par cette particularité. Ma place n'est pas sur les mers à la tête de sa flotte. Elle est dans le ciel ! C'est pour ça que je me suis éloigné de lui. Pour cela que je n'ai pas pu les protéger comme j'aurai du...
Jules Verne
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
J'avais été à vingt mille lieues de deviner où la demoiselle avait l'intention de m'emmener. Direction les étoiles... C'était une destination des plus palpitantes ! Bien que j'aurais préféré m'y rendre à bord de n'importe quelle navette plutôt que de me servir de mon corps comme vaisseau. Galatée était assurément fascinante : elle était capable de voler dans l'espace et de me faire profiter du voyage de la même manière.
Mon étonnement laissait place à la curiosité. J'avais compris que j'étais dépendant de son champ d'attraction ; tant que je serai près d'elle, l'éther de l'infini ne comprimerait pas mes poumons ni mes organes vitaux. Je ne flottais pas, j'évoluais à vive allure. Les étoiles autour de nous se noyaient dans un flou artistique. Nous étions des fusées, des comètes.
J'avais écouté la jeune femme : je n'avais aucune fois regardé en arrière. Je savais qu'autrement, la panique m'aurait gagnée. Mon esprit en serait devenu fou. D'ailleurs, je peinais à rester maître de moi-même tandis que nous passions près d'une nébuleuse rose et bleue, figée dans l'éther.
J'étais à la fois terrifié et émerveillé. J'avais l'impression que mes yeux ne seraient jamais suffisamment grands ouverts pour observer toute la fabuleuse immensité de l'infini.
Subjugué par tant de beauté, j'avais à peine écouté Galatée. Il faut dire qu'elle avait de quoi se mesurer à la majesté de l'univers : dès l'instant où elle s'était élevée vers le ciel, sa silhouette s'était comme embrasée. Des pieds à la tête, un courant doré la parcourait, ne la rendant que plus fascinante.
"Vous a-t-on déjà dit que vous vous accordez parfaitement à la beauté grandiose de l'espace ?"
Ma voix était parfaitement audible dans notre bulle invisible d'oxygène. C'était un véritable prodige. Je tendis la main, espérant toucher une étoile solitaire. Mais il s'agissait d'une illusion d'optique, bien sûr. L'étoile en question se trouvait à des années-lumière de nous. Inaccessible. Vraiment ?
"Pourquoi vouloir 'mouiller' vers cette étoile ? Qu'a-t-elle de si spécial ?" demandai-je, de plus en plus intrigué. "D'ailleurs, je dois vous préciser que je ne suis pas immortel. Vous risquez un jour de vous retourner pour me parler et de découvrir le cadavre d'un vieillard."
Je plaisantais à moitié, car j'ignorais l'étendue de ses pouvoirs. Elle était la soeur d'Hadès, par conséquent elle ne devait pas être sujette à la maladie ni à la vieillesse. Pour elle, un voyage à travers l'espace équivalait à un aller-retour pour l'Australie. Une broutille.
"Je suis Jules Verne." me présentai-je enfin. "Romancier, Bibliothécaire et aventurier de l'impossible. Terme qui prend son sens plus que jamais."
Ne résistant plus à la tentation, je profitai que Galatée ait presque stoppé notre périple pour tourner la tête là d'où nous venions. La terre n'était plus qu'un point minuscule sur lequel on devinait à peine les continents. Une bille bleue posée sur la toile ténébreuse de l'infini. Pourtant, les autres planètes n'étaient pas visibles. Aucun anneau de Saturne, encore moins la présence de l'immense Jupiter.
"Aurions-nous... aurions-nous déjà quitté le système solaire ?" balbutiai-je, perplexe.
Le souffle me manqua l'espace de quelques secondes. Qu'avais-je imaginé ? N'avais-je pas aperçu une nébuleuse quelques instants plus tôt ? Il n'y en avait aucune proche de la terre...
"Vous êtes supersonique." fis-je, dévisageant la jeune femme parcourue d'énergie dorée. "Quoi qu'il en soit, ne m'oubliez pas en route. C'est tout ce que je demande."
Je n'avais pas envie de flotter dans l'espace pour l'éternité, même si techniquement, je perdrais connaissance au bout de quinze secondes par manque d'oxygène, et la mort surviendrait dans la minute qui suit. Malgré tout, ce n'était pas une perspective très réjouissante.