« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
C'était vraiment dommage d'être tombé pile le jour de repos, quand même. Apollon était resté bloqué sur cette réflexion, une moue songeuse prenant place sur ses traits alors qu'il fixait bêtement la porte fermée. Ses bras croisés, il estimait qu'attendre ici jusqu'à l'ouverture le lendemain matin ne devrait pas être trop long. Il avait toujours rêvé de visiter Dun Broch. Est-ce qu'il y avait des cours d'accrobranche dans le coin ? Avec toutes leurs forêts, ce serait stupide que ce ne soit pas proposé. Ou du tir à l'arc ! Mais il était déjà doué avec cette arme. Alors que l'escalade, par contre...
Il secoua la tête en réalisant que le plus idiot dans tout ça était certainement le fil de ses pensées. Hors de question que sa femme ne soit pas sa femme pendant encore plusieurs heures ! Heureusement, Hope gérait à merveille la situation – ce qui ne faisait que confirmer que c'était elle le cerveau du couple qu'elle formait avec Hadès. Elle marchandait encore mieux que son frère faisait ses contrats ! C'est que cette grande rousse était convaincante. Là il le voyait bien, le côté Rebelle. Il avait presque envie de prendre des popcorns pour continuer de suivre la scène. Un peu comme devant un live action. Sauf qu'il était dedans, et pas devant une télé. C'était vachement cool d'y assister en direct. Il comprenait mieux pourquoi les humains cherchaient sans cesse à améliorer leurs technologies pour parvenir à atteindre ce niveau de réalité dans leur simulation. Même si bon, rien ne valait la réalité, clairement.
« Hein quoi ? » marmonna-t-il finalement tout en sentant qu'on le tirait à l'extérieur de la cabane.
Il se maudissait lui-même de sa capacité à être distrait aussi facilement. La bouche ouverte, il tourna la tête en arrière pour lancer un regard plein d'incompréhension à Cassie-Casse-Pieds et Cassadès. Qu'est-ce qui se passait ? Il avait vaguement entendu la discussion concernant le baume et le retour à la normale qui suivrait – ce qui était une information importante, maintenant qu'il y pensait, il aurait dû être plus attentif. Mais le décor avait été trop immersif ! Ce n'était pas de sa faute si il était resté focalisé sur la décoration ! Il avait envie de faire des statuettes en bois maintenant. Sa fibre artistique était trop développée. Son inspiration frappait toujours au mauvais moment.
« J'aime bien tes bouclettes. » fit-il remarquer en désignant la chevelure rousse de la jeune femme d'un geste vague de la main. « Ça te donne un petit côté sauvage, tout ça, enfin t'as pas besoin de ça tu l'es naturellement... Je suppose. Je dis ça comme ça. Tu parlais de quoi déjà ? Des ours ? J'adore les ours ! »
Apollon avait parfois du mal à suivre son propre cheminement mental, mais il affichait toujours un grand sourire éclatant qui donnait l'impression qu'il savait exactement ce qu'il faisait ou ce qu'il disait. En général, c'était bien le cas, il savait se concentrer quand la situation l'exigeait. Ce qui aurait dû être le cas ici, en réalité. Après tout le corps de Cassandre était en jeu.
« … Attends elle a dit tout partout c'est ça ? »
Son sourire avait disparu au profit d'une expression indécise. Elle n'avait pas exactement dit ça, cette sorcière, mais elle avait précisé ''aucune partie de l'anatomie bla bla bla bla''. Et ce qu'il retenait là-dedans, c'était le terme ''anatomie''. Et le verbe ''enduire'' qui s'était glissé dans la discussion.
« Mais... Mais je vais pas laisser ce pervers toucher ma femme ! » s'exclama-t-il soudainement, se choquant d'avoir mit autant de temps à réagir. « Je veux dire... C'est pas un pervers mais c'est son grand-père, ça se fait pas. Quoi qu'il y a déjà eu pire dans la famille... »
Il commençait à trop réfléchir. Est-ce que c'était correct de laisser une telle chose se produire ? Est-ce que les mains d'Hadès – dans le corps de Neil – donc les mains de Neil, pouvait toucher tous les endroits du corps de... Neil ? Oh ça lui donnait encore la migraine. C'était vraiment trop complexe. Et l'inverse ne lui plaisait pas tant que ça non plus. Bien qu'ils pouvaient mutuellement s'aider et s'occuper de leurs corps respectifs aussi... ce qui ne mettait pas une meilleure image dans sa tête... Il grimaça en la secouant, voulant faire fuir les scènes dérangeantes que son esprit commençait à former.
« Ok. Merida de Dun Broch, je pense que c'est à nous de gérer cette situation. Parce qu'on est les meilleurs. » estima-t-il, sans une once d'hésitation. « Cassandre aussi est la meilleure, mais Hadès... tu vis avec tu sais que... »
Il se pinça les lèvres, ignorant comment le dire de manière correcte et non vexante. Est-ce que dire que son développement mental ne devait pas être achevé était déplacé ? Carrément ! Et il l'adorait ce dieu, malgré tous ses défauts et ses manigances étranges et dérangées.
