« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Marchant les mains dans les poches dans son grand manteau, Sherlock avançait à pas rythmés. Il savait précisément où il devait aller. D’après le peu d’informations qui avaient fuités de cette soirée, bon nombre lui étaient revenu aux oreilles et en tout 7 l’inquiétait. Deux étaient urgentes. La première, c’était l’apparition de visions des personnages décédés. Il avait la ferme intention d’en savoir plus sur le sujet. La deuxième, était la présence à cette soirée d’Arsène Lupin. Peut être que les deux éléments étaient liés. Mais par quel principe, Sherlock l’ignorait encore. Ce n’était après tout qu’une supposition. Baissant la tête pour ne pas faire attention à cette bruine désagréable, il avança vers le lieu de rendez vous de cette soirée. Un peu déçu qu’aucun Dieu ou autre ne soit venu le chercher après l’appel de Michel-Ange, il marmonnait tout seul des paroles incompréhensible, essayant mentalement d’identifier les problèmes avec le peu qu’il avait. Décident de prendre par le Banc, qui avait changé une partie de sa vie, il se demanda si le « mystérieux personnage » qui déposait des bougies allaient être là ce soir. En fait, ça n’avait rien de mystérieux. Il savait parfaitement qui était à l’origine de ce stupide rituel. Tournant à l’angle de la rue parallèle, ce qu’il vit lui fit froncer quelques peu les sourcils. Se plaçant dans l’ombre d’un immeuble, il observa avec attention l’amazone, un peu plus en loin en train de discuter avec un groupe d’individu. Michel-Ange, lui, semblait aux prises avec un individu visiblement aussi fou que lui. Finalement, il eut raison de lui, et dans sa discrétion légendaire, il pouvait entendre de là où il était : « Et voilà ! T’en a eu assez bouffon ou t’en veux encore du Michmich ? »
Passant sa main dans les cheveux d’un air supérieur et souriant en coin, il faisait un peu peur. Quand il devenait violent, il devenait parfois étrange. Ce dernier ne tarda pas à rejoindre Eulalie, certainement motivé par la bagarre pour en découdre avec le groupe d’où le ton commençait à monter. Toujours dans les ombres, il s’approcha à pas de loups vers la silhouette de Balthazar qui semblait parler seul. Fronçant les sourcils, il s’approcha pour ne plus être qu’à quelques mètres, invisible dans les ténèbres. A qui murmurait-il ses paroles qui étaient un mélange de poème et de chanson ? Aucune idée. Aussi, voyant qu’il retenait ses larmes, il estima que le moment était parfait pour intervenir. La colère de la voir lui prendrait certainement le dessus sur la tristesse qu’il éprouvait. Les mains toujours dans les poches, il apparut progressivement derrière le banc. « Tu parles tout seul maintenant Graves ? » ricana-t-il.
Le ton était volontairement sarcastique et légèrement cassant. Au moins, son attention serait détourné par cette remarque. Ca lui laissait le temps d’analyser son costume, sa blessure, son regard, la bougie, et surtout l’orientation vers laquelle il semblait s’exprimait. Y regardant à son tour, il n’y voyait que du vide. « On dirait que la soirée c’est plutôt mal engagée pour vous. Mais en même temps, les soirées costumés, ça finit toujours très mal. Très joli ce costume, les reflets font ressortir tes yeux. » dit-il d’un ton moqueur.
Quelques secondes plus tard, l’Amazone et Michel-Ange les retrouvèrent. Regardant de haut en bas la jeune femme, il lui rendit son regard profondément écoeurée qu’elle avait pour lui. Pourquoi elle le détestait ? C’était monnaie courante que Sherlock Holmes soit haïs pour son génie. Non, il y avait autre chose. De la jalousie, certainement. Pointant du doigt les deux amis, il poursuivit d’un ton légèrement enfantin et moquer.
