Je ne me suis jamais considéré comme quelqu’un de sentimental. Pour être franche, j’ai toujours eu du mal avec les autres. Le comportement à adopter avec eux, exprimer mes « sentiments » voir même ressentir des choses. Ca, c’était d’ailleurs l’une des choses que je redoutais le plus. Parce que les sentiments étaient une faiblesse. Une faiblesse qui pouvait permettre aux autres, s’ils savaient exactement ou taper, de nous mettre à terre avec une facilité déconcertante
Et faible, je m’étais promis de ne plus jamais l’être.
Je pouvais accepter de me lier à une personne jusqu’à un certain point, mais je gardais toujours une réserve, je ne devais jamais faire entièrement confiance à quelqu’un ou trop m’investir. De cette façon, je me protégeais de toute forme de souffrance comme de trahison de la part des autres. Pourtant, même cette promesse n’a jamais suffit à me rendre imperméable à la souffrance.
Mickey a était le premier. Bien sur, une part de moi refusait encore de lui faire pleinement confiance. J’étais toujours sur la défensive, attentive et prête à réagir au cas où, il déciderait de me trahir, ou de se retourner contre moi.. Pourtant, je crois pouvoir dire qu’au fil du temps, il était devenu comme… Une famille. Un frère. Un frère que je voulais protéger de lui-même et du futur qu’il envisageait, quitte à perdre la liberté que je venais tout juste de regagner.
Ensuite, il y a eu Kyle. Kyle était… Quelqu’un de très secret. Ce qui avait quelque chose d’ironique, puisqu’il était sans doute la personne la plus médiatisée – et la plus riche - de notre monde. Il avait souvent des goûts d’une autre époque et montrait sans surprise, un visage différent suivant les situations ou personnes, auxquels il faisait face. Je n’ai jamais su ce qui l’avait poussé à me prendre sous son aile. Ni pourquoi, il a toujours était aussi patient avec moi, aussi protecteur et surtout, pourquoi il s’entêtait encore et toujours à essayer de me mentir, alors qu’il savait pertinemment que j’étais un véritable détecteur de mensonge vivant, infaillible en plus de ça. Définir ce que Kyle ou « papa gâteau » voir « grand père » était pour moi, n’es pas le plus simple. Parce que Kyle, était un peu comme un père/frère surprotecteur qui en apparence fait ton âge mais qui psychologiquement est bien plus âgé et intelligent qu’il ne le laisse a penser et qui, malgré tout, s’entête à sortir avec des filles aux Q.I revu à la baisse, et généralement refaite de la tête aux pieds. Parce que l’apparence, c’est suuuper important, tu comprends ?
Et pour finir, il y a eu mon premier amour, Logan. Logan a fait naître en moi l’espoir. L’espoir de croire qu’un jour, j’aurais moi aussi droit à un peu de bonheur, voir même, à une vie « normale ». Lui et moi, nous partagions quelque chose. Une douleur qui ne voulait pas disparaître, une blessure, qui ne pourrait jamais vraiment se refermer, mais je dois admettre que j’avais envie de croire, qu’un jour, ce que Carter m’avait fait vivre, le traumatisme qui y était lié ne serait presque plus qu’un… mauvais souvenir. Ou que tout du moins, celui-ci ne m’empêcherait plus de vivre. Mais les choses, se passent rarement comme on le souhaite, n’est-ce pas ? Logan a sans doute était, le meilleur et la pire chose qui me soit arrivée. Vous s’avez, la relation toxic par excellence, l’amour impossible, le coeur brisé encore et encore blablabla… Tout ça pour se finir, par la mort. Il était mon plus gros regret de bien des façons. Et je dis bien était. Car à présent, je vois les choses d’une façon bien différente.
Aujourd’hui, je ne sais pas trop ce que je suis. Vivante ? Morte ? Les deux ? C’était comme être l’une des leurs tout en étant morte à la fois. Tous ses souvenirs, ce passé qui aurait du me détruire, ne me faisait plus rien. En réalité, vivre ne me faisait plus grand-chose. J’enviais les morts. Car si ressentir était devenu comme un rêve lointain, les cauchemars eux, étaient toujours présents. Ma seule faiblesse… l’incapacité à déceler le présent du passé dans un rêve. Ses cauchemars qui me torturait dans mon sommeil et réveillait mon humanité de la pire des façons. Tout me paraissait toujours si… réel ! Et ça l’était. C’était même beaucoup trop réel, pour que le sommeil soit une option envisageable. Alors, j’ai fais ce que j’ai toujours plus au moins fait. J’ai fuis. J’ai tenté de repousser la fatigue par tous les moyens possible et j’ai réussi. Pendant un temps. Mais mon corps lui… Je ne suis pas morte. Pas de cette façon là. On dit que les ombres ont un pied dans l’autre monde dès leur naissance et c’est le cas. J’ai toujours eu un lien étroit avec la mort, elle fait partie de moi. Et si, avec le temps, ce lien est devenu plus fort, plus profond, je ne suis pas comme elle. Elle était libérée de toutes les contraintes liées aux corps humain, moi non.
Ce qui était amusant, c’est que malgré mes récents changements et mon manque d’humanité flagrant, il m’arrivait parfois de faire comme si. Comme si le passé avait encore une quelconque importance, comme s’il comptait encore pour moi.
Je sentais son souffle sur ma nuque. Depuis un certain temps, il avait prit l’habitude d’attendre que je tombe de fatigue pour ruser et se coller contre moi, me prenant dans ses bras, comme le ferait sans doute un véritable couple. Quelque chose, que je ne supportais pas. Alors chaque matin, il mourrait. Et dès qu’il le pouvait, il recommençait.
