“ Tu connais le Syndrome de Stockholm? ”

Cela faisait maintenant quinze jours que Hermès avait quitté Storybrooke. Les événements l’avaient totalement pris de cours. D’abord, sa blessure, qui avait fracturer sa nature divine. Puis l’existence des Titans, et leurs stupides manient de se croire seuls au monde avec leurs problèmes. Puis Elliot. Son neveu, en qui il tenait beaucoup. Qui était en réalité Chronos… C’était peut être le plus difficile à encaisser. Car Hermès préférait mourir plutôt que de voir ses proches souffrir. C’était également pour cela, qu’il comprenait Chronos. Comment rester éternel alors que tous ceux qui font ce que vous êtes, vos raisons de vivre, s’en vont un à un. La solitude. L’éternelle solitude…
Hermès tourna le ragoût qui était en train de cuire à feu doux sous la marmite. Le fixant sans le voir. Ca sentait extrêmement bon. Il était fin cuisinier, c’était un de ses passes-temps favoris. Passant une main sur son visage d’un air las, il leva la cuillère en bois pour goûter. C’était très bon, et c’était prêt. Sans réfléchir, Hermès se saisit des bords brûlants de la marmite et se retourna vers l’extérieur. Ses yeux se contractèrent sous la douleur. Il avait l’habitude de souffrir dans son monde. Mais à chaque fois, il guérissait. La marmite de ragoût roula au milieu de sa petite cabane faites en plaque de taule. Elle n’était composé que de maigres effets, un lit simple, une table, un vieux canapé, une table et un nécessaire à cuisiner. C’était très simple, car il ne restait jamais bien longtemps.
Ses yeux se portèrent à ses mains. Rougis, avec plusieurs cloques qui commencèrent à apparaître. Et qui ne partiraient pas. Se mordant la lèvre, Hermès se dirigea vers l’évier et commença à faire couler l’eau froide en baissant la tête. Au milieu de l’eau que procurait le robinet, quelques larmes tombèrent.

« Angelo ? Tu es là ? »

Hermès coupa le robinet. C’était sa sanction, après tout, de souffrir. Il l’avait amplement mérité. Pivotant, Wallace fixa le jeune garçon des Favelas de Rio, endroit où il avait pris refuge pour la semaine le regarder avec inquiétude. Se saisissant d’un torchon, il le plaça sur ses doigts. David, le petit garçon s’approcha doucement, Hermès, lui restait stoïque et droit, ses mains serrant le torchon.

« Va t-en. Et ne m’appelle pas comme ça. »

Il l’appelait ainsi car la veille, il l’avait sauvé de la mafia brésilienne et l’attrapant par les dessous de bras pour l’emmener plus haut sur la montagne. En volant, bien évidemment. Mais tellement rapidement que seul l’enfant avait pu voir qu’il s’agissait d’un homme. Il avait entendu des rumeurs comme quoi c’était en réalité un oiseau géant. Tant mieux. Sa couverture était entière. Sans lui dire quoi que ce soit, Hermès s’était en aller, laissant l’enfant seul. Mais depuis ce jour, le gamin venait lui rendre visite tous les jours. En réalité, le ragoût était pour lui et sa famille.

« Qu’est ce qui t’arrive ? Tu t’es blessé ? »

Les mains d’Hermès se serrèrent. Oui, il s’était blessé. C’était nouveau, et douloureux. Aussi bien physiquement que psychologiquement.

« Je t’ai demandé de partir, David. »

Sa voix était froide, autoritaire. Mais l’enfant n’était pas dupe. Il disparut en courant pendant quelques secondes, et revint avec de vieux bandages. S’avançant timidement vers la silhouette imposante d’Hermès, il les lui tendit.

« Il te faudrait de la pommade… Mais je n’en ai pas. »

Hermès se saisit des bandage, et grommela :

« Merci. »

S’enroulant ses mains, ces bandages avaient au moins l’avantage de ne plus le faire souffrir aux contacts de ses mains avec son environnement. S’accroupissant pour se mettre au niveau de David, Hermès déclara :

« Tu ne devrais pas, tu sais. Je ne le mérite pas vraiment. »

« Mais, tu es un ange. Et les anges méritent qu’on les aide. Tu as été envoyé par Dieu, et si je t’aide, je l’aide aussi, un peu. »

Hermès fronça les sourcils. Il n’était pas un ange. Et il n’était pas au service de son dieu qui n’existait pas. Mais la religion, ici, dans les favelas, était importante. Alors qu’il s’apprêtait à lui répondre, une Aura sembla se matérialiser à l’entrée de sa porte. Dos au soleil, qui faisait que son si beau visage n’était pas visible, Athéna venait d’apparaître. David ne l’avait pas entendu. Hermès rebaissa son regard vers le garçon et déclara doucement :

« Reviens me voir demain, à la même heure. Et cette fois-ci, promis, le ragoût ne sera pas par terre. »

David sourit doucement, comme si c’était Noël, puis détala. En se tournant, il manqua de percuter Athéna mais s’arrêta à quelques centimètres, et releva la tête, impressionné.

« Vous… vous… Vous êtes très belle, madame... »

Et, rougissant, le gamin détala, pieds nus. Hermès quand à lui, resserra ses bandages en fronçant les sourcils.

« Je me demandais quand est-ce que tu allais venir me sortir de ma solitude. Je suppose que tu as entendu ce qu’à dit le garçon… Ne fais pas attention à lui, ce n’est qu’un enfant. A ses yeux, je suis un ange. Mais tout le monde sait désormais que je suis encore moins que ça. »

Et, sans rien ajouter de plus, il se baissa pour ramasser la marmite de ragoût qui s’était répandu sur son sol en terre battue.

