« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
J'avais sous-estimé le pouvoir du mal. Son pouvoir. L'espace d'un instant, j'avais été dépossédé de tout ce qui me définissait. J'avais été absorbé par lui. Je n'avais plus eu aucune substance.
La sensation d'être un grain de poussière dans l'immensité qu'Il représentait. J'étais hantée par ce souvenir. Il m'obsédait. Il me rendait encore plus haineuse envers lui.
Au moment où Hypérion avait compris ce que j'avais fait contre lui, il m'avait offert un regard empli de douleur, de déception et de colère. Je ne regrettais absolument rien, hormis le fait que ma propre fille se soit retournée contre moi. Ce serait un processus difficile de l'effacer de ma vie, mais j'y parviendrai. Elle ne me laissait pas d'autre choix. Désormais, je n'avais plus qu'un seul enfant. Un fils qui avait pris la décision de garder Phobos en vie. Elliot avait compris ce que nous avions accompli pour lui. Il avait empêché Hypérion de tuer Phobos. Un coup supplémentaire pour le titan. Il m'avait confisquée le Marteau pour me punir et sous le coup de la fureur, je n'avais rien trouvé de mieux que de le gifler avec toute ma puissance. Cependant, cela n'avait été qu'une gifle ordinaire car à cet instant, j'avais été englouti dans son pouvoir titanesque. Il m'avait fait ressentir le minuscule grain de poussière que j'étais dans son immense masse. Un gouffre s'était ouvert sous mes pieds et j'avais eu l'impression de tomber, tomber, tomber...
Puis, la sensation s'était atténuée. Je n'avais pas perdu mes pouvoirs. J'avais été seulement diminué l'espace d'un instant, mais cela avait changé tout mon état d'esprit. Je ne pouvais oublier ce que j'avais éprouvé. Je n'étais pas de taille face à lui. Je n'étais rien. Comment avais-je pu imaginer me mesurer à ses capacités ?
J'avais beaucoup réfléchi. Je savais exactement ce qu'il me restait à faire. J'avais tu ma répulsion, mis mes émotions de côté, cadenassé mon coeur. Puis, je m'étais rendu jusqu'à Phobos. Il ne s'était écoulée qu'une journée depuis notre échec. J'étais persuadée de le trouver dans mon cottage qui avait servi de base à l'illusion créée par lui pour duper Hypérion. Que ressentait-il face à notre échec ? Je n'avais pas envie de poser la question. Son avis m'importait peu. Sans doute allait-il me jeter la faute dessus. Je n'avais pas besoin d'entendre ce genre de propos.
Il perçut ma présence dès l'instant où je me téléportai dans le salon.
"Que vas-tu faire, à présent ?" demandai-je d'un ton neutre. "Rester sage ?"
Un sourire sarcastique apparut brièvement sur mes lèvres à cette question. Je ne l'imaginais pas du tout obéir à Hypérion, changer son fusil d'épaule. C'était ce que j'appréciais chez lui : quoi qu'il arrive, il restait entier. Il gardait ses idéaux en tête, au point de basculer dans la folie. Par les temps qui courent, très peu de gens sont fiables. J'eus un pincement au coeur en songeant à Ellie mais redressai la tête et ramenai une mèche derrière mon oreille d'un air faussement détaché. Je devais laisser les sentiments derrière moi. Ils me rendaient faibles. Ce qui était vrai, ce qui me rendait forte, était l'amour que j'éprouvais pour Elliot. C'était ce qui me portait. La lumière au fond du gouffre.
Je posai les yeux sur Phobos et pris une profonde inspiration.
"Je ne viens pas pour te sermonner, te dire que j'ai peur ou que j'ai changé de camp. Ma volonté reste inchangée. Elle s'est même décuplée avec ce qui est arrivé."
Je m'approchai d'un pas. Il était assis sur le sofa, les épaules basses et la tête penchée. Etait-il abattu ? Vaincu ? Attristé ? Une fois devant lui, je posai mes doigts sur son menton et l'incitait à me regarder. Rien dans ses yeux ne laissait entrevoir aucune de ses pensées. Il restait une énigme. Un courant d'eau glacée. Serait-il capable de me faire ressentir le gouffre, lui aussi ? Etait-il suffisamment puissant ? Pouvait-il véritablement se mesurer à un titan ?
