« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
En réalité, Sebastian ne se rappelait pas du tout s’être endormi, encore moins en pleine journée et sûrement pas au milieu des squelettes de dinosaures du musée d’histoire naturelle de Storybrooke. Pourtant, alors qu’il papillonnait du regard, c’étaient bien les côtes de Bettie qui se dessinaient au plafond. Il reconnaissait la troisième qui était cassée à l’extrémité, typique du tyrannosaure…
Se redressant prudemment sur les coudes, il constata qu’il était tombé dans l’espèce de bois qui comblait l’espace de présentation du prédateur, juste entre les deux énormes pattes arrières aux griffes impressionnantes. D’ailleurs, ses coudes étaient rougis, sans doute du au choc, et ses épaules craquèrent du mauvais traitement qu’on leur avait involontairement infligé. Il portait toujours son veston mais sa chemise avait les manches remontées, comme s’il s’apprêtait à faire quelque chose avant d’être interrompu par un songe. Perdu, perturbé, le marchand de sable fronça les sourcils en s’extrayant prudemment du présentoir en veillant à ne rien toucher. Ce ne fut qu’une fois debout, étirant ses muscles ankylosés, qu’un souvenir lui revint en mémoire…
Diffus. Informe. Mais pourtant le bruit d’une respiration résonnait à ses oreilles. Pas la sienne, celle de quelqu’un qu’il avait mit du temps à identifier : Jamie. Il était plus sombre, plus fermé, rien à voir avec le garçon qu’il connaissait jusqu’alors sur les toits de la ville. Pire, il avait attaqué des personnes et en simple spectateur, Sab n’avait pu que constater la douleur d’Apollon, de Neil et… d’Ellie. Ellie. Depuis combien de temps n’avait-il pas vu son visage dans la réalité ? Depuis quand ne l’avait-il pas entendu raconter une histoire à voix haute ou simplement réciter un passage avec ce petit air sérieux qui la caractérisait ? Il aurait aimé pouvoir lui dire quelque chose, prendre de ses nouvelles ou simplement se dire qu’elle allait bien, mais… Elle était tombée. Il l’avait vu. Il n’avait pas été présent mais c’était un souvenir qui se gravait peu à peu dans sa mémoire.
Et puis il y avait eu ce regard, à la fois sombre mais désarmé, décidé et si perdu… Celui d’un titan qui n’aurait pas du apparaître là : Chronos.
Sebastian déglutit, passant une paume sur son visage en respirant difficilement. Qu’est-ce que ça voulait dire, ça ? Est-ce qu’il s’était retrouvé dans une aventure divine sans qu’il ne le sache ? Non, ce n’était pas possible, il était encore au musée. Jamais il ne serait parti sans se rappeler son moyen de retour et… Surtout, pourquoi aurait-il dormi cette fois alors qu’il était le maître des rêves et du sommeil ? Ça n’avait aucun sens.
Poussant un soupir, ses mains sur ses genoux, il sentit soudain un petit tapotement dans le haut de son dos et bondit en avant, le cœur tambourinant dans sa poitrine de surprise ! Bettie poussa un petite bruit adorable, penchée vers lui, tournant la tête légèrement sur le côté comme si elle attendait une réaction de sa part. Passé la première seconde de tétanie, le gardien inspira profondément en tendant la paume en avant pour caresser le crâne osseux du dinosaure. Elle était réveillée ? Ce n’était pas normal. Elle ne s’éveillait qu’à la nuit tombée et il n’était que… Un coup d’œil à sa montre à gousset lui fit pousser une exclamation : il était déjà monstrueusement tard ! Bien trop pour la bienséance et bien assez pour ne plus avoir à être ici ! Si quelqu’un l’attrapait et qu’il révélait avoir fait une sieste, il allait passer pour le dernier des imbéciles !
Occupant Bettie avec un petit diplodocus de sable qu’elle affectionnait particulièrement, le marchand de sable se mit en tête de récupérer ses affaires : sa veste était posée sur un banc, à côté d’un carnet et… de ses chaussures ?! Mais pourquoi diable les aurait-il enlevées ?! S’interrogeant très sérieusement sur sa santé mentale, il se mordit l’intérieur de la joue en se dépêchant de les lasser à nouveau pour avoir l’air un peu plus présentable ! Sa chemise sortie de son pantalon démontrait un certain laisser aller qu’il ne pouvait concevoir : il la réajusta immédiatement, déboutonna le dernier en se rappelant qu’il ne devait pas l’être et commença de plus en plus à paniquer sur sa présence ici.
Feuilletant le carnet, ses yeux aperçurent deux feuilles déchirées et retirées, avant qu’une esquisse ne prenne forme sur la page suivante : l’ossature de Bettie, immobile dans sa position de présentation. Quelques détails de ci et de là… Et puis, soudain, un profil qui n’avait plus rien à voir avec le plus grand carnivore du jurassique. Fronçant les sourcils et le nez, Sab se pencha en avant pour distinguer un peu plus clairement les traits humains. Le griffonnage suivant était raturé, mais celui d’après révéla un regard qui le frappa comme celui de son vrai propriétaire : Daemon Crypto. Le directeur du musée et… Peut-être même aussi, un peu… Son ami ? Ou autre chose ? Il n’était pas sûr. Il n’était plus sûr.
Ses doigts se portèrent à sa bouche, touchèrent celle-ci : elle avait une étrange saveur. Chaude. Instinctivement, le gardien était persuadé de l’avoir déjà embrassé. Il se rappelait de cela. Mais ce n’était… Non, ce n’était pas arrivé. Ça ne pouvait pas être arrivé parce qu’il était bien trop distingué, bien trop impressionné, bien trop… Pourtant leurs conversations prenaient de la longueur, leurs attentes se ressemblaient et leurs centres d’intérêts se révélaient bien plus communs qu’imaginés. Il appréciait sa compagnie. Il appréciait sa présence. Il appréciait… Son visage et ses manières. Indéniablement. Rougissant sans s’en rendre compte, Sab pria alors de ne pas s’être misérablement évanoui après un éventuel baiser !
Non. Non ça ne pouvait… Pourquoi aurait-il enlevé ses chaussures ? De quoi diable avait-il parlé pour qu’il se sente si à l’aise qu’il se permette un tel geste de nonchalance ?... Cherchant son téléphone des yeux, il le retrouva en dessous du banc où ses affaires avaient reposées en l’attendant : déverrouillant l’écran, Sebastian constata qu’une vidéo avait été mise en pause. Celle d’une danse et d’une musique enjouée. Avait-il vraiment…
Dansé… devant… Ici ?! Oh mon dieu… Rouge de honte, inspirant pour retrouver un semblant de calme, il se prit le visage entre les mains face à tout ce qui avait bien pu se passer avant son sommeil. Il n’avait jamais été amnésique mais là, c’était à n’y rien comprendre ! Si même les rêves commençaient à lui jouer d’étranges tours, il n’allait pas s’en remettre après chaque nuit de veille.
Une question restait cependant en suspens… Où était passé Daemon ? Car s’il en croyait la seconde paire de chaussure abandonnée un peu plus loin, à côté d’une veste très bien pliée… Il n’avait pas été seul à s’endormir ici. Pourtant, aucune trace de l’homme qui faisait accélérer son cœur à chaque fois qu’il l’apercevait. Aucune preuve de la présence du directeur du musée. Peut-être en avait-il eu assez qu’il ne sombre face à lui ? Ou bien simplement de ses manières un peu prudes ? Ohlala… ! Ou alors ce n’était pas à lui ? Mais non, Sab reconnaissait sans mal l’étoffe grise. Prudemment, il les souleva et décida d’au moins les ramener au bureau de direction pour que rien ne soit trop perdu.
