« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Nous n'avons pas les même valeurs, exactement comme les rillettes !
La chaîne à fond dans le fond du garage emplissait la pièce et laissait entendre une playlist Hard Rock que j'avais soigneusement programmé. J'aimais travailler en musique et surtout avec de la musique que j'appréciais. Le corps sous une voiture qui avait un problème de freins, je sifflotais en rythme avec la musique totalement ignorant de tout ce qui pouvait bien se passer autour de moi. Ce n'est que lorsque je sentis une vibration dans mon pied qui remonta le long de ma jambe que je repris conscience du monde extérieur. Je laissais échapper un grognement tout en essayant de remettre en place la pièce que j'avais actuellement dans les mains. Qui est-ce qui venait me déranger à cette heure là ? Et puis où était Tina ? C'était elle qui faisait office de secrétaire normalement aujourd'hui. Je comprenais à peine ce qu'on essayait de me dire et l'homme, parce que c'était définitivement une voix d'homme, ne pouvait pas attendre deux secondes avant de déblatérer ses explications. Je poussais un soupir blasé avant de me donner de l'élan avec les bras pour faire rouler ma planche et sortir de dessous le voiture.
J'avisais une tête penchée vers moi et un costume visiblement taillé sur mesure. Je levais un sourcil surpris de voir un tel homme dans mon garage, habituellement, ce n'était pas ici qu'ils venaient pour faire réparer leurs voitures de luxe. J'attrapais le torchon couvert de gras qui était glissé à ma ceinture et m'essuyais les mains dessus avant de me redresser pour faire face à mon futur nouveau client. L'avantage c'est que je n'eus même pas besoin de parler puisqu'il continua sur sa lancée son explication du pourquoi il était là. Je fixais les clés qu'il me tendit légèrement atterré devant autant de culot. Le minimum n'était-il pas d'au moins apporter la voiture au garage ? Non visiblement, lui n'avait pas les mêmes notions que le commun des mortels. Je saisis machinalement les clés en me faisant la réflexion qu'heureusement que tous mes clients n'étaient pas comme ça. Si je devais courir dans toute la ville pour réparer ou examiner ou même faire les vidanges de toutes les voitures de mes clients, je perdrais un temps inestimable.
Je gardais pour moi la remarque qui me brûlait les lèvres sur les grigris sur la clé, je m'attendais à voir deux gros dés roses pelucheux sur le rétroviseur intérieur de la voiture avec un tel aperçu. Ça enlevait presque tous le côté classe de l'homme qui se tenait devant moi. Je pinçais légèrement les lèvres lorsqu'il me tendit sa carte, je lus à peine le nom écrit dessus avant de la mettre dans ma poche. Visiblement l'argent n'était pas un soucis, je levais à peine un sourcil, restant impassible à sa blague, ce devait en être une, on n'annonçait pas ouvertement qu'on braquait des banques généralement. A moins d'être totalement inconscient ou idiot. Ou les deux. Et avant que je puisse ouvrir la bouche pour dire si j'étais d'accord ou non, il disparut dans un nuage de fumée. De mieux en mieux... Je poussais un soupir et retournais à mon occupation première à savoir la vieille Chevrolet et ses plaquettes de freins. Je voulais terminer ça avant de m'occuper de la voiture de l'autre bourge. En plus, le garage qu'il m'avait indiqué se trouvait à l'autre bout de la ville. J'avais franchement autre chose à faire mais on ne refusait jamais un peu d'argent n'est-ce pas ?
Je demandais à Earl de me déposer au garage indiqué sur la carte de visite et sifflais d'admiration en voyant le petit bijou qui se tenait devant moi. Je laissais mes doigts courir sur la carrosserie brillante tout en l'examinant sous toutes les coutures. Une vraie beauté. A vu d’œil, les essuies-glaces étaient bons à changer, les pneus commençaient à être usés et une vidange ne pourrait pas lui faire de mal. Malheureusement, je ne pouvais pas faire de check-up complet ici, il allait falloir que j'emmène la voiture au garage. Je sortis donc à nouveau la carte de visite du propriétaire et l'appelais pour lui indiquer ce que j'avais pu constater au premier coup d’œil. Sans que cela me surprenne réellement, il me donna carte blanche et j'esquissais un léger sourire d'anticipation à conduire cette merveille. Je me fis plaisir et ne pris pas la route la plus directe pour rejoindre le garage. Après tout, il m'avait dit que je pouvais me faire plaisir je n'allais pas m'en priver. Je n'allais certainement plus jamais avoir l'occasion de conduire une corvette de ma vie. Sauf si je gagnais loto. Mais comme je ne jouais pas... il y avait peu de chances.
La vidange et le check-up ne révélèrent rien d'anormal et je pus rendre les clés à leur propriétaire deux jours après qu'il me les ait amené. Ainsi que la facture. Qui avait été légèrement gonflée à cause des pneus. J'avais bien sûr ramené la voiture dans son garage initiale avant d'aller redonner les clés à l'université, j'en avais d'ailleurs profité pour déjeuner avec Solveig et lui parler de l'étrange professeur de philo et de sa couguar de secrétaire. Elle avait explosé de rire à ma remarque avant de littéralement baver sur le physique du beau, sexy et si charismatique Monsieur Mattarella. Je fronçais les sourcils tout en soupirant de dépit, je ne comprendrais jamais les femmes. Quoique de ce que j'avais compris et de ce que Soso m'avait raconté certaines de ses copines n'étaient pas insensible à mes charmes... Ce que je n'avais clairement pas relevé. C'était des gamines ! C'était franchement n'importe quoi.