« Vous savez que Shazam et Wonder Woman ne peuvent pas s’encadrer ? Qu’est ce que vous faîtes ici ? Vous êtes mélancolique ? Je croyais que les autres avaient besoin d’aide, au Phantom. Et toi Michel-Ange, tu as fini de te battre comme dans Fight Club ? C’est extrêmement énervant. On dirait un gamin de huit ans avec la force de Captain America… Finalement Shazam, ça te va plutôt bien. »
Michel-Ange bomba le torse, et en guise de simple réponse, lui fit un doigt d’honneur par dessus l’épaule d’Eulalie. « Connard. J’vous ai appelé toute la soirée. Vous faites quoi ici vous ? C’est leur idée de venir ici. Pas la votre. Pourquoi il faut toujours que vous soyez là où l’on ne vous attend pas, M’sieur Holmes ? Vous pouvez pas simplement aller pleurer chez vous ? »
Haussant les épaules, Sherlock pivota vers Eulalie en déclarant d’un ton amusé.
« Et bien je vois qu’avec toi, il apprend vite l’art de la rhétorique et l’indépendance. C’est bien. Il t’est très fidèle à ce que je vois. Il préfère son amie qui l’abandonne pour des problèmes divins à celui qui l’a aidé quand il était plus dans le besoin. Bravo. Joli travail Eulalie. En même temps, il est influençable. »
Le ton était acide. Mais en même temps, il collait parfaitement avec les cernes, le teint blême et blafard de Sherlock. Ses paupières étaient assez lourdes, et on pouvait lire dans ses yeux un soucis profond, que lui seul avait à l’esprit. Soudain, à brûle-pourpoint, il déclara d’un ton autoritaire : « Kida était là ? »
Ca signifiait beaucoup. N’attendant pas forcément une réponse, il se tourna vers le banc et répondit peut être à une des questions que Graves se posait. « Personne n’a bougé. Ce lieu est surveillé 24h sur 24 par des espions à moi. D’ailleurs j’ai du remplacé le créneau de Michel-Ange. Il n’est plus fiable. »
Tournant sa tête vers Balthazar, un sourire plein de sous-entendu apparut sur ses lèvres. Il était au courant, que ce dernier venait régulièrement déposé une bougie. Il venait de le sous-entendre assez facilement pour un esprit aussi aiguisé que le sien. « Lalie, je vais m’le faire ! » entendit-il Michel-Ange murmurer. Roulant des yeux, il s’assit sur le banc et alluma une cigarette de la même marque que celle de Balthazar.
Eulalie
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"Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle-là..."
"Coucou TortueMan, je t'ai manqué ?"
"Je sais que j'ai une mauvaise réputation
mais de là à garder une distance de sécurité..
tu abuses, Emmet."
♡
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« Je ne suis pas ridicule ! »
Je n'avais pas lâchée la jeune femme. Je l'entendais pouffer, même si cela sonnait davantage comme un grognement guttural que comme un véritable rire contenu. Dans l'espoir de la faire taire, je serrais davantage ma prise sur son poignet mais ça ne fit que lui arracher une plainte aiguë proche du cri d'un... chat ? D'un dauphin ? Ce n'était pas humain, en tout cas.
« T'es un peu conne par contre, je t'ai dis que j'allais marquer ! Faut te détendre sérieux ! Je sais pas mange un Twix ça ira mieux après ! » geignait-elle en se débattant comme une folle furieuse.
C'était elle qui n'allait pas bien, j'étais personnellement très détendue. Balthazar pouvait s'en aller à l'autre bout de la ville si il en avait envie, même de la planète, je m'en fichais. Tant pis pour les infections potentielles qu'il pouvait attraper, tant pis si il se retrouvait atteint du tétanos parce que l'arme n'avait pas été correctement nettoyée, tant pis si il venait à se faire amputer. Qu'il ne compte pas sur moi pour l'aider à couper son bras, il pouvait très bien se débrouiller tout seul. Il faisait toujours tout tout seul. Et puis, il aurait un point commun avec Sherlock si ils retournaient dans le Monde Noir ensemble, non ? Ils y seraient identiques. Un bras chacun, pour faire du travail d'équipe. Il préférait sans doute l'avoir lui comme coéquipier. Moins ridicule. Plus intelligent. Ils se comprenaient.
« Qu'est-ce que... »
J'attrapais la gorge de la dérangée sans hésitation, la plaquant contre le mur à nos côtés avec brutalité. Mon attention avait dévié de sa personne mais s'était reportée sur elle dès que j'avais senti l'élancement de ma blessure se raviver. Qu'est-ce qui lui avait prit ? Pourquoi est-ce qu'elle m'avait mordu ? Elle n'allait définitivement pas bien. Une psychopathe ? Encore ? Ils étaient partout. Cette ville n'était pas sûre pour des humains. Je me demandais bien pourquoi certains s'acharnaient à continuer d'habiter ici maintenant que dépasser la frontière ne les rendait plus amnésiques.