Son poignard s’enfonça dans la graisse du bras de son adversaire. Bon, c’était un mannequin, très bien fait mais aucun sang, pas de cri de douleur et aucune satisfaction à voir son coup porter. Pourtant Athéna continuait de s’entraîner, histoire de ne pas penser à Hermès. Avec humeur, elle plongea sa lame dans ce qui aurait été la jugulaire chez un humain. Autant pour elle, cette séance ne servait à rien. Profondément contrariée, la déesse balança le mannequin à l’autre bout de la pièce en lui mettant un coup de pied bien senti. C’était plus appréciable quand il y avait des cris de douleur, vraiment. Là, elle avait l’impression de se battre contre du vide, ce qui ne la frustrait que davantage. Et tout ça par la faute d’Hermès.

Se retournant brusquement, la guerrière lança un couteau sur l’une des cibles prévues à cet effet, mais le bois se fendit et le couteau finit dans le mur. Avec un soupir, la brune alla récupérer son bien. Cela faisait très longtemps qu’elle n’avait pas été aussi furieuse. Mais elle avait de quoi non ? Après tout, ça n’était pas comme si elle n’avait pas prévu cette situation. Athéna avait compris quand il était à l’hôpital qu’il partirait. Puis il le lui avait confirmé. Et elle lui avait proposé de la compagnie. Il lui avait répondu qu’il acceptait bien sûr qu’elle soit là. Pour mieux se barrer par la suite, sans prévenir. Alors oui, la déesse avait de quoi être en colère !

Quinze foutus jours qu’il était parti sans prévenir. Et depuis, elle bouillait intérieurement. Sachant parfaitement qu’elle pourrait le retrouver sans souci, la jeune femme avait préféré passer ses nerfs sur les mannequins de la salle d’entraînement. Pour une fois, aucun combat avec les gardes olympiens, elle avait eu trop peur d’en tuer un par inadvertance. Certes, il serait revenu à la vie, mais bon, autant s’en dispenser. Et tout ça pour rien au final. Parce qu’Athéna n’avait fait que ressasser les raisons qui la poussaient à se défiler, bien loin donc de l’apaisement attendu. Ni tenant plus, la déesse alla sous la douche et une fois vêtue correctement, elle se concentra sur l’aura de son compagnon et disparut.

Pour réapparaître dans les favelas, juste au niveau de la porte d’une habitation où se trouvait Hermès en compagnie d’un enfant qui semblait le prendre pour un ange. Qu’avait-il fait pour s’attirer ainsi la dévotion d’un tel enfant ? Ici, il en fallait tout de même beaucoup pour que même un enfant se sente en confiance avec quelqu’un… Cependant, ce n’était pas le principal. Non, le principal était en train de repousser l’enfant tout en cherchant à s’occuper d’une marmite au sol alors qu’il avait les mains bandées. Qu’avait-il encore fait, sérieusement… Quand le petit fit demi-tour et manqua de la percuter puis marqua un temps d’arrêt avant de lui dire qu’elle était jolie, Athéna sourit et lui fit un clin d’œil alors qu’il passait à côté d’elle. La brune le regarda partir jusqu’à ce que la voix d’Hermès ne se fasse entendre.

- Je n’aurais pas eu besoin de venir briser ta solitude si tu m’avais dit que tu partais. Je serais venue avec toi et il n’aurait pas été question de solitude… D’autant que je croyais que j’étais la bienvenue à tes côtés. À moins que les médicaments à l’hôpital ne t’aient fait dire n’importe quoi… Rétorqua-t-elle en pénétrant dans la pièce et en s’agenouillant près de lui, lui prenant la marmite des mains. Tu as dû faire quelque chose d’important pour qu’il t’appelle ainsi. Et je suppose que s’il a vu tes ailes, alors rien ne l’en fera démordre. Répondit-elle avant de se redresser et de poser la marmite dans l’évier. Ah oui ? Alors qu’es-tu exactement ? Demanda-t-elle en croisant les bras, les yeux noirs de colère. Il me semblait que tu étais mon compagnon, l’homme dont je suis tombée amoureuse. Me suis-je trompée ? Crois-tu que le fait que tu sois mortel en ce moment change quoi que ce soit pour moi ? Ou bien en plus de perdre ton immortalité, le coup d’épée t’a fait perdre ton intelligence ?

Hum… Ouaip, elle était en colère. Parce qu’elle n’appréciait pas de le voir se dénigrer ainsi. Ok, elle était d’accord, c’était stupide ce qu’il avait fait, mais dans la même situation, Athéna n’était pas certaine qu’elle n’aurait pas fait la même chose : entendre les faits et les vivre, c’était deux choses différentes. Et les vivre pouvait amener à des choix totalement différents que ceux que l’on pouvait faire quand on était au calme en train de réfléchir à la situation… Bref, la brune avait du mal à admettre qu’il se laisse aussi facilement abattre et surtout qu’il la fuit de cette façon.

“ Tu connais le Syndrome de Stockholm? ”

Hermès posa la marmite sur une table d’appoint, comme si de rien n’était. Réajustant quelque peu ses bandages, un sourire en coin apparu sur ses lèvres, enfantin. Cela jurait parfaitement avec le fond de son regard, légèrement triste et égaré.

