Cela faisait un bon moment qu’Athéna ne s’était pas mêlée aux habitants de Storybrooke. Ses trajets se résumaient à aller de l’Olympe à la maison et de la maison à l’Olympe. Diane et elle étaient colocataires depuis presque deux ans maintenant et la guerrière en était bien contente. Certes, elle avait un peu déserté quand Arès était mort, souhaitant se trouver dans des lieux bien plus familiers que la maison de Storybrooke pour évacuer toute sa colère et sa tristesse, mais elle était revenue dans la maison.

Il était donc temps de renouer aussi avec le quotidien de la ville. Si rien ne lui échappait vraiment puisqu’elle espionnait assez les habitants, elle avait besoin de reprendre un peu plus pied dans cette vie. C’était le risque quand on était immortel et que l’on pouvait se réfugier dans un endroit inaccessible aux autres : perdre pied avec la réalité, avec l’ère du temps. Et pour contrer cet effet, rien de tel que d’aller dans un bar. Et justement, Athéna en connaissait un qui était plus qu’intéressant.

Après une caresse à Leo son labrador, Athéna se dirigea vers le bar de Regina. Elle savait que son amie s’en sortait comme une chef, mais après avoir passé un an dans le Cocyte à gérer un bar, on pouvait bien dire que la sorcière n’était pas une débutante en la matière… En tout cas, la brune espérait bien y trouver la propriétaire des lieux, s’étant rendue compte qu’elle n’avait pas été super présente ces derniers temps… Et en poussant la porte du bar, ce fut effectivement le cas. Elle était là.

- Je te l’ai déjà dit, boire seule, c’est le début de l’alcoolisme. Dit-elle en souriant en rejoignant Regina au bar, déjà présente avec un verre devant elle. Pas d’apple poison ? Demanda-t-elle en s’installant. Je suis déçue, je l’aimais bien ton cocktail… Ajouta-t-elle avant de sourire à son amie. Alors Mme la Maire-Adjointe, comment vas-tu ? Questionna-t-elle avec un sourire.

Peut-être qu’elle devrait penser à dire à Regina qu’elle entraînait Alexis au combat à l’épée. L’idée venait de lui traverser l’esprit. La déesse n’y avait pas pensé plutôt, parce qu’elle estimait qu’Alexis avait déjà dû en informer sa mère. Mais si ça n’était pas le cas, la guerrière allait devoir le faire. Cela promettait d’être intéressant…

L’adage « Certaines choses ne changent jamais » était souvent véridique. Au cours des siècles, Athéna l’avait remarqué. Mais rien n’était plus vrai que ça quand il s’agissait de Regina. Et de son bar. Être Mairesse avait été un rôle fait sur mesure pour la Reine, mais clairement, la guerrière la préférait derrière un bar. Ou juste à côté, cela n’avait pas grande importance. Mais clairement, ce milieu-là collait bien à l’ancienne reine.

- Tu devrais essayer d’autres alcools pour varier, tu risquerais de trop t’y habituer. Répondit-elle en souriant. Je te ferais goûter un petit vin d’Alsace, c’est français, je pense que ça pourrait bien te plaire. Sourit-elle.

Athéna et Regina avaient beaucoup sympathisées durant leur année d’enfermement et c’était assez naturellement que la déesse en était venue à la considérer comme une amie. Durant près de 20 ans, la guerrière avait vécu seule, loin des dieux et loin des hommes. 20 ans, c’était long mais quand on était en plus comme elle trop franche avec une langue bien trop acérée, c’était encore plus long. Les gens ne parlaient pas à ceux qui peuvent se moquer d’eux en tout impunité.

- Je reviendrais juste pour ça alors. Dit-elle avec un sourire. Un bourbon si tu as, sinon un whiskey, ça m’ira très bien. Ajouta-t-elle avant de prendre des nouvelles de son amie et de sa famille. C’est bien ça. Acquiesça-t-elle. Si vous allez à Rome, dis-le moi, j’ai un appartement là-bas, ça vous évitera de payer un hôtel. En fait… Fit-elle, réfléchissant. Quand vous connaîtrez votre parcours, dis-le moi, j’ai des propriétés un peu partout dans le monde, y en aura sans doute une dans les endroits que vous visiterez… Proposa-t-elle. Oui j’ai su pour le bar, tu as trouvé le responsable ? S’enquit-elle. Ah, je crois que c’est à cause de moi si tu ne vois pas assez Alexis… Soupira-t-elle. Elle m’a demandé de l’entraîner. Je lui apprends les arts martiaux et le maniement de l’épée. Informa-t-elle son amie. Elle est douée, avec une réelle capacité d’analyse. Mais je dois admettre que je ne suis pas très tendre et qu’elle doit être épuisée après nos journées…

C’était le moins que l’on pouvait dire. Athéna était très exigeante, surtout quand il s’agissait d’apprendre à se battre. Et encore plus quand on était la fille de l’une de ses rares amies… Or de question de laisser Alexis se débrouiller seule, sans un bon entraînement.

