« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Nerveuse. C’était le cas de le dire, Elsa était nerveuse : c’était bien la première fois qu’elle acceptait un plan comme ça et elle n’avait absolument aucune idée d’à quoi s’attendre ! C’était Elias qui lui avait filé le numéro de quelqu’un quand elle était rentrée la veille, prétextant que c’était un pote à lui, qu’il était aussi célibataire… Et que ça pouvait matcher entre eux. Elsa avait haussé un sourcil dubitatif face à ce gros manque d’informations et de précisions, attendant sur le pas de la porte qu’il prolonge un peu la définition de « matcher » que juste « c’est un pote ».
Tirant les vers du nez de son frère, elle avait appris que le type en question était ingénieur informatique et qu’il bossait pour une petite boite en centre-ville, mais qu’apparemment il n’allait pas tarder à décrocher un contrat avec… Houston, au Texas. Voilà pourquoi il lui filait son numéro : étant donné qu’elle y passait quasiment un mois sur deux, c’était tout à fait bénéfique si elle se trouvait quelqu’un dans les environs ! Levant les yeux au ciel devant une logique aussi stupide, elle soupçonna sa mère d’être de mèche avec Elias mais il nia complètement.
« Rencontre le au moins ! » Se défendit Elias, appuyant sur ses mains qui s’apprêtaient à jeter le bout de papier. « Il sera au Fantasia demain pour quinze heure. Trop tôt pour un dîner et trop tard pour un déjeuner, t’auras juste à commander un café et à discuter ! »
Elle avait croisé le regard d’Elias, tentant d’y déceler le moindre piège ou malice mais il n’y avait rien d’autre qu’une éternelle étincelle un peu amusée et pleine d’espoir. Sincèrement, quelle était la manie de sa famille à vouloir la mettre avec quelqu’un quand elle était bien mieux toute seule ?! L’expérience Théodore ne leur avait pas suffit ? Elle savait à quel point ils avaient été affectés lorsqu’ils s’étaient séparés, la couvant de bras et d’un cocon soyeux pour l’aider à se remettre du flot d’émotions douloureuses qui l’avaient traversée à l’époque… Heureusement que Chris n’avait pas du tout été pareil, ni les quelques hommes avec qui elle avait flirté sans jamais aller au-delà. Il fallait dire qu’être vierge de tout acte charnel avait tendance à faire fuir plus d’un prétendant qui ne cherchait, au final, qu’une nuit sans lendemain. L’espèce humaine dans toute sa splendeur.
Elle avait finalement rendu les armes en réalisant qu’Elias avait effectivement déjà fixé le rendez-vous et le maudit sur plusieurs générations, lui faisant promettre de lui laisser l’accès à la salle de sport où il travaillait sans venir l’embêter sur des horaires. Elsa avait besoin de se dépenser depuis qu’elle était revenue de Houston et la prochaine séquence d’entrainements lui paraissait affreusement loin encore… Vivement qu’elle retourne au JSC, là-bas au moins elle avait l’impression d’être réellement utile pour une grande cause ; pas à ne servir que de potiche pour des amis en manque de relations.
La vie de Samuel – parce que l’inconnu s’appelait Samuel – avait été passée au peigne fin durant la nuit, par elle mais aussi par ses précieux amis du net qui avaient le don d’être plus efficaces que des détectives privés. Sans doute aurait-elle put demander directement à Chris mais il n’aurait pas approuvé cette intrusion dans la vie privée de quelqu’un. Est-ce que c’était si mal que ça de ne pas vouloir se retrouver en face d’un psychopathe prêt à vous découper en morceaux ?! Son profil facebook était clean, il était plutôt mignon et semblait très porté sur les soirées de fêtes entre collègues ou amis. Sur plusieurs images, la viking reconnu son frère et cela la conforta dans l’idée qu’ils se connaissaient… Au moins n’était-il pas aussi sociopathe que ce qu’elle s’était imaginée.
Jordstock_blad : Au pire, si tu as un souci, appelle-moi.
Elsa avait haussé un sourcil devant la proposition arrivée en privé, parallèlement à la conversation commune qu’elle avait avec les autres. Cela l’avait faite sourire et même amusée… Elle avait appris que son interlocuteur préféré, celui avec lequel elle s’était pris la tête la première fois, habitait dans le même coin perdu où elle se trouvait actuellement ! Le hasard faisait des fois quand même bien les choses. Mais de là à l’appeler, vraiment ? Et franchir la dernière limite que l’écran permettait de maintenir ?
Elle s’était mordu la lèvre inférieure, songeuse, tandis qu’un autre message apparaissait :
Jordstock_blad : (Je sais très très bien me battre)
La proposition était outrageusement tentante… Ce n’était pas comme si elle espérait un jour le rencontrer mais elle n’avait jamais eu la moindre idée de comment s’y prendre. Si elle le demandait directement, ça aurait fait mauvais genre pour son ego ; alors que là, c’était proposé et offert sur un plateau ! Prenant encore une minute de réflexion, elle avait fini par pianoter dans un demi sourire :
Jamesy : Tiens toi prêt de ton téléphone et du Fantasia. Si tu entends des cris, c’est que je lui aurais planté ma fourchette dans la main ;)
Et là, aujourd’hui, elle se trouvait à proximité de la pâtisserie citée, avec quelques minutes de retard parce qu’elle avait jugé intelligent d’aller rendre visite à Chris au commissariat. Il fallait dire que c'était un passage quasi-obligatoire quand elle s'aventurait dans cette zone de Storybrooke et, après s'être faufilée jusqu'au bureau du concerné, Elsa avait passé la tête à l'intérieur et profité de quelques instants pour la sculpturale silhouette de son ami de dos.
« AH ça… C’est le cul de Storybrooke ou je ne m’y connais pas ! » Déclara-t-elle.
Lorsqu’il se détourna vivement des papiers qu’il rangeait sur son bureau, Chris passa une première seconde de surprise avant d’esquisser un sourire et de croiser les bras sur son torse, l’air faussement réprobateur.
« Arrête avec ça, tu veux ? Tu vas bien ? »
« Pas de ma faute, c’est dans le film ! » S’excusa-t-elle, s’avançant dans la pièce pour demander d’un ton timide : « J’ai quand même droit à un câlin de mon shérif préféré ? »
Elle tendit les bras et, fort heureusement, Chris répondit par l’affirmative en venant passer les siens autour d’elle. Aaah, la meilleure place du monde ! Elsa le serra fort comme pour puiser dans toute la force qu’il avait, avant de redescendre de son petit nuage en se décollant doucement de lui.
« Je vais bien, je suis rentrée la semaine dernière... et toi ? »
« Je vois ça. Tu es limite plus musclée que moi. L'armée devrait t'appeler toi pour des missions spéciales, pas moi. »
Elle rit avec lui de cette remarque, prenant le ton de la confidence.
« L’armée m’emploie déjà en quelques sortes ! »
« Ça va. Une vie de shérif dans une ville de malade. Tu as besoin de quelque chose ? »
Réalisant qu’elle n’était pas que venue pour lui faire un câlin, elle tendit un grand sac en kraft qu’elle avait porté jusqu’ici. Après tout, quitte à venir le voir, autant joindre l’utile à l’agréable !
« Tiens, pas mal d’affaires sont arrivées ces derniers temps, peut être qu’Althea trouvera quelques petits choses pour lui plaire ? »
Son vis-à-vis le pris précautionneusement en la remerciant du regard, le déposant sur le bureau pour jeter un rapide coup d’œil à l’intérieur : Elsa avait mis de côté plusieurs tee-shirts et débardeurs pour l’été, des shorts, des jupes et des robes comme deux jeans. De quoi satisfaire la petite fille à son avis, malgré les styles hétéroclites des vêtements ; avant que le reste ne parte pour l’orphelinat de la ville avec le trop-plein. La générosité des gens était aléatoire mais, parfois, plus que suffisante.
« Merci El, je m'embête a lui apprendre qu'elle n est pas qu'une princesse. Jefferson lui a trop monté la tête. Ça lui fera plaisir et tu le sais, elle t'adore. »
« On est toutes un peu princesses quelque part… Ou chasseuse de monstres. » Souffla-t-elle.
Il eut un nouveau sourire auquel elle répondit, soulagée.