« Les médicaments ne faisaient pas effets. Etrangement, ils sont inefficace, tout comme la drogue et l’alcool. Visiblement, je garde les choses les plus pénibles des dieux. »

Avec un sourire triste, il désigna ses bandages. Finalement, Hermès s’avança vers Athéna, jusqu’à n’être qu’à quelques pas. Elle avait ce regard, lorsqu’elle était en colère, qui avait le don de le faire fondre. Il avait même envie au fond de lui, de la mettre un tout petit peu plus en rogne pour le voir plus longtemps. Mais c’était égoïste et jouer à ce petit jeu là ne le mènerait nul part. Autant désamorcer la bombe.

« Mais, je t’ai dit que tu étais la bienvenue. C’est toujours le cas. Quand on est capable de se téléporter et de sentir l’aura de l’autre, la solitude ne devient que théorique non ? Je ne vois pas pourquoi j’aurai eu besoin de te dire que je partais, car je sais pertinemment que tu m’aurais retrouver. La preuve en est. »

Pour appuyer ses propos, Hermès ricana et désigna la silhouette athlétique de sa compagne divine. Un léger clin d’oeil partit, comme pour la provoquer un petit peu plus.

« C’est pour ça que tu es en colère ? Je pense pas que ce soit l’unique raison… On dirait, que c’est plutôt une attitude générale qui te rend comme ça… Ou alors, j’ai fait tombé la goutte d’eau qui a fait débordé le vase. Ca aussi c’est possible... Ca me ressemble en tout cas ! »

Il avait ricaner en levant le nez, comme il le faisait quand il s’amusait. On aurait dit un enfant. Les jours passaient seuls n’avaient pas été si joyeux. C’était la simple présence d’Athéna qui le faisait redevenir ce gamin insupportable éternel. Comme elle l’aimait !
Le sujet de ses ailes fut ensuite abordé. Hermès regarda un peu à l’extérieur, comme si le sujet n’était pas réellement important.

« Je ne vois pas ce qui te fait dire ça. Peut être qu’il est a vu par accident, ça m’arrive de les sortir pour les étirer un peu. »

Double mensonge. Déjà, il n’avait pas besoin de les sortir pour les étirer, en plus ça avait été tout sauf un accident. Mais il ne préférait pas passer pour un héros. Déjà que le gamin le considérait ainsi, c’était suffisant. Quand elle monta au créneau, Hermès croisa les bras et releva la tête un peu boudeur. Ok, elle voulait aller sur ce terrain là, elle allait pas être déçue du voyage.

« Puisque je suis si stupide, pourquoi tu t’entêtes à venir me voir alors ? Ca n’a rien à voir avec le fait que je sois devenu mortel. D’ailleurs, on sait pas si je suis devenu mortel. C’est ce qu’on m’a dit. Faudrait peut être essayé... »

Hermès tendit la main et le glaive romain dont-il s’était servi réapparu. Le regard sérieux, profond, il fixa Athéna sans sourciller. Puis… Se mit à éclater de rire et fit disparaître l’objet maudit pour lui. Rigolant aux éclats, il faillit se plier en deux de rire.

« AHAHAHA ! T’AURAIS VU TA TETE QUAND J’AI DIT CA ! »

Décroisant les bras, il faillit en pleurer. Relevant ses yeux vers Athéna, son regard lui coupa immédiatement l’envie de rire. Oulah. Là, ça allait pas être la même limonade.

« Ah. Ca te fait pas rire. L’autodérision, c’est super drôle pourtant tu sais. Et attends ! Tu as dit que tu t’étais peut être trompé, d’être tombé amoureuse de moi. Mais t’as pas le droit de dire ça ! C’est très très méchant ! »

Prenant un air théâtralement offusqué, Hermès recula finalement. Le retournement de situation ne fonctionnait pas avec elle… Cherchant des yeux des objets pouvant l’aider à s’en sortir. Peut être qu’elle allait le taper. Et que ca se terminerait sur l’oreiller. Ca c’était si tout se passait bien.

Il aurait pu saisir la perche qu’elle lui tendait. Après tout, Athéna aurait compris qu’il ne se soit pas rappelé qu’il avait accepté qu’elle l’accompagne. Oui, ça, un oubli, elle l’aurait accepté. Mais en fait non. Il était parti tout simplement parce qu’il avait besoin de prendre le large et qu’il avait été certain qu’elle le rejoindrait à un moment ou à un autre. Et la déesse ne savait pas si elle devait prendre cette certitude comme un compliment ou non… Après tout, ça faisait très femme pot de colle ça et elle estimait ne pas l’être…

- Tu sais que ce sont les femmes qui sont censées se faire désirer pour que leur compagnon se lance à leur poursuite à l’autre bout du monde ? Répliqua-t-elle en haussant un sourcil, bras croisés.

Oui bon, elle avait décidé de prendre ça comme un compliment, une certitude qu’elle ne le laisserait pas tomber quoi qu’il arrive. La brune espérait juste quand lorsque les choses iraient mal pour elle, il en serait de même à son égard. Au fond, elle ne s’inquiétait pas vraiment, mais en ce moment il arrivait tellement de trucs désagréables à son compagnon qu’elle ne pouvait s’empêcher de se dire que ça ne tarderait pas à lui arriver également : la famille divine n’était jamais sereine très longtemps après tout.

