La flemme de bouger. C'était quelque chose que Honey n'avait jamais eu. Mais les circonstances avaient changé et elle avait appris à bouger autrement. Le plus difficile avait été de s'accoutumer au fauteuil pour le manier avec dextérité. Les jours lui avaient alors paru longs et fastidieux. Heureusement, cette période était depuis longtemps révolue.
Inutile, de facto, de revenir là-dessus. Même vis-à-vis de Kara, ça ne lui aurait pas apporté grand chose. Un discours sur la confiance en soi, en revanche, aurait des chances d'être plus pertinent et ainsi profitable. Kara avait beau rire en commentant qu'une voix lui disait qu'elle n'était pas sur la bonne voie, c'était un commentaire on ne peut plus sérieux et n'importe qui s'en serait aperçu avec un peu d'attention.
Ca tombait bien, Honey accordait toujours beaucoup d'attention quand on lui parlait. Elle coula un regard amusé sur ses jambes avant de relever ses yeux verts en direction de Kara.
- Vulnérable ? Toi ? sourit-elle. Qu'est-ce que je devrais dire alors. S'il faut prendre ses jambes à son cou j'suis foutue. A priori, du moins, nuança la scientifique afin d'amener ce qu'elle voulait réellement transmettre à Kara. Mais j'ai des ressources et tu en as aussi. Tu en avais d'autres, des additionnelles, quand tu portais ton costume mais ce n'est pas le costume qui a fait le gros du travail, c'est toi. Il t'a juste aidé. A terme il aurait pu être plus dangereux que bénéfique, si on y réfléchit. A trop se croire invulnérable on en vient à commettre des erreurs, se mettre inutilement en danger voire... pire. Mais toi, Kara, tu as conscience de tes limites et avec un peu de réflexion tu peux les tourner à ton avantage. Tu sais, le courage parfois c'est aussi savoir prendre la fuite. Ca sert à rien quelqu'un qui se sent invulnérable et qui est mort.
C'était probablement inutile qu'elle précise qu'elle ne se sentait pas invulnérable. C'aurait été enfoncer des portes ouvertes et Honey n'aimait pas s'épancher sur des évidences. De son point de vue, c'était une perte de temps. Et puis, qui voulait entendre parler des insécurités d'une handicapée ? La plupart des gens considéraient déjà que les gens comme elle ne pouvaient qu'en avoir.
Il avait été plus utile de parler d'un potentiel retour, même si c'était seulement pour dire que ce n'était pas à l'ordre du jour. Bien sûr, cela signifiait aussi parler de Michel-Ange alors que Kara avait annoncé la couleur dès le départ : elle voulait des infos, des potins, du croustillant, bref, quelque chose à se mettre sous la dent le concernant. Les concernant, plutôt.
Honey s'était doutée qu'elle n'y échapperait pas éternellement. Elle accueillit donc son retour sur le devant de la scène avec un sourire et des joues roses.
- Eh bien... Je pense qu'on peut dire que Michel-Ange et moi sortons ensemble. Mais je ne pense pas que ça te surprendra beaucoup de l'apprendre. Avant tu as demandé, et je cite, si je passais Noël "avec mon compagnon". Qu'est-ce que je dois comprendre ? Que tu nous as vus ou que tu m'espionnes ? demanda-t-elle avec espièglerie. Je ne pense pas cela dit qu'on fêtera Noël ensemble. C'est sans doute trop tôt et puis il vient de gagner les élections, c'est pas rien. Désolée, je ne sais pas trop si je suis douée pour les potins. Sans doute que non, constata la jeune femme. Cela dit, en fait nous nous connaissons depuis mon arrivée ou c'est tout comme.

