« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Michel-Ange rentra chez Granny’s. Il n’y allait pas particulièrement souvent, mais depuis le décès de la propriétaire, le lieu avait beaucoup changé. Il respirait beaucoup moins la convivialité et la sécurité affective. Sa planche à roulette sous le bras, il adressa tout de même un sourire aux employés et un bonjour dynamique. C’était très fort, ce qu’ils essayaient de faire. Rendre le bar accessible et toujours ouvert malgré la tragédie. C’était très fort de leur part. Surtout que sans Granny, la gestion allait être très complexe. Chassant ses idées de son esprit, il s’installa à sa table préférée, tout au fond, et à côté de la dernière fenêtre qui donnait sur la rue. Commandant un café serré, il tourna machinalement la cuillère sans même mettre de sucre à l’intérieur. Le regard de Michel-Ange se porta vers la rue. Elle n’avait jamais de retard, même depuis qu’elle était en fauteuil. Aussi, son estomac se noua un peu. Leur dernière conversation avait été des plus… étrange. Encore troublé par cette dernière, cette fois-ci, Michel-Ange l’avait invité dans un lieu totalement neutre. C’était mieux ainsi. Avec les gens tout autour, il ne pourrait pas être aussi proche que la dernière fois. Et c’était mieux ainsi pour tout le monde. Perdu dans ses pensées, il songea à sa vie qui était en plein changement. Visiblement Figue avait envie de quitter la ville, pour changer d’air. Il avait assez mal pris la nouvelle, et depuis, il s’était enfermé dans une forteresse de silence que peu de personne hormis peut être Eulalie arrivait à briser. C’était dur, d’envisager le départ d’un proche ainsi. Surtout pour Michel-Ange, qui était de nature à vivre les choses à plusieurs. La distance, ça n’avait jamais rien de bon. Même si les gens vous affirmez que c’était toujours pareil quand ils rentraient, ce n’était pas vrai. Les lignes de leur vie ne s’entrecouperaient jamais plus, et chacun prendrait sa direction. Et ça, c’était horriblement triste. Toujours perdu dans ses pensées moroses, son mutagène s’activa brusquement. Le monde autour de lui sembla figé dans le Temps et tout apparu au ralenti autour de Michel-Ange. C’était quoi ce bordel ? Soudain, il repéra le problème. Une jeune femme très séduisante était en train de tomber juste à côté de lui. C’était une serveuse. Se penchant rapidement, il la rattrapa dans ses bras et repoussa la tasse de thé brûlante destinée à son visage. Ahurie, elle le regarda en clignant des yeux un moment, puis il y eut un bruit de tasse brisée. Tout redevint ensuite à la normal et les joues de Michel-Ange s’empourprèrent. Il n’avait toujours pas résolu ce problème de nanas. La redressant pour qu’elle se remette debout, cette dernière cligna encore des yeux, puis, griffonna un petit mot sur un bout de papier. « Merci l’artiste… Si tu veux je finis mon service dans deux heures… Si ça t’intéresse toujours... »
Cette fois-ci, elle ne cligna que d’un œil et s’en alla. Regardant ses fesses avec envie, il resta absorbé dans ses pensées. Depuis que Mary lui avait volé sa virginité, ce genre de truc devenait très courant. A croire que les femmes le sentaient… Ce genre de truc… Fixant le numéro et le petit mot, il le plaça dans sa poche, et releva juste à temps les yeux pour voir Honey qui était devant lui, en fauteuil roulant et qui le fixait avec un sourire bizarre. Visiblement, elle avait vu toute la scène. Passant sa main derrière sa nuque comme à chaque fois qu’il était gêné, Michel-Ange soupira puis déclara d’un ton enjoué :
« Ouais, ce genre de truc arrive de plus en plus souvent… Oh pas l’activation du mutagène, ç a tu connaissais… Bien que cette forme là j’pense que tu l’avais jamais vu… Mais disons que je plais de plus en plus… Ah merde j’ai pris une double banquette… Euuuuh... »
Sans cérémonie, il la souleva comme une poupée de chiffon pour la poser en douceur sur la banquette. Rougissant un peu quand leurs regards se croisèrent, il se remit à sa place et déclara d’un ton calme qui ne lui était pas familier. « T’as fait bonne… euh… Route ? On peut dire ça comme ça ? Tu veux boire un truc, c’est moi qui offre ! »
Et, dans son malheur, il croisa le regard de la blonde qui l’avait vu avec Honey. Un éclair passa dans ses yeux. Mais il ne sut ce que c’était. De la colère ? De la jalousie ?… Mystère. Comme tout ce qu’il savait sur les femmes en fait...
