Je voudrais pas me vanter, mais je suis quand même une personne géniale. Des idées, j'en ai soixante par minute et jamais des mauvaises. C'était tout naturellement, donc, que j'étais, une fois de plus, particulièrement fière de moi.
On pourrait croire qu'avec le temps j'ai fini par me lasser de tout ça mais ce n'était pas le cas.
J'avais donné rendez-vous aux livreurs à 14h pétantes devant le musée. Ca nous laisserait tout l'après-midi pour faire la mise en place, comme ça la conservatrice ne pourrait pas dire que je lui mettais la pression sur les délais. J'aimais pas trop son prénom - Meredith, si on s'appelle pas Ellen Pompeo, ça vaut au teint de personne - mais elle était jolie pour ce que j'en avais vu sur internet. Ca le ferait, surtout en comparaison avec l'autre type du musée que j'avais aperçu, celui qui ressemblait à un vampire Cullen mais sans la mortelle accrochée aux basques.
Enfin bref.
L'énorme camion de livraison se gara devant le musée à l'heure indiquée. De la part de cette profession, c'était un peu surprenant, mais je n'allais pas me plaindre - pour une fois.
- Parfait, m'exclamai-je en frappant des mains.
Ils venaient de décharger la livraison spéciale, que dis-je, le cadeau, que ma générosité sans bornes faisait à la ville de Storybrooke. Je les avais observés et ils avaient été suffisamment professionnels pour que je ne m'inquiète pas qu'ils abiment l'œuvre d'art qui allait bientôt embellir le musée. D'ailleurs, il en avait bien besoin.
Comme j'avais bien fait les choses, j'étais venue en reconnaissance, quelques temps plus tôt. J'avais inspecté chaque pièce exposée, appréciant la couronne impériale russe - qui aurait été du plus bel effet sur ma chevelure - et grimaçant devant la trivialité de la plupart des autres pièces. Cette visite n'avait pu que confirmer ce que j'avais pressenti : il manquait au musée sa pièce maitresse. Le British Museum de Londres avait ses Tournesols, le Louvre sa Mona Lisa et le musée de Storybrooke dans le Maine aurait tout naturellement sa Deborah.
Michel-Ange allait a-do-rer l'idée et Hervé la jalouser, se vexant probablement de ne pas y avoir pensé lui-même.
Forte de mon génie artistique, j'entrainais la petite troupe à l'intérieur du musée, plus précisément dans son hall. Je les arrêtais à côté de l'escalier principal qui menait aux étages et faisait face à l'entrée.
- Là ce sera bien, je pense, décrétai-je.
Un claquement de doigt plus tard, ils retiraient la toile qui recouvraient… une réplique en cire parfaite de moi. Qui d'autre ? L'équipe du musée Tussaud avait été mandatée exprès. Je voulais les meilleurs car cette ville avait besoin du meilleur - moi.
J'observai mon œuvre quand je vis arriver la conservatrice. Pour ce que j'en savais, elle s'occupait plutôt des tableaux, mais si elle connaissait bien son taf, elle saurait reconnaitre une œuvre d'art en en voyant une. Deux, en fait. La vraie Deborah est plutôt pas mal aussi.
- Ah vous voilà ! m'exclamai-je en tournant un regard avenant vers elle. Il ne manquait plus que vous pour la remise officielle de mon cadeau à votre musée : moi-même. Surtout ne me remerciez pas, c'est tout naturel pour moi en tant que cheffe du cabinet de Monsieur le maire, de vouloir aider la ville de Storybrooke en général et votre musée en particulier à s'améliorer.