Bettie sur les talons, éternelle curieuse, Sebastian s’extirpa du grand hall pour longer les portes et… Malgré lui, il s’arrêta à hauteur d’une porte qui l’avait faite rêver plus d’une fois : celle des étoiles. Le planetarium. Depuis qu’il avait rencontré Daemon, ils y passaient beaucoup de leurs temps respectifs ; la moindre occasion semblait propice à aller se perdre un peu dans l’espace qui avait été toute sa réalité pendant des siècles… Il aperçu, au travers de la porte, le ciel projeté au plafond et les étoiles dansant tranquillement dans les airs, leurs petits sons cristallins tintant dans le vide silencieux. Comme un appel. Mais aussi, une impression de déjà-vu. Terrible déjà-vécu…
Il fallait qu’il retrouve Daemon, avant de devenir plus fou encore. Peut-être que lui aurait une réponse à cette situation.
Bill D. Crypto
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« Chaque fois qu'il y a du temps qui passe, il y a quelque chose qui s'efface. »
Daemon était descendu d'Olympe encore songeur. Un comble pour un démon, mais une habitude pourtant depuis quelques temps. Mais il l'était pour diverses raisons, ramené à Storybrooke alors que le débat entre Chronos et Elliot se soit interrompu sans donner plus de suite. Et si lui préférait que Chronos ne soit pas détruit dans le berceau, prêt à remplir le rôle qui le suivait maintenant qu'il était rattaché à toute la puissance magique de la Création, il n'avait pas eu d'autres choix que d'attendre. Ce qu'il ne ferait certainement pas, pensant déjà à retrouver Nora, également liée à l'Arbre-Monde.
Mais ce n'était pas là toute la raison de ses songes, qui vagabondaient sur un tout autre terrain plus doux, plus dangereux aussi. Il ressentait au fond de lui un mélange étrange. Une colère, enfant de la rage qu'il avait ressenti en tombant amoureux pour la première fois, en devenant dépendant d'une personne pour la première fois, ce qu'il avait d'ailleurs longtemps renié avant de laisser faire les choses. Une colère aujourd'hui qu'il avait justement maintenant qu'il savait que laisser faire les choses ne lui sera pas favorable, après avoir vu le destin qu'attendait le marchand de sable. Mais avec cette colère venait une étrange forme de paix, il avait une appréhension et un désir de lutter contre ce qui était à venir, et en même temps un calme étonnant, une paix enseignée par Artémis, qui avait, malgré la nature combative du démon, fait comprendre les importances de la nature.
Ce n'était que parti remise toutefois. Il espérait bien avoir une contrepartie de la nature quand il remplira le rôle qu'il possède auprès d'elle avec la magie qui l'habite désormais. Observant un instant sa main, recouverte de voiles de lumières, d'abord bleues pour virer vers des teintes de rouges et de jaunes, c'était à cela qu'il réfléchissait. A Sebastian. A Archeron. Aux mots qu'ils s'étaient avoués dans ce temps là et dans le suivant. Aux contacts qu'ils avaient eux dans ce temps là et dans le suivant.
Comment se porte ses rêves ? L'innocence de son âme et la force enfantine de sa curiosité ? Ses pensées sont-elles toujours aussi douces que sa peau de satin ?
Ces questions, il la posaient régulièrement à l'une des nymphes de son musée, à la discrétion des oreilles du marchand. La dépendance que le démon avait pour sa magie onirique mais aussi pour l'entièreté de son être, le poussait à une attention particulière, comme s'il avait avec lui un vase fait de porcelaine véritable prêt à se casser à tout moment sous la chaleur maléfique des flammes à la couleur du ciel. Le désir, charnel, sexuel, qu'il avait pour lui, était tout aussi fort que les sentiments qu'il lui portait, et qu'il avait voulu rejeter d'abord. Mais il mettait un point d'honneur à ne pas noircir le doré palpable de son aura. Et à vrai dire, cette préoccupation, il l'avait bien plus encore maintenant qu'il avait visité la projection de son futur.
Le regard de la nymphe suffisait à parler pour elle sans qu'elle ne doivent user de sa voix et de ses mots. Un simple sourire de la créature qui satisfaisait Daemon. Mais une préoccupation dans le bleu de ses yeux qui indiquait au conservateur qu'il le cherchait. Il lui somma de rester ici, alors qu'il continuer à avancer dans le musée, ses pas qui le guidaient vers le lieu où tout s'est éveillé entre eux.
Les historiens vénèrent les musées car ils voient en eux un endroit rempli des voix de ce qui est exposé, qui raconte les témoignages du passé que peu arrivent à traduire entièrement, dit-il à Sebastian lorsqu'il le trouva, dos à lui, le démon encore à l'encadrement de la porte. L'avantage, c'est que ce musée là est habité par des voix encore plus éloquentes. Et elles ont toujours une chose à me montrer, la voix vers le marchand de sable que je dois aller trouver.
Il marcha entre les sièges, et réduisit la distance qu'il y avait encore entre eux. Et Daemon s'autorisa à s'approcher de Sebastian jusqu'à ce que son souffle se fasse ressentir sur ses vêtements. Le visage à seulement quelques centimètres d'eux. Et le conservateur leva une main, pour caresser de quelques doigts la peau si belle de sa joue. Vous semblez préoccupé, Sebastian.
Il resta ainsi, le visage concentré, les yeux scrutant ceux du gardien, pour quelques instants. Son visage bien plus jeune que celui d'Archeron. Bien moins marqué par la vie qu'a connu son futur. Son visage encore caressé de toutes ses choses qu'il avait demandé à la nymphe quelques instants plus tôt.
Je suis né là où la Peur a également vu le jour, alors il m'est dur de la ressentir. Mais dans les quelques sentiments qu'il me reste, la colère peut cacher une forme d'inquiétude. Je reviens d'un endroit où j'ai appris à vous perdre. J'espère que vous permettrez d'apprendre à vous retrouver, très cher. Il avait prononcé cette phrase en caressant la sensibilité de ses lèvres, avec l'envie puissante de les embrasser.
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Sebastian Dust
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Sebastian sentait… Comme une étrange tension flottant dans l’air. Un sentiment d’insécurité, d’incertitude qui faisait frissonner son échine et déglutir sa gorge tandis qu’il n’apercevait pas le responsable des lieux. L’obscurité latente de l’observatorium laissait pourtant résonner le tintement tranquille des étoiles, leur lueur éclairant les sièges et le visage du marchand de sable tandis que son propre sable essayait de le rassurer de sa présence. Il sentit les volutes chatouiller sa nuque et l’intérieur de ses paumes dans une chaleur évidente, même si la fébrilité de son esprit provoquait quelques agitations dans le flux paisible. Quelque chose n’était pas comme le commun des jours normaux. Quelque chose ne correspondait pas à ses souvenirs et les images qu’il avait dans la tête tournaient en boucle, du début à la fin, de la fin au début, sans qu’il ne puisse y donner encore complètement corps.
Il s’était passé quelque chose. Quelque chose d’important. Et lorsqu’il entendit la voix de Daemon derrière lui, il sursauta.
L’homme était là, sa voix suave et grave glissant jusqu’à lui pour l’envelopper tout entier. Sab eu un frisson glacé d’abord puis chaud ensuite, frémissant de tout son être en le suivant du regard. Depuis qu’ils avaient dîné la première fois, un soir au hasard dans leurs existences, rien ne semblait exactement tourner normalement dans leurs existences. Lui venait très régulièrement profiter des secrets magiques du musée, des conversations de son propriétaire et du délicieux esprit vivace qui se dissimulait sous ce visage impénétrable… Et en échange, il ne savait exactement ce qu’il lui donnait. Mais Daemon semblait satisfait de leur accord tacite, invisible et inconscient, quand la simple compagnie de l’autre suffisait à apaiser des cœurs tourmentés.