La science ne le prouvait pas réellement, du moins, pas dans ces termes, mais chaque être humain avait en lui une part plus sombre, une potentialité plus ou moins intense pour se tourner vers ce que les fans de Star Wars appelaient "le côté obscur de la Force". Cependant, ces mêmes êtres qui, par leur humanité, étaient plus ou moins susceptibles de sombre, avaient aussi en eux la force nécessaire pour ne pas le faire. S'il y avait une chose que la science pouvait prouver, c'était qu'un individu avait autant de qualités que de défauts. En fin de compte, il n'appartenait qu'à chacun de faire les bons choix le plus souvent possible.
Honey connaissait Kara, elle savait ce qu'elle valait. Elle la savait plus forte qu'elle n'avait l'air de le penser. Elle avait donc confiance. En fin de compte, c'était probablement mieux de rester sur le sujet plus personnel - pour la chimiste du moins - qu'était sa vie sentimentale. A en juger par le petit sourire en coin de Kara, ça l'intéressait suffisamment pour la détourner de ses angoisses. Pas étonnant qu'elle soit journaliste avec autant de curiosité !
- D'accord, d'accord, je vais répondre à tes questions mais à une condition : ça ne finit par dans le magazine people local ! plaisanta Honey. Enfin... s'il y en a un.. Je ne sais pas en fait. Ai-je envie de savoir ? Sans doute que non. Breeef, se reprit la jeune femme en cessant de se parler à elle-même. "Comment je l'ai trouvé", donc. Vaste question. Je l'ai trouvé fascinant et très touchant. Adorable. Beau garçon, aussi. Enfin, j'ai fini par m'en rendre compte, ce n'est pas réellement un critère qui a primé, nous étions seulement amis. Et maintenant... on est plus que ça et c'est top ! Je pensais pas que ça arriverait si vite ni même que je sortirai avec le maire de la ville ! J'ai jamais fait partie des gens populaires en plus. Et toi ? Tu as quelqu'un ?
La jeune femme lui décocha un clin d'oeil? Y avait pas de raison qu'elle soit la seule à se confier sur le sujet !

J’étais journaliste dans l’âme, je crois. Après que nous aillons bavarder sur plusieurs choses, je finis par parler à Honey de son petit ami. J’avais des yeux et des oreilles, je l’avais vu rougir quand je l’avais sous-entendu et je l’avais vu aussi. Un sourire naquit sur mon visage lorsqu’elle accepta de me parler de lui.

« Promis ! » dis-je en levant la main droite avec un sourire.

Nous n’étions pas devant la cour suprême mais elle pouvait me faire confiance, je n’irais rien raconter, c’était entre elle et moi et rien de plus. Je souris en l’entendant me parler de Michel-Ange, elle était vraiment sincère dans ses propos, et je sentais qu’elle l’aimait.

« Madame la première dame. » lui dis-je en lui faisant un clin d’oeil.

Mais mon sourire disparu bien vite lorsqu’elle me demande si j’avais quelqu’un. Je me mords la lèvre inférieure avant d’hausser les épaules.

« J’avais quelqu’un mais c’était trop compliqué. Je crois que j’ai été trop sincère avec lui. Enfin je sais pas, je le trouvais très gentil, je ressentais véritablement quelque chose pour lui mais je ne sais pas…Il est parti sans rien me dire. Je t’avoue que ça m’a beaucoup chagrinée mais bon, au fond, je suis jamais toute seule. » lui dis-je avec un sourire « et au fait, il n’y a pas vraiment de magasine People à Storybrooke. Sinon je serais la première à le savoir. » lui dis-je en riant « non plus sérieusement, c’est vrai ? T’as jamais fait partie des gens populaires ?! J’aurais cru pourtant. Moi dans notre monde, à Toonville, les gens m’aimaient pas beaucoup. » déclarais-je « Je t’ai déjà dit que j’étais un lapin dans notre monde ? »

