« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
- Vos punchlines craignent autant que le reste des choses que vous entreprenez,commentai-je, les bras croisés, au comble du sarcasme. Mon seul plaisir dans tout ça c'était d'en apprendre autant sur Arthur qu'il en apprenait sur moi. J'aurais préféré des détails croustillants dont j'aurais pu me resservir par la suite pour faire ma connasse - un autre de mes nombreux talents, si vous vous demandez - mais non, il avait fallu qu'il joue la carte suicide. Su-per. Ce type était mortel, mais dans le sens négatif du terme. Et en plus de ça, il était bête comme ses pieds. Encore que… ses pieds étaient peut-être plus intelligents. - Vous êtes bête ou vous le faites exprès ? demandai-je excédée, à deux doigts de hurler - ce que je n'ai jamais fait, en fait, je ne sais pas si mes cordes vocales savent faire. Répondez pas, c'était de la rhétorique. Je ne suis pas une experte en émotions parce que je me sers des morts de mon histoire, je suis experte en émotion parce que j'en suis une ! C'est quand même pas si compliqué à comprendre ! D'ailleurs je parie que quand votre copain s'est suicidé vous avez d'abord été dans le déni, puis vous êtes entré dans une colère noire, ensuite vous avez voulu négocier à tous prix, une heure, une minute, une seconde de plus, après ça vous avez pleuré comme un bébé parce que ça faisait trop mal et ensuite vous avez accepté les faits. Et comment vous croyez que je le sais tout ça ? Je suis pas psy, je suis mieux : je suis une émotion. Je suis programmée pour le savoir, au même titre que vous êtes programmé pour être grognon ! Alors oui j'en sais un peu plus que vous sur ces choses même si je ne les expérimente pas toutes. Parce que c'est mon job de savoir et d'aider les gens à mieux gérer ! Et croyez moi dans cette ville y en a des tas qui ont besoin d'aide ! Vous vous êtes experts en poissons et bah moi mon truc c'est les émotions ! VOILA ! Maintenant laissez moi exercer avec les moyens du bord. Ca y était. J'avais crié et… ça faisait du bien. Je comprenais un peu mieux Colère - mais juste un peu. J'inspirai un bon coup et replaçai une mèche rousse derrière mon oreille. Parfois, je me manquais en vert… - On appelle ça les 5 étapes du deuil, ajoutai-je plus calmement. Si vous voulez en parler, je vous écoute, même si la tristesse c'est pas trop mon truc en principe.
Arthur Cane
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« La vérité est comme la compagnie : tout le monde en a besoin, mais elle craint parfois »
D'abord, il allait lui répondre qu'elle pouvait aller se faire voir, mais il n'en fit rien parce que bon, il fallait le reconnaître, la punchline était nulle, en effet. Il se contenta donc de souffler du nez, serrer les dents et lever les yeux en l'air, lui laissant le temps de répondre.
Là encore, il eut plusieurs réflexes. Lui dire que son histoire d'émotion était ridicule. Mais la suite lui prouvait que peut-être bien que non, en réalité. Alors il ne l'avait pas interrompu sur le coup. Puis, il avait de nouveau eu envie de l'interrompre. Et cette-ci, avec toute la colère qu'il pouvait avoir en lui, bien plus que sa... "colère ambiante". Littéralement, il voyait noir. Elle n'avait aucun droit de lui dire, de prétendre tout savoir de lui, de ce qu'il avait vécu après le suicide. Parce que non, elle ne savait pas ce qu'il ressentait, ce qu'il était, son histoire et tout ce qui allait avec.
Et puis... si de nouveau, il n'avait rien dit, c'était par surprise. Elle avait eu raison... presque raison en réalité. Il n'avait pas pleuré, Arthur se contentait de ravaler ses larmes et de rester dans la phase colère. Mais, et sans doute plus à ce moment d'étonnante honnêteté, il devait bien reconnaître qu'il en avait eu envie plus d'une fois. Plus d'une centaine de fois.
Je ne pleure pas, s'était-il contenté de lâcher, toujours agacé mais d'un ton bien plus calme que tout ce qu'il avait pu hurler quelques instants plus tôt. Ok, je ne l'ai pas accepté. Oui, dans un élan de stupidité j'ai prié alors que je sais que croire en Dieu c'est la plus grande illusion humaine. Oui, j'ai été en colère. Mais non, je n'ai pas pleuré. L'émotion experte en émotion ne sait pas tout. J'ai voulu mourir, j'ai voulu frapper tout ce qu'il me venait, mais je n'ai pas pleuré, et vous allez me sortir que pleurer c'est la meilleure chose mais non, c'est juste ridicule.
