« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
There ain't a cloud in sight, it's stopped rainin' everybody's in a play.
« Je vais m'en occuper. » affirmais-je avec conviction, en arrachant la tronçonneuse des mains du garde.
J'avais sans doute très mal calculé mon geste tandis que l'appareil toujours en marche tournait dans le vide, une quantité de crème non négligeable atterrissant sur le visage du Gardien Apollon. Je le vis afficher un air outré tandis que j'esquissais une grimace. C'était de pire en pire.
Je n'osais pas dire non plus que je n'étais pas friande de fromage, l'odeur commençant à se faire de plus en plus insupportable. Après tout, ils avaient fait tellement d'efforts pour confectionner ce gâteau que ça aurait été déplacé de ma part de le refuser. Et maintenant qu'il était étalé dans toute la pièce, il était trop tard pour en faire la remarque... J'éteignais l'appareil vrombissant entre mes mains en jetant un coup d'oeil désabusé à l'état dans lequel se trouvait la pièce. Et les personnes qui s'y trouvaient.
« C'est une catastrophe. » jugeais-je utile de prononcer à haute voix, avec une moue des plus désolées.
« Je vous avais prévenu que les fêtes en plein milieu de la journée ça valait pas une bonne soirée sur Olympe... » marmonnait le dieu en s'essuyant à l'aide d'une serviette qu'il venait de faire apparaître.
« Ce n'est pas ça le problème. »
Ma main passa dans mes cheveux tandis que mon cœur se serrait dès que j'osais regarder Ellie. Je ne supportais pas qu'elle se sente coupable de cette suite d'événements et de perturbations. Elle avait même prévu un cadeau ! Comment pouvait-elle supposer que je la tenais responsable ou qu'elle devait s'excuser ? Ma gorge se serra et je me tournais vers Hypérion, sans réussir à définir si il m'en voulait vraiment, si je l'avais blessé, ou si ce n'était qu'une façon de tenter de me faire regretter l'Intervention mise en place. Je ne savais pas non plus quoi dire à Jules qui devait être au bord du malaise en voyant sa demeure sans dessus-dessous. A moins que ce ne soit la globalité de la situation. Après tout ce qu'ils avaient traversé, tous, il m'était difficile d'accepter que cette journée se poursuive de manière si négative.
« Je n'aime pas vous voir vous disputer... » avouais-je finalement tout en serrant la tronçonneuse contre moi.
L'image devait être absurde. Loin d'être adorable, je devais paraître folle. La présence d'Aphrodite n'aurait peut-être pas été de trop. En tant que déesse de l'Amour, ne pouvait-elle pas répandre des sortes d'ondes positives et plaisantes pour tout le monde ? J'avais l'impression que tout était bien trop chaotique pour l'instant.
Je posais l'objet sur la table, un peu trop brusquement, tandis que je m'approchais d'Ellie et osais un geste que je m'étais retenue d'accomplir jusqu'ici. Mes bras ne savaient pas trop comment se positionner tout en entourant son cou pour la prendre dans mes bras. Est-ce que je devais garder une certaine distance respectueuse malgré tout ? Ou est-ce que c'était comme avec Michel-Ange, et que je pouvais me permettre de la serrer un peu plus ? Je n'avais aucune idée de si c'était approprié. J'estimais juste qu'elle en avait besoin. Et j'en avais envie. Je ne réfléchissais pas davantage.
« Tu n'as pas à t'excuser. » marmonnais-je simplement, avec un malaise palpable.
Je ne gardais l'étreinte que quelques longues secondes avant de me reculer, la tête baissée. Elle n'y était pour rien. Mon impulsivité semblait juste être contagieuse.
« Cette journée a le mérite d'être totalement à mon image. » poursuivais-je, dans une tentative minable de détendre l'atmosphère. « Ce ne serait pas une bonne fête d'anniversaire sans un peu d'animation. »
Il fallait des péripéties pour rendre le temps vraiment... Je ne sais pas, il me semblait qu'un goûter des plus calmes et posés n'aurait pas correspondu à ma personnalité, finalement. Je me pinçais les lèvres et me raclais la gorge, dévisageant un instant Bernadette qui essayait à sa manière de nettoyer les dégâts causés par le découpage de gâteau.