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Honey avait été absolument ravie que Michel-Ange l'invite une nouvelle fois. Elle aimait vraiment beaucoup son ami la tortue mutante et elle espérait qu'il en avait conscience. En très peu de temps, le jeune homme avait su prendre une place importante dans la vie de la scientifique, une place à part, celle de quelqu'un qui lui faisait du bien en la faisant rire et passer d'agréables moments. Elle en avait eu besoin, surtout depuis que sa vie et bon nombre de ses émotions étaient bouleversées dans tous les sens. Il n'y avait pas que Terre 2 qui était responsable de cet état, il y avait aussi tout le reste. Et depuis quelque chose, la scientifique éprouvait une étrange sensation, comme un besoin irrépressible parfois de parler franchement, ce qui faisait que ce chamboulement émotionnel se ressentait peut-être plus que d'ordinaire. En fait, Honey n'y avait pas encore tellement fait attention. La jeune femme avait toujours été sincère et mettait ça sur le compte de cette honnêteté bienveillante dont elle voulait faire preuve. Elle était aussi ponctuelle et ne manqua pas à sa réputation pour le rendez-vous chez Granny's. Comme tout le monde en ville, Honey avait entendu parler de la disparition tragique de la propriété du lieu qui faisait, comme on dit, partie des meubles de la ville. Elle était cependant agréablement surprise de voir que son commerce respirait la vie et la joie - en dépit de tout. Puis son regard se posa sur Michel-Ange qu'on repérait décidément de loin ! Il n'y avait que lui pour secourir les demoiselles en détresse et en rougir. Honey ne manqua cependant de constater que la serveuse en détresse du jour ne manqua pas de lui glisser un mot doux et elle ne put s'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles. Honey roula alors jusqu'à la table avec doubles banquettes - ce qui n'était pas très pratique, constata Honey en silence - et Michel-Ange embraya en se la racontant un peu. Tiens, c'était nouveau, nota la scientifique, amusée et intéressée. Avait-il enfin pris confiance en lui ? La blondinette n'eut pas le temps de demander ni de confirmer qu'elle n'avait jamais vu ce pouvoir ci auparavant car Michel-Ange venait de s'apercevoir de sa maladresse et, dans l'instant, l'avait soulevée comme une plume pour la poser en face de lui. L'espace d'un instant la pensée qu'elle était désormais un genre de poupée traversa l'esprit de Honey. La scientifique oublia bien vite cette réflexion. Michel-Ange venait de lui poser une question et elle était très intéressante mais la bouche de Honey avait envie de savoir et de dire autre chose : - On dirait que tu as une touche, commenta-t-elle en coulant un regard vers la serveuse qui se tenait un peu plus long. Tu vas la rappeler ? demanda-t-elle en reportant son attention sur Michel-Ange. Sa demande était littéralement sortie toute seule, avant toute formule de politesse, comme si Honey était ailleurs. Réalisant sa bévue, la jeune femme plaqua une main désolée sur sa bouche puis sourit, confuse. - J'aurais peut-être pu te demander comment tu vas avant. Ou simplement te répondre, en fait. Oui, ça roule ! Tu peux totalement dire ça, j'ai fait bonne route, le soleil brille, c'est l'été et j'ai acheté de nouvelle chaussures très mignonnes. Tu veux les voir ? Je peux me décaler sur le bord de la banquette ou alors tu passes ta tête sous la table mais ça aura l'air étrange, je crois. Honey marqua une pause et en profita pour replacer une mèche derrière son oreille. - Je veux bien boire quelque chose, oui. Du thé glacé. Il fait chaud et j'ai soif, ce qui est normal parce que quand on transpire on perd de l'eau... Non pas que je transpire excessivement, hein. Tu savais qu'on était constitué à 70 % d'eau ? C'est fou qu'on puisse quand même se noyer malgré tout !
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La rappeler ? Fixant Honey sans même la regarder, tout semblait flou dans son esprit. C’est vrai ça, il avait un numéro de téléphone d’une fille canon et maintenant il fallait songer à l’avenir. Allait-il la rappeler ? En avait-il envie ? Après ce qui s’était passé avec Mary ? Etaient-elles toutes comme ça ? Non. Eulalie et Honey en étaient la preuve vivante. Elles ne l’étaient pas… Souriant, ses pupilles se dilatèrent et firent la mise au point sur Honey. Elle était belle, et radieuse. Sa remarque sur ce qui venait de se produire n’était pas déplacé. De toute façon, il allait lui dire la Vérité, il ne mentait jamais… Ou très rarement. « La rappeler ? Je devrais ? Je veux dire, c’est un peu oléolé non ? Tu sais, les filles qui me draguent, j’ai un peu de mal en ce moment. A vrai dire, j’en sais fichtre rien ! »
Tournant le bout de papier dans ses doigts et observant l’écriture fine et gracieuse, il le rangea immédiatement dans la poche intérieur de sa veste. C’était un peu déplacé que de parler de fille alors qu’il en avait une en face d’elle. Pour toute réponse à sa question, il passa immédiatement la tête sous la table sans savoir ce qu’il pouvait y avoir de mal à cela. Fronçant les sourcils, il repassa la tête par dessus la table. « Je les trouve pas très belle... »
Un instant, il bascula sa tête en arrière, en proie à une réflexion interne. Les mots étaient sortis un peu plus rapidement qu’il ne l’aurait voulu. Finalement, Michel-Ange se rendit compte qu’il mentait pour rendre heureux les autres, et là, il semblait avoir dit la Vérité. Bizarre. Fronçant encore un peu plus les sourcils quand à ce fait plutôt étrange, il poursuivit la conversation comme s’il ne s’était rien passé.0]]
« Enfin, je suis pas un expert en matière de chaussure et de mode, donc mon avis ne compte pas vraiment. »[/b]
