« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Ben Whishaw
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Balthazar avait reçu un appel d'un nouveau client. Il s'agissait d'un homme d'un certain âge qui avait des difficultés à marcher et qui demandait une coupe à domicile. Le barbier précisa qu'il ne possédait plus de salon, de toutes façons. Ils convinrent donc d'un rendez-vous l'après-midi même.
Son travail le passionnait mais les gens l'ennuyaient profondément. Il aurait apprécié qu'ils restent muets comme une tombe pendant qu'il exerçait son art. Mentalement, il appelait sa succession de rendez-vous sa "tournée rasoir". A croire qu'une faible dose d'humour demeurait chez lui malgré les tourments qui le tenaillaient continuellement. A longueur de journée, il prenait sur lui pour que ses lames ne s'égarent pas de façon trop prolongée contre la gorge de ses clients. C'était un travail de chaque instant, qui lui demandait plus d'efforts que sa besogne de coiffeur/barbier.
A l'heure indiquée, il quitta une cliente qui cherchait par tous les moyens à lui faire ingurgiter une tasse de thé et des scones. Pourquoi les gens ne se contentaient-ils pas de régler les frais après qu'il ait effectué son travail ? Pourquoi se sentaient-ils obligés de se montrer aussi généreux et gentils ? Cela l'agaçait prodigieusement. C'était le désavantage de travailler au domicile d'autrui. Il caressait de plus en plus l'idée de se financer un nouveau salon. La seule chose qui le faisait hésiter était la perspective qu'il finisse en fumée comme le précédent. Comment savoir si la pyromane divine sévirait de nouveau ? Il n'avait pas entendu parler d'elle ces derniers temps mais il se doutait qu'elle était une dure à cuire... bien qu'il n'aurait pas été contre de la jeter dans un four en marche.
Il arriva devant une petite maison en briques se situant dans la périphérie de la ville. Il frappa contre la porte par trois frois.
"Entrez ! Entrez donc !" fit une voix étouffée, enrouée et âgée, de l'autre côté.
Balthazar contint un soupir de lassitude. Qu'allait-il devoir coiffer chez ce vieux monsieur qui l'attendait ? Avait-il une calvitie avancée ? Il n'y avait rien qui l'agaçait davantage que de "coiffer" trois cheveux sur le crâne d'un quadragénaire. Il estimait que c'était une perte de temps. De ce fait, il facturait le double du tarif habituel. De toutes façons, bien souvent, le client trépassait avant le prochain rendez-vous. Dans tous les cas, inutile de fidéliser.
Maussade, il passa la porte et se retrouva dans le boyau étroit d'un couloir obscur. Nullement impressionné par l'obscurité, il plissa le nez en revanche en sentant une forte odeur de chien. Il haïssait les chiens au moins autant que les clients trop bavards. Il demeura sur le qui-vive, prêt à faire demi-tour si un canidé surgissait, la bave et la langue aux lèvres. Il n'en fut rien. Une rumeur de voix l'incita à se rendre jusque dans le salon, meublé et agencé comme le reste de la maisonnée : de façon vieillotte. Des fauteuils imposants, une télévision munie d'un tube cathodique (une antiquité), un papier-peint fleuri à outrance. Mais plus encore que la décoration discutable, il s'interrogea sur la présence du grand échalas au milieu de la pièce. S'agissait-il d'un lampadaire doué de parole ? En tous cas, Holmes détonnait avec le reste du mobilier. Il portait son habituel long manteau et le barbier se demanda s'il lui arrivait de l'enlever. N'étions-nous pas début août ? Que diable faisait-il ici ?
Aussitôt, Balthazar en vint à la conclusion suivante : son prétendu rendez-vous avec un membre du troisième âge n'était en réalité qu'un coup monté du détective. Il ne cacha plus son exaspération. Poussant un soupir teinté d'agacement, il passa une main dans ses cheveux et grommela, incisif :
"Encore une de tes ruses pour m'embarquer dans un traquenard ?"
Non merci. Il avait déjà fait sa part dans l'affaire Moriarty. Il n'était pas d'humeur à jouer. Les yeux plissés, il fixa Holmes et remarqua qu'il semblait troublé. Se pouvait-il qu'il ne soit pas l'instigateur de cette supercherie ? Impossible. Ce type était un malade de haut niveau. Peut-être faisait-il croire qu'il n'y était pour rien afin de mieux le duper. Balthazar contracta la mâchoire.
C'est alors que la voix d'homme âgée se fit entendre depuis un fauteuil tourné vers l'âtre de la cheminée éteint.
"Bienvenue dans la Maison Vide !" annonça-t-il, avant de toussoter.
Les doigts du barbier se glissèrent dans la poche de son pantalon pour se refermer sur le rasoir. La plaisanterie allait être très courte. Il avait passé une journée déjà suffisamment barbante.
Prestement, il se précipita jusqu'au fauteuil. Déconcerté, il découvrit que personne n'était assis dessus. Pourtant, il avait entendu la voix. Il jeta un coup d'oeil à Holmes afin de s'assurer qu'il n'avait pas rêvé.
"Ca vous la coupe, pas vrai ?" fit la voix enrouée, espiègle. "Je suis le fantôme du fauteuil !"
Imperturbable, le barbier analysa le siège sous tous les angles et finalement en se penchant, remarqua un micro-haut-parleur accroché en dessous. Un nouveau regard vers le détective lui apprit qu'il était déjà au courant. Il se releva, de plus en plus irrité d'être laissé dans l'ignorance. De rage, il arracha le micro du fauteuil et éprouva un sursaut de satisfaction en le voyant crépiter dans sa main.
"Détraqué." lança-t-il sur le ton d'une injure.
Il jeta le micro au sol et à cet instant, toutes les fenêtres et ouvertures sur l'extérieur furent condamnées. Des volets en acier s'abaissèrent tous à la fois, condamnant les deux hommes à l'intérieur. Le barbier resta parfaitement calme en apparence, sentant pourtant le sang battre à ses tempes. Machinalement, il se rapprocha un tout petit peu de son acolyte. Ca recommençait. Encore.
"Moriarty ?" supposa-t-il, acrimonieux.
Il serrait fortement son rasoir dans sa main, ne prenant plus la peine de le garder caché dans sa poche. Il cligna des yeux en voyant un compte à rebours électronique s'afficher au-dessus de la cheminée, avec un décompte de trente minutes. Que se passerait-il lorsqu'ils arriveraient au bout ? Il secoua la tête, plus lassé qu'anxieux. Il tenait si peu à sa propre vie que les enjeux lui paraissaient dérisoires.
D'autres haut-parleurs devaient se trouver dans la pièce car bientôt, une chanson horripilante se fit entendre à plein volume :
I was an impossible case No-one ever could reach me But I think I can see in your face There's a lot you can teach me So I wanna know What's the name of the game? Does it mean anything to you?
Balthazar plaqua une main contre son front.
"Tue-moi." marmonna-t-il à Holmes. "Je sature..."
L'absence d'Eulalie de plus en plus pesante, cette journée épouvantablement monotone, ce fichu scone qui lui restait en travers de la gorge, l'odeur de chien, et maintenant cette musique qui aurait dû être interdite par la loi.
And you make me talk And you make me feel And you make me show What I'm trying to conceal If I trust in you, would you let me down? Would you laugh at me, if I said I care for you? Could you feel the same way too? I wanna know The name of the game I have no friends, no-one to see And I am never invited Now I am here, talking to you No wonder I get excited.
Il s'attendait presque à voir débarquer Grand Sourire sur une chorégraphie endiablée. Ou le cinglé qui semblait être le vieil ami de Holmes. Qui que soit l'auteur de cette mise en scène, il fallait forcément qu'il ait une case en moins.