« Je vais aller voir Gretta moi-même. Pour récupérer mon cadeau. » assurais-je subitement en me redressant. « Apollon va m'accompagner. »
« Ah bon ? »
Il avait récupéré un nouveau cupcake entre ses mains et me fixait avec incompréhension. Je hochais la tête comme simple confirmation. Je ne lui laissais pas vraiment le choix.
« Nous la retrouverons grâce à son aura. Je ne lui ferai aucun mal, je le promets. »
Je ne savais pas pourquoi j'estimais qu'il était nécessaire de le préciser tout en posant mon regard sur mon créateur. Je ne l'aimais pas, mais je n'allais pas me montrer brutale pour autant si ce n'était pas nécessaire. C'est sans doute pour ça que je ne voulais pas m'y présenter seule. Au cas où.
« Monsieur Verne aussi va venir avec nous. » poursuivais-je avec un sourire dans sa direction.
Mon regard était insistant. J'espérais qu'il ne chercherait pas à me contredire. Je cru percevoir des paroles incompréhensibles s'élevant de la bouche d'Apollon, comme si il n'était pas d'accord avec cette proposition.
« Prendre l'air vous fera le plus grand bien. » tentais-je de le convaincre sans la moindre subtilité. « Quant à vous... Vous pouvez... accompagner Bernadette pour lui trouver une magnifique robe. Vous avez sali toute la maison alors que c'est elle qui s'occupe du ménage. C'est la moindre des choses pour vous faire pardonner. »
Cette excuse était des moins convaincantes que j'avais été capable de trouver sur l'instant. Les gardes se regardèrent chacun leur tour avec la même expression que celle qu'affichait Cléo quand elle attendait que je lui donne à manger. Je secouais la tête face à la lenteur de leur réflexion. Mais ils ne cherchèrent pas à discuter davantage, bien que l'un d'eux était en train de déjà imaginer emmener Gabrielle pour cette session shopping improvisé. Tant d'amour envers cet animal n'était-il pas légèrement déplacé ? Je levais les yeux au ciel, non sans une légère expression amusée.
« Vous devriez aller vous promener vous aussi. Tous les deux. En nous attendant. » ajoutais-je avec un ton teinté d'innocence en passant mon regard sur Ellie, puis sur mon créateur.
Voilà ce que je voulais réellement. Leur laisser juste un instant sans personne pour les épier ou les interrompre. J'étais gênée par cette tension que je percevais, alors qu'ils avaient eu l'air de s'entendre lors de notre dernière excursion... Je ne voulais pas que les choses dégénèrent entre eux. Je n'appréciais pas les voir si distants. Même si Hypérion devait comprendre que la patience de chacun avait des limites.
« Soyez gentil et sincère avec elle. » insistais-je, presque menaçante, tout en le fixant. « Si vous ne l'êtes pas, je fais venir Cookie et Rodolphe pour qu'ils vous organisent une séance intensive d'exercices et de bonne conduite. »
Cela devrait être suffisant pour l'inciter à ne pas se montrer réprobateur envers elle. Il avait beau être un Titan, je ne le voyais pas souvent s'exercer. Cookie pouvait être un véritable tyran si on lui laissait le champ libre pour imposer sa propre série de pompes, d'abdos et de diverses autres activités. Et Rodolphe était un garde très rapidement envahissant dès qu'il fallait remettre quelqu'un en place, même avec les dieux... Hypérion ne lui ferait pas peur, j'en étais persuadée.
« On se retrouve tous ici ensuite. Et... J'ouvrirai mes cadeaux, on mangera du gâteau, on pourra même faire un karaoké. Avec Jules au piano. On repartira sur... de bonnes bases. »
Je joignais mes mains devant moi, trouvant cette perspective des plus attrayantes. Il fallait juste que les esprits se détendent et que l'atmosphère devienne plus respirable. Pour l'instant, aucun de nous, si ce n'était les gardes et Apollon que rien ne semblait perturber, n'avait l'air prêt à vraiment célébrer quoi que ce soit.
« Allons-y. » concluais-je en tapant dans mes mains, avec un enthousiasme exagérée, en me retournant vers Jules puis Apollon.
