« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
L’air adopté par Eris ne me surprit pas tant que cela. Après tout, j’avais mis le doigt sur un sujet qui devait être à juste titre imminemment douloureux pour elle. Je ne répondis pas à sa première remarque, me contentant de lui adresser un sourire compatissant afin de lui faire comprendre que je partageais son ressentiment envers l’égocentrisme des êtres humains. Lorsqu’elle me parla de l’évolution des proies face à situation stagnante des prédateurs, je ne pus m’empêcher de mettre mon grain de sel à ces propos que je trouvais réellement passionnants.
« Comme quoi, il ne faut jamais se montrer trop sûr de soi ! Même les plus petites créatures peuvent nous surprendre et battre les prédateurs à leur propre jeu. C’est tout bonnement fascinant ! »
L’intérêt de l’horticultrice pour le pendentif que je portais autour du cou me poussa à lui confier mon secret. Bien sûr, je ne me doutais pas une seconde du danger que cela pourrait représenter pour moi. Après tout, son rapport avec la faune était si particulier et profond que je me doutais que mon état originel ne serait pas une réalité que je pourrais lui cacher bien longtemps. D’autant plus que cela me donnait une occasion parfaite pour me rapprocher d’elle avec autant d’audace que celle dont elle avait fait preuve tantôt.
D’ailleurs, le résultat ne se fit pas attendre. Elle m’adressa tout d’abord un aveu adorable qui démontrait son intérêt pour moi avant de me saisir le poignet. Je ne me débattis pas, accueillant au contraire avec plaisir le baiser qu’elle me donna. Je sentis des frissons envahir tous mon être lorsque je goûtais avec délice à la saveur amère de ses lèvres. J’aurais voulu alors me rapprocher d’elle, lui rendre cette douce faveur, mais elle ne m’en laissa guère le temps. S’écartant de moi avec autant d’entrain que celui dont elle avait fait preuve auparavant. C’était sans doute un peu cruel de sa part mais je me consolais en me disant que sans mon audace, je serais repartie bredouille !
Elle se lança alors à l’assaut de mes secrets, déclarant qu’un Pacte de sang aurait été des plus appropriés en de telles circonstances. Le ton et l’allure qu’elle adoptait à l’instant la différenciait tant de la jeune et jolie ingénue et j’avais rencontré en pénétrant dans cette boutique. Même si cela était plus que surprenant, je ne m’en sentais pas plus effrayée pour autant. Après tout, ne venait-elle pas de me dire qu’elle répugnait à l’idée de me faire souffrir ? Tant que je respectais les règles qu’elle avait établies intrinsèquement, je n’avais rien à craindre d’elle. Je respectais donc la distance entre nous qu’elle nous avait imposée. A la suite de ses paroles, je laissais un petit rictus apparaître sur mes lèvres. Cela n’avait rien de bien agressif, ce geste ne servant qu’à accompagner cette évidence qui m’avait soudainement frappée.
« Ah vrai dire, nous avons toutes deux des raisons de conservés nos secrets. Nous pourrions donc partir du principe que la découverte d’un secret par un tiers entraînerait directement la dénonciation du second secret. Ne serait-ce pas déjà un engagement suffisant ? »
Rabaissant un instant vers ses lèvres, je ne pouvais m’empêcher de songer à la douceur de ce geste bien innocent. N’avait-il pas été lui-même un moyen pour nous de sceller notre promesse ? D’une manière bien moins douloureuse qu’un couteau planté dans la chaire ? Une fois de plus un sourire éclaira mon visage avec entrain.
« Ne venez-vous pas vous-même de prétendre que les proies pouvaient faire preuve d’autant d’audace que celle d’un prédateur, Eris ? Mais oui vous avez raison, je suis bien un ancien animal… et si cela peut vous rassurer, je ne suis pas des plus agressifs… seulement des plus curieux ! »
Ses paroles furent ensuite plus dures à mes oreilles, réveillant les souvenirs les plus douloureux de mon existence. Passer un marché avec le Ténébreux avait eu tellement de conséquences négatives dans ma vie ainsi que dans celle des personnes que j’aimais. Et aujourd’hui, j’en payais le prix... je les avais toutes deux perdues à jamais !
« Je peux bien me permettre de vous le dire… après tout, aux yeux de tous ce monstre est mort aujourd’hui ! Il s’agissait d’un mage noir très puissant dont vous avez immanquablement entendu parler… le Ténébreux ! »
Et même s’il ne l’était pas, même s’il venait à me chercher pour se venger des informations que j’aurais pu donner à cette femme, je me tiendrais prête à l’accueillir ! Il avait fait tant de mal à mes êtres chers que j’aurais préféré mourir en le défiant que rester impassible face à son retour !