Ou presque.
Parce que le sien venait de s’emballer sans raison à l’approche de son vis-à-vis, l’obligeant à se tourner complètement pour lui faire face. Une main encore sur un dossier, refermant ses doigts sur le tissu, Sab explora les yeux tristes et remplis d’un voile indescriptible de celui qui le mettait dans un tel état : le souffle court, la surprise au bord des lèvres et mille questions tournant à plein régime pour tenter de comprendre comment réagir. Sa proximité n’était pas nouvelle, pas première, pourtant ce franchissement allègre de sa sphère personnelle n’aurait pas du être aussi facile et évident. Il avait avancé de trop, se plantant au point où le marchand parvenait à sentir son souffle sur lui, révélant un visage aux traits tirés et légèrement blafards. Qu’avait-il donc vu, pendant ce sommeil, pour que cela le mette dans un tel état ? Qu’avait-il… Vécu ? Car ça ne faisait aucun doute : Daemon ne s’était pas contenté d’une simple sieste. C’était… Autre chose. Quelque chose.
Le gardien déglutit encore, essayant de lutter contre la sensation qui le prenait au corps à l’idée d’être aussi près de quelqu’un. Depuis le départ de Louise, il avait peu à peu rétablit la distance de sécurité minimum entre lui et le monde pour ne pas être pris de court… Pour ne pas se sentir étouffé ou pris de court. Alors pourquoi le laissait-il venir aussi facilement ? Pourquoi tolérait-il son approche ? Pourquoi son être semblait même réclamer cette proximité indécente et cette présence ? C’était à n’y rien comprendre. A ne pas en saisir le sens profond. A en croire des songes et se réveiller sans le moindre souvenir.
Pourtant sa main sur lui était réelle, faite de chair et de ce sang qui pulsait comme le sien à l’orée de leurs cous. Un contact aussi familier qu’exclusif, comme le vestige lointain d’une paume réalisant exactement le même geste, le même tempo. Ils n’avaient jamais rien fait de tel, Sebastian en était persuadé. Ils ne s’étaient jamais permis la moindre tentative et, à vrai dire, il ne pensait pas le laisser faire un jour ; la blessure était encore trop fraîche, trop béante pour se voire ainsi bafouée et ignorée… La recoudre ne saurait prendre un tout autre chemin que celui de la rédemption pour n’avoir pas su la protéger d’elle-même. Il avait failli dans sa tâche de gardien, il avait perdu celle à qui il tenait plus que tout et maintenant pouvait-il seulement s’autoriser à passer à quelque chose de différent ? Pouvait-il seulement songer à cela ? Pouvait-il…
Il y avait une sensation connue. Quelque chose de fugace, un sentiment de déjà-vu par rapport à ce qui était en train de se réaliser. Comme une scène observée au ralenti et d’un angle différent, spectateur silencieux de sa propre évolution et d’un avenir qu’il n’était pas certain de comprendre ni d’accepter.
Le silence ponctua les paroles de Daemon, simplement bousculé par leurs souffles un peu trop lourds pour être des plus honnêtes ou compréhensibles. Un tiraillement lui tournait le torse, des fourmis martelaient son ventre et ses jambes fébriles peinaient à comprendre si elles devaient porter Sebastian ou le laisser fuir à l’autre bout de la pièce. Une part de lui le surpris à vouloir plonger en avant, se jeter dans le gouffre qui se dessinait et risquer les périls de l’inconnu ; irréalisme suicide. La raison se devait de primer, il devait comprendre avant d’agir et surtout… Savoir.
« … Que s’est-il passé ? »
Dessina finalement le sable, de longues minutes après la question réthorique de Daemon, tandis que la bouche de Sab appréciait la douce caresse du pouce sur sa lèvre inférieure. Apprécier ? Grand dieu… Pouvait-il ? Devait-il ? …
Mais il devait savoir. Avant toute chose, il devait comprendre. Daemon avait vu quelque chose, vécu une vie peut-être dans un rêve… Où il savait avoir été. Il s’était senti glisser dans la peau d’un avenir qui semblait tout tracé. Il l’avait vu, maintenant il s’en rappelait. Il avait vu son visage face à lui. Face à celui qu’il était. Face à cette présence onirique dans un autre temps, un autre âge… Et ils avaient…
« Archeron. »
Comprit-il dans un un souffle, écarquillant les yeux, son cœur s’accélérant et réalisant que Daemon savait désormais quelque chose que lui-même avait du mal à réaliser… Et qu’il était quasiment le seul à savoir. Le démon savait pour Archeron. Il savait et cela ne l’empêchait pas de revenir. Cela ne lui faisait pas… Peur ? Alors pourquoi avoir l’air si triste ? Pourquoi lui réclamer quelque chose qui n’était même pas encore né entre eux par ce geste si intime qu’il en devenait indécent ?
Vraiment ? Pas encore ? …
Il déglutit.
« Mé détestez-vous … ? »
La phrase voleta, se faufila puis se perdit dans l’obscurité du planétarium. Ignorée. Étouffée. Glissant à s’en perdre, éparpillant l’or dans l’air devenu soudain irrespirable. Tandis que les lèvres du marchand de sable découvraient pour la première fois la saveur de celles de Daemon.
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Et Daemon approfondit encore davantage ce baiser, fermant les yeux, portant ses mains dans le dos du marchand pour le rapprocher de lui, alors que l'une d'entre elles se leva dans ses cheveux puis sur sa joue. Ce contact était devenu intense, fort, profond. Ce n'est qu'après de longues secondes, que leurs lèvres se séparèrent, et que Daemon rouvrit les yeux. Son corps chaud toujours serré contre le sien, il ne murmura que quelques mots pour réponse. Je vous ai détesté pendant un temps.
Ce n'est qu'alors qu'il défit son emprise sur le corps de Sebastian, et qu'il recula un instant, sans pour autant le lâcher des yeux. Il se mordit la lèvre intérieure, résistant au désir si puissant de revenir vers lui et de recommencer. D'en faire davantage. De le sentir avec lui plus que jamais, malade, presque fou, de s'en retenir depuis si longtemps. Il finit par se retourner, pour faire quelques pas entre les sièges, d'abord silencieusement, gardant un moment sans plus de paroles.
Je vous ai détesté parce que je suis accro à vous. Tous les mortels qui prétendent être dingue de quelqu'un n'en savent rien de ce qu'il en est réellement. L'addiction que j'ai pour vous est presque maladive. Et ce fut ces paroles qui rompirent ce silence étrange. Il attendit un instant, arrêtant de marcher, immobile, avant de s'asseoir sur l'un d'entre eux, et de finalement tourner un regard imperceptible vers lui.
Je vous ai trouvé alors que mon addiction à votre sable me rendait fou, après que j'ai goûté à vos rêves. Les démons ne rêvent pas, ils n'en ressentent pas l'envie, pour une simple raison : ils n'en connaissent pas la saveur. Il ne l'avait pas dit sur le ton du reproche, même s'il avait commencé à le détester pour ça. Mais ce n'était pas ce qui avait réveillé en lui plus de haine encore. Et les temps passés avec vous m'ont rendu addict à quelque chose d'autre. A vous.
Ce n'est qu'alors qu'il se leva. Il ne marcha pas cependant, restant debout mais cette fois-ci face au marchand qui se trouvait plus loin. Voilà pourquoi je vous ai détesté. Ce n'est pas là la vie que je suis censé avoir à cause de ma nature. Un démon dépendant de quelqu'un... J'ai osé me sentir faible en votre présence, ce qui n'est même pas arrivé lorsque la mort est venue à plusieurs reprises caresser mon esprit.
