« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
« C'est l'histoire d'un belge, d'un titan et d'une fille impossible. »
En principe, ça donne une histoire drôle. Mais juste une fois !
Il était plutôt inhabituel qu'on frappe à la porte. D'ordinaire, les visiteurs s'annonçaient en se téléportant directement à l'intérieur ou prévenaient de leur arrivée. Ce fut donc avec une certaine indécision que je me rendis vers le jardin d'hiver. En chemin, je croisai Bernadette qui portait un tablier à fleurs roses. Elle semblait bien décidée à aller ouvrir.
"Je vais le faire." assurai-je. "Tu peux retourner à tes occupations."
La créature hocha vigoureusement la tête, la bouche grande ouverte, et pivota sur ses pieds pour retourner s'asseoir à la table de la salle à manger et continuer ses travaux de couture. Elle développait des talents manuels et artistiques étonnants. Après la danse classique, elle s'était trouvée une passion pour la couture. Je lui avais donc offert une machine à coudre et elle ne la quittait presque plus. Désormais, le rez-de-chaussée résonnait sans cesse du vrombissement diffus de l'appareil. Les vêtements qu'elle confectionnait étaient assez étranges. Elle avait décidé de se passer de modèles et de patrons. Le résultat était donc asymétrique. Il n'était pas étonnant de trouver trois manches sur un chemisier ou six doigts à un gant. De plus, les motifs qu'elle utilisait étaient pour la plupart criards. Il était donc extrêmement difficile de promettre de mettre le vêtement qu'elle offrait. Hélas, si on voulait éviter une crise de larmes interminable, on était contraint d'accepter le cadeau. C'était à chaque fois une épreuve difficile.
Alors que j'entendais le vrombissement habituel de la machine à coudre, je passai la porte pour me retrouver dans le jardin d'hiver. J'en restai pétrifiée. A travers la vitre de la véranda se trouvait... Matthias. Je clignai des yeux, croyant à une hallucination. En m'apercevant, il eut un petit sourire et me salua de la main. Muette de stupéfaction, je traversai le jardin d'hiver et allai ouvrir.
"Tu... tu... qu'est-ce que tu fais là ?" demandai-je, déroutée.
Comment se faisait-il qu'un acteur belge venant du monde réel puisse se trouver sur le pas de ma porte, à Storybrooke ? Certes, je lui avais parlé de la ville dans laquelle j'habitais, je la lui avais décrite comme étant très agréable, mais ce n'était pas une raison pour venir !
Son sourire s'accentua en voyant mon expression faciale, et il déclara avec son léger accent étranger :
"En principe, ce qu'on dit en premier quand on n'a pas vu quelqu'un depuis plusieurs mois, c'est : bonjour Matthias ! Quelle bonne surprise ! Comment ça va ?"
Son naturel désarmant m'arracha un sourire crispé et je passai une main contre ma joue brûlante.
"Euh oui, pardon... je suis vraiment contente de te voir mais, je ne comprends pas... Tu m'avais dit que tu avais un tournage jusqu'en juillet."
"Annulé." donna-t-il pour toute réponse. "Divergence d'opinion sur mon personnage. Je n'aime pas quand on m'impose des conditions. J'ai claqué la porte. C'est pas grave, ça me permet de faire un break. Du coup j'ai loué une maison en ville."
"Dans cette ville ?" fis-je en déglutissant avec peine.
Il eut un petit rire.
"Relax, on dirait que tu as un secret à cacher ! J'ai pris un chalet au bord d'un lac. Pratique pour pêcher. Je t'invite ce soir."
J'avais l'impression de dégringoler un escalier à chaque nouvelle qu'il m'annonçait. A la dernière, je sentis mon visage s'empourprer.
"Tu ne peux pas rester." lâchai-je brusquement.
"Ah oui ? Pour quelle raison ?" s'étonna-t-il.
"Cette ville est vraiment... spéciale. Il y a souvent des tornades et de la pluie. Beaucoup de pluie. C'est une véritable horreur."
Il me lança un regard éloquent.
"Tu dis ça à un belge ? Au contraire, je me sens chez moi ! Il manque juste des baraques à frites dans le coin. Dommage. Mais bon."
Il haussa les épaules et ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose mais à cet instant, son regard fixa un point derrière moi. Je me retournai et vis Bernadette qui passait la tête par la porte de la salle à manger. En s'apercevant que nous la voyions, elle poussa un glapissement et retourna dans la pièce. Son comportement était encore plus étrange que d'habitude.
"Qui est-ce ?" demanda Matthias, indécis.
J'espérais que la créature n'était pas restée suffisamment longtemps pour qu'il ait remarqué son visage et son corps étonnants.
"C'est... c'est la nourrice." dis-je sans réfléchir.
"Oh, il y a un enfant ici ? Je sais que tu as des colocataires mais je ne pensais pas que..."
"C'est Jules."
"L'enfant ?"
"Non, le... père du bébé. Il a eu un bébé. C'est arrivé tellement vite qu'on a tous été surpris." fis-je.
Plus mon mensonge enflait, plus ma tête chauffait. Je devais ressembler à une montgolfière sur le point d'exploser. Matthias fronça les sourcils puis hocha la tête.
"Et la mère...?"
"Elle n'en a pas voulu. Elle a demandé à Jules de s'en occuper. Du coup on s'en charge tous à tour de rôle."
Je passai une main moite dans ma nuque, évitant le regard de mon ami. Ca devenait vraiment n'importe quoi.
"Et Anatole habite toujours avec toi ?"
Je braquai brusquement les yeux vers lui, oubliant toute gêne. Pourquoi mentionnait-il Hypérion ? Et pourquoi cette formulation ?
"Oui, Anatole vit toujours sous ce toit, mais pas spécialement avec moi." reformulai-je, embarrassée.
"Je vois." dit-il, une lueur malicieuse brillant dans ses yeux.
Que voyait-il ? Plus rien ne me semblait très clair.
"Venez tous ce soir chez moi. J'insiste. Ca sera sympa."
Il me prit la main pour me donner un morceau de papier sur lequel il avait écrit son adresse. Je me sentis étrangement molle tandis qu'il pivotait sur ses pieds pour quitter le jardin.
Après quelques secondes, je me ressaisis et appelai Anatole par la pensée. A peine il était arrivé que je lui annonçais :
"Nous avons un gros problème : Matthias a pris une maison de vacances à Storybrooke. Il nous a invités à venir ce soir. Nous devons trouver un moyen de le faire quitter la ville au plus vite. S'il découvre tout ce qu'elle renferme, il... c'est un homme ordinaire. Il risque de ne pas comprendre."
Pourquoi commençais-je à bafouiller ? Depuis le début, j'évitais de croiser le regard d'Anatole. Pourtant, ce n'était pas de ma faute si un acteur belge avait élu domicile à Storybrooke !
D'un pas nerveux, je me rendis jusqu'à la salle à manger. Bernadette était penchée sur sa machine à coudre qui vrombissait de bonheur.
"Ah, et il se peut que par erreur je lui ai dit que Jules avait un bébé en bas âge. Ne demande pas d'explications. J'ai agi sans réfléchir et je m'en veux terriblement. As-tu un moyen de faire apparaître un faux bébé qui ferait vrai le temps d'une soirée ? Quoique... on pourrait dire que Jules n'est pas venu car le bébé est malade. Ca serait une excellente alternative."
Songeuse, je posai les yeux sur les formes en tissu que Bernadette confectionnait avec passion et acharnement. Puis fronçai les sourcils. Il s'agissait de coeurs en feutre cousus entre eux comme une guirlande bordée de dentelle rose pâle. Il y en avait déjà une dizaine et elle continuait encore.
Je clignai des yeux et tournai la tête vers le jardin d'hiver. Avant de soupirer.
"Il ne manquait plus que ça..." fis-je, consternée, alors que la créature s'interrompait quelques secondes pour lever les pouces en l'air dans ma direction, tout en haletant comme un chien.
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Anatole Cassini
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Ce qui lui confère suffisamment
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« Tu sais pourquoi je suis venu à la seconde même où tu m'as appelé ? » demandais-je à la jeune femme.
Elle venait de porter son attention sur Bernadette qui cousait des petits coeurs. Cette dernière avait les yeux dans sa direction, ainsi que les pouces et elle hochait la tête comme un petit chien tout heureux. Elle était adorable. Cela dit, ça ne répondait pas à ma question. J'avais croisé les bras contre mon torse, attendant qu'Ellie me porte une nouvelle fois toute son attention, et qu'elle me regarde enfin dans les yeux.
« Tu sais pourquoi je suis venu à la seconde même où tu m'as appelé, Ellie ? » répétais-je.
Je ne savais pas si elle avait envie de répondre à la question ou pas. Je venais d'apprendre que Matthias avait emménagé à Storybrooke. C'était assez surprenant de le voir débarquer ainsi, et maintenant. Comme quoi rien arrivait seul. Je devais m'adapter un peu trop souvent à un peu beaucoup trop de choses. En tout cas, elle n'allait pas échapper à la question, ni à la réponse qui s'en suivrait.
« C'est parce que je pensais que tu voulais qu'on discute de tu sais quoi. »
Depuis quelque jours, on ne s'était pas croisé, ou alors que brièvement. Ellie m'évitait. Je savais pour quelle raison elle faisait ça, mais on n'avait pas eu l'occasion d'en parler. Et voilà qu'aujourd'hui, parce que Matthias débarquait à Storybrooke et qu'elle avait besoin de moi, elle acceptait de me parler. D'ailleurs oui, pourquoi elle avait besoin de moi ?
« Tu attends quoi de moi ? Que je dise à Matthias de partir ? Que je lui efface la mémoire pour qu'il oublie qu'il nous a connu ? Parce que si c'est ça, dit le moi. Mais si tu m'as fait venir juste pour que je t'accompagne à ce dîner avec de lui dire qu'il y a un Grizzli ou je ne sais quoi dans la forêt et que c'est un endroit dangereux, je ne le ferais pas. Déjà, parce que ça ne le fera pas partir, et ensuite, parce que je pense qu'avant d'envisager de lui faire quitter la ville, il faudrait comprendre pourquoi il est venu ici. »
On était bien loin de sa Belgique natale. Et c'était surement pas pour le climat qu'il avait fait tout ce voyage. Partir du jour au lendemain de chez sois pour aller acheter une maison à l'autre bout du monde, c'était une décision qui se prenait des mois à l'avance. Qui plus est, n'était il pas marié ? A moins que...
« Est ce que tu sais si il est toujours avec sa femme ? »
Je ne sous entendais pas qu'il était venu afin de trouver l'amour, mais ça pourrait expliquer sa présence ici. En tout cas, Bernadette semblait se porter volontaire pour remplacer la femme de l'acteur. Ca m'amusait tout en m'effrayant. Je m'étais contenté de soupirer.
« Y'a quelque chose qui me perturbe. Tu m'as dit de ne pas poser la question, mais... pourquoi Jules doit avoir un bébé ? Qu'est ce que tu es encore allé inventer pour... attends... »
Je m'étais coupé. La dernière fois qu'Ellie avait dit un mensonge, c'était pour ne pas avouer à Jules qu'elle était célibataire. Du coup, elle avait engagé ce fameux Matthias, un acteur, afin qu'il joue le rôle de son copain. Aujourd'hui, elle avait dit à ce même type, que Jules avait un bébé. La question que je me posais et qui me brûlait les lèvres était : qui en était la mère ? J'observais Ellie abasourdi. Qu'avait-elle fait encore ? Que tentait-elle de cacher ?
« Tu as dit à Matthias que tu étais en couple avec Jules et que vous avez eu un bébé ensemble ? Et tout ça parce que peut-être qu'il t'a dit qu'il a quitté sa femme pour venir te retrouver ici ? »
J'avais besoin de m'asseoir. Il y avait bien trop de choses complexes autour de cette jeune femme et trop d'homme surtout. Sans compté que ça impliquait de plus en plus de questions. Je m'étais assis sur la chaise la plus proche, avant de lever les yeux vers Ellie.
« Qu'est ce que tu éprouves réellement pour lui au point d'inventer une nouvelle histoire ? »
Ellie Sandman
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est celle qui naît sans raison. »
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En principe, ça donne une histoire drôle. Mais juste une fois !
Il fallait vraiment que j'arrête de mentir. Pourquoi cela m'était-il si aisé ? Ca dénotait forcément un mauvais côté de ma personne. Un vilain défaut que je devais corriger au plus vite. Il était particulièrement sournois car il pouvait s'écouler des mois entiers avant qu'il ne ressurgisse.
J'avais l'impression qu'Anatole me grondait. Instinctivement, je rentrai la tête dans les épaules, prise en faute. Je notai qu'il arborait son apparence jeune, ce jour-là. J'avais volontairement ignoré sa remarque concernant le... sujet tabou. J'aurais tant aimé me fondre dans la tapisserie. Les réflexions du titan étaient gênantes au possible. Je les recevais et les acceptais, puisque je les méritais entièrement. Cependant, lorsqu'il avança que j'avais inventé que j'étais la mère de l'enfant de Jules, j'écarquillai les yeux de stupeur.
"Pourquoi aurais-je dit une chose pareille ?"
Je m'aperçus très vite que ma phrase n'avait aucune substance. Elle aurait eu davantage d'impact si je n'avais pas brodé un sacré tissu de mensonges à peine quelques minutes auparavant. Désormais, Anatole s'attendait à tout de ma part, et je ne pouvais le détromper.
Lorsque son ultime question tomba, un silence pesant s'ensuivit.
"Qu'est ce que tu éprouves réellement pour lui au point d'inventer une nouvelle histoire ?"
Le plus intelligent était de prendre le Temps de trouver une réponse adéquate et convaincante. Je réfléchis donc, tournant la langue sept fois dans ma bouche, ouvrant et fermant plusieurs fois la bouche. Enfin, j'articulai d'un ton assuré :
"Je pense que... comme Matthias est entré dans nos vies par le biais d'un mensonge -rémunéré, de surcroit- il restera à jamais rattaché au monde des affabulations."
Je me composai une expression à la fois ingénue et déterminée, mais cela ne sembla pas suffire à Anatole qui continua de m'observer avec réprobation. Je roulai des yeux et soupirai :
"Très bien : j'ai paniqué. Ca te va comme réponse ou je vais devoir me justifier jusqu'à la saint Glinglin ?"
Bernadette, qui en était à son cinquantième coeur en tissu, sentit elle aussi la tension monter dans la pièce car elle interrompit ses travaux de couture pour nous observer tour à tour en faisant les yeux ronds.
"Parfois, tu te comportes comme un père et c'est très... perturbant." dis-je en évitant le regard d'Anatole. "J'ai menti car je n'avais pas prévu de réponses toutes prêtes si jamais Matthias décidait de déménager à Storybrooke ! Jamais je n'aurais imaginé qu'il..."
Je passai une main sur mon front. En entendant le mot "Matthias", Bernadette s'agita sur sa chaise et attrapa tous les coeurs en tissu pour les rassembler dans un panier en osier. Elle y apportait un soin tout particulier tout en émettant des soupirs rêveurs.
"Il n'a rien dit au sujet de sa femme, et après tout ce ne sont pas mes affaires. Je pense que ça aurait été pire si j'avais demandé des détails sur sa vie privée, non ?" fis-je, presque agressive.
Je m'éloignai d'un pas. Pourquoi avais-je appelé Anatole ? Sa présence me déplaisait, alors qu'habituellement elle me rassurait. Comment pouvait-il m'inspirer le contraire en si peu de temps ?
"Tu ne m'es d'aucune aide." repris-je avec amertume. "Je vais me débrouiller toute seule. J'irai chez Matthias ce soir et je lui raconterai toute la vérité."
Bernadette se leva d'un bond et se plaça à mes côtés, serrant le panier pleins de coeurs contre elle, l'air implorant. Oh non... elle voulait m'accompagner. C'était à prévoir. Elle était beaucoup trop éprise de l'acteur. Comment était-ce possible en si peu de temps ? J'étais bien forcée d'admettre qu'il avait un charisme magnétique, mais je n'aurais pas imaginé que la créature pouvait succomber si facilement. C'en était presque inquiétant.
Je lui lançai un regard anxieux. J'hésitais. Elle n'avait pas ce qu'on pouvait appeler une apparence des plus passe-partout. Même en prétextant qu'elle avait une grave maladie de la peau doublée d'une déformation de naissance, Matthias ne se laisserait pas berner.
"Nous allons nous préparer." dis-je avec un sourire incertain.
Bernadette laissa échapper un halètement joyeux et me serra si fort dans ses bras qu'elle me souleva du sol. Son étreinte terminée, elle me reposa délicatement par terre et récupéra son panier en osier qu'elle avait confié à Anatole. Puis, elle se précipita dans l'escalier, sans doute pour aller prendre une douche.
Je me mordis les lèvres, soucieuse. Etait-ce méchant de partir sans elle, le moment venu ? Elle ne connaissait pas le chemin jusqu'à chez Matthias. Si elle ne me voyait pas quitter la maison, elle ne pourrait pas me suivre.
Je croisai le regard d'Anatole qui semblait avoir suivi le fil de mes pensées, étant donné sa façon de me fixer.
"C'est pour son bien si je fais ça." me défendis-je, désemparée. "Si Matthias la voit, ça serait trop brutal pour lui. Je dois amener les choses en douceur."
Je quittai la pièce pour me rendre jusqu'à l'escalier de la Tour et aller dans ma chambre. Pourquoi toutes mes pensées étaient tournées vers la tenue que j'allais porter ? Pourquoi cela me semblait-il si difficile à trouver ? Il ne fallait rien de trop provoquant, ni rien de trop couvrant non plus. Le message devait être clair. Si possible, limpide pour moi aussi, car je commençais à m'embrouiller sérieusement.
Mais surtout, pourquoi entendais-je des bruits de pas derrière moi ?
"Je peux m'habiller toute seule !" grommelai-je tout en accélérant l'allure dans les marches.
Anatole ne comprenait-il pas que je n'avais plus aucune envie de le voir, pour l'instant ? Pourquoi rendait-il les choses aussi compliquées ?
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Anatole Cassini
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Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
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Je n'étais pas son père ! Je n'aimais pas la façon dont elle m'avait fait me rendre compte, que j'étais peut-être un tout petit peu trop protecteur avec elle. Mais comment pouvait-il en être autrement ? Elle était capable de se défendre seule face à un Hécatonchire, mais pas quand il était question d'affronter une situation des plus simples. Elle ne s'était même pas rendu compte que si un homme faisait tout ce voyage pour venir s'enterrer ici, c'était surement pas pour la pêche, mais bien pour elle ! On pouvait agir d'une manière totalement dingue quand on était attiré par une femme angélique. Ellie était bien plus que ça. Ca pouvait rendre un esprit encore plus torturé et instable ! Elle n'avait pas idée...
« Tu le penses réellement ? » demandais-je quand je l'avais rejoins dans sa chambre, et qu'elle m'avait affirmé pouvoir s'habiller toute seule. « Il faut choisir la bonne tenue. Celle qui correspondra parfaitement à la situation. Que penses tu de celle là ? »
Je n'étais pas énervé, mais je parlais un peu plus fortement que d'ordinaire. A peine j’eus fini ma phrase, qu'une robe pris place sur la jeune femme.
« Et pendant que tu iras le voir et que tu te rendras compte de pourquoi il est venu s'installer ici, je pourrais consoler Bernadette à qui tu viens de briser le coeur ! »
Il fallait penser à cette pauvre créature qui n'avait rien trouvé de mieux à faire, que de flasher sur le beau Matthias. Enfin, l'homme qu'Ellie trouvait beau. Parce que pour ma part, il ne l'était pas. Encore Jules peut-être si on en croyait les dires de Cassandre, mais Matthias ? Il n'avait rien d'un Apollon lui !
« Tu sais quoi ? Tu veux que je t'aide ? Je vais t'aider. Tu n'auras même pas besoin de faire quoi que ce soit. J'irais le voir moi même. Et je n'ai pas besoin de m'habiller différemment pour faire l'aller-retour, moi ! »
Je n'étais toujours pas énervé. Ce qui ne m'avait pas empêché d'apparaître à proximité de Matthias. Ce dernier était en train de ranger sa canne à pêche. Il avait trouvé une cabane en bois à proximité d'un petit étang, et voilà qu'il avait un seau remplis de poissons, tandis qu'il rangeait gaiement sa canne à pêche. Il semblait si heureux. J'allais lui briser le coeur.
« Bonjour Matthias. » dis-je, avant de baisser d'un ton.
« Anatole ! » répondit-il avec son accent. « Je ne t'ai pas vue arriver. Tu veux une fritte ? »
« Plait-il ? » l'interrogeais-je ne comprenant pas ce qu'il voulait dire par là.
Pourtant c'était très simple. Il y avait un paquet de frittes sur la chaise de jardin qu'il utilisait pour pêcher. Je ne l'avais pas remarqué de suite. Il avait fallu qu'il me fasse un signe de la tête en direction de la dite chaise pour que je comprenne.
« Mais vous ne vous nourrissez que de ça en Belgique ? »
Il sembla amusé par ce que je venais de dire, tout en étant surpris. Peut-être que j'y allais un peu fort. Mais à chaque fois qu'on le voyait, il était question de frittes. Ce n'était que de simples pommes de terre coupés en lamelles. Il n'y avait rien d'exceptionnel à ça !
« On aime aussi la bière. Y'en a dans la glacière. » dit-il en m'indiquant cette fois ci la glacière d'un geste de la tête.
« Non merci. Je suis venu pour vous parler d'Ellie. Elle ne pourra pas venir ce soir, parce qu'elle s'est rendu compte que c'était une mauvaise idée. »
Cette fois ci, ce fut un regard intrigué qu'il m'adressa. Sans doute parce qu'il observait en même temps la jeune femme qui venait d'apparaître à quelque pas de nous. Elle avait pris soin de ne pas arriver comme un cheveu sur la soupe, et de se téléporter sans qu'il le voit. Pour ma part, je n'avais pas pris autant de soins à passer inaperçu. Heureusement qu'il n'avait rien remarqué.
« Tu es resplendissante. » lui dit-il en la détaillant de bas en haut avec un petit sourire, tandis que j'ouvrais la bouche, avant de la refermer.
Bien sûr qu'elle l'était ! Il n'avait pas besoin de le lui dire, elle devait déjà le savoir. Je savais que cette robe lui irait à merveille. Je l'avais déjà imaginé dedans à chaque fois que je passais devant la boutique. Qui plus est, les talons lui permettaient d'être un chouilla plus grande. J'aimais bien qu'elle soit petite, mais ça lui donnerait un style encore différent. Tout lui allait de toute façon.
« Tu veux une fritte ? »
« Rooh, mais vous allez arrêter avec vos frittes ?! »
Là je m'emportais un peu. Ne sachant pas comment me justifier, j'avais opté pour la méthode Ellie.
« Je suis allergique aux pommes de terre. Pour ça que ça me perturbe un peu quand il y a des... frittes à proximité. J'ai développé aussi une phobie de ces choses. C'est suite à un rêve où des frittes géantes tentaient de m'étouffer. Et... »
J'allais peut-être m'arrêter de m'enfoncer. Me contentant de détourner le regard de Matthias, j'avais observé Ellie, avant de reporter mon attention sur le jeune homme qui ne devait rien comprendre au fait que j'avais dit qu'Ellie ne pourrait pas venir.
« Ellie n'aime pas l'odeur du poisson. C'est pour ça qu'elle ne comptait pas venir. Mais elle a du changer d'avis et à trouvé judicieux de faire le chemin jusqu'ici dans cette tenue. Tu dois avoir froid. Veux tu que je te fasse apparaître un manteau et quelque chose pour couvrir tes jambes ? »
Je l'avais fusillée du regard. Voulait-elle que Matthias l'a trouve encore plus désirable qu'elle l'était pour s'être pointée vêtue ainsi ? J'allais faire la bêtise de lui faire apparaître un manteau pour la couvrir, avant de me rappeler que Matthias était toujours là.
« Qu'elles sont vos intentions envers Ellie ? » demandais-je à Matthias pour me sortir de cette situation et lui faire porter son attention sur moi, et non sur la jeune femme.
« Plait-il ? »
Il me copiait ou quoi ? D'accord, je n'avais pas le choix, il fallait sortir le grand jeu. Si je devais lui briser le coeur, autant que ce soit rapide et sec, comme quand on arrachait un pansement sur une Gabrielle qui avait mis le pied sur une épine.
« Ellie et moi on est ensemble. Je dirais même qu'on est fiancé. C'est récent. D'ailleurs, elle porte ma bague. »
J'avais tourné la tête vers la jeune femme pour qu'elle approuve mes dires. Et histoire d'être sûr qu'elle n'aurait pas le choix, j'avais fait apparaître une magnifique bague de fiancaille sur son doigt. Ca, Matthias ne pouvait pas l'avoir vue. Maintenant il savait qu'elle n'était pas pour lui ! Mais quelque chose me disait que je finirais par regretter ce que je venais de faire. Ellie était une furie quand elle s'énervait. Je n'avais pas très envie de voir sa vengeance arriver...
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est celle qui naît sans raison. »
« C'est l'histoire d'un belge, d'un titan et d'une fille impossible. »
En principe, ça donne une histoire drôle. Mais juste une fois !
La stupéfaction avait vite été remplacé par une chose bouillonnante qui me donnait l'impression de déborder à l'intérieur de moi. Une colère sans précédent qui me fit serrer les poings. Je sentais l'anneau à mon doigt me brûler par sa froideur inattendue.
Je me plantai devant Anatole et la gifle partit d'elle-même. Elle provoqua un sacré bruit contre sa joue. Ma main me fit très mal. Tout en la secouant, je m'écriai :
"Je ne suis pas ta chose !"
Je le fusillai du regard.
Tu n'as aucun droit de m'habiller ou de décider de ma vie !
Cette pensée, je préférai la garder pour moi. Elle me semblait déplacée dans le présent contexte, surtout avec Matthias dans les parages.
De rage, j'enlevai la bague avant de la lui jeter à la figure. Après quoi, je m'éloignai rapidement de lui, marchant à grands pas sur le ponton qui menait à l'étang. En chemin, je manquai plusieurs fois de me tordre la cheville avec les maudits talons que je portais. Pour finir, je m'assis au bord de l'eau sans aucune grâce et les ôtai afin de les jeter au loin. Ils provoquèrent un grand "plouf !" étonné en heurtant l'onde.
Je ramenai mes genoux contre moi et les enserrai de mes bras, les lèvres tremblantes. Pourquoi Anatole s'était-il comporté si méchamment ? Pourquoi avait-il eu une réaction aussi exagérée ? Je savais très bien la raison, mais je ne voulais pas en parler.
Soudain, je vis une bière dans mon champ de vision, juste à côté de ma tête. Levant les yeux, je compris qu'il s'agissait de Matthias qui me la tendait. Après une hésitation, je m'en saisis et en bus une gorgée... avant de m'étouffer.
"C'est dégoûtant." dis-je avec une grimace en la lui rendant.
Imperturbable, l'homme la posa sur la glacière non loin et revint avec une canne à pêche.
"Quand plus rien ne va, je me pose et je pêche. Ca m'aide à me ressourcer." déclara-t-il.
"Je ne vois pas ce qu'il y a d'apaisant à tourmenter de pauvres poissons pour qu'ils mordent à l'hameçon !" grommelai-je. "C'est cruel et barbare !"
"C'est sûr que jeter des chaussures dans l'étang, ça les relaxe beaucoup plus." fit-il, goguenard.
Je lui adressai un regard noir avant de pivoter de nouveau vers l'étendue d'eau calme, toujours recroquevillée.
"Je ne suis pas Anatole." reprit-il tout en prenant place à mes côtés. "Je ne t'ai pas passé la bague au doigt sans te demander l'autorisation. D'ailleurs, tu peux m'expliquer tu as refusé sa demande alors que tu portais l'anneau ? Il te l'a passé au doigt pendant ton sommeil ?"
Il avait un sourire au coin des lèvres qui me confirma que ma réaction avait été exagérée de son point de vue. Je me mordis les lèvres et déclarai, agacée :
"Je n'aime pas quand il..."
"... te montre qu'il tient à toi ? Je comprends, ça doit être énervant."
"Non, mais il..."
"... est maladroit. En tous cas, il t'adore. Ca se voit."
Je tournai la tête vers lui, indignée par son sens de la répartie. Il m'adressa un sourire malicieux et presque supérieur.
"Arrête de finir mes phrases !"
"Si tu veux que je me taise, il faut pêcher." conclut-il, presque fataliste.
Joignant le geste à la parole, il reprit sa canne à pêche et effectua des réglages dessus, très appliqué. J'observai ses gestes précis, les sourcils froncés. Soudain, je demandai :
"Qu'est-ce que tu es vraiment venu faire ici ?"
Cette question me brûlait les lèvres. Et m'embarrassai aussi.
"D'après toi ?" fit-il, toujours penché sur sa canne.
Sa réplique détournée me prit au dépourvu. J'ouvris la bouche et la refermai, déstabilisée. Il eut un petit rire et posa sa canne sur ses jambes pour attraper la bière.
"Changer d'air. Ne plus penser au divorce. Respirer un peu."
J'en eus le souffle coupé. Ainsi, Anatole avait raison. Matthias avait des problèmes dans son couple et il était venu... ici. Cette révélation me cloua sur place.
"Je suis désolée." articulai-je à voix basse, sans le regarder.
"Faut pas. Ca faisait un moment que ça ne fonctionnait plus." dit-il en haussant les épaules. "Elle a attendu que je devienne célèbre pour divorcer, alors que c'est elle qui m'a trompé. Elle veut faire croire le contraire. Je m'en fiche, de toutes façons."
Je préférai rester silencieuse. Je ne savais comment le réconforter. Comment trouver les mots qui sonnaient juste ? Je n'étais pas douée pour ça.
"Tu as vu mon dernier film, Red Sparrow ?" lança-t-il, toujours aussi décontracté en apparence.
Je secouai la tête un peu trop rapidement, ce qui le fit lever un sourcil intrigué. J'avais commencé à le regarder et j'avais été tellement choqué que j'avais éteint la télévision... après que Jules m'ait surprise lors d'une scène des plus perturbantes et peu habillées. D'un commun accord, nous avions décidé de ne pas en reparler. Nous étions trop mal à l'aise mutuellement.
"Il a plutôt bien marché." poursuivit Matthias après un petit silence. "J'ai reçu des tas de scénarios sympas ensuite, mais je n'aime pas faire deux fois le même rôle. Je me suis dit que peut-être, tu pourrais les lire et me conseiller. Tu as bon goût."
"Oh, je... je ne pense pas être la mieux placée pour..."
"Ellie, c'est pas une obligation." me coupa-t-il gentiment. "Tu devrais retourner voir Anatole. Si ça continue, il va s'en aller."
"Ca m'est égal." dis-je d'un ton boudeur.
"Tu sais que c'est faux." soupira-t-il.
Il roula des yeux avant de me sourire à nouveau. Il m'énervait d'avoir raison. Je me relevai, attrapant mes jupes afin de ne pas marcher dessus et m'éloignai du ponton.
"Si tu veux des pantoufles, y en a sous le perron." m'informa Matthias d'un ton tranquille. "A tantôt !"
Je jetai un coup d'oeil à mes pieds nus. Ce n'était pas grave. Je préférais marcher ainsi. Malgré tout, sa gentillesse me touchait.
Je retournai vers la maison qui s'apparentait davantage à un chalet et cherchai Anatole des yeux. Je ne parvenais pas à percevoir son aura. Sans doute la cachait-il afin de parfaire sa panoplie du parfait garnement ? Je secouai la tête et prit une portion de frites, espérant l'amadouer ainsi. Comme j'étais loin de Matthias et qu'il me tournait le dos, je les remplaçai par de petits biscuits anglais. De cette façon, le titan risquait de se manifester plus facilement. Il les adorait.
Je pris une profonde inspiration, trouvant le courage d'articuler du bout des lèvres :
"Anatole ? Je... je crois qu'il faut qu'on parle."
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Anatole Cassini
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« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
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« Mais est ce que tout le monde devient dingue ?! »
« Elle m'a giflé ! » m'exclamais-je à l'intention de la jeune femme.
J'avais peut-être mal agis, mais je n'avais fait que poursuivre dans sa propre voie. Elle avait débuté. Je n'étais pas responsable. Et puis, mentir c'était bien le jeu qu'elle préférait n'est ce pas ?
« Quand il est question de sentiments, je suis le Titan, celui avec qui elle ne peut pas éprouver quoi que ce soit, mais quand il est question de me gifler, là y'a pas de soucis, c'est simplement Anatole ! »
Elle était impressionnée par le fait que j'étais un puissant. Que j'avais un grand pouvoir, et aussi de grandes responsabilités, ou quelque chose de ce genre. C'était ce qu'elle me disait souvent. Elle ne pouvait pas être à l'aise face à moi, à cause de cela. Mais quand ça lui prenait de vouloir me giffler, ça ne lui dérangeait pas du tout que je sois ce Titan méga puissant et impressionnant ! Là, ça pouvait très bien passé, n'est ce pas ?
« Qu'est ce qui ne tourne pas rond chez elle ? Je suis le genre d'homme qu'on peut frapper, mais pas aimer ? »
Est ce que je n'en faisais pas un tout petit peu trop ? Peut-être que venir jusqu'ici, et d'avoir disparu de la sorte, était aussi un peu abusé. Mais j'avais besoin de laisser évacuer tout ce que je contenais en moi. Et Eulalie avait été le choix judicieux. Je m'étais assis sur son lit, histoire de faire retomber la pression. Elle avait une télé dans sa chambre, et elle regardait sans doute un film ou quelque chose de ce genre. Sur le coup, je n'avais pas tilté sur les images, mais ensuite, même si je n'avais pas reconnu le film, le fait de voir une jeune femme rousse debout, dans une grotte, nue, face à cet inconnu en tenue noir... Mon regard était passé des images à Eulalie. Je n'osais pas formuler ce que je pensais, à voix haute. Est ce qu'elle regardait un porno ?
« Bonjour Hypérion. » répondit-elle avec un BN dans sa main.
Elle m'observait en clignant des yeux un peu trop. Sans doute qu'elle traitait les informations qu'elle recevait. Je ne l'avais pourtant pas conçue comme un robot... !
« Basile m'a dit que c'était très bien comme série. Je voulais changer de Columbo. Il y a des dragons aussi. Vous connaissez ? »
C'était la seule réponse qu'elle avait en tête ? La seule façon de me dire que ce qu'elle regardait n'était pas bizarre ? La fille était nue, n'est ce pas ? Pourquoi elle regardait ça ?
« Pourquoi Ellie vous a giflé ? »
Elle jugeait vraiment cette information plus importante que l'autre ? Parce qu'elle regardait cette série télé. C'était bien plus choquant... !
« Ce n'est pas parce qu'elle l'a fait qu'elle ne vous aime pas. J'ai... j'ai déjà frappé des personnes que j'aime bien. Parce qu'elles m'énervaient. » ajouta t'elle en mangeant son BN en toute innocence.
« Tu as déjà frappé des gens parce qu'ils t'énervaient ? » répétais-je. « Ce n'est pas bien. On ne doit pas frapper les gens, Eulalie. Ou alors que si c'est nécessaire. Comme quand ces derniers font de mauvaises choses. »
Je ne l'avais pas éduquée ainsi. A dire vrai, je ne l'avais pas éduquée du tout. Elle aurait du mieux se comporter avec les autres.
« Peux tu mettre sur pause cette série ? » demandais-je en n'en pouvant plus de voir la même scène, sans compté qu'ils avaient commencé à faire des choses que je ne voulais pas voir.
D'ailleurs, au lieu d'attendre qu'elle mette sur pause, je l'avais fait moi même. Du coup, la télé s'était figé sur la même image. Mais trop concentré sur Eulalie, je n'y avais pas prêté attention.
« Je ne sais pas pourquoi elle a fait ça. Elle a dit ne pas aimé que je la considère comme un objet. Cela dit, je ne l'ai jamais considéré comme ça. C'est elle qui me prend, me pause, me reprend, me repose et ainsi de suite. »
Je n'étais pas très sûr de ce que je voulais dire par là. Tout ça me mettait hors de moi et m'empêchait de me concentrer.
« Tout ça ce n'est qu'une histoire de fesses. » annonçais-je en fixant l'écran, avant de me rendre compte du lapsus. « De malentendus ! » corrigeais-je avant d'éteindre la télévision. « Qui est ce Basile qui te fait voir des choses pareil ? »
« Un garde. Il est très gentil. Je le vois souvent avec Apollon. Vous ne voulez pas que je regarde, alors ? » demanda t'elle.
Pourquoi passait-elle du temps avec ce garde ? Il allait falloir que j'ai une petite conversation avec Apollon.
« Elle vous prend... vous pose... et vous reprend... c'est une image, n'est ce pas ? » demanda t'elle légèrement perturbée.
Puis, elle m'observa avec un air gêné. Qu'est ce qu'elle s'imaginait ? J'allais ouvrir la bouche, mais elle avait parlé la première.
« Est ce que c'est faire de mauvaises choses que de blesser quelqu'un... pas physiquement, mais à l'intérieur ? C'est ce qu'on m'a fait. On m'a dit... des choses méchantes. Ellie est la plus charmante des personnes que j'ai pu rencontrer, avec Jules. Si elle a agit ainsi, c'est que vous avez dû la blesser, ici. » dit-elle en montrant l'emplacement de son coeur. « Avec des mots. Mais si ça lui a fait du mal, ça veut aussi dire que... qu'elle vous aimer vraiment. Je crois. »
Je ne savais pas quoi répondre à cela. Elle se montrait tellement adorable avec sa façon de me répondre. De base j'étais venu voir Eulalie, car je savais qu'elle prendrait ma défense. J'avais besoin de ça, je crois. Mais à dire vrai, c'était ni celle d'Ellie, ni la mienne qu'elle avait prise. Elle s'était montrée neutre et avait trouvé ce qui clochait. Je reconnaissais bien là la jeune femme parfaite que j'avais créé. Même si je devrais discuter plus longuement avec elle de ses choix en matière de séries télé, de sa fixation sur les rousses nues, et de ce Basile. En tout cas, elle avait trouvé les mots qu'il fallait.
« Tu as raison. J'ai mal agis, je crois... » soupirais-je en me levant et en la regardant quelques instants. « Merci. Tu as su trouvé les mots pour me remonter le moral et me faire comprendre certaines choses. »
Je lui avais fait un sourire compatissant. On allait avoir une conversation elle et moi, sur beaucoup de points. Mais pas maintenant. Là, je voulais simplement faire quelque chose qu'un Titan ne devrait pas avoir à faire. Mais, je n'allais pas avoir le choix. Avant de le faire, de disparaître, j'avais approché ma main de la jeune femme et je l'avais posé sur sa joue, tout en la regardant dans les yeux. Une légère caresse du bout des doigts.
« Ne laisse personne te faire du mal, Eulalie. Tu es quelqu'un de bien. » dis-je avant de retirer ma main. « Oh et il faudra que je te parle au sujet de ton âme aussi. Je n'ai pas oublié. Ca va te plaire ! » achevais-je avant de disparaître.
J'étais revenu à proximité de la maison de Matthias. Ellie m'avait appelée pile au moment où je revenais. Je pouvais sentir d'ici l'odeur des biscuits qu'elle tenait dans sa main. Elle savait que j'adorais ça. Et vue ce qu'elle venait de dire, elle voulait qu'on ait une discussion. Sans doute que ces biscuits n'étaient là que pour m'amadouer. Une fois à sa hauteur, j'étais resté debout, et je l'avais fixé quelques instants. Puis, je m'étais assis à côté d'elle et j'avais contemplé la vue.
« Je vie un peu trop dans le passé, je crois. » débutais-je. « Tu sais, quand je suis venu à cette époque, ça a été très difficile de s'acclimater. Et surtout de ne pas dire qui j'étais. »
Je m'en voulais toujours d'avoir du leur mentir. Peut être que ce n'était pas avec Ellie qu'avait débuté les mensonges, mais avec moi. Alors comment je pouvais lui en vouloir d'agir de la sorte ?
« Cassandre a été là pour moi à chaque instant. Je lui dois beaucoup. Et c'est difficile une fois que quelqu'un a pris soin de nous, et a guidé nos pas, de devoir marcher seul. » avouais-je. « Je ne peux pas lui demander constamment ce que je dois faire. Ce qu'elle attend de moi, c'est que je sois là pour elle. Que je la guide, moi et non l'inverse. Mais j'ai déjà du mal avec moi même, alors parfois je rame avec Cassandre. Mais elle arrive à rebondir. Elle a Apollon, Aphrodite, Lily, Elliot... elle n'est pas seule. » dis-je le regard fuyant. « Je ne veux pas dire cela pour m'apitoyer sur mon sort en disant que je suis seul, car je ne le suis pas. Moi aussi je vous ai tous. Avec certains c'est plus difficile, mais la plupart ont acceptés ma venue ici, et sont sensibles à l'aide que je peux vous apporter. Et je peux dire que j'ai découvert des gens incroyables, et aussi lié des amitiés que je n'aurais pas imaginé. Jules est un exemple parfait. » achevais-je avec un petit sourire.
Ca n'avait pas été facile de s'acclimater à ce monde. Je le pensais tous les jours.
« Je vis un peu trop dans le passé. » répétais-je. « J'en suis désolé. Car je crois que la véritable personne qui me manque aujourd'hui, ce n'est pas mes frères, ni mes soeurs. Celle dont j'ai réellement besoin, ce n'est pas Cassandre. Je pense que celle dont l'absence est la plus douloureuse, c'est toi. Et ce n'est pas facile de me rendre compte qu'à te vouloir comme je ne devrais pas le souhaiter, je finis petit à petit à perdre celle que je désire plus que tout. »
J'avais tourné la tête dans sa direction. Je devais la regarder pour lui dire ça.
« C'est mon amie dont j'ai besoin, Ellie. Celle qui est venue à mon époque, et qui a réussi à toucher le coeur du Titan. » avouais-je. « Tu as été une amie fidèle et sincère à une époque. Et je pense qu'aujourd'hui tu l'es toujours, mais que je suis en train de tout gâcher à en demander plus. Du coup, je te prie de bien vouloir m'en excuser. Je ne peux pas guider tes pas. Mais je ne peux pas me passer de notre amitié. Je vais faire un effort. Désormais, tu ne seras plus déçu par moi. Je t'en fais la promesse. Mais s'il te plaît... maintenant que tu as été capable de gifler un Titan, arrête de me considérer comme supérieur à vous tous. Je ne suis qu'Hyperion. Ou Anatole. C'est comme tu préfères, du moment que tu me vois comme l'un des vôtres et non quelqu'un qui est au dessus de vous. »
Car ça me faisait mal à chaque fois qu'elle me voyait comme cet être supérieur que je n'étais pas. Ca me faisait mal au niveau de la poitrine, au même emplacement que celui que m'avait montré Eulalie...
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est celle qui naît sans raison. »
J'écoutais. Par moments, j'avais l'impression de n'être qu'une oreille attentive. Incapable de prononcer les mots qui sonnent juste, de trouver le milieu adéquat d'une situation difficile. Tous les êtres humains étaient-ils aussi imparfaits que moi ? Je me posais souvent cette question, sans jamais trouver de réponse. Je ne me sentais jamais à ma place nulle part hormis plongée dans un bon roman. C'était uniquement dans ces moments-là que j'avais l'impression d'exister, de respirer véritablement. Il est curieux de se sentir vivant dans un monde de fiction. Je savais depuis longtemps que j'étais différente des autres.
C'était pour cela que j'appréciais la compagnie de Jules : lui aussi avait tant de mondes imaginaires dans la tête. Il avait pourtant d'autres défauts auxquels je ne pouvais faire abstraction. Nous avions trop de divergences pour nous entendre sur un autre plan que celui de l'amitié. Ma relation avec Matthias était encore d'une autre nature : il était à la fois un homme de rêve de part son travail, mais avec les pieds sur terre. Je ne l'avais jamais envisagé d'une quelconque façon. Une amitié s'était créée entre nous de la plus curieuse des façons. Il était l'une des rares personnes que j'avais abordée de moi-même, sans y avoir été contrainte par un voyage dans le temps ou une autre fantaisie. Il s'apparentait à l'ami que l'on se choisit au cours de sa vie, et qui nous accompagne et nous galvanise avec ses réflexions radicalement opposées aux nôtres. Il me surprenait à chaque fois avec ses répliques et ses idées différentes des miennes. Il me permettait de m'ouvrir davantage, de prendre conscience de certaines choses.
Il était donc naturel que je réagisse aussi violemment quand Anatole s'était montré désobligeant. Ne ferait-on pas tout pour défendre ses amis ? Hélas, comme à mon habitude, je m'y étais prise comme une étourdie. Au final, j'avais fait beaucoup de mal. Pas à Matthias, car on ne peut jamais perdre un véritable ami. En revanche, Anatole...
J'avais écouté ses paroles sans l'interrompre une seule fois. Mon super-pouvoir était d'écouter. Elliot le disait souvent. Même s'il refusait de l'admettre, il était toujours le premier à venir me demander conseil lorsqu'une situation lui échappait. C'était d'ailleurs assez étrange étant donné mon manque d'expérience dans à peu près tous les domaines. Eulalie réclamait également mon opinion depuis peu, ce qui me plaçait fréquemment dans un embarras conséquent car ses questions étaient pour le moins déstabilisantes.
Je restai de marbre tandis que le titan s'était assis à mes côtés pour observer l'étang au loin, avec Matthias qui pêchait tranquillement. A cette distance, il ne pouvait entendre notre conversation. Mes mains jointes sur mes genoux étaient crispées autour de l'assiette contenant les petits biscuits. Je n'osais plus esquisser un geste. Tout ce qu'il avait dit... me bouleversait bien plus que ce que j'aurais pu exprimer. Mon coeur s'était emballé, et battait violemment dans ma poitrine, me faisant presque mal. Je m'étais aperçue depuis un moment déjà qu'Anatole était le seul à provoquer cette vive émotion en moi. Je ne pouvais pas faire semblant. Je ne le devais plus. C'était mal agir.
Lorsqu'il posa les yeux sur moi, je sentis mon souffle se raréfier. Mon coeur fit un nouveau saut périlleux. En sa qualité de titan, pouvait-il percevoir l'étendue de mon trouble ? Bénéficiais-je encore un peu d'intimité ? J'en doutais. C'était effarant de se sentir aussi nue devant celui qui...
"Je suis désolée." dis-je à voix basse. "Je n'aurais pas dû te gifler."
Un petit silence tomba entre nous alors que je me mordais les lèvres, choisissant mes mots avec soin.
"Cette colère que j'ai manifestée, je la ressens surtout contre moi."
Je posai enfin l'assiette de biscuits de l'autre côté, là où il n'y avait personne. Puis, inspirant profondément, je poursuivis :
"Je suis furieuse de ne pas réussir à accepter... ce que je ressens. De ne pas le reconnaître."
Pendant que je parlais, je ne le regardais pas. Pas par crainte, mais afin de rester concentrée. Son regard me déstabilisait à chaque fois. Il semblait lire tant de choses à travers moi... tant de choses que je ne serais probablement jamais.
"J'ai peur qu'en t'ouvrant la porte, tu t'aperçoives à quel point je suis décevante." dis-je, les épaules basses. "Une ombre plane au-dessus de ma tête : celle que je serai un jour. Celle que tu vois quand tu me regardes. Elle n'existe pas encore. Elle n'existera peut-être jamais. Et si par malheur je faisais l'erreur de te montrer que..."
Je fermai les yeux et passai une main contre ma joue brûlante. C'était si difficile de dire ce qui importe vraiment.
"Celle que tu as connu n'est pas moi. Si tu veux vraiment être mon ami, tu dois arrêter de la chercher à travers moi." déclarai-je, profondément navrée. "Je suis désolée. Je voudrais être ton Ellie mais... je n'y arrive pas."
Cette épreuve me semblait insurmontable. Je soulevai les paupières et expirai un peu d'air. Pourtant, je ne me sentais nullement soulagée d'avoir dit ce que j'avais sur le coeur. Au contraire, j'avais l'impression d'être plus oppressée qu'auparavant. Cette douleur ne s'arrêterait donc jamais ?
Cherchant un quelconque réconfort, je dirigeai ma main vers la sienne, l'effleurant sans oser la saisir totalement. Comme une promesse à demi formulée.
"J'ai autant giflé Hypérion qu'Anatole." précisai-je afin de détendre un peu l'atmosphère. "Donc il y a au moins un point positif dans toute cette histoire : je ne te vois plus du tout supérieur à qui que ce soit. Et même si tu l'avais mérité... je m'excuse. Vraiment."
Je lui adressai un demi sourire avant de poser de nouveau les yeux sur l'étang. Perdue dans mes pensées, j'ajoutai dans un murmure soucieux :
"Elle devait être vraiment extraordinaire pour que tu aies tellement de difficultés à l'oublier."
Comment pouvais-je espérer arriver à la cheville d'une femme comme elle ? L'objectif était bien trop conséquent. Je n'étais personne en comparaison. Je ne pourrais jamais devenir aussi exceptionnelle. Le futur n'est jamais écrit d'avance.
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« Prend lui la main, dans la douceur du lagon... ♫ »
Je sentais la main d'Ellie, frôlant légèrement la mienne. C'était un geste tendre et délicat qui lui correspondait tellement. Pendant l'espace d'un instant, j'avais l'impression de me sentir flotter. Si il y avait bien une chose sur laquelle elle avait raison, entièrement raison, c'était que mon Ellie était véritablement extraordinaire pour que j’ai autant de difficultés à l'oublier. Mais là où elle se trompait, c'est que je n'avais pas besoin de l'oublier. Elle me prouvait une nouvelle fois qu'elle était exactement la même. J'aurai pu lui dire, mais je ne voulais pas rompre ce moment. Du coup, je m'étais contenté de lui adresser un petit sourire.
Qu'est ce qu'elle était belle ! J'aurai voulu saisir le moment et l'embrasser, mais ça aurait été un trop grand risque. Dans les films que me montrait Cassandre, ça aurait bien fini. Ici, il n'y avait aucune certitude. Au lieu de cela, j'avais simplement tourné ma main pour me retrouver paume contre paume et lui serrer la sienne. Puis, je fixais à mon tour l'étang.
« Embrasse la... ♫ dans la douceur du lagon... ♫ » murmurèrent plusieurs voix à proximité de nous.
Ellie se demandait sans doute d'où cela pouvait provenir, et je me posais pas vraiment la même question. Mais ça aurait pu ! Cela dit, la Nature pouvait nous jouer tellement de tours, que ça ne servait à rien de chercher, car ça devait forcément provenir d'elle. Du moins, c'était ce que j'essayais de faire croire en prenant cet air innocent.
« Ne pense qu'au bonheur, vas-y, oui, embrasse la... ♫ » chantonnèrent une nouvelle voix les petites voix.
Cette fois ci, Ellie les avaient localisés. C'était des papillons de diverses couleurs juste à proximité de l'eau, et par conséquent, à côté de nous. On ne pouvait pas voir leurs yeux, vue qu'ils étaient tout petits, et leur regards, mais ils semblaient tous tournés vers nous. Je posais une main sur mon torse comme si on me désignait.
« Je t'assure que ce n'est pas moi. C'est toi, c'est ça ? » dis-je en plissant les yeux et en tentant de prendre un air très intrigué.
Une petite brise s'empara de nous, tandis que les roseaux autour se mirent à bouger discrètement. Car oui, fallait pas que Matthias voit tout ça.
« Ecoute la chanson, décide toi, embrasse la... ♫ »
Je ne voulais pas l'embrasser. Je ne voulais pas prendre le risque de gâcher ce moment. Ca aurait pu être magique, mais elle m'avait juste confié qu'elle éprouvait quelque chose qu'elle s'empêchait d'extérioriser. J'aurais pu l'embrasser. J'aurais du l'embrasser. Mais je ne l'avais pas fait. Du moins pas avant d'y avoir mis les formes comme le mériterait une fille aussi extraordinaire que celle que j'avais connu. Car oui, mon Ellie, je l'aurais embrassé de cette manière là. En musique, ave ce petit côté féérique.
Ca aurait sans doute était à ce moment là que je me serais tourné vers elle, gardant sa main dans la mienne, et posant mon autre main sur sa joue. Je me serais approché pour atteindre ses lèvres. J'aurais sans doute commencé à perdre pied avec la réalité. Mais ça, c'était le cas depuis que j'avais posé mon premier regard sur elle. Nos lèvres se seraient croisés. J'aurais capturé son essence, comme elle aurait capturé la mienne. Ca aurait été magique, intense, doux et tendre. Et quand on se serait reculé en même temps, au moment précis où nos corps auraient été en osmose, on aurait entendu une nouvelle fois ces papillons chantonner :
« Tu rêvais d'elle... ♫ Tu l'attends depuis toujours... ♫ Si c'est un roman d'amour, faut provoquer l'étincelle... ♫ Et les mots, crois-nous, pour ça, y'en a pas... ♫ »
Je m'étais relevé, gardant sa main pour l'aider à se lever à son tour. Une fois debout, j'avais conservé ses petits doigts, et je l'avais regardé dans les yeux pour lui confier quelque chose qu'elle devait savoir. Car elle se trompait sur mon Ellie.
« Ellie n'était pas extraordinaire. » lui affirmais-je. « Elle était impossible. »
Je jetais un oeil vers Matthias au loin. Il ne semblait rien avoir vue de tout ça. Ce qui me permettait de conserver encore Ellie quelques instants rien qu'à moi, avant qu'on le rejoigne.
« Je n'ai jamais compris réellement ce qu'elle pouvait ressentir à mon époque. La fille impossible. Mais aujourd'hui, je sais. Et je me rend compte qu'elle a toujours été cette fille impossible, quel que soit l'époque. C'est ça qui l'a rendue extraordinaire, et unique. C'est pour ça que je n'ai pas à l'oublier, ou que tu n'as pas besoin de chercher à lui ressembler. Car tu es elle. Exactement, à l'identique, celle qu'elle a toujours été à mes yeux. »
Je lui avais serré davantage la main. Puis, j'avais une nouvelle fois regardé vers Matthias. Ca faisait deux fois que je sentais qu'il regardait discrètement dans notre direction depuis qu'on s'était levé.
« Que penserais tu d'aller rejoindre le belge ? » lui dis-je avec un petit sourire. « Mais, juste une fois. » conclus-je.
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« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
l'amour en est le rêve, et vous aurez vécu si vous avez aimé. (Alfred de Musset)
Pendant de longues secondes, je fus incapable de respirer. Anatole m'avait coupée le souffle. Littéralement. Ce baiser avait été si irréel que j'hésitais à me demander s'il était vraiment survenu ou si je ne l'avais pas imaginé. Où débutait le rêve, ou s'achevait la réalité ? Avec Hypérion, les frontières se redéfinissaient sans cesse. J'avais la sensation de flotter, comme si un petit nuage invisible avait pris forme sous mes pieds. La pesanteur existait-elle encore ? L'avait-il modifiée tout comme il avait amené les papillons à chanter pour nous ?
Profondément troublée, je me contentai de remettre une mèche derrière mon oreille. Je restai silencieuse. Les battements de mon propre coeur me rendaient presque sourde. Ce n'était pas désagréable pour autant. Je baissai les yeux vers nos mains liées, les observant quelques instants, avant de relever la tête pour croiser son regard. Et lui adresser un petit sourire. Oui, rejoindre Matthias était quelque chose dans mes cordes. Malgré tout, j'avais curieusement envie de rester seulement en compagnie d'Anatole. Ce qui venait de se passer était un secret. Retrouver une tierce personne aussitôt risquer de briser la magie du moment, non ? D'un autre côté, nous ne pouvions pas fausser compagnie à mon ami. Cela aurait été extrêmement malpoli, surtout avec le repas qu'il avait prévu et la partie de pêche. Qui plus est, sa situation me revint en mémoire et je me sentis coupable de ne songer qu'à mon bonheur : le pauvre était en plein divorce. Il avait besoin de mon soutien.
J’acquiesçai donc et emboitai le pas à Anatole alors qu'ils nous entraînaient vers le ponton. En chemin, des lucioles voletèrent dans la nuit tombante, nous barrant la route. Elles évoluaient au niveau de nos visages, à moins d'un mètre. Je les observai avec amusement, croyant à un nouveau tour du titan, mais en croisant son regard, je compris qu'il n'y était pour rien. Ces insectes avaient-ils pris l'initiative de nous offrir un spectacle lumineux ? La nature était décidément pleine de surprises.
"Matthias, viens voir !" l'appelai-je, enthousiaste.
Tout me semblait merveilleux en cet instant. Mon ami se releva, posa sa canne à pêche tout en laissant l'hameçon immergé, et s'approcha d'un pas tranquille, intrigué. Pendant ce temps, j'eus tout le loisir de prendre la mesure de mon erreur, car l'une des lucioles s'immobilisa en plein air et un faisceau vert fluorescent, sortant de son abdomen, m'aveugla un court instant avant de descendre lentement jusqu'à mes pieds.
"Elle est mûre !" scandèrent les insectes à l'unisson d'une voix suraiguë.
Du coin de l'oeil, je vis Matthias se stopper net, interloqué. Je déglutis avec peine, en proie à la panique. Je sentais ma main devenir moite dans celle d'Anatole.
"Elle est mûre ! Elle est mûre !" répétèrent les lucioles, visiblement ravies.
A chaque fois qu'elles émettaient un son, je tentai sans succès de les couvrir en toussant bruyamment. J'avais le faible espoir que mon ami ne les ait pas entendues, mais j'abandonnais totalement quand l'une d'entre elles décida de scanner Anatole de la même façon que moi.
"Oh, il est bien cuit ! Si ça continue, il va être trop cuit !" gloussa-t-elle.
"Il va falloir bientôt les passer à la casserole !" glissa une autre en bourdonnant à côté de mon oreille.
D'un geste brusque, je la chassai et demandai, les joues cramoisies :
"Qui... qui vous envoie ?"
J'avais une petite idée mais je préférais en avoir le coeur net.
"Nous sommes la Lulu Squad !" annonça celle qui voletait le plus haut. "Mandatée par les hautes autorités de Magrathea."
Ce simple mot suffit à me faire tressaillir des pieds à la tête. Moi qui croyais que cette histoire était terminée...
"On nous a engagées pour observer votre évolution sentimentale."
"C'est une plaisanterie ?" fis-je, suffoquée.
"Non, non, c'est très sérieux." confirma une autre d'un ton aigu. "Nous allons transmettre ces images aux hautes autorités. Voulez-vous ajouter un message ?"
A cet instant, une des lucioles se plaça devant mon visage et son abdomen prit une teinte rouge tout en clignotant. On aurait dit le témoin d'une caméra en train de filmer. Je ravalai ma rage et déclarai d'un ton glacial :
"Cessez de nous espionner. Ca n'est pas tolérable ! Bande de... voyeurs !"
Heureusement qu'Anatole était un titan, autrement je lui aurais broyée la main que je serrais beaucoup trop fort dans la mienne. J'entendis un craquement, mais c'était peut-être les os de mes phalanges. J'étais au-delà de la douleur, au comble de l'indignation.
La luciole reprit une teinte blanc-bleuté et une autre précisa d'un ton chantant :
"Merci pour votre message. Il sera transmis d'ici quatre-vingt dix ans !"
Puis, remarquant enfin la présence de Matthias, elles pivotèrent d'un même élan et le scannèrent. Après quoi, elles déclarèrent, déçue :
"Humain."
Après quoi, elles s'éloignèrent en zigzaguant à travers l'étang, puis disparurent dans le ciel au-dessus de la forêt en formant un triangle de lumière rappelant étrangement les fameux OVNI.
"Eh bien... vous avez de drôles de trucs dans le coin." commenta Matthias en passant une main dans sa nuque.
"Ce sont des... mini drones." dis-je, prise au dépourvu. "Des prototypes inventés par mon frère."
"Ah oui, tu m'as dit qu'il bricolait des tas de trucs." fit-il en hochant la tête.
Je clignai des yeux, impressionnée que mon mensonge soit si efficace. Avais-je trouvé le moyen d'en créer des crédibles ?
"C'est ça. Et il n'a rien trouvé de mieux que de les tester sur nous." repris-je avec un sourire forcé. "Avec son humour discutable."
"Il est doué en tous cas. Il n'a jamais été approché par la NASA ou les services secrets ? Parce que ce genre de matos, ils en raffoleraient."
"A ma connaissance, non..." fis-je tout en sentant que je risquais de m'enliser rapidement dans mon mensonge. "Mais tu sais, il est très paresseux. Je ne pense pas qu'il arriverait à travailler avec des heures imposées."
Je jetai un coup d'oeil à Anatole. Allait-il me reprocher d'avoir sauvé la situation ? Je ne pouvais tout de même pas révéler à Matthias que les aliens nous surveillaient par le biais de lucioles !
"En tous cas, je suis content que vous soyez rabibochés." conclut mon ami.
L'instant d'après, il nous tendait à chacun une bière décapsulée. Je remarquai que la mienne était différente, avec un citron dessinée dessus.
"Sans alcool." précisa-t-il avec un clin d'oeil. "Je pense que tu préfèreras."
Ce cher Matthias, toujours au petits soins ! Je lui adressai un sourire, même si je me sentais toujours déstabilisée par l'intervention des lucioles. Moi qui adorais les observer, voilà que j'allais en avoir une peur bleue, désormais.
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crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
La situation nous avait échappé. Toutes les situations qui s'étaient présentés à nous, nous avaient échappés. Ce n'était pas uniquement le fait que Matthias avait découvert ces petites lucioles venues de Magrathéa, mais également ce qui s'était passé entre la jeune rêveuse et moi. Je ne me sentais plus. J'avais la sensation que mon coeur avait pris son envol. C'était étrange de penser cela. Ce n'était qu'un organe après tout et sans grande importance pour moi. Ce qui comptait réellement, était cette chose lumineuse qui brillait à l'intérieur de chacun d'entre nous. Une sorte de petit papillon transparent qu'on appelait une âme. C'était par elle que toutes nos émotions passées. Et à l'heure actuelle, elle ne chuchotait qu'un nom, celui de la jeune femme qui partageais mes pensées.
« Merci. » dis-je à Matthias tout en prenant la bière qu'il me tendait.
J'avais observé la jeune femme et sa bière un peu spéciale. Elle était sans alcool, même si ça ne lui aurait rien fait. Mais au goût ça devait être meilleur pour elle. Le jeune homme prenait soin d'elle, mais pas comme je le craignais. Il était quelqu'un de bien.
« Vous allez vous plaire ici, l'ami. » dis-je à Matthias. « Mais avant que vous ne décidiez de rester plus longtemps, il y a quelque chose qu'on doit vous confier avec Ellie, à propos de cette endroit. »
Elle m'avait regardé, et j'avais fait de même. Peut-être qu'elle pensait que j'allais lui révéler où on était, et ce qu'on faisait là. Mais ce n'était pas le cas. Il n'était pas obligé de savoir que j'étais le Titan Hyperion et que elle... elle était aussi merveilleuse qu'on pouvait l'imaginer quand on la côtoyait. La seule chose qu'il devait savoir si il comptait rester ici, c'était qu'il allait pouvoir se détendre, se reposer et trouver des amis sur qui il pourrait compter. C'était ce que je souhaitais lui dire et que je lui avais dit, mais entre temps, il s'était passé autre chose, et... la Vérité pouvait être difficile à porter...
On était quelque jours après l'arrivé de Matthias à Storybrooke. Et aussi quelque jours après la disparition de Lily et de quelques amis. La Vérité, une entité ancestrale, touchait petit à petit tout le monde à Storybrooke et à Olympe. Et malheureusement, on en avait désormais la certitude, elle dépassait les frontières de la ville. Ellie voulait s'assurer que Matthias aille bien, car il n'y avait rien de mieux à faire pour le moment. Pan était arrivé avec son bateau. Il avait voyagé entre les mondes, et il était désormais sans doute arrivé sur l'île perdue. Restait à savoir si il réussirait ou échouerait. J'avais confié à Eulalie la lourde tâche de l'accompagner, avec une mission secrète en guise de cadeau. Un cadeau empoisonné peut-être... On avait appris que Jules avait disparu, ce qui signifiait sans doute qu'il avait réussi à s'introduire à bord du bateau. Ce Gardien me surprendrait toujours. C'était sans doute ce qui avait poussé Ellie à venir s'assurer que Matthias allait bien. Elle prenait soin de ses amis. Je l'avais accompagnée, comme elle m'avait accompagné le jour précédent...
« Ca mord ? » demandais-je au belge qu'on avait retrouvé face à son étang.
Il était assis sur une chaise, une canne à pèche posée sur le sol. Ca ne semblait pas réellement mordre. Faut dire que si il comptait pécher comme ça, il n'y arriverait pas. Quelque chose semblait le perturber. Il fixait l'horizon et l'étang.
« Matthias ? » ajoutais-je, tandis qu'il tournait la tête dans notre direction.
Il avait émis un petit soupire, avant de nous faire un faible sourire et de se lever. Passant devant nous, il s'était dirigé vers sa cabane. Après avoir jeté un coup d'oeil en direction d'Ellie, j'avais entrepris de le suivre. La jeune femme était sur mes pas, tout aussi inquiète que moi. La télévision était allumé. Il s'était assis sur son canapé, croisant les bras contre son torse, tandis qu'on voyait des images retransmisses en boucle. C'était un homme qui parlait face aux caméras. Ca ne ressemblait pas à une émission de télé ordinaire. Le drapeau américain se trouvait derrière l'homme et on pouvait entendre ses paroles peu rassurantes.
« Mon prédécesseur a voulu garder cela secret, mais il est temps que vous connaissiez la Vérité sur ce monde qui vous est caché. Nos yeux sont rivés sur le ciel à la recherche de réponses sur est ce qu'il y a de la vie ailleurs, dans l'espace ? Alors qu'en réalité, depuis toujours la réponse à cette question se trouve sous nos yeux, dans une ville du Maine... »
Je me doutais de ce qui serait dit ensuite. Sans doute que la ville désignée serait celle où Matthias avait jugé bon d'y venir passer quelque vacances. Il voulait se détendre, se retrouver, faire le point au calme, et voilà qu'on était à deux doigts de voir apparaître une foule de journalistes, et peut-être même d'avantage.
« Qui es tu réellement, Ellie ? » demanda t'il à la jeune femme.
Je ne savais pas si je devais répondre à sa place, histoire de la soulager de ce poids. Mais la question lui était adressé à elle. Est ce que c'était cette chose, la Vérité qui l'avait posé, ou étais-ce simplement lui, son ami ? C'était difficile de faire la différence entre les deux ces derniers temps. Quoi qu'elle répondrait, je serais là à ses côtés pour l'aider.