Honey n'avait jamais cherché à porter un titre. Elle avait cherché la reconnaissance de ses pairs et elle l'avait déjà trouvée, en dépit de son jeune âge. Indubitablement, être un génie aidait à gagner des années, sinon des décennies car le cerveau assimilait les informations plus rapidement, plus durablement et aussi parce qu'il ne raisonnait pas forcément comme celui du commun des mortels.
Cela dit, on n'avait pas besoin de ça pour être brillant et Kara en était la preuve vivante, parmi d'autres. Quant à Honey, elle s'accommoderait à ce titre de "première dame" si d'aventure il venait à être utilisé de façon officielle...
... Dans ces cas-là, il faudrait qu'elle évite de poser les questions qui mettraient ses interlocuteurs mal à l'aise, visiblement.
Kara n'était, en effet, pas la seule bonne observatrice, c'est ainsi que Honey nota le changement de son attitude et prit à son tour un air plus grave. Elle l'écouta avec toute son attention, si bien que ses cils ne battaient presque plus pour nettoyer ses yeux alors même que cela ne rendait pas son écoute plus pertinente.
Hochant la tête, la jeune femme enregistrait les données communiquées par Kara avec précision et méthode. Ce sentiment d'incompréhension mélancolique ne lui était pas étranger, malheureusement, mais elle était contente de voir poindre la résilience dans le sourire et la tentative d'humour de Kara. Ca, c'était un signe excellent quant à sa santé mentale !... Si on omettait cette histoire de lapin, sans doute.
C'était toujours encore un peu (beaucoup) difficile pour l'esprit cartésien de Honey d'assimiler ces choses invraisemblables, qu'aucune science n'expliquait et que personne ne réfutait par ici. On pouvait dire ce qu'on voulait, notamment sur son passé et les gens le croyaient, purement et simplement. Pour sûr, Honey n'avait pas n'aurait sans doute jamais la "mentalité de conte de fées" des autres. De son point de vue, "tais-toi c'est magique" n'était pas un argument recevable.
Mais les faits étaient là, sous ses yeux, de plus en plus souvent. Il fallait bien qu'elle s'y fasse, d'une façon ou d'une autre, avant de finir totalement inadaptée à sa société. Ce qui était hors de question.
Comme Kara avait parlé le cœur à nu, Honey décida de faire de même. Il lui fallut cependant quelques instants afin de rassembler ses idées pour les exposer de façon ordonnée mais pas trop scientifique :
- Les gens changent. Ils évoluent, les situations aussi. On croit souvent à tort qu'une évolution est nécessairement positive mais ce n'est pas le cas. Le dictionnaire définit l'évolution ainsi : "le passage progressif d'un état à un autre". Je suis désolée que l'évolution de votre relation ne se soit pas faite selon tes plans. Mais si ça peut te rassurer, ça m'est arrivé aussi et ça arrive à tout le monde.
Honey marqua une pause avant de poursuivre :
- Je ne vais pas te dire que garçon te regrettera parce que je n'ai aucune preuve pour m'avancer là-dessus mais ce que je peux te dire c'est que tu es une personne aimable, digne d'être aimée, et que j'ai confiance en ta capacité à trouver la bonne personne... Ou alors c'est elle qui te trouvera, ajouta la chimiste avec un clin d'œil.
Après tout, c'était Michel-Ange qui l'avait trouvée...
- Je pensais que mon premier copain sera le dernier parce que nous nous ressemblions beaucoup et que c'était vraiment génial mais les choses se sont passées différemment. En fin de compte, j'y crois peut-être un peu, aux contes de fées, dit-elle en souriant. Enfin bref. Avant lui... Oh j'étais bien trop bizarre pour être populaire. En fait, j'étais harcelée à l'école jusqu'à mes 13 ans, ensuite j'ai intégré la SFIT et les choses allaient mieux. J'étais dans mon élément, entourée de personnes plus âgées que moi - je suis surdouée, j'ai sauté des classes, précisa inutilement la scientifique.
Et comme ça faisait un moment qu'elle parlait d'elle-même et qu'un détail l'avait fortement interpellée, Honey embraya soudain sur totalement autre chose. D'un air taquin, elle demanda :
- Et donc tu es une lapine qui partage sa tête avec sa sœur ? Il y a d'autres détails fous que je dois connaitre ?

Il était une...non, c'est pas

karey comme ça

« Tu as sans doute raison oui, et sans doute que ça changera à nouveau. » dis-je avec un sourire.

J’aimais bien Honey et j’adorais aussi le positivisme de la blonde. Elle me comprenait vraiment, elle savait même trouver les mots pour me rassurer. Je l’écoutais avec attention, parce que ça me plaisait vraiment de me dire qu’elle était un dictionnaire à elle seule, et c’était même marrant. Je me mords la lèvre inférieure lorsqu’elle me dit que j’allais trouver quelqu’un de bien, au moment où ce serait venu. Je lui souris.

« On verra bien ce qui se passera, peut être que je trouverais quelqu’un de bien oui. » lui dis-je avec un sourire.

Je l’espérais en tout cas mais dans ce cas là, il faudrait que je trouve quelqu’un qui accepte le cas Lucy et ça, c’était un peu plus compliqué. Je m’humecta les lèvres avant de finalement reprendre la parole.

« Bon après, faut que je trouve quelqu’un qui accepte le cas Lucy. » dis-je avec un léger sourire.

Nous en vînmes finalement à parler de Michel-Ange et aussi du fait qu’elle n’était pas populaire quand elle était plus jeune. J’appris qu’elle était harcelée à l’école. La pauvre. Quoi que j’avais vécue un peu la même chose, ça n’avait jamais été bien drôle ma vie à Toonville, j’avais été heureuse quand Oswald m’avait emmenée bien loin de cette fichue ville. Elle avait sauté des classes, surdouées ? Je le savais ça. Je lui souris sans rien dire de plus.

Je ris légèrement avant de reprendre la parole.