acidbrain
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
« Vous m’avez fait venir juste pour ça ? La prochaine fois, contentez vous de regarder un peu mieux la victime, cela m’évitera de perdre mon temps. »
Observant les deux policiers, les bras le long du corps et le regard surpris et pleins de questions, Sherlock eut un petit sourire en coin. C’était quasiment proche de l’extase de savoir. Il avait toujours l’impression d’être un voyant au pays des aveugles… La rosée du matin était encore fraîche, dans le pré d’une petite ferme proche de Storybrooke. Le soleil s’était levé il y avait quelques minutes seulement, et il avait été appelé pour un cas d’extrême urgence. Dormant peu, et ayant peu de mystère à résoudre, il avait immédiatement sauté sur l’occasion. Mais une fois arrivé sur les lieux, l’affaire s’était résolu en quelques minutes… « Vous ne trouvez toujours pas ? Vous êtes de bons agents. Le problème, c’est que vous manquez toujours d’imagination... »
Observant la victime, le corps déformé par les coups violents, il tenait ses papiers d’identité dans la main, accroupi prêt de lui. Un sourire aux lèvres et un petit ricanement satisfait se dégagea de Sherlock. Il n’avait toujours pas trouvé ? C’était pourtant d’une évidence… « Mais pourquoi il y aurait t-il une flaque de sang, à côté de lui, ainsi qu’un scalpel alors que l’on voit aucune trace de coupure sur lui ? A mon avis, il a réussi à blesser sa victime avant de partir... »
Sherlock se redressa, retira ses gants et les jeta dans la poubelle « biohazard » attribué à cet effet. « C’est le sang d’un cheval. »
Les deux policiers écarquillèrent les yeux, et se regardèrent comme deux matelots de Pirates des Caraïbes. Roulant des yeux, il soupira, inspira et commença son explication. « Edward MacCleagan, notre victime, était un parieur. Et c’était maladif chez lui. On le voit aux contours des marques de bronzages de son poignet. Il avait une montre de valeur, dont il a du se séparer récemment. Le scalpel, était destin à GoldenQuick, un Anglo-Arabe de renommé international, qui fit la richesse de son propriétaire. A l’origine, MacCleagan est venu pour lui sectionné une partie du tendon. C’est un coup classique. La blessure est quasiment imperceptible, et le cheval se met à boiter sans que l’on sache pourquoi si vous n’avez pas un œil d’expert. Même le propriétaire n’y aurait vu que du feu. Seulement ça ne s’est pas passé comme prévu. La supercherie à mal tourner pour MacCleagan, et le cheval l’a roué de coup. Oui ne faites pas cette tête là, le meurtrier est bien un cheval. J’espère que vous avez une cellule assez grande… Bref. Allez aux boxes d’à côté et vous constaterez que GoldenQuick possède une plaie assez conséquente je dirai… Au flanc gauche… Quoi vous n’avez jamais lu mon livre « Les tâches de Sang comment les interpréter » ? Et bien commandez en un rapidement. »
Sortant un morceau de journal de l’intérieure de sa poche, il le tendit au premier policier en lui faisant un clin d’oeil.
« Comment je sais que c’était GoldenQuick. Regardez, il avait même un complice. La côte est passé à 8 contre 1. Alors que hier elle était seulement à 2 contre 1. De quoi éveiller des soupçons. De toute manière, ce n’est plus mon problème. Mon talent s’arrête ici. Bon courage ! »
Et sans cérémonie, il se dirigea vers la sortie du prés à grandes enjambées. Arrivé au portail rustique, son téléphone se mit à vibrer. Soupirant, il se demanda qui pouvait bien lui écrire à une heure pareil. Seul les fous et les névrosés se levaient si tôt. « Vide, pas vide, la maison l’est-elle ? »
A la suite, simplement une adresse. Un sourire se dessina aux coins des lèvres de Sherlock. Ce n’était pas une farce. C’était un mystère à résoudre ! Se dirigeant rapidement vers le taxi qui l’attendait en fumant sa pipe, Sherlock prononça l’adresse à voix haute. Ce dernier se gratta son épaisse moustache et rentra dans le taxi sans rien dire. Etrange. Après tout, c’était peut être normal. Il devait être content de faire des heures supplémentaires. Montant à l’arrière, le voyage fut court, et il paya le chauffeur sans un mot. Après tout, il n’était pas payé pour faire la discussion. Sortant de ce dernier, la taxi partit. L’observant filer sur la petite route de Storybrooke, un petit doute lui vint à l’esprit. Les traits de son visage lui avait été familier. Son cerveau avait du enregistrer déjà l’information, mais elle s’était dissipé… Convaincu que le chauffeur faisait parti du coup, il essaya tout en marchant d’attribuer un nom au visage du chauffeur. En vain. Arrivant devant la porte, il frappa trois coups comme le voulait la convention. Pas de réponse. Pas surprenant. L’ouvrant sans cérémonie, il entra dans ce dernier. « Entrez, entrez ! Venez me rejoindre dans le salon ! »
Passant dans le couloir obscur, il arriva rapidement dans le salon vieillot. Tendant l’oreille, il observa un fauteuil retourné vers l’âtre de la cheminée éteinte. Sérieusement ? Qui était assez stupide pour le piéger ainsi ? Voyant qu’à la forme du fauteuil, aucune masse n’était présente dans ce dernier, un petit ricanement s’échappa de sa bouche. Du travail d’amateur. Ou alors du travail de pro qui voulait se faire passer pour amateur… Restant quelques instants dans le silence pesant, Sherlock en vint à la conclusion qu’il s’agissait d’un travail de pro. Sinon, le fauteuil aurait tout de suite parler… Restant de marbre, il ne bougea pas, les mains dans les poches de son manteau. Fixant toujours le fauteuil, il attendit. La porte d’entrée se fit à nouveau entendre, et un homme plus petit que lui entra à son tour dans le salon. TIENS TIENS TIENS ! Le reconnaissant malgré l’obscurité, c’est l’aspect grognon et la démarche assuré qui trahit immédiatement Balthazar Graves. Ce dernier lui parla de traquenard, et Sherlock haussa les sourcils, offusqué. Pensait-il vraiment que c’était lui le responsable de tout cela ? Ce n’était pas étonnant. Un petit être aussi stupide que lui avait l’esprit bien trop étroit pour reconnaître un chef d’oeuvre quand il en voyait un. Et là, on n’était pas en présence d’un chef d’oeuvre. Ou du moins… Pas encore. Car la simple présence du barbier faisait que le tableau de ce mystère allait certainement prendre en valeur. Car quelque soit la personne qui avait fait cela, elle semblait bien les connaître tous les deux. Le piège semblait se refermer… Balthazar retourna sans cérémonie le fauteuil, et Sherlock jeta immédiatement un coup d’oeil au haut-parleur. Marque connue, haute-qualité, proche du réalisme. En parfaite harmonie avec le fauteuil pour que le son fasse vraiment pensé à une voix. De plus en plus intéressant… Une musique très énervante se fit entendre, et Sherlock essaya d’en percer le rythme tout en fixant Balthazar qui semblait au bout de sa vie. « Te tuer ? Mais pourquoi faire Graves ? Visiblement, nous sommes encore parti pour une merveilleuse aventure ! Allez, bouge ton corps et danse sur la chanson, je pense que c’est ce que veux notre hôte mystérieux ! »
Et pour appuyer ses propos, Sherlock lui adressa une tape viril sur l’épaule.
Balthazar Graves
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Ben Whishaw
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
D'un geste lent et appliqué, Balthazar repoussa la main de Holmes de son épaule. L'agacement était parfaitement visible sur son visage blafard. Son acolyte avait mentionné une danse et cela lui évoqua un passé pas si lointain, dans une chambre d'hôtel, sous les étoiles de Venise... Un frisson désagréable parcourut son échine. Il remua la tête afin de décrisper, sans succès, les muscles de sa nuque. Il y a des choses sur lesquelles on ne plaisante pas.
Comment le détective pouvait-il s'amuser de cette situation ? N'avait-il aucune autre façon de se divertir ? Le barbier aurait voulu quitter cette maison condamnée mais ne le pouvait évidemment pas. Cette perspective d'être encore une fois le dindon de la farce le poussait au paroxysme d'une rage qui ne demandait qu'à être évacuée.
La musique baissa légèrement de volume afin que la voix de vieil homme lance d'un ton espiègle par-dessus les paroles :
"Avez-vous remarqué le compte à rebours qui indique l'urgence de la situation dans laquelle vous vous trouvez ?"
Il y eut une pause, seulement ponctuée par le refrain de la chanson. La chanteuse beugla dans les haut-parleurs "WHAT'S THE NAME OF THE GAAAME?"
"Oh, je vois. Il vous faut du contexte pour stimuler vos matières grises." poursuivit leur interlocuteur, pensif. "Il y a quelqu'un à trouver dans cette maison. Quelqu'un à sauver avant la fin du compte à rebours. Sinon, il lui arrivera des bricoles et vous serez tous deux accusés du meurtre."
La musique retrouva son volume initial, toujours aussi horripilante :
"What's the name of the game? Does it mean anything to you? What's the name of the game? Can you feel it the way I do?"
"Peut-être voulez-vous un indice pour vous aider ? Je pensais que tu n'en aurais pas besoin, Sherlock Holmes. Tu m'as l'air un peu rouillé. La vie de couple ne te réussit pas."
La voix ainsi que la musique se stoppèrent net. Balthazar cligna des yeux, croyant être devenu sourd un bref instant. Subitement, un bruit sonore se fit entendre juste au-dessus de leurs têtes, suivi par des bruits de pas feutrés et précipités à la fois. Le barbier lança un bref regard au détective, avant de s'élancer vers le hall étroit puis l'escalier droit menant à l'étage. Quelqu'un se trouvait là-haut et il n'allait pas lui laisser le temps de parachever son petit jeu. Pendant qu'il gravissait les marches quatre à quatre, le vieil homme lança depuis un haut-parleur, sur le palier :
"Eh, le coiffeur ! Ne courez pas avec un rasoir en main ! C'est super dangereux !"