Finalement, il fit un pas en avant. Mais tant pis pour la haine. J'ai continué à vous voir, parce que j'avais besoin de votre présence. Vous êtes ma drogue. Je passe des journées entières à me souvenir de vos paroles, des nuits éveillées à désirer cette beauté que j'imagine de votre corps dont la peau est enivrante. Daemon commençait à être serré dans son pantalon. Ce n'était pas juste à cause de quelques pensées érotiques. Tout chez le marchand, ses paroles muettes, son esprit si pur, toute la bonté contraire à l'âme du démon, les traits de son visage, autant que les idées de son corps, réveillait chez lui une chaleur interdite. Il était précisément son exact opposé, et c'est ce qu'il faisait de lui quelqu'un d'aussi enivrant.
Il s'avança finalement, jusqu'à l'allée centrale où il s'arrêta. Là, il posa deux doigts sur sa poitrine, avant de les lever au dessus de lui. Une lumière bleue s'échappa alors de son torse pour s'élever juste au dessous des étoiles, afin de former la silhouette d'un grand arbre. J'ai cette nouvelle magie que j'ai accepté d'avoir. Sachez que tous les démons n'auraient jamais reculé devant la puissance incroyable qui m'a été donnée. Pour la puissance. Pour dominer.
Il baissa ses yeux de l'arbre vers Sebastian, tandis qu'une des racines de la projection se fonçait. Je suis la nouvelle incarnation de la Racine Magique de l'arbre sur lequel tout existe. Ce n'est pas pour la puissance. Là où j'étais, j'ai rencontré Archeron. Alors, oui, je sais. Je sais tout, ou suffisamment pour accepter plus de magies pour vous.
La lumière disparue finalement, pour laisser paraître Daemon qui s'approchait de nouveau du marchand de sable. Avec cette magie, j'accepterais de rencontrer Chronos, de le défier s'il le fallait, pour éviter les fatalités du destin qui vous accompagne. Il s'approchait de nouveau de lui, mais cette fois-ci, le démon laissa un siège entre eux.
Alors, pensez-vous que je vous déteste ? C'est à vous de me détester. Me détestez-vous ?
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Sebastian Dust
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« The beauty of their lives is when they're dead and gone »
- WITHOUT THOOSE SONG -
Sebastian avait frémit à l’annonce de sa haine, se dandinant d’un pied sur l’autre sans savoir où se mettre ni quoi faire. Etait-il possible d’apprécier et de détester quelqu’un en même temps ? Etait-ce supportable de maintenir ce genre de contact avec qui que ce soit ? Sab n’avait pas pour habitude de côtoyer des êtres en demi-mesure, soit il appréciait, soit il était sympathique, soit il n’avait pas de contact du tout. Même Hope avait fini par ne plus l’effrayer dans la rue ou surgir n’importe quand pour lui bondir dans le dos… Le gardien avait appris qu’il n’était pas obligé de supporter les indigents et pouvait refuser de maintenir une relation néfaste ou désagréable. Dire « non » avait pris des années mais il y était parvenu !
Alors pourquoi diable ne parvenait-il pas à dire non à Daemon Crypto ? Pourquoi, alors que son corps entier se tendait dans une méfiance insidieuse et lui ordonnait de rester sur ses gardes, revenait-il continuellement chercher conversation et anecdotes en sa compagnie ? Parfois il se surprenait à attendre un message sur son téléphone, une réponse ou simplement un rappel de sa part. Il n’avouerait pas que son cœur s’accélérait quand il voyait son nom apparaître sur l’écran, ce serait déplacé et bien loin de ce qu’il était censé être. Des réactions un peu démesurées, des idées bizarres et l’incapacité totale de résister à l’appel du musée qui était devenu son lieu de visite de prédilection, qu’il soit heureux ou malheureux.
Même les vendeurs de billets à l’entrée avaient cessé de lui demander de payer pour accéder à l’intérieur du musée, il venait et s’installait de jour comme de nuit, à observer la vie ou simplement ne jamais se lasser de l’éternel scénario du planétarium qui tournait et tournait encore. Les étoiles. Les astres. Les planètes entortillées et les visites guidées pour répétée ou découvrir de nouvelles versions de narration. Sebastian se moquait bien des répétitions, il venait pour voir et entendre, pas pour juger. Les squelettes de dinosaures. Les répliques de grands mammifères marins. Des allées remplies d’histoires et de savoir, parcourues avec assiduité et en silence par un rêveur passionné ayant dépassé l’âge de flâner. Le gardien s’était même surpris à reprendre des carnets et autres palettes légères pour noter ou griffonner avec timidité sans déranger qui que ce soit… Comme si, au lieu de l’enfoncer dans une noirceur méfiante, la présence du directeur l’avait poussé à revenir aux sources de son bien être : penser un peu à lui, retrouver ce qu’il aimait et pourquoi pas laisser son esprit vagabonder dans des histoires qui n’étaient pas que réservées aux enfants.
Son cœur se serra dans son torse à le voir si distant, réalisant soudainement qu’il venait de l’embrasser comme un adolescent en manque de présence ! Portant ses doigts à ses lèvres, où la chaleur était encore présente, Sab déglutit et baissa les yeux vers le sol plongé dans l’obscurité du planétarium. Quel grand ridicule il faisait là… Incapable de ne pas céder à des pulsions aussi basiques et insignifiantes. Pourquoi diable Daemon avait-il donné l’impression de lui répondre alors même qu’il vantait le contraire ? Pourquoi avait-i sentit ses mains glisser dans son dos, sa paume appuyer sur sa joue et son corps soudain frôler le sien ?
A n’y rien comprendre. A peu comprendre. Puis écouter le fil de ses mots dans le noir.
« Une… Addiction ? »
Les lèvres se perdirent tranquillement et lentement, comme si la question avait été chuchotée mais ne voulais pas interrompre son interlocuteur. Comment pouvait-on être accro à lui ? Aux rêves qui naissaient du sable et se perpétuaient dans chaque esprit enfantin qu’ils croisaient ? Les pensées bienheureuses, tranquilles et paisibles… Confrontées aux auras démoniaques, il était effectivement difficile de comprendre pourquoi Daemon semblait y avoir cédé au lieu de les repousser. Avait-il tenté une expérience ? Sab ne se rappelait même pas exactement à quel moment il l’avait côtoyé mais l’impression de familiarité possédait au moins une origine désormais : ils s’étaient connus avant de se voir. Restait à comprendre comment et… A quel point ?
Ils n’étaient pas nombreux à pouvoir parler aussi librement et simplement du pouvoir du marchand de sable. Non pas qu’il soit discret mais, d’une manière générale, les adultes n’étaient que peu portés sur le poids des rêves ou de sa présence. Il avait pourtant aidé plusieurs amis, Antropy pendant un temps, Dyson pendant plus longtemps, essayant de transmettre un peu de cet espoir que tout était toujours possible et d’apporter de la quiétude aux esprits tourmentés… Daemon avait-il été un de ces tourments ? Avait-il frôlé son corps ou sa main quand il se trouvait à l’hôpital ? Avait-il croisé ses pensées et s’y était engouffré, comme un invité possédant la clef, pour y laisser quelques grains de bonheur ?
Aucune idée… Aucune perception de bien ou de mal alors que l’homme se trouvait désormais à plusieurs pas de lui, quelques marches plus bas. Depuis quand était-il revenu dans l’allée ? Sebastian cligna plusieurs fois des paupières pour le regarder faire, surpris alors par l’apparition bleuté d’un arbre immense au milieu du cristallin des étoiles. Venait-il d’extraire cette image de lui ? Venait-il… Il se dégageait une telle quiétude, un tel apaisement à regarder le végétal que le gardien se surpris à penser qu’il ressentait exactement la même chose lorsque le directeur se trouvait à proximité…
Il déglutit et descendit d’une marche lorsque Daemon commença à lui expliquer quelque chose qu’il n’aurait jamais cru entendre de sa bouche. Quelque chose… Qui lui rappelait cruellement des souvenirs, lesquels remontaient dans son esprit aussi vite que l’acide dans sa gorge à la vue des racines proliférant tranquillement tout autour d’eux dans leur lumière d’irréalité. Sa main en suspend dans le vide, ses yeux s’écarquillèrent et sa bouche s’entrouvrit de surprise. Suivi, rapidement, par la douleur assourdissante d’une réalité qui le frappa de plein fouet.