« Oui voilà, tu as suivi. » lui dis-je avec un sourire avant de reprendre la parole « Eh bien, mise à part le fait que je partage ma tête avec ma soeur et que j’étais une lapine dans notre monde, je ne sais pas ce que je pourrais te dire de plus fou…ah si, je suis aussi une super héroïne mais ça tu le sais. » dis-je avec un sourire « mais toi alors ? Je me rends compte qu’on n’en sait peu l’une sur l’autre quand même. »

J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...

Pando

Honey ne percevait pas Lucy comme un cas, plutôt comme une particularité mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne comprenait pas les craintes de Kara. Elle-même avait trouvé chaussure à son pied en étant en fauteuil, alors que le handicap était rarement ce qu'on recherchait chez son compagnon de vie. Il fallait simplement croire que certaines personnes étaient plus ouvertes d'esprit et bienveillantes que d'autres et que les sentiments faisaient le reste.
- Si Lucy ne me dérange pas, même si nous n'entretenons pas de relation amoureuse, cela veut dire qu'il y a d'autres personnes dans ce monde qui l'accepteront. Je ne peux pas croire que je sois particulièrement exceptionnelle à ce sujet, plaisanta Honey pour détendre l'atmosphère.
Il y avait peu de choses qu'elle n'aimait pas ou trouvait sans intérêt, mais les tensions en faisaient partie. La scientifique n'aimait pas non plus parler d'elle, préférant partager ses recherches et ses savoirs qu'elle estimait bien plus intéressants que sa vie en tant qu'individu. Mais quoique parfois légèrement inadaptée socialement, Honey savait qu'elle ne pouvait pas non plus y couper, d'autant plus dans une conversation amicale comme celle-ci.
- Oh tu sais, avoua-t-elle néanmoins, ça ne m'aurait pas dérangée de parler de toi. Je ne sais jamais quoi raconter quand on me demande des nouvelles générales. Ce que je peux dire c'est que je continue mes recherches tout en enseignant à la faculté. C'est passionnant et gratifiant. Mais en principe ça n'intéresse que mes collègues, certains de mes étudiants, les autres Nouveaux Héros et...
Honey n'eut pas le temps de finir sa phrase. Un imposant gaillard à la coupe afro lui coupa l'herbe sous le pied.
- Là, je pense que c'était le moment où Honey allait dire "les Nouveaux Héros ne sont rien sans Wasabi et son respect millimétré des règlements" et encore une fois elle aurait eu parfaitement raison mais je l'ai interrompue avant qu'elle ne puisse avoir raison.
- En fait j'allais qu'en dehors de vous et mes élèves, peu de personnes voire pas du tout apprécient quand je parle de science mais oui, indéniablement tu es un élément pilier de notre association. J'allais aussi dire à Kara que je ne sais pas trop si je fais encore partie de la team de héros. Je ne suis pas venue pour récupérer Tadashi.... Mais pardon, je manque à mes devoirs. Kara, voici Wasabi, mon meilleur ami.

Il était une...non, c'est pas

karey comme ça

« Tu as sans doute raison, il suffit que je réussisse à gérer ma soeur et le reste devrais aller. » dis-je avec un sourire avant de reprendre « suffit juste que je dise pas mon secret au premier rendez-vous! » avouais-je en riant.

J’étais heureuse de passer du temps avec Honey, vraiment, elle me faisait rire et puis elle avait toujours le mot juste, c’était sans doute iné chez elle, je ne sais pas trop mais voilà à présent que nous en venons à parler de mon passé en tant que lapine, bien que je n’aime pas trop parler de cette période, ce n’était pas un instant clé de ma vie, sauf quand Oswald m’a emmenée, j’ai vraiment découvert la joie du monde, c’était quelque chose qui m’était impossible à Toonville, alors là, j’avoue que j’étais plus qu’heureuse.

Je pose mon regard sur Honey et lui souris lorsqu’elle me dit qu’elle apprécie parler de moi. Je voyais bien qu’elle était dérangée de parler d’elle mais moi, j’avais envie, je voulais en apprendre plus sur elle, et puis je n’appréciais pas trop parler de moi non plus. Surtout depuis l’arrivée de ma charmante soeur au fond de ma tête, qui parfois me donner la migraine.

« C’est… »

Je fut coupé par l’arrivée d’un ami à Honey. J’étais ravie. Je ne les connaissais pas, enfin si j’en connaissais certains mais beaucoup m’était encore inconnus, donc j’étais heureuse de faire la connaissance de Wasabi qui ne tarda pas à se présenter d’ailleurs, enfin qui le fut surtout par Honey. Je souris à Wasabi.