- Je n’aime pas qu’on me pose un lapin. Grogna-t-elle, peu ravie qu’il insiste. Et oui, c’est toi qui m’as mise en rogne à partir comme ça sans rien dire. Je me suis vraiment posée la question de savoir si tu tenais à ma présence à tes côtés. Après tout, tu pourrais me considérer comme trop envahissante…

Ça lui avait l’esprit, effectivement. Et même si la guerrière avait chassé cette idée très rapidement, ça avait mis un peu à mal sa confiance en elle. Après tout, les relations humaines ça n’étaient déjà pas son fort, alors les relations amoureuses ! Athéna n’avait eu qu’une seule relation qu’elle pouvait qualifier de sérieuse avant Hermès et l’autre lui avait brisé le cœur. Alors comme ça comptait énormément pour elle cette relation, elle avait des craintes qu’elle n’exprimait pas à haute voix, ayant peur de passer pour l’une de ses filles mièvres qu’elle était loin d’être.

La déesse leva les yeux au ciel en l’entendant se dénigrer. Bordel, la dernière aventure, et sans doute la réaction des compagnons d’aventure, lui avait vraiment fait du mal. Quoi que… Athéna savait bien qu’il ne se considérait pas comme un héros. Si ça pouvait lui faire plaisir, la brune était capable d’être d’accord avec lui. Mais Hermès se dévalorisait bien trop souvent à son goût. Elle avait connu l’autre, celui du même monde qu’elle, et lui était parfaitement stupide et immature. Cet Hermès-là devant elle, le sien, c’était autre chose. Il faisait croire qu’il était complètement gamin alors que ça allait bien plus loin que ça.

Cependant, elle ne s’était pas attendue à une telle réaction. En le voyant faire apparaître une épée qu’il tendit droit vers son cœur, celui de la déesse eut un raté ou deux. Il n’allait pas faire ça quand même ? Le sentiment d’impuissance qui l’envahit lui rappela ce qu’elle avait ressenti quand elle avait cru qu’Arès et Héra avaient été tués par Zeus. Elle ne voulait plus voir l’une des personnes qu’elle aimait mourir et encore moins Hermès. Puis cet imbécile se mit à rire à gorge déployée tandis qu’Athéna se rendait compte qu’il s’était joué d’elle.

- Tu sais… Tu me l’aurais fait dans quelques mois cette blague, peut-être que ça aurait pu me faire sourire. Là, ça me donne juste envie de t’arracher les yeux pour m’avoir fait autant peur. Je suis forte, je l’admets, mais il y a des choses pour lesquelles je ne le suis pas. Rappela-t-elle en lui lançant un regard noir. J’espère que ta blague te fera rire encore longtemps, ça te tiendra compagnie.

Et sans un regard de plus, Athéna fit demi-tour et sortit de la petite maison. La déesse marcha dans les favelas sans se soucier du danger qu’elle encourait. Elle n’était pas vraiment en état de réfléchir là. Hermès lui avait foutu une trouille bleue et avait réveillé de mauvais cauchemars qu’elle avait réussi à oublier grâce à lui. Alors qu’elle s’adossait à une maison, la déesse se rendit compte qu’elle tremblait de tous ses membres. La petite blague de son compagnon l’avait bien plus perturbé qu’elle ne l’avait cru. Sans doute parce que d’un coup, elle le voyait vraiment se mettre l’épée dans le cœur et que l’éventualité de voir cet acte lui donnait des palpitations – ce qui était normalement impossible, mais bon.

“ Tu connais le Syndrome de Stockholm? ”

Finalement, Wallace croisa les bras. Pas de la même manière que quand il s’agissait de Nora, bien évidemment, mais simplement parce qu’il ne savait plus quoi faire de ses bras. Haussant les sourcils, il constata que l’humour ne serait absolument sa meilleure alliée. Un peu contrarié, par lui même, comme d’habitude et pour changer, son visage se renferma un peu. C’était cruellement difficile. C’était toujours la même chose. Il gâchait tout, même ce qu’il avait de précieux.

« Tu ne m’étouffes pas. J’ai simplement considéré le fait que si tu voulais me voir, tu pouvais. Je te l’ai dit, j’ai été très clair là dessus... »

Ouvrant la bouche, elle continua. Ce n’était pas méchant, ses paroles n’avaient pas une once de méchanceté. Mais elle les blessa profondément. C’était lui, le problème, comme toujours. Il s’y prenait à l’envers, en réalité. Il avait constaté cela. Peut être que dans son monde, c’était inversé. Non. Tout était quasiment identique, à quelques détails prêt. Ca ne pouvait pas être cela. Peut être que simplement, il voulait s’autodétruire, culpabilisant d’être un des derniers rescapés. Le syndrome du survivant… C’était comme ça, qu’on l’appelait en psychologie. Passant une main fatiguée sur son visage, il avança d’un pas. Las.

« Ecoute, je... »

Mais quand il enleva sa main pour s’approcher d’elle, il constata qu’elle était en train de partir. Ses vêtements tournèrent à l’angle de la porte. Dans un accès de rage, il envoya un coup de poing dans le mur à côté de lui, qui se craquela sous l’onde de choc.

« C’est pas vrai ! »

C’était douloureux. Mais c’était nécessaire. Avec son absence de régénération, il avait au moins appris ça. Que tout avait un prix. Passant à nouveau une main sur le visage, il hésita. Peut être qu’elle avait besoin d’air ? Peut être qu’au final, c’était mieux ainsi. Sans lui. Soudain, sa main tomba le long de son corps et ses yeux s’écarquillèrent. Qu’est ce qu’il était en train de faire ? Il était en train de tout gâcher, et là, il arrivait à son zénith. Non. Plus jamais. Sinon, il allait perdre ce qu’il avait désormais de plus précieux à ses yeux. Sortant en trombe de sa maison de fortune, il l’appela :

« Attends ! »

Il avait voulu prononcer son nom : Athéna. Mais devant les quelques passants, il n’avait pas osé attirer l’attention sur lui. La rattrapant finalement, Hermès lui pris le poignée. Elle était pâle, et n’allait pas vraiment bien. Et ça ne pouvait être que de sa faute. Les dieux ne connaissaient pas la maladie.