Elle continuait de tenter d'agripper ma plaie ouverte et, instinctivement, je me défendais en faisant en sorte que sa tête frappe assez fortement la brique derrière elle pour la sonner. Je m'étais contrôlée. Elle était simplement beaucoup moins tendue et acharnée maintenant. Je la relâchais et la laisser glisser au sol tandis qu'elle portait sa main tremblante à l'arrière de son crâne. Elle n'avait pas l'air dérangée par ce que je venais de faire puisqu'elle se mettait... à rire. Je préférais ne pas m'interroger sur son comportement étrange.
« Bonne soirée. » prononçais-je malgré tout, hésitant à l'assommer de manière plus radicale.
Ce n'était pas nécessaire. Elle était faible de toute manière. Mieux valait que je reste sur cette note polie. Je gardais mes bonnes manières d'une certaine façon. Un des rares domaines dans lequel je parvenais à me débrouiller peu importe mon état mental, je crois. Même si je devais avouer que rentrer dans la pharmacie et ressortir sans payer n'était pas un comportement respectable de ma part – je n'avais pas d'argent sur moi avec ce costume, je n'y pouvais rien. Tout comme le fait que je récupère le seau de bonbons laissé devant la façade lumineuse par la dégénérée n'était pas aimable. J'avais faim. Très bien. Je n'étais peut-être pas un exemple de bonne tenue. Mais c'était déjà le chaos dans la rue, je ne faisais que m'accorder à l'ambiance générale.
Je n'avais aucune idée de ce que je devais faire. Retrouver Michel-Ange. Rejoindre Balthazar. Mettre la main sur Elliot et le frapper. Cette option me paraissait être celle qui aurait le mérite de véritablement me vider l'esprit. J'avais besoin de me défouler, j'avais l'impression de déborder. D'énergie, d'agitation, d'énervement. J'allais peut-être finir par exploser tout en enchaînant les carambars qui se trouvaient dans le seau que j'avais volé. Des gens venaient me parler, évoquant un Clan ou je ne sais quoi, sans que je ne prête aucune attention à leurs discours. Michel-Ange revint au meilleur moment pour me débarrasser de ceux que je n'avais pas envie d'écouter.
« Je déteste Halloween. » lâchais-je dans un murmure, sans savoir si je le pensais réellement ou si ce n'était que l'expression de ma contrariété.
Je pressentais que venir à ce banc n'était plus une si bonne idée. Je ne savais même pas pourquoi je m'y rendais. Y voir Sherlock ne fit que me crisper davantage et je n'avais pas besoin de ça. Je ne prêtais qu'une faible attention aux paroles du détective, ou aux reproches que lui faisait mon ami. Mon regard se posa rapidement sur Balthazar, moins agacé, plus inquiet. Quelque chose n'allait pas. Et, comme souvent, si ce n'était toujours, je ne savais pas quoi.
« Vous êtes déguisé en dealer ? » interrogeais-je alors, en tournant légèrement ma tête en direction de Sherlock. « C'est réussi. Vous empestez la drogue à des kilomètres. »
Il agissait comme il le faisait toujours : en s'en prenant aux autres pour oublier ses propres problèmes de sociopathe et sa solitude pesante. C'était une technique qui démontrait toute la faiblesse mentale dont il était doté. Il me faisait de la peine finalement, à ressentir ce besoin constant de se montrer supérieur. Si Michel-Ange souhaitait lui sauter à la gorge, je n'allais pas l'en empêcher, mais je ne comptais pas perdre mon temps avec lui.
« Kida n'était pas là. » précisais-je malgré tout d'une voix distante.
Est-ce que je cherchais à rassurer Holmes en lui donnant cette information ? Si il avait été en contact avec elle, il n'aurait pas eu à poser la question. Mais il préférait que ses ''espions'' surveillent un banc plutôt que la femme qu'il disait aimer. C'était un choix. Je n'étais pas assez proche de l'Atlante pour connaître les tenants et les perturbations de leur relation – ou je n'étais pas assez douée en amitié, si je me fiais aux sous-entendus que je venais d'entendre. Après tout, je savais aussi que Michel-Ange n'allait pas au mieux sans pour autant parvenir à l'aider. C'était un domaine dans lequel j'avais encore beaucoup de progrès à faire.