Il se surprit à se mordre la langue. S'il se mordait la langue, c'était pour refouler quelque chose. Certainement toutes ces étapes dont elle parlait, puisque Arthur n'avait jamais fait son deuil. Déborah était une émotion. Mais les émotions, ce n'était clairement pas le point fort de l'ancien poulpe. C'était donc certainement pour cette raison que la situation était aussi chaotique entre Deborah et lui.
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Deborah Gust
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- Youhou Deborah, regarde ce que je sais faire !
- C'est bon, je démissionne, j'en ai marre des débiles.
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Sa première réponse ne me surprit pas. Arthur avait certes un nombre incalculable de défauts mais il n'avait l'air d'avoir celui d'être une chochotte qui pleure, pleure, pleure et pleure. Sandy aurait peut-être bénéficié d'un stage de deux trois jours chez lui. Mais pas plus - elle n'y survivrait pas. Et quoi qu'on puisse dire, Tristesse est nécessaire. Moins que moi, mais suffisamment pour que j'ai envie qu'elle reste opérationnelle. Enfin, après cette interlude un peu sympa, revenons à la vraie moi : il faut quand même souligner que la non chochotte Arthur demeurait un débile profond. - Vous avez retenu vos larmes et ça, c'est pire. Ne faites pas genre, ça me fait pitié. J'ai raison, c'est tout. Reconnaissez-le. Quand vous avez compris que toute la colère, toutes les prières et toutes vos négations n'y feraient rien y a dû y avoir un truc pas agréable qui a noué votre gorge et vos yeux ont dû grave piquer si vous les avez pas laisser pleurer. J'étais pas là - et heureusement d'ailleurs, j'ai les yeux fragiles - mais je peux imaginer que ça devait pas être jojo. Si vous voulez je vous présenterais Tristesse, elle est meilleure en compassion. Mais pour ce que ça vaut, je suis désolée pour votre ami, ajoutai-je après une micro pause le temps pour moi de formuler ce genres de choses auxquelles je n'étais pas encore habituée. D'ailleurs, je n'aime pas les câlins en public, merci d'en prendre notes. - En fait je suis pas spécialement partisane des larmes. Déjà, ça rend moche. Quoique chez vous on verrait pas forcément la différence, en plus je sais pas si vous savez sourire, ajoutai-je après l'avoir détaillé des pieds à la tête. Puisque la vérité avait décidé de parler, ma foi, je ne luttai pas. Ca me changeait pas tellement des jours ordinaires. Bref, le point à retenir c'est que oui pleurer ça donne l'impression d'être un faible mais ça c'est si vous êtes un chouineur qui pleure pour rien. Pleurer ça libère des hormones qui vous soulagent. C'est pas pour rien que vos parents - si vous en aviez - vous disaient "pleure un bon coup, ça ira mieu x après". Cela dit, si vous avez besoin ou envie de tester merci de pas le faire sur moi, hein.
Arthur Cane
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Non. Elle avait tort. Arthur n'en était pas juste convaincu, il le savait. C'était une émotion ? Et bien c'était sa première erreur. Pleurer ne l'aidera pas. Comment pleurer pouvait-il l'aider ? Peut-être que continuer perpétuellement à se mettre en colère n'était pas sain non plus, il pouvait à la limite le reconnaître. Mais la colère était sa seule défense, la seule émotion qui permettait de laisser un semblant de tout ce qui le rongeait. C'était nocif ? S'il n'y avait pas meilleure solution, il n'avait aucune raison d'en changer. Et non, pleurer n'était pas une bonne raison. C'était ridicule de penser le contraire. Avait-il essayé ? Il ne s'y risquerait pas. Il n'allait pas le faire, qu'une experte Allégorie des émotions le lui recommande ou non.
La seule raison que je vois pour laquelle vous encouragez quelqu'un à pleurer, c'est par solidarité professionnelle envers votre collègue qui doit sans doute s’appeler Tristesse -vous avez bien un Colère après tout-. C'est qu'il s'y faisait. Presque. Plus ou moins.
Pleurer ça libère des hormones qui peuvent aider ? Qu'est-ce que ça libère ? L'envie de s'isoler, de mourir, de déprimer davantage, d'être bruyant, désagréable, et un poids encore plus lourd ? Non pas que je sois du genre à me réfugier auprès de la société pour chercher quoique ce soit. Je n'ai ni besoin de réconfort, ni besoin de pleurer.
Il avait dit ça d'un ton sec. Un ton sec qui dévoilait, une fois de plus, de la colère. Mais, étonnamment, et Deborah pourrait sans doute le remarquer, elle n'était pas simplement pour elle. Plutôt pour ce dont elle parler. Et si cette fois-ci, sa colère ne cachait pas de la tristesse mais... de la peur ? Peur ? Voilà que la pensée traversait l'esprit d'Arthur. Bien sur que non. Pleurer était ridicule. Avoir peur de pleurer... encore plus ! Mais tout ceci n'était que le cours de ses propres pensées qu'ils reniaient. Ils se mentaient à lui-même. Hors, aujourd'hui, il n'arrivait plus à mentir. Même dans sa propre tête, dans ses paroles personnelles qui lui était uniquement adressées.