« Sûre que ça va ? Tu as l’air absente… »
« Oh euh.... en fait, j’ai un rendez vous. Mais avec quelqu’un que je ne connais pas. Juste là dans quelques minutes.... »
La blonde grimaça en se triturant les doigts, signe de sa nervosité. Affronter l’armée sans problème, subir des brimades et relever le menton facile, mais alors aller simplement discuter avec un type lambda… C’était une autre paire de manches ! Chris fronça les sourcils, comme elle l’aurait espéré, avant de se rapprocher doucement d’elle pour poser sa paume sur sa joue. Un contact simple et réconfortant. Un contact si évident entre eux, alors qu’ils craignaient ce genre de choses de l’extérieur…
« Tu ne connais pas ? Tu sais même pas si cette personne est digne de confiance. Tu aurais dû me demander de faire des recherches sur cette personne. Je ne veux pas que tu souffres encore une fois. »
C’était touchant, cette façon de s’inquiéter encore alors qu’ils n’étaient plus ensemble depuis longtemps et qu’ils s’étaient prouvés maintes fois que c’était la meilleure des solutions. Mais c’était aussi justement pour cette proximité maintenue, comme si entre handicapés des contacts humains physiques, ils se comprenaient. Elsa releva ses yeux clairs vers lui, esquissant un sourire doux qui se voulait sûre d’elle.
« C'est un ami d'Elias, c'est lui qui m'a trouvé ce rendez-vous... Mais, et perdre ton boulot de shérif ? Sûrement pas ! Et puis, je ne vais que discuter avec lui dans un lieu public en plein après-midi... Au pire, je le met à terre s'il essaye quoi que ce soit et je t'appelle pour t'expliquer que c'était de la légitime défense ? »
Elle marqua une pause amusée, puis passa doucement ses doigts sur son poignet.
« J'avais juste besoin de venir prendre un peu de force et de courage avant d'y aller. »
Choses que le shérif était parfaitement capable de lui inspirer et de lui prodiguer par sa simple présence. Il hocha finalement la tête, comme s’il lui accordait cette manche, et sourit en passant ses mains dans les cheveux d’Elsa pour la recoiffer inconsciemment.
« Et bien tu n'as pas besoin de moi pour avoir de la force. Regarde-toi. Tu es forte, intelligente et courageuse. Ce rendez vous se passera bien. Enfin je l'espère pour lui sinon je vais lui faire regretter d'être né et de vivre dans ma ville. »
Elle eut un dernier rire, le remercia du regard avant de se hisser sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. Une dernière étreinte brève. Elle allait vraiment être en retard…
« Tu es le meilleur. Je te tiens au courant si c’est un psychopathe ou pas ! Un bisou à James et Althea ! »
Elle frôla ses lèvres des siennes dans un baiser furtif, rituel et habituel entre eux, puis consentit à quitter la chaleur rassurante des bras de Christopher pour filer à son fameux rendez-vous ! A peine un pied hors du commissariat que son courage, pourtant remonté à bloc, commença à s'étioler en tournant dans les rues... Et voilà qu'une fois face à la devanture magnifique, son estomac se retourna à la simple perspective de mettre les pieds à l’intérieur. C’était un terrain connu, elle avait déjà rencontré plusieurs fois la propriétaire – Queenie Scarletto, une très bonne amie de Chris… Mais ce qui l’agaçait, c’était qu’elle était capable de débarquer dans une base militaire la tête haute tandis que là, elle avait juste envie de s’enfuir en courant. La gestion des priorités dans son crâne n’était pas encore tout à fait… Efficient.
La blonde repéra tout de suite Samuel : ses longs cheveux bruns et son chapeau attiraient l’œil, tout comme sa chemise violette. Il lui fit signe en la voyant et Elsa maudit intérieure Elias d’avoir montré des photos de sa tête à cet inconnu ! Comment l’aurait-il reconnu, sinon ? Elle s’installa en face de lui après un baisemain et ils commandèrent une pâtisserie… Avant de se retrouver dans un silence gênant face-à-face. Mince, elle avait pourtant préparé des sujets de conversations ! Elle avait même révisé avec Jordstock pour être sûre de ne pas paraître inintéressante ou bancale… Sauf que là, rien ne venait vraiment.
« Du coup… Elias m’a dit que tu travaillais dans les vêtements ? Tu es styliste ou un truc du genre ? » Tenta l’inconnu.
Elsa haussa un sourcil. Dans les vêtements ?! Mais elle allait étrangler son frère !
« J’aide à la friperie familiale. » Finit-elle par répondre. « Mais je ne m’intéresse pas plus que ça aux vêtements. C’est un peu trop… Frivole pour moi. »
Le regard qu’il porta sur elle en disait long. Il la dévisagea attentivement, puis elle vit ses yeux descendre dans son cou et sur le décolleté sobre qu’elle portait grâce à son débardeur. Il y resta un peu trop longtemps à son goût mais, heureusement, la serveuse leur apporta leurs commandes et interrompit ce déshabillage du regard sans règle ni courtoisie.
« Et toi, tu fais… quoi dans la vie ? »
Elle ne pouvait pas admettre avoir fouillé dans sa page privée.
« Je suis ingénieur. » Il dit ça avec une pointe de fierté. « Je vais où le vent me porte et j’aurais, probablement, bientôt un contrat au Texas. C’est pas que Storybrooke m’étouffe mais on s’y sent vite à l’étroit, non ? »
« A qui le dis-tu… »
« Des griefs contre cette ville ? »
Elle haussa un sourcil surpris à son encontre et eu un sourire amusé en retour. Visiblement, il faisait des efforts pour paraître sympathique. Peut-être qu’elle devrait lui laisser une chance ? Elle l’avait jugé dès qu’il avait osé lui demander si elle bossait dans le stylisme, mais tout n’était peut-être pas perdu ?
Elle sentie son téléphone vibrer dans sa poche mais décida de l’ignorer pour le moment.
« Disons que j’ai quelques envies… De grands espaces. »
« Oh, je comprend. Les plaines texanes sont très différentes d’ici. Je vais travailler à Houston, tu connais ? »
« Un peu. »
« Tu savais qu’ils ont un space center là-bas ? Je vais travailler pour le musée, ils ont besoin de remettre à niveau leurs collections et informations de manière moderne. C’est un peu un comble quand on sait que le siège de la NASA se trouve juste à côté, non ? »
Il eut un petit rire et elle sourit par politesse en hochant la tête. Malgré elle, sa main avait attrapé son téléphone et relevé sur ses genoux. Elle s’aperçu du message laissé par son ami en ligne et eu un sourire plus doux, presque amusée. C’était touchant de voir qu’il s’inquiétait à peine cinq minutes après l’horaire officiel du rendez-vous.
« … Ca t’intéresse pas trop, tout ça ? »
Samuel venait de la tirer d’une rêvasserie et elle s’en voulue immédiatement.
« Tout ça quoi ? »
« Les musées, l’informatique, la Nasa, ce genre de trucs compliqués… »
Il ne pouvait pas plus se tromper ! O_o
« Je comprend, t’inquiète pas, c’est pas donné à tout le monde de pouvoir travailler là-bas. Il faut un certain niveau de connaissances. Toi, qu’est-ce que tu aimes en général ? Les promenades en ville ? Les soirées en boîte ? Je suis curieux. »
Elsa se sentit piqué en son fort intérieur. Est-ce qu’il venait de sous-entendre qu’elle n’était pas assez maligne pour comprendre quoi que ce soit à ce qu’il racontait ?! Il pensait l’entourlouper de quelle manière, exactement ? Décidément, elle ne tombait que sur des machos prétentieux quand il s’agissait de faire des rencontres ! Ils la prenaient tous trop rapidement pour une potiche blonde bien jolie mais très bête, de quoi passer du bon temps sans se prendre la tête. Dommage, ce n’était absolument pas le cas !
Alors qu’elle pianotait un message à l’attention de Jordstock, accompagné d’un gros « MAYDAY » au début, elle fit mine de réfléchir en pinçant les lèvres. C’était horrible de voir à quel point elle avait envie d’être suffisamment gentille pour ne pas le rembarrer directement ; à la base, ce n’était pas la même ambiance et ils étaient nombreux à s’être cassé les dents en la pensant jolie poupée sans cervelle.
« J’aime être plutôt tranquille mais bouger. » Confia-t-elle finalement, appuyant sur envoyer. « Je fais beaucoup d’aller-retour à Houston et j’emprunte les machines de la salles de sport d’Elias quand je suis ici. »
« Oh… Fitness ? T’en a pas vraiment besoin pourtant. »
Ah parce qu’il croyait qu’elle avait un corps comme le sien juste en mangeant des chips devant Netflix ?!
