- A qui le dites vous, commentai-je franchement pour faire suite à sa remarquer sur l'amitié à Storybrooke.
Comme ça faisait un plutôt bon titre de bouquin, je fis une note mentale pour plancher là-dessus une fois que j'aurai fini de programmer la vie de Michel-Ange. Car on a beau dire, les princesses, les princes et les anciens animaux, c'est fun que sur le papier. J'ai dû m'y faire, lorsque que je suis arrivée, biiiiien après tout le monde, et que j'ai constaté que j'étais bien trop haute pour pas mal de monde idée.
- Mais j'imagine que ce fameux sort noir dont j'ai tant entendu parler a pu aider. En vous changeant, pour commencer.
On ne va pas se mentir, elle est peut-être classe, la Meredith, mais c'est pas pile poil la Mary Poppins qu'on nous vend dans les contes ! Et ça peut pas venir de nulle part, un truc pareil. L'évolution, soit, mais dans les conditions de base fournies par Storybrooke (c'est-à-dire une ville un peu nulle, une méchante reine rancunière et des faux souvenirs en soldes), ça rajoute fatalement une couche. Même si ça n'explique pas le nombre incroyable de personnes à peine voire pas supportables au mètre carré.
Je notai d'ailleurs qu'elle ne m'avais pas demandé si moi, j'avais des amis, sans doute parce que ça paraissait évident. J'en ai certes peu, mais quand, comme moi, on se contente du meilleur, c'est bien assez !
- En tout cas vous avez raison sur deux points : il ne fait pas toujours bon avoir la tête dans les nuages - ou le séant assis dessus en ce qui vous concerne, et nous nous ressemblons en effet. C'est sans doute pour ça que, très franchement, vous m'agaciez prodigieusement il y a à peine une heure. Mais en fin de compte, vous êtes sans doute plus supportable que bien des gens. Mais vous n'êtes pas aussi rousse que moi. Et je n'ai pas subi le sort noir, contrairement à vous.

(On devrait conclure, non ?)

( De cire et d'ego ) Un sourire naquit sur mon visage. C’était tout de même étonnant de se dire qu’il y a un peu plus d’une heure, elle et moi, on se lançait des piques pour voir laquelle avaient les meilleures pour au final se rendre compte qu’on se ressemblaient plutôt pas mal toutes les deux. Après avoir commandé mon « goûter », j’avais tourné le regard vers la rousse avant de reprendre la parole sur ce que j’étais devenue. Un petit rire m’échappa. « Oui, ce n’est pas totalement faux. » énonçais-je « mais je ne sais pas si je peux voir ce Sort Noir comme une bénédiction ou une malédiction… malgré les presque trente ans qui sont passés, je ne sais pas trop comment voir les choses… » Les commandes arrivèrent. Je finis par m’emparer de ma tasse de thé et bu une bonne gorgée après l’avoir un peu sucré. Levant le regard vers la rousse, je finit par reprendre la parole. « Comme quoi, parfois, les apparences sont trompeuses. » dis-je avec un clin d’oeil amical. Au final, nous passâmes un bon moment et il était clair que je voyais Deborah plus comme une amie que comme une rivale désormais.

( Pando )

- Et bien sachant que ce sort vous a emprisonnée pendant trois décennies dans une vie et des souvenirs qui n'étaient pas vôtres, en vous éloignant de vos proches dans l'idée de vous rendre malheureuse et qu'en plus on appelle aussi ce soir la malédiction, perso, j'aurais tendance à dire que c'est quand même très négatif au départ, fis-je observer sans reprendre mon souffle une seule fois (je sais, je suis impressionnante). Mais les personnes trop optimistes pour leur propre bien et pour ma patience diraient que paradoxalement la fin de ce sort a offert de nouvelles opportunités aux gens, parfois une seconde chance. Donc je suppose qu'on peut considérer le fait que ce soit du passé et que personne n'ait pris une ride comme une pas trop mauvaise chose. Sans aller dire que c'en est une très bonne, conclus-je avec fermeté.
Je ne comptais pas le lui dire, mais c'était quand même ce sort qui avait tué Maman et Papa puis Riley. Alors certes j'étais maintenant une émotion classe autonome mais le prix à payer avait été élevé et je le gardais bien à l'esprit chaque jour.
Les commandes arrivèrent, le chai fut bon, la pâtisserie également. La compagnie aussi et c'est suffisamment rare pour le souligner. Mais Poppins disait quand même assez fréquemment que j'avais raison ce qui lui permettait de marquer des points, mine de rien.
Comme c'était elle qui avait proposé la pause goûter, c'est elle qui régla la note, ce qui ne rendait que plus doux ce moment gourmand - de mon point de vue, du moins.
Une fois hors de l'établissement, nous restâmes face à face quelques instants durant lesquels je l'observai avec attention. Peut-être qu'un jour elle aurait droit à plus de confidences de ma part.
- Bon eh bien voilà, déclarai-je. On y est. C'est le moment où je retourne mener ma vie très très exaltante. Mais c'était plutôt cool de vous rencontrez. Je vous mets un bon 16/20. Chez moi c'est une très bonne note, précisai-je, des fois que. Sur ce...
Je tournai les talons pour prendre le chemin de la mairie. Il ne fallait jamais que je m'en éloigne trop sinon Michel-Ange redevenait paresseux alors qu'il était quand même élu pour bosser un max. J'y veillai personnellement.

fin