« Je ne voulais pas que ça se passe de cette façon. Je suis désolée. Je ne t'inviterai plus. » soupirais-je tout en me rapprochant du barbier, consciente que mes excuses ne valaient rien.
Je pensais même sérieusement à ne plus jamais prendre part à la moindre célébration. Les expériences que j'avais accumulé me confortaient dans l'idée que rien ne se déroulait jamais bien. Les fêtes n'étaient peut-être pas faites pour moi. Soit parce que j'étais trop jeune, soit parce que je n'étais pas humaine et constituée pour ces dernières. Je n'en savais rien, mais ça ne me réussissait pas, ni à moi ni à ceux qui m'accompagnaient.
Un peu rudement, je posais le récipient en forme de citrouille sur les genoux de Balthazar.
« Je ne te les offre pas. Tu n'en voudrais pas de toute façon. C'est comme ton nouveau salon toujours à l'abandon. » marmonnais-je indistinctement tout en sortant du seau la bouteille d'alcool à 90° que j'avais pris le temps de subtiliser à la pharmacie et que je m'appliquais à ouvrir. « Je pensais que ça te ferait plaisir mais j'ai dû me tromper, comme d'habitude. »
Je me désespérais. Je faisais preuve d'une prévenance qu'il dénigrerait et je lui accordais des attentions qu'il ne désirait pas. J'avais gâché un de mes cadeaux d'anniversaire pour chercher à le contenter en sachant que je n'y arriverai pas. J'inspirais difficilement et contenais toutes les frustrations qu'il pouvait éveiller, le voir ainsi me procurant une sorte de peine qui n'était pas non plus agréable. Je m'en voulais. Parce qu'il était venu, il voyait des choses dont je ne pouvais deviner la nature. Mais si c'était parce que je lui avais demandé qu'il était là, alors c'était finalement de ma faute si il se trouvait dans cet état. J'aurais dû le laisser tranquille pour une fois.
« Ça risque de piquer. »
Sans m'inquiéter de ses gants dangereux, j'attrapais son bras blessé avec douceur et ne lui laissait pas le temps de se dégager avant de recouvrir sa plaie du liquide translucide. Je n'avais aucune formation de soin. Je n'étais même pas certaine de m'y prendre de la bonne manière. Habituellement je blessais les gens, je ne me chargeais pas de les soigner. J'en avais trop mis ? Pas comme il fallait ? Certainement. Je ne pensais pas au côté pratique. Tout ce qui m'importait était le résultat.
« Je n'ai pas de bandage. » constatais-je tardivement, les lèvres pincées, tout en jetant un coup d’œil vers Sherlock. « Votre chemise. »
C'était la seule option à cet instant, le costume de Michel-Ange ne ferait pas l'affaire et le mien non plus. Si jamais il ne voulait pas la céder de son plein gré, ça ne me dérangeait pas de l'y forcer, je pouvais toujours la lui arracher. C'était un bon compromis. A condition qu'elle soit propre, ce dont je n'étais pas vraiment persuadée étant donné l'état général du détective. Je me retenais de faire cette remarque à haute voix. Ce serait idiot et...
« C'est ridicule. » affirmais-je finalement en secouant la tête. « Bois le reste si ça peut te faire du bien. »
Je posais la bouteille sur le banc, lançant un regard à la bougie dont je ne comprenais pas la présence. Encore une chose qui m'échappait. C'était habituel. Tendue, je restais figée un instant, ignorant ce que je devais faire. J'étais tiraillée par l'envie de prendre ce psychopathe dans mes bras dans l'espoir d'alléger sa peine, mon cœur se serrant à mesure que je l'observais, cependant ma main se contentait de caresser inconsciemment son bras que je relâchais lentement. Je ne voulais pas le laisser. Mais il n'y avait pas assez de place sur ce banc pour trois - et encore moins pour quatre, avec l'espace démesuré qu'occupait l'arrogance de Holmes.