Non, Rouky n’avait pas peur de la mort. Il faisait parti de ces choses, dont on avait plus de questions que de réponses. Il était de ces poisons, ces dangers, qu’il fallait détruire rapidement sous peine, de le voir se répandre d’avantage et détruire bien d’autres existences.
Pourtant, pour son plus grand plaisir (car il ne dormait jamais), je n’ai rien fait. Accrochée à mon oreiller, j’ai fait quelque chose d’étrange. Quelque chose, qui ne me ressemblait pas. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai fait comme si… comme si Mickey était présent, avec moi. Comme si, comme dans mes plus jeunes années, il était là, près de moi, pour me protéger de mes cauchemars, comme l’avait fait Kyle un peu plus tard.
Cette rencontre avec lui dans ce monde brisé, représentation de mon esprit en morceau, m’avait laissé de marbre. Bien sur, une part de moi tenait encore a lui. Assez en tout cas, pour que je ne veuille pas sa mort. Je ne ressentais peut-être plus grand-chose à son égard, mais les souvenirs eux, étaient là. C’était eux, qui m’avaient donné un second choix. Mais la vérité… et que mettre fin à son existence n’était pas qu’une simple option et que si j’en étais arrivée là, sa mort n’aurait rien éveillé en moi. Pas même un semblant de tristesse ou de regret.
Alors, c’était peut-être une tentative inconsciente et désespérée de ma part pour essayer de me rendre plus humaine, ou alors, peut-être qu’un fragment de celle que j’avais été, celle qui était encore capable de se montrer sentimental, subsistait encore quelque part en moi, mais aussi ridicule et futile soit l’idée en elle-même, je me suis accrochée à cette vision. A ce souvenir. Ce souvenir presque heureux, d’avoir quelqu’un qui a de l’importance à nos yeux. Quelqu’un qui tient a nous et qui nous protège. Kyle avait fait ça aussi, il m’avait protégé mais c’était… différent. Mickey avait été la première personne que j’avais rencontrée. En un instant, sa simple existence avait changé ma vie pour le meilleur et pour le pire. Il avait été indirectement mon bourreau ainsi que mon sauveur. Si je ne l’avais pas sauvé ce soir-là, Carter ne m’aurait jamais séquestrées, torturées et violentée. Et s’il ne l’avait jamais fait, Mickey ne m’aurait jamais sauvé et il n’aurait jamais fini entre les mains du monstre de mes cauchemars. Carter.
Mais comme tout a chacun le sais, les rêves ont toujours une fin. Une fin, qui c’est terminée avec la nuque brisée du rouquin, pour ne pas salir mes draps. Je ne me définirais pas uniquement comme un monstre, plus… comme un être errant, partagée entre la vie et la mort, neutre, qui cherche encore à définir ce qu’il est vraiment. J’ai tant de souvenir… d’existence passée, de caractère et de comportement différent. J’ai longtemps pensé que je savais… que je savais qui j’étais. Ou plutôt, elle l’a longtemps pensé. L’autre Mina. Mais elle avait tord, elle n’était même pas la seule version d’elle-même, elle était juste, une version de remplacement. J’ai été tout. J’ai été gentille, douce et compréhensive. Puis, j’ai perdu l’esprit, nous nous sommes unies et j’ai sombré dans la folie, dans mon propre enfer. Après quoi j’ai été remplacée, je suis morte et j’ai était brisée puis reconstruite. Je suis un tout. Je suis chacune des facettes de celles que j’ai été un jour, je suis aussi une part d’elle. Max. Ses souvenirs sont en partie mes souvenirs, sa vie est aussi la mienne, je suis elle. Pour la simple et bonne raison que sa personnalité à faillit détruire et replacer la mienne. Où plutôt, elle l’a fait en partie.
Compliqué, n’est-ce pas ? Oui, une observation qui revient souvent me concernant. Et en réalité, cela n’a plus grande importance non plus. Je sais depuis longtemps, que les autres ont souvent peur de ce qu’ils ne comprennent pas ou de ce qu’ils ne peuvent pas contrôler. Moi par contre, c’est autre chose.
Avec le temps, on fini par avoir l’habitude que quelque chose cloche, s’en devient même un running gage. Encore faudrait il avoir un sens de l’humour qui nous permettent d’apprécier la blague, ce qui, n’était pas vraiment mon cas.
***
… Merde.J’étais partie pour me rendre dans la salle de bain, comme chaque matin après m'être levée du lit. Les cheveux en bataille, je les ai attachés en un chignon bordélique et dès que j’ai passé la porte de la salle de bain, je me suis retrouvée dans un long couloir noir, sans fin remplie de porte et… sans doute d’intersection menant à d’autres couloirs eux aussi remplie de porte.
Les possibilités pouvant donner naissance à une telle situation était nombreuse, très nombreuses même. Je savais que Rouky était capable de s’incruster dans mes rêves, puisqu’il l’avait déjà fait par le passé. Harlina, passait son temps à l’ignorer avant de le tuer parce qu’il était du genre chiant et envahissant. Il y avait aussi mon autre moitié mais… Je n’avais pas l’impression qu’il était lié à tout ça. Il restait aussi le monde miroir, mais je n’avais pas le souvenir d’avoir ressenti une sensation glaciale dans tout le corps. Question importante, est-ce que tout ça était… réel ? Ou bien est-ce que c’était juste le fruit de mon imagination ? J’étais bien incapable de le dire, étrangement. Puis, j’ai entendu un bruit, menant à une porte à quelques pas de moi. Je n’étais donc pas seule ?
Très bien, voyons voir ce qui se cache derrière la porte n° 3…