Newt ne cessait de se demander s'il n'avait pas prévu trop léger, et lorsqu'il rajoutait juste un tout petit peu dans sa valise, il se disait qu'il en avait trop pris. Alors il retirait jusqu'à ce qu'il soit satisfait et que ça ne fasse plus trop, et au final, sa valise était largement légère. Alors, entendant déjà par avance les conseils de Kaï, il en remettait. A la fin, la valise était trop lourde, et ils devraient déjà préparer un supplément à payer sur le poids de la valise.

Il avait mis son appareil photo, évidemment, mais avec beaucoup moins de pellicules que ce qu'il prenait habituellement. Il connaissait bien la Chine, et même si elle restait magnifique, il avait pris la résolution de prendre moins de photos. Il voulait moins vivre en image, et davantage... en vrai.

Cela faisait longtemps que les deux amis voulaient partir en Chine. Ce n'était pas réellement leur Chine, qui manquait beaucoup à Newt d'ailleurs, mais l'esprit y était le même. Bien plus moderne, évidemment, mais c'était presque comme à la maison. Y aller enfin le rendait très heureux, spécialement avec lui.

Ce qu'il y avait de particulier cependant, c'était que Newt était amoureux de son meilleur ami. Et qu'il le savait, pour avoir échangé quelques baisers le soir et déclaration le jour du nouvel an. Ça n'était pas allé plus loin, par respect pour Malakaï qui n'avait pas l'habitude de quelque chose d'aussi rapide, et la proximité de leur amitié était un facteur déjà très grand à prendre en compte pour ne pas paniquer. Newt n'avait pas de mal avec ça, l'essentiel pour lui avait été de rester le même ami pour lui, en attendant... en attendant de voir, et d'en comprendre davantage. Et heureusement, ça n'avait pas changé.

Ou un peu quand même ? Les choses ne pouvaient pas réellement être totalement pareil avec son meilleur ami après l'avoir embrassé, avoué des sentiments et même... proposé de coucher avec lui. Alors oui, leur relation était particulière, mais Malakaï continuait à veiller sur lui, comme l'ami qu'il a toujours été pour le criquet, et Newt n'en demandait pas plus pour être heureux.

Qu'est-ce que tu veux faire en premier ? Lui demanda-t-il avec une excitation particulière, déjà très impatient d'y être. Il était arrivé en furie devant lui, la main droite tenant sa valise qu'il arrêta dans un coin, et le bras gauche chargé d'un sac , qu'il ouvrit en grand sur la table. Une énorme mosaïque de cartes postales se répartirent devant eux, aux images de la Chine. Une multitude de paysages de toutes les couleurs, des villages de toutes les envergures... tout ce que Newt avait déjà exploré et attendait déjà de refaire à deux cette fois.

Newt se calma un instant, un peu embarrassé. Il ria un peu. Pardon, je m'emballe un peu trop je crois. Je suis sûr que ça va être bien, de toutes façons, se rectifia-t-il avec un sourire.

Malakai & Newt

Si le confort le lui avait permis, Newt aurait pu passer tout le trajet aérien le nez collé au hublot, les yeux plein d'admiration, en voyant l'étendue de nuages ou les paysages, terrestres comme maritimes, qu'offrait la vue du ciel. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait un tel spectacle bien entendu, ayant déjà eu la chance de faire un cercle complet autour du globe, prenant l'avion pour voyager de pays en pays. Ce n'était pas le plus confortable des transports, certes, et il avait difficilement du s'y faire lors de son premier voyage (qui fut le plus long qu'il ait réalisé dans sa vie, des Etats-Unis jusqu'en Afrique), mais il appréciait tout de même voyager ainsi, ayant l'impression de monter un grand dragon de métal. Et bien sûr, la première fois, ça lui avait fait penser à Mushu qu'il n'avait alors pas encore retrouvé.

Il était gêné pour son ami cependant, qui ne passait pas du tout un bon moment, bien plus incommodé par l'inconfort de ce trajet, redoublé, voire pire, par sa longueur. Il aurait voulu pouvoir faire en sorte qu'il passe un bon trajet, mais même lorsqu'il haussait la voix contre lui en perdant patience dans ses angoisses, Newt ne lui en voulait pas, comprenant ce qu'il lui arrivait. Il gardait sans cesse un œil sur lui, puisque c'était toujours ce qu'il avait fait pour lui. Lorsque l'ancien dragon avait trouvé le sommeil, aussi petit soit-il, le criquet avait sourit, déballé la couverture qu'offrait la compagnie dans un sac en plastique, pour le couvrir et le réchauffer un peu.