« Excuse moi… J’ai été stupide. »

En douceur, Wallace leva son autre main pour la positionné au niveau de sa nuque, afin de la forcer, sans la brusquer à la regarder dans les yeux. Parlant tout bas, il ne prêta pas attention aux regards curieux qui ne voyaient que deux amants en froid.

« Je ne recommencerai plus. C’était pour faire un peu d’humour, pour détendre la situation, mais disons que je n’ai pas jouer sur le bon contexte... »

Un maigre sourire, alors que normalement, il adorait en faire des grands apparus sur son visage. Ca ressemblait plus à un sourire d’excuse qu’autre chose.

« La situation me rend nerveux, en réalité. Mais j’ai voulu te le cacher. Au départ je pensais que c’était pour te protéger, mais c’était simplement pour me protéger moi. Je suis le dieu le plus stupide de la création. »

En disant cela, il lui appuya sur les lèvres. Pour essayer de la faire sourire un petit peu. S’approchant d’elle, il murmura, sincère.

« Mais je n’aurai pas du. On doit tout se dire. Les non-dits et les mystères, ça détruit nos frères. Ca détruit notre famille. C’est par le mensonge, j’en suis convaincu, qu’Elliot deviendra Chronos. On s’est assez menti. Maintenant, c’est terminé. Je te dirai toujours ce que j’ai sur le coeur. »

Il allait rajouter « Enfin, ce qu’il en reste ! » mais il estima qu’il avait assez blagué sur le sujet. Lui faisant un baiser sur le front, puis sur les lèvres, il poursuivit.

« Tu es fâchée ? Tu as le droit tu sais… Mais contrairement à toi, je te suivrai jusqu’à ce que tu me reparles… Je te parlerai toutes les minutes, jusqu’à ce que tu me répondes. Même pour me crier dessus. Je déteste le silence, il m’étouffe… Allez. Fais un sourire. Un petit sourire. Tu sais que tu es la plus belle des déesses. Tu es même plus belle que la Titanide que j’ai vu ! »

Il parlait bien sur de Thémis. Gaïa, ça comptait pas.

Sentiment d’impuissance, peur intense… En l’espace d’une simple blague Hermès lui avait causé tout ça. La déesse savait que l’aventure avec les autres dieux et la permette de son immortalité lui avaient fait du mal, c’était pour ça qu’elle voulait rester avec lui, pour le soutenir et l’empêcher de croire qu’il n’était qu’un dieu stupide qui ne méritait pas de continuer à vivre alors que le reste de son monde avait disparu.

Athéna savait, dans une moindre mesure certes mais tout de même, ce que l’on pouvait éprouver quand on était le seul survivant de son entourage. Lui c’était tout un monde qui avait disparu, pour la brune ça avait été quand Arès et Héra avaient été emportés par Dolos qui les avait fait passé pour mort dans ce monde. Au final, ils n’étaient pas morts parce qu’elle n’avait pas été capable de faire face. Mais elle l’avait cru durant longtemps et elle se rappelait de son sentiment de culpabilité d’être la seule survivante de leur trio parti en exploration…

Bref, tout ça pour dire qu’elle était venue avec l’intention de l’aider à passer à autre chose, à reprendre du poil de la bête et qu’elle s’était retrouvée au contraire avec quelqu’un qui avait franchement aimé faire de l’humour noir et ça n’était pas du tout passé pour la jeune femme qui n’avait déjà pas apprécié le voir se dénigrer tout seul. Parfois, elle maudissait ses frères et sœurs d’avoir un jugement trop hâtif, ça faisait trop de mal quand on en était l’objet et parvenir à les faire changer d’avis était très long…

Finalement Hermès la rattrapa et s’excusa très vite : parce qu’il pensait qu’elle allait le frapper s’il mettait trop de temps ou parce qu’il savait que suivant ce qu’il dirait, elle réagirait ? Elle ne savait pas trop mais Athéna était très touchée par ses aveux. Ça n’était jamais facile d’avouer qu’on avait peur, surtout pas à quelqu’un qu’on aimait, elle le savait bien aussi le laissa-t-elle finir, histoire de ne pas rendre tout ceci plus ardu. Et puis, il lui fallait à elle aussi prendre le temps d’accepter tout ça et de passer par-dessus son sentiment de peur.

- Tu n’es pas stupide. Par parce que tu es un dieu en tout cas. La stupidité, ça fait partie du patrimoine génétique des mâles. Le railla-t-elle quand elle put enfin en placer une.

Mieux valait essayer d’alléger ce moment plutôt que de lui crier dessus que oui il était bien stupide pour croire qu’il l’était et pour agir en conséquence… Non, ça serait du plus mauvais effet alors qu’ils essayaient de se réconcilier, ou du moins de passer outre cette brouille.

- Oui je suis fâchée. Soupira-t-elle avant de se taire durant de longues secondes et de regarder ailleurs. J’ai eu peur… Finit-elle par avouer en murmurant. Peur que tu ne le fasses vraiment, peur que parce que tu avais du mal à te faire à ce monde tu ne décides d’en finir une fois pour toute vu que tu en as la possibilité. Ça m’avait déjà frappé quand je t’ai vu sur ce lit d’hôpital, mais là c’était encore plus fort… Je ne sais pas si je pourrais me relever d’une autre perte. Et encore moins de la tienne… Lui confia-t-elle, les larmes aux yeux en pensant à sa précédente perte.