« En revanche, toi si. »
Elle s’en voulu aussitôt d’avoir sorti ça, se redressant vivement sous la surprise. Mais c’était trop tard, elle avait lâchée cette petite pique. Samuel, une bouchée de gâteau plantée au bout de sa fourchette, la fixa avec de grands yeux. Apparemment, elle avait capté toute son attention, lui qui paraissait nonchalant depuis le début de leur conversation.
« Tu es courbé en avant et tes épaules sont voûtées, ça ne te ferait pas de mal de renforcer tes trapèzes et d’accentuer le travail sur le bas du corps. Tu travailles sur ordinateur, tu es donc souvent assis et penché et tu ne fais travailler que le haut de ton buste dans de mauvaises positions. Un peu de sport serait bénéfique pour t’éviter d’avoir mal partout et que ça t’empêche de dormri. »
Elle désigna les cernes sous ses yeux. Samuel resta interdit un instant face à elle et Elsa en profita pour envoyer un nouveau message à son ami, priant pour qu’il la tire de ce mauvais pas rapidement. Elle n’avait aucune idée d’à quoi il ressemblait, mais peut-être que si elle voyait débarquer quelqu’un avec une batte de baseball ce serait un indice ? Pourtant, personne ne franchit la porte. Pas encore.
Devant faire face à Samuel, la blonde eu la surprise de le voir soudain sourire d’un air satisfait. Pardon ?!
« En fait… Tu caches bien ton jeu. » Déclara-t-il, la faisant froncer les sourcils. « Tu ressembles à une bimbo mais finalement, tu n’es pas si bête que ça. »
« Merci du compliment. »
Sèche. Prête à se lever mais il la retint.
« Attend ! » Elle daigna tourner la tête vers lui. « S’il te plait. Je pense qu’on est parti du mauvais pied tous les deux… Je t’ai jugé de toute évidence et toi aussi. Est-ce que ça te dirait pas plutôt qu’on recommence ? »
Alors ça… C’était inattendu. Il y a quelques instants il la traitait d’abrutie et maintenant il voulait recommencer ? Qui c’était exactement que ce type ?! Prise de court, Elsa accepta finalement de se rasseoir. Avec tout ça, elle n’avait même pas touché à sa part de tarte ni à son verre de limonade.
« Enchanté, Samuel. » Lança-t-il, d’un ton plus sympathique.
« Elsa. »
« Super, Elsa, tu fais quoi dans la vie ? »
« Je… »
Mais elle s’interrompit brusquement : là, non loin d’elle qui regardait la sortie, venait d’apparaître une silhouette qu’elle n’aurait jamais pensé revoir un jour ! Un grand type blond à l’air sérieux, qu’elle connaissait par cœur et à la fois pas du tout. Bon sang, qu’est-ce que Theodore foutait au Fantasia exactement au moment où elle s’y trouvait ?! Il fallait que de tous les endroits de cette ville, il vienne là ! Depuis quand était-il revenu ?! Mince, mince et re-mince !
Cette journée ne pouvait pas être pire !!
Samuel remarqua son trouble et se tourna. Theodore semblait chercher quelqu’un et Elsa s’empressa de baisser la tête vers son portable pour pianoter un message d’alerte :
Jamesy : Triple Mayday ! Mon ex-petit ami vient de débarquer ! Sors moi de là !!
Pourvu qu’il ne lui vienne pas à l’idée de venir lui parler ! Ca aurait été la cerise sur le gâteau là… Elle n’était pas sûre de parvenir à se contrôler autant qu’à l’époque. Bon sang, c’était le coup d’adrénaline qui lui manquait mais son esprit tourbillonnait à mille à l’heure pour trouver une solution de repli. L’ignorer ? Se cacher ? S’enfuir aux toilettes et espérer qu’il ne la voit pas ? Faire comme s’il n’existait pas ?! AH oui, tiens, faire ça. Mais elle était tout bonnement incapable de rouvrir la bouche lorsque Samuel se retourna vers elle, l’air interrogateur.
Que faisait Jordstock ?!
Ludwig T. Oakenshield
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
La vie c'est des étapes... La plus douce c'est l'amour... La plus dure c'est la séparation... La plus pénible c'est les adieux... La plus belle c'est les retrouvailles. ∞ Nicolas Antona
Théodore aimait bien venir au garage. Déja parce que la mécanique était une passion qu’il avait toujours gardé. Même s’il était beaucoup plus porté sur l’aviation et l'aéronautique, forcément, il ne pouvait pas s’empêcher de penser que la première chose qu’il avait étudié quand il était petit était le moteur de la moto de son père. Il aimait le bruit mat des instruments s’entrechoquant, et de l’air concentré qu’avait l’ancien dragon. De plus, il se sentait dans une sorte de bulle ici, sachant pertinemment que personne ne viendrait le déranger. Et au moins, il réalisait la sortie hebdomadaire que lui imposait Eulalie, se désespérant du fait qu’il restait de plus en plus enfermé dans sa chambre ou son bureau quand il se rendait au siège d’Airgoon. Pourtant, il lui avait bien dit qu’il s’ouvrait au monde, mimant des guillemets et prenant un air totalement exaspéré, ce qui lui avait valu un coup par Michel Ange, lui rendant la monnaie de sa pièce. Certes, il aimait ses colocataires, arrivait même maintenant à comprendre les attentions qu’il avait envers lui, mais, il n’était pas un gamin de quatre ans. A lui seul, il avait un QI supérieur aux deux réunis, et même si les relations sociales n’étaient pas son fort, il arrivait très bien à s’en passer. De plus, il avait Janet avec lui, qui comblait l’attention intellectuel vorace qu’il avait. Néanmoins, depuis quelques temps, il avait l’impression que quelque chose ne tournait pas rond avec l’intelligence artificielle. Tout avait commencé quand elle avait rencontré Candice, dont Théo’ n’arrêtait pas de lui parler. La jeune femme, avec son énergie et sa folie avaient réussi à briser une à une ses barrières. Le fait qu’ils aient aussi faillit plusieurs mourir ensemble aidant le rapprochement. Or ce qu’il ne voyait comme une simple amitié, même s’il ignorait certaines choses charnelles qu’ils avaient fait, un soir où l’alcool avait coulé à flot, et dont la blonde, dans toute son espièglerie refusait d’éclairer sa mémoire, il ne comprenait pas l’attitude de Janet. Il ne voyait même pas ce qui pouvait la déranger. Après tout, il ne parlait pas d’astrophysique ou de mécanique des fluides avec Candice. Jamie, dans sa grande sagesse, avait émit l’hypothèse qu’elle était jalouse. Honey avait confirmé ses dires quand ils en avaient discuté, trouvant ça tout bonnement formidable. Théo’ n’y croyait pas. Pourquoi serait elle jalouse ? Il lui accordait toute l’attention nécessaire, voir plus. Et il avait même envisagé l’idée qu’elle lui avait proposé. Parce qu’après tout, c’était bien d’elle que venait cette chose saugrenue qui faisait bondir d’effroi Livio et Archi quand il en parlait, comme si une part de lui même refusait clairement qu’il se fasse castrer. Au moins, son problème de déconcentration hormonale comme il disait serait réglée. Le seul hic, qui le faisait hésiter, était les conséquences sur sa maladie. Il n’était pas au meilleur de sa forme, il n’avait pas envie de finir encore plus bas. Janet lui disait que cela ne craignait rien, mais il n’était pas vraiment rassuré, son instinct flairant sans doute le piège grossier qu’elle lui tendait. C’était aussi peut être pour cela, qu’il n’avait rien dit sur ses échanges avec Jamesy avec Janet. Il était un fan inconditionnel des nouvelles technologies et de tout le confort que cela pouvait apporter, notamment les intelligences artificielles. Néanmoins, il était le premier à penser qu’elles pourraient prendre le contrôle. Il en avait fait l’expérience avec celle d’Honey, qui les avait balancé sans scrupule dans Internet. Et il en faisait l’expérience quotidiennement avec Janet. Comme la fois où elle avait débranché son ordinateur sans ménagement, lui faisant perdre le code de l’algorithme sur lequel il travaillait depuis des jours. La colère avait été telle ce jour là qu’il avait bien faillit encastrer le robot contre le mur. Comme il l’aurait fait avec n’importe quel humain. Mais la menace qu’elle lui avait faite, l’avait absolument calmé, douché même, comprenant enfin que quelque chose n’allait pas rond. Alors maintenant, il préférait ne plus lui dire certaines choses attrayant à sa vie privée, quasiment inexistante en plus.