« Grand Sourire n'est pas là. Ma titanesque personne sera donc sans doute plus utile ailleurs pour régler des problèmes divins, ou au moins pour faire jolie dans le décor. » estimais-je, acerbe, et irritée malgré moi par les propos et la présence de Sherlock. « Je vais à la plage. Ne m'attends pas à la colocation, je ne rentrerai pas. »
J'avais pivoté juste assez pour m'adresser à mon ami, le regard aussi ennuyé que fatigué. Et attristé. Je le laissais tomber lui aussi. J'étais probablement aussi détestable que ceux que je critiquais. Je devais... me calmer. La seule apparition que j'aurai pu apprécier voir pouvait être là-bas et je voulais m'en assurer. Au mieux, apercevoir le Capitaine me détendrait un minimum bien que rien ne soit réel. Au pire, je subirais une nouvelle déception. J'y étais habituée.
J'étais néanmoins déchirée tout en m'éloignant, n'ayant même pas prit la peine de récupérer les friandises dont je ne voulais plus. Je ne savais jamais quand il était judicieux ou non de m'imposer. J'avais peut-être agit stupidement. J'aurai peut-être dû insister. Peu importait. Ils pouvaient tous penser ce qu'ils voulaient. Je n'allais pas faire demi-tour et passer encore une fois pour une imbécile.
black pumpkin
Balthazar Graves
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Ce ne sont pas les coups que nous avons pris qui comptent, mais ceux auquels nous avons survécu
Il demeurait figé, s'imprégnant des dernières vibrations émanant du fantôme de Johanna. Jamais apparition n'avait été aussi douloureuse. Pourtant, il pensait que Lucy demeurerait toujours la pire de toutes. Il s'était trompé. On aime encore plus intensément lorsque la douleur a creusé et agrandi notre coeur. La souffrance va de paire avec l'amour. Il l'avait appris à ses dépens. C'était le problème fondamental de Balthazar Graves : il était un démon doué d'un coeur : une fosse immense dans laquelle ses sentiments les plus profonds avaient lentement pourri pour devenir des émotions malsaines et négatives. Il portait en lui le naïf et trop gentil Benjamin Barker, comme un vêtement étriqué, déformé, mais dont on ne parvient à se séparer. Ce n'était pas faute d'avoir essayé à plusieurs reprises. Cela ne le rendait pas moins malfaisant pour autant, bien au contraire. En revanche, il souffrait probablement davantage qu'un psychopathe ordinaire, car malgré tous ses efforts, il n'arrivait pas à se couper entièrement de ses émotions. Peut-être aurait-il dû demander conseil à Mary ? Elle semblait redoutablement virtuose en ce domaine. Non, hors de question. Il avait trop de fierté. Il estimait qu'il pouvait se débrouiller seul. Terrible erreur.
La voix de Holmes provoqua un frisson glacé le long de l'échine du barbier. Il était la dernière personne dont il voulait supporter la présence en pareil instant. Le destin décida de le pousser jusqu'à ses derniers retranchements quand il aperçut Eulalie et Casquette du coin de l'oeil.
Qu'avait entendu le détective ?
"Tu parles tout seul maintenant Graves ?"
Cette phrase avait résonné de façon désagréable à son oreille. Il révéla ensuite qu'il faisait surveiller ce banc depuis le dernier passage du clown. C'était si intelligent que le barbier résista à l'envie de lui enfoncer l'un de ses ciseaux dans le corps. Il se contenta d'imaginer Holmes tomber à genoux devant lui et se vider lentement de son sang alors qu'il tournait les lames dans sa chair tendre... C'était une façon comme une autre de canaliser sa colère. S'il disait la vérité, il avait vu le barbier se recueillir plusieurs fois sur le banc, allumer et remplacer les bougies. Il connaissait un autre de ses secrets. Balthazar trouvait cette perspective très déplaisante. Il allait devoir redoubler d'ingéniosité pour mettre la main sur l'un des siens afin d'être de nouveau d'égal à égal. Il secoua lentement la tête : c'était absurde. Pourquoi se jeter corps et âme dans une guerre inutile ? Cette nuit-là, il se sentait las de toute chose. Il réclamait un repos éternel qu'il n'obtiendrait jamais. Il avait l'impression que tout ce qu'il voulait était hors de portée. Cela ne le rendait que plus obsessionnel.
Lorsque Eulalie se rapprocha, il leva à peine les yeux vers elle. Il ne souhaitait pas qu'elle voit qu'ils étaient brillants et humides. Elle ne comprenait rien, de toutes façons. Nul ne pouvait exprimer la perte. Elle pèse sur la conscience, elle étouffe, elle accapare, et personne ne peut la faire disparaître.