Se grattant la tête, il l’écouta s’élancer encore dans une explication scientifique. La tortue n’était pas experte, mais il savait en général suivre ce genre de conversation, d’ailleurs, il avait la réponse adéquate. « Ouais, en même temps, tous les être vivants sont en majorité composés d’eau je crois. Ce qui est plus étrange, c’est que notre corps est à 37°C. Et que quand il fait 37 comme aujourd’hui, ben on a super chaud. J’ai toujours trouvé cette remarque stupide, mais j’ai jamais eu d’explication. »
Levant la main rapidement, il commanda deux thé glacés. Ce fut la serveuse qui lui avait précédemment donné son numéro qui vint les servir. Pinçant des lèvres et fusillant Honey du regard, Michel-Ange se demanda ce qu’elle avait. Elle semblait… « Êtes vous constipée ? Je veux dire, vous faites la même tête que quand vous avez des problèmes de transits. C’est pas vrai Honey ? Ca vous rend un peu laide. Mais toi tu es bien plus belle Honey. En fait je connais pas beaucoup de fille plus belle que toi. Je pense que j’ai des sentiments. Pas de l’amour tu vois, mais des sentiments et... »
Tout se passa en un éclair. Son mutagène s’activa à nouveau et il vit le monde tourner au ralenti un court instant, lui permettant de voir ce qui allait se produire. La jeune femme blonde qui lui avait donné le thé glacé s’était saisi de ce dernier pour lui balancé au visage. Fermant les yeux, Michel-Ange se rendit compte qu’il avait estimé le danger trop tard. « Sale connard ! »
Le thé glacé se déversa sur son visage, et ses joues s’empourprèrent. En fait, ce qu’il avait avoué à Honey était bien plus grave que le thé glacé. Ce qui était étrange, c’était qu’habituellement, il évitait de dire ce genre de bêtises.
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C'est avec tendresse que Honey observait Michel-Ange en proie à ses doutes. Le monde féminin semblait être une vaste terre inconnue pour la tortue mutante et il n'en était que plus adorable. - Tu n'es pas obligé de prendre la décision tout de suite, fit remarquer la jeune femme, au cas où. Elle préféra ne rien ajouter mais songea que si d'aventure il revoyait la serveuse, elle serait intéressée de savoir comment les choses auraient tourné - de préférence sans tous les détails intimes s'il devait y en avoir et ce, bien que Honey ne soit nullement gênée par ce genre de phénomènes. Là où elle se trouva gênée, ou plutôt, prise de cours, ce fut quand Michel-Ange annonça qu'il n'aimait pas tellement ses nouvelles chaussures violettes dont la jeune femme était pourtant si fière. Elles étaient tellement confortables ! Enfin, c'est ce que la vendeuse lui avait dit. Honey, bien sûr, ne le sentait pas. Tout juste pouvait elle affirmer quand elle les retirait que ses pieds n'avaient pas l'air d'avoir souffert. Mais pour le moment, elle pouvait surtout affirmer que Michel-Ange était surprenant. La bouche bée et les yeux écarquillés, la blondinette le fixa, sans que son cerveau ne sache trop quelle commande envoyer. Finalement, il lui intima de fermer la bouche puis de bégayer : - Euh... eh bien merci pour ta franchise, en tout cas ! Et puis, peu à peu, les réactions de Honey se firent à nouveau plus naturelles. La surprise était passée. - Bien sûr que si ! s'écria la jeune femme. Ton avis compte beaucoup pour moi ! Même si ce ne sont que des chaussures ! Tu as des yeux pour voir alors si ça ne te plait pas, ça compte, assura la blondinette, l'air sérieux. C'est pas grave si tu n'aimes pas tout ce que je porte de toute façon parce que je ne vais pas t'obliger à porter mes affaires à ma place. D'autant que ce ne serait pas sa pointure, c'était évident. Le malaise se dissipa bien vite et la conversation se tourna vers un phénomène scientifique neutre qui n'impliquait pas les goûts et les couleurs des uns et des autres. La jeune femme rit de bon cœur à la remarque de Michel-Ange ou, plutôt, à la façon si adorable dont il venait de la formuler. - Ah, soupira Honey, rêveuse. Je t'aime vraiment, toi et ta curiosité intellectuelle. C'est précieux, ça. On ira faire des tests de température et de chaleur si tu veux un de ces quatre. Parce que la chaleur et la température ce n'est pas la même chose. Deux objets de la même température n'émettent pas forcément la même chaleur. La tarte et son moule, par exemple, expliqua la jeune femme en retrouvant son air de petite intellectuelle. Mais la serveuse arriva et Honey changea de centre d'attention pour sourire à la peut-être future conquête de Michel-Ange. Très vite, d'ailleurs, la scientifique nota le changement d'attitude de la serveuse, notamment vis-à-vis. Elle sentit venir le quiproquo à des kilomètres mais resta impuissante face à son déroulement. Peut-être que certains phénomènes étaient simplement inévitables - la maladresse et la spontanéité de Michel-Ange en tête, allez donc savoir ! Ce n'est que lorsque que le thé glacé se répandit sur Michel-Ange que le temps sembla reprendre son cours normal. Honey songea à cette étrangeté qu'était le temps perçu, qui ne correspondait pas toujours au temps véritablement écoulé mais zappa bien vite cette observation scientifique pour attraper les serviettes à leur disposition et se pencher sur la table afin d'éponger Michel-Ange - tout en prenant garde à son propre thé glacé qui, lui, avait été épargné par la fureur de la serveuse. - Pourquoi tu lui as dit un truc pareil ? demanda-t-elle doucement en continuant d'éponger. C'était... très franc. Peut-être trop, je pense. En fait, j'affirme. Elle faisait cette tête parce qu'elle me voyait comme une menace à la belle histoire qu'elle imaginait déjà entre vous deux. Honey était venue à bout des serviettes et Michel-Ange ruisselait toujours autant ruisselant. Elle l'observa un peu désemparée puis but une longue gorgée de sa boisson. Ca faisait un bien fou par cette chaleur. Michel-Ange, bien sûr, avait essayé une autre façon de se rafraichir. - Ca doit pas être confortable d'être tout trempé, observa la scientifique, le front plissé. Avec maman et papa on a pris un super appartement pas très loin, tu veux venir faire une lessive ? Je suis sûre qu'on pourra te trouver un truc sec et pas collant à mettre.