Et si je ne pleurerai pas, c'est que j'ai... Il s'interrompit un instant, comme s'il avait encore la force de lutter contre l'appel de la vérité. Ce qu'il ne parvint pas à faire. J'ai peur que si je commence à pleurer je ne m'arrête jamais !
Cette dernière phrase était sortie avec toute sa colère, en criant bien plus fort que pour ce qu'il avait pu dire avant.
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Deborah Gust
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Je gloussai. Je devais bien admettre que, pour une fois, sa répartie valait le détour, comme si, sous tous ces défauts, Arthur avait finalement des choses intéressantes à faire voir au monde. Je n'avais pas envie d'admettre que j'avais aimé sa réponse. Je préférais qu'il croit que c'était un rire de dédain, c'était beaucoup plus facile à admettre. Je choisis donc de ne pas étayer le fond de ma pensée, une fois n'est pas coutume. - On va pas se mentir, s'il s'appelle Colère, c'était pas tellement difficile de deviner qu'elle s'appelle Tristesse. Mais croyez-moi, elle n'a pas besoin que je lui fournisse du travail supplémentaire : elle est déjà bien occupée à pleurer sur sa vie en permanence. Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'aimerait pas pleurer sur la vôtre, nuançai-je cependant. Il n'y a jamais trop de déprime pour la mélancolique en cheffe. Je la soupçonne d'être accro au désespoir, comme je suis dopée à la perfection. - Elle a plus d'empathie que moi, parce que c'est son travail, comme vous, votre travail c'est apparemment de me casser les pieds. Chacun son domaine. Mais je suis intelligente, je l'ai vue à l'œuvre et en dehors de la partie câlins c'est pas si difficile que ça d'écouter les gens soulager leur cœur de ce qui les pèse. Après, je dois bien vous avouer que c'est pas mon hobby préféré. De toute façon on ne pouvait pas mentir alors autant y aller franco. Ca n'avait pas l'air de trop l'ébranler, lui qui était en colère perpétuellement. Il suffisait de l'écouter dénigrer la tristesse pour le comprendre. Même l'idiot du village aurait pu capter ! Quant à moi, ça m'agaçait qu'il dénigre ainsi le travail de ma collègue mais bon, si Sandy mettait un peu plus de glamour à l'œuvre, elle serait sans doute mieux perçue en société, voilà tout. J'avais cependant l'ouïe suffisamment fine pour passer outre ce fait et comprendre que cette colère ne cachait pas un badge anti-tristesse qui servait uniquement à faire joli et acceptable mais une véritable crainte de céder à ses émotions les plus intimes. Ca me rappelait un peu moi, au début de ma vie humaine. Sauf qu'il était nettement bien moins que moi, ne nous le cachons pas. Bref. Il avoua tout haut ce que je devinai tout bas et, pour une fois, je n'eus pas envie de me moquer. Ouais, je sais, c'est exceptionnel. Comme moi, en fait. Je suis à mon image : fabuleuse. En fait, je me rendais compte que, émotion oblige, en fait j'étais quand même plutôt douée en empathie. Normal, me direz vous, je suis Dégoût, pas Nullité. C'est juste que j'aime pas franchement faire ça. Aujourd'hui, cependant, c'était difficile de résister. Il me renvoyait à la perte de Riley, dans cette chambre d'hôpital trop peuplée. Il me ramenait au câlin que j'avais accepté de la part d'un inconnu - pas un moche, que cela soit dit - parce que j'en avais alors eu, moi, la nouvellement humanisée, besoin. Je n'aimais pas avoir besoin de quelque chose d'extérieur à moi. Je voulais être une île auto-suffisante. Mais cette fois, je n'avais pas pu. Je m'assis sur le perron et lui fis signe de faire de même. - Je comprends. Je me suis demandée si j'arriverais à arrêter quand j'ai commencé - contre mon gré. Même Robyn Candy a pleuré ce jour-là ! C'était gratuit que de le dire mais ça me soulageait. - Mais vous finirez par arrêter. Déjà parce que ça fatigue mais aussi parce que ça donne mal à la tête quand on le fait trop longtemps. C'est pas pour rien qu'on a des actions chez Doliprane maintenant… Bref, ça s'arrêtera quand ça vous aura soulagé. Vous le sentirez tout seul. Et je veux bien ne pas regarder et même me boucher les oreilles.