“Tu penses que j’ai bien fait ? De lui dire que j’étais là si jamais ça dérapé ?” Théo’, accoudé contre le comptoir, regardait attentivement Archi, la tête plongé dans un capot de voiture. L’homme se redressa, pour le fixer, un petit sourire amusé qui passait à des kilomètres de l’analyse du viking. “Je pense que tu as bien fait. Tu peux que marquer des points avec elle... Les filles aiment ce genre d'attention. Surtout si elle te plait, tu risques rien à proposer ton aide." Croisant les bras sur sa poitrine, comme un signe immédiat de repli sur lui même, il fronça les sourcils, faisant ressortir sa ride du lion, assez marqué sur son front. “Mais … je ne veux pas marquer des points !” Il faisait une petite moue sceptique. Pourquoi directement les gens normaux pensaient à une relation derrière. Théo’ n’avait jamais pensé à quoi que ce soit avec Jamesy ! “Je ne sais même pas à quoi elle ressemble, et en vrai je m’en fiche.” L’apparence n’était clairement pas quelque chose dont Théo’ se préoccupait. La preuve avec Janet. Elle n’était pas la même que celle qu’il avait rencontré dans ce jeu mortel, et pourtant la connexion mentale qu’ils avaient était toujours la même mine de rien. “Justement … je ne veux pas lui faire croire ça … je m’inquiète juste …” Cette fois, ce fut Archi qui fronça les sourcils, poussant un soupir avant de sortir les mains du moteur. Il observa quelques instants Théo’, se posant sur la tôle du capot avant de secouer la tête. "Je te parle pas de son physique là. Je te demande si tu l'apprécies ? Si tu l'aimais pas au moins un peu, tu t'inquiéterais pas et tu me demanderais pas mon avis. Mais après vous pouvez être juste ami. C'est cool aussi. Mais essaie de savoir ce que toi tu ressens. Te voile pas la face Theo, c'est tout ce que je te conseille." Restant de marbre face à ce que lui disait celui qu’il considérait comme son frère, il retint sa respiration, laissant passer quelques minutes, ses neurones chauffant sur ce qu’il venait de lui dire. Bien sur qu’il appréciait Jamesy. Elle avait des conversations à en faire pâlir Janet d’envie. Elle ne l’avait jamais jugé, et inversement. Et en plus, elle lui répondait à 4h du matin où, summum de la présence, quand il était énervé et que personne ne pouvait l’approcher. L’écran sur lequel il écrivait servait de barrière de protection. Jusqu’à aujourd’hui. Bizarrement, une part de lui même, n’arrivant même pas à savoir si c’était le viking ou l’intello, n’appréciait pas l’idée qu’il puisse lui arriver quelque chose de grave. Les théories que ses amis sur discord avaient émis avant que les recherches soient concluantes sur le fameux Samuel, lui avait laissé un drôle de goût, une amertume qu’il n’aimait pas. “C’est juste que … je m’en voudrais si l’on retrouve son cadavre dans une poubelle à l’arrière du Fantasia.” N’importe qui aurait pu rire de cette phrase, la prenant au second degré. Or Théo’ et ses tendances paranoïaques avait vraiment envisagé toutes les situations possibles. Samuel pouvait être une sorte de hipster cool comme le pire des psychopathes violeur démoniaque. Storybrook recelait bien des choses étranges, ce qui n'arrangeait pas le trop gros cerveau de Théodore. Certes, pour connaître très bien la propriétaire des lieux, sa partie rationnelle savait qu’une telle chose ne pourrait se produire. Queenie sortirait l’un de ses katanas avant que le Samuel n’est posé le petit doigt sur Jamesy. Mais ça ne le rassurait pas pour autant. Il pourrait passer à l’oeuvre au moment de la ramener chez lui. "C'est juste pour ça que je lui ai proposé ... par soucis d'éthique." Archibald esquissa un sourire narquois. Si Théodore refusait de voir l’évidence, pas lui. "Par soucis éthique... Mais bien sûr" Il lèva les yeux au ciel, dépitait en vérité. “Quoi ? Parce que toi … tu laisserais quelqu’un que tu connais se faire agresser ?” Il le toisa, le ton froid de sa réponse montrant qu’il n’avait pas forcément saisi le sous entendu que le garagiste lui avait dit. “Non on est d’accord ! Donc c’est ce que je disais. L’éthique !” Archi soupire profondément en secouant la tête. "Theo... si je viens en aide à quelqu'un que je connais ce n'est pas par éthique. C'est parce que je l'apprécie et que je tiens à la personne. Tu pourrais parler d'éthique si tu ne la connaissais pas." “Je ne la connais pas. Je ne l’ai jamais rencontré.” Il fixa avec intensité Archi qui fit le tour du véhicule. Si cela avait été une autre personne, l’on aurait pu certainement dire que c’était de la mauvaise foi. Un niveau très élevé. Mais c’était Théo’, et Théo’, qui était mine de rien de mauvaise foi, pensant qu’avec son intelligence, il savait tout, ayant le dernier mot sur tout. “C’est une question de conscience. C’est comme si tu voyais quelqu’un en train de saigner dans la rue et que tu le laissais se vider au lieu de lui apporter les premiers soins. Même moi qui n’aime pas ce genre de chose, je ne pourrais pas le laisser dans cet état.” Parce que mine de rien, sous ses aspects froid comme le pays dont il venait, Théo’ était empathique. Sans doute aussi pour cela, qu’il préférait mettre un bouclier devant lui, évitant les désagréments que ce genre de comportements apportait. Le silence s’était abattu dans le garage, les deux hommes se toisant avant qu’Archi n’attrape un vieux torchon pour s’essuyer les mains remplis de cambouis. Faisant le tour de la voiture, il marcha directement vers Théo’, qui n’avait pas bougé depuis qu’il était arrivé, comme une statue de marbre. Il connaissait bien son dragon, et il pencha la tête sur le coté, ne comprenant pas vraiment la moue désapprobatrice qu’il avait, et ce regard totalement blasé. "Tu m'as dit toi même que tu lui parlais depuis un moment et que vous aviez bien sympathisé. Même si tu ne l'as jamais vu physiquement quoi que tu dises, tu la connais. Alors arrête tes simagrées et accepte le fait que tu l'aimes bien parce que la c'est pas une fille que tu croises au hasard dans la rue et que tu aides alors qu'elle a des ennuis juste sous ton nez. Là c'est une fille que tu surveilles au cas où elle aurait des ennuis. Et c'est totalement différent mon pote." Il le laisse venir vers lui, lui tapota gentiment l’épaule, restant toujours aussi silencieux. "C'est pas grave tu sais... de reconnaître que tu t'intéresse à une fille. Même si c'est juste une amie. C'est même plutôt sain. Plus que de traîner avec Janet en tout cas." Théodore savait qu’Archibald n'appréciait vraiment pas la relation qu’il avait avec Janet. Pourtant il avait eu beau lui dire qu’il n’y avait qu’une extrême effervescence intellectuelle, il voyait bien que l’homme s'imaginait autre chose. A chaque fois qu’il le voyait, il ne pouvait pas s’empêcher de lui faire une remarque sur ça. Que c’était trop chelou. Pas normal. “Je ne m'intéresse pas à elle Archi ! Et laisse Janet où elle est !”