« Il va se rater. Il va croire qu'il se rate pas, mais il va se rater. Et si il se rate, tu récupérera que la moitié de ton mari et moi que la moitié de ma femme. »
C'était pas trop méchant de dire ça. Rien ne se passait jamais comme prévu avec Hadès, c'était un fait, c'était ce qui faisait son charme aussi – même si Apollon ne l'admettrait jamais.
« Future femme, plutôt, c'est pareil. On vous a envoyé vos cartons d'invitation ? Je crois pas. Comme on a pas encore choisit de dates. Ce serait stupide du coup. Mais vous êtes invités ! Même si on était pas là au vôtre... Vous êtes mariés, non ? »
Il n'avait jamais vraiment posé la question. Il ne se souvenait pas d'une cérémonie grandiose aux Enfers ou à Olympe – puisque Hadès aimait toujours faire les choses en grand – ou alors il n'avait pas été convié et ça, il le prendrait mal. Même si il devait y avoir prescription depuis. Si ils étaient vraiment mariés.
« C'est qu'un détail ! Tu ferais une mariée sublime en tout cas, même en demoiselle d'honneur tu serais top ! Tu pourrais demander à Cassie, peut-être qu'elle serait d'accord. J'espère qu'elle va demander à Jules et qu'elle va le forcer à porter une robe, ce serait drôle... »
S'égarant – encore une fois – dans ses pensées désordonnés, il s'était mis à rire doucement, les yeux dans le vague, avant de se reprendre soudainement. Sans plus attendre, il passa son bras autour des épaules de la jeune femme et l'entraîna en arrière pour retourner de nouveau dans la cabane. Par sécurité, il cacha ses yeux de sa main libre, en écartant les doigts lentement pour ne pas être mis face à une scène choquante trop subitement. Merida avait raison, ce truc dans le chaudron ça sentait pas bon du tout.
« On vient superviser les opérations finalement. C'est plus prudent. » précisa-t-il en se raclant la gorge, malgré tout peu serein face à ce qui se passait. « On est pas des voyeurs mais on veut éviter les débordements c'est tout. Je veux, surtout. J'aime pas trop savoir que ma femme tripote son ancêtre et inversement... y'a moyen de bander les yeux de celui-là pour pas qu'il regarde trop longuement ? On lui dira si il oublie des endroits. Ou alors je m'en charge ! Ouais je peux m'en charger ! »
Pourquoi il n'y avait pas pensé plus tôt ? C'était une idée de génie. Fabuleuse. A son image.
« Et toi tu t'occupes de ton homme. Ou... ouais non. Enfin tu l'as embrassé ça lui a fait un truc, j'ai vu, alors si y'a des rapprochements et tout... je peux gérer les deux ! Je suis un excellent enduiseur de baume ! Je fais des massages de folie, n'est-ce pas ? »
Sans trop comprendre ce qu'il racontait, il s'était retourné vers Cassadès avec un sourire en coin qui voulait tout dire, avant de se rendre compte que ce n'était pas trop le moment d'y penser.
« Je vais pas faire de massages là. Je vais me contenter du strict minimum. J'ai pas envie de te masser quand t'as ce corps là. »
Il avait relâché Merida pour remonter les manches de sa chemise... qu'il ne portait toujours pas. Donc ça n'avait pas grand intérêt. Il était en train de se lancer dans un exercice qu'il regretterait, il le savait d'avance.
« Allez. Je commence par le plus traumatisant. Franchement si ça fait pas de moi le dieu le plus parfait de me porter volontaire comme ça... » poursuivait-il tout en se bouchant le nez d'une main, l'autre allant se plonger dans la mixture écoeurante. « Déshabille toi qu'on fasse ça vite ! Je dis pas ça d'habitude mais là... je veux éviter de faire durer le moment trop longtemps. Tu m'en veux pas ? Je me rattraperai... plus tard. De toute façon j'ai déjà vu Dédès tout nu c'est pas nouveau ! Toi par contre tu fermes les yeux. C'est mieux. Tu vas faire des cauchemars sinon après. »
Il hocha la tête pour appuyer ses dires. Lui n'aurait pas eu envie de voir Mnémosyne sans vêtements, vraiment, ni d'être dans son corps en fait, alors si il avait eu une grand-mère il supposait que ça aurait été encore pire. Il pensait au bien-être de Cassandre en se sacrifiant pour la bonne cause. Lui allait peut-être faire des cauchemars d'ailleurs.
« C'est dingue ce qu'il est doux ce visage. Tu mets de la crème de jour ? » interrogea-t-il distraitement Cassie-Casse-Pieds tout en commençant à étaler de la crème sur les joues de Cassadès.
Faut dire que même en étant maire, il devait avoir le temps d'aller au SPA ou faire des soins complets comme il faisait pas grand chose en ville. En tant que Gardien d'Olympe, son emploi du temps était plus chargé. Même si sa peau était quand même parfaite. Il notait quand même qu'il devrait se prévoir un séjour en thalasso, parce que ça faisait jamais de mal. Et c'est dingue ce que son torse était musclé tiens. Il s'était chargé de finir de lui retirer sa chemise kaki sans trop demander l'autorisation. Après tout plus vite ce serait fait, plus vite ils pourraient aller faire de l'accrobranche ! C'était ça le programme non ?