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Clignant plusieurs fois des yeux, Michel-Ange se retrouva prit au dépourvu quand la serviette venait à passer sur son visage. Le quiproquo était parfait. Elle avait du croire que le coup des sentiments, était adressé à la serveuse. Ou alors elle l’avait entendu mais n’avait pas relevé. Quoi qu’il en soit, Michel-Ange se laissa éponger, sans même bouger, alors que la tension était à son comble dans le restaurant. Etouffant de chaleur, et encore perturbé parce qui s’était passé, il préféra sortir en trombe. Déjà, ça lui laisserait un peu de temps seul, et il pourrait prendre du recule sur ce qui s’était passé. Sortant du diner, en bousculant plusieurs personne et sans croiser le regard de Honey, il poussa les portes battantes à toute allure et inspira une grande bouffée d’air, mais si elle était aride et suffocante, ça faisait du bien. Inspirant à plusieurs reprises, il fit demi-tour et revint à sa place. Croisant le regard de la serveuse qui était partagé entre le regret de ses actes et la colère, Michel-Ange préféra éviter son regard. Revenant à sa place, il se rassit, et recommanda un thé glacé. Juste par défi, et car il n’aimait pas que les choses ne se terminent pas comme il avait dans l’esprit. Comme si la scène avait été refaite, le Thé glacé se posa d’un geste sec sur la table devant lui et dans un bruit de verre sonore. « Merci. » dit-il simplement.
Passant sa main derrière la nuque, il décida finalement de changer de sujet. « Tes parents ? Ils doivent être trop cool ! Mais ça ira merci tant fait pas va ! Ca m’arrive régulièrement ce genre de truc, on va passer à l’appart ou à la pizzeria une fois que j’aurai fini… Mon thé glacé... »
Buvant à même la bouteille, il fit comme si rien ne s’était passé. Quand quelque chose de négatif lui arrivait, il préférait toujours l’occulter. Le thé glacé toujours aux lèvres, il fixa Honey. Mais qu’est ce qu’il n’allait pas chez lui. Pourquoi était-il toujours mis sur la touche ? Si aucune des filles qu’il côtoyait ne foulait de lui, pour autre chose que de l’amitié, c’est qu’au final, c’était lui le problème. Les mains tremblantes, sa bouteille de thé glacé se mit à trembler elle aussi. Il ne se sentait pas réellement bien… Regardant plus dans le vide que Honey, il finit par tout déballer. « Pourquoi ça marche jamais. J’veux dire, je suis pas plus mauvais qu’un autre, mais pourquoi c’est jamais possible avec qui que ce soit ? Regarde, là c’était évident, j’allais conclure et ça c’est pas passé comme prévu. Le problème, ça doit être moi. C’est forcément moi. »
Regardant par la fenêtre, il se rendit compte qu’il étouffait à nouveau. Pourquoi était-il rerentré ? Ne tenant plus en place et refaisant la même chose que tout à l’heure, il rebouscula les même personnes, et cette fois-ci, aucune n’eut la patience de tout à l’heure. Essuyant les remarques désobligeantes, Michel-Ange ouvrit à nouveau les portes du diner, sous les yeux surpris et curieux des clients. Quoi, ils n’avaient jamais vu quelqu’un d’hyperactif ou quoi ? S’asseyant sur le trottoir brûlant, le calme régnant dans la rue était paradoxal à côté du brouhaha de l’intérieur. Ici, il se sentait bien. Contrôlant sa respiration comme on lui avait appris, Michel-Ange regarda les voitures passées une à une sans rien dire. Retenant ses larmes, il se contenta de saisir ses genoux avec ses bras et de soupirer. Ouais, c’était une évidence, le problème c’était lui. Pas la peine de se le répéter une troisième fois, c’était s’autoflagéler. Soudain, une main de fer l’attrapa par le col et beugla d’un ton grognon. « Hé gamin, tu m’as fait raté mon sandwish par deux fois, tu te prends pour qu... »
CRACK. Ses jambes s’étaient enroulé sur son bras dans une posture de Ju-Jitsu étange mais efficace. Les os de ce dernier avait cédés et l’homme hurlait à la mort. Se redressant d’un bon, Michel-Ange l’observa d’un air apeuré. Il l’avait pris par surprise ! « Excusez moi j’ai pas fait exprès ! Je... »
C’était la panique. Il devait partir. Beaucoup de gens l’avaient vu… Ou il devait resté, pour réparer son erreur… Paralysé, il s’accroupit pour regarder l’angle du bras de l’homme… Aie aie aie...
