If I told you we could bathe in all the lights
Would you rise up, come and meet me in the sky?
Would you trust me when you're jumping from the heights?
Would you fall in the name of love?

Ne pas pleurer. C’était le maître mot de la journée et c’était aussi difficile à dire qu’à effectuer en fin de compte. A le voir là, debout devant elle et leurs invités, Adèle se disait qu’elle avait énormément de chance. De l’avoir rencontré. De l’avoir accompagné jusque-là. D’avoir trouvé ce que des gens mettent des années à comprendre ou chantent sans jamais le voir arriver… Cet amour indéfectible qui vous lie à quelqu’un jusqu’au plus profond de vos tripes et vous persuade, à chaque observation, que vous faites le bon choix. Elle n’avait peut-être pas toutes les pièces du puzzle, sans doute qu’elle ne s’en souviendrait jamais vraiment, mais celles qui restaient sur la surface vitrée de leur existence lui plaisaient énormément.

Plus que tout, Arthur lui plaisait.
Et chaque nouveau regard qu’Adèle portait sur lui semblait lui confirmer encore plus cette vérité.

La gorge nouée, les mains tremblantes dans celles, tellement plus fermes, de son compagnon… La rouquine l’observa ou plutôt le dévora des yeux en essayant d’enregistrer chaque mot de son discours. Des vœux qui lui allaient droit au cœur, le perforaient et le comblaient à la fois, pour s’incruster à même ses veines et le plus profond de son âme. Un sourire sur les lèvres et de la dévotion au fond des yeux, elle ouvrit la bouche pour répéter ces trois mots silencieux en hochant la tête. Si simples. Si évidents. Et pourtant si… difficiles à rencontrer.

Lorsqu’il l’embrassa, elle sentit le feu sur ses joues la brûler toute entière et rentra sa tête dans ses épaules, à la fois terriblement flattée et gênée de tant d’attention envers elle… Elle resta un instant à le fixer, avant de réaliser qu’on venait de lui donner la parole à son tour aussi. Un coup d’œil vers l’assemblée familiale qui les entourait et, surtout, vers Chris fut nécessaire pour puiser dans son courage intérieur. Pas parce qu’elle n’était pas sûre de ses sentiments, loin de là ; mais bien parce qu’elle n’était pas certaine de pouvoir faire plus beau discours que celui d’Arthur.

Déjà qu’elle avait l’impression de ne plus du tout connaître le sien… Adèle se mordit la lèvre inférieur, sentant soudain une vague de panique grimper en elle au fur et à mesure que les mots disparaissaient de son esprit. Uns par uns. Irrémédiablement, plus elle tentait de s’en souvenir, plus ils s’éloignaient. Impossibles à atteindre. Impossible à retenir. Impossibles… Son souffle s’accéléra et elle perdit ses couleurs, baissant les yeux vers ses pieds. Vers leurs mains liées. Vers ce tourbillon qui semblait se dessiner sous eux et l’attirer irrémédiablement. Le monde se mit à tourner et son cœur à s’affoler très vite. Trop vite. Beaucoup trop vite.

Et puis la voix d’Arthur parvint à se frayer une petite place, un tout petit chemin jusqu’à ses oreilles, et Adèle releva les yeux vers lui. Son regard la happa, l’agrippa et sembla capable de la tirer hors des abymes où elle avait toujours peur de s’enfoncer. Un regard. Un seul. Et tout le monde semblait tourner un peu plsu droit sans qu’elle ne puisse expliquer pourquoi.

Arthur était là. Et avec lui, toutes ses certitudes et sa sécurité.

« Il y a presque trente ans, dans un aquarium, je t’ai rencontré et depuis, plus rien n’a jamais été comme avant. »

Commença-t-elle, fébrile, d’une voix mal assurée mais sous les encouragements silencieux de son compagnon.

« Entre nous, tout a toujours été simple, comme une évidence et depuis tout ce temps… Tu me rend heureuse comme au premier jour. Je t’ai cherché pendant des années et quand je t’ai retrouvée, j’ai été sûre de moi : c’était toi, personne d’autre. Au fur et à mesure du temps, nous sommes devenu plus que des amoureux : une équipe, une famille. »

Elle coula un regard vers leur petite fille assise sur les genoux de son oncle, laquelle mâchouillait sa tétine en se demandant sans doute pourquoi ses parents se tenaient bizarrement devant tout le monde… Leur petit trésor. Leur petite fierté. Leur amour personnifié au monde entier.

« Avec toi, je sais que rien ne peux m’arriver parce que j’ai le plus important : trois cœurs et la sécurité où que je sois. »

Elle esquissa un sourire en continuant :

« Tu me comprends mieux que quiconque : c’est toi qui devine à ma voix quand je suis triste et file me commander une pizza pour qu’on la dévore à deux. C’est toi qui met du dentifrice sur ma brosse à dent avant de partir quand le tube est presque fini. C’est toi qui me laisse des post-it roses au milieu des autres pour me faire savoir que tu m’aimes et m’empêcher d’oublier le plus important. C’est toi qui t’assure que j’ai bien la clef de la maison quand je pars au travail. C’est toi qui… Me dit que je suis belle tous les jours, quel que soit mon état. »

Elle eut un léger rire en se souvenant des couleurs de leur appartements, entre les mots et les post-it, les notes et les rappels, qu’il parvenait à gérer pour qu’elle ne soit jamais complètement perdue.

« Sans ces attentions, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. »

Des rituels mis en place par sa famille, les siens… Et poursuivis aujourd’hui par celui qui partageait sa vie. Que Chris l’accompagne jusque-là pour la confier à Arthur n’était pas qu’administratif ou religieux ; c’était tout un symbole plus profond encore. C’était lui son protecteur jusque-là, le frère qu’elle aurait aimé avoir… Désormais, c’était son mari ; tout comme elle était là pour lui. Au possible.

« Tu es mon poulpe ideal et je veux vivre à tes côtés pour l’éternité. Je te promets de t’aimer et d’être là pour toi comme tu l’as été pour moi dans les moments les plus joyeux comme dans les moments les plus durs. Je ne m’en rappelle pas beaucoup mais je suis certaine que toi, si. Tu as trois cœurs mais tu as aussi deux esprits pour un seul. Notre vie est une succession de petits et de grands bonheurs… Je t’aime. »

Et ses lèvres sur les siennes lui confirmèrent qu’elle faisait très exactement le meilleur choix de leur vie en l’épousant. Lui et personne d’autre. Lui et pas un autre. Lui… A qui elle glissa une alliance à l’annulaire avec émotion avant qu’il ne fasse de même sur elle. Une bague pour symboliser leur amour. Une bague pour confirmer leur union. Et un nouveau baiser passionné sous les applaudissements, le premier en tant que mari et femme.