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Petite joueuse. Ca, c'est ce que je pensai quand elle me remercia, ironique sans réellement s'en cacher, pour mon présent. Allez savoir, elle était peut-être jalouse de moi mais tâcher de ne pas le montrer. Ou, mieux encore, elle jalousait mon idée parce que je l'avais eue avant elle - étant avant-gardiste, il est clair que j'ai les meilleures idées avant tout le monde.
De toute façon Miss Newton allait devoir s'y faire : son rôle était bel et bien de mettre en avant les œuvres des autres, pas les siennes. Si c'était elle qu'elle avait voulu mettre en avant, elle serait devenue artiste, pas conservatrice. CQFD.
Les bras croisés sur la poitrine, j'observai ma reproduction, l'air satisfait et reprit comme si de rien n'était :
- Vous me l'ôtez de la bouche, figurez vous. Mais c'est tout moi. Tellement de bonté, de sens artistique, de génie, en fait. Oh je suis persuadée que vous voyez de quoi je parle. C'est certain que votre musée ne peut pas se targuer de posséder des Van Gogh ou un Dali dans sa collection. Ce n'est que le musée de Storybrooke, pas le Guggenheim. Mais tout de même, normalement vous connaissez votre boulot. J'ai toujours pensé que cet endroit et ses employés méritaient qu'on y place tout ce que Storybrooke a de meilleur… Mais ne vous en faites pas, vous êtes pas mal non plus, loin de moi l'idée de vous faire penser le contraire. Ce serait juste horriblement orgueilleux de votre part d'être exposée dans votre propre musée, tandis que moi… croyez le ou pas, je suis exceptionnelle. Un vrai chef d'œuvre. Un concept à moi toute seule, en fait. Que dites vous de l'emplacement ? Parfait, non ?

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Eh bah dis donc ! Vachement éloquente cette conservatrice ! "Euhm" avait assurément toutes ses chances pour être élue pire réplique de l'année. Voire de la décennie. Nous échangions depuis cinq minutes à peine et je m'ennuyais déjà.
J'attendis - ce qui me sembla une éternité - les bras croisés, jusqu'à ce qu'elle se rappelle qu'il existait autre chose que les onomatopées. De -150 mon ennui passa à -148. Mais on progressait. Lentement mais sûrement.
Elle me fit une proposition qui sortait un peu (beaucoup) de nulle part. On passait directement d'un genre d'hésitation à une espèce d'illumination bienveillante de génie. C'était louche et ça sentait l'entourloupe (j'aime bien ce mot) donc je plissai les yeux. Si elle croyait que j'avais pas vu que ma surprise - que dis-je, mon présent fabuleux - ne lui plaisait pas, elle se mettait le doigt dans l'œil jusqu'au coude.
- Plus au centre pour trouver un malencontreux accident et abimer des mois de travail d'orfèvre ? demandai-je sans détour. Non merci, je crois que ça ira. J'suis pas totalement idiote, au cas où vous auriez pas remarqué. J'ai bien remarqué que vous n'étiez pas totalement transcendée à l'idée de m'exposer dans votre musée. Mais que je sache d'autres habitants de la ville ont fait don de tout et n'importe quoi pour alimenter votre collection. Pourquoi une pièce faite par des artisans de qualité n'aurait-elle pas aussi sa place ? Vous préférez vous contenter de costumes de superhéros plus ou moins en pièces ? Je suis à peu près certaine qu'un type qui se croit plus intelligent que tout le monde a un jour dit que tout le monde pouvait être un héros. Dans cette ville, il a presque raison. Je suis pas moins bien que vous sous prétexte que j'ai un peu de personnalité et beaucoup d'audace.