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Honey n'insista. Michel-Ange était suffisamment perturbé comme ça, ce n'était pas la peine d'en rajouter. Mais, oui, ses parents étaient cool. Surtout son père, en fait. Sa mère était une femme plutôt sérieuse - mais aimante - qui pouvait paraitre austère quand on la connaissait mal. Elle aurait pu l'effrayer, d'ailleurs. Au final, c'était sans doute mieux ainsi, conclut mentalement la jeune femme en sirotant son thé glacé. Elle observait Michel-Ange derrière ses énormes verres de myope, attendant qu'il dise quelque chose... ... avec quoi il serait plus facile d'interagir, ajouta Honey mentalement alors que c'était visiblement trop tard. Décidément, c'était la journée de la vérité ou quelque chose comme ça. Même en temps normal Michel-Ange n'était pas aussi sincère et pourtant la scientifique était persuadée qu'il ne lui avait jamais menti. Honey se mordit la lèvre, sans trop savoir quoi répondre. Faute de mots, elle étendit sa main pour venir presser affectueusement la sienne et lui adressa un regard compatissant. - Tu es un garçon formidable, Michel-Ange et s'il y avait pas Tadashi dans l'équation je suis à peu près certaine qu'on aurait conclu, lâcha la jeune femme tout en se sentant rougir. Honey s'emmêla quelques instants dans un charabia incompréhensible, but d'une traite ce qu'il restait dans son verre pour achever de remettre de l'ordre à ses idées et reprit, enfin : - Je veux dire, tu es un garçon adorable et mignon dans ton genre et j'aurais pas dit si... Si j'étais pas juste en train de m'enfoncer, en fait, réalisa la jeune femme. Tu sais quoi ? On va faire comme si j'avais rien dit parce que sinon va falloir que je demande à Dieu de me faire mourir et ça impliquera que je commence à croire en lui. Honey se pinça l'arête du nez. Elle aurait voulu se cacher dans son verre mais, manque de bol, elle venait de le vider. La jeune femme baissa la tête, le temps de réfléchir. Quand elle la releva, elle était face à une place vide, interloquée. Au vu des personnes mécontentes qui serpentaient le dinner, il ne lui fallut pas bien longtemps pour comprendre que c'était par là que Michel-Ange était parti. Après avoir sorti de son sac à main violet un billet qui couvrait largement les trois thés glacés, la jeune femme se contorsionna pour retourner dans son fauteuil et suivre les traces de Michel-Ange - ou essayer, du moins. La chance se trouva être de son côté : Michel-Ange était sur le trottoir, juste devant la sortie. La malchance, elle, avait brisé le bras d'un homme dans un angle qui devait être particulièrement douloureux. Honey fit des yeux ronds. - Euh... Attendez, bougez pas, je vais vous le remettre mais ça va faire mal, décida-t-elle après une légère hésitation. Enfin, vous me direz, ça fera pas plus mal que ça ne fait déjà mal. Ensuite il faudra aller à l'hôpital pour faire plâtrer, je suis désolée, j'ai pas mon mini laboratoire portatif sur moi donc impossible de vous en faire un, ajouta Honey avec une moue contrite. - Vous êtes qui, vous ? vociféra le type qui souffrait. Z'êtes docteur, peut-être ? Il était méfiant et plus grand mais il souffrait, ce qui donnait un avantage à Honey. - Exactement ! s'écria la jeune femme en lui prenant le bras. En chimie et en astrophysique mais j'ai lu des livres de médecine et je connais la théorie. Allez. J'y vais à trois... Un... Deux... C'est à cet instant que Honey vrilla sèchement le bras pour remettre l'os cassé dans son axe initial. L'homme hurla à la mort. - VOUS AVIEZ DIT TROIS ! La jeune femme haussa les épaules avec un sourire malicieux. - Trois, acheva-t-elle. Maintenant vous devriez aller à l'hôpital, conseilla-t-elle alors qu'il se rapprochait à nouveau de Michel-Ange. - C'est bien parce que ta copine est là ! cracha-t-il en s'en allant dans la direction de l'hôpital. - Y a des gens qui ont vraiment un problème de violence, commenta la jeune femme, atterrée. Tu vas bien ? T'as pas l'air dans ton assiette. Si tu veux j'ai aussi lu beaucoup d'articles sur la plupart des pathologies courantes et je ne juge pas, offrit Honey. Et mon offre de passer à la maison tient toujours.