Heureusement, son téléphone fit le bruit d’une boite au lettre, signifiant qu’il avait reçu un message. Ses yeux s'écarquillèrent en voyant le MAYDAY écrit en majuscule, qu’il montra à Archi, déglutissant. “Tu vois ! Qu’est ce que je disais … depuis le temps, tu devrais savoir quand j’ai raison.” L’esprit de Théo’ se mit à réfléchir à des tas de possibilités, se focalisant juste sur le psychopathe. Il savait que Jamesy avait fait des sports de combat mais ce n’était pas une raison. Rangeant son téléphone, il fit un geste à son ami avant de partir en courant du garage. Il n'avait pas le temps de passer chez lui pour prendre sa voiture et en vérité il n’en avait pas besoin, les muscles de ses jambes ne demandant qu’à être utilisé et dégourdi. De plus, la pâtisserie ne se trouvait qu’à quelques encablures de là, ce n’était pas pour rien s’il avait décidé d’être au garage. Outre le fait qu’il aimait la compagnie d’Archibald, l’emplacement était stratégique. Reprenant rapidement son souffle quand il arriva à l’entrée du Fantasia, il se stoppa en tombant nez à nez avec une Queenie qui descendait les quelques marches. “Théodore ! Quel plaisir de te voir ! Désolée je n’ai vraiment pas le temps de discuter, j’ai une réunion à la mairie et je ne suis pas en avance.” “Attend ! Est ce que … est ce que tu as vu quelque chose d’anormal dans ton établissement ?” Il avait l’habitude que les gens le regardent un peu comme un fou, un déséquilibré, une personne à éviter, mais ce qu’il y avait de bien avec la guerrière, c’est que même si cette lueur était passée dans son regard vairon, elle n’en dit rien, préférant même prendre part à ce qu’il disait. “Euh … non … je fais vraiment attention maintenant … depuis l’épisode avec Cassiopée … cela m’a servi de leçon …” Théo’ ne savait pas de quoi elle parlait, mais visiblement ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde. La jeune femme lui tapota l’épaule avec un sourire aimable avant que ses talons ne résonnent sur le sol et qu’elle le laisse seul, face à ses interrogations. D’accord, elle disait qu’il n’y avait rien d’étranges, mais peut être que Samuel était en train d’étrangler Jamesy dans les toilettes. Le viking dans son esprit hurlait de se dépêcher, qu’il serait peut être trop tard, et à vrai dire, même l’intello, pourtant planquait dans son coin, émettait l’hypothèse que le danger était là. Toute rationalité s’étant faite la malle à la réception de ce message. Or, il y avait un truc, qu’il ne percuta qu’en essayant d’observer la multitude de personnes assises tranquillement, c’est qu’il avait totalement oublié de demander plus de renseignements physiques sur Jamesy. Il s’était dit, qu’après tout, il reconnaîtrait la personne en danger, mais ce n’était pas le cas. De plus, il se figea entièrement en voyant la femme qu’il aurait voulu continuer d’éviter tout le reste de sa vie. Si l’inquiétude qu’il avait pour Jamesy était forte, elle s’évapora en un clin d’oeil quand il vu Elsa, tranquillement sur son téléphone. Des années qu’il ne l’avait pas vu, et pourtant, rien n’avait changé. Il l’a trouvé parfaitement parfaite. Cependant, il plissa les yeux, en entendant la sonnerie de son téléphone dans sa poche. L’électrochoc dont il avait besoin. Son regard dériva de la belle blonde, passant sur les gâteaux à peine entamé pour remonter le long de la main d’homme qui coupait une part. Samuel … Il eut, une sorte de ricanement. Comme une mauvaise blague qu’on lui faisait. Baissant les yeux sur son téléphone, regardant le message, il espérait du fond de son coeur qu’il était dans une sorte de cauchemar. Que ce n’était pas possible. “Par le plus grand des hasard … ton ex petit ami ne ferait pas dans les 1m90 … blond roux … yeux verts … portant une chemise ouverte et sur le point de faire une syncope car ayant vue un fantôme de son passé ?” La réponse ne tarda pas, et il était effectivement bien sur le point de faire une syncope. Pourquoi le destin s’acharnait il autant sur lui. Qu’avait il bien fait dans sa vie pour que le destin lui donne autant de coup de battes de baseball. D’accord, il avait brisé trois millénaires de traditions viking en s’opposant à tuer les dragons, et en se liant d’amitié avec eux, mais est ce que la punition devait être aussi forte ? Vraiment … il avait l’impression que les dieux lui en voulaient plus que de raisons. Il hésita pendant quelques minutes. Le viking lui disait d’y aller, et de tirer toute cette affaire au clair. Elle savait et elle faisait ça pour se venger du comportement qu’il avait eu. Alors que l’intello lui hurlait juste de partir, loin d’ici, de s’enfermer dans sa chambre et de couper toutes relations sociales virtuelles, vu que même là, le hasard lui jouait de drôles de tours. Il sursauta quand il sentit qu’une main se posa sur son épaule. Il aurait voulu hurler qu’il en avait marre aujourd’hui qu’on le touche, et qu’il allait vraiment faire son ermite pour le reste de la décennie. “Tu veux quelque chose Théo’ ?” Gabrielle avait ce visage si doux, qu’il ne pouvait pas se mettre en colère face à elle. Queenie lui avait expliqué que c’était d’ailleurs souvent le cas, et qu’elle arrivait à ses fins grâce à ça, mais ce n’était pas son soucis. C’est vrai, qu’il détonnait un peu, le grand dadet, à rester planté devant la vitrine des pâtisseries mais en regarder une autre. Cependant, il n’était pas proche de la jeune femme, et il ne voyait pas lui demander conseil. “Je prendrais un café … et une part de cheesecake à la myrtille.” Gabrielle hocha la tête, repartant à son comptoir, tandis que Théo’ prit son courage à deux mains. En même temps qu’il parlait, il analysait la situation. Jamesy était Elsa. Soit. Cela expliquait beaucoup de choses. Mais il ne pouvait pas nier, barrer d’un trait leurs discussions quotidiennes, qu’il s’était même surpris à attendre, petit plaisir coupable. Il devait en avoir le coeur net. Était elle au courant ? Ou la surprise était la même des deux côtés. Ébouriffant encore plus sa tignasse, s’arrachant quelques mèches au passage, il se rendit à leur table. Clairement, ce soir il prendrait une cuite monumentale pour oublier ce qu’il était entrain de faire. Il aurait pu user de la violence. Attraper Samuel par le bras et le jeter loin d’ici mais il ne le fit pas, contrôlant les pulsions qui pourtant passaient dans son crâne.
“Excusez moi mais … vous allez devoir partir.” Au moins, un troisième vint rejoindre les rangs de la surprise générale. “Pourquoi ? De un, vous avez pris Elsa pour la plus quiche des femmes, en vous basant uniquement sur son physique. De deux, vous n’avez mis que vos centres d'intérêts en avant en éludant les siens. Pourquoi n’aimerait elle pas l’informatique alors que c’est l’une de ses passions ? De trois. Vous avez fait un travail exécrable quand je vous ai embauché et ce sont des adulescents d’une vingtaine d’années qui ont dû réparer vos erreurs. Elsa mérite clairement mieux qu’un hippie au QI inférieur à celui d'un Rocherfer pointu !" Le ton de Théo’ était aussi froid que celui que la jeune femme avait utilisé quelques temps avant, voir plus. Sa carrure mine de rien impressionnante, et son regard vert hypnotisant firent faire à Samuel une magnifique imitation de poissons rouges. “Vous … vous êtes Mr Folmeiner ? Le patron d’Airgoon ! Qu’est ce que vous faites là ?!” “Levez vous.” Ses poings se serraient fortement à en faire blanchir ses jointures. Il n’aimait pas faire ça, préférant se battre à la loyale, mais il voulait parler là maintenant de suite à Elsa, et cet abruti lui barrait la route, un relent de jalousie appuyant sur sa poitrine. Il se pencha à son oreille, lui murmurant des mots qui avaient visiblement un impact colossal à la vue de la vitesse à laquelle il obtempéra. “Et je suis toujours persuadé que vous cachez plus votre jeu que vous ne le laissez paraître.” Gabrielle arriva à ce moment là, déposant le petit plateau, avant de se tourner vers Elsa pour lui demander si elle voulait quelque chose d’autre. Théo’, en profita pour s'asseoir et prendre au passage une immense goulée d’air. Il avait affronté des dragons terrifiants, mais pour l’heure, Elsa était bien pire que le dragon alpha, et contrairement à l’époque, il était seul. Il croisa son regard d’acier, réprimant un frisson. “Avant que tu ne m’ébouillantes avec mon propre café, je préfère mettre les choses au clair. Tu m’arrêtes si j’ai faux…. Tu es Jamesy. Je suis Jordstock et nous communiquons depuis environ quoi … deux ans sans savoir qui nous étions réellement …” C’était vraiment trop beau pour être vrai. Quand il le dirait à Archi … ce dernier regrettait vraiment d’avoir pensé ce qu’il lui avait dit. Même s’il savait, qu’il espérait toujours au fond que les deux personnes qu’il estimait le plus enterre la hache de guerre. “Et effectivement … quand j’ai vu ton message d’aide je suis venu … parce que …” Il déglutit. Parce qu’il avait vraiment eu peur. Mais au final, la tendance c’était inversée. “J’ai eu peur qu’il te soit arrivé quelque chose. Maintenant que nous connaissons la vérité .. tu peux continuer de me haïr et faire comme si cet épisode ne s’était jamais passé. Même si je pense que 'Samuel' n'est absolument pas à la hauteur de tes qualités.” Il l’avait dit sur un ton détaché, comme il savait si bien le faire, parfois involontairement, mais pas aujourd’hui. Il n’avait pas envie qu’elle le haïsse. Il n’avait pas envie qu’elle parte. Il avait encore moins envie que les discussions avec Jamesy s’arrête. Mais il savait parfaitement qu’il rêvait. C’était lui, qui avait creusé ce fossé dans la réalité, et il en assumait les conséquences, même si au fond, il se détestait lui même pour la douleur qu’il avait causé à Elsa, et à lui même.