Balthazar demeura indifférent à ce conseil. Depuis quand les psychopathes se souciaient-ils de la sécurité de leurs victimes ? C'était étrange. Il mit cette réflexion de côté alors qu'il était arrivé sur le palier du premier étage. Il se moquait si Holmes l'avait suivi ou pas. Comme la musique était de retour, assourdissante, il ne pouvait plus percevoir les bruits de pas contre le plancher. Il estima donc que l'individu se trouvait dans la pièce se situant juste au-dessus du salon. La porte était évidemment fermée. Il s'en approcha d'une démarche prudente, tenant son rasoir en avant comme une arme. Il abaissa lentement la poignée et poussa le panneau de bois. Aussitôt, la musique s'interrompit une nouvelle fois.
Des bruits de pas rapides et feutrés se rapprochèrent dangereusement vite. Balthazar tenta de discerner quelque chose dans l'obscurité absolue de la pièce. Enfin, il l'aperçut à l'instant où il franchit la porte. Il écarquilla les yeux alors que l'autre se faufilait entre ses jambes. Instantanément, le barbier se recula d'un bond puis de plusieurs pas. Le chien le suivit en jappant, heureux de trouver un compagnon de jeu.
Balthazar passa nerveusement une main dans sa nuque, dansant d'un pied sur l'autre alors que le chien se dressait sur ses pattes arrière pour réclamer des caresses. Il le repoussa du pied et profita de la présence de Holmes pour se placer derrière lui, dans l'espoir que le cabot le préfère à lui. Hélas, le chien se mit à leur tourner autour d'eux en aboyant, s'impatientant.
Le rasoir tremblait légèrement dans la main de Balthazar alors qu'il fixait l'animal.
"Je ne supporte pas les chiens." marmonna-t-il entre ses dents.
Il aurait souhaité ne pas émettre ce genre d'aveu devant Holmes, son ennemi intime. C'en était presque honteux. Il avait une bonne raison de les avoir en horreur, mais il n'allait certainement pas l'exposer ici et maintenant.
"Oh zut !" fit la voix du vieil homme depuis les haut-parleurs. "Si j'avais su ! Il va falloir vous sortir vite de là pour échapper à ses coups de langue !"
Le barbier lança un coup d'oeil mauvais là où il pensait trouver le haut-parleur. Leur interlocuteur riait. Il se moquait de lui. Ce n'était pas acceptable. S'il n'était pas tétanisé par la bestiole qui s'agitait à moins d'un mètre de lui, il l'aurait fait arrêter d'aboyer avec un coup de lame bien placé.
"Pourquoi tout ce cinéma ?" maugréa-t-il. "Montrez-vous."
Il se doutait que ce ne serait pas aussi simple. Rien ne l'était jamais. Il y eut un silence. Une respiration à travers le haut-parleur. Puis, quelques notes de piano suivie par une voix féminine. Quelqu'un d'autre chantait faiblement par-dessus. Une femme ou une enfant ? L'intonation était fluette.
"This park and these houses, old streets I have walked Everything dear, will it be here One day when I am returning? My friends will get married, have children and homes It sounds so nice, well-planned and wise Never expecting surprises."
La voix féminine qui couvrait celle de la chanteuse était définitivement nerveuse et faible à la fois. Terrifiée. On y percevait presque un sanglot. Comme si elle chantait sous la contrainte.
"Sherlock, je..."
Elle se tut brusquement, comme si elle avait été interrompu dans son élan. Et la voix du vieil homme reprit, d'un ton cassant :
"Voilà, maintenant vous savez qui doit être trouvé et sauvé avant la fin du compte à rebours. Ce n'était pas le toutou. Qui risquerait sa peau pour une boule de poils ? Ca demeure nébuleux pour vous, le coiffeur ? En tous cas, Sherlock Holmes a très bien compris qui est en danger. Et vous savez quoi ? Comme vous êtes décidément trop lents et que je m'ennuie, je vais raccourcir le décompte. Il vous reste très exactement quinze minutes à partir de maintenant. Alors, on active ses méninges !"
Le point positif était qu'il n'y avait plus de musique d'ambiance. En revanche, le maudit cabot se frottait toujours contre le bas du pantalon de Balthazar. Ce dernier jura dans sa barbe et finit par lui donner un coup de pied. Le chien poussa un glapissement et commença à pleurnicher. Contracté au maximum, le barbier leva les yeux vers le détective. Son expression faciale était indescriptible.
"Holmes ?"
Avait-il fait une virée dans ce qu'il appelait son palais mental ? Balthazar roula des yeux, exaspéré. Il se demandait qui était la femme à secourir. Il ne pouvait s'agir de Kida puisqu'elle avait disparu. A moins qu'elle soit détenue par la personne qui tenait les ficelles ? Non, c'était absurde.
"Holmes ?!" répéta-t-il, hésitant à le secouer.
Le cabot approchait de nouveau timidement de lui. Pourquoi s'acharnait-il ? Etait-ce l'odeur de son après-rasage qu'il appréciait ?
"Tic... tac..." fit la voix de l'homme dans le haut-parleur. "Le Vent de l'Est soufflera-t-il de nouveau ?"
acidbrain
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
Le regard de Sherlock s’élança comme une furie sur le compte à rebours. Il l’avait déjà remarqué la première fois et l’avait analysé d’un seul coup d’oeil. Il ne semblait relié à aucun élément de la maison, il ne s’agissait que d’un moniteur. De plus, le modèle était relativement trop ancien pour disposer d’ondes radios, infrarouge ou wifi. Ce qui ne voulait qu’une seule chose, la personne qui tirait les ficelles étaient suffisamment proche d’eux pour enclencher tous les mécanismes elle même. Perdu dans ses pensées, il remarqua beaucoup trop tard que Balthazar s’activa. Une remarque à son attention sur le fait qu’il soit en couple, puis des bruits de pas agités à l’étage. Tac. Tactactact. Tactac. Un quadripède. Voulant retenir Balthazar, il ne fut pas assez rapide pour établir un plan avec lui, car ce dernier était déjà parti dans un tour de cape, rasoir à la main et montait les escaliers quatre à quatre. Roulant des yeux, il soupira : « Et après c’est moi l’imbécile... »
Sherlock ne pouvait plus le supporter. Pourquoi le barbier s’obstinait-il encore et toujours à traîner avec lui comme un ado qui l’idole ? Suivant le barbier, le détective passa dans le couloir de sa démarche rapide et robotique, prenant un soin tout particulier à ne toucher que le plancher avec ses pas. Prévention, ou toc incontrôlé ? Un peu des deux mon capitaine. Arrivant à l’escalier, il répéta l’action sans toucher la rambarde et compta machinalement les marches de l’escaliers. Treize. Haussant un sourcil, l’idée que la personne qui lui faisait ce tour là le connaissait personnellement commença à traverser l’esprit de Sherlock. Il comptait toujours les marches. Et si il y en avait treize, il redescendait toujours, immédiatement l’escalier. Il n’était pas superstitieux, loin de là. Mais mettre treize marches dans un escalier, c’était à la limite du sacrilège. Restant un court instant en haut de l’escalier, Sherlock résista à son toc, et se dirigea vers la salle où le barbier se trouvait. Il fallait vraiment qu’il considère de l’importance à ce petit brun grincheux pour pouvoir aller l’aider… Et puis, c’était très intrigant tout ça. Balthazar n’était pas du même avis. Il semblait en proie à un duel de regard avec un chien qui était agrippé à sa jambe. Sortant son téléphone portable, il prit tout de suite une photo. Avec un sourire, et un air décontracté, il l’a rajouta à la photo de son répertoire rattachée à Balthazar Graves. « Relax. C’est qu’un chien. On dit que celui qui n’aime pas les bêtes n’aiment pas les gens… Je crois que c’est confirmé dans ton cas. »
Rangeant son téléphone, Sherlock soupira. Bon, c’était le moment visiblement d’utiliser son cerveau brillant, pour tendre l’oreille et essayer d’analyser la voix avec suffisamment de précision pour en connaître un peu plus sur la personne et son environnement. Il avait fait une thèse entière sur la propagation des ondes sonores pour en tirer un plan plutôt détaillé de l’environnement. Personne n’avait jugé cela utile d’intérêt, et il avait fait un flop à la Faculté. Comme le barde dans Astérix, il était entouré d’ignares qui ne connaissaient rien à son Art. Les mains dans les poches et soupirant comme un ouvrier qui va faire un boulot barbant et répétitif, une mélodie surgit des hauts parleurs au piano. C’était parfaitement joué. La cadence, le rythme, tout. Sherlock ne connaissait que 3 personnes dans le monde qui jouait aussi bien du piano. Le premier était un pianiste japonais qu’il avait rencontré au court d’une de ses aventures, le deuxième était son ami Apollon, et la troisième était… « Eurus. »
Comme une réponse, sa voix retentit l’instant d’après dans le haut parleur. Saisissant brusquement le poignet de Balthazar qui tenait le rasoir, son regard se fit froid, dur et étrangement affolé. Il ne riait plus. C’était sa sœur, qui était victime de ce coup monté, et jamais il ne l’a laisserait une seconde de plus dans cette Maison macabre. Cette fois-ci, ils n’avaient plus droit à l’erreur, et se balader avec un rasoir en courant dans une maison comme un forcené n’était certainement pas la meilleure chose à faire. Le visage blême et terrifié, Sherlock se fit extrêmement dur, la peur dans les yeux, certainement la première fois de sa vie avec Balthazar. D’un ton cassant et froid qui ne lui était pas familier, il déclara. « A partir de maintenant, on va faire à ma manière, avec mes règles Graves. La personne qui est retenue prisonnière à une valeur à mes yeux dont tu n’as même pas idée dans ton coeur froid. Si tu t’écartes encore une seule fois du chemin, je t’élimine. »
Dans ses yeux, on pouvait voir qu’il ne plaisantait pas. Regardant le décor, le décompte qui venait de se raccourcir, puis Graves, puis le chien, Sherlock refixa le barbier avec intensité. « C’est le moment d’être mon assistant pour quinze minutes. C’est parti. Dit moi tout ce qui te vient à l’esprit depuis qu’on est ici. C’est très important. Tu as environ... »
Synchronisant sa montre avec l’horloge en un clin d’oeil, il poursuivit. « Une minute et douze secondes pour m’envoyer toutes tes idées qui pourraient compléter les miennes. »
Balthazar Graves
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Ben Whishaw
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Je n'ai rien contre les autres animaux. songea le barbier, acrimonieux. Je hais viscéralement les chiens. Ca ne définit en rien ce que je suis. Seulement ce qu'il m'est arrivé, il y a longtemps.