Quelle importance que l'amazone l'invite ou pas ? Il n'avait plus l'intention de fêter quoi que ce soit. C'était encore pire que les journées ordinaires. Elle évoqua le salon qu'elle lui avait offert et dans lequel il n'avait jamais mis les pieds, puis elle désinfecta sa plaie. Une brûlure vive traversa son bras. Il grimaça par réflexe, comme réveillé en sursauts par cette douleur physique, si différente de ses tiraillements intérieurs.
Il posa un regard morne sur la blessure : le sang qui avait coagulé redevint liquide sous l'effet de l'alcool. Il l'observa couler le long de sa peau en fins filaments vermeils, tandis que les doigts d'Eulalie caressait son bras de façon tendre et distraite. Il aurait voulu qu'elle ne s'arrête jamais. Ce simple geste doux et répétitif l'apaisait sans qu'il parvienne à se l'expliquer. Hélas, cette fragile bulle d'oxygène éclata très vite. Balthazar crut manquer d'air durant quelques secondes quand l'amazone s'éloigna. Il baissa les yeux sur le seau de friandises posé sur ses genoux. Puis, toujours aussi maussade, il tourna la tête vers Holmes qui était étonnamment silencieux. A cet instant, il oublia tous ses principes pour se jeter sur lui et arracher la chemise du détective. Cette idée l'obsédait depuis qu'Eulalie avait parlé du vêtement.
"Elle a raison. Tu empestes." articula-t-il avec une grimace de dégoût.
La drogue. L'alcool. Heureusement, la fumée de cigarette dissipait peu à peu les effluves nauséabonds du détective. Il avait reconnu la marque à l'odeur. C'était la même que la sienne. Il plissa des yeux tout en le fixant, agacé.
"Ce n'est pas l'odeur de cigarette que Kida apprécie chez moi."
Aussi étrange que cela puisse paraître, l'atlante préférait plutôt sa conversation. Ils se comprenaient tous les deux, malgré le fait qu'ils parlaient peu. Leurs entrevues étaient à la fois stimulantes et satisfaisantes : aucun des deux ne franchissait des limites déplaisantes. Brusquement, le barbier éprouva le besoin de la voir. C'était idiot. Elle se demanderait ce qui lui prenait de lui rendre visite à cette heure-ci. De plus, ils se voyaient uniquement dans le cadre d'un rendez-vous pour une coiffure. Cette structure lui convenait parfaitement. Au moins quelque chose de rigide et d'immuable dans son quotidien chaotique. Il n'allait pas tout changer maintenant sur un coup de tête.
Fermant brièvement les yeux, il aspira une bouffée de tabac qui formait un nuage toxique autour de Holmes.
"Sois moins con et tu arriveras à conclure." maugréa-t-il, cassant.
Avec qui ? Kida, bien évidemment. Qui d'autre ? Il se leva brusquement. Voilà qu'il donnait des conseils à cet abruti... Cette soirée était décidément pleine de surprises. Il fit un pas, puis se retourna pour placer ses doigts contre la cigarette suspendue aux lèvres du détective. Délicatement, il la lui piqua pour la porter à sa propre bouche. Il aspira une autre bouffée dévastatrice. Ses yeux avaient une lueur narquoise dans la pénombre alors qu'il le fixait. Il décida de garder la clope. C'était plutôt agréable de lui piquer quelque chose, même d'aussi insignifiant.
Il se dirigea ensuite vers Casquette pour lui tendre un des gants qu'il venait d'enlever.
"Ne le loupe pas." dit-il avec un rictus sardonique, car il savait bien qu'en réalité, le jeune homme n'aurait jamais le cran de blesser mortellement le détective.
Il n'y avait donc aucun danger de les laisser en tête à tête. Après un dernier regard vers la bougie dont la flamme menaçait toujours de s'éteindre dans le vent, le barbier se saisit du seau de friandises. C'était l'une des raisons pour lesquelles il s'était débarrassé d'une de ses mains d'argent.
Il ne mit que quelques minutes à rejoindre la plage. La mer était plutôt agitée ; même si on peinait à discerner les vagues dans l'obscurité, on les entendait s'écraser avec fureur sur le sable. Le ressac tumultueux s'accordait avec la rage sourde qui dominait constamment l'esprit tourmenté de Balthazar.