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Nerveusement, Elsa releva le nez pour parcourir la pièce et espérer, sincèrement, apercevoir quelqu’un muni d’une batte de baseball. Pourquoi est-ce qu’il avait fallut, en cet instant orécis, en ce moment exact, que Theodore débarque au Fantasia ?! Il ne pouvait pas aller voir un peu ailleurs, non ? Non, c’était stupide mais… Mais si elle avait su qu’il fréquentait la pâtisserie, elle aurait peut-être choisi un autre endroit pour cette espèce de rencard bancal ! Ou dit à Elias d’annuler. Oui, c’est ce qu’elle aurait dû faire : annuler, tout simplement et purement, parce que c’était une idée stupide et voilà où elle en était rendue ! C’était bien sa veine ça et c’était pas faute d’avoir été prévenue, d’abord par ses amis, puis par Chris juste avant d’arriver ici. Peut-être qu’elle n’était pas faite pour avoir quelqu’un dans sa vie de cette manière ? Le karma semblait s’être décidé à passer aux grands moyens et à lui mettre de véritables panneaux dans la figure.
Elle devint littéralement livide en voyant Theo approcher directement dans leur direction, le toisant des pieds à la tête sans s’en rendre compte – réflexe primaire : il avait encore réussi à grandir, il était plus musclé que dans ses souvenirs, plus blond, plus beau et plus paniqué ; les dieux nordiques pouvaient aller se rhabiller. Elle refusa de croiser ses yeux verts, plongeant les siens vers l’écran désespérément vide de son téléphone. Son seul soutien ne semblait pas apte à venir la tirer de ce mauvais pas ! Pire, peut-être qu’il prenait un malin plaisir à la voir tourner en bourrique ? Bon sang ! Elle tourna la tête pour balayer la salle du regard mais personne ne semblait être en train de les observer… Enfin, jusqu’à ce que Theodore ne saisisse Samuel par le bras pour l’obliger à se lever !
Elsa aurait voulu disparaître sous terre pour pouvoir à s’enfuir à toutes jambes !
C’était littéralement… Un cauchemar. Plutôt que de tenter un mouvement discret pour s’évaporer de sa chaise, la jeune femme resta sidérée face à l’aplomb avec lequel Theodore venait la défendre face à son rendez-vous ! Elle qui détestait être prise pour une demoiselle en détresse, c’était le pompon que de voir son ex-petit ami faire quelque chose d’aussi… « gentil », après toutes ces années sans se voir ni se parler. Quelle mouche avait bien pu le piquer pour qu’il se comporte comme ça ? Est-ce qu’il estimait qu’il avait encore des droits sur elle, malgré leur séparation plus que douloureuse ? Il se prenait pour qui, en fait ?! Elle ne lui était redevable de rien du tout et au fil des secondes, Elsa sentie la moutarde lui monter au nez. L’arrivée de Théodore l’avait surprise mais, maintenant, elle sentait une forme diffuse de colère s’immiscer dans ses veines et ses doigts se resserrèrent sur le téléphone jusqu’à s’en blanchir les jointures lorsqu’il s’installa en face d’elle.
Peut-être qu’elle n’aurait pas à appeler Chris à la rescousse… Gabrielle s’en chargerait quand il y aurait un meurtre devant tous ses clients.
Ses yeux bleus lancèrent un regard assassin à leurs alter-egos émeraude, droite sur sa chaise, Elsa avait l’impression que si elle esquissait le moindre mouvement elle allait le frapper. Son petit visage paniqué ne prenait pas avec elle, il n’avait rien à faire là et s’il comptait sur un « merci » il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Malgré elle, la blonde hésita très sérieusement à lui jeter à la figure le café que Gabrielle venait de déposer sur la table… avant de reporter son attention sur lui lorsqu’il ouvrit la bouche. Une douche froide aurait fait un meilleur effet face à son annonce qui la laissa sidérée, entachant son attitude révoltée pour tinter sa langue d’une espèce de goût de trahison absolument désagréable. Il était Jordstock ?! Il était le type avec qui elle discutait depuis tout ce temps ? Celui dont elle espérait le message le matin, celui qui pouvait lui écrire à n’importe quelle heure, celui qui la faisait rire mais aussi se battre farouchement pour ses idées, celui qui lui avait promis de l’aider… ?!
C’était impossible ! Bordel de merde… !
Son esprit tenta de la rationnaliser, de lui faire comprendre que les indices étaient là depuis le départ mais le trop plein de sentiments contraires qui l’habitaient rendait la manœuvre plutôt difficile. Elle était là, à affronter son visage désolé et agacé à la fois, sans savoir exactement quoi faire pour paraître un tantinet raccrochée à cette réalité surréaliste. Elle s’était attaché à quelqu’un en pensant, naïvement, qu’il était différent… Alors qu’il s’agissait de l’homme qui lui avait brisé le cœur ! Elle serra les dents, retenant de justesse les piques violentes qu’elle mourrait d’envie de lui hurler à la figure ; ce n’était pas son genre de faire des esclandres.
Pourtant, quand Theo commença à retrouver cette nonchalance qui le caractérisait, Elsa vit rouge : de quel droit se permettait-il de juger ce qu’elle faisait et de faire des plans sur la comète ?!
« Tu es venu parce que tu as eu peur qu’il m’arrive quelque chose ? Oh, je devrais peut-être te remercier de te soucier de moi après… Quatre ans sans le faire. Merci beaucoup, Theo. Infiniment. Mais je pouvais très bien me débrouiller sans toi. »
Faux, elle l’avait appelé à l’aide pour qu’il la tire de ce mauvais pas – et aussi parce qu’elle avait eut envie de le voir – mais elle refusait d’admettre une évidence pareille. Surtout pas maintenant qu’elle connaissait son vrai visage et que tous ses griefs contre lui commençaient à réclamer justice dans une langueur désespérante. Elle se serait cru plus méchante ou simplement capable de partir illico presto ; Elsa envisagea d’ailleurs l’idée avant que Gabrielle ne vienne les interrompre en resservant un café dans sa tasse à demi-pleine. Si elle venait espérer grappiller quelques ragots, elle n’aurait rien. La blonde resta mortellement silencieuse jusqu’à ce qu’elle se soit éloigné, après quoi elle reprit la parole sans toucher à quoi que ce soit sur la table.
« Ah ? Et qui serait à ma hauteur d’après toi? » Siffla-t-elle. « Parce que j’aimerais bien savoir qui tu juges apte à me fréquenter. Tu avais peut-être laissé un mémo mais j’ai oublié de le prendre avec moi lorsque tu es parti. De. Storybrooke. »
Il était parti et elle avait fait de même, le cœur brisé et l’âme en miette de découvrir que l’amour de sa vie ne l’aimait pas vraiment en fait… Quand on s’attachait uniquement au corps de l’autre, ce n’était pas ce qu’on pouvait appeler de l’amour. Pourtant ils avaient vécus tant d’aventures ensemble, s’étaient rapprochés pendant des années, et voilà que tout volait en éclat à cause de… A cause d’elle ! Elsa se mordit la lèvre à se souvenir, détournant les yeux en tentant de chasser les larmes qui menaçaient d’affluer d’un instant à l’autre face à la soudaine aura de misérabilité qui embrumait son esprit. Non. Résiste ! Ne le laisse pas voir à quel point il t’a blessé et ô combien ces souvenirs sont encore douloureux, après quasiment quatre ans.
Elle était devenue forte pour ça. Elle avait travaillé sur elle et vécu bien des choses pour ne pas avoir à pleurer devant celui par qui tout avait commencé… Mais face à ses deux beaux yeux verts, la blonde avait l’impression de perdre tous ses moyens et toutes ses sécurités. Elle le détestait, réellement et purement. Elle détestait ce qu’il lui avait fait. Elle détestait qu’il n’ait pas cherché à comprendre. Elle détestait ce qu’il avait fait d’elle… Et elle se détestait d’être tombé dans le panneau d’un pseudonyme internet ! Bon sang, la première règle de sécurité était de toujours savoir à qui on avait à faire en ligne ; en n’étudiant pas ses « amis », elle avait laissé le loup entrer dans la bergerie.
