Gryf ne faisait pas que l'écouter. En tant que détective, il ne se contentait pas que de ça auprès des nouvelles personnes qu'il cherchait à comprendre ou à analyser. Il prenait le temps d'observer son langage corporel aussi. Il leva les yeux au ciel. Il la trouvait bien trop désinvolte pour le sujet de leur discussion. Elle jouait avec des forces qui ne lui était pas destinées et qui lui était nouvelles, et des forces terriblement imprévisibles, dangereuses et couteuses en plus de ça. Oui, admettons qu'elle maîtrisait tout ça, il était évident qu'elle constituerait un danger d'une façon ou d'une autre pour les personnes concernées par ses projets, et peut-être même, voire certainement, pour celles alentours, puisqu'elle prenait tout ça avec condescendance comme si tout lui était acquis. Gryf pensa un instant que c'était bien typique d'un alysien. Mais elle n'était pas d'Alysia : elle venait de la Terre, et c'était encore plus typique de ces gens là - ou du moins de la réputation qu'ils avaient dans cette ville.

Je ne dis pas que vous êtes mauvaise, lui répondit-il à sa dernière supposition, passant outre son discours sur Regina. Il ignora cette partie, puisque même sans la fréquenter, Gryf la connaissait encore mieux que Lena qui venait de débarquer en ville contrairement à lui, et tout le reste de Storybrooke, qui ont été victimes de sa malédiction et ont vécu pendant près de trois décennies sous son mandat municipal truqué. Et un de plus dans la période de sa vie où elle était bien plus agréable qu'en tant que Méchante Reine. Alors Gryf n'allait pas s'attarder sur la présentation de quelqu'un qui venait de la rencontrer, et préféra rester concentrer sur le sujet principal. Il reprit alors. Mais cette façon de tout prendre pour acquis ce qui ne l'est pas forcément vous perdra. Ca m'aurait pas posé problème normalement, vous faîtes bien ce que vous voulez, mais si ça pose un risque pour d'autres gens... Je ne dis pas d'arrêter, mais de prendre le recul de la réflexion et de vous permettre de douter. C'est comme ça qu'avance la science, puisque vous êtes plus une scientifique qu'une magicienne.

Gryf haussa les sourcils en s'entendant parler. Mais quel beau gosse il faisait à parler avec autant de sagesse. Dommage que Solaris n'était pas là, ça lui aurait bien cloué le bec à celle-là. C'est qui le plus avenant et le plus argumenté maintenant ? Il eut un sourire à cette reflexion, très fier de lui. Mais malgré ça, il n'en restait pas moins sincère et sérieux dans ses propos. Cela dit d'accord, moi aussi je dois bien vous donner le bénéfice du doute n'est-ce pas ? Sinon c'est pas juste, ça doit venir des deux côtés, c'est vrai.

Du coup, il craqua ses doigts, se préparant à quelque chose. Elle voulait lui prouver qu'elle ne faisait pas n'importe quoi ? Très bien, il attendait de voir. Clone élémentaire, scanda-t-il en parlant au sol. Cette fois-ci, il ne fusionna pas avec le carrelage. Au contraire, du carrelage se construisit une demi-dizaine de sculptures à la silhouette de Gryf. Puis, ils prirent ses couleurs, et en quelques instants, il était impossible de dire que c'était des clones de pierre si on ne les avait pas vu naître du sol. Ils se mirent à marcher dans toute la pièce, l'original avec eux, pour brouiller les esprits et faire en sorte de perdre qui est le vrai.

Montrez-moi. Vous dîtes que vous êtes capable de manipuler cette forme de magie alors servez-vous en pour séparer les clones de l'original sans blesser Newt juste derrière. Ou sans vous blesser. Ou sans faire exploser la ville, quoi.

C'était impossible de dire d'où la voix venait, puisque tous les clones bougeaient la bouche en même temps.

« Ouais mais bon, vous le sous-entendez par vos propos donc c’est plus ou moins la même chose. » maugréais-je.

J’étais fatiguée de ne pas pouvoir dormir et je pensais être tranquille à mon labo mais j’étais tombée sur eux et voilà que maintenant, je me faisais limite insulter de méchante ou dieu seul sait quoi. Je partageais le même prénom que Lena Luthor mais ça s’arrêtait là et apparemment, il n’avait vraiment l’air de vouloir le comprendre. Cependant, ses dires à la suite m’offrirent le doute. Peut-être qu’au fond, il n’avait pas totalement tord. Après tout, la science avançait en doutant et pas en prenant tout pour acquis, sinon je n’aurais clairement pas beaucoup avancer dans mes recherches, c’est sûr même.

Un petit sourire victorieux perla néanmoins sur mon visage quand il énonça le fait qu’il devait me donner le bénéfice du doute étant donné que ça devait venir des deux côtés.

« Bien, nous sommes d’accord sur un point. » énonçais-je finalement, installée à mon bureau.

Je ne m’attendais cependant aucunement à ce qui suivit, pour sûr que je ne l’avais pas DU TOUT vu venir. Enfin si un peu mais quand même…il ne comprenait pas que j’avais conscience de ce qu’était la magie et de ce qu’elle pouvait faire. Arquant les sourcils, je regarde ses clones apparaître. Les clones de pierre prirent les couleurs de l’elfe élémentaire avant de se mettre à marcher dans toute la pièce, assez rapidement pour embrouiller mon esprit. Sa voix raisonnait mais je ne savais pas d’où elle venait, je ne pouvais pas savoir d’où elle venait. Me levant, je me recule, percutant la fenêtre derrière moi, ce qui m’arrête avant que je ne reprenne contenance.

Je n’arrivais pas à distinguer la présence du vrai parmi tous ces clones. Me mordant les lèvres, je reste là à suivre tous les clones du regard. Il fallait que je réussisse à le trouver dans tous ces elfes présents. Mais je devais me rendre à l’évidence, il allait beaucoup trop vite. Tous. Je soupire.

« STOP ! Je ne suis pas une magicienne ! » hurlais-je.