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Mouais.. Bah j'étais toujours pas convaincue. Et je n'appréciais pas de la voir rouler des yeux de façon aussi ostentatoire. Le roulement d'yeux, c'est copyrighté par moi, merci bien. Par chance, comme je n'étais pas Colère, je ne lui avais pas sauté à la gorge, et, d'ailleurs, je ne comptais pas le faire. On abîme pas les belles plantes, même quand elles sont agaçantes et on n'abime pas sa manucure quelle que soit les circonstances.
En fait, cette femme était légèrement comme moi - en moi bien - et ça ne me plaisait pas. Voilà. Et vas y que je suis plus maligne par ci, plus sassy par là, blablabla. Un coup à ne pas avoir d'amis - d'ailleurs, j'en ai assez peu moi-même puisque je suis comme ça. Mais j'espère qu'elle en a encore moins. Question de principe.
J'aurais pu lui dire mais puisqu'elle considère qu'elle n'a jamais tort, c'eut été combattre des moulins à vent et mon énergie vaut mieux qu'une perte de temps. J'aurais également pu lui faire remarquer que, question rhétorique, elle n'était pas au point mais que, par chance, je connaissais quelqu'un en mesure de l'aider. Moi, naturellement. Elle l'aurait mal pris, mais bon. Pourquoi ça me ferait quelque chose ? J'y pouvais rien si c'était vrai. Papa et maman nous ont toujours dit de ne pas mentir et bah voilà, c'est ce que je fais : je ne mens pas. Jamais.
Et je me laisse difficilement impressionner, même si je devais que c'était plutôt cool d'imaginer que ma statue pourrait être animée et avec un peu de chance lancer des piques bien méritées aux visiteurs du musée. Car, ne vous méprenez pas, j'avais bien remarqué que ma réplique commençait à prendre vie. D'abord le visage, lentement mais sûrement, et bientôt le reste - sauf si elle était vraiment limitée en magie, Miss Perfection. Car je n'étais pas non plus dupe : c'était de son fait, sûr et certain.
- Puisque "vous n'expliquez jamais rien", surtout ne vous fatiguez pas à briser vos propres règles et veuillez seulement noter que pour une personne dont ce n'est pas le travail de s'occuper des expositions des habitants, vous vous investissez quand même beaucoup. Puisque c'est pas votre taf, vous auriez tout aussi bien pu partir le menton haut en claquant les talons et laisse votre collègue le vampire se débrouiller. Mais non, vous pensez que vous êtes la meilleure donc vous vous vantez avec vos tours de magie. Non, honnêtement je comprends un peu. La tentation devait être grande. Vous êtes totalement sûre de vous que j'imagine que ça ne vous effleure pas l'esprit qu'une statue à mon effigie a de grandes chances d'être comme moi et de pensons que nous avons raison.
Une fois de plus, j'étais très fière de moi mais cela ne dura pas, comme si la journée avait décidé d'être un agacement perpétuel.
- En fait, je n'allais pas prendre parti pour toi, Dégoût, intervint la statue en observant ses cuticules comme je savais si bien le faire (quand je disais que c'était du travail de qualité et qu'ils avaient soigné les détails, je constatais que c'était presque plus vrai que nature -indépendamment de ce que la statue disait).
J'arquai un sourcil mais personne n'eut le temps de faire bien plus - ce qui implique que la conservatrice n'eut pas non plus le temps d'en placer une et ça, c'était plutôt cool - que déjà elle reprenait :
- Mais je n'allais pas non plus prendre parti pour toi, Mary Poppins. En fait j'allais plutôt dire que maintenant que les politesses d'usage étaient échangées - et ça a duré un long moment, mine de rien - peut-être que vous pourriez trouver un consensus du style "on est toutes les deux les reines sassy de la ville, serrons nous la main et régnons ensemble sur Storybrooke". Partners in crime, etc. etc.

( De cire et d'ego ) Un léger sourire naquit sur mon visage. Oui j’étais consciente que j’avais une adversaire de taille mais il n’y a pas grand monde, d’ailleurs elle doit être la seule qui puisse m’arriver à la cheville. Que voulez-vous, c’est comme ça que je suis. C’est comme ça que je suis née et c’est comme ça que je périrais, quoi qu’il arrive. Je lève le regard vers la jeune femme mais avant de dire quoi que ce soit, la statue prend finalement la parole. Qu’est-ce-que j’aime mes pouvoirs, c’est fou. « Je ne partirais pas là-dessus. » avouais-je alors que la statue énonçait le fait qu’elle ne prendrait pas le parti de Dégout. Mais finalement, elle n’était pas de mon avis non plus. Haussant les sourcils, je vins à croiser les bras sous ma poitrine avant de retourner la statue, puis la rousse, puis à nouveau la statue et enfin à nouveau la rousse avant de finalement rompre le silence, par un rire nerveux. Oui, j’avoue que j’avais été surprise par la statue qui repris finalement sa position initiale avant que je ne regarde Deborah. « Haha, quel toupet. Et le pire -je suppose-, c’est qu’elle a raison…je l’admets. » dis-je en souriant légèrement. Même si j’étais bien mieux qu’elle, mais bon, je n’allais pas lui dire parce que ça allait plus l’emmerder qu’autre chose même si j’avoue que ce serait plutôt marrant à voir. « Appelez moi Meredith. Et on mettra votre statue là où vous le souhaitez. »