« Tu le savais ? » Coupa-t-elle soudain, relevant vers lui un regard douloureux. « Tu es méthodique et prudent, tu devais forcément savoir qui j’étais. Ça ne te ressemble pas du tout de faire confiance à quelqu’un d’inconnu. Ni de courir à sa rescousse pour un simple message. Alors, soit tu savais, soit tu… »
Soit il s’était réellement attaché à un pseudonyme internet ? Foutaises ! Theodore était quelqu’un qui n’accordait que peu d’importance aux liens sociaux et à son entourage, sans compter qu’il avait beaucoup de mal à se mettre d’accord avec ses propres sentiments… Il ne serait jamais venu s’il n’était pas au courant, c’était impossible. Il était certes un viking mais de là à jouer les preux-chevalier, on avait sauté une ou deux générations historiques.
Ses doigts relâchèrent la pression sur son téléphone, mais elle ne bougeait toujours pas.
« Tout ce dont on discutais tous les deux… Si j’avais su que c’était toi, jamais je ne … »
Jamais quoi ? Jamais elle n’aurait été aussi loin ? Jamais elle ne serait aussi exposée ? Elsa déglutit difficilement.
« … Pourquoi tu es là, Theodore ? Pourquoi tu fais-ça ? Tu pouvais pas juste retourner en arrière en me voyant et faire comme si de rien était ? »
Non, il ne l’aurait jamais fait. Comme elle ne l’aurait pas fait. Parce qu’ils étaient du genre à foncer tête baissée dans le mur.
Et ses yeux perdus dans les siens tentaient vainement de lire quelque chose qu’elle ne connaissait pas déjà. Peine perdue, elle y reconnu chaque petite étincelle, chaque intonation, chaque aspect un peu voilé qu’on pouvait y rencontrer. Ce foutu regard qui l’hypnotisait alors et pour lequel elle se serait damnée… Mais c’était trop tard. Il avait refusé d’être l’homme de sa vie. Il avait fui et elle aussi. Et maintenant, rien ne pourrait rattraper toute la douleur qu’il lui avait fait ressentir durant toutes ses années.
« Et au fait, tu as oublié de comptabiliser la valeur de la masse dans ton deuxième algorithme hier soir, c'est pour ça que ton modèle n'était pas réalisable dans les données terriennes. J’ai voulu te le dire tout à l’heure mais un rendez-vous important m’en a empêché. »
C’était sec et c’était petit. Mais en cet instant, Elsa avait juste envie qu’il n’approche pas plus de son cœur meurtri qui, lui, mourrait d’envie de sortir de sa poitrine.
Ludwig T. Oakenshield
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La vie c'est des étapes... La plus douce c'est l'amour... La plus dure c'est la séparation... La plus pénible c'est les adieux... La plus belle c'est les retrouvailles. ∞ Nicolas Antona
Parfois, Théodore regrettait ses actions. Surtout celles qu’il réalisait sous le coup de l’émotion. Il aurait du réfléchir milles fois avant de prendre cet abruti par le bras pour le lever de sa chaise avec une force déconcertante pour ceux qui ne le connaissait pas. Maintenant, il était assis en face de ses plus grandes peurs, et de ses plus grands fantasmes, ayant l’originalité de réunir ces deux opposés dans un seul corps. Il faisait comme si tout allait bien, avec un détachement naturel et une froideur digne du climat dont ils étaient originaires, mais en réalité il était bien mal. En vérité, il n’y avait pas un jour où il ne pensait pas à Elsa. Il avait beau essayer de se la sortir de l’esprit par tous les moyens possibles ça lui était impossible. Une torture encore pire que Prométhée qui se faisait manger le foie par un aigle en continue, emprisonné par son rocher. Elsa était son rocher. Son esprit différent était cet aigle, qui venait picorer en continu les souvenirs qu’il avait avec la viking. Alors forcément, au lieu de prendre une décision censée. Réfléchi. Comme il pouvait si bien l’être. Il fonça droit dans la gueule du loup. Et en rajouta des couches et des couches. Il savait très bien que la tempête allait s'abattre sur lui d’une minute à l’autre et qu’elle allait être violente. Très violente. Il serra les dents, sa mâchoire carré se contractant, faisant ressortir les muscles, répondant du tac-o-tac sur le même ton. Ils étaient deux combattants, qui allaient vouloir se blesser jusqu’à ce qu’ils crapahutent l’un vers l’autre, couvert de sang. “Crois moi, si j’avais su que c’était toi, je ne serais en aucun cas venu.” C’était faux, tellement faux, que le viking dans sa tête se gaussa, lui faisant bien comprendre qu’il serait venu même en connaissant l’identité de Jamesy. “Oh oui, j’ai bien vu ça, ne viens tu pas d’envoyer un message y a quelques minutes à Jordstock dans l’optique qu’il puisse me casser la gueule ?” Il eut une sorte de sourire mesquin, sachant pertinemment qu’il avait touché un point, comme elle l’avait fait avec lui et le ferait encore et encore. Il se brûla la gorge avec le café mais ce n’était rien face à ce qu’il ressentait. Il allait reprendre quand la serveuse revint. Il avait les lèvres pincés, étirés en un fin trait. Déja qu’il n’aimait pas forcément parler de ces choses là en privé, en public c’était rajouter de la torture à de la torture. Il fit un signe de tête à Gabrielle, qui partit finalement, voyant qu’aucun des deux n’étaient prêt à parler en sa présence. Dès qu’elle fut assez loin, Elsa reprit les hostilités. “Pardon, j’aurais du t’envoyer une carte postale, mais étant donné que tu n’as pas pris de faire la même chose ...” Quitter la ville avait été la seule solution qu’il avait trouvé pour ne pas finir véritablement à l’asile psychiatrique. Il se sentait oppressé, déprimé, sans plus aucun but. Il ne parlait plus à Jamie. Il ne parlait plus à Archie. Il ne parlait à plus personnes, totalement enfermé dans son appartement miteux. Il était parti pour prendre un nouvel élan, s’étant jeter dans le travail à corps perdu pour tout oublier, et surtout lui même. Dans son sous entendu, il lui faisait part du fait qu’il savait qu’elle était aussi partie. Après tout, Krane lui avait envoyé un message en lui demandant si elle savait où elle était. Bon sang pourquoi aurait il su alors qu’il avait fait ça pour la fuir ? Et quand il était revenu, un peu plus d’une dizaine de mois après, elle n’était toujours pas là.
“Tu as raison, je ne suis personne pour juger. Tu fais ce que tu veux de ta vie. Mais je ne savais pas que tu avais changé au point de préférer qu’on te juge sur ton physique plutôt que sur ton intellect.” Même si son physique était tout aussi charmant que son intelligence. Théo’ aimait autant son corps, lui qui n’était pourtant pas réputé pour les contacts, que son cerveau plus que rempli, les conversations aussi riches que variés qu’ils pouvaient avoir. Prenant une grande inspiration, sentant même quelques gouttes de sueur perlés sur son front. Il secoua négativement la tête. “Non.” Vraiment, il n’était pas cruel à ce point là. Il n’aurait jamais joué de cette façon avec Elsa. Il n’était pas cruel du tout même. Sauvage de temps en temps oui, barbare aussi mais pas cruel. Après tout, c’était quand même lui qui avait tout fait pour se battre contre son clan, contre son père pour arrêter de tuer les dragons parce qu’il trouvait ça injuste et cruel. “Non je ne savais pas.” Il lui répétait, parce que c’était la vérité. Elle disait vrai aussi. Il était paranoïaque, vérifiant souvent les backgrounds de ses contacts, mais pas cette fois. Peut être parce qu’il avait écouté ses proches. Michel Ange et Eulalie n’arrêtaient pas de lui dire de s’ouvrir au monde et d’avoir plus confiance aux gens. Il avait essayé, et actuellement il se rendait compte qu’il avait perdu. Il s’était dit que Jamesy serait son test. Il ferait confiance. Il n’irait pas fouiller partout pour avoir plus d’informations. Il prendrait pour argent comptant ce qu’elle lui dirait, et au final, il devait avouer qu’il avait apprécié. Or maintenant il comprenait pourquoi. Il y avait toujours eu cette connexion entre eux, ce fil rouge qui faisait qu’ils s’appréhendaient entièrement, presque comme s’ils se parlaient d’âme à âme. “Nous sommes d’accord là dessus.” Il n’aurait jamais parlé aussi ouvertement. Il ne lui aurait tout simplement parlé, la question aurait été réglé. Il poussa un énorme soupir de désespoir, passant sa main dans ses cheveux. Il était tellement déçu en vérité. Tellement qu’il avait juste envie d’aller noyer son chagrin dans des litres et des litres de vodka. Il était déçu de lui même, d’avoir cédé si facilement à tout, et pas seulement qu’à la tentation. Il n’aurait jamais du venir, jamais du accepter de lui prêter main forte, au moins ils auraient continué de se bercer d’illusions. Parfois c’était bien mieux que de connaître la terrible vérité.