« Après vous, Mademoiselle et Monsieur l'estropié. » annonça alors le dieu en indiquant la porte d'un mouvement ample de la main, non sans un air moqueur à l'attention de l'écrivain.
Je grimaçais à ce surnom que je n'appréciais pas. Le pauvre Monsieur Verne n'y était pour rien si il n'avait que la constitution fragile d'un humain. Je me retenais de faire cette remarque à haute voix cependant, ce serait prendre le risque de le vexer.
black pumpkin
Magrathea Templeton
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
« ...et ils t'ont demandé de partir ? » me demanda Cassie d'un air véritablement surpris.
Je lui répondis en secouant faiblement la tête de haut en bas, et en faisant la moue. J'étais triste. Je n'avais rien trouvé de mieux que d'aller en parler à la seule personne que je connaissais ici. Ou plutôt la seule personne qui prétendait me connaître. Car quand je l'avais croisé dans les dédales de Storybrooke, en cherchant un autre abris pour la nuit, j'étais tombé sur cette jeune femme.
« Tu peux rester ici si tu veux. Maman ne sera pas contre. Et puis au pire, t'as qu'à venir à Olympe ! On a plein de chambres de libre. D'ailleurs faudra que je te présente le dieu le plus sexy de la création. »
« Il est célibataire ? » demandais-je d'une voix toute innocente en prenant un autre donut dans le sachet.
« Non. » répondit Cassie en plissant les yeux.
« Ok, ne me fait pas de dessin, j'ai compris. T'as mis le grappin sur lui. Message reçu et enregistré. »
J'avais tapoté à plusieurs reprises mon petit doigt sur ma tempe droite, afin de faire comprendre à la jeune femme que c'était noté. Elle n'avait rien à craindre. Je ne tenterais pas de lui piquer son dieu le plus sexy de la création.
« Mais dit voir, pourquoi t'es là ? » me demanda t'elle.
Face à mon air surpris, elle enchaina de suite.
« C'est pas que je suis mécontente que tu sois là. Mais c'est un peu tôt, non ? Enfin, normalement t’arrive plus tard. Mais en même temps, on n'est plus vraiment dans la même ligne temporelle, du coup c'est pas plus mal si t’arrive plus tôt. Cela dit, c'est surement pas pour les même raisons qu'à l'époque. »
J'étais pas très sûre de comprendre tout ce qui était temporel, mais la jeune femme avait un don inné pour expliquer convenablement les choses. D'où le fait que j'avais compris que j'aurais du venir, mais plus tard. C'était pas compliqué...
« C'est mon père qui a insisté. »
« Ah ouais d'accord. Je comprend mieux. » dit-elle en hochant plusieurs fois la tête, tout en s'allongeant sur le lit.
Elle semblait en savoir bien plus que moi sur la chose. Du coup, face à tant d'ignorance, je ne voyais qu'une chose à faire pour me consoler... prendre un autre donut. C'est fou comme ces sucreries se mangeaient bien trop rapidement. Heureusement, on en avait acheté une douzaine. Et j'en étais qu'au troisième. Cassandre ne mangeait pas.
« Ca te dérange si je prend une douche ? J'ai pas mes affaires, mais j'aurai bien besoin de me rafraîchir un peu. T'as peut-être quelques vêtements à me prêter ? »
La jeune femme m'adressa un grand sourire, tout en se levant de sur le lit. Elle semblait enclin à m'aider.
« J'ai même mieux ! Je peux te faire apparaître tes affaires ! »
Elle claqua des doigts, avant de m'indiquer la direction de la salle de bain.
« Alors toi, tu grimpes direct à la première place dans ma pyramide de l'amitié ! »
Elle me fit un clin d'oeil, tandis que je la quittais pour rejoindre la salle de bain. La douche allait me faire le plus grand bien !