Arès, le petit Elliot qu’elle avait eu à cœur de protéger mais pour lequel elle n’avait rien pu faire… Cela faisait déjà beaucoup trop. Alors ajouter la perte d’un autre dieu ? Ou pire encore d’Hermès ? Non, il n’y avait pas moyen. Parce que la brune n’était pas du tout certaine de pouvoir se relever. Ou de ne pas retomber dans ses anciens travers si elle parvenait à le faire… Plutôt que de continuer à penser à ça, la brune essaya de faire un sourire à son compagnon, mais au final c’était plus un pauvre sourire qu’autre chose.

- La plus belle des déesses… Je te rappelle que la dernière fois qu’on a entendu cette phrase, une guerre a eu lieu. Puis les gens préfèrent Aphrodite ou Artémis à moi. Rappela-t-elle sans que cela ne la chagrine. Une Titanide ? Tu as vu qui ? Demanda-t-elle curieuse.

“ Tu connais le Syndrome de Stockholm? ”

Quand Athéna le railla d’une pique, un sourire revint sur les lèvres d’Hermès. Ouf, inspira-t-il intérieurement. Sa vanne n’avait pas atteint assez son coeur pour qu’elle ne l’aime plus ! Détournant le regard pour qu’elle ne le voit pas, un sourire triomphal apparut sur son visage. En fait, il était content. Elle ne lui en voulait pas tant que ça, puisqu’elle l’attaquait gentiment et qu’elle ne s’échappait pas de ses bras. Quand elle eut les larmes aux yeux, Athéna, la Déesse de la Guerre, Hermès eut un léger mouvement de recule. C’était rare. Mais c’était privilégié. On ne voyait pas cela tous les jours. Tous les dieux avaient leurs faiblesses. Et lui, venait de voir celle d’Athéna. L’abandon, la perte. La serrant un peu dans ses bras, il murmura :

« Excuse moi. »

C’était très rare qu’il s’excuse. En tout bon sale môme qu’il avait toujours été, même avec la guerre, il n’avait jamais trouvé l’utilité du pardon, des excuses. Ce qui était fait était fait, il n’avait jamais compris pourquoi il fallait s’excuser. Mais quand il vit qu’on pouvait perdre quelqu’un qu’on aimait plus que tout, il trouva judicieux de le faire.

« Je n’allais pas le faire. Même si j’y ai pensé. Puis je me suis souvenu, que j’avais beaucoup perdu, mais qu’au final, j’avais aussi pas mal gagner quand je suis passé dans ce monde là. Un nouveau départ. Des nouveaux frères. C’est très particulier tu sais. Surtout que, le plus étrange, c’est que dans mon monde, je n’aimais pas du tout Athéna. Elle était froide, distante, et meurtrière. Et je m’en veux. Parce que je me dis que, au fond, vous étiez peut être les même personne dans votre conscience la plus profonde. Et que je ne l’ai pas vu. »

Il marqua une pause, finalement, il l’attira à elle définitivement pour lui faire un câlin et un baiser, une main sur les hanches. Certains passants les observèrent en souriant. D’autres avec convoitise… L’amour, à cet état, devenait tellement rare, dans ce monde et aujourd’hui ; qu’Hermès trouva important de le montrer à tous.

« Tu ne te relèveras jamais de ma perte, car je n’ai pas l’intention de mourir. Ni aujourd’hui, ni demain. Quand on a vu la Mort autant de fois que je l’ai vu et qu’on y a échappé, alors on comprend certaines choses. On devient un survivant. Quelqu’un de difficilement abattable. Fais moi confiance. Tu me verras, toujours, les yeux ouverts. »

Et, pour confirmer sa promesse, intime, il lui redonna encore un petit baiser volé. Au coin des lèvres, avant de reculer un peu et de froncer les sourcils.

« Tu ne connais pas tous les Titans, visiblement. C’est un bon point, je n’ai pas tant de retard que ça. C’était Dame Thémis. De ce que j’en ai entendu. Il y avait aussi Ouranos. Et bien évidemment, Hypérion. Je n’étais pas en état de les voir et de les écouter dans leur totalité. Mais le peu que j’en ai vu, me fait dire que nous sommes à leurs images. Perdus, face à quelque chose de toujours plus grand. Quand ils ne maîtrisent pas une situation, ils paniquent, et veulent immédiatement réglé le problème. C’était le cas de Thémis et d’Ouranos. J’ai trouvé Hypérion… Etrangement neutre. Il doit avoir des cartes que nous n’avons pas pour avoir un tel désintérêt dans un moment aussi violent. Le conflit résidait, uniquement dans le fait qu’Elliot devait mourir ou rester en vie. J’ai vu leur détermination, ce jour là. Certains n’hésiteraient pas à accomplir des horreurs, comme prendre une vie à la Nature, pour assouvir leurs intérêts. »

Il regarda un peu le ciel, d’un air étrangement distrait et rêveur. Comme s’il réfléchissait. Finalement, il glissa ses mains des poignets d’Athéna pour les refermer sur ses mains si douces.

« Nous devons réfléchir à un plan. Avec ceux en qui nous avons une confiance totale. Nous ne pouvons plus prendre le risque de nous faire berner sans y être préparé. »
Il hésita, puis sourit avant de répondre.