La Racine de la Magie.
Les tâches de rousseurs de son visage se pâlirent en même temps que son teint, ses yeux clairs cherchant à retrouver le regard de Daemon mais ne pouvant s’empêcher de mélanger un passé et un présent imbriqués avec un futur que Daemon semblait mieux connaître que lui désormais… Il n’entendit pas la suite de ses paroles, bloqué sur cette soudaine révélation qui venait de lui faire l’effet d’un coup de poing en plein plexus solaire. Son souffle sembla lui manquer, incapable de le reprendre ou de dire quoi que ce soit alors que la réalité déliait très lentement ses petits morceaux de vérité en une révélation qu’il s’était toujours refusée de croire. Une à une, les pièces forcèrent le passage de la barrière mentale qu’il s’était installée et percutèrent sa raison. Sa logique. L’ordre établi. Et l’ordre disparu.
Le silence s’installa, dans tout son être comme dans la pièce. Daemon venait sans doute de lui poser une question qu’il avait entendu mais pas écoutée. Comme si son esprit s’était scindé en deux, l’un pour continuer le fil de son présent, l’autre pour tenter de renverser les tiroirs à souvenir pour ressortir de vieux tableaux incomplets. Les pièces allaient là. Le chemin se traçait et se déblayait.
« Je ne vous… déteste pas. »
Ecrivit le sable, vaporeux, un peu sec, un peu fébrile, un peu ailleurs et partout à la fois.
A nouveau un coup dans la poitrine.
Il sentit sa gorge se serrer dans un étau monstrueux et retint de justesse un sanglot, clignant plusieurs fois des yeux pour chasser les larmes qui menaçaient de monter et de se répandre. Non, il ne devait pas pleurer. Il ne fallait pas pleurer. Ce n’était… Pas possible et pourtant c’était si fatalement là. Daemon ne lui aurait pas menti, il ne le ferait pas, pas à lui. Quel intérêt aurait-il eu à mentir sur ce sujet ? C’était une marque de confiance, une preuve d’un lien qu’ils allaient développer et qui influencerait sans doute tout le reste de leur existence désormais… Le futur était écrit, restait à en découvrir les lignes. La Racine de la Magie se trouvait devant lui, à quelques marches.
La nouvelle racine de la magie.
L’ancienne avait donc été remplacée. Dans le milieu divin qu’avait côtoyé Sab, on n’était jamais relégué au second plan. Un rôle avec un hôte. Un avenir avec des chemins qui menaient tous au même résultat… Comme Eulalie avait pris la place du Capitaine Pan lorsque celui-ci avait été tué, Daemon occupait une place vacante qui cherchait un nouvel hôte. Parce que Louise l’avait laissée vacante, en implosant et disparaissant sans laisser de trace.
Parce que Louise était donc bel et bien morte dans tout ce foutu univers.
Et l’espoir, même infime, que nourrissait Sebastian de la revoir un jour… Venait de se briser en mille morceaux. Parce que la place avait été prise. Parce que la Magie avait retrouvé un hôte différent. Parce que, de nouveau, il était confronté à la racine liée à l’univers divin qui lui avait fait rencontrer Louise mais aussi la perdre. Une racine qui semblait lui indiquer que la mort serait sur leur route et qu’il ferait son possible pour changer ça. Mais personne ne battait la Mort. Personne ne pouvait lui résister quand elle venait. Personne… Et il était bien placé pour le savoir, puisqu’il allait devenir le Juge et le gardien de ces âmes dans le monde des Morts.
Le contact des doigts de Daemon ramena brutalement Sab à la réalité, si violemment qu’il eut un sursaut vif et une inspiration salvatrice en se rendant compte de leur proximité. Quand avaient-ils bougés ? Comment… Le sable évoluait en volutes nerveux, incertains, ondulants sans savoir où se poser. Ses yeux le toisèrent, se relevèrent vers la magie bleutée qui dessinait toujours l’arbre géant au milieu des étoiles, puis revinrent sur lui. Il pleurait déjà sans s’en rendre compte. Il pleurait à ne pas pouvoir s’arrêter. Il pleurait et c’était parfaitement ridicule puisqu’inexplicable. Inacceptable. Complètement déplacé. Il pleurait à vouloir cacher son visage dans ses mains et ne plus savoir où se mettre. Il pleurait à en paraître faible et stupide. Il pleurait à en réclamer une étreinte ou simplement un soutien dont il ignorait la source. Il pleurait de tristesse, de justesse, de colère et de désespoir.
Mais en cet instant, il aurait tué le monde entier pour simplement oublier qu’elle était morte et que plus rien ne lui permettrait de la retrouver. Même pas les rêves. Et même pas Daemon.
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« Chaque fois qu'il y a du temps qui passe, il y a quelque chose qui s'efface. »
Daemon resta ainsi à regarder le flot d'émotions passer sur le visage du marchand de sable, le visage dur comme d'habitude mais les pensées intriguées. Dans sa relation avec Sebastian depuis l'année dernière, le démon avait été forcé d'apprendre à comprendre l'envie intense, qu'il avait trouvé détestable d'abord, qu'il ressentait pour la compagnie du gardien. Mais cela ne changeait pas le fait que le cauchemar ne lisait pas dans les sentiments. Toute sa vie il s'en était moqué. Aujourd'hui, ils avaient leur importance, commençant à réaliser que les besoins qu'il avait envers Sebastian dépendait aussi des siens.
Et ça... le dérangeait. Si le marchand était triste, le démon n'allait pas être capable de le rendre heureux. Ce n'était pas ce qu'il faisait, il était né des peurs et du mal, qui coulaient encore en lui et définissaient sa personne. Il avait aujourd'hui un besoin incontrôlable d'être avec le marchand de sable, et jusque là ça ne posait pas de problème pour ce dernier qui semblait satisfait de venir au musée.
L’égoïsme de Daemon devait donc... cesser ? Plus rien en lui n'allait, depuis qu'il savait pour la mort future de Sebastian pour le compte de Chronos. Une information qu'il avait tant détesté qu'il avait accepté d'avoir une dette auprès du titan en accueillant la Racine de la Magie en lui. Et maintenant, le voilà à la charge d'effacer les larmes qu'ils lui coulaient.
Vous ne me détestez pas, répéta-t-il sur un air entendu. Mais vous détestez ce que je suis devenu.
Des trilliards d'années au compteur, Daemon ne savait peut être pas lire dans les sentiments, mais il savait repérer ce qui en créait des mauvais. La peur, surtout. La tristesse n'en était qu'une lointaine sœur. Les larmes qui lui échappaient sans sa volonté ne s'étaient pas libérées à cause de la vérité sur ses intentions envers lui. Il aurait pu le haïr pour cela. Et pourtant, la seule réaction qui lui était venue avait été de se paralyser en pleurant à quelques mots. Les mots qui le définissaient aujourd'hui.
Mais qui définissaient autre chose hier.
Les dieux et les titans se sont bien gardés de me révéler les détails de cette Racine, reprit-il alors, déchirant encore une fois le silence. C'est encore quelque chose à comprendre plus en détail. Mais dans tout ce qui ne m'a pas été révélé...