Jamais Athéna n’aurait cru qu’elle en viendrait à discuter, à plaisanter même avec la Méchante Reine ! Mais leur aventure dans le Cocyte et surtout l’année passée ensemble avait changé bien des choses… À présent, la déesse savait qu’elle pouvait compter sur son amie. La magicienne était d’ailleurs l’une des rares à pouvoir répondre à cette appellation, le reste des amis que la guerrière avait pu avoir étaient à présent décédés…

- Je pourrais t’arranger le marché si vraiment tu y tiens. Proposa-t-elle. Je connais bien le producteur, on est régulièrement en contact. Sourit-elle.

Athéna aimait le vin. Elle ne pouvait pas être saoule, mais un bon vin restait tout de même un moment appréciable. Surtout maintenant qu’elle avait réellement besoin de manger. Avant, elle n’avait pas eu besoin de consommer de la nourriture donc toute une partie de la dégustation de vin lui échappait. Depuis quelques années, ça n’était plus le cas. Et autant dire que c’était vachement plaisant.

- Mais non… Tu es l’une de mes rares amies, si ce n’est la seule… C’est normal que je t’aide quand je le peux non ? Répondit-elle en balayant les remerciements de Regina d’un geste de la main. Ah, j’ai hâte de voir ça. Les bonnes vengeances à l’ancienne me manquent… J’espère que tu feras durer un peu le spectacle quand même. Faudrait pas que le responsable soit châtié trop rapidement…

Ça laissait toujours le spectateur sur sa faim quand ça arrivait. Comme durant l’Antiquité avec le cirque. Les combats de gladiateurs étaient souvent réjouissants, mais les combats hommes/animaux étaient le plus souvent décevants… La déesse en vint ensuite à avouer à Regina que c’était sans doute à cause d’elle qu’elle ne voyait pas autant sa fille qu’elle le voudrait, puisque la guerrière entraînait Alexis.

- Ta fille est une battante comme toi. Assura-t-elle à son amie. Mais je compte en faire une magnifique guerrière. Elle a déjà un certain talent, je ne doute pas de parvenir à cette tâche. Reprit-elle avant de regarder Regina avec un calme des plus graves. Je te jure de toujours veiller sur ta fille.

Même si Regina venait à disparaître, Athéna serait là pour Alexis. Non seulement par amitié pour sa mère, mais aussi et surtout parce qu’elle appréciait énormément la jeune femme. Et tant pis si cela impliquait qu’elle ne puisse rien faire si Alexis devenait l’Enora qu’elle avait entraperçu dans ce voyage temporel…

Proposer à Regina de déguster un nouvel alcool et même lui proposer d’organiser les arrangements avec le producteur si cela lui convenait avait paru tout à fait naturel à Athéna. Comme elle l’expliqua à l’adjointe, elle était l’une de ses rares amies et la guerrière entendait bien faire son possible pour l’aider. Et dans le domaine de l’alcool, elle avait ses accès dans les meilleures caves de France. Ça avait du bon l’immortalité à ce niveau-là…

- Ah oui ? Lança-t-elle, ironique. Personne n’a jamais compris pourquoi tu avais pris autant de monde avec toi je pense. Que tu te venges seulement de Blanche-Neige aurait été plus compréhensible à leurs yeux j’imagine… Dit-elle en haussant les épaules.

En tout cas, elles s’étaient bien trouvé toutes les deux. Elles étaient parfaitement mises de côté à cause de leurs actes passés par une partie de la population. Enfin, plus Regina qu’Athéna puisque la déesse s’entendait assez bien avec le reste de sa famille. Quant aux mortels, ils ne savaient pas ce qu’elle avait pu faire, ils reportaient juste leur colère sur les dieux, sans se rappeler que les dieux n’étaient pas la cause de leur arrivée ici…

- En plus, tu as juste besoin de dire mon prénom pour que j’apparaisse, c’est d’un pratique. Dit-elle avec un grand sourire.

Et c’était vrai en plus. Regina n’aurait que besoin de dire son nom à haute voix pour que la déesse sache qu’on avait besoin d’elle. En général, suivant qui l’appelait, la brune ne répondait pas. Elle n’aimait pas ce qu’était devenu les mortels, alors les fréquenter plus que de raison, très peu pour elle.

- Comment ? Demanda-t-elle après quelques instants de silence à observer la photo qu’elle avait sous le nez.