A quoi bon perdre son temps à énoncer ces mots à haute voix ? La majorité des gens n'écoute jamais. L'indifférence gouverne le monde. Et pour rien au monde il ne ferait des confidences personnelles au méprisant et méprisable Sherlock Holmes. Il en savait déjà trop à son sujet. La nuit déplorable qu'ils avaient passée ensemble à Venise avait été en partie occultée, mais il lui arrivait parfois de se rappeler des bribes imprécises, qu'il préférait enfouir profondément dans son esprit sans trop s'y attarder. L'ignorance a parfois du bon et la curiosité, des limites qu'il ne faut pas toujours franchir.
Le détective s'était animé de nouveau en prononçant un mot qui demeura obscur aux oreilles de Balthazar. Il fronça les sourcils. Eurus. De quoi s'agissait-il ? Un nom de code ? Une marque d'aspirateur ? Il s'attendait à tout, dorénavant. Ses lubies étaient nombreuses et imprévisibles.
Il se crispa en sentant les doigts de Holmes enserrer son poignet au bout duquel il tenait le rasoir. Il voulut se dérober mais l'expression sur le visage de son acolyte le déstabilisa un court instant : il paraissait profondément affolé et anxieux. Non pas pour lui, mais pour la personne retenue prisonnière. C'était la première fois qu'il le voyait aussi tourmenté. Même face aux tourments de Grand Sourire dans le Monde Noir, il n'avait jamais paru aussi effrayé. Cette constatation plongea le barbier dans une réflexion profonde. Tandis qu'il écoutait Holmes le menacer sans que cela n'éveille en lui qu'un petit haussement de sourcils, il songea en revanche que le découvrir aussi vulnérable était à la fois satisfaisant et grisant. Il aimait lire la peur dans les yeux d'autrui, encore plus lorsque c'était lui qui l'inspirait. Cependant, il se contenterait de la voir dans le regard de Holmes, à défaut de la lui insuffler.
Son sourcil se haussa davantage alors qu'il l'entendait proclamer qu'il devenait son assistant pour les quinze prochaines minutes. Pour qui se prenait ce pédant peureux ? Sweeney Todd n'assistait personne. Le lion ne s'associe pas avec le cafard.
Balthazar manqua de marcher sur le cabot alors qu'il faisait les deux pas qui le séparaient de Holmes pour le toiser avec mépris.
"Pourquoi je t'aiderais ?"
Il détacha bien chaque syllabe afin qu'il comprenne à quel point il se moquait du temps perdu sur le compte à rebours.
"Wouf !" fit le chien entre eux.
"Je n'ai rien à y gagner." maugréa-t-il.
Ce n'était pas son genre de porter secours, ou de venir en aide à autrui. Pourquoi voudrait-il dessiner un sourire sur la figure blême de Holmes ? L'angoisse lui seyait bien mieux. Cela faisait ressortir ses yeux bleu glacier. Il ressemblait à un cadavre, ainsi. Balthazar le détailla son visage anguleux quelques secondes de trop.
"Wouf ! Wouf !" insista le chien d'un ton poussif.
"Mais tout à y perdre." articula-t-il finalement, au comble de l'agacement.
Il venait de se souvenir de ce que leur avait dit le marionnettiste qui actionnait les ficelles dans cette demeure piégée : s'ils ne trouvaient pas la personne avant la fin du compte à rebours, ils seraient tous deux accusés du meurtre. Un psychopathe n'a qu'une parole, il était bien placé pour le savoir. Il supposait que celui-là s'était donné les moyens de mettre ses menaces à exécution. Nul ne se donnerait autant de mal pour rien.
Le barbier leva les yeux au ciel en se mordant l'intérieur des joues.
"Le clébard." lâcha-t-il abruptement.
C'était la seule chose qui lui venait à l'esprit. Le seul indice qu'ils avaient eu jusque là. Il baissa un regard mauvais sur le chien qui cligna stupidement des yeux vers lui, croyant enfin obtenir un peu d'attention de sa part. Contracté au maximum, le barbier prit sur lui et s'agenouilla vers le cabot qui se précipita vers lui, la queue frétillante.
"Couché !" ordonna-t-il si sèchement que les oreilles du chien s'aplatirent.
Il obéit en poussant des couinements plaintifs, pensant avoir fauté. Le barbier resta perplexe. Il ne pensait pas avoir une telle autorité sur les canidés. D'ordinaire, ils grognaient en sa présence, percevant sans doute son animosité. Il profita de sa veine pour se pencher vers lui et l'inspecter rapidement du regard. Son collier attira immédiatement son attention : un morceau de papier roulé sur lui-même avait été placé en dessous du cuir. Au prix d'un terrible effort, il tendit la main et le récupéra du bout des doigts. Le cabot en profita pour se tourner sur le dos et attendre des caresses, les quatre pattes en l'air.
Balthazar se releva et déplia le petit carré de papier. Dessus, il était écrit en lettres imprimées :
"Ecoute la musique du vent."
Il tendit le message à Holmes, espérant que cela lui serait plus limpide. Depuis le début, il était question de vent. Plutôt étrange en plein été.
Soudain, une mélodie au violon se fit entendre. Contrairement au reste, elle n'était pas amplifiée par les haut-parleurs. Non, cette fois, la personne jouait pour se faire retrouver.
Le regard de Balthazar croisa celui de Holmes. La musique était diffuse, comme étouffée par plusieurs mètres de distance. Le rez-de-chaussée.
Sans ranger son rasoir, le barbier descendit l'escalier avec lenteur, écoutant attentivement. La personne était indéniablement musicienne et avait des années de maîtrise de son instrument derrière elle. Il n'était pas sensible à la musique en général. Seuls quelques morceaux éveillaient en lui la mélancolie. Celui-là en faisait partie, sans qu'il comprenne la raison. Il y a des choses qui vous touchent et transcendent votre être.
Une fois de retour dans le hall, il constata que la mélodie venait d'encore plus bas. Sous leurs pieds. Il fallut un certain temps pour trouver la porte menant à la cave. Près de dix minutes s'étaient écoulées. Un bref coup d'oeil à l'horloge de son téléphone le lui apprit. Comme à chaque fois, son portable bloqua inexplicablement sur l'historique de conversation d'Eulalie. Acharnement du destin. Raillerie du hasard. Il observa brièvement les smileys envoyés par la petite Peste dès l'instant où elle avait obtenu son numéro de téléphone -indépendamment de sa volonté. Ils étaient nombreux. Les derniers représentaient des bateaux et de petits bonshommes ravis de bientôt embarquer pour une aventure périlleuse. Il n'avait jamais répondu à aucun message.
Il rangea son téléphone dans sa poche de pantalon, sa main tremblant d'énervement. Pourquoi avait-il fallu qu'elle parte ? Toujours à faire son intéressante, celle-là. Il espérait qu'elle ne revienne jamais, tout en la maudissant pour qu'elle revienne.