La dernière question fut particulièrement cruelle mais bien évidemment, elle ne pouvait se douter du prix exorbitant qu’il m’avait été donné de devoir payer. Anthony… mon petit Anthony ! Rien qu’à me rappeler la nuit horrible de sa mort, j’en avais les larmes aux yeux ! Puis l’image de Balthazar s’imposa à mon esprit. Il ne savait rien de cette histoire de marché et il aurait été si injuste d’en parler à une parfaite inconnue, aussi séduisante et convaincante qu’elle pouvait l’être alors que je ne lui avais pas encore révélé toute la vérité !
« Quant au prix que j’ai dû payer, je garderais le secret ! Disons que c’était sans nul doute la chose la plus précieuse que je possédais ! Et pour répondre à votre question… oui j’ai été idiote et naïve ! Je n’aurais jamais dû le faire et il ne se passe pas un jour sans que je ne regrette amèrement ! »
Je restais alors silencieuse, détournant mes yeux d’elle ! La rage animait alors tout mon être, non contre elle, mais contre cet être manipulateur et cruel qui avait détruit ma vie à jamais !
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Avez-vous une bonne connaissance de la chaîne alimentaire?
Eris resta les mains le long de ses hanches. Un orage sembla se former un court instant, mais se dissipa aussitôt très vite. C’était la réaction qu’il arrivait lorsqu’elle était en colère. En l’occurrence, sa colère n’était pas encore assez forte pour faire frapper la foudre de manière aléatoire. De toute façon, c’était bien mieux comme cela. Si elle l’avait fait, ça lui aurait demandait beaucoup d’énergie. Fronçant les sourcils, une grimace apparue. Mais bizarrement sur son visage, même une grimace ne semblait pas si laide que ça. Finalement, c’est avec une nouvelle distance, mesurée et calculée, qu’elle répondit : « Ne vous a-t-on donc jamais appris qu’il ne fallait avoir jamais confiance qu’en soit même. Même la personne la plus douce à vos yeux, peut devenir un monstre. »
Plissant des yeux, elle se concentra un moment, analysant le secret qu’elle pourrait lui révéler sans mettre en cause sa place ici, ni en danger sa position. Finalement, un petit sourire en coin apparu quand elle ne révéla qu’une partie de son secret. Répondre de manière ainsi évasive sur une question aussi précise, simplement pour assouvir la soif de curiosité de l’interlocuteur. C’était très malin. Mais pas avec elle, pas avec Maléfique. « Vous n’êtes pas des plus agressives ? Vraiment ? »
Elle tourna autour d’elle, ricanant légèrement d’un air cristallin, trace et souvenir de son ancienne vie de fée. « Vous savez tout comme moi, et au travers de ce que vous avez vu ce soir, que n’importe quel être sensible et fragile peut devenir une arme redoutable s’il y est contraint. Seul reste la volonté d’agir. Et d’évoluer. »
Ses yeux se plissèrent et sa robe virevolta quand elle lui fit face à nouveau. Posant un doigt sur sa joue, elle ricana encore une fois. « Mais bon. C’est une moitié de secret, vous aurez la moitié du miens. Je suis l’une des sorcières, autrefois, des plus redoutées du monde des contes. La Malédiction ne me donne plus les pleins pouvoirs, ni ma grâce d’antan. Ca devrait être suffisant. Nous nous contenterons de cela. Un demi secret pour un demi-secret. »
Elle s’avança vers elle et s’arrêta à quelques centimètres de son visage. « Et nous terminerons ce que nous avons commencé quand vous serez peut être plus prompte à la confidence… Chère amie. »
Puis, quand elle parla du ténébreux, elle recula à nouveau. Regardant l’extérieur sans réellement le voir. Un voile passa sur son visage, évidemment qu’elle connaissait Rumplestiltskin. Qui ne le connaissait pas ? L’homme maudit, qui avait sacrifié son coeur et sa vie pour simplement… Le pouvoir. Elle n’avait pas eu la stupidité d’aller jusque là. « Bien sûr que je connais le Ténébreux. Il a offert sa vie pour un pouvoir qu’il ne maîtrisait pas. C’était de la stupidité. Même si on me l’avait proposé, j’aurai refusé d’être maudite comme lui l’a été. Vivre au dépend d’un autre. Ce n’était qu’un esclave, et, qui s’est égaré quand il a pensé qu’il était libre. Vous auriez du sentir ça. Je suis surprise que vous ayez eu recours à ses services. Pour en arriver là, et que l’on est assez intelligente, comme vous, il faut être désespérée. Réellement. Que désiriez vous tant… Très certainement les faveurs d’un homme, au vu de la façon dont vous embrasser les femmes. On sent votre dégoût pour la gente masculine à chaque baisé. S’en est presque, touchant. »