« Tu es bien plus belle qu’Artémis et Aphrodite. »

En mentionnant le prénom de cette dernière, un voile de ténèbres, issu des souvenirs de son monde, passa. Mais rien ne bougea sur son visage et son sourire resta toujours aussi angevin.

L’abandon était quelque chose qui lui faisait peur. Athéna ne s’était pas remise de la perte d’Arès ni, elle devait bien se l’avouer, du fait que son père l’avait renié pour être une fille. Quand elle l’avait rencontré lors d’un voyage dans le passé, quand elle avait vu à quel point il voulait la tuer, les rêves de la jeune femme s’étaient vus réduire en cendres. Quand elle avait appris qu’en réalité ils avaient tous des parents, la brune avait espéré avoir été désirée, aimée. Rien de tout cela n’était vrai, son père avait probablement voulu la tuer dès sa naissance et en tout cas, il n’avait pas mis longtemps avant de concevoir Dolos…

Silencieuse, elle profita de l’étreinte d’Hermès, de sa chaleur, de sa force pour reprendre du poil de la bête. Et elle se confia sur cette peur, estimant que si quelqu’un avait le droit de connaître ses faiblesses, c’était bien lui. Toujours silencieuse, elle l’écouta lui raconter qu’il avait brièvement songé à mettre son geste en application, ce qui glaça la guerrière. L’amour rendait vraiment fragile par moment, elle en prenait douloureusement conscience. Mais ne parvenait pas à regretter d’avoir laissé ses sentiments s’extérioriser.

- Je l’ai été. Avoua-t-elle. Avant d’arriver à Storybrooke. C’était nécessaire d’être impitoyable à la Cour de Zeus si l’on voulait survivre et surtout ne pas devenir fou. Peut-être était-ce aussi le cas pour l’Athéna de ton monde. Mais ne t’en veux pas trop. Il a fallu mon arrivée ici, Arès et son pardon, Elliot et son enthousiasme, Peggy et sa douceur pour que je parvienne à passer outre le masque. Du moins en grande partie. Elle n’avait pas ça elle. Pour changer, il faut que les circonstances s’y prêtent en plus de le vouloir, même inconsciemment.

C’était ce qui lui était arrivé. Être froide constamment, toujours à prévoir des mauvais coups, c’était usant et surtout lassant. De même que de devoir garder un masque en permanence. Alors quand elle en avait eu l’occasion, Athéna avait changé, parce qu’elle se sentait bien mieux ainsi, enfin elle-même. Elle pouvait être sadique contre leurs ennemis, cela ne l’empêchait pas d’aimer profondément sa famille et de vouloir à tout prix les protéger…

- Tu as intérêt. Répliqua-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Tu as intérêt à tenir cette promesse.

Parce qu’elle était capable de mettre le monde à feu et à sang pour se venger si quelque chose arrivait. Le masque qu’elle avait porté, elle pouvait le reprendre et le faire sien définitivement. Et devenir ensuite la digne fille de son père, le Titan des Morts… Athéna avait ce potentiel en elle, elle le savait et avait appris depuis de qui cela lui venait. Et elle n’aurait aucun remord à l’utiliser si cela s’avérait nécessaire.

- Ah. Tonton Tête de Con. Je le connais lui. Dit-elle en hochant la tête. Ouranos est sacré enfoiré. Il est vicieux et rusé, il faut s’en méfier. De même qu’Hypérion. Je ne connais pas Thémis effectivement. Mais j’en connais d’autres des Titans. Prométhée, Mnémosyne, Epimethée, Atlas, enfin ce qu’il en restait, font partie de ceux que je connais. En plus de Gaïa, de mon père Japet et maintenant de Chronos. Il ne doit pas m’en manquer beaucoup à présent… Ajouta-t-elle avant de renifler avec mépris. Hypérion ne sait rien. Il aime se donner des airs mystérieux mais au fond, il est aussi paumé que les autres. En tout cas, le peu qu’il sait, ce trou du cul ne le partage pas. Réagit-elle avec colère et mépris. Dire que j’avais de l’estime pour lui… Fit-elle en secouant la tête. Les Titans ont créé les Hommes et les Dieux à leur image, nous n’aurions pas dû en douter. Leurs défauts, nous les avons. Et peut-être que cela pourrait nous être utiles… Se mit-elle à réfléchir à haute voix. Tu as raison. Artémis et Apollon sont des personnes sûres. Cassandre sans doute aussi. Pas Eulalie ni Thémis ni même Elliot. Eulalie a été créée pour tuer Surt, Thémis avait créé les Amazones pour ça et Elliot… J’adore mon neveu, mais il serait capable de se tuer lui-même dès à présent si cela pouvait empêcher l’avènement de Chronos… Enfin… Il faudra discuter de ça quand nous reviendrons à Olympe. Décida-t-elle avant de rougir. Merci… Enfin, pour Aphrodite, ça n’est pas difficile. Elle a un physique de rêve mais est complètement noire à l’intérieur… Critiqua-t-elle rapidement en serrant les poings.

Athéna n’avait pas oublié ce qu’avait fait la blonde en forçant Cassandre à tuer le petit Elliot de l’autre monde. Et ça, la brune ne le lui pardonnerait jamais. Cassandre n’aurait jamais dû être amenée à cette extrémité. Sa nièce était chiante parfois, mais la guerrière l’aimait et ne pouvait même pas imaginer ce que cela lui avait coûté de tuer ce petit Elliot…

“ Tu connais le Syndrome de Stockholm? ”

Ecoutant Athéna avec attention lui parler de son passé, Hermès fronça un peu les sourcils. Effectivement, elle n’était pas si loin de la vérité. Lui, s’en était sorti grâce à ses ailes. Il avait toujours pu fuir la colère de son frère aîné, en se réfugiant là haut, dans les nuages. Il avait toujours fui là bas d’ailleurs, même quand le monde avait eu besoin de lui. Chassant cette pensée en replongeant son regard dans les yeux d’Athéna, sa voix se fit un peu plus calme et réfléchi. On voyait que sa blessure lui avait donné une maturité nouvelle.