Chassant l'amazone de son esprit, il abaissa brusquement la poignée de la porte qui s'entrouvrit. Instantanément, la mélodie au violon s'interrompit. L'air frais et moite de la cave les accueillit.
Evidemment, le sous-sol était plongé dans la pénombre, hormis un petit carré de lumière indistinct pour l'instant. Balthazar décida de se jeter le premier dans la gueule du loup. Après tout, il était le seul à être armé. Quand Holmes se déciderait-il à sortir avec un flingue ou une lame ? Pour un génie, il était plutôt lent. Le nombre de chances qu'il reste en vie en vivant à Storybrooke avoisinait le zéro.
A pas de velours, il descendit l'escalier. Quelques marches grincèrent. De toutes façons, ils étaient déjà repérés. La musique s'était stoppée à l'instant où il avait ouvert la porte de la cave. Cela voulait tout dire. Une fois en bas de l'escalier, il constata que le faible halo de lumière provenait d'un spot éclairant une chaise sur laquelle était posée un violon. Tout le reste de la cave était envahi par les ténèbres.
Toujours aux aguets, Balthazar avança d'un pas vers le siège. Il n'y avait aucun bruit. Un archet était posé près du violon.
"On dirait le tien." lança-t-il sans réfléchir.
S'apercevant de sa réplique trop assurée et désinvolte, il se rembrunit et admit en grommelant :
"Je l'ai déjà vu, chez toi..."
Il n'était pas spécialiste en violon, mais il avait remarqué que le Stradivarius du détective était fort bien entretenu et tape-à-l'oeil, à son image. Il n'appréciait pas le fait que cet aveu lui ait échappé. Il était observateur mais faisait rarement étalage de ce qu'il voyait. Holmes allait croire qu'il s'intéressait un peu trop à lui et qu'il mémorisait tout le concernant. Ce qui était faux... en partie.
Un autre message était accroché sur le violon :
"It's not a game anymore."
Très bien... allaient-ils pouvoir enfin retourner à leurs vies insignifiantes, dans ce cas ? Le barbier n'en aurait pas parié son rasoir. Il remarquait que leur interlocuteur était devenu très silencieux, se contentant d'échanger par messages papiers, désormais. Il n'obéissait à aucun schéma. Sa façon de procéder était perturbante en plus d'être chaotique.
"Etrange..." susurra-t-il à l'adresse de Holmes, tout en levant son rasoir pour effleurer le contour du Stradivarius du bout de la lame, d'une façon étrangement sensuelle. "J'aurais pensé que la personne à laquelle tu comptes le plus, c'est toi-même."
Il lui lança un rictus crispé dans la pénombre de la cave.
acidbrain
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
Observant Balthazar jouer avec le chien, Sherlock prit du recul pour analyser la situation. Quelqu’un détenait sa sœur, et il devait être extrêmement brillant pour avoir réussi à la capturer vivante. Certainement un Dieu, ou quelque chose comme Grand Sourire qui échappait à son contrôle et à son esprit déductif. Fermant les yeux un court instant, son esprit vagabonda dans la maison pour essayer de voir si il n’avait pas rater un détail d’importance capitale. Les pas dans la poussière de la maison étaient très clair. Il n’y avait que trois personnes qui avaient marché ici. Mais ce n’était pas une certitude absolu. Les pattes du chien avaient entravé son observation. Peut être qu’ils étaient plus. En tout cas, l’utilisation de l’animal avait été brillant. Contractant sa mâchoire, Sherlock hésita un moment à assommer le barbier qui commençait à lui taper sur les nerfs. Cet imbécile avait compris qu’il s’agissait d’une personne importante à ses yeux, et il faisait encore l’idiot. Du moins, il l’essayait. Car au fond de lui, Sherlock savait que Graves était en train de l’aider. Il avait accélérer le rythme et s’était plié en quatre pour vaincre sa peur des chiens visibles. Accroupi, il déroula le petit mot qu’il lut sans aucun problème par dessus la tête du barbier. « Ecoute la musique du Vent. »
Tout devint clair dans son esprit, car il disposait de plus d’informations que Balthazar. Pour lui, c’était du chinois. Mais pour Sherlock Holmes, c’était clair et limpide. Ecoute la musique d’Eurus, le Vent d’Est. Ne faisant pas partager sa déduction à Balthazar, car il ne le méritait pas, Sherlock observa l’animal un bref instant. Il semblait bien traité. Qui donc traité bien les animaux, alors qu’il traitait les hommes de manière aussi morbide ? C’était certainement le chien du kidnappeur. Mais ce n’en était pas réellement un. Il n’aurait jamais permis de laisser un animal aussi précieux à ses yeux et bien traité. Tout cela commençait à ressembler à… Un Jeu. Roulant des yeux, il soupira. Elle recommençait. C’était pas dieu possible. Voulant avertir Balthazar qu’il pensait qu’il s’agissait une mascarade, ce dernier n’en fit rien et s’élança à la suite de la mélodie à toute vitesse. Le laissant courir, Sherlock le suivit en marchant et marmonna : « Un jour, il faudra vraiment qu’on aille voir un thérapeute pour qu’il m’écoute... »
Se mettant une claque mentale pour oublier cette idiotie, Sherlock suivit d’un pas trainant Balthazar qui fonça dans la cave tête baissée. Descendant les marches une à une, il en compta encore treize. Petite peste. Sherlock ne fut absolument pas surpris de voir un violon au centre de la pièce. En revanche, il le reconnut quelques instants d’après, et ses yeux s’écarquillèrent de surprise quand il remarqua qu’il s’agissait en réalité du sien. Toujours observateur, aucun son ne sortit de sa bouche. Comment était-il arrivé là, il n’en savait rien. Mais cet objet était scellé dans sa chambre, et personne n’avait accès au code. Une seule personne était capable de ce genre d’effraction spectaculaire, et elle commençait sérieusement à l’énerver. Voyant Balthazar lire le papier, Sherlock fit de même par dessus son épaule. « Effectivement, ce jeu m’énerve. » lâcha-t-il agacé.
Puis il se passa l’imprévisible. L’irréparable. Graves approcha la lame de son rasoir sur le Stradivarius et l’effleura du bout de sa lame. Cet homme était fou. Accroupi ainsi dos à lui, Sherlock hésita à le frapper de toute ses forces à la nuque avec la paume de sa main pour lui briser. Hors de question d’abîmer ses objets personnels et encore moins une œuvre d’art. Gardant contenance, pour ne pas éveiller de soupçon, un rictus glacial naquit sur ses lèvres. Ce n’est que la musique qui retentit à nouveau qui l’empêcha de passer à l’acte. Saisissant le violon, et dominant Graves de toute sa hauteur, il commença à jouer la suite du morceau. L’harmonie du Violon Parfait se fit entendre dans la cave qui visiblement était prévu à cet effet. Il arrêta. La musique reprit, mais cette fois-ci elle ne venait pas de son violon. Tournant la tête sur la droite, il remarqua qu’il venait… « De l’Est. »
Ignorant le visage surpris et pleins de questions de Graves, il continua à jouer en se dirigeant vers l’endroit. Cessant, la musique de l’autre violon reprit de plus belle. Soudain, un bruit arriva de l’autre côté de la cave. Tournant les talons, Sherlock remarqua que Balthazar, en proie à un courage sans nom ou une curiosité sans limite, avait déclenché un piège. Pendu par une jambe, le barbier gesticulé… Un sourire aux lèvres, il s’adressa au barbier. « La curiosité est une qualité, sauf quand elle est alliée à la… Stupidité. »
Au même moment, la paroi de la cave orienté vers l’Est pivota, pour dévoilé une silhouette, assise sur un fauteuil roulant, de dos, jouant du violon au milieu de plusieurs câbles et moniteurs. Lentement, le fauteuil pivota, pour dévoiler sa surprise sa sœur. Sherlock termina la mélodie et laissa pendre son violon et son archer. « Bonjour mon frère. » dit-elle d’un ton neutre avec la voix du vieil homme.
