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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Resistance [Eurus]

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Sherlock Holmes
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Sherlock Holmes

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________________________________________ 2018-12-20, 10:28


Resistance
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- Johnny, tu ne devrais pas être ici… Va t-en… J’en aime un autre que toi. C’est mieux ainsi.

- Mais mon amour… Je n’ai d’yeux que pour toi, si la terre était du papier et l’océan de l’encre je n’en n’aurai jamais assez pour te dire que je t’aime…
- Pars… Ne reviens jamais Johnny…
- Comment ? Que fait-il ici ?
- Bryan ! Tu ne devais pas rentré si tôt…
- J’ai eu un peu d’avance… Alors c’est toi, l’homme qui fait chavirer le coeur de ma femme…


Avachit dans le canapé, d’immenses cernes sous les yeux, le teint pâle et blafard, Sherlock regardait la télévision. Le regard perdu dans le vide, sa main vint gratter son torse dans un bruit souple. Son pyjama raillé était un peu sale, comme ses cheveux, et surtout comme l’appartement. Les rideaux et les volets étaient tirés, et le seul rayon de lumière venait de la cheminée et de la télévision. Fixant l’écran sans vraiment le regarder, Sherlock se mit à crier :

« Mais dit le lui Johnny ! Dit lui qu’elle te mérite plus que lui ! »


Soudain, on frappa à la porte. La tête de Sherlock pivota instinctivement vers cette dernière, et il prononça d’un air nonchalant :

« Le Bureau de Sherlock Holmes est ouvert le lundi de 8h30 à 8h34. Veuillez vous adresser à la concurrence, surtout si c’est pour retrouver votre chat égaré. »


Toujours sans bouger d’un pouce, il monta un peu plus le volume de la télévision. Plissant des yeux pour se concentrer à sa tâche.

- Très bien, Anita. C’est lui ou moi. Choisis.

- Mais… Mon coeur balance…


« S’il n’y avait que ça. »


Les coups s’intensifièrent. Sherlock tourna à nouveau la tête. Grognant comme un ronchon, il regarda par le judas et soupira. De l’autre côté de la porte, Mycroft fixait cette dernière avec intensité.

« Sherlock n’est pas là, il est parti faire un criquet. »


Mycroft roula des yeux et appuya sur la porte avec son parapluie.

« Ne me prends pas pour un imbécile Sherlock. Ouvre cette porte. »


D’un coup sec, Sherlock ouvrit la porte. Une odeur nauséabonde de nourriture, de sueur, et de renfermé fit aussitôt pincer le nez de Mycroft. Alors, sans prévenir, il rentra dans l’appartement de sa démarche impériale et se dirigea aussitôt vers la fenêtre. Sans cérémonie, il ouvrit les rideaux, puis les volets pour laisser rentrer l’air frais et pur du matin. Sherlock plissa des yeux et se vêtit immédiatement de son peignoir « Venice Hôtel » pour ne pas avoir froid.

« Tu n’as pas mieux à faire que de venir déranger les honnêtes gens qui regarde la télévision. »


Mycroft tourna la tête vers la télé, puis roula des yeux en soupirant.

« Tu as recommencé c’est ça ? »


Tournant la tête ; piqué au vif, Sherlock se contenta de s’asseoir dans son fauteuil, mettant des grandes jambes sur ce dernier en position foetale et fixant Mycroft d’un air assassin.

« Tu sais très bien que j’adore les télénovelas. »


De son parapluie, Mycroft éteignit le téléviseur avec toute la classe qui s’imposait à lui. Dans son autre main, il avait un dossier. Il le posa sur la table basse d’un geste sec et pinça des lèvres d’un signe dédaigneux.

« Il est temps pour Sherlock Holmes de reprendre du service. »


Les yeux de Sherlock, bien qu’extrêmement fatigué bougèrent extrêmement vite et analysèrent instantanément le dossier poser sur la table, puis son frère. Sans sourire, et comme un robot, il déclara :

« Pourquoi tu es triste, Mycroft ? »


Son frère haussa les sourcils dans une parfaite expression de surprise. Dans le Monde des Sorciers, il aurait fait un excellent Occlumens.

« Pardon ? »


« Ta pochette. Sur ton costume. Elle a bougé. Ca veut dire que soit tu as pleuré, soit tu t’en es servi pour essuyer des empruntes. Etant donné l’heure, et mes sources, je sais que tu es en congé. Donc tu es triste et tu t’en es servi pour essuyer du liquide lacrymal. La dernière fois qu’elle a bougé comme ça, c’était pour l’enterrement de Mamie Notos. »


Mycroft ouvrit la bouche un instant, puis la referma. Sa mâchoire se crispa étrangement et finalement, il poursuivit :

« Disons que moi aussi, j’ai un faible pour les télénovelas. Bien, je ne suis pas là pour ça, regarde le dossier. »


Mais Sherlock ne bougea pas d’un pouce, il continua de fixer son frère d’un air acide, froid et mauvais.

« Va t’en. »


Mycroft fronça les sourcils, réellement surpris. Ce n’était pas de la taquinerie habituelle de la part de Sherlock. C’était réellement méchant, et une demande express de sortir du 221B. Mycroft voulut parler, ouvrir la bouche, mais Sherlock fut beaucoup plus rapide.

« Tu viens ici pour deux choses. La première, vérifier si je n’ai pas eu une information que tu possèdes. La deuxième, c’est pour voir si cette dernière m’a également affecté. Si tu ne veux pas en parler, et simplement venir jouer les grands frères protecteurs, alors pars. Je n’en ai pas réellement besoin. »


Sans cérémonie, Mycroft traversa l’appartement, et, arrivé à la porte, il se contenta de dire d’une voix un peu lointaine :

« Il y a des choses qui ne changeront donc jamais. Mais soit. On se revoit à Noël. Tu sais comme Papa et Maman sont quand ils comprennent que nous nous sommes disputés. Fais comme d’habitude. Et jette un coup d’oeil au dossier, je suis sûr qu’il te plaira, mon très cher frère. »


Puis, sans rien ajouter, il partit. Sherlock resta dans la même position. Son regard se porta immédiatement sur le dossier portant le nom d’ « Isaac Ormebrun ». Alors, sous l’impulsion de la colère, il se saisit du dossier, et dans une rage non contenue et véritable, il jeta le dossier au feu d’un geste sec, sans regarder ce qu’il y avait à l’intérieur. Sa main se porta ensuite sur son smartphone. Rédigeant un texto pour sa sœur, il tapota extrêmement vite.

« Demain, 7h30, dans mon appartement. Seule. Urgent. SH »


Puis, il jeta son téléphone dans le divan, passa ses longs doigts fins sur son visage et sortit de son état catatonique. Une douche, des vêtements propres et du ménage s’imposa alors à lui. Le mois de Novembre avait tourné sans Sherlock Holmes, et visiblement, ça ne marchait pas sans lui.

Le lendemain 7h29, et 37 secondes.


Assis dans son fauteuil, vêtu de ses habituelles vêtements, à savoir un costume noir sans cravate, Sherlock fixait la porte d’entrée. Tapotant sur l’accoudoir de son fauteuil, ses yeux fixait la porte avec intensité. Elle n’était jamais en retard, elle n’était jamais en avance. Fixant l’horloge semblable à celle de Kings Cross Station, elle arriva à l’heure fatidique.