Marquant une pause, elle se dirigea vers la porte de sortie. La conversation arrivait à son cours. Elle n’était pas encore prête. Elle n’était pas encore mûre. Quelque chose, ou quelqu’un, l’attirait, encore dans la Lumière. L’espoir ? Ou une autre personne. Avec un sourire désabusé, Maléfique ouvrit la porte d’une simple pensée. L’air frais de l’extérieur lui frappa légèrement les jambes. Avec un sourire gentil, mais un visage assez fermée, elle répondit : « Revenez quand vous en serez… Un peu plus loin.Nous terminerons ce que nous avons commencé… Dans tous les sens du terme ! »
Et elle se mit à rire. Entre le jour et la nuit, entre le cristallin et le démoniaque. Comme toute bonne personne à la double personnalité qu’elle pouvait être.
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"Tu sais bien que les plus beaux chapitres de ta légende tu ne les as jamais écrit seul, n'est-ce pas Sherlock Holmes ?"
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Un rictus apparut sur mes lèvres à ses premiers propos. N’avoir confiance qu’en soi-même ? Et quel en était l’intérêt lorsque notre confiance en nous avait été tant de fois ébranlée qu’il ne nous en restait aucune ? S’en remettre aux autres était une manière de reconquérir son assurance, d’avoir des bases solides pour avancer dans la vie. Certes, nous pouvions connaître des déceptions et certaines d’entre elles étaient bien douloureuses, mais nous ne pouvions nous construire seuls. Animal ou humain, la plupart des espèces avaient besoin des autres pour survivre dans ce monde cruel et sans pitié.
Ne relevant pas sa première remarque, mes réflexions s’attardèrent plus longuement sur la deuxième d’entre elle. Eris semblait même rire à mes dépends à l’idée que je me faisais de mon innocence. Je n’avais relevé cette remarque que dans l’espoir de créer entre nous un climat de confiance, afin de la rassurer sur le fait que je conserverais bien précieusement ses secrets pour moi. Elle semblait alors relever le ridicule de mes propos, me rappelant de manière assez abrupte que tout le monde pouvait être un jour enclin à la tentation de faire du mal autour de lui. Par contrainte. Par désespoir.
« Je suis bien d’accord avec vous… après tout, les blessures de la vie peuvent conduire les hommes a bien des folies ! Reste à savoir s’il s’agit d’une évolution ou d’une régression ! »
Personnellement, je ne pouvais croire que l’agressivité puisse conduire d’une manière quelconque vers l’élévation de soi. Oh certes, je pouvais comprendre que le désir de vengeance ou même la volonté de se défendre d’une attaque pouvait conduire à cette décision… mais si cela pouvait nous apporter un soulagement lié à un plaisir sadique sur le court terme, que resterait-il de nous sur le long terme ? Quelle gloire ou fierté pouvions-nous en tirer ? Je ne pouvais apporter de réponses claires à cette introspection… je n’avais jamais été soumise à une violente pulsion meurtrière. Je ne pouvais donc pas juger ces propos objectivement !
Le petit jeu auquel Eris voulait se prêter fit naître un sourire sur mes lèvres. Cela me plaisait, d’autant plus avec les informations qu’elle me délivrait. Il est vrai qu’il était difficile pour moi de concevoir que cette douce et ravissante jeune femme était autrefois l’une des créatures les plus redoutées du Monde des Contes. Mais après tout, j’étais bien placée pour savoir qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Dans notre univers, je mesurais à peine plus d’une dizaine de centimètres et j’avais de la fourrure blanche sur tout le corps.