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Embarrassé plus que jamais, le regard de Michel-Ange se perdit dans le vide. C’était très grave, selon lui ce qui venait de se produire. Il avait fait une erreur d’appréciation monumentale. Jamais ses capacités ne devait être utilisé dans un but comme celui là. Jamais. Pétrifié par la peur, et encore paralysé par les paroles que venaient de lui dire Honey, Michel-Ange garda un long moment le silence. Ouvrant plusieurs fois la bouche, rien n’en sortit. Il finit par baisser simplement les yeux vers ses baskets. Cette journée avait mal commencé, et elle allait mal terminé. Mais que faisait Eulalie ? Il lui avait envoyé plus d’une vingtaine de textos. Et là, il avait absolu besoin d’elle… Paniqué, il s’attendit à la voir surgir de nul part, en rouspétant avec Basile sur les basques, qui lui servait de « téléporteur ». En vain. Rien. Le regard un peu plus sombre, il soupira un instant et poursuivit : « Ecoute… Euh… Je crois que cette histoire commence à me monter à la tête… On devrait s’arrêter là pour aujourd’hui non ? Je crois qu’on s’est dit beaucoup de chose, qu’on aurait jamais du se dire. Certaines choses blessent plus quand elles sont dites que quand elles sont tus, et visiblement, aujourd’hui ça semble sortir sans le vouloir. D’ailleurs c’est vraiment bizarre... »
Cette dernière réflexion le laissa un peu en suspens. Jamais il ne perdait son sang-froid de la sorte, aussi bien pour une si petite agression physique que pour des paroles qu’il n’avait pas à dire. Il était expressif, excentrique même, mais il savait garder un secret, et ce qu’il venait de dire à Honey en était un. Sa formation de Ninja l’avait habitué à garder le silence. Il aurait pu tenir des heures et même des jours sous la torture sans lâcher une information comme celle là. Non c’était étrange, vraiment. Ne voulant pas la froisser, il décida tout de même d’accepter l’invitation… Enfin à moitié. « Je pars par là, je veux pas déranger, si c’est sur ta route, alors on va dire qu’on fait un bout de chemin ensemble... »
Indiquant l’Est, visiblement elle sembla d’accord sur le fait qu’il s’agissait de la route. Marchant un petit moment, les mains dans les poches, ses pensées étaient toujours orientées vers ce qu’il lui avait avoué. C’était pas normal. Mais le plus grave dans tout ça, c’était ce qu’elle lui avait répondu… Ainsi donc si il n’y avait pas eu Tadashi, ça en aurait été autrement ? Soupirant, il ne put rien faire d’autre que d’avancer un pied devant l’autre. Il devait être maudit, ou un de ces genres de trucs qui n’arrivent qu’à lui. Son regard se porta sur les maisons alentours. Quelques personnes étaient sorti, et semblaient se disputer. D’autres se regardaient en chien de faïence, comme si quelque chose avait été révélé. Qu’est ce qui se passait au juste dans cette ville aujourd’hui ? Fronçant les sourcils, la voix d’une jeune femme lui vint en écho.
« Ben t’aurais qu’à aller lui dire bonjour de ma part à ta pouffiasse ! De toute manière, je t’ai déjà trompé moi aussi en 1999 pendant que t’étais en déplacement ! Ca te la coupe Johnny ! »
L’homme renchérit et Michel-Ange préféra tourner la tête, après tout, c’était leurs problèmes. Beaucoup étaient sorti, pour se disputer, dans certaines maisons, on entendait soit un silence de mort soit une dispute en route. Etrange, vraiment étrange. Après quelques pas, ils semblèrent arrivé à une maison que Honey regardait en particulier.
« Je crois que nos chemins s’arrêtent ici, même si j’aimerai bien te suivre, pour qu’on discute de ce qui a été dit tout à l’heure tous les deux, histoire de voir si on peut pas trouver un compromis... »
Quoi ? Horrifié, il regarda Honey. Quelque chose était en train de se produire à Storybrooke. Et ce n’était visiblement pas maîtrisable.
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Honey papillonna des yeux, surprise par la suggestion de Michel-Ange mais elle devait bien se rendre à la douloureuse évidence que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. C'était comme si un mal étrange rongeait certaines personnes en ville - dont eux, manifestement - et les pousser à dire la vérité vraie, crue, nue, sans fard, juste la vérité telle qu'elle leur apparaissait. Il fallait probablement envisager leur comportement comme le symptôme d'un... quelque chose. A ce point de la réflexion, un QI de 187 n'était manifestement pas suffisamment pour que Honey poursuive son exercice mental. Elle ne connaissait aucune maladie capable d'une pareille chose et savait qu'on attrapait pas de pathologies mentales comme on attrapait un rhume. Etait-ce une maladie propre à cet Univers ? Ou autre chose ? On avait certes expliqué à Honey que la magie et ce genre de choses existaient par ici - et même chez elle, apparemment ! - mais c'était une donnée qu'elle avait encore du mal à intégrer alors, comme l'avaient fait les scientifiques avant elle pour simplifier leurs calculs, elle ne prenait pas se paramètre en compte. En revanche, Honey avait des yeux pour voir et elle constatait qu'elle et Michel-Ange n'étaient pas les seuls atteints par cette drôle de chose. Elle se demanda ce que Tadashi en aurait pensé s'il avait été là puis se rappela que penser à lui la déprimer inévitablement et le chassa de son esprit. Honey se contenta de rouler en silence, comme Michel-Ange - sauf qu'il était sur ses jambes, lui. La jeune femme fit tout son possible pour occuper son esprit et ne pas entendre les disputes et révélations des uns et des autres. C'était difficile. Il lui fallait quelque chose qui demanderait énormément de concentration alors elle choisit de réciter Pi : 3.14159... (ndrl : la joueuse le connait pas davantage). Finalement ils arrivèrent plus rapidement que prévu. Honey se sortit la tête des décimales et sourit à Michel-Ange. Elle aurait aimé le voir plus longtemps et s'apprêtait à lui dire au revoir quand il fit une suggestion qu'elle n'était pas certaine de comprendre. La jeune femme fronça les sourcils, en proie au doute. - Un compromis ? répéta-t-elle. Dans quel sens ? Maintenant que tu as lancé ton idée autant la développer jusqu'au bout, tu ne crois pas ? De toute façon... on dirait que personne ne peut mentir aujourd'hui, sourit Honey qui décidait de s'amuser de la situation.