Je quittais l'université sans regret, j'avais été heureux d'échapper à la secrétaire et surpris également que Théo m'amène une telle clientèle. C'était plaisant et bienvenue que mon travail soit reconnu de la sorte. Si Mattarella parlait de moi en bien autant que Queenie et Theo, mon garage déborderait bientôt de clients et de voitures comme la corvette. Étrangement, la conversation avec le professeur n'avait pas été désagréable et je me fis la réflexion que j'avais été un peu stupide de m'arrêter à la première impression. Quoique je devrais être un moment sans le revoir. L'année suivante pour la vidange à nouveau ou dans deux ans puisque la voiture n'avait pas beaucoup de kilomètres. Du moins, c'était ce que je pensais. Je ne pensais pas la revoir quelques jours plus tard à peine et... dans un sale état. Misère ! Qu'est-ce qu'ils lui avaient fait ?
J'étais de permanence de dépannage ce soir là, c'était toujours des soirée un peu pénible où les appels venaient au compte-goutte mais généralement, ça payait bien. Déjà parce qu'on était en horaires de nuit et aussi parce qu'on gonflait un peu les prix sur la main d'oeuvre, fallait pas se leurrer. Donc quand je reçus un appel pour un accident de la route entre une femme et un type un peu bourré qui lui était rentré dedans, je ne m'attendais clairement pas à voir la corvette avec tout le côté gauche défoncé. J'aurais presque pleuré en la voyant dans cet état. Pauvre bébé. Je sautais de la dépanneuse et jetais un regard noir au conducteur de l'autre voiture. Celui qui avait causé l'accident, la conductrice elle était emmenée par les ambulanciers direction l'hôpital. Elle tenait sur ses pieds mais elle était clairement en état de choc et un peu amochée. Moins que la voiture cela dit.
Je la contournais avant de rejoindre la dépanneuse et de tirer sur le fil de remorquage pour le dérouler. Il y allait en avoir pour un sacré paquet d'argent de réparation. Je fixais le fil à l'anneau de remorquage et sursautais alors que Mattarella apparaissait à côté de moi. Je lui jetais un regard peu amène avant de pousser un léger soupir fataliste lorsqu'il me demanda ce qui s'était passé. Comme si les dégâts ne parlaient pas d'eux même. Je finis d'installer le crochet à l'anneau avant de me redresser et de jeter un coup d’œil alentours. J'entrepris alors d'expliquer succinctement ce qui selon moi avait eu lieu.
"Je ne peux pas affirmer avec certitude. Mais lui..., je désignais le chauffard. ... a percuté votre voiture de plein fouet. Je dirais un refus de priorité de sa part, surtout vu l'angle d'impact. C'est pas joli joli, va y avoir..."
Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase que le prof commençait à s'en prendre à l'autre type. Je poussais un soupir et me plaçais devant lui pour lui faire entendre raison.
"Allons... M'sieur Mattarella ! C'est pas comme ça que vous allez arranger les choses..."
Étonnamment, il se calma et me demanda ce qu'il était censé faire. Je poussais un soupir alors que j'appuyais sur le bouton qui tendit le câble et tira la voiture jusqu'au plateau de la dépanneuse.
"Là, le mieux c'est d'emmener la voiture au garage. On verra tous les papiers directement là-bas. Je pense que comme les flics sont déjà là, c'est eux qui vont gérer le constat et tout ça mais à votre place, j'appellerais mon assurance. Ils ont normalement des services vingt-quatre heures sur vingt-quatre.. Sinon demain matin au pire."
Je lui fis signe de grimper à l'avant de la dépanneuse alors que je me mettais côté conducteur et que je la démarrais pour rentrer au bercail.
"Ma soirée était foutue quoiqu'il arrive. J'étais d'astreinte. Par contre la votre, oui, elle risque de tourner court."
Je lui adressais un demi sourire en coin tout en conduisant. Nous arrivèrent bientôt au garage et je descendais la corvette du plateau pour la rentrer dans l'atelier. J'en fis le tour une nouvelle fois pour estimer les dégâts mais je m'apercevrais de la réelle étendue que lorsque j'aurais été voir à l'intérieur. Je me tournais vers Mattarella avec une grimace.
"On va dans le bureau ? On sera plus à l'aise."
Sans attendre son accord, je me dirigeais vers la petite pièce au fond du garage. J'allumais la lumière et sortis deux verres et une bouteille de Scotch whisky.
"A vu de nez comme ça, je dirais que c'est principalement du travail de carrosserie. Par contre, ça risque de chiffrer. Les pièces de corvette c'est pas donné. Mais je peux pas affirmer à cent pour cent tant que j'ai pas commencé à travailler dessus. Mais là, c'est réparable, je pense."
Quand on avait les moyens de se payer une telle voiture, on avait normalement les moyens de la réparer mais je préférais quand même assurer mes arrières.
"Je préfère vous prévenir avant de commencer les réparations que vous crisiez pas en voyant la facture."
Je lui jetais un regard blasé avant de vider mon verre d'une traite. Attendant qu'il me dise si oui ou non, il voulait la faire réparer.
E. M. Kowalski
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »