Quand est-ce qu’ils allaient la laisser tranquille ? Tout son entourage voulait absolument la voir caser, sauf ceux qui savaient son terrible secret. Eux se disaient qu’il lui fallait du temps, que surtout il ne fallait pas la brusquer. Et ils avaient parfaitement raison. Néanmoins, Violette n’avait pas envie de crier sur tous les toits qu’elle n’avait pas envie de rencontrer de garçon car elle n’avait plus confiance en eux depuis que l’un des leurs avait osé la souiller. Elle n’avait pas envie de révéler au monde entier qu’elle s’était fait violer une petite année auparavant. Alors Violette irait à cette soirée qu’organisaient les amis de ses amis.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’on lui demanda plusieurs renseignements sur elle et qu’on lui expliqua les règles du speed-dating. Elle s’était fait avoir en beauté ! Et désormais, plus moyen de faire marche arrière. Heureusement pour elle, le premier garçon qu’elle rencontra était un ami. Cela lui permit de se détendre, d’être beaucoup moins tendue et beaucoup moins sarcastique. Elle était contente de tomber sur Léo. Evidemment, les deux savaient qu’il n’y aurait jamais de relation amoureuse et encore moins de relations sexuelles. C’était bien un truc qu’elle n’avait plus du tout envie de faire, tellement elle avait été traumatisée lorsqu’on lui avait volé sa virginité. Son entrevue avec Léo avaient plutôt permis d’en savoir plus, de connaître encore plus son ami. Ils avaient eu la chance de ne pas tomber sur des questions trop louches.

Le dong mit fin à leur entrevue. Il était temps de passer à un autre garçon. Et là, il y avait très peu de chance pour que ce soit quelqu’un qu’elle connaisse. La brune soupira doucement avant de prendre une grande inspiration. On la guida à une nouvelle tête où se trouvait déjà un homme, qui semblait perdu dans ses pensées. Elle avait hésité à éclaircir sa gorge pour signaler sa présence. Mais au même moment où elle allait le faire, le jeune homme remarqua la présence de Violette. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’y allait pas de main morte.

La jeune femme le regarda d’un air surpris, les yeux grands ouverts. Etait-il réellement sérieux avec sa première question ? N’y avait-il pas d’autres questions plus intéressantes, moins embarrassantes à poser ? Le pire fut lorsqu’il tenta de se rattraper. Violette ne put s’empêcher de faire une moue embarrassée, et de regarder à droite, à gauche. Oui, elle essayait de trouver un moyen de mettre fin à cette entrevue car elle en avait déjà marre. Mais en vain. Il fallait qu’elle reste en face de lui et qu’elle essaie tant bien que mal de faire la conversation.

« Hum. Non merci pour le câlin. »

Et il n’avait plutôt pas intérêt s’il ne voulait pas se retrouver six pieds sous terre.

« Moi c’est Violette. »

Elle aurait pu rajouter ‘ravie de te rencontrer’ mais ça aurait été un mensonge. Elle n’était clairement pas heureuse de le rencontrer vu le démarrage. Mais qui sait, peut-être que ça allait changer de manière positive ?

Le peut-être se transforma en un non catégorique lorsqu’Axel tira une carte vu qu’il n’avait pas d’idée de question. Mais la question était absolument ignoble ! Violette arracha la carte à Axel avant de constater que c’était bien ce qu’il y avait d’écrit. Atroce. Violette ne pu s’empêcher de faire de la carte des confettis qu’elle laissa tomber au sol.

« Quel est l’imbécile qui a écrit ces questions ! On est dans quel genre de speed-dating là ?! » hurla la brune afin qu’un responsable l’entende et vienne lui répondre.

Mais personne. La seule réaction qu’elle eut c’est un Axel qui était toujours la tête collé contre la table et les autres candidats qui s’étaient retournés en adressant des regards interloqués. Apparemment ils étaient plus choqués de la réaction de Violette que des questions sur lesquels ils pouvaient tomber. Ce speed-dating était vraiment une mascarade et elle espérait qu’il prenne rapidement fin. Pour que le temps passe plus vite, il fallait qu’elle s’y mette, qu’elle réponse aux questions, qu’elle en pose. Alors Violette piocha une autre carte.

« Relève toi, je vais pas te frapper. Tu n’y peux rien. Mais bien entendu, tu n’auras pas la réponse à cette question débile. Voyons voir si j’ai plus de chance que toi. »

La jeune femme leva la carte, le mettant en face de ses yeux. Elle fronça les sourcils, de peur de tomber sur une question idiote. Et évidemment, ça arriva.