Sherlock resta immobile, fixant Eurus avec intensité. Elle n’avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois qu’il l’avait vu. Posant un regard sur le fauteuil, il déclara tout en touchant la couenne de Balthazar avec son archer. « J’aurai du m’en douter… C’était un peu grossier de ta part. Quel bon Vent t’amène ? »
Esquissant un Grand Sourire de toutes ses dents, elle répliqua : « Je sais, je sais, j’aurai pu peaufiner un peu les détails mais j’étais un peu pressée. C’était quand même pas si mal non ? Et puis t’inquiète ? J’ai préparée pleins d’autres surprises. »
Evidemment. Ce n’était que le début de la partie ! Que l’introduction ! Jubilant intérieurement, l’adrénaline monta en flèche dans son corps. C’était quelque chose de jouer avec Moriarty ou n’importe quel autre psychopathe. Mais jouer avec Eurus, c’était particulièrement délicieux. Un éclair de joie passa dans ses yeux, mais son visage resta de marbre. Sortant de l’impasse en posant le violon et faisant tourner les roues, Sherlock en profita pour écraser le nez de Balthazar avec l’archer qui gesticula de toutes ses forces. Il aurait du le frapper. Au moins pour le violon. « Tu sais très bien que je n’aime pas les surprises. »
Balthazar tenta de chopper l’archer comme il put mais rien ne se produisit hormis le couvrir de ridicule. Souriant à pleines dents Sherlock observa le rasoir au sol, mais ne le toucha pas. Eurus avait roulé jusqu’à eux et observa Balthazar, dans le dos de Sherlock qui ne la regardait pas, trop absorbé par le spectacle. « Il est mignon. »
Se retournant lentement, Sherlock répondit :
« Mignon, ce n’est pas vraiment le mot. Lève toi du fauteuil. »
Plissant des yeux, un peu boudeuse, elle croisa les bras. « Et si je ne peux pas ? » dit-elle sans ciller.
Le fauteuil, qu’elle avait oublié d’immobilisé commença à rouler en arrière. Sa jambe bougea et son pied se posa au sol pour arrêter la course par réflexe. « Bon ok. C’était nul. Je voulais juste voir ta réaction. Absente comme d’habitude. En fait, t’as beau bouger, t’es toujours le même légume. »
Il l’avait d’abord observé un peu anxieux. Et si elle avait vraiment perdu l’usage de ses jambes. Roulant des yeux d’agacement quand il l’a vit bouger, il détestait se faire avoir. Surtout pas sa sœur. « Et toi toujours aussi prompte à faire des blagues de gamin. Pourquoi tu l’as invité pour jouer avec nous ? »
Désignant Balthazar de l’archer, il l’observa pendouiller, le visage rougit par le sang et la rage. « Je ne l’aime pas. »
On aurait réellement dit un enfant de 8ans. Mais c’était pas important ça, de grandir. Sa sœur fit une moue étonnée et soupira : « Mais oui, c’est ça. Tu ne l’aimes pas, ton Roudoudou. »
Se mordant la lèvre elle poursuivit : « Vous avez pas mal traîné ensemble ces derniers mois pourtant, à ce qu’on m’a dit... »
La colère monta aux joues de Sherlock. Elle avait vraiment le don de le mettre en rogne. Le pire, c’est qu’il savait qu’elle le faisait exprès. Mais à chaque, il plongeait. Prenant son violon, Sherlock Holmes joua trois fausses notes d’affilés. Elle détestait ça, il le savait. « Et toi, où as-tu traîné, une fois partie de mon chevet ? Pourquoi m’as-tu... »
Trois fausses notes de plus, puis Sherlock baissa le violon, et la fixa les yeux larmoyant et plein de rage. « Abandonné. »
Eurus J. Holmes
« Good and bad are fairytales. »
| Avatar : Keira Knightley
"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"
"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Eurus, la soeur de Sherlock
Premières impressions : Sherlock, tellement grand. Ses attitudes. Ses répliques. Son regard. Le coiffeur qui se balance. Son visage rouge. Le grincement discret de la corde au bout de laquelle il pend. L'odeur de la cave, moite et renfermée. Le discret ronronnement des appareils électriques rassemblés dans le réduit.
Eurus aime tout entendre, tout voir, et tout connaître. Pour le premier, c'est facile. Il suffit d'écouter. Le second, elle y a renoncé. Quant au dernier, elle s'intéresse à beaucoup de choses mais sans jamais réussir à se passionner pour quoi que ce soit. Pourtant, il y a le violon dans sa vie. La presque unique exception. Souvent, elle se demande si elle s'est perfectionnée dans ce domaine uniquement pour concurrencer son frère, le si talentueux Sherlock. Avec Mycroft, ça a toujours été plus simple, puisqu'ils n'ont jamais été en rivalité.
Et puis, elle a aussi la psychométrie, qu'elle affectionne tout particulièrement parce que cette capacité n'appartient qu'à elle.
D'un discret coup de langue, elle enlève le micro minuscule coincé entre sa molaire droite et sa gencive. Il était destiné à rendre sa voix plus grave et fatiguée. Elle joue un moment avec, le mâchouillant comme un chewing-gum récalcitrant, puis l'attrape entre ses doigts pour le ranger dans sa poche.
Trois fausses notes. Retour de la migraine. Eurus se gratte la tête de la pointe de son archet tout en grimaçant. Elle lance ensuite un regard oblique à son frère. Elle sait qu'il l'a fait exprès. Six fausses notes en tout. Ca commence à faire beaucoup.
"Et toi, où as-tu traîné, une fois partie de mon chevet ? Pourquoi m’as-tu... Abandonné."
Enchaînement logique : le mélodrame. Un plat que l'on sert lorsque l'on veut faire culpabiliser quelqu'un. La jeune femme n'est pas dupe. Elle soutient son regard sans ciller, y remarquant un véritable accablement colérique qui lui provoque un petit pincement au coeur.
"Tu as été le premier à le faire." dit-elle d'une voix étonnamment neutre.
M'abandonner.
Ne pas lui montrer. A quel point elle a eu mal. Et elle en souffre encore.
"La dernière fois que je t'ai vu, tu avais le regard bovin et tu bavais sur l'oreiller. L'hôpital a dû être ravi d'avoir autant d'ADN du fabuleux Sherlock Holmes ! Tu crois qu'ils ont cherché à te cloner ?"
Elle lui lance un sourire narquois et se lève du fauteuil roulant qui termine de reculer jusqu'au mur du fond. Elle se masse un peu la tempe et écarquille soudain les yeux.
"C'est pour ça que tu es sorti de ton faux coma ? Pour neutraliser tous tes clones un par un façon Terminator ? Oh, mais si ça se trouve tu n'es pas le vrai Sherlock ! Si ça se trouve on a à faire à une réplique parfaite !"
D'un geste théâtral, elle brandit son archet comme un fleuret dans sa direction.
"Dites-moi tout de suite où est mon frère. Ou alors... prouvez-moi que vous êtes mieux que lui et on peut s'arranger."
Son visage se fige, implacable, avant de se fendre en un sourire lumineux. Son rire envahit la cave l'espace de quelques secondes. Elle finit par le ravaler en constatant que ça a l'air d'énerver encore plus le coiffeur qui pend au bout de son fil. Il a l'air assez protecteur envers son frère. Elle qui pensait le retrouver marié à John Watson... A l'époque, ils étaient inséparables, tous les deux. Que s'était-il passé ? Eurus n'évoque pas l'assistant-médecin-ancien-soldat-blond. Elle se doute que le sujet est épineux.
Posant son archet sur la chaise roulante avec son violon, elle retourne ensuite vers l'homme qui a la tête en bas. Renversant la sienne et se courbant en deux, elle lui lance, espiègle :
"On a débuté dans le mauvais sens, nous deux."
"Libérez-moi." grommelle-t-il en la fixant d'un oeil incendiaire. "TOUT DE SUITE !"
"Ouuuh autoritaire." dit-elle avec un large sourire.
Puis, tournant la tête vers Sherlock, elle ajoute :
"Je pensais que c'était toi qui portais la culotte dans le couple mais il est tellement teigneux que je commence à douter !"
Elle ne peut croire que son informateur lui ait menti au sujet de ces deux-là. Il est évident qu'il y a quelque chose entre eux. Une haine viscérale doublée d'un attachement profond. C'est souvent comme ça que débutent les grandes histoires d'amour.
"Vous allez le regretter." assure Balthazar Graves alors que ses yeux papillonnent tant le sang lui monte à la tête.
Eurus l'observe avec curiosité. Elle aime discerner le moment où le corps humain atteint ses limites. C'est extrêmement intéressant. Un éclair argenté attire ensuite son regard, sur le sol. Il s'agit du rasoir que le coiffeur tenait à la main comme une arme. Bizarre le gars, quand même.
Elle tend les doigts pour le ramasser. Balthazar cherche à faire de même mais se balance de trop haut pour l'atteindre. Il étouffe un soupir de frustration et de rage.
"Il doit valoir pas mal..." suppose-t-elle, hypnotisée par le manche en argent ciselé.
A l'instant où sa main se referme contre le métal froid, un flash la saisit. Elle se sent assaillie, enveloppée par un liquide visqueux, chaud et écarlate. Du sang, absolument partout. Le long des murs de la cave. Contre sa peau. De la tête aux pieds. Entre ses doigts. Il ne semble pas souiller la lame du rasoir, pourtant. Tout a commencé par lui.
L'instant est bref. Elle retient son souffle et dévisage le coiffeur qui est bien plus qu'un coiffeur. Un ange de la mort. Ou plutôt un diable avec une gueule d'ange. Gloups.