« Oui, j’ai rencontré Pégase. Enfin, celui de ce monde. Ca lui a fait un choc de me voir. Mais elle a pleinement conscience que je ne suis pas son créateur. D’ailleurs, je ne sais même pas si j’ai la même influence sur elle que sur l’autre. »

Par influence, il voulait bien entendu dire, destruction. Entre autre. Mais il n’avait pas du tout envie d’essayer. D’abord, parce que ce n’était absolument pas dans sa Nature, mais en plus Pégase avait désormais son libre arbitre, et ne posait aucun soucis à personne.

« Et Hermès et son coeur. Tu oublies le plus important de tous. »

Un sourire enfantin et jovial avait parcouru ses lèvres. La voir en face de lui, et non plus sa nuque brune qui part comme une furie lui avait beaucoup réchauffée le coeur. Finalement, son sourire disparu et un regard sincère prit sa place, comme un nuage qui apparaît devant un soleil.

« Si je te le promets, c’est que ça sera effectif, Athéna. »

Puis, il détourna les yeux, pour observer les alentours. La rue n’était pas spécialement bondée, en cette heure de la journée. Prenant la direction du haut de la colline, il estima que la vue serait bien plus belle sur Rio. Ignorant à plusieurs reprises les passants, qui dévisageaient Athéna avec une envie certaine, il tourna à droite. La rue donnait sur un petit escalier qui grimpait. A gauche et à droite, les façades des maisons avaient beaucoup de plantes, signe d’une plus grande richesse que le quartier qu’ils avaient quitté.

« Tonton Ducon ? C’est très joli. Mais il ne faut pas que je le dise trop haut, sinon on pourrait un jour m’appeler comme ça. »

Gravissant les marches avec aisance et sans se fatiguer de part sa condition divine qui était restée, il se tourna vers Athéna pour lui prendre la main. Après tout, c’était sa petite amie !

« Je pense qu’ils se sont trompés dans l’équation alors. Nous ne leurs ressemblons pas tant que ça, de mon point de vu. Et encore moins les Hommes… Je n’a pas vu beaucoup d’Espoir dans leurs yeux. Ni de bienveillance. Ils sont, parce qu’ils sont. C’est surtout ça que j’ai retenu. J’ai l’impression que contrairement à nous, qui sommes libre de faire ce que bon leur semble, chacun à une mission particulière à accomplir. Je pense que c’est pour ça qu’ils sont si mystérieux. Ils ont peur, d’échouer et d’errer pour l’éternité sans plus de sens ou de but à leurs vies. Ma petite retraite ici m’a permis d’établir cette conjecture. »

Soudain, il se figea sur place, comme frappé par la foudre. Se retournant avec gravité et d’un air solennel, il déclara d’une voix grave et faussement défaitiste.

« Bon sang. J’ai utilisé plusieurs mots complexes dans un même phrase ! Qu’est ce qui m’arrive !? »

Et il se mit à ricaner à sa propre blague. Continuant de monter les marches en tenant la main d’Athéna, il poursuivit :

« Oui. Apollon et Artémis sont des personnes sûres. Cassandre, je ne sais pas. Elle nous cache quelque chose, mais je pense que c’est pour tous nous protéger. Hypérion également. Mais j’arrive beaucoup moins à le cerner. Je pense aussi que nous ne les comprenons pas car nous n’avons pas la même Nature. Nous n’avons pas connu le monde sans Temps. Eux, si. Je pense que cela doit les chambouler constamment. Et tu as raison sur ce point. Elliot peut tenter de stopper Chronos et devenir ce même Chronos en essayant d’empêcher ça. C’est dans tous les films de Science Fiction que j’ai vu ici… Pourtant apparemment, il en ait fan, il devrait comprendre... »

Passant sous un porche, ils gravirent encore quelques escaliers, puis arrivèrent enfin en haut de la colline. Ce n’était pas la plus grande de Rio, mais d’ici, ils pouvaient voir une bonne partie de la ville. Elle était segmentée en différents quartiers, établis par richesse. Bien visiblement à leurs yeux. Deux perroquets rouges passèrent au dessus d’eux en caquetant, et Hermès hésita à les rejoindre pour leur faire ravaler leur juron.

« D’ici, on voit tout. Rio est le symbole de ce que les hommes peuvent être. Se diviser. Vouloir devenir le plus riche, le plus fort. Ce n’est pas ma conception de la vie, donc je pense que nous sommes différents d’eux… Tout comme les Titans. »

La prenant par la taille, un sourire amusé apparut sur ses lèvres et il déclara d’un ton espiègle.

« Et toi ? N’es-tu pas aussi un peu noire à l’intérieur comme nous tous ? Peut être que c’est ce qui me plaît, au final chez toi. »

L’embrassant sur la joue, il contempla le paysage magnifique, et lui serra la taille un peu plus fort.

« Un jour, nous vivrons tous les deux. En paix, et sans problèmes. C’est une promesse. Ca fait deux en moins de 10 minutes. Je sais. Mais je vais les tenir ! »