Athéna lui avait confié qu’Alexis était entrain d’être entrainée pour devenir une grande guerrière et que celle-ci s’en sortait bien. Regina avait alors sortit une photo de son portefeuille et la brune avait pu voir Alexis enfant.

- C’est vrai qu’elle est très mignonne… Dit-elle doucement.

Elle-même n’aurait jamais d’enfant. C’était quelque chose qui ne l’avait jamais véritablement travaillé jusqu’à aujourd’hui. Le jour où elle disparaîtrait, que se passerait-t-il ? Elle n’avait pas la réponse à ça mais peut-être qu’elle trouverait un jour.

Athéna n’avait jamais discuté de la Malédiction avec Regina. Oh, elle s’était souvent moquée des gens qui ne faisaient que râler sur la Méchante Reine mais elle n’avait jamais pris la peine d’aller voir la principale intéressée pour comprendre pourquoi un tel sort. Peut-être qu’à l’époque, elle se fichait encore bien trop des mortels pour se préoccuper d’eux. Bon, si on était honnête, la guerrière ne se préoccupait pas de tous les mortels, mais d’une petite poignée et c’était déjà bien plus qu’avant, surtout pour elle qui avait perdu foi en l’Humanité depuis si longtemps…

- Alors tu t’en es prise à tous pour qu’ils comprennent ce que ça faisait que d’être à ta place. Renchérit-elle. Je comprends.

Et c’était vrai. La déesse comprenait ce que ça faisait que de ne pas se sentir à sa place et mal dans sa peau. Après tout, elle avait bien fait tuer deux dieux en partie pour ça. Même si ça n’était pas la principale raison, au fond, ça avait joué un peu malgré tout. Quand on était mal, mais vraiment mal, on avait tendance à vouloir faire souffrir les autres de la même façon pour leur montrer et pour que les choses changent aussi malgré tout. Un sourire effleura les lèvres de la brune quand elle vit Regina sortir des cacahuètes, ce que celle-ci remarqua et dont elle se défendit bien vite.

- Au moins c’est quelque chose qui ne change pas, qu’importe le siècle ou le lieu où on se trouve. Répondit-elle avec un sourire.

Athéna lui un clin d’œil quand elles parlèrent de la façon de contacter la déesse pour que celle-ci apparaisse en cas de souci. Certes, le portable aussi ça fonctionnait, mais il fallait avouer que simplement penser à la déesse, c’était tout de même beaucoup plus simple et rapide. Moins dangereux aussi si on ne voulait pas se faire remarquer alors qu’on était dans une situation délicate. Cette année dans le Cocyte avait amélioré tellement de relations… Celle avec Diane, avec Regina… Même avec Hadès ! Même si la brune était assez triste de ne plus garder Hope tous les mardis comme cela avait été la tradition là-bas.

Elles parlèrent ensuite d’Alexis. Regina lui montra une photo et Athéna lui avait raconté qu’elle s’occupait d’entrainer la jeune femme et que celle-ci avait de réelles capacités pour devenir une guerrière digne de ce nom. La déesse en profita pour assurer à Regina qu’elle prendrait toujours soin d’Alexis et aurait un œil sur elle. Le futur dans cette ville était très incertain et la guerrière s’était attachée à sa petite apprentie. De même qu’à la mère de celle-ci qui était devenue une amie très proche.

- Je m’en souviens de ce dôme… Dit-elle en hochant la tête. La menace que tu avais senti avec Bodhi, c’était mon sorcier et moi qui l’avions créée. Avoua-t-elle. C’est de ma faute en fait si tu as invoqué le dôme. C’était mon plan.

Qui avait manqué de très mal se terminer pour elle quand Yen Sid s’était retournée contre la déesse. Enfin… C’était quelque chose qu’elle avait toujours anticipé même si elle n’avait su de façon certaine comment il s’en serait chargé. La guerrière avait réussi à tourner tout ça à son avantage et au final, elle ne serait sans doute pas là aujourd’hui sans cet épisode de leur vie.

- Je suis désolée. Dit-elle à son amie. Mais en même temps, comment as-tu fait pour ne pas te douter que ça aurait cet impact que de bannir les dieux de la ville ?

Après tout, eux venaient du monde réel et c’était ça qui avait provoqué cette séparation : tous les gens venant du monde réel ou liés aux divins comme les Cavaliers ou les Déesses Magiques avaient été expédiés à l’extérieur. Athéna regarda avec beaucoup de surprise Regina tout en se mettant à réfléchir attentivement.

- Un enfant ? Non… Je n’y ai jamais songé… En même temps, pour cela, il faudra avoir la fibre maternelle. Et un compagnon.

Elle n’avait aucun des deux. Du moins n’avait-elle pas le compagnon. Pour la fibre maternelle, Athéna en était beaucoup moins certaine, même si elle ne comptait pas l’avouer.