« Entre. »


L’odeur était différente, c’était un mélange de cuir, de livre et d’alcool chimique. Tout avait repris sa place dans l’appartement, comme à ses débuts dans le monde des contes. Sherlock était de retour, et peut être pour une des plus grandes affaires de sa vie. Car après tout, l’essentiel est invisible pour les yeux. Et la Famille, même chez les Holmes, c’était essentielle.




Eurus J. Holmes
« Good and bad are fairytales. »

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"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"

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"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."

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| Conte : Sherlock Holmes
| Dans le monde des contes, je suis : : Eurus, la soeur de Sherlock

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________________________________________ 2018-12-26, 14:04 « Good and bad are fairytales. »


We know what we are, but know not what we may be.

C'était toujours amusant de recevoir un texto de Sherlock alors qu'il habitait deux étages plus bas. Le premier sms que j'avais de lui depuis mon retour, alors que ça faisait plus d'un mois que j'étais revenue de Magrathea. Nous fonctionnions ainsi dans la famille Holmes : pas trop de contacts, pas trop de rapprochements. A croire que l'affection était à craindre comme une maladie honteuse.

Il fallait toujours que mon frère dramatise. Que lui arrivait-il, cette fois ? J'avais spéculé une bonne partie de la soirée, après réception du sms. Une crise d'hémorroïdes ? Une enquête sur laquelle il se cassait les dents ? Une affaire de coeur ? Un mélange des trois ?

"Il se sent sûrement seul."
avait supposé Frank tout en regardant Cauchemar en Cuisine à la télévision. "C'est le fléau de pratiquement toutes les espèces de l'univers. On a tous besoin de réconfort et de léchouilles. Je pourrais aller le lécher quelque part. Ca lui ferait sûrement du bien."

Il avait passé la langue sur ses babines afin d'appuyer sa proposition, tandis que j'avais grimacé un sourire.

"Je ne pense pas que ta bave l'aiderait beaucoup. Il n'est pas du genre tactile, sauf si tu t'appelles Balthazar ou Kida."

"Je peux changer de nom, c'est pas un problème. Tu crois que je m'appelle Frank, à la base ?"

Je m'étais contentée de lever les yeux au ciel en le grattouillant derrière l'oreille. Ce toutou possédait bon nombre de secrets que je ne souhaitais pas connaître, car on a tous besoin de garder une part de mystère aux yeux des autres.


Le lendemain matin.

En entendant le réveil sonner, j'avais maudit Sherlock. Quelle idée de me sortir du lit si tôt ! J'étais certaine qu'il l'avait fait exprès. Soupçonnait-il quelque chose ? C'était fort probable. Un frisson parcourut mon échine à cette idée. Je pensais ne pas avoir peur le moment venu. Pourtant, il est des émotions impossibles à contrôler. Je repoussai mes craintes en même temps que la couverture et me levai. Tout d'abord, je perdis l'équilibre, comme tous les matins. Je me ramassai sur le plancher. Fort heureusement, j'avais prévu ce cas de figure, depuis le temps : j'avais disposé plusieurs coussins sur le sol, en bas du lit. Je grommelai et frottai mes yeux. Soulevant les paupières, je fus gênée une fois de plus par ma vision diminuée. A chaque fois, quittant le monde du sommeil, il fallait le temps de s'adapter.

Frank me fit la fête, ce qui m'encourageait à chaque fois à prendre sur moi et à voir la vie du bon côté.

"Il va falloir que tu ailles faire ta promenade seul, ce matin."
fis-je en massant mon front.

"Pas de prob', Louloute ! Mais... ça a l'air pire que d'habitude."

Il me lança un regard abattu et compatissant. Je haussai les épaules.

"Aux grands maux, les grands remèdes."
répliquai-je en haussant les épaules.

Je m'efforçais de paraître désinvolte alors qu'un marteau-piqueur avait élu domicile à l'intérieur de ma tête. Pour dormir un tant soit peu, je prenais des médicaments. Pour que la journée se déroule convenablement, j'en prenais d'autres. La pieuvre avait fini par quitter mon corps et mon esprit, ne supportant plus toutes les drogues que j'absorbais. Je ne lui en voulais pas. Si les rôles avaient été inversé, j'aurais fait pareil.

Vingt minutes plus tard, je me trouvais devant la porte de Sherlock, douchée, habillée et pomponnée. J'avais seulement caché mes cernes et mis du blush pour avoir bonne mine. Quant aux vêtements, j'avais enfilé un pantalon à carreaux bleu marine ainsi qu'un sweat-shirt "Magrathea Forever". Je n'avais pas attaché mes cheveux. En gros, j'avais fait le minimum.

A l'heure pile, je pénétrai dans l'appartement fraîchement rangé et nettoyé. Rien ne m'échappait. L'odeur était trop "lisse", trop aseptisée.

"Tu as masqué les preuves de ton apathie." notai-je au bout de quelques secondes seulement.

Je passai l'index contre l'âtre impeccable de la cheminée et esquissai une moue préoccupée.

"Pourquoi fais-tu semblant d'être le plus cool des Holmes ? Nous avons tous des faiblesses, mon frère. Mais c'est vrai que dans notre fratrie, il faut être absolument le moins humain possible."

Elle posa enfin les yeux sur lui. Il avait les traits tirés, soucieux. Il cherchait à faire son grand mystérieux assis dans son fauteuil.

Je retournai jusqu'à la porte pour la refermer, posant ma main tout contre. A cet instant, une impression froide et distante s'empara de moi. Brièvement, je perçus une silhouette familière dans mon esprit, ainsi qu'une odeur d'eau de toilette pour homme coûteuse. Le flash s'évapora aussi vite qu'il était venu et je me mordis les lèvres.

"Ca fait toujours plaisir d'apprendre que Mycroft est passé et qu'il n'a pas jugé utile de me voir."
déclarai-je, faussement désinvolte, le visage fermé.

Notre dernière entrevue remontait au jour de mon retour sur Terre, dans la ruelle, entourée par ses sbires. Il y avait mieux comme expérience familiale.

"De toutes façons, on sait tous que tu as toujours été son préféré."
ajoutai-je d'un ton mielleux tout en regardant Sherlock avec un grand faux sourire. "Bon, alors que se passe-t-il ? J'ai plusieurs théories mais je peux déjà en supprimer une : puisque tu es assis, je suppose que ton postérieur se porte très bien. Par conséquent..."

Mutine, je sortis un petit calepin de la poche ventrale de mon sweat-shirt, enlevai le crayon de bois accroché dessus et rayai la mention "hémorroïdes" de la liste des potentiels ennuis de mon frère. Il restait encore énormément d'autres théories, mais s'il se montrait coopératif, avec un peu de chance, tout serait résolu avant midi.
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________________________________________ 2018-12-27, 13:23


Resistance
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Penchant la tête sur le côté, Sherlock analysa rapidement sa sœur. Quelque chose avait changé au niveau des plissures de ses vêtements. Ils étaient moins chaotique, signe visible que Frank était moins agité. C’était très étrange d’ailleurs, car si il n’avait pas remarqué qu’elle avait des poils de ce dernier sur les habits, il aurait pu songer un instant qu’elle s’en était séparée. Fermant les yeux, il marmonna quelques paroles semblables à une incantation. On aurait pu le prendre pour un fou, mais elle savait simplement qu’il essayait de se remémorer des souvenirs en même temps qu’il pensait à l’instant présent. Finalement, Sherlock ouvrit les yeux, ses doigts longs et fins devant lui et déclara :

« Peut être simplement parce que, je suis le meilleur d’entre nous. »


Roulant des yeux quand elle annonça qu’il était le préféré de Mycroft, il roula des yeux et sourit sadiquement en coin. Quand ses yeux bleus eurent fait un tour complet, c’est vers la cheminée qui se fixèrent.