"Je préférais l'autre." dit-elle en référence à John.
Elle se redresse, ne sachant que faire du rasoir qui continue de lui envoyer des bribes d'informations qu'elle ne veut pas connaître. Elle finit par le placer dans les mains de Sherlock, malgré les protestations du coiffeur.
Son frère est attiré par les bad boys, à présent ? Décidément, elle a loupé beaucoup d'épisodes de la série ().
"T'as raison, je n'aurais pas dû le faire jouer avec nous."
Tranquillement, elle sort un petit pistolet de sa poche de pantalon, vise le coiffeur, et presse la détente.
Puis elle souffle sur le canon duquel ne s'échappe aucune fumée. D'ailleurs, il n'y a eu aucune détonation non plus.
"Juste un tranquillisant." explique-t-elle à Sherlock d'un ton désinvolte. "J'en ai toujours sur moi au cas où. Une façon de me protéger du grand méchant Monde."
Elle fronce les sourcils en constatant que Balthazar ne s'est pas assoupi. Au contraire, il s'agite anormalement au bout de son fil. Il parvient à arracher la fléchette de son cou et presse sa main contre, en proie à des convulsions inquiétantes.
"Oho..." fait Eurus en jetant un coup d'oeil anxieux à son petit flingue.
Subitement, elle se demande si elle a enlevé les cartouches expérimentales qu'elle a acheté à un dealer, la semaine passée. Parfois, elle s'embrouille un peu.
"Est-ce qu'il est asthmatique ?" demande-t-elle à son frère. "Parce que le gars qui m'a refilé la substance m'a dit que les asthmatiques risquaient un arrêt cardiaque et... il m'a l'air bleu là quand même."
Elle n'est pas inquiète. Elle observe, c'est tout. Le coiffeur ne s'agite plus du tout. Il se contente d'osciller au bout du fil, la tête et les bras ballants.
"Bah de toutes façons, tu ne l'aimais pas, tu l'as dit toi-même !" conclut-elle en haussant les épaules.
D'une certaine manière, elle vient de lui rendre service, non ? Elle observe son frère du coin de l'oeil, guettant la suite. Elle veut tester l'ampleur du contexte émotionnel.
code by EXORDIUM. | imgs by tumblr
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
Un rictus, très célèbre s’afficha sur le visage de Sherlock. Les scientifiques étaient tous d’accord pour dire que ce dernier était hérité des Grands Singes. Il signifiait très clairement qu’on avait été blessé, et qu’on était également prêt à blesser à son tour. Aussi fort, si ce n’est plus. Mais tout ça, Eurus le savait. Et c’était encore mieux d’ailleurs. C’est vrai, il l’avait abandonné. Il avait même abandonné tout le monde. Mais c’était comme cela qu’il fonctionnait. Quand la situation lui échappait, c’était la fuir, la peur et la cachette qui reprenait le dessus. Ca aussi, elle le savait, mais là, elle jouait avec ses sentiments, et il détestait ça. Posant le violon avec précaution, Sherlock ne s’abaissa pas à répondre tout de suite à cette attaque. Tout simplement parce qu’il savait comment fonctionnait sa sœur à la perfection. Ce n’était que le début des agressions sentimentales. Mettant les mains dans les poches de son manteau, son sourire mauvais toujours sur les lèvres, le détective la fixa, et la laissa cracher son venin sur son visage et sur son âme sans bouger. Après tout, elle avait à moitié raison. Et il fallait que certaines choses soient dites. Chez les Holmes, beaucoup trop de secrets avaient été enterré. La règle était d’ailleurs très stricte à ce sujet. Pas plus de 5 secrets dans « le coffre à secret ». Si un de plus devait les rejoindre, il fallait en révéler un. C’était la règle. Et autant ne pas l’ouvrir aujourd’hui non ? Ne sachant pas si elle mentionnait les clones exprès en référence à ce qu’ils avaient vécus le barbier et lui quelques jours plus tôt, il resta encore de marbre. Toujours droit comme un I. Finalement, il se décida à riposter. En visant Balthazar, elle touchait un peu trop à son monde. Et là, elle allait trop loin. « C’est bien moi, tête de linotte. Mais si tu n’étais pas obsédé par la compétition entre nous deux, tu t’en serais rendu compte plus tôt non ? C’est quoi en fait ton problème ? Il remonte à quand ? Tu crois que je suis responsable autant que Papa et Maman, de m’avoir désigné comme un génie, alors qu’ils en avaient un bien plus performant sous les yeux depuis le début. Arrête. Tu sais très bien qu’ils étaient trop stupide pour le voir. Ils ont toujours été plus bête que nous. Tu aurais pu me voler la vedette, en faisant briller tes talents supérieurs aux miens au grand jour. Mais tu n’as rien fait. Tu voulais juste me protéger. C’est très touchant, mais comme d’habitude, tu ne t’es pas protégée toi même. Et tu continues à fuir. Ca suffit maintenant. »
Ces derniers mots avaient été autoritaires. Au moins aussi autoritaires que ceux de Graves à son encontre. Personne n’avait vu Sherlock comme ça, aussi proche de quelqu’un, à sa manière. Que Graves les écoute l’énerva encore plus. Il n’avait pas besoin de se rendre encore plus fragile à ses yeux. Mais en fait, il s’en foutait. Eurus était là, et elle n’avait pas encore fuit, comme à son habitude. Intérieurement, il n’avait qu’une envie, qu’elle reste à ses côtés, à jamais. Il aimait Eurus plus que tout, mais ne lui avait jamais avoué. Ses pensées furent brusquement interrompu par le révolver qu’elle sortit et pointa vers Balthazar. Tout le corps de Sherlock se tendit. Pour la simple et bonne raison, qu’elle était capable de tout. Y compris de le tuer. Fronçant les sourcils, et réfléchissant rapidement, elle fut plus rapide que lui. Se baissant dans un premier temps pour saisir le rasoir, elle sembla avoir eu une vision, comme elle en avait souvent quand elle était jeune. Pris entre deux feux, Sherlock saisit l’avant bras d’Eurus par réflexe. Mais trop tard, un petit sourire en coin lui fait comprendre qu’elle a déjà vu. Parfois, il vaut mieux ne pas connaître certaines Vérités… Prenant le rasoir d’un geste lent, il le plaça dans sa poche. Au même moment, un espèce de bruit étrange partit du révolver d’Eurus. Sérieusement ? Elle avait tiré ? Ses yeux se placèrent immédiatement sur la fléchette. Ouf, un simple tranquillisant. Profitant de l’absence de Balthazar, et tenant toujours son poignet, il l’a força à l’observer dans les yeux. Son visage ne semblait pas subir les ravages du Temps…
« Ecoute. Je suis désolé. Si je n’ai pas été parfait avec toi. Tu as toujours été l’élément incompréhensible dans l’équation, et c’est pour ça que j’ai toujours été distant avec toi. J’ai peur de ce que je ne comprends pas entièrement et de ce que je ne peux pas analyser. Mais depuis que je suis ici, j’ai appris à passer outre, et à m’ouvrir au monde, je veux juste un seconde ch... » « Oho... »
Tout se passa alors rapidement. Voyant Balthazar devenir bleu, et s’étouffer, Sherlock se tourna ensuite vers Eurus. Elle ne comprenait pas. Il ne fallait pas qu’il meurt. Ca ne se passait pas comme ça. Après la Mort, il n’y avait Rien. Hors de question que Balthazar subisse ça. Même pour lui, c’était trop cruel. Lâchant sa sœur qui semblait aussi curieuse du résultat du produit que sur la réaction de son frère, sa main plongea dans la poche de Balthazar, où il trouva le deuxième rasoir, noir de jais avec des inscriptions étranges sur le dessus. D’un geste sec, il envoya la lame percuter la chaîne qui se brisa comme du beurre. Jetant le rasoir au sol, Sherlock plaça immédiatement Balthazar sur le dos. Ouvrant son manteau, il sortit une boîte contenant deux seringues. L’une était rempli d’héroïne, pour les coups durs, et l’autre d’adrénaline, en cas d’overdose. Avec des gestes précis, il envoya d’abord celle d’adrénaline dans la cuisse du barbier et injecta l’intégralité du liquide. Puis, une fois cela fait, il retira le piston de la seringue, et la planta avec précaution dans sa trachée, pour qu’il puisse respirer sans utiliser ses voies respiratoires obstruées à cause de l’enflement de sa gorge. Voyant les poumons de Balthazar se remplirent et se vider doucement, ainsi que le coeur battre, Sherlock se retrouva assis à côté de lui, et fixa Eurus droit dans les yeux. « Tu as fait exprès. Pourquoi ? Qu’est que tu as vu Eurus ? »
Eurus J. Holmes
« Good and bad are fairytales. »
| Avatar : Keira Knightley
"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"
"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Eurus, la soeur de Sherlock
Tu te trompes. Je ne fuis pas. Je n'ai jamais fui. Je ne suis pas comme toi. songe aigrement Eurus.