Quelques réverbères lointains, positionnés au niveau du chemin menant à la plage, lui révèlèrent la silhouette de l'amazone au bord de l'eau. Il s'approcha lentement, ses chaussures s'enfonçant dans le sable et lui donnant une démarche étrange. Imperturbable, il dépassa Eulalie et se dirigea vers les flots. Il n'avait pas l'intention de se noyer. Il avait déjà tenté de se supprimer à plusieurs reprises et cette technique lui apparaissait comme mauvaise : il ne souhaitait pas sentir son corps se rebeller quand ses poumons vidés d'air se rempliraient d'eau. Il ne voulait pas que son corps manifeste des signes de survie.
Non, il avait une autre idée en tête. Une fois qu'il fut suffisamment proche au point que les vagues et le vent hurlent à ses oreilles, il rassembla toute sa force dans son bras et renversa le contenu du seau au loin. Les friandises se perdirent les flots sombres. Après quoi, il pivota dans le sable mouillé et retourna vers la jeune femme. Avec brusquerie, il lui colla le seau vide dans les bras. Puis, il écarta la cigarette de Holmes, presque entièrement consumée, de sa bouche.
"Tout ce que tu aimes sera emporté." déclara-t-il d'un ton aigre.
C'était la leçon du jour. Pourquoi s'acharnait-il à faire ce genre de choses ? Pourquoi essayait-il de lui apprendre ce qui lui échappait ? Dans le fond, était-il comme tous les autres hommes, secrètement animé par un but censé rendre sa réalité moins noire ?
"Si tu ne t'attaches à rien, tu as une chance de vivre convenablement."
Les rafales et les vagues couvraient pratiquement sa voix. La bise soulevait ses cheveux et passait par chaque interstice de son vêtement en cuir. Il était immobile, fixant l'amazone d'un oeil perçant malgré la pénombre. La chevelure d'Eulalie remuait autour de sa tête comme de multiples serpents ensorcelés par le mugissement du vent.
Mais tu choisiras de souffrir. Je le sais.
Il n'avait pas besoin de prononcer ces paroles. Il le devinait dans la détermination insouciante et provocante de son regard. Il porta la cigarette à sa bouche, aspira une dernière bouffée et la jeta dans le sable.
En trois pas, il combla l'espace entre eux. Sa main glacée se glissa sous l'épaisse chevelure de l'amazone et rencontra sa nuque tiède. Il pencha la tête vers elle et captura ses lèvres, tandis que sa main d'argent, posée en bas du dos de la jeune femme, l'incitait à se rapprocher de lui. Les lames étaient évidemment tournées vers l'extérieur, de sorte à ne pas la blesser, mais suffisamment proches pour qu'il puisse changer d'avis si l'envie lui prenait.
Une chaleur née de ce baiser l'envahit tout entier. Il l'accentua instinctivement. Pourquoi était-ce si bon et douloureux à la fois ?
Il avait choisi de souffrir depuis longtemps. Il ne connaissait que ça. Ce n'était même pas une option. Alors qu'elle avait encore la possibilité de prendre une autre direction.
Pourquoi désire-t-on toujours ce qui fait le plus mal ? Eternelle question sans réponse.
acidbrain
Sherlock Holmes
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« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
"- I dont' have friends... -Ooooh that's a bingo!"