« Bien évidemment, c’est toujours Sherlock, le préféré de la famille. A tel point que lorsque j’ai disparu, il n’a pas jugé bon de remué le petit doigt. Alors que pour toi, le mois dernier, il a remué ciel et terre. Mais ne faisons pas de lui le sujet principal de notre conversation, il aimerait bien trop cela. »


Se levant, Sherlock se saisit du tisonnier, pour retourner la bûche et raviver le brasier. Lui offrant son postérieur, on pouvait voir qu’il était parfait. Arrondi et en bonne santé. Fronçant toujours les sourcils en contemplant les braises, il ajouta :

« Qu’est ce que tu me caches ? Tu sais très bien que les secrets ne le sont jamais bien longtemps avec moi. Ca m’épargnerait une perte de Temps considérable si tu me disais ce qui cloche avec toi. Tu veux que je t’examine ? »


Il s’était tourné, d’un air adouci. Ses pitreries et son ton cassant avait disparu. Même s’il n’exerçait que très rarement, il en savait suffisamment sur le corps humain pour aider sa sœur. Ou pas. Si elle n’était pas arrivé à soigner le maux, quelque que soit ce dernier, alors lui aussi échouerait. Première erreur de la journée.

« Laisse tomber. Je retire ce que j’ai dit. Fais comme tu veux, après tout, tu es maître de ton destin... »


Agitant les braises pour augmenter la température, on frappa à la porte. Levant la main pour faire signe d’entrée, il ajouta le mot à la parole d’un air vague et las. Cette dernière s’ouvrit à la volée, et un ouvrier à l’accent irlandais le fixa. Il tenait une vieille casquette d’ouvrier dans la main et semblait nerveux.

« Oh, je dérange. »


Sherlock tourna sa silhouette d’un air vif vers l’homme d’une quarantaine d’année. Le regardant de pied en cape, il soupira et reporta à nouveau son intention à la cheminée.

« Inutile. Le problème est résolu. Vous venez car vous voulez savoir si votre femme vous trompe. Vous avez des traces de boues de l’intégralité des sols de Storybrooke sous vos chaussures. D’ailleurs, essuyez vous les pieds la prochaine fois. Vous buvez pour essayer d’oublier cette idée qui vous trotte dans la tête depuis plusieurs mois. On peut le voir au tissu abîmé sur vos deux coudes, signe d’une présence un peu trop accrue sur les comptoirs. Et vous avez des tâches de whisky au niveau de votre col de chemise. Quand on en verse à cet endroit là, c’est qu’on boit jusqu’à perdre la raison. Vous avez encore gardé votre alliance, mais elle a bougé de quelques millimètres, signe que vous en doutez quand même, et que ce n’est pas une certitude. Vous êtes simplement désespéré. Rassurez vous, Monsieur Finsh, votre mariage tient la route. Enfin, sauf si vous continuez à fréquenter les bars plutôt que prendre soin d’elle. Comment je sais votre nom et tout cela ? Simple. Elle est passée avant-hier pour la même raison. Communiquez un peu plus, buvez un peu moins, et faites moi gagner un temps précieux. Vous connaissez la sortie. »


Sans se retourner, il put sentir la mâchoire de l’homme lui tomber. Finalement, il entendit simplement un pâle :

« Euh… Bah… Merci… Combien je vous dois ? »


Sherlock leva le tisonnier, toujours de dos et menaçant.

« 3 minutes et 43 secondes de mon Temps. »


Pour toute réponse, l’homme sortit, fronçant les sourcils un sourire en coin passa sur les lèvres de Sherlock. Au vu de la vitesse à laquelle il avait déguerpi, il était plutôt joyeux. Encore une bonne action d’effectuée. Comme un toque, Sherlock attisa les braises à nouveau.

« Il n’y a que de ça depuis des mois. Des affaires banales. Fades. Je me demande si quelqu’un n’essaie pas de me jouer un tour en me doublant sur certaines affaires... »


Les flammes s’activèrent dans l’âtre et le visage d’Arsène Lupin apparu dans ses dernières. De manière fictive bien évidemment. En fait, depuis son retour, il l’obsédait. Posant le tisonnier, Sherlock se dirigea vers la table basse et commença à fouiller dans une pile de courrier. S’asseyant, il en ouvrit environ une sur deux. Les autres partaient directement au feu.

« Si le Père Noël avait pris des cours de calligraphies, Noël ne durerait que 10h, pas 24. »


Finalement,l’une d’entre elle attira plus particulièrement son attention que les précédentes. L’écriture était propre, mais rédigée très rapidement. Sans lever les yeux de cette dernière, Sherlock déclara :

« Alors, tu comptes laisser planer le mystère encore longtemps Eurus ? Si tu as pris la peine de te déplacer de deux étages malgré ton déséquilibre latéral de 12 degrés et ton appuie régulier sur divers objet pour te soutenir, c’est bien qu’il y a une raison non ? »





Eurus J. Holmes
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________________________________________ 2018-12-29, 12:48 « Good and bad are fairytales. »


We know what we are, but know not what we may be.

Sherlock mentait, et mentait très mal : jamais notre grand frère n'aurait remué ciel et terre pour me retrouver. Il n'avait pas eu l'air très éploré lorsqu'il était venu m'accueillir dans la ruelle, le jour de mon retour. Malgré tout, il subsistait un doute, puisque nous étions tous d'excellents comédiens dans la famille Holmes. Doute que je chassais d'un geste agacé de la main. Je n'avais pas envie de m'encombrer de ce genre de détails. Je savais très bien que la réalité n'était pas blanche ou noire, mais les nuances de gris concernant Mycroft ne m'intéressaient en rien.

Je haussai un sourcil en entendant Sherlock proposer de m'examiner. Nullement anxieuse, seulement désabusée. Une lueur de défi éclaira mes pupilles à cet instant. S'il m'y obligeait, il aurait le dessus en force brute. Cependant, j'avais appris des techniques de self-défense depuis longtemps. Sans parler de la fléchette tranquillisante que j'avais toujours sur moi. L'idée de m'en servir sur lui m'arracha un bref sourire amusé. Allait-on devoir en arriver là ? Fort heureusement, mon frère changea d'avis. Tant mieux. Autant discuter en faisant semblant d'être des gens civilisés.

Profitant de l'intervention de l'inconnu dépressif et aviné, je m'appuyai contre le rebord de la fenêtre. Par moments, mes jambes flanchaient. Effet secondaire des médicaments. Possible somnolence, déformation de la réalité, vision trouble. Je clignai des yeux plusieurs fois, égarant une main sur mon front. Je détestais quand mon corps me trahissait.

Reprends-toi. Ce n'est vraiment pas le moment.

Je m'efforçai de prêter une oreille attentive aux propos de mon frère. Sa démonstration face au pauvre homme était épatante, comme d'habitude. Peut-être aurais-je pu remarquer tous les détails si je n'étais pas aussi... diminuée. L'inconnu finit par partir et Sherlock se focalisa de nouveau sur moi. Evidemment. Je devais être un sujet extrêmement divertissant dans mon état.