"Tout ce que je veux, c'est savoir si je ne perds pas mon temps avec toi." déclarai-je plutôt sèchement.
Avec une douceur paradoxale, je me penchai pour lui prendre les mains et l'inciter à se lever. Quand il me fit face, je plongeai mon regard dans le sien, renversant la tête en arrière car il était beaucoup plus grand.
"Tu dois penser que je suis décevante. Aussi je vais te dédommager."
Sans détacher mes yeux des siens, je posai les mains sur ses épaules et le fis pivoter de sorte à ce que je me retrouve dos au sofa. Il me suffit d'une pression en avant pour qu'il se retrouve au-dessus de moi, allongé. Son air surpris manqua de m'arracher un petit sourire mais je parvins à rester impassible. Je ne devais pas faiblir maintenant.
"Je te donne ce que tu as toujours voulu de moi."
Nos vêtements avaient disparu, et sa peau nue contre la mienne m'arracha un frisson. Il frémit, lui aussi. Etait-ce une lueur d'angoisse qui brillait au fond de ses yeux de plus en plus déstabilisés ? Ou étais-je en train de m'imaginer sa déroute pour que la situation me semble plus facile à appréhender ?
Mes jambes s'agrippèrent à ses hanches en même temps que mes mains enlaçaient sa nuque et me cambrant en avant, je murmurai à son oreille :
"Fais-le maintenant."
Montre-moi ce que tu es.
Peu importe si c'était terrible, si c'était une abomination. Je voulais en avoir le coeur net. Il fallait que je sache s'il était en mesure de battre un titan. Si je ne lui accordais pas ma confiance en vain. Dans la guerre qui s'annonçait, il me fallait le meilleur guerrier.
J'avais bien réfléchi. C'était à ce moment-là, quand mon pouvoir était à son paroxysme, que je devais ressentir le gouffre m'envahir. C'était la seule manière d'apprendre à le connaître. A l'apprivoiser. Ou à me laisser consumer par lui.
Le Mal, tout comme la folie, n'est qu'un point de vue...
CODAGE PAR AMATIS
Phobos
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Adam Driver
« Je sais ce qu'il faut
que je fasse mère... »
« ...mais je ne sais pas
si j'en aurai le courage.»
Je sentais mon coeur battre. Battre plus fort que d'ordinaire. Je remarquais que mes mains tremblaient. J'avais le sensation d'être dépassé.
Je l'ai regardée. Je l'ai touchée. J'ai sentis son étreinte, qu'elle était avec moi.
« Je te donne ce que tu as toujours voulu de moi. »
Je me remémorais ce qu'elle avait dit. Etais-ce vraiment ce que j'avais toujours voulu d'elle ? Est ce que c'était le bon moment pour se poser la question ?
Nous nous sommes regardés. Nous nous sommes trouvés. C'est ce que j'avais ressentis au plus profond de mon être. Mais cette émotion me fit très vite peur. Pendant un instant, j'avais eu l'impression qu'il n'existait plus qu'elle et moi. Et que j'avais perdu le cap. Que je ne savais plus où aller, et que ça m'importait peu. Du coup, je ne la regardais plus. Je ne la laissais plus me toucher. Je me contentais de faire ce qu'elle voulait.
Mais mon regard se posait constamment sur elle. Sur son corps, si bien dessiné. Sur ses lèvres, si sensuelles. Sur ses seins nus, si désirables. J'avais décidé qu'elle ne pourrait plus me voir. Que je ne pourrais plus la voir. La suite c'était passé différemment. D'une autre façon. C'était le prix à payer pour obtenir ce qu'elle désirait tant de moi.
« Fais le maintenant. »
Une fois encore, je me rappelais ce qu'elle m'avait dit. Ce qu'elle m'avait demandé. Ce qu'elle attendait de moi.