Daemon s'approcha du dernier pas qu'il n'avait pas fait entre eux, passant le pouce sous son œil gauche pour en essuyer la peau humide. Il ne m'a pas été dit qui a porté ce rôle avant moi. Cela ne m'importait pas, en réalité.
De sa main gauche, il essuya une autre larme. Jusqu'à ce que ce détail ait son importance tragique pour vous.
Et alors le démon s'approcha encore davantage, son torse contre le sien, levant sa main dans les cheveux du blond, sentant sa respiration hésitante contre lui, et les battements de son cœur affolés contre les siens, lents comme à leur habitude.
De qui ais-je volé le passé, de si important pour assombrir vos rêves ?
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« The beauty of their lives is when they're dead and gone »
- WITHOUT THOOSE SONG -
Le contact était aussi agréable que détestable, des mains dans ses cheveux qui ne correspondaient pas à la personne qui le faisait auparavant, une voix bien plus grave, une stature bien plus haute, un regard bien plus sombre et une âme bien plus obscure… Des souvenirs qui se mélangeaient dans son crâne alors que Sab était incapable de respirer ou de penser convenablement en cet instant. Ses poumons le brûlaient à chaque souffle, son cœur tambourinait avec décadence et ses mains tremblaient en saisissant la chemise qu’il menaçait de tremper de ses larmes silencieuses. Inspirer. Souffrir. Expirer. Décevoir. Inspirer. Espérer. Expirer. Réalité… Daemon n’avait rien à voir avec tout cela, il avait été embarqué dans l’aventure et voilà qu’on le choisissait pour garder un rôle au sein de celle-ci. Un poste fait pour lui. Un poste correspondant à ce qu’il était : un être de magie aussi redoutable que censé, un réceptacle idéal à la puissance que cela incombait et s’il n’avait pas pleuré la perte d’un être cher, Sebastian aurait sans doute été subjugué par cette graduation divine.
Le pour et le contre. Le bien et le mal. La raison ou l’instinct… Il renifla, misérable malgré sa haute stature qui lui voûtait les épaules sous le poids de sa tristesse. Son nez se releva pour faire face à un visage impassiblement soucieux, un regard profondément ancré dans le sien qui l’attrapa, le harponna, lui rappela pourquoi il aimait passer du temps ici. Les yeux étaient le miroir de l’âme et, au fond de ceux de Daemon, le gardien lisait à la fois tant de choses et terriblement peu… Pourquoi fallait-il que cet homme le passionne ? Pourquoi fallait-il que cet être l’intrigue et l’attire ? Pourquoi avait-il fatalement besoin de le rencontrer régulièrement quand la bienséance voudrait qu’il respecte une certaine intimité entre eux ? Pourquoi alors qu’ils se connaissaient à peine ?
C’était à en perdre la tête. C’était à en mettre son cœur en berne et espérer pouvoir recoller des morceaux qui avaient implosés en même temps qu’Elle…
Déglutissant encore, Sab cligna plusieurs fois des yeux avant de se rendre compte de la force qu’il mettait pour tenir sa chemise désormais froissée. S’excusant silencieusement, desserrant peu à peu sa prise, il aurait du reculer et s’excuser d’avoir gâché sa révélation… Mais en lieu et place, ses mains remontèrent vers le visage si proche de son vis-à-vis pour toucher sa mâchoire. Sa peau. Caresser ses joues. S’engouffrer légèrement dans ses cheveux blonds et finalement s’arrêter ainsi. Ici. Juste ici. Il se perdit dans son regard limpide. Son front toucha le sien.
Et le sable s’empara de leurs esprits respectifs.
Mieux que des mots ou des paroles, le voile se leva sur le visage attendrissant d’une rouquine munie d’un chapeau violet aussi extravagant qu’élégant. Elle éternuait à cause d’une écharpe rouge qu’elle venait d’offrir. Elle riait face à un tableau qui semblait beaucoup l’amuser. Elle soulevait un carton en soufflant sur la mèche qui lui tombait devant les yeux. Elle dansait, attrapant les pans de sa robe fleurie pour réaliser quelques pas dans le salon qui fut précédemment le sien. Louise. Louise qui avait été là pendant plusieurs années, avait donné son corps et son cœur à la cause des dieux, avait toujours cru en eux, l’avait poussé lui à accepter leur réalité et l’avait suivi, épaulé, contrit mais aussi apprécié dans cette chose qui les dépassait jusqu’alors. Ils s’étaient parfois éloignés mais retrouvés, alors qu’il avait traversé la moitié des Etats-Unis en bus pour la retrouver et tenter de réparer les choses dans un comic-con rempli de gens. Ils avaient tourné sur un manège pour se promettre de songer à l’autre plus sérieusement.
Il avait affronté le monde des morts pour elle. Il avait été cherché son âme dans l’au-delà et rencontré son avenir, Archeron, Juge du palais des Songes, ainsi que la première âme et les titans la protégeant. Il avait dû embrasser Hadès et recevoir une consolation pour effacer ce terrible souvenir. Il avait dû rattraper ce qu’elle faisait tomber. Il avait observé à la dérobée ses talents de peintre un après-midi d’été. Il avait bu du thé, joué avec son chien Sherlock et adopté Clyde après que Hope ne l’ait manipulé gentiment. Il avait imaginé une vie en sa compagnie. Il avait emménagé avec elle. Ils avaient parlé des heures, de tout et de rien, s’étaient engueulés parfois et retrouvé dans un ou deux baisers volés. Il avait appris qu’elle était la Racine de la Magie et l’avait vu s’entraîner pour tenter de maîtriser l’afflux de pouvoirs que cela provoquait en elle. Il l’avait vu faire confiance à ces dieux, encore. Le badge de l’armée d’Apollon. Le pommier. La Grande Vallée. Tant d’endroits…
Puis il y avait eu la mission de trop. L’évasion qui gâchait tout. La fois où il n’était pas rentré à l’heure et qui leur avait coûté. Spectateur impuissant et silencieux de ce souvenir, il montra à Daemon comment il était entré dans la chambre pour découvrir Louise en train de souffrir et de l’appeler de toutes ses forces. Ses sceaux avaient cédé. Son pouvoir était en train de se libérer et elle tentait vainement de le contenir de toutes ses forces. Elle brillait, trahissant son angoisse et son inquiétude. Il l’avait rejoint sans comprendre, sans être préparé à cela mais… Ses paroles avaient été si douces à son encontre. Si précieuses. Si… Des promesses murmurées alors qu’elle sombrait dans l’immensité aveuglante de son propre don. Et, dans une explosion, disparaissait. Sans laisser de traces.
Louise était partie. Et s’il l’avait cru perdue quelque part, sans souvenirs ni capacités à revenir… Sebastian savait désormais qu’elle était morte ce soir-là. La douleur nimba son esprit et ses souvenirs, criant d’être écoutée alors qu’il la retenait de toute ses forces dans son torse pour l’empêcher de le noyer. La scène disparue. Les souvenirs laissèrent place à un lieu calme sous l’immensité de l’univers à portée de main. Et ce ne fut qu’à cet instant qu’il se rappela de la main que Daemon avait passé dans la sienne tout au long de cet étrange voyage provoqué par le sable doré. Un espace onirique à l’intérieur de son esprit. Une zone inconsciente, onirique, de calme et de paix. Une invitation silencieuse dont il ne donnerait pas d’explications… Parce qu’il n’y avait rien d’autres à dire, les songes avaient parlés à sa place. A l’abri de son esprit où il l’avait invité dans une marque de confiance qu’il ne se serait pas cru apte à fournir un jour. Ni à lui… Ni à personne.
Le sable doré caressa son image mentale, précieux ami de toujours, et peu à peu les engloutit tous les deux.