"C'est moi qui te vole la vedette." répliquai-je aussitôt, le menton levé avec audace. "Non, bien sûr que non, mais j'aurais pu te prendre tes enquêtes si j'avais voulu. Après tout, tu adorais me piquer mes affaires quand nous étions petits. Ca ne serait qu'un juste retour des choses."

Nous avions dépassé ce stade depuis longtemps. Je soupirai légèrement en l'entendant évoquer le Père Noël. Je l'avais rencontré et il n'y avait vraiment pas de quoi croire aux miracles. Rien de plus qu'un allumé parmi tant d'autres.

Lorsqu'il remit ma santé sur le tapis, je le considérai d'un oeil accru et hautain.

"N'est-ce pas toi qui as sollicité ma venue, mon frère ? Aurais-tu des pertes de mémoire ?"
lançai-je, mutine, tout en sortant mon téléphone de ma poche pour lui montrer le texto qu'il avait envoyé la veille.

Déséquilibre latéral de douze degrés. Appui régulier sur divers objets.

Ces mots résonnaient dans ma tête, accentuant ma migraine. Il avait remarqué. Evidemment. Rien n'échappe au génie de Sherlock Holmes. J'étais déjà chanceuse d'avoir réussi à le berner aussi longtemps. Je voulus m'avancer d'un pas et me heurtai au bureau placé entre les deux fenêtres. Je l'avais oublié, celui-là.

"Je sais comment te faire sortir de ta morosité."
fis-je tout en pianotant sur l'écran tactile de mon portable.

Quelques recherches plus tard, j'obtenais enfin le numéro convoité. La personne répondit au bout de deux tonalités.

"Bonjour monsieur Graves." dis-je d'un ton chantant. "Je voudrais prendre rendez-vous pour un rasage au 221b Baker Street. Mmh mmh... Très bien. Merci !"

Je raccrochai et haussai plusieurs fois les sourcils en direction de Sherlock.

"Il arrive immédiatement. Ca se sentait dans sa voix lugubre que tu lui manquais."

J'émis un petit ricanement puis rangeai mon téléphone dans la poche ventrale de mon sweat-shirt. Après quoi, je traversai la pièce pour me rendre jusqu'à la cuisine. Là, j'ouvris le frigo et fronçai le nez.

"Tu n'as rien à boire ou à manger ? A part des yeux dans du formol et des harengs qui sont ouverts depuis... Ouh la la, trop longtemps !"

Je m'étais saisie d'un bocal dans lequel flottaient des poissons et j'avais eu le malheur de l'ouvrir. Je le refermai aussi sec et fis de même avec le réfrigérateur.

"Je ne vois qu'une solution."

Tranquillement, je refis le chemin inverse pour ouvrir la porte du palier et crier dans les escaliers :

"MRS. HUDSOOOOOOON ?"

Il y eut un moment de flottement puis j'entendis la logeuse ouvrir sa porte, au rez-de-chaussée.

"Oui, qu'est-ce que c'eeeest ? Que se passe-t-il ?"

"Rien du tout, préparez seulement du thé pour trois personnes ! Balthazar nous rend visite !"

"Oh, le petit chou ! Ca fait si longtemps ! Je vais sortir mon plus beau service !"
dit-elle, visiblement ravie.

M'esclaffant de plus belle, je refermai la porte et allai m'installer confortablement dans le canapé.

"Cette femme, c'est vraiment une crème. Je comprends que tu te sentes bien, ici."
dis-je à mon frère.

Puis, tout en calant ma tête sur un coussin, je posai un regard soucieux sur lui.

"Ton problème réside dans le fait que tu es trop parano. Personne ne te pique tes affaires. C'est peut-être que Storybrooke devient plus calme avec le temps. Après tout, avec tous les divins et magiciens qui occupent la ville, les gens ne se tournent peut-être plus autant vers toi. Et c'est ce qui te mine le moral, au fond. Je me trompe ?"

Lueur espiègle au fond des yeux. Je savais que j'avais raison. Mon frère avait énormément besoin d'attention, et il l'exprimait uniquement à travers les enquêtes qu'il élucidait. Sans affaires à résoudre, il se sentait vide.

"Il n'y a pas que le travail dans la vie. Il y a aussi... la détente. Tu devrais essayer."

Ce n'était pas pour rien que j'avais appelé le barbier. Il était le mieux indiqué pour le relaxer.
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________________________________________ 2018-12-30, 08:26


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Sans lâcher son regard du feu, Sherlock suivit Eurus de sa vision périphérique jusqu’à la fenêtre. Finalement, quand un détail lui sauta aux yeux, il se leva d’un bond pour se mettre face à elle, cette fois-ci observant chaque détails de son comportement. S’étirant avec un rictus mauvais, il se jeta cette fois-ci dans le divan calé au fond de la pièce. D’ici, rien ne lui échapperait.
Observant les reflets de sa sœur dans la vitre de la fenêtre, Sherlock n’eut pas de mal à voir ses pupilles se dilater.

« C’est vrai. Certainement un problème affectif de possessivité vu que Maman n’avait d’yeux que pour sa petite fille chérie. »


Les jambes croisaient, il semblait regardé alternativement la porte et la cheminée. Il était déjà passé à autre chose. C’était dingue comment l’architecture de cet immeuble était fait. A chaque fois que quelqu’un rentrait, ses yeux se portait sur la cheminée. Quelque soit l’appartement d’ailleurs. Pivotant la tête puis le corps, on aurait pu penser qu’il était fou si on ne comprenait pas son raisonnement. Finalement, il s’allongea sur le canapé et mit la tête en bas comme un enfant pour fixer la cheminée puis Eurus. Ses sourcils se froncèrent, car ses yeux se portèrent immédiatement sur ses jambes.

« Tu as maigri. »


Ce n’était ni un reproche ni une inquiétude, simplement un constat. Tournant légèrement la tête comme un petit hibou, il se redressa en position assise normale d’une petite cabriole (je pensais jamais placer ce mot un jour.).

« Evidemment… »
avait-il soupiré quand elle commença à appeler Balthazar.

Se levant de sa silhouette fine et légère, Sherlock s’avança vers Eurus afin de marcher sur elle. D’une démarche impériale, et volontairement droite et sans vaciller, il s’arrêta à quelques centimètres de son visage. Sa main se referma sur la sienne, et il la serra au niveau du poignet qui tenait le téléphone.

« Tu n’as simplement pas pu penser que je voulais simplement passé un peu de Temps avec toi ? Tu penses que la présence de Balthazar sera suffisante pour attirer mes yeux et mon attention vers lui plutôt que vers toi ? Tu es vraiment fatigué Eurus. »


La dernière phrase avait été plutôt tranchante. Il s’était reporté vers la cheminée et avait tendu les mains pour se réchauffer. Sans la regarder, Sherlock observait la chaleur monter vers ses mains. On pouvait voir que que ses sourcils étaient froncés, visiblement soucieux de quelque chose.