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
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« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
Quand Eulalie et les autres compagnons étaient partit, j'étais resté quelques instants sans rien dire, à songer à tout ce que ma fille m'avait dit. Mais également à repenser à tout ce que Ellie m'avait dit. Elle n'avait pas tord. Elle n'avait jamais tord. Comme disait l'adage, on récolte ce que l'on sème. A force de faire trop de mystères, ça finissait par me retomber dessus. Mais ça ne voulait pas dire pour autant que je devais tout dire. Chacun avait le droit de dire ce qu'il souhaitait dire et de garder le reste pour lui. Cependant, dans le cas présent, peut-être que j'aurais pu avertir Ellie de la présence de Gretta. Même si cela n'avait pas une très grande importance, car elle était une jeune femme ordinaire. Qui plus est, une jeune femme que je n'avais jamais invité à venir dans ma chambre. Elle l'avait fait de son plein grès et ça avait donné naissance à un malentendu.
« Je suis navré. Vraiment. » murmurais-je à l'intention d'Ellie, avant qu'on change d'endroit.
Je nous avais téléporté à l'autre bout du monde, là où il faisait déjà nuit. On avait le droit à un ciel étoilé et une étendue montagneuse autour de nous. J'avais choisi ce décors parce qu'il était calme et paisible. Mais aussi parce qu'il m'arrivait souvent de m'y rendre pour y réfléchir. Cette fois ci, j'y avais amené la jeune femme avec moi.
« Je n'aurais pas du donner vie à Eulalie. » dis-je avant de marquer une pause.
Je n'attendais pas de réponse de sa part. Je ne voulais pas non plus qu'elle croit que je regrettais la présence de ma fille. Elle comptait à mes yeux, et même si on n'était pas toujours d'accord sur tout et qu'elle se montrait parfois un peu trop autoritaire à mon égard, ce n'était pas pour cette raison que je n'aurais pas du lui donner la vie.
« Je n'aurais pas du venir à cette époque. » ajoutais-je, l'esprit songeur.
Ce n'était pas facile de se retrouver loin de son Temps, bien au delà de là où on pouvait agir en toute connaissance de cause. L'époque où je me trouvais ne fonctionnait pas comme la mienne. Elle était bien moins indomptable que je l'avais imaginé. A dire vrai, j'étais totalement paumé ici. C'était sans doute pour cette raison que j'avais voulu amener quelque chose de mon passé, comme l'Amazone. Elle était un vestige de notre époque, mais elle s'acclimatait bien plus facilement à cette ère que moi. Tout ça sans doute parce qu'elle était née ici. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle s'était adapté. Chose que j'avais du mal à faire.
« A chaque fois qu'on se sent seul, on fait l'erreur de créer. Mais est ce vraiment une erreur ? » murmurais-je. « Je ne regrette pas pour Eulalie. Mais je n'aurais pas du. »
Elle n'était pas une arme. Elle n'était pas censée combattre Surt, ni même Elliot. Je l'avais créé parce que je pouvais le faire. C'est tout. J'avais sans doute besoin de compagnie. D'une personne qui serait toujours près de moi, qui m'écouterait, qui m'obéirait, que je pourrais contrôler. C'était pour une foule de mauvaises raisons que j'avais donné la vie à un être aussi adorable qu'elle. J'aurais voulu la créer dans d'autres circonstances.
« Tu as raison pour ce que tu as dit. Tu ne peux pas me demander d'être franc et honnête avec toi, parce que je ne peux pas te promettre de l'être. Je suis un menteur. Je cache la vérité parce que je la trouve soit trop difficile à encaisser, soit pour me préserver. Si tu savais tout sur moi, tu ne me regarderais plus de la même manière. Tu ne pourrais pas accepter certaines choses que j'ai faites, car à mon époque elles étaient normales, mais aujourd'hui, elles ne seraient pas acceptables. Et si je te révélais tout ce que je sais, tu en souffrirais. Je n'ai pas envie de te voir malheureuse, ni d'être responsable de tes douleurs. Même si je me rend compte que je n'ai pas besoin de te dire quoi que ce soit qui pourrait te faire souffrir, pour te rendre malheureuse. »
Je marquais une pause le temps d'encaisser moi même ce que je disais. Je ne voulais pas la perdre. Je ne voulais pas m'éloigner d'elle. Mais je ne pouvais pas non plus être avec elle, ou la garder en continuant d'agir de la sorte. A dire vrai, ce que j'espérais vivre avec elle, était simplement impossible. On s'était rencontré à une époque lointaine de celle là. On s'était retrouvé à cette époque ci. Mais nos deux âmes n'étaient pas sur la même ligne temporelle, et elles n'étaient sans doute pas faites pour se rencontrer. A dire vrai... à tout bien réfléchir... c'est peut-être la seule chose pour laquelle je pourrais toujours être sincère avec elle, et ne jamais lui mentir. Elle le savait déjà, je lui avais déjà dit, mais elle n'arrivait sans doute pas à y croire, vue que pour le reste je ne pouvais pas tout lui dire. Mais au moins pour cette chose là, je ne lui cachais absolument rien. Je l'aimais.