« Tu portes un pyjama pour dormir ? »

La question était moins osée que la couleur de la culotte de Violette, mais elle était un peu personnelle et surtout complètement idiote. Qui se souciait de ça ? Puis peut-être qu’elle était en face d’un pervers qui lui dirait qu’il dormait tout nu, et qu’il adorait sentir la chaleur d’un corps nu à côté de lui. Après tout, c’est bien lui qui avait parlé de câlin au début, non ? Alors maintenant Violette s’attendait à tout. Les minutes risquaient d’être bien longues…

En une question, Violette venait d’en apprendre pas mal sur son partenaire de speed-dating ! Déjà, il adorait les pyjamas. Tant mieux pour lui. Mais en plus, de ça. Il appréciait les Indestructibles. Sans le savoir, il marquait des points. Après tout, qui n’aimait pas les super-héros qui combattait le crime partout dans le monde ? Les vilains. Mais Axel n’était pas un vilain puisque la suite de sa réponse permit à Violette de comprendre qu’il était Olaf, le bonhomme de neige dans la Reine des Neiges. Ce dessin animé était vraiment chouette, bien que la chanson d’Elsa fût quelque peu agaçante à la fin. La brune ne put s’empêcher de sourire face à ce flot d’information. Mais sa première question la laissa perplexe. A vrai dire, elle n’en savait rien. Elle n’avait jamais essayé.

« Je ne sais pas. Mais si tu as trouvé un pyjama à l’effigie de mon père, il devrait y en avoir de moi aussi. Je sais pas. Je trouve cela tellement étrange. Je crois que je n’arrivais jamais à prendre l’habitude que nous sommes des personnes de contes ici…C’est tellement bizarre. »

Violette n’avait pas encore osé regarder le dessin animé dont elle faisait partie. Elle avait bien trop peur. Et elle n’avait pas non plus été au cinéma pour voir le deuxième. Mais ce n’était pas une grande perte. La jeune femme vivait très bien ainsi.

S’ils pouvaient rester sur ce genre de question très sympathique, Violette n’était pas contre continuer leurs échanges. Malheureusement, le regard insistant des organisateurs poussa Axel à tirer une nouvelle carte. Violette ferma les yeux, récitant des prières complètement inutiles pour éviter de tomber sur une question portée sur le sexe. Malheureusement, la déesse des femmes n’était pas présente pour Violette aujourd’hui. Pourtant, la jeune femme l’avait rencontré en personne !

Soupirant à la question, elle s’arrêta brusquement lorsqu’elle entendit la suite des propos d’Axel. Il ne comprenait pas du tout le sens de la question ? Violette fronça les sourcils. Faisait-il exprès ou était-il réellement sincère. L’héroïne prit quelques instants pour réfléchir. S’il était Olaf, alors il était peut-être aussi naïf que dans le dessin animé ? C’était la seule réponse logique à tout ça et ça rendait Axel tellement adorable que Violette n’arrivait pas à le détester…même si elle avait face à elle un garçon.

« Ces questions sont très gênantes. Elles évoquent toutes un sujet que je n’apprécie pas particulièrement. Pas l’amour, mais ce qu’on fait par amour…techniquement. C’est ce qu’ils appellent l’acte dans ta question. Mais je ne suis pas la meilleure personne pour t’en parler. »

Parler de ça ne pouvait que lui faire remonter des souvenirs douloureux. Elle, la seule fois où elle avait fait ça, c’était loin d’être par amour et encore plus loin d’être consentie. Bref. Parler de ça était toujours une épreuve pour la jeune femme. Décembre allait en plus être le mois anniversaire de ce tragique événement.

« Un tue l’amour, c’est quelque chose qui nous répugne et qui nous empêche de….ressentir de l’amour pour quelqu’un. »

Elle avait voulu dire ressentir du désir pour quelqu’un. Mais une fois de plus, ces mots étaient encore trop répugnants pour qu’ils puissent sortir de la bouche de Violette. Alors la jeune femme parvint à esquiver les questions. Heureusement. Et là, elle espérait qu’en tirant la prochaine question, Violette ne tomberait pas encore sur une question portant sur le sujet.

Tirant la carte, elle la lut d’abord dans sa tête. Elle était courte mais très claire. A la fin de sa lecture silencieuse, Violette fusilla du regard les organisateurs. Et elle maudissait ses amis qui l’avaient contraint à venir ici.

« Quelle est ta position préférée ? »

Ceci dit, avec Axel, peut-être que la question prendrait une toute autre signification ? A y réfléchir, cela pouvait évoquer la position pour dormir, pour manger, pour tant d’autres choses que le sexe !