Le corps du Marchand de Sable chancela lorsqu’ils furent de retour dans la quiétude du planétarium. Le tintement léger des étoiles résonna face à leur silence essoufflé, les grains de sable voletant encore autour d’eux alors qu’ils se retiraient tranquillement de leurs esprits liés pour disparaître dans la pièce. Il avait vu. Il lui avait montré. Ils avaient… Sab déglutit en relevant les yeux vers lui, écarquillés, ne se rendant pas compte que ses joues encore humides avaient pris une teinte légèrement rouge. Prudemment, il releva ses paumes loin du visage de Daemon et s’autorisa à reculer d’un pas. Cœur tambourinant. Esprit enfumé des derniers souvenirs de son inconscient.
Il essuya sa joue du revers de sa manche. Daemon allait-il le détester après avoir vu… Tout ceci ?
« La Racine de la Magie... Tient une place importante dans ma vie. »
Ecrivit le sable, comme une excuse à son comportement. Misérable ici, désespéré dans l’autre, avide dans un dernier, et pourtant si… Honnête. Terriblement honnête. Affreusement honnête envers celui qui était venu le chercher pour lui offrir de rêver de nouveau un peu.
« Je ne vous déteste pas. »
Répétèrent les grains dorés avec, cette fois, un visage plus affirmé que précédemment. Comment le pourrait-il ? Pas après…
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« Chaque fois qu'il y a du temps qui passe, il y a quelque chose qui s'efface. »
Daemon observait pendant un long instant les yeux du marchand de glace. Il avait plongé son regard avec une expression intense, mais qui, comme lui même aurait pu s'y attendre, n'était pas celle de l'envie bestiale qui pouvait l'animer si souvent. Les motifs de ses iris se bousculaient en une fumée chaotique qui mêlait une curiosité certaine à une envie plus nuancée. L'envie de sexe intense mais de présence. L'envie de jouir mais de sentir. Ressentir.
N'était-ce pas là tout ce qu'il lui faisait découvrir depuis que Daemon l'avait rencontré ? Apprendre à ressentir quelque chose de bien moins brut que les cauchemars qui ont tissé son sang et son âme.
Hey, hey, yeah On l'a fait dans le sofa Je l'ai fait dans l'œsophage Hey, hey
Pauvre de moi, j'me souvenais pas qu'on avait le pouvoir de danser comme ça Quand on se laisse aller, laisse-toi aller Laisse nos énergies faire, je veux plus parler Je donnerais tout c'que j'ai sur moi juste pour te voir danser encore une fois Quand tu te laisses aller, laisse-toi aller Oublie les autres connards qui te regardent, yeah Malgré la lumière, on ne voit plus que nous La musique s'est arrêtée, les aiguilles se figent et je sens, je te sens Malgré la lumière, on ne voit plus que nous
Si elle tient une place importante pour vous, parla-t-il enfin, il est venu le jour d'apprendre à la retrouver, après l'expérience de l'avoir perdu.
Apprendre était le mot clé, dans cette relation improbable de ces deux forces opposées. Un rêve et un cauchemar, unis pour découvrir de l'autre. Pour gouter aux délices de l'autres. Et c'est ce que Daemon fit lorsqu'il serra son corps sur celui de Sebastian tout entier. La forme de son entrejambe tendue sous son pantalon plaquée contre la sienne, son torse frôlant le sien, et ses lèvres plaquées sur celles du marchand. Le baiser avait été profond, mouvementé, gracieux. Les langues avaient eu leur bal, les salives s'étaient mélangées, des regards furtifs s'étaient échangés.
Et il s'était reculé.
La musique s'est arrêtée, les aiguilles se figent et je sens, je te sens
J'dois avoir la bite dans la tête quand tu me murmures dans l'oreille Car j'ai l'impression qu'elle est tout près de ta bouche
Joli voyage C'est comme une danse, danse avec moi
Pauvre de moi, j'me souvenais pas qu'on avait le pouvoir de danser comme ça
Parfois je deviens vicieux comme Lou Reed Je connais déjà la ville de son corps Mais je l'ai visité comme un touriste, ah Entre nous, y'avait qu'un barrière On se rapproche en la sciant Elle est brillante comme l'or, trempée comme l'acier Tout son corps chauffe, tu connais la science Nul n'est pleinement maître de ses excitations, merde Je dois faire semblant de n'pas être impatient À cet instant précis, j'ai pas d'autres passes
Il n'y avait pas eu besoin de mot pour la suite. Les deux corps nus et sales reposant côte à côte sous les étoiles, ils regardaient tous deux ces dernières. Les étoiles animées du musée ensorcelé pour se réveiller la nuit avaient l'habitude de suivre les sentiments de ceux qui les consultaient. Chaotiques et rêveuses, elles témoignaient ici du délice de cette expérience délicieuse.
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Sebastian Dust
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« Ceux qui repent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis. »
Y’aura jamais vraiment trop de caresses, jamais vraiment trop de love… Murmurait la chanson qui flottait dans sa tête inlassablement. Allongé sur le dos, plongé dans l’obscurité du planétarium mais se sentant aussi cruellement exposé, Sebastian observait la lumière douce des étoiles dansant au-dessus de leurs têtes. Elle tintaient et chantaient tranquillement une histoire dont elles avaient le secret, récoltant les souvenirs pour les garder précieusement comme de véritables gardiennes de la mémoire. Ces étoiles, celles qui avaient été ses amies autrefois, veillaient aujourd’hui sur celui qui venait de lui faire découvrir quelque chose de fabuleusement nouveau. D’incroyablement surprenant. D’irrémédiablement plaisant. Le gardien se mordit la lèvre inférieure en repensant aux derniers moments qui venaient de s’écouler, sentant encore presque le poids de Daemon sur lui alors qu’ils étaient tombés au sol l’un et l’autre. L’un avec l’autre. L’un dans l’autre. Leurs bouches scellées et leurs corps enlacés comme au premier jour de leur existence, comme si ça avait été une évidence…. Et désormais, il avait presque froid de cette absence. Son corps frissonnait à la moindre esquisse de mouvement, quelque peu ankylosé de cette première expérience aussi spirituelle que physique, tandis que son cœur se berçait d’un étrange linceul de douceur.
Il n’aurait jamais songé pouvoir tomber de nouveau amoureux.
Pourtant, en tournant la tête vers l’homme allongé à côté de lui, Sab su parfaitement retrouver la forme singulière de son profil. Les cheveux blonds de Daemon étaient sans doute aussi ébouriffés que les siens, ses lèvres étaient rougies de leurs nombreux baisers et il affichait un air paisible que le marchand de sable ne lui avait pas souvent vu. Toujours préoccupé, toujours alerte, toujours mesuré… Mais en cet instant, il avait l’air si tranquille et vulnérable qu’il n’osa pas interrompre ces quelques instants. Il se contenta de le dévisager, laissant son regard glisser sur cette gorge qu’il avait adoré mordiller, puis sur son torse couvert de sueur contre lequel il s’était appuyé jusqu’à son abdomen où le directeur avait ramené nonchalamment un de ses bras. Juste à les retrouver, le corps de Sebastian se couvrit de plusieurs frissons agréables et il se mordit plus fort sa lèvre inférieure. Le reste de son corps semblait aussi détendu que son esprit, relâché, absolument impudique quand lui-même ne parvenait pas à concevoir qu’il puisse rester nu aussi longtemps. C’était un mystère que de s’exposer dans toute sa simplicité, une intimité nouvelle qui frappait le gardien de plein fouet et de laquelle il n’était pas sûr de pouvoir sortir indemne.