« Je commet beaucoup d'erreurs. Un Titan n'est pas supérieur à qui que ce soit. Tu le dis toi même. Je ne prétend pas l'être. Mais quand je te parle ainsi, quand je suis avec toi, je ne suis pas un Titan. Hyperion n'est qu'un nom. Il signifie Aurore. Je le porte parce qu'il est le commencement. »
Je m'étais tourné vers Ellie, arrêtant de fixer l'Aurore prête à se lever dans ce décors somptueux. Je voulais lui faire face et la regarder dans les yeux, afin qu'elle lise en moi que ce que je lui disais, je le pensais réellement. Que je partageais quelque chose d'unique avec elle. Unique dans le sens où non seulement je ne l'avais partagé avec personne d'autre, mais que je ne le partagerais jamais plus avec qui que ce soit. C'était un moment pour elle. Un moment rien qu'à nous.
« Mais à dire vrai, le commencement n'est pas le début. Il suit l'aube. Et il précède le lever du soleil. Il est entre deux moments sans lequel il ne peut pas exister. L'aube est le commencement. Le réel commencement de chaque chose. On a tous une aube à nos côtés. Et mon commencement à moi, mon aube, c'est toi. C'est toi qui est venue la première à mon époque. Qui m'a montré le chemin à suivre. C'est pour toi que j'ai fait ces choses que je ne peux pas te dire. »
Le ciel commençait tout doucement à s'illuminer. D'abord un léger rayon blanc, l'aube. Puis, une magnifique ligne lumineuse, l'aurore. Et enfin le soleil, grimpant tout doucement dans les cieux.
« Tu peux douter de moi. Tu peux douter de mes décisions. De mes créations. Tu peux remettre en question tout ce que je fais. Mais il y a une chose dont tu n'as pas le droit de douter. C'est que tu es, et tu resteras à jamais mon commencement. Ta vie, ton âme... elles sont indissociables de moi. Tu peux partir. Tu peux ne plus me revoir. Tu peux refuser d'être avec moi. C'est ton droit. Mais à tout jamais nous seront liés. Et je ne trahirais jamais ce que je ressens pour toi. »
Je marquais une pause, cherchant bien mes mots. Je voulais qu'ils soient fort et qu'ils lui fassent comprendre clairement ce que je ressentais et qu'elle pouvait me faire totalement confiance sur ce point.
« L'Amour est en rien une émotion. C'est peut-être d'abord quelque chose que l'on ressent. Mais c'est comme pour toute chose. Il faut trois éléments. L'aube, l'aurore et le soleil. L'amour est le soleil. L'aube est l'émotion. Et entre, il y a la promesse. La promesse que même au bout de cinq milliards d'années, le Temps ne pourra en rien amoindrir la force qui pousse deux âmes à se lier pour l'éternité. »
C'était vraiment ce que je ressentais pour elle. Ce qu'elle ignorait, c'est qu'elle représentait bien plus que ça à mes yeux. Car elle n'était pas seulement mon commencement. Elle était aussi mon moteur. La force qui me donnait le courage de continuer. Ca faisait depuis longtemps qu'à elle seule elle représentait mon aube, mon aurore et mon soleil.
« Tu n'as pas le droit. Tu n'auras jamais le droit de douter une seule seconde que je te suis totalement dévoué corps et âme. »
Je me stoppais, hésitant à poursuivre. Ce que j'avais envie de dire était sur un autre ton. Ce n'était peut-être pas utile. Mais en fait si... j'en avais envie.