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| Conte : Teenage Mutant Ninja Turtles | Dans le monde des contes, je suis : : Michel-Angelo - La Tortue Orange
Fixant Honey sur le pas de la porte de sa maison, Michel-Ange entendit quelques éclats de voix provenant de l’intérieur. Sans réfléchir, il se saisit du fauteuil roulant de Honey pour la forcer à prendre la direction opposée. Certaines Vérités n’étaient pas vraiment bonnes à entendre, et visible, aujourd’hui, il était impossible de mentir. Imaginez, vous rentrez chez vos parents et on vous dit « de toute façon j’ai jamais voulu l’enfant ! ». Ce n’était pas bon pour votre santé mentale. Ne voulant pas faire courir ce risque à Honey, Michel-Ange prit la décision de changer brusquement de direction et de partir vers le Nord de la ville, là où il résidait. Il savait que là bas, les gens étaient plus pauvres. Et quand on était pauvre, généralement, on avait étrangement moins peur de la vérité. C’était ce que Michel-Ange s’était dit. Il avait réfléchi vite et comme d’habitude, avait agi. Courant un peu plus pour ne pas entendre Honey rouspéter, il se contenta de s’arrêter dans un quartier qu’il savait très peu fréquenté. Où les maisons étaient clôturés par des fenêtres, et où généralement il s’agissait juste de placement immobilier en attente de rénovation du quartier pour le vendre plus cher. Tournant Honey vers lui, un sourire se dessina sur ses lèvres et malgré la gène de tout à l’heure, il déclara : « Désolé, mais je pense que c’était mieux pour toi d’être ici plutôt que là bas… Aujourd’hui, personne ne peut mentir. Jusqu’à ce que j’ai résolu ce mystère, on reste tous les deux. »
Devant le regard interrogateur de la jeune femme, il se justifia ainsi : « Tu es plus en sécurité avec moi qu’ailleurs. Je ne mens que très rarement et je ne cache des vérités que lorsque c’est nécessaire… Je t’ai dit un secret que j’avais sur le coeur, et c’est le seul qu ej’ai envers toi. Je pense que c’est pareil pour toi. Du moment qu’on reste ensemble et isolé, je pense qu’il ne nous arrivera rien de plus mauvais. »
Sortant son téléphone, il essaya d’appeler plusieurs fois Eulalie, en vain, il tomba à plusieurs reprise sur messagerie. Exaspéré, Michel-Ange regarda aux alentours. Alors qu’un couple se disputait en se dirigeant vers eux, son mutagène s’activa en signe de danger. Sans avertir, il se dirigea vers la porte la plus proche barricadée par des planches, les arracha comme s’il elles avaient été en beurre, puis poussa le fauteuil à l’intérieur. Les meubles étaient couverts de draps blancs et une odeur de renfermée était perceptible. S’asseyant dans le fauteuil, il fit signe à Honey de se taire et d’attendre son signal. Une fois les éclats de voix lointains, son regard se porta sur la jeune femme.
« On l’a échappé belle… Je ne sais pas ce qui se passe, mais quoi qu’il en soit, il faut à tout prix l’éviter… On pourrait faire l’amour sur ce canapé en attendant que ça pa... »
Mettant ses mains à sa bouche, il regarda Honey horrifié. Visiblement, il ne fallait plus parler. « Désolé ! »
Se grattant la tête, il s’excusa platement et observa par la fenêtre. Beaucoup de bruit était perceptible dehors...