Elle a tiré sur la corde sensible du violon interne de Sherlock en s'en prenant au coiffeur. Elle le sait pertinemment. Qui aime bien châtie bien, comme on dit. Et c'est une façon comme une autre d'accomplir une petite vengeance personnelle. Une manière de lui rendre la monnaie de sa pièce, pour tous les moments qu'il lui a volés. Elle frémit à la fois d'indignation et d'agacement en entendant les paroles autoritaires de son frère. Elle sent la tension dans sa voix. Il est nerveux à l'idée que son compagnon s'aperçoive à quel point il est... fragile, en réalité. C'est attendrissant et puéril. Sherlock n'a jamais dépassé les huit ans d'âge mental pour ce qui est des relations humaines.
Avec un calme remarquable, Eurus l'observe réanimer Balthazar à l'aide d'une seringue d'adrénaline, puis créer une percée dans sa gorge afin qu'il puisse respirer convenablement. Bientôt, le coiffeur revient à lui. Sa poitrine se soulève de façon précipitée. Il est allongé sur le sol glacé de la cave, ses yeux grand ouverts fixant le plafond lézardé. Sherlock s'assoit à côté de lui, étonnamment attentionné. Un grand moment.
"Sérieusement ? Tu veux ressortir les violons ?" lance-t-elle en référence à ses précédentes paroles. "Je croyais pourtant que le morceau qu'on a joué quelques minutes plus tôt était suffisant..."
Tu as... peur de moi ? songe-t-elle, surprise.
C'est plus ou moins ce qu'il a admis en déclarant qu'il a peur de ce qu'il ne comprend pas entièrement et qu'il ne parvient pas à analyser. Elle se sent blessée et flattée à la fois. Curieux mélange. Elle a l'habitude avec lui. En tous cas, elle est surprise qu'il parle à coeur ouvert. Elle pourrait véritablement croire qu'il s'agit d'une copie de son frère. A-t-il trop regardé les rediffusions des Frères Scott ces dernières années ? Elle aurait dû laisser des instructions à John Watson avant son départ.
"Ah, ça t'intéresse maintenant ce que je vois ?" lance-t-elle d'un ton plein d'amertume. "Pourtant à l'époque, tu ne manquais jamais une occasion de prétendre que mon don, c'était rien que du vent."
Geste négligent de la main. En total contradiction avec sa moue gonflée de morosité et de peine. Un sourire désabusé finit par fendre son visage. Elle soupire et baisse les yeux, cherchant le second rasoir sans le trouver. Il est sûrement tombé quelque part hors de son champ de vision. Elle se mord les lèvres. Dommage. Une lame capable de couper du métal, ça doit valoir son pesant d'or. Elle tourne la tête à gauche et inspecte la pénombre avec insistance, quand des jappements lui arrachent un large sourire. Se retournant, elle aperçoit la carlin descendre les dernières marches de l'escalier.
"Oh, coucou toi ! Où étais-tu passé ?" s'écrie-t-elle en se précipitant vers lui.
Elle s'agenouille et le chien saute mollement dans ses bras. Elle le caresse énergiquementen le couvrant de surnoms affectueux, puis se redressant, elle annonce :
"Frank doit aller faire pipi."
Sans plus de cérémonie, elle commence à grimper l'escalier, le chien sur les talons. Arrivée à mi-chemin, elle se stoppe et pivote sur elle-même en comprenant que son frère ne la suit pas.
"Je comprends. Vous avez besoin de vous retrouver un peu seuls tous les deux. Prenez votre temps. Je vais couper la caméra. Quoique... non, ça risque d'être un morceau d'anthologie."
Elle esquisse un sourire qui lui confère un petit côté diablotin.
"Si vous me cherchez, je suis dehors. J'avais laissé la porte d'entrée ouverte. Personne ne fait jamais attention aux évidences, de toutes façons."
Elle leur adresse un clin d'oeil avant de reprendre son ascension, car "Frank" s'impatiente en haut des marches.
Il y a encore tellement à faire : ayant convaincu le gentil vieux monsieur qui vivait dans cette demeure que la maison de retraite serait beaucoup plus adéquate pour lui -elle lui avait fait miroiter de jolies et jeunes infirmières se battant pour s'occuper de sa personne- et après avoir falsifié les dossiers de succession afin d'en obtenir les droits, elle réfléchit que la suite logique est de revendre ce logement au plus vite pour être débarrassée de tout soupçon. Au préalable, il faut qu'elle enlève tous les pièges, caméras et haut-parleurs qu'elle s'est amusée à cacher. Ce sera la partie la moins amusante du jeu. Peut-être trouvera-t-elle un moyen de donner ce travail ingrat à Sherlock et son compagnon ? A méditer.
code by EXORDIUM. | imgs by tumblr
Balthazar Graves
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Ben Whishaw
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Etait-il véritablement asthmatique ou cette sombre idiote s'était-elle moquée de lui ? Quelle importance, de toutes façons ? S'il avait souffert de troubles respiratoires, il l'aurait su. Il n'avait aucune envie de pousser cette enquête plus avant ; au pire -ou meilleur- des cas, une crise d'asthme l'emporterait un jour un peu moins sinistre que les autres. Il voyait cela comme une chance de plus de passer l'arme à gauche. Même s'il devait admettre que la vie était solidement accrochée à lui, car il venait une fois encore d'échapper de justesse à la mort.
Il avait ouvert les yeux mais sa vue avait mis quelques instants à s'affiner. Le plafond bas et crasseux, parcouru de toiles d'araignée. Holmes qui l'observait d'un air soucieux. Près, beaucoup trop près. Il entendait la fille jacasser. Le cabot aboyer. D'un geste mou, il passa les doigts contre sa gorge blessée. Le détective y avait créé un petit trou afin de lui permettre de respirer. Il sentait également une vive douleur contre sa cuisse. Il n'y était pas allé par quatre chemins pour le garder en vie. Devait-il s'en sentir flatté ou insulté ? Holmes avait agi sous le coup de l'impulsivité, songeant certainement que sa perte le priverait d'un divertissement de choix.
Le regard de Balthazar s'assombrit davantage alors qu'il redoublait d'efforts pour se redresser sur les coudes, constatant de ce fait que son acolyte était assis juste à côté de lui. Il lui lança un drôle de regard, à mi-chemin entre la répulsion et l'étonnement.
"Une soeur." articula-t-il d'un ton hargneux alors que la fille en question avait quitté la cave en compagnie du cabot. "Ta soeur."
L'intonation sur le pronom était pleine d'acrimonie et de reproche. Il aurait aimé l'apprendre autrement. Peut-être. Ou pas. Son esprit était confus. Cela était sans doute dû à son récent arrêt cardiaque. Le barbier plaqua une main contre son torse, sentant les battements précipités sur sa paume. Cette résurrection lui rappelait la frontière jusqu'à laquelle Eulalie l'avait emmené, lorsqu'elle avait tenté de l'étrangler. Quel délicieux et délicat souvenir...
Ses paupières papillonnèrent mais il s'entêta à s'asseoir, tout en gardant appui sur ses bras afin de ne pas basculer.
"Et dire que je te trouvais insupportable..." marmonna-t-il entre ses dents.
C'était un euphémisme comparé à ce qui lui inspirait cette "Eurus". Contrairement à l'amazone, il n'avait pas apprécié qu'elle cherche à écourter son existence, car elle l'avait fait sans préméditation, sur un coup de tête. Une lubie du moment, enlevant tout caractère sacré à la mort. Un crime devait être artistique ou passionnel à défaut d'être réfléchi. Elle n'avait rempli aucune de ces catégories. Encore une amateure qui se prenait pour quelqu'un... C'était affligeant.
Profitant que Holmes soit tout près, le barbier se retourna brusquement et le plaqua au sol. Bloquant le haut de son corps avec son bras gauche et le bas de ses jambes, il plongea sa main libre dans la poche de son pantalon pour y récupérer son précieux rasoir. Il fourragea un moment avec hargne et ardeur () et finalement, ses doigts se refermèrent contre le métal tiède à l'instant où une alarme stridente résonnait dans toute la maison. Balthazar croisa le regard de Holmes. Bon sang... le compte à rebours ! Il avait dû arriver au terme !
"Les gars ?" fit la voix d'Eurus depuis la porte ouverte de la cave. "C'est pas pour vous brusquer mais faudrait dégager, là ! Vous vous ferez des câlins plus tard !"
Elle étouffa un rire et le barbier appuya davantage le revers de son bras contre la pomme d'Adam du détective. Maudits Holmes...! Y en avait-il encore beaucoup d'autres ? Il redoutait de connaître la réponse.