« Tu attendais peut-être depuis 1848 un baiser de Jules. Et je l'accepte. Mais aucun baiser sera plus intense qu'un qui se fait désirer depuis plusieurs milliards d'années. Un qui n'est ni pour célébrer Noël, ni après une soirée un peu trop arrosée sur une planète voisine. Là je parle d'un véritable baiser. Peut-être qu'un jour tu sauras de quoi je veux parler. Je n'essaye pas une nouvelle fois de me montrer mystérieux. D'ailleurs, je pourrais très bien lever le voile sur ce mystère si tu me le demandais. » lui dis-je avec un petit sourire.
Je voulais finir ma plaidoirie par une touche plutôt amusante. En espérant que ça l'inciterait à vouloir en savoir plus. Moi je serais curieux. Très curieux même... !
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
C'était compliqué, et cela le serait toujours entre nous. C'était une certitude. Peut-être avais-je approfondi le fossé qui se créait entre nous avec mes différentes bévues ? Ce n'était même pas une hypothèse. Cette abysse se générait de plus en plus avec mes hésitations, nos erreurs communes, les non-dits, les silences, les mensonges... et même la vérité. A croire que tout nous séparait, en fin de compte. J'aurais aimé m'en persuader. Cela aurait évité de nombreuses réflexions. Pourtant, je ne pouvais me détacher de lui.
Ce discours, il l'avait déjà tenu par le passé. A chaque fois, un fourmillement indicible parcourait tout mon être. Mélange de peur et de sérénité. C'était impossible à expliquer. Ces deux émotions ne peuvent co-exister et pourtant, lorsqu'il tenait ce langage, je sentais un apaisement sans limite m'envahir. Il ne s'en apercevait pas -ou peut-être le faisait-il sciemment ?- cependant il laissait agir son aura sur ma personne. Elle m'enveloppait toute entière telle une vague de volupté, ou une couverture duveteuse. C'était une des choses que je préférais au monde, mais je ne lui avais jamais dit. Par pudeur ou par crainte qu'il exige davantage, quelque chose que je n'étais pas prête à lui apporter. Le serais-je jamais ? Etais-je vouée à demeurer incomplète, anxieuse d'agir à ma guise, car je n'étais qu'une moitié de quelqu'un ? Je me posais sans doute trop de questions.
Silencieuse, je contemplai l'aurore se lever, tandis que tous les jolis mots d'Hypérion dansaient encore dans mon esprit.
"Je sais." dis-je dans un filet de voix. "Je sais que tu m'es dévoué."
Je ne le regardais pas, préférant me focaliser sur l'horizon rougeoyant.
"C'est... c'est un petit peu dur à porter." admis-je en baissant les yeux sur mes chaussures. "Echangeons les rôles. Imagine que je suis une titanide et toi un simple... machin impossible qui ne devrait pas exister."
J'esquissai une moue. Après tout, j'ignorais comment me définir. Etais-je une déesse, une moitié de déesse (puisque j'étais une partie d'Elliot), autre chose de non identifié pour l'instant ? Tout demeurait flou. Rien que mon existence n'avait pas de réel point d'ancrage.
"Tu ne trouverais pas aberrant d'entendre une telle déclaration énoncée par un être qui t'est supérieur à un degré incalculable ? J'ignore si tu peux vraiment te mettre à ma place car tu ne peux avoir qu'une vague idée... mais c'est extrêmement difficile. Tu me parles de choses qui nous sommes arrivées alors que je n'en ai aucun souvenir puisque rien ne s'est passé pour moi. Et quand je les aurais vécues -si je les vis un jour- toi, tu ne connaîtras plus rien. Nous sommes voués à vivre une histoire inversée. Quoi qu'il se passe, j'aurais toujours l'impression d'avoir un train de retard sur tout ce que tu as déjà vécu avec elle. Cet autre moi qui ne sera peut-être jamais moi."
Je fermai les yeux et laissai échapper un petit soupir. Puis, je me frottai la tempe, sentant mon esprit s'échauffer plus que de raison. C'était bien trop complexe.
"Tu m'as déjà dit que je ne dois pas me comparer à elle, mais c'est ce que tu fais sans le vouloir à chaque fois tu évoques l'amour que tu éprouves. Il est tellement... titanesque."
Ce n'était pas un reproche, seulement une intime conviction.
"C'est à la fois merveilleux et terrifiant."