( Pando )

Enfin. Là, ça devenait intéressant. On dit toujours que c'est mal de se réjouir du malheur des autres, mais tant pis. C'était quand même jouissif de voir la mine déconfite de Meredith Newton qui s'était un peu trop vite persuadée que ma statue prendrait son parti. Et puis quoi encore ? Elle est presque moi ! Si elle ne prenait pas mon parti, c'était parce qu'elle avait une idée… presque aussi brillante que celles que moi, j'ai plusieurs fois par journée.
Ou bien je dis ça parce que je n'ai pas envie d'avouer - contrairement à Poppins - qu'en effet, c'était pas tout à fait idiot ce qu'elle suggérait (imposait, en fait) et qu'on aurait pu gagner un quart d'heure en parvenant à cette conclusion nous mêmes.
- C'est normal qu'elle ait raison puisqu'elle est une représentation de moi, repris-je, le menton fièrement relevé.
Je lui tendis alors ma main droite parfaitement manucurée en signe non pas de paix éternelle (que serait la ville sans un affrontement sassy de temps en temps ?) mais de coopération et de bonne volonté :
- Autant jouer le jeu jusqu'au bout, Partner, repris-je en faisant écho aux propos de la statue qui opina suite à mon initiative. Vous pouvez m'appeler Deborah - ou votre Majesté si vraiment vous insistez, Meredith.
J'avais volontairement insisté sur la prononciation de son prénom qui ne me convenait pas totalement.
- Quant à moi, je vous appellerai Meredith si l'envie m'en prends. Poppins, ça sonne quand même mieux. Vous pouvez laisser la statue là où elle est. Je trouve l'endroit parfait et je ne compte pas lui demander ce qu'elle en pense.
Une pause, puis je repris sur un autre sujet :
- Alors dites moi, comment la nounou préférée des enfants se retrouve conservatrice de musées ? Les casteurs de Super Nanny n'ont pas voulu de vous et vous avez donc cru votre carrière terminée ? Ou vous vous êtes rendu compte que les enfants c'était vraiment insupportable 99 % du temps ? J'suis vraiment curieuse, j'demande pas ça pour faire la conversation. Si ç'avait été le cas j'aurais parlé de moi.

( De cire et d'ego ) « Ah oui, c’est vrai. » dis-je avec un léger sourire. J’avais l’impression de me faire face en fait. Elle était aussi…aussi presque parfaite que moi, je devais l’avouer. Même si j’étais légèrement narcissique -un peu moins qu’elle- je ne pouvais nier le fait que j’étais certaine que j’allais bien m’entendre avec elle, c’était même sûr. Elle me tendit sa main, je vins à la serrer. « Je n’aurais pas mieux dit moi-même Partner. » énonçais-je simplement « Ce sera Deborah. » dis-je avec un sourire « Majesté, c’est un peu cliché puis nous ne sommes plus dans le monde des contes, mais vous portez tellement bien votre nom. » dis-je. Oui, vas-y Meri’, continue à la brosser dans le sens du poil. C’est toujours mieux. Je ne quittais pas la jeune femme des yeux alors qu’elle m’énonçait qu’elle m’appelerait plutôt Poppins, que ça sonnait mieux pour elle. Je fais un signe de la tête. « Laissons là ici alors. » énonçais-je avant de ramener mon regard vers la jeune femme « Disons que des faits de mon passé m’ont poussé à choisir un métier de solitude plutôt qu’être à nouveau nurse. » avouais-je à la jeune femme avant de reprendre « Super Nanny, c’est sure fait, en plus, elle ne sait pas gérer les enfants aussi bien que moi. » énonçais-je avant de reprendre « des faits personnels m’ont poussé à ranger ma tenue de nurse pour m’occuper d’oeuvres diverses et variées. » énonçais-je « j’ai perdu ma fille. Et je n'ai pas pu protéger les enfants Banks du Sort Noir. » énonçais-je. Pourquoi je l’avais avoué ? Personne ne le savait. Même pas Bert et là, je venais tout bonnement de lâcher une bombe. Bon sang, Meredith, quand prendra tu le temps de réfléchir ?

( Pando )