« Enchantée de te rencontrer ! » énonçais-je avant de reprendre à l’intention d’Honey « Tu es une héroïne, tu le seras toujours, tu n’as pas à douter de ça, que tu ai deux jambes valides ou des roues, tu seras une héroïne jusqu’à la fin de ta vie ! Crois-en Supergirl. » dis-je avec un clin d’oeil. Je tourne mon regard vers Wasabi « De toute façon, comme tu me l’as si bien Honey, on a pas besoin d’un super costume pour être un super héros, parfois être scientifique, ça suffit ! » dis-je simplement « N’est-ce-pas Wasabi ? »

J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...

Pando

Honey avait un rire franc qui se répercutait bruyamment dans l'espace. Elle n'était pas exubérante, mais ne connaissait pas la demi mesure quand il s'agissait d'exprimer ses émotions ce qui était peut-être un peu paradoxal de la part d'une femme aussi cartésienne qu'elle était probablement lié à son insatiable joie de vivre. En l'occurrence, Kara ne pouvait pas douter de l'avoir amusée juste avant l'arrivée de son meilleur ami, au moins tout aussi expansif que la chimiste. C'était d'ailleurs en partie ce qui les rapprochait, bien que Wasabi soit plus prudent que Honey ne le serait jamais. C'était la combinaison de sa prudence exacerbée mêlée de panique et de l'enthousiasme inconscient de Honey qui faisait de leur relation quelque chose de spécial.
Parce qu'il aimait faire les présentations dans les règles, d'ailleurs, quoi qu'il faille faire, Wasabi le faisait toujours dans les règles, il serra vigoureusement la main de Kara. Sans doute un peu trop fort, d'ailleurs.
- Les amis de Honey sont mes amis, déclara-t-il de sa voix grave. Sauf si ce sont de dangereux psychopathes, auquel cas non seulement ils ne sont plus mes amis, mais ils ne sont plus non plus les siens. Mais toi, t'as l'air cool, assura Wasabi dans un sourire plein de dents blanches.
Honey ne réagit pas, du moins pas verbalement. Car son expression était on ne peut plus claire.
Puis elle adressa un sourire touché à Kara. Décidément, elle apprenait vite ! Elle s'était déjà approprié les conseils qu'elle lui avait donné seulement quelques minutes plus tôt pour les renvoyer à l'envoyeur. Seulement, les choses n'étaient pas aussi simples.
- Une héroïne de la science très certainement, enchaîna Honey.
- Assurément, renchérit Wasabi avec conviction.
- Mais je n'ai pas envie de sauver le monde en combattant de grands méchants, poursuivit la chimiste qui avait envie d'être sincère.
- Tu as raison, c'est beaucoup moins dangereux d'être au labo. Sauf quand tu le fais sauter, nuança Wasabi avec un faux air de reproche auquel Honey renvoya un grand sourire innocent. On se rend pas compte, poursuivit l'immense jeune homme, mais les super vilains n'ont rien à carré des limitations de vitesse et je ne te parle même pas de la priorité à droite ! C'est scandaleux, annonça-t-il en croisant le regard de Kara pour espérer obtenir son approbation.
- Je crois que s'ils respectaient le code de la route on ne les appellerait sans doute pas des super vilains, intervint Honey, presque à voix basse, en coulant un regard entendu et amusé à son amie. Mais ce que je voulais dire c'est que... ça m'a beaucoup culpabilisée d'être en retrait du sauvetage de Tadashi. C'était plus qu'un ami, avant. Et... si on ne sauve pas ses propres amis, est-on véritablement un héros ? Ca va au-delà de ce que peuvent ou ne peuvent pas accomplir mes jambes. Dans mon fauteuil je peux aller plus vite qu'un humain ordinaire en train de courir - Wasabi insiste même pour que je porte un casque quand je file pleins gaz.
- Ce qu'elle rechigne à faire, crut bon de préciser l'intéressé.
- Donc il a cette culpabilité, enchaîna Honey, mais il y a aussi le fait que tout ce que je voulais à la base c'était mener mes expériences dans mon labo. Permettre aux Hommes de mieux comprendre comment notre Univers fonctionne, peut-être être à l'origine de découvertes ou de progrès qui changeraient ou sauveraient le monde mais pas aller au combat. Indépendamment du danger, ça ne me fait pas peur. J'ai de toute façon un costume : a blouse de chimiste, conclut la blondinette avec un air espiègle qui désamorçait en grande partie le sérieux de son discours.