Elle l'avait ressentie. Cette sensation que nous sommes ensemble. Cette sensation de plénitude, de magie, de quelque chose de très rare, qui ne peut être comparé à rien. Un lien divin, au delà du Temps.
Je lui avais montré qui j'étais. Ce que j'étais. De quoi j'étais capable. Est-ce que ma force dépassait celle d'un Titan ? Mes convictions le pouvaient, eux.
Puis, tout avait pris fin. Et je m'étais retrouvé ici, dans sa cuisine, debout, à attendre que le Temps passe. Que quelque chose me traverse l'esprit. Autre chose qu'elle.
Les jours suivants avaient été difficiles. J'écoutais toujours les voix dans ma tête. Je faisais toujours ce qu'elles me disaient. Mais une autre voix murmurait quelque chose à mon oreille et me faisait perdre le nord. Elle était devenue dangereuse. Bien trop pour que je la laisse me murmurer quoi que ce soit d'autre.
« J'ai parlé avec ma mère. » avouais-je à la déesse qui venait tout juste d'arriver dans son cottage.
Je l'y attendais depuis quelque heures. On était juste avant le départ du groupe. Celui qui s'était réunis sous les ordres de Héphaistos, afin de se rendre à Titania. Bien entendu, ma mère en faisait partit. Et bien entendu, nous le savions. Car on ne pouvait rien cacher au Temps.
« Elle est venue ici. » ajoutais-je. « Elle sait. »
Aphrodite m'avait dit de garder le secret. Que rien de tout ce qu'on faisait ici devait se savoir. Mais je n'avais pas réussi, ni même voulu que ça reste un mystère. Si ça ne demeurait pas entre nous, ça finirait par s'estamper. C'était ce que je souhaitais.
« Déshabille toi. » lui dis-je sans la moindre émotion.
Je ne voulais pas parler. Je voulais simplement que nous poursuivions ce que nous avions débuté précédemment. Il n'y avait aucune émotion entre nous. Je ne ressentais rien. Inutile d'y mettre les formes. C'était simplement une perte de Temps. Et durant le Temps où j'étais avec elle, rien d'autre existait. C'était pour cette raison que ça ne devait pas durer.
« Je lui ai dit qu'il attendait quelque chose de moi. Et que je ne m'en sentais pas capable. » poursuivis-je. « Je n'aurais peut-être pas dû. Même si elle ne peut pas comprendre. » ajoutais-je. « Je n'aurais pas du... » répétais-je, me sentant coupable d'en avoir trop dit.
Je marquais une pause, levant les yeux dans la direction de la déesse. Elle n'avait pas bougé d'un iota depuis que je lui avais demandé de se déshabiller.
« Ne m'oblige pas à le faire moi même. » la menaçais-je.
J'avais aimé qu'elle fasse tout disparaître d'elle même la première fois. Ca m'avait procuré un certain plaisir. Il devait en être de même cette fois ci. Comme toutes les autres fois. Aussi peu de Temps que dureront ces aventures.
Puis tout à coup, je l'apperçu. Le gouffre. Terrible. Sans fin. Mes yeux fixaient le sol. Je me remémorais ce qu'il m'avait dit quand je lui avais appris qu'Hyperion n'était pas mort. Qu'on avait échoué. Et qu'il avait vue dans mes yeux que quelque chose avait changé chez moi. Même si j'ignorais quoi.
« Il n'a rien dit. » laissais-je échapper. « Il a accepté mon échec. Je crois même qu'il en était satisfait. »
C'était étrange comment Chronos avait réagit avec moi.
« Là où je pensais avoir échoué, il a considéré que tout s'était passé comme il l'avait anticipé. J'ignore pourquoi. En quoi le fait qu'Hyperion soit toujours en vie, est bénéfique pour lui. Pour nous. Mais il n'a pas été question de pardon. Car nous avons fait exactement ce qu'il attendait de nous. »
Je levais les yeux en direction de la déesse.
« Tu sais ce que j'attends de toi, maintenant. »
Alors pourquoi elle attendait pour me donner quelque chose qu'elle m'avait déjà offert ? Ca ne devrait pas lui poser de problèmes.