Honey Lemon
« Science is magic that works. »
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Jusqu'alors, Honey n'avait pas réalisé à quel point être en fauteuil pouvait la rendre vulnérable. Mais elle en prit parfaitement conscience lorsque, sans crier gare, Michel-Ange saisit les poignées à l'arrière dudit fauteuil et l'entraina ailleurs que chez elle. La jeune femme ouvrit de grands yeux stupéfaits et sentit sa bouche s'ouvrir puis se refermer sans qu'aucun son n'en soit sorti. Comme il s'agissait de Michel-Ange et non pas d'un inconnu peut-être psychopathe, la scientifique trouva rationnel de se sentir en sécurité et de ne pas appeler à l'aide. Ce qu'elle trouva moins rationnel, en revanche, c'était le comportement de son ami ! Et pourtant, elle avait à présent l'habitude de ses excentricités ! - Euh... tu m'expliques ? tenta-t-elle d'une petite voix. Ce ne fut cependant pas d'un très effet. Mais Honey, qui avait plusieurs fois étudié le plan de la ville et qui savait aussi se repérer à l'aide du soleil (ce qui n'est pas si compliqué que ça quand on possède un tant soit peu de logique) pouvait au moins s'apercevoir qu'ils prenaient la direction du nord. D'ailleurs, ils arrivèrent bientôt dans un quartier passablement délabré que la jeune femme n'avait pas encore exploré - et qu'elle n'avait jamais songé à explorer, en fait. Honey se contorsionna pour essayer de capter le regard de Michel-Ange (en vain) et demander, un peu inquiète en dépit de sa présente : - Tu nous emmènes où exactement s'il te plait ? Ca n'a pas l'air super-super accueillant dans le coin, je sais pas si tu as remarqué. Apparemment, en tout cas, ils étaient arrivés et Michel-Ange retourna le fauteuil ce qui rendit la contorsion inutile. Les cervicales de la chimiste ne pouvaient qu'apprécier. Et, enfin, la jeune femme put apprécier un début d'explication sur l'attitude étrange de Michel-Ange. Elle fronça les sourcils, incertaine : - D'accord, je comprends mais... on aurait pu rester tous les deux dans un endroit un peu plus chaleureux, non ? Genre... ma chambre, un hôtel, le laboratoire, une salle de bains propre, ce genre de choses. Peut-être Michel-Ange avait-il craint de croiser par mégarde ses parents, réalisa Honey. Mais il lui semblait plus probable que son ami ait envie de la protéger - même si Honey n'était pas persuadée que la vérité soit un si gros problème. Elle-même ne mentait pas, par principe. Ou alors peut-être qu'elle se mentait un peu à elle-même des fois mais ça n'avait d'incidence sur personne alors où était le mal ? - Moi non plus je n'ai pas l'intention de te mentir, poursuivit la scientifique pour mettre un terme à la réflexion qui commençait à germer dans son esprit et aussi pour le conforter dans son raisonnement. Je me sens en sécurité avec toi. D'ailleurs, ce serait stupide de me sentir autrement. Tu es une tortue ninja et j'ai suffisamment étudié ton génome pour savoir qu'il compense largement mes membres inférieurs inutiles, sourit la jeune femme. L'intéressée en eut d'ailleurs la démonstration seulement quelques instants plus tard, quand Michel-Ange arracha la porte d'entrée de la maison abandonnée la plus proche avant de la pousser à l'intérieur - Honey, pas la porte, je veux dire. La jeune femme allait rouspéter que ce n'était pas légal d'entrer comme ça chez les gens - même si la maison n'était visiblement plus habitée depuis un moment - et ajouter que Wasabi n'aurait jamais approuvé un truc pareil, mais elle nota le doigt sur la bouche de Michel-Ange et demeura silencieuse, se contentant d'un regard qu'elle jugea éloquent. Restait à savoir s'il l'avait déchiffré... Michel-Ange était, en effet, plus tendu que jamais. - Il faut vraiment que tu te détentes, on est pas en temps de guerre et puis on ne connait même pas les personnes qui passaient. Pourquoi leurs vérités nous importeraient-elles ? Moi je suis d'avis que ce sont celles des gens qui nous sont chers qui comptent davantage que celles de parfaits inconnus. Et puis, tu n'as pas besoin de me protéger comme si j'étais une petite fille, j'ai deux doctorats, quand même, ajouta la jeune femme dans un large sourire complice et bienveillant. Je dis pas que ça n'a pas son charme, hein ! précisa-t-elle dans un naturel qui la déconcerta elle-même. Et pendant que Michel-Ange continuait de regarder par la fenêtre en regrettant ce qu'il venait de dire, elle poursuivit, toute aussi spontanée et décontractée : - J'avais l'intuition que tu avais envie de coucher avec moi. Je l'ai eue quand j'avais encore mes jambes, quand elles marchaient littéralement et métaphoriquement, je veux dire. Je pensais pas que t'en aurais toujours envie après, en fait, pour être totalement honnête, je sais pas trop si ça fonctionne encore. C'est des choses qui arrivent quand on est paralysé. En fait, je crois que tu serais déçu si ça arrivait parce que... eh bien à part faire l'étoile de mer, je suis pas certaine de pouvoir. Mais ce que j'aimerais comprendre c'est pourquoi tu nous as amenés ici ? Si c'est pour trouver une occasion de faire l'amour, y avait des tas d'endroits plus près, non ? Notant que Michel-Ange avait l'air particulièrement surpris par ces révélations intimes, Honey sourit et perdit un peu de sa superbe : - Aurais-je manqué de tact, à tous hasards ? demanda-t-elle. Ca arrive parfois aux scientifiques : on parle tellement librement entre nous que parfois... on oublie un peu les tabous de la société. Désolée, du coup.