Il songea un instant à Louise, son image souriante s’évaporant tranquillement vers le ciel étoilé comme un souvenir qu’on libèrerait enfin après l’avoir tant retenu. Il pensait se sentir coupable, exprimer une profonde culpabilité à son égard… Elle l’effleura, évidemment, puis elle se dissipa aussi rapidement qu’elle était venue. La femme de sa vie était morte dans ses bras et désormais elle reposait sans doute en paix dans cet ailleurs où il était le Juge ; il avait stagné si longtemps qu’il avait oublié comment avancer. Comment mettre un pas devant l’autre pour retrouver un chemin plus éclairé, perdu dans l’obscurité de sa propre tristesse. Ce soir, il avait ressenti un vide immense, puis une douleur profonde avant d’être soudain remonté à toute vitesse par une main tendue à laquelle il ne s’attendait pas. Non seulement Daemon lui avait extirpé la tête de l’eau où il se noyait, mais il l’avait en plus fait plonger dans une toute autre dimension à la saveur aussi exquise qu’interdite. Nouvelle ivresse.
Il cligna plusieurs fois des yeux en se rendant compte que les iris claires du concerné le regardaient, attentives et figées sur lui. Pouvait-on être plus beau ? Avec son air sérieux et silencieux, le démon était un véritable appel à toutes formes de vices dont l’esprit du marchand de sable n’avait même pas idée. Incapable de savoir quoi faire ou dire, il resta immobile et figé tandis que Daemon se redressait sur le coude et venait glisser une main dans sa nuque. Le contact était chaud. Doux. Précieux. Devait-il s’excuser de ce qui c’était passé ? Devait-il regretter ou au contraire en discuter ? Qu’allait-il se passer désormais ? Qu’allait-il devoir faire quand ils retourneraient à la lumière du jour ? Il ouvrit la bouche sans un son et celle de son vis-à-vis vint la trouver pour s’y apposer. Un baiser. Un long baiser aussi chaste que doux, à la consonance calme et à la timidité bientôt brisé par sa langue s’infiltrant à la recherche de la sienne pour une nouvelle danse silencieuse. C’était sa nouvelle saveur favorite, lui offrant sa bouche et ses sens tandis que la main se resserrait un peu à la base de ses cheveux. Ses doigts osèrent se redresser pour venir caresser son poignet tendrement. Daemon pouvait être aussi brutal que doux, aussi vif que paisible, aussi avide que généreux. Il avait encore plus compris ce soir que cet homme aux deux visages l’avait attrapé dans ses filets depuis longtemps…
Leurs visages se détachèrent l’un de l’autre puis stagnèrent à quelques centimètres, son souffle sur le sien et son odeur remplissant ses sens à en faire tendre son corps. Sans doute devraient-ils se lever et récupérer leurs affaires. Sans doute devraient-ils nettoyer autour d’eux et disparaître d’ici. Mais Sebastian n’avait aucune envie particulière de quitter le Planetarium et, de ce qu’il lisait au fond des yeux de Daemon, c’était aussi son cas. Comme une antre secrète où tout pouvait arriver sans que le monde ne sache rien, ils étaient à l’abri de leurs propres bras et inconnus de l’univers au moins pour quelques heures.
Les étoiles tintèrent à nouveau quand son amant le tira à lui, emmêlant ses jambes aux siennes et retrouvant la pression de son être contre le sien. Les paumes de Sab descendirent de ses bras à sa taille, son dos, ses reins, ses épaules qu’il adorait presser sous ses doigts ou ses cheveux où il aimait se glisser avec une liberté nouvelle. Le toucher semblait si facile. L’embrasser une évidente possibilité. Comment avait-il fait pour se passer de lui ? Comment allait-il faire pour ne pas réclamer sa présence une fois tout ceci terminé ? Comment, diable, faisaient les gens qui avaient goûté à ça pour s’en passer ? Son cœur tambourina de nouveau sous son torse au contact de Daemon et il se mordit l’intérieur de la joue d’être incapable de cacher qu’il lui plaisait. Cela sembla satisfaire son compagnon, qui mit un point d’honneur à caresser chaque parcelle sensible de son être jusqu’à ce qu’il en perde la tête.
Il n’y avait rien à dire. Il n’y aurait rien à dire pour le moment, à part ces soupirs étouffés entre eux et la délicieuse sensation d’être enfin parfaitement à sa place. Même si ce devait être éphémère, Sab décida de profiter égoïstement au lieu de penser au reste du monde ; le temps pourrait attendre, pas lui. Ils s’embrassèrent sans demi-mesure, se touchèrent sans commune-mesure et s’emboitèrent sans aucun regret dans un nouvel acte charnel aussi passionné que le précédent. C’était fou à quel point le corps du gardien semblait se délier face au sien, tantôt possessif, tantôt offert sans jamais s’en voir indigné. Ses yeux clairs retrouvèrent les images splendides de son amant, imprimèrent chaque mouvement dans sa mémoire et il laissa ses mains toucher les hanches que Daemon agitait au-dessus des siennes pour le chevaucher. Tour à tour. Corps à corps. Daemon donnait puis prenait, rendait l’expérience encore plus érotique qu’elle ne pouvait l’être quand il guida la main de Sebastian sur son intimité pour lui intimer de le caresser plus fort encore. Allant et venant dans le bassin de son amant, le gardien s’était exécuté en suivant aveuglément les ordres silencieux, murmurés, gémis ou criés par le démon. Il découvrait. Il apprenait. Il enregistrait en se laissant envahir par le brasier qui consuma alors chacune de ses veines, lave incandescente s’enfonçant dans son ventre et de partout ailleurs pour les propulser tous les deux vers des sommets qu’ils étaient les seuls à pouvoir s’offrir.
Ils s’enlacèrent à s’en faire mal. Ils se dévorèrent a s’en rendre affamés. Comme si c’était la dernière fois qu’il leur était permis d’être aussi libres l’un envers l’autre…
* * *
En remontant son pantalon pour fermer sa ceinture, Sebastian tenta de se concentrer et de ne pas songer au fait qu’un Daemon affreusement sexy l’attendait quelques marches plus haut. Il avait du mal à rentrer sa chemise à l’intérieur, débraillé, cherchant à tâtons son veston tombé juste à côté de sa veste impeccable. Décidant que l’allure attendrait au moins qu’il ait pris une douche, il saisit sa paire de chaussures après avoir enfilé ses chaussettes et osa enfin relever le visage en direction de l’entrée du Planetarium. Le directeur s’y trouvait, appuyé contre le chambranle de la porte avec un petit sourire en coin caractéristique. Il avait repoussé ses cheveux blonds en arrière mais laissé sa chemise ouverte sur son torse musclé, son pantalon fermé et ses pieds nus complétant le tableau de nonchalance singulière à sa personne. Déglutissant, le gardien affronta les douleurs de son corps pour grimper les marches et s’approcher prudemment, restant à une distance respectueuse malgré les nombreux appels qu’il semblait lui envoyer inconsciemment.
Diable, comment pouvait-il être aussi beau et aussi terrible à la fois ?
« Vous parliez d’une salle de bain avec une douche ? »
Le sable était revenu, familier et innocent, tandis que son gardien se dandinait nerveusement d’un pied sur l’autre avec les joues roses. Ils venaient de coucher ensemble, plusieurs fois. Ils venaient de s’embrasser jusqu’à ne plus pouvoir respirer. Ils venaient d’être aussi intimes qu’il était possible de l’être… Et maintenant il était cruellement gêné face au comportement à adopter. C’était la première fois pour lui, ne sachant s’il avait le droit de se montrer expressif ou s’il devait maintenir une réserve en sa présence. Il eut l’envie de reprendre son comportement précédents, alors qu’ils se voyaient régulièrement dans la plus simple des discussions, mais quelque chose lui souffla que ça allait être très difficile. Vraiment difficile.
Parce que maintenant qu’il avait goûté à Daemon, Sebastian savait qu’il ne pourrait plus lui résister.
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Crawling through the depths of you... - Chaotic Dreams