Les mains toujours dans les poches, il n’avait pas bougé d’un pouce. A quoi bon ? Il n’avait pas répondu aux remarques acerbes d’Eulalie et Balthazar. Après tout, il l’avait cherché. Il l’avait également voulu. A chaque fois, un rictus méprisant et méprisable était apparu sur sa bouche. Les dents serrés, le détective avait même osé un léger clin d’oeil pour provoquer Balthazar un peu plus. Ce qu’il avait dit sur Kida et lui… Des frissons, d’une haine enfouie, profonde et mortelle avaient parcouru son échine, prêt à jaillir pour l’égorger. Ses yeux passèrent ensuite sur Eulalie, et revinrent encore sur Balthazar. Elle n’était pas là. Chacun l’avait dit à sa manière, et au final, ça voulait que tous les deux étaient content de cette relation, car ils y faisaient attention. Plissant ses yeux, son cerveau calcula plusieurs possibilités de réponses, allant du conflit ouvert à la petite pique haineuse et gratuite. Mais rien ne sortit, absolument rien. Son regard se porta une nouvelle sur eux. Mais rien. Pas une remarque. Même les conseils de Balthazar, agressivement déguisés ne le toucha pas. Il resta simplement là, les surplombant de sa silhouette fine, les yeux plissés. Observant leurs faits et gestes, il les trouva même plutôt mignon. Finalement Eulalie décida de partir, suivi de prêt par Balthazar en personne. Ricanant tout seul, il marmonna : « Au moins, ils se sont bien trouvés. » « Je trouve aussi… C’est bizarre nan ? »
Clignant des yeux, il en avait presque oublié Michel-Ange. Ce dernier avait les bras croisés et les regarder partir avec bons nombres de mètre d’écarts. Subitement, quand il se rendit compte qu’ils n’étaient plus que deux, toute attitude agressive retomba et ses bras tombèrent le long de son corps. Sherlock lui, ne bougea pas et fixa la tortue avec intensité. « Bien. Tu devrais rentrer chez toi, et te détendre. La nuit a été rude pour toi. » dit-il d’une voix grave.
Michel-Ange voulut se retourner pour lui répondre, mais il avait déjà disparu comme Batman, au creux des ténèbres. Haussant des épaules et se retrouvant seul comme un imbécile, il déclara à voix haute : « Bon, ben je vais aller embêter Théo... »
Et il disparut à son tour dans la nuit. Sherlock quand à lui, avançait droit, sans regarder plus loin que le bout de ses pieds, comme il en avait l’habitude lorsqu’il réfléchissait. Ce calme plat, cette lenteur avec lesquels les événements s’enchaînaient dans sa vie. C’était épuisant. Il n’avait qu’une envie : reprendre du service. Passant sa longue main aux doigts fins à l’intérieur de son manteau, il jeta les dernières seringues qu’il s’était garder pour ce soir dans un caniveau. Prenant à gauche, il remonta la Baker Street d’une démarche rapide. Sortant son téléphone, Sherlock composa encore le numéro d’Eurus. Messagerie. Tournant la poignée, le détective monta les marches quatre à quatre et monta au grenier. Entrant sans frapper dans la chambre d’Eurus, il remarqua qu’elle était vide. Soupirant, il la referma. Jamais il ne s’était senti aussi seul qu’aujourd’hui.
Un peu plus tard, la même rue, le même banc.
Sortant des ténèbres, une pipe fumante à la main, un gentleman plutôt bien habillé marchait paisiblement dans la rue en chantonnant :
« ♪ Hello darkness, my old friend, I've come to talk with you again... ♪ ♪ ♪ »
S’avançant vers le banc, Arsène Lupin tira à nouveau sur sa pipe et inspecta les lieux d’un œil avisé. Seul, il n’était plus Isaac Ormebrun. Il n’avait plus besoin d’avoir cette stupide couverture qu’il s’était réservé pour ce soir avec Mary Bates. D’ailleurs, il s’était très clairement ennuyé. Il avait passé en réalité la soirée à chercher Sherlock Holmes… Et il avait fini par le trouver, lui et sa petite troupe. L’observer depuis les ténèbres avait été réellement jouissif. Haussant un sourcil en voyant la tâche de sang par terre, il déclara pour lui même d’un ton joyeux à voix haute : « Oooh ! On dirait que quelqu’un s’est vraiment blessé ici! »
C’était rigolo. De savoir que quelqu’un avait souffert ici. Peut être le petit rouquin. Ou le petit brun qu’il avait identifié comme Balthazar. S’asseyant sur le banc, il regarda la bougie d’un air intéressé. Tirant sur sa pipe, il émit un petit ricanement. Qui avait mis ce petit truc là ? Un rituel stupide certainement. Sortant sa canne, il l’écrasa la chandelle de cire de toutes ses forces et la balaya de sa main pour nettoyer le banc, afin qu’il soit totalement immaculé. Beaucoup mieux. Respirant à plein poumons, comme s’il était particulièrement satisfait de quelque chose, Arsène leva les yeux vers les étoiles et déclara d’une voix amusée aux constellations : « Ah… Qu’il est bon de se sentir aussi seul que Sherlock Holmes ! »