Je tournai la tête vers lui. Sa silhouette semblait s'enflammer dans l'or naissant du point du jour. Je réalisai qu'il était beau. Vraiment beau. Ce n'était pas une constatation sur son physique. Je venais de prendre conscience que j'aimais tout ce qu'il représentait, de son âme à son enveloppe... au pluriel. Et curieusement, je ne rougis pas à cette idée. Je continuais de l'observer avec intensité.
"Ce n'est pas parce que je doutais de ton attachement que je t'en ai voulu pour Gretta... Comme je t'ai dit, je n'ai jamais douté de toi. Je suppose que j'ai été jalouse. Et que ma jalousie m'a entraînée vers des sentiers discutables."
J'avais marmonné ces paroles, car je n'étais pas très fière de moi, mais je devais au moins reconnaître ma part de responsabilité. Embrasser Jules... mais quelle idée ! Surtout que je savais qu'il allait mal en ce moment pour différentes raisons. J'avais profité de sa faiblesse. C'était mal. Peut-être avais-je perdu un ami. Je croisai le regard d'Hypérion. Peut-être avais-je perdu plus que ça.
Après une hésitation, je fis les pas qui me séparaient de lui, me mis sur la pointe des pieds et déposai un tendre baiser sur sa joue. J'aurais souhaité goûter à celui qu'il m'avait promis, mais j'estimais que je ne le méritais pas pour l'instant. Cependant, au lieu de m'éloigner, je glissai mes mains dans son dos et le serrai contre moi. Je posai ma joue contre son torse puis fermai les yeux.
J'aimerais tant voir ce que tu vois en moi. Ca ne peut pas être aussi beau que ce que perçois chez toi. pensai-je avec tant de force que mes propos informulés durent résonner dans son esprit.
Avec douceur, je nous ramenai jusqu'au salon de la Maison à la Tour, désormais désert. Une fois à l'intérieur, je ne relâchai pas l'étreinte pour autant. Je n'avais pas envie de le sentir s'éloigner de moi, même si je savais que son aura m'accompagnerait. C'était un moment d'une infinie délicatesse comme il en existe peu.
"Mon amour tu es ma seule famille avouée, et je vois par tes yeux le monde, et c'est toi qui me rends cet univers sensible et qui donnes sens en moi aux sentiments humains." murmurai-je d'un ton humide.
C'était de Louis Aragon. J'étais incapable d'exprimer ce que j'éprouvais par mes propres mots. Il fallait toujours que je me cache derrière ceux des autres. Mais j'estimais avoir fait un pas en avant. Peut-être.
Je sursautai, avec Hypérion toujours contre moi, quand je perçus une aura parasite dans notre bulle de sérénité. Je m'en écartai brusquement en apercevant Elliot assis dans un fauteuil, à nous fixer d'un oeil perçant, les mains jointes sur les genoux.
"Alors, ça roucoule ?" fit-il, acerbe.
"Oui, et toi ?" répliquai-je effrontément en haussant les épaules, et en entremêlant mes doigts à ceux d'Hypérion.
Mon frère esquissa une moue agacée et lança d'un ton las :
"Je suis juste venu pour la fête à laquelle je n'ai pas été invité. Elle est pas là, la teigne ?"
Je savais très bien de qui il parlait. J'avais entendu dire qu'Eulalie et lui ne s'entendaient pas. Je lui adressai un regard réprobateur, sans répondre. Je n'allais pas lui en donner la satisfaction.
"Je ne comptais pas rester, de toutes façons." fit-il en se levant d'un bond. "Je vais me contenter de déposer son cadeau."
Joignant le geste à la parole, il claqua un petit paquet rectangulaire sur la table basse, grossièrement emballé dans du papier Spiderman. Je haussai un sourcil, stupéfaite qu'il ait tout de même pensé à un cadeau.
"De toutes façons, ça a l'air de craindre, comme ambiance." glissa-t-il tout en nous jetant un regard oblique. "Ciao les losers !"
Après un bref coup d'oeil à la pièce montée éventrée par la tronçonneuse, il disparut, nous plongeant dans un silence plutôt embarrassant. J'adressai un regard indécis à Hypérion, mon coeur battant toujours la chamade. La brève intervention de mon frère n'avait pas amoindri mon émotion pour autant.