Sans le lui dire, il avait déposé un baiser sur son front quand il avait les yeux fermés. Newt savait que ce genre de geste pouvait le gêner un peu, comme les sentiments du criquet envers lui étaient totalement assumés et qu'il n'était pas encore fixé là-dessus. Alors il n'en fit pas plus.

Ainsi, lorsqu'ils furent enfin arrivés à Pekin, et à l'hôtel ensuite, Newt fut presque aussi soulagé que Kaï. Il avait certes aimé l'avion, mais il se faisait tellement de soucis pour le dragon qu'il était content de le voir de meilleure humeur maintenant que ce voyage était terminé. Désolé que ça t'ait embêté, s'excusa d'ailleurs Newt pour lui répondre. Il esquissa un sourire. Moi aussi je suis super heureux d'être là avec toi ! Dès que je suis venu ici pour la première fois, je rêvais de t'y emmener !

Et c'était vrai. S'il n'avait pas un peu de retenue, il aurait pu sautiller dans tout le sens tant il frémissait d'excitation à l'idée d'être à Pékin avec Mushu. Et ce n'était pas juste à cause de l'attirance qu'il avait pour lui : Mushu était son ami le plus proche, et s'il y avait bien une personne avec qui partageait l'aventure de la Chine, c'était lui !

Ravi qu'il lui demande ce qu'ils devaient faire pour leur premier soir en Chine, Newt étira son sourire en cherchant quelques papiers qu'il avait mis de côté pour repérer ce qu'il y avait à faire. Et bien, avant de visiter profondément la Chine demain, ce soir, je te propose d'aller prendre à manger à emporter, et d'aller s'asseoir dans la zone olympique ! C'est tout simple, mais c'est magnifique, idéal pour se poser !

C'était sans doute le photographe et le fasciné des belles choses qui parlait, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Le design et les lumières nocturnes des deux stades étaient si magnifiques qu'il voulait vraiment prendre un peu de temps là-bas, juste pour s'y balader.

Alors c'est ce qu'ils firent. Les deux garçons s'en allèrent se balader dans la magnifique et agitée Pékin, à pieds pour ne rien perdre de son ambiance, avant de trouver un petit restaurant à emporter dans les petits quartiers les plus typiques de la ville chinoise. Se repérant avec une carte, Newt fit de son mieux pour retrouver la zone olympique. Le mandarin était toujours sa langue maternelle, mais il avait tellement perdu l'habitude le lire, qu'il fit cependant quelques efforts pour s'y remettre.

Et alors que le visage illuminé des stades de Newt se recouvrit d'étoiles dans ses yeux, Kaï put savoir qu'ils étaient bien arrivés. En effet, le criquet ne pouvait s'empêcher d'être admiratif devant quelque chose d'aussi beau. Car devant eux s'illuminaient les deux stades olympiques semblant sortir d'une autre époque futuriste : le Cube D'eau, qui faisait guise de piscine olympique, et le stade de l'autre côté de l'allée avec son architecture incroyable, le Nid d'Oiseau. Newt présenta alors les deux stades à son ami et ses noms si poétiques, avec le même ton rêveur qu'il avait toujours eu.

Tu comprends pourquoi je t'ai proposé de venir manger ici ? C'est un peu calme, mais c'est vraiment beau ! Pékin a vraiment pris au sérieux l'accueil des jeux olympiques, tu vois !

Ils se trouvèrent une place idéale dans l'allée centrale qui séparaient les deux architectures illuminées, qui brillaient de milles feux dans le voile de la nuit. Newt tourna les yeux vers son ami, les joues rougissantes. Ils commençaient déjà à piocher dans leur sac pour grignoter ceux qu'ils avaient acheté. Le criquet pris une bouchée, avant de baisser les yeux, toujours rougissant timidement.

Je t'ai embrassé, finit-il par dire. Sur le front, quand tu t'es endormi pour quelques minutes dans l'avion. Il l'avait fait pour ne jamais le lui dire, à la base. Mais Newt se sentait toujours mal, lorsqu'il se forçait à cacher quelque chose à son ami, aussi finissait-il toujours par avouer. C'était pas pour t'embêter ! Je voulais juste que tu te sentes bien, tu comprends ?

Il prit une autre bouchée d'un nem particulièrement bon, avant de s'essuyer la bouche et d'enfin relever les yeux vers Kaï. Je suis juste content des efforts que tu as bien voulu faire pour moi ! De venir ici en avion alors que tu aimes pas ça, pour me faire plaisir, c'est vraiment gentil, je suis content. Il fit un petit sourire timide. Merci, Kaï !

Malakai & Newt