« Voilà qui expliquer votre don pour la magie. Je suis cependant navrée d’apprendre que cette malédiction vous ait retirés certains de vos pouvoirs. Bien que j’ignore tout de votre histoire, vous n’auriez pas dû perdre ainsi ce qui vous rendait si particulière aux eux du monde. Personne ne devrait avoir à subir cela ! »
Bien sûr, je n’étais pas idiote… tout du moins pas autant que les gens voulaient bien le croire ! Je me doutais qu’elle n’avait pas dû les employer à bon escient, après tout ce n’était certainement pas pour rien qu’elle était si redoutée. Mais ce lui valait-il pour autant d’en perdre son identité ? Il y avait des fois où j’aurais tout donné pour redevenir la petite souris que j’étais autrefois !
Malgré la morosité de cette réflexion, je ne pouvais m’empêcher de sourire quelque peu à ses propos. L’évocation de futures confidences voulaient également signifier qu’elle tenait à ce que nous poursuivions cette conversation un jour. Rougissant alors légèrement, je ne pouvais que me réjouir à l’idée de pouvoir la revoir et au plaisir de la perspective d’en découvrir plus sur cette ravissante et passionnante créature qui attisait aussi bien mes envies que ma curiosité.
« Je vous remercie Eris pour votre clémence… je vous promets de satisfaire un peu plus votre curiosité lorsque nous nous reverrons ! »
Je n’osais l’admettre mais cette perspective de posséder dans ma manche un atout qui permettrait de rendre son attente un peu moins supportable me plaisait réellement. Cela permettait à la fois de cultiver le mystère et d’accélérer nos retrouvailles… pour peu que je puisse prochainement m’entretenir avec Balthazar !
Une pensée en entraînant une autre, j’eus tôt fait de recevoir ses critiques concernant mon marché passé avec le Ténébreux. Je ne ressentais cependant pas un ton moqueur dans sa voix et cela me permit de conserver un semblant d’amour propre qui était des plus bienvenus. Un sourire désabusé naquit aux coins de mes lèvres et je haussais simplement les épaules avec une certaine tristesse.
« Il faut croire que je ne suis pas aussi intelligente que vous semblez vouloir le croire ! C’est vrai que j’ai laissé mes sentiments pour lui prendre le pas sur ma raison… c’était une décision idiote de ma part ! »
Pourtant même aujourd’hui, je ne la regrettais pas et je ne le pourrais sans doute jamais ! Il est vrai qu’elle aurait sans doute trouver plus de légitimité sans cette perte atroce qui lui donnait un goût si amer, mais cela m’avait permis de conserver précieusement en mémoire certains de mes plus beaux souvenirs et rien ne pourrait jamais me le reprendre. D’ailleurs Eris se trompait sur ce point, je n’étais pas dégoûtée par la gente masculine ! Après tout, il y avait Edgar dans ma vie qui me permettait de retrouver un peu de bonheur d’une vie sentimentale épanouie. Comment justifier alors ce petit écart de conduite ? Une réflexion naquit dans mon esprit dont la justesse me donna envie de partager avec la jolie horticultrice.
« Vous pensez donc avoir tant perdu de votre charme, ma chère ? Peut-être que la raison ne se trouve pas dans mon dégoût pour les hommes… Peut-être que la passion que vous avez pu ressentir dans ce baiser n’était dû qu’à la jolie muse qui me l’a inspiré ? »
Je marquais cette remarque par un clin d’œil suivit d’un éclat de rire cristallin. C’était sans doute d’une mièvrerie sans nom mais ce n’était finalement que la vérité ! Était-ce encore une erreur de ma part ? Qu’importe ! Ce que la vie m’avait enseignée c’est qu’elle ne vaut la peine d’être vécue que pleinement voire dangereusement.
Bien que regrettant de devoir ainsi écourter notre intéressante visite, j’obéissais à la brunette qui m’avait servie de guide. Cependant, des milliers de pensées se bousculaient dans mon esprit tant ses derniers propos m’intriguaient. Que voulait-elle dire par aller un peu plus loin ? Était-ce par rapport à ce secret que je ne pouvais lui révéler ou par rapport à autre chose ?
« Vous avez raison, j’ai déjà suffisamment accaparé votre temps pour cette journée ! Je vous remercie pour votre visite des plus intéressantes ! Je suis cependant navrée de ne pas avoir su vous rémunérer à la hauteur de votre engagement… disons que ce sera à charge de revanche pour une prochaine fois ! »
Je laissais ainsi l’horticultrice à ses affaires, retournant aux miennes qui m’attendraient certainement à mon retour à Baker Street ! Franchissant la porte de la serre, tout en prenant soin de passer au plus prêt de la demoiselle, je me réjouissais à la perspective de pouvoir très prochainement la croiser sur mon chemin.