Il savait qu’elle savait, alors cela ne servait à rien de lui donner une réponse connue d’avance. Il se contenta juste de regarder le fond de sa tasse de café, qu’il avait terminé en une seule gorgée. Il aurait bien voulu qu’on lui lise à cet instant son avenir dans ce marc de café, mais malheureusement il n’y croyait pas foncièrement. Enfin son coté trop rationnelle ne voulait supposer que son destin soit écrit, tracé, sans qu’il ne puisse interagir avec. Le viking lui, croyant dans ses dieux, pensait totalement le contraire. Théo essayait de faire la somme des deux, sceptique mais pas totalement fermé. Quand il leva la tête, forcément, il rencontra les iris aussi bleues que les fjords dans lesquelles il adorait se baigner, seul. C’était pareil. Il aimait s’y perdre dedans, laissant ses pensées divaguer à un nombre incalculable de chose. “Ah … très bien … je le note …” Encore une fois il s’était perdu dans son regard, ne prenant même pas la pique qu’elle lui faisait en le corrigeant. Il n’aimait pas ça mais elle avait raison. Et que ce soit Jamesy comme Elsa, elles avaient cette chance de pouvoir lui faire des remarques sans qu’il ne prenne la mouche. Normal, vu qu’elle n’était qu’une seule et unique personne. “J'essaierai en rentrant.” Il était comme détaché, comme si plus rien ne l’atteignait, perdu dans son monde pour essayer de trouver une solution au problème qu’il avait face à lui, et qui à cet instant précis était beaucoup plus important que sa modélisation. Que devait il faire ? Fuir ? Payer et partir sans rien dire, reprendre la vie là où elle s’était arrêtée quelques heures auparavant ? Non, il savait très bien que ce n’était plus possible. Il ne pourrait plus regarder Discord, observer l’avatar de Jamesy sans penser à Elsa. Il pourrait bien quitter l’application, demander à Janet de lui interdir de la réinstaller mais ce n’était pas ça, la vraie solution. Rester alors. Mais pour dire quoi ? Il avait l’impression qu’on lui parlait, les sons arrivant un peu comme dans du coton dans ses oreilles avant qu’il ne décide de s’en extirper. Finalement, il avait prit sa décision. “Je suis désolé Elsa. Pour tout.” Il pouvait comprendre qu’elle avait souffert parce que lui aussi. Il faisait le fier, ayant totalement menti sur les raisons de leur rupture, et pour cause. Il préférait passer pour un connard sans coeur que pour un faible. Incapable de gérer ses pulsions. Incapable de se soigner correctement. Incapable de tout. Il s’en fichait de l’image que les autres pouvaient avoir de lui. Archibald n’y avait pas cru à son histoire. Jamie était sceptique mais ça avait marché sur les autres et surtout, sur Elsa. C’était l’essentiel. Il n’était pas fier. Oh non. Encore aujourd’hui il regrettait d’avoir été aussi dur mais il ne pouvait pas faire autrement. L’idée de la blesser ou de lui faire du mal lui était inconcevable et il préférait l’avoir faite souffre sur le court terme, plutôt que lui infliger le fait de rester avec lui. “Même si tu penses le contraire...que je me fiche de ce que tu peux ressentir, éprouver, ou endurer.”
Ce n’était pas qu’il s’en fichait, mais il ne voulait juste pas y penser. Il se disait tout simplement qu’il avait prit la meilleure des décisions. Il n’avait pas le droit de gâcher son avenir. Personne n’en avait le droit. C’était sans doute pour cela qu’il avait réagit aussi vivement en voyant cet hippie de Samuel, n’appréciant même pas à sa juste valeur la merveilleuse femme qu’il avait devant les yeux. “Je suis entièrement conscient du fait que j’ai été une odieuse personne. Bien entendu, aucunes excuses aujourd’hui ne pourront réparer le mal que j’ai pu faire.” Et il ne le voulait pas. Parce qu’il savait très bien qu’il était capable de retomber amoureux d’elle, et de la faire souffrir à nouveau, ce qui n’était même pas une option possible. “Mais je te les devais.” Il essayait d’être le plus honnête possible. Le plus ouvert pour qu’elle se rende compte qu’il ne disait que l’entière vérité. “D’ailleurs, je ne ferais plus de mal à personnes si cela peut te soulager d’un centième.” Il n’était pas sur avant, mais maintenant il n’avait quasiment plus de doutes. “Je vais entamer une procédure de castration chimique.” Ah Théo … Il parlait comme s’il était un récidiviste des plus grands crimes possibles, alors qu’il n’était juste qu’un grand passionné au fond, ne sachant pas gérer ses élans. “C’est Janet, mon IA qui en a eu l’idée, et je l’approuve.” Sans se doute que son IA faisait uniquement ça dans le but de l’avoir pour elle tout seule. “Puis les relations de cet ordre nuisent à la réflexivité. Au moins seul, je ne serais ni un poid, ni une souffrance pour personne.” Il avait fait du mal à Candice. Certes, ce n’était pas lui, c’était le fils de Drago qui lui avait tiré dans la jambe, mais s’il n’avait pas eu une sorte d’affaiblissement des sentiments pour la blonde, jamais il ne l’aurait amené faire un tour d’avion, jamais ils ne se seraient crashé sur cette île déserte que de nom. “De plus, je risque certainement de me faire tuer dans les prochains mois ou les prochaines années. Drogo a un fils ... qui m’a clairement expliqué qu’il comptait me tuer pour venger son père, qui entre nous est quand même responsable de la mort du mien et de la guerre qu’il a déclenché... et je sais qu’il le fera, à la vue des moyens qu'il a mit en oeuvre pour son but.” Il était prêt de toute façon. Il préférait que ça soit lui plutôt que le clan, même s’il comptait bien se battre pour éliminer le fils comme il avait fait avec le père. “Ainsi tu seras définitivement débarrassé de ta souffrance.” Il sortit son portefeuille, laissant un billet sur la table avant de se lever. “Je suis sincère Elsa …véritablement ... Ça n’a jamais été mon intention de te faire autant de peine … mais c’était la seule solution. Dans tous les cas…. Porte toi bien.” Il sentait son coeur battre à tout rompre, à deux doigts de passer en tachycardie. Ce n’était pas bon. Sa circulation sanguine accéléré, le fer s’accumulait encore plus vite. Il serait malin s’il viendrait à faire un malaise maintenant, devant elle. Pâle comme la mort, il lui fit un signe de tête avant de se retourner pour sortir de la pâtisserie. Ce n’était pas Svereck qui allait le tuer, mais sa putain de maladie. Il fouilla dans sa poche pour sortir un paquet de cigarettes. Foutu pour foutu. S’emplissant les poumons de nicotine, il souffla un grand nuage de fumée pour essayer de calmer la tempête qui régnait dans son esprit. Il entendait le viking lui hurler dessus, le traiter de tous les noms, tandis que l’intello confirmait ses choix, le poussant même à aller prendre rendez vous à la clinique maintenant. Tiens ça pourrait être une bonne idée. Il allait partir sur le trottoir quand il entendit son nom. Il secoua la tête. Pourquoi par Odin l’avait elle suivit. Pourquoi continuait elle leur calvaire ? Il était partit, elle aurait pu faire de même, rentrer chez elle, supprimer son contact et basta. “Ne t’en fait pas, Krane t’invitera à l’enterrement si c’est ça que tu veux savoir..” Il ne pouvait pas s’en empêcher. Il fallait qu’il soit comme ça, pour la repousser, la tenir loin de lui, ayant presque peur de celle qu’il considérait comme encore plus importante que n’importe quelles des déesses de son panthéon.