« Tes constantes sont mauvaises. Qu’est ce que tu as ? »


Et si on faisait marche arrière ? Quand Sherlock lui avait saisi le poignet, ses sourcils avaient en réalité bougés légèrement à rythme régulier, comme s’il comptait… En fait, il lui avait pris le pouls et la tension. Puis, il s’était approché de son visage pour observer l’état de ses pupilles et de ses yeux. Et, pour finir, il l’avait relâché de manière assez sec pour vérifier l’ensemble de ses réflexes qui avaient effectivement baissé de quelques pourcents. Vous y étiez, maintenant ?
Toujours face au feu, Sherlock fit en sorte d’être de dos pour masquer totalement son visage à sa sœur. Entendant Madame Hudson, et Eurus lui parlait, il ne bougea pas d’un pouce. Il ne lui répondit même pas pour les dieux et les magiciens. C’était complètement faux, il y avait des problèmes que seul lui pouvait résoudre. Sans ajouter un mot, et sans même se donner la peine de répondre à ses provocations, il resta là, à contempler le feu. Soudain, il s’activa. Tout en marchant vite à travers la pièce, il commença à parler :

« Moi, paranoïaque ? Si seulement ! »


Sa silhouette se dessina vers la porte d’entrée. D’un geste sec, le détective verrouilla les trois verrous massifs qu’il avait rajouté à la porte depuis que Casquette lui avait cassé. Puis, sans même regarder Eurus, il la poussa un peu pour passer derrière son bureau et sortir une espèce de barre à mine immense qui ficha en diagonal de la fenêtre, verrouillant deux cadenas. Puis, toujours avec la même folie énergique, il ouvrit son frigo, sortit un espèce de bocal verdâtre sans nom, l’ouvrit d’un geste sec et plongea les 4 clefs dedans. Ces dernières commencèrent à se dissoudre dans l’acide dans un « psssschiiiit ». Finalement, il referma le bocal et le remit dans le frigo. Fermant ce dernier d’un geste sec, il se planta devant Eurus, bras ouvert.

« Bien ! Personne ne viendra nous déranger, et tu ne sortiras pas d’ici tant que je n’aurai pas mes réponses. Oui, c’est de la séquestration, oui c’est de l’âge mental d’un enfant de huit ans, mais ça n’empêche pas cette méthode d’être efficace et brillante. Ca me rappelle d’ailleurs la fois où on s’est retrouvé enfermé dans la cabane de Mamie Notos. On avait du attendre 3 jours avant d’être secouru ; se partageant une bouteille d’eau et deux petits beurres pour tenir. Un des meilleurs jours de ma vie. Et je suis tellement content d’en vivre un semblable ! »


Il avait levé les bras au ciel, comme si c’était Dieu qui lui avait donné l’illumination. Il était surexcité. D’abord parce qu’il adorait passer réellement du Temps en tête à tête avec sa sœur. Ensuite parce qu’il avait hâte de voir la tronche de Balthazar quand il verrait que la porte est fermée. S’asseyant dans le canapé et mettant ses mains sur les genoux, il déclara en regardant sa montre.

« On a assez de vivre pour plusieurs jours. On peut même tenir des mois. Et j’ai rien de prévu avant Juillet. Donc on a environ une gestation d’enfant pour que tu me dises la vérité. »




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________________________________________ 2019-01-05, 22:43 « Good and bad are fairytales. »


I'm not a star shining but a comet exploding.

J'avais maigri, mes constantes étaient faibles... et alors ? Nous avons tous le droit de ne pas être dans notre assiette, certains jours. La petite voix de ma conscience me chuchotait que je ne pourrais plus mentir pendant encore longtemps. Bientôt, le pire rôle de ma vie allait se jouer, malgré tous mes efforts pour faire semblant. J'étais une grande actrice. Une fois, j'avais dupé toute une banque suisse en me faisant passer pour Paris Hilton. Une autre fois, j'avais remplacé l'impresario de Lady Gaga et nul n'y avait vu que du feu. J'étais douée. Je méritais des Oscars. Et pourtant, le monde n'en saurait jamais rien. L'anonymat était le prix à payer pour continuer de mener mon existence comme je l'entendais. Et voilà que j'aurais dû dire adieu à tous ces rôles de composition en raison d'un corps déficient ? Ma tête se révoltait, même si plus rien ne tournait rond à l'intérieur. Jusqu'au bout, je refuserai l'inévitable. Je me battrai. Seule contre moi-même.

"Je ne suis pas fatiguée, je suis perspicace."
corrigeai-je tardivement à sa réplique.

J'avais laissé mon frère prendre mon pouls. De toutes façons, pourquoi le cacher ? Il avait compris que quelque chose n'allait pas. Autant donner de quoi alimenter un peu son moulin.

S'ensuivit un jeu de mécanismes poussés visant à me séquestrer au 221b Baker Street. Toujours allongée sur le canapé, j'observais d'un oeil las Sherlock s'agiter en tous sens. Il faisait de grands gestes empreints de théâtralité afin de nous enfermer. Quel grande asperge ! C'était étonnant qu'il ait poussé comme de la mauvaise herbe car étant petit, il était le seul de la fratrie à ne jamais finir sa soupe -sûrement parce que je versais fréquemment quelques centilitres de vinaigre dans son bol à son insu (je faisais de même avec celui de Mycroft mais curieusement, il la préférait ainsi).

J'en étais là de ces réflexions alors qu'un souvenir de notre enfance surgit brusquement, remémoré par Sherlock. Je nous revoyais nous soutenir dans la cabane de Mamie Notos, économisant nos provisions et partageant une vieille couverture pour la nuit. Je n'aurais pas qualifié ce moment de "meilleur souvenir", mais après tout, tout est relatif.

"Si tu n'es heureux que quand tu es enfermé, je peux t'indiquer l'adresse d'un endroit dans lequel les chambres sont capitonnées et où de gentils messieurs en blanc s'occuperont de toi."
déclarai-je d'un ton narquois, tout en levant une jambe en l'air afin de contempler ma chaussette à rayures.

Je restai dans cette posture quelques secondes, le temps de remuer mon pied dans un rai de lumière traversant la vitre, puis je baissai la jambe avec un soupir.

"Une gestation d'enfant... formulation intéressante." répétai-je, songeuse. "Ce pourrait être le fruit du hasard, mais je sais très bien que tu es allergique aux coïncidences."

Je me retournai sur le flanc, coinçant un bras sous le coussin afin de rehausser ma tête posée tout contre. Après quoi, je détaillai Sherlock, les sourcils froncés, les lèvres pincées.

"Je pense que c'est la grossesse qui m'affaiblit." réalisai-je en soupirant de plus belle. "Certaines femmes maigrissent au lieu de grossir. C'est rare, mais ça arrive."

Je m'assis sur le canapé et m'étirai comme un chat, les bras en l'air, avant de me relever. Là, je plongeai mon regard dans celui de mon frère.

"Sherlock, Sherlock, Sherlock..." murmurai-je tout en secouant lentement la tête. "Tu n'apprendras donc jamais ? Je suis excessive. C'est mon principal moteur. Alors, quand tu me provoques, je ne peux pas résister... il faut toujours que j'en fasse plus."

Tout en parlant, j'avais sorti mon téléphone de la poche ventrale de mon sweat-shirt et sélectionné une application particulière, que j'avais activée. Après quoi, je rangeai le portable à sa place, et mis les mains dans la poche. Mon visage était dépourvu de toute anxiété et de toute émotion particulière.

Bientôt, un léger vrombissement se fit entendre depuis l'extérieur. Impassible, je me décalai de quelques centimètres avant que la vitre près de moi n'explose et qu'un drone de vingt centimètres sur quinze ne pénètre dans le salon. Il voleta près de ma tête avant de se poser juste entre nous, sur le sol. A cet instant, un voyant rouge s'enclencha sur le dessus.

"Je pense que tu as remarqué la charge de C4 sur le dessus de l'appareil."
déclarai-je posément. "Elle est assez conséquente pour rayer le 221 Baker Street de la carte dans son entièreté, et explosera dès l'instant où tu esquisseras le moindre pas. Sauf, bien entendu, si tu me libères sur-le-champ."

Que croyait-il ? Je connaissais le côté fantasque de mon frère et s'il était fou, je l'étais bien davantage. J'avais assuré mes arrières au cas où.

"Oh, évidemment, le drone repère le moindre mouvement à moins de deux mètres. Autrement dit, dès l'instant où Mrs. Hudson frappera à la porte, le déclic se fera. De même si c'est ton cher barbier qui se manifeste. Terrible loi de la relativité." fis-je avec une moue faussement attristée. "N'empêche, tu avais raison : qu'est-ce qu'on s'amuse ! Une question de vie ou de mort tôt le matin, rien de tel pour fouetter le sang !"

J'esquissai un large sourire ravi. C'était des matinées comme je les aimais !
La principale question étant : prendrait-il le risque de perdre toutes les personnes présentes autour de lui ? Et de perdre la vie, lui aussi ?
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________________________________________ 2019-01-07, 09:54


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Il avait envie de la tuer, de l’étrangler et de terminer cette histoire fratricide dans le sang et les larmes. Pourquoi ? La simple référence aux hommes en blouses blanches avaient glacés son sang. Se tournant de toute sa silhouette vers elle, il s’était dressé d’un geste sec vers elle et s’était mis debout dans bouger au milieu de la pièce.

« Ne, redis, jamais, ça. »


Il avait pointé son doigt long et maigre vers elle d’un air réellement menaçant. Il ne s’énervait que très rarement, et les rares occasions où ça arrivait, c’était généralement avec Eurus. Chassant l’hypothèse d’une grossesse d’un geste sec de la main, il se retourne vers la cheminée, offrant son dos en guise de spectacle à sa sœur. Réfléchissant rapidement, à tout ce qu’il avait observée sur elle. Il n’avait aucun moyen de vérifié si ce qu’elle disait était exact. Certaines grossesses refoulées pouvaient avoir effectivement cet effet là. Mais si elle venait de lui annoncer comme ça, impossible que ce soit la vérité, car elle aurait immédiatement pris du poids au moment même où elle s’en serait rendu compte. Et quelque chose clochait, de toute évidence, un élément lui manquait. Et puis, il ne voyait absolument pas sa sœur vouloir garder un enfant. L’avortement aurait été la meilleure solution pour elle. Ce n’était pas quelque chose qui coincidait avec sa façon de vivre. D’ailleurs, ce mystère commençait sérieusement à l’énerver plus qu’il ne l’était déjà. Comme tous les mystères d’ailleurs.

« Oh, bien sûr. Mezel Tov dans ce cas là. Me voilà Oncle. C’est pour ça que Mycroft était en larme ? Attends, tu sais quoi. Je vais appeler Papa et Maman pour leur annoncer cette merveilleuse nouvelle. »


Sortant son smarthphone comme une arme, il commença à composer le numéro de téléphone de sa mère.

« Allo ? Maman. Oui, c’est Sherlock. Comment vas-tu ? Dit moi, Eurus n’a peut être pas pu t’annoncer cette merveilleuse nouvelle, tellement elle était occupé à glander dans mon grenier en discutant avec son chien, mais tu es grand-mère ! Et oui ! La famille Holmes s’agrandit ! C’est merveilleux n’est ce pas. Bisous. »


Et il avait raccroché, car il n’avait pas du tout envie d’entendre sa mère beugler sa joie au téléphone. Et puis, les conversations avec elle était toujours complexe. S’il avait répondu à son questionnement intensif, elle aurait compris qu’il n’en était pas sûr. Autant mettre sa sœur dans l’embarras jusqu’au bout. Son sourire malsain apparut sur ses lèvres et il poursuivit :

« Si tu me dis la vérité je rapp... »


Il allait dire, je rappelle maman, mais un bruit caractéristique se fit alors entendre à côté de la fenêtre du 221B. Tournant la tête d’un geste sec, ses soupçons se confirmèrent sur l’origine du bruit. La vitre explosa en éclata, et Sherlock se protégea le visage avec son avant bras d’un mouvement sec et rapide. Plissant des yeux derrière son bras, le petit drone vint ensuite se placer entre eux, laissant l’air froid de l’hiver rentrer dans la pièce. Fixant la charge de C4, Eurus, puis la fenêtre, il se dit intérieurement qu’il détestait profondément les trois. La charge, sa sœur, et le froid.

« Tu sais très bien que je n’ai pas peur de la mort. Ce jeu est complètement stupide. Et inintéressant dans la mesure où il ne propose que deux choix : la mort, et ta victoire. C’est nul. »


Fixant la charge de C4, son cerveau analysa cette dernière d’un simple coup d’oeil. Ses yeux se portèrent ensuite sur sa sœur. Croisant les bras, avec un geste assez lent pour que les capteurs du drone ne le remarque pas, il poursuivit avec son arme favorite : son venin.

« Très bien. Donc je suppose que si tu es autant désespérée, c’est que tu es déjà condamnée à mourir. Sinon tu ne viendrais jamais ici en ayant prévu de tels extrêmes. C’est très touchant de vouloir m’emmener avec moi dans la tombe, mais tu vois, j’ai prévu une fin heureuse pour les Aventures de Sherlock Holmes. »


Un sourire mauvais se dessina, ses yeux se fixèrent alternativement vers la charge de C4 et les yeux d’Eurus.

« Et tu fais également 4 innocents. Madame Hudson, Balthazar, Katelyn et Angelika. Depuis quand tu es devenue aussi cruelle ? Hm ? C’est le pensionnat qui t’a monté à la tête. Oh… Je t’en prie. Tu parles des camisoles, je parle des folles du pensionnat. C’est le jeu. J’aime bien ce jeu en fait. »


Plusieurs portes de sorties étaient possible. Il pouvait prier Apollon pour qu’on le sorte de là. Mais jamais il n’aurait le temps de mettre tout le monde à l’abri à temps. Même Elliot ne serait pas assez rapide. Si ça explosait, il y aurait forcément des morts. Et des morts qu’il ne voulait pas. Haussant les sourcils, il éclata alors de rire.

« Et comment je fais, pour aller ouvrir si je ne peux pas bouger ? Tu m’expliques Eurus la Genius ? »


Sortant son paquet de cigarette, il en tira une et l’alluma. Autant partir avec panache, une cigarette au bec. Des bruits de pas résonnèrent dans l’escalier. Tirant une bouffée de sa clope, il se mit alors à crier.

« BALTHAZAR ! MARTHA ! ON NE BOUGE PLUS. EURUS A EU LA BONNE IDEE DE PIEGER L’APPARTEMENT. SI VOUS RENTREZ, IL EXPLOSE. ET JE NE PLAISANTE PAS. »


Les bruits se stoppèrent instantanément. Seulement des ronchonnements se firent entendre. Il ne savait pas si c’était Balthazar ou Martha. Certainement Balthazar, ça lui ressemblait beaucoup.

« Alors on va mourir comme ça ? Tous les deux ? Si tu veux, finalement, ça me va. Je me suis toujours dit que je mourrai un jour en face de la personne que j’aimais le plus au monde. Tu exauces ma prière. »


Et, dans ses yeux, on pouvait y lire la Vérité.




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________________________________________ 2019-01-13, 11:30 « Good and bad are fairytales. »


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Je le fixais sans ciller, de cet air impassible qui me caractérisait quand je cherchais à ne rien laisser transparaître de mes émotions. L'année de mes cinq ans, je m'étais entraînée face au miroir afin de fermer mon visage à toute expression. C'était déstabilisant pour les gens et permettait d'ajouter du suspense. En clair : un pur bénéfice. Mon frère cherchait à m'attendrir. La personne qu'il aimait le plus au monde... Mes yeux se plissèrent légèrement à ces paroles, sans pour autant fissurer mon masque d'impénétrabilité.

Sherlock... sais-tu seulement qui tu aimes le plus au monde ? C'est une vaste question et peu de personnes est à même d'y répondre.

Il sema un léger doute en moi. Le savais-je ? Aurais-je eu un nom à énoncer ? C'était extrêmement compliqué. Etais-je trop insensible pour n'avoir qu'un grand vide à l'esprit ? Ou était-ce en raison de la distance que je m'imposais avec les autres depuis que... je savais ?

L'éclat de la sincérité brillait dans les pupilles de mon frère, ce qui me dérouta davantage. Il inversait les rôles. C'était lui qui était censé être déstabilisé, pas l'inverse. Si j'étais véritablement la personne qui comptait le plus à ses yeux, je me félicitais de ne rien lui avoir dit concernant mon état. Un léger soupir m'échappa. Non, c'était absurde. Je ne faisais que retarder l'échéance. Il souffrirait de la même façon. Je cherchais seulement à lui épargner la peine le plus longtemps possible.

"Angelika et sa fille ne sont pas là." déclarai-je d'un ton assuré, faisant fi de ses précédentes paroles. "Ca réduit le nombre de victimes à quatre, ou trois si monsieur Graves n'est pas encore arrivé, ce dont je doute puisqu'il a grogné derrière la porte. Je suis capable de tout, mon frère. Tu devrais le savoir, depuis le temps. Et surtout quand je suis contrariée. Je pourrais tuer pour n'importe quel motif, du moment que ça me semble pertinent sur l'instant."

Mon intonation était incisive et alanguie. Mélange de désinvolture et de détermination.

"Tu as un coeur trop tendre pour comprendre." repris-je, narquoise.

Avec un soupir, j'appuyai contre l'écran de mon téléphone dans la poche de mon sweat-shirt. Instantanément, la procédure s'annula. Le drone désactiva sa charge explosive et s'envola par la fenêtre.

"Ce n'était qu'une démonstration, parce que j'en avais envie. Histoire que tu n'oublies pas ce dont je suis capable si tu cherches un peu trop la petite bête."

Toujours aussi détendue, j'allais m'asseoir en travers de son propre fauteuil : je savais qu'il détestait qu'on lui pique sa place. Chacun son tour d'être agacé.

"C'était bas ce que tu as dit à Maman. Elle va être très triste quand elle saura que ce n'est pas vrai. Il va falloir la faire grand-mère d'une façon ou d'une autre. Soit tu adoptes avec le barbier, soit tu te reproduis avec l'atlante."

Je touchai sa jambe du bout du pied avec un sourire espiègle.

"Voilà, au moins tu as appris que je ne suis pas enceinte. Ca sera suffisant pour aujourd'hui."

Je passai la main contre mon front en soupirant. Puis soudain, je m'écriai :

"L'alerte est levée ! Nous avons fini de jouer."

"Pas trop tôt !" se plaignit Mrs. Hudson de l'autre côté de la porte. "Je commençais à avoir des crampes à force de tenir le plateau. C'est qu'il est très lourd et avec mon arthrose, ce n'est pas évident. Ouvrez, Sherlock."

Je lançai un regard surpris à mon frère. Ainsi, c'était bien la logeuse sur le palier, et non Balthazar. Cela voulait dire qu'elle grognait comme lui. Ou alors qu'il était venu puis reparti ? Je me redressai juste assez dans le fauteuil pour regarder par la fenêtre, mais il ne semblait y avoir personne dans la rue.
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________________________________________ 2019-01-14, 09:09


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« Tuer pour n’importe quel motif, du moment que cela te semble pertinent... »


Sherlock répéta la phrase plusieurs fois dans sa tête et une fois à voix haute. Cette phrase faisait écho à une personne qu’il avait connu. Laissant tomber ses bras le long du corps, le détective n’était pas stressé ou anxieux pour autant. Non ce qui le dérangeait c’était les paroles acides de sa sœur. L’ignorant totalement quand elle s’installa dans son propre fauteuil (bien que l’envie de lui mettre la semelle de sa chaussure sur le front lui traversa l’esprit), Sherlock passa devant elle pour aller en direction de son bureau. Parmi le désordre bien organisé de ce dernier, il poussa son casque anti-bruit et une cravache à la valeur sentimentale indéfinissable pour en dégager un paquet de cigarette. Fronçant les sourcils quand il leva le paquet neuf pour le mettre à la lumière du jour, il marmonna :

« Mycroft m’a encore pris des légères. »


Madame Hudson finit par ouvrir la porte. Sherlock tourna la tête, cigarette au bec en haussant un sourcil. Il l’avait complètement oublié. Les sourcils froncés, elle semblait réellement vexée de leur petit jeu mais pas effrayé. Non, il en fallait bien plus pour effrayer la propriétaire du 221 Baker Street.

« C’est froid. »
constata-t-il simplement en observant le plateau de thé qui ne fumait plus.

Madame Hudson ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais ne répondit rien et fit demi-tour. Laissant la porte entre-ouverte. Dans l’escalier, il pouvait l’entendre pester sur l’intégralité de la famille Holmes. Allumant la cigarette, sa silhouette se dégagea de la cheminée pour revenir vers son bureau, comme s’il ne s’était absolument rien passé.

« Tu m’impressionnes. J’en ai eu la chair de poule. »


Son ton était cassant, ironique et moqueur. Sans même regarder sa sœur, il s’activa à chercher quelque chose de bien précis sur son bureau. En même temps il répondit à sa sœur à retardement d’un air vague.

« Maman préfère Balthazar… Bien sûr que tu n’es pas enceinte, sinon tu aurais disparu, comme à ton habitude. Ou alors, tu l’es bel et bien, mais tu veux absolument me le cacher en utilisant tous les stratagèmes possibles… Hm voyons voyons... »


Cherchant toujours, il ouvrit de multiple tiroir de manière anarchique, mais bizarrement ordonné. Arrêtant sa main sous son bureau, il tâta sous ce dernier.

« Ou alors, on en revient à l’hypothèse initiale que tu es gravement malade et que c’est pour ça que tu as transformé Mycroft en madeleine. De toute façon, je m’en contrefiche royalement. Tu agis comme d’habitude, par intérêt pur et simple. Si tu as envie de me le dire, je suis prêt à t’accorder quelques minutes de mon temps si précieux. Sinon garde le pour toi, de toute manière, tu as toujours agi ainsi, je ne vois pas pourquoi j’insiste... Ah, le voilà ! »


Tombant sur un livre d’une bonne centaine de page, il aspira une dernière bouffée de cigarette et l’écrasa dans son cendrier. Quand il l’ouvrit pour cacher son visage, on pouvait y lire « 48 sortes de cendres différentes, comment les différencier, par Sherlock Holmes ». Tournant quelques pages, il relut les notes qu’il avait écrites dans ce livre il y a longtemps puis se saisit du cendrier pour le mettre à la lumière du jour. Un sourire triomphal se dessina sur au coin de son visage.

« C’est bien des lights. Mycroft, petit garnement... »


Jetant le livre sur Eurus pour lui couper le souffle, Sherlock poursuivit.

« Bien, soit tu avoues, et on brise le silence à nouveau soit tu t’en vas et tu vas dire ton secret à ton chien. »


Soupirant d’exaspération, son regard se porta à nouveau vers le paquet de cigarette. Mais pourquoi l’obsédait-il autant ? Peut être parce que Mycroft avait réussi à emballer des cigarettes lights dans des fortes. Des lights dans des fortes… Oh…
Sans prévenir, il se saisit du paquet de cigarette et le plaça à la lumière. Sortant sa petite loupe de poche, il commença à l’examiner dans les moindre détails. Puis, regardant Eurus comme un enfant qui vient d’avoir reçu un superbe cadeau de Noël, il déclara :

« Mycroft m’a fait un j... »


Mais il se ravisa et rangea le paquet de cigarette dans sa poche. Mycroft lui avait fait un jeu de piste par énigme pour l’occuper dans cette période de disette. S’il l’avouait à Eurus, elle viendrait jouer avec lui, et il ne voulait pas partager. Comme d’habitude, ça finirait mal. Tournant le côté de son corps où était le paquet en opposé face à Eurus, il le sortit assez discrétement pour l’observer un petit peu. C’était plus fort que lui. L’appel de l’énigme.

« Et sinon, comment va Franck ? Toujours constipé ? »
dit-il d’un air distrait.

Il ne fallait surtout pas qu’elle lui vole son nouveau jouet.




Eurus J. Holmes
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________________________________________ 2019-01-20, 17:19 « Good and bad are fairytales. »


Here we are painting pictures of a war.

Sherlock faisait le condescendant, une façon comme une autre de se barricader contre la potentielle mauvaise nouvelle qui risquait de s'abattre sur lui. Un mécanisme de défense comme un autre. Je le connaissais par coeur. C'était le problème d'avoir grandi ensemble : l'un comme l'autre, nous savions à quoi nous attendre. C'était ce qui rendait nos entrevues à la fois incroyablement trépidantes et prévisibles. A un moment donné, il fallait toujours tromper l'ennui qui menaçait de s'installer, sans quoi nous tomberions dans une routine intolérable pour les Holmes que nous étions.

Mon frère avait fait sa part en analysant son paquet de cigarettes. Il n'avait pas terminé sa phrase mais je l'avais fait pour lui mentalement : un jeu, lancé par Mycroft. C'était si charitable de sa part. Il avait sans doute remarqué l'apathie de son petit préféré et avait oeuvré pour dynamiser son esprit. On pouvait au moins souligner l'acharnement de Mycroft à donner son maximum pour le bien-être familial. Qui aurait cru que ce soit ce Holmes qui serait le plus dévoué à cette noble cause ? Lui qui paraissait pourtant le plus froid et distant d'entre tous. Je le soupçonnais secrètement d'avoir un coeur d'artichaut. A moins que ce ne soit une ruse de sa part. Ou plutôt, il était ému par certaines choses seulement, et la prospérité de Sherlock en faisait partie. Pas la mienne. Après tout, il m'avait bien fait comprendre que ne rien dire à notre frère lui pesait. Ce n'était pas ma santé qui l'inquiétait, au fond. C'était uniquement la façon dont Sherlock percevrait la chose le moment venu. Toujours lui. Il serait le chouchou. Eternellement. Cette constatation m'emplit d'une jalousie enragée qui m'incita presque à tout révéler sur-le-champ. Juste pour le voir souffrir. Ou pour déceler du dédain dans ses yeux. De la pitié qui me rendait encore plus furieuse.

"Si j'étais mourante, tu en serais sûrement ravi, n'est-ce pas ?"
lançai-je, incisive. "Tu te dirais que tu m'es encore une fois supérieur puisque tu me survivras ?"

Cette phrase était absurde. Quand on se laisse gagner par l'amertume, on devient irritable, et on laisse l'autre gagner. Je venais de faire un pas vers l'échec, mais je n'étais pas encore mat.

Je me redressai et m'assis bien droite dans le fauteuil afin de me servir une tasse de thé froid. J'appréciais chaque saveur, les bonnes comme les mauvaises. Cela forgeait le caractère. Sherlock était trop délicat pour cela.

"J'ai mis Frank au régime." dis-je d'un ton désinvolte tout en versant un peu de lait dans ma tasse. "Mais ça ne l'empêche pas de n'en faire qu'à sa tête. Vous vous ressemblez pas mal, d'une certaine façon."

Tous deux butés, exaspérants, mais loyaux envers et contre tous. Je portai la tasse à mes lèvres, en bus une gorgée, puis la reposant, j'observai Sherlock intensément.

"Tu n'es pas encore mûr pour la grande révélation." estimai-je finalement après quelques instants de silence. "Laisse les choses se faire, garde l'esprit grand ouvert. C'est de cette manière que tu parviendras à connaître la vérité."

Tranquillement, je me levai et me dirigeai vers la porte entrouverte.

"Très sympa, cette matinée, mais j'ai des choses de grande personne à faire. Amuse-toi bien avec tes cigarettes." dis-je d'un ton éloquent tout en désignant sa poche avec un sourire.

Je ne me faisais aucune illusion : dès que j'aurais quitté les lieux, mon frère allait se faire un malin plaisir de foncer tête baissée dans l'enquête laissée par Mycroft. Je lui adressai un regard attendri. Je l'aimais tellement, cette tête de mule, dans le fond. C'était important qu'il ne le sache pas. Ca rendrait les choses encore plus compliquées. Aussi mon expression changea du tout au tout pour ne garder qu'un profond dédain.

"Moi qui suis perdue, oh qui me trouvera ?"
murmurai-je dans un filet de voix.

Il s'agissait d'une chanson que j'avais inventée quand j'étais petite. Elle n'avait ni queue ni tête mais Sherlock avait mis des années avant de s'en apercevoir. Il s'y était cassé les dents pour rien. J'avais adoré le faire enrager en lui faisant croire qu'il y avait un trésor à découvrir au bout. Alors qu'en réalité, il n'y avait rien.

Avant de sortir, je ralentis l'allure pour me pencher et ramasser une feuille chiffonnée et la poser sur le bureau en désordre. Puis, je poursuivis mon chemin tout en fredonnant toujours d'une voix fluette mais intelligible :

"Mon âme cherche l'ombre de ma fleur de Saule
A l'intérieur, mon frère
Laisse la mort prendre la place
La perte que je lui apporte, moi qui suis la reine
Perdue pour toujours, neuf par dix-neuf."


Juste avant de passer la porte, je tournai la tête pour lui décocher un sourire supérieur. Voilà de quoi lui donner un véritable terrain de jeu. Une énigme. A lui de voir si, cette fois-ci, il allait y croire. Ce n'était qu'une chanson, après tout. Elle m'était venue à l'esprit étant enfant, et je n'en comprenais le sens qu'une fois adulte. J'avais établi la cachette selon les longitudes et latitude laissées par les paroles. Se pouvait-il que mon don de psychométrie se soit manifesté à travers le temps, afin de me laisser un message à moi-même ? C'était fou, beaucoup trop fou pour un esprit aussi rationnel que celui de Sherlock. Il n'était pas obligé de savoir. Après tout, j'avais laissé les cartes dans ses mains, la puce à son oreille. Le déclic allait se produire ou pas.

"Bon jeu." chantonnai-